LOU Sceau de Louis VI. Louis VI, le Gros, l'Eveillé ou le Batail- leur, fils de Philippe 1er et de Berthe de Hollande, ne en 1081, associé au trône de 1098 à 1108, roi de France de 1108 à 1137, m. à Paris. Sous ce monarque, la royauté entreprit contre les grands vassaux, avec l'appui du clergé et des villes, une lutte sans merci, qui devait aboutir à la centralisation administrative et monarchique. Guerrier habile, il réussit, au moyen d'un grand nombre de petites expéditions, á réta- blir l'ordre dans le domaine. royal; c'est ainsi qu'il détrui- sit le château de Puiset, sou- mit les seigneurs de Mont- lhery et emprisonna Thomas de Marle. Il combattit pen- dant de longues années Thi- baut IV, comte de Champa- gne, et Henri Ier, roi d'Angle- terre, qui possédait la Nor- mandie: battu par ce dernier à Brenneville en 1119, il sut se maintenir. L'empereur d'Allemagne Henri V menaça la France d'une inva- Sion. Louis VI prit à Saint-Denis l'oriflamme, ban- nière du saint qui protégeait la France, et les mili- ces, qui avaient adopté comme signe de ralliement le cri de Montjoie Saint-Denis, ayant répondu à son appel, il tint en échec Henri V, gendre du roi d'An- gleterre. Sous son règne commença l'émancipation de la bourgeoisie, dont il ne prit pas l'initiative, mais qu'il mit à profit pour fortifier le pouvoir royal. Louis le Gros favorisa cette émancipation surtout hors de ses domaines; il donna lui-même des char- tes à des villes du domaine royal, mais il ne mérite pas d'être appelé le Père des Communes. Suger, abbé de Saint-Denis, qui fut le principal ministre de Louis VI, a écrit sa Vie. Louis le Gros épousa en premières noces Lucienne de Rochefort, qu'il répu- dia en 1107 pour épouser Alix de Savoie, dont il eut notamment Louis VII, son successeur, et Constance. Celle-ci épousa Eustache de Boulogne, dont le père, Etienne de Blois, était roi d'Angleterre, puis Ray- mond V, comte de Toulouse. PRENOLY Louis VII, le Jeune, fils de Louis VI et d'Alix de Savoie, né en 1119, roi de France de 1137 à 1180, m. à Paris. Il continua d'abord la politique de son père contre la féodalité de l'Ile-de-France, mais il la compromit par sa faiblesse et par sa dévo- tion exagérée. Il avait épousé Eléonore d'Aquitaine et cher- cha inutilement à prendre le comté de Toulouse. En guerre de contre Thibaut, comte Champagne, il fit brûler dans l'église de Vitry 1.300 person- nes. L'interdit prononcé à cette occasion par le saint- siège ayant été levé par Cé- lestin 11. Louis VII, en ma- nière d'expiation, entreprit la seconde croisade en même temps que l'empereur d'Allemagne Conrad, com- mettant ainsi la faute d abandonner le royaume aux entreprises des grands. A son retour, erreur plus grave encore. il divorça d'avec Eléonore (1152), qui épousa Henri II Plantagenet, plus tard roi d'Angleterre, à qui elle apporta en dot les plus riches provinces du sud-ouest de la France. Telle est la cause première des luttes qui, un moment interrompues par le traité de Paris, sous saint Louis, aboutirent à la guerre de Cent ans. A l'inté- rieur, Louis VII fut puissamment secondé par le ministre Suger, qu'il avait conservé comme conseil- ler. En 1154, Louis VII avait épousé en secondes noces Constance de Castille, et en troisièmes noces Alix de Champagne, mère de son fils et successeur Philippe Auguste. Sceau de Louis VII. Louis VIII, le Lion, fils de Philippe Auguste et d'Isabelle de Hainaut, né à Paris en 1187, roi de France de 1223 à 1226, m. à Montpensier (Auvergne). Appelé en Angleterre par les barons soulevés contre Jean sans Terre, il fut couronné roi d'Angleterre à Londres (1216); mais, vainca à Lincoln (1217), il dut repas- ser le détroit. Devenu roi de France, il enleva aux Anglais plusieurs villes dans le centre et le midi de la France, et participa à la grande croi- sade contre les albigeois, qui aboutit à la soumission de tout le Languedoc moins Tou- louse. C'est Louis VIII qui inaugura, pour ses fils, le système des apanages. Il avait Sceau de Louis VIII. épousé Blanche de Castille, dont il eut onze enfants, notamment Louis IX, son successeur, Robert d'Artois, Alphonse de Poitiers, Charles d'Anjou, etc. Louis IX ou saint Louis, fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, né à Poissy en 1215, roi de France de 1226 à 1270, m. devant Tunis. Il n'avait que onze ans quand il monta sur le trône, et il régna d'abord sous la tutelle de sa mère, qui eut à répri- mer une révolte des grands vassaux et notamment de Thibaut de Champagne, termina la guerre des albi- geois par le traité de Paris ou de Meaux (1229), et lui fit épouser Marguerite de Provence (1234). Lors de sa majorité, le comte de la Marche, aidé des An- glais, dirigea contre lui une nouvelle ligue, qu'il défit à Taillebourg et à Saintes 1242). Henri III d'Angleterre, obligé de faire face à une révolte des barons, signa le traité de Paris, par lequel il aban- donna la Normandie, l'Anjou, le Maine et le Poitou. En apprenant que la Palestine était tombée au pou- voir du sultan d'Egypte, et que l'empire latin péri- clitait, il prit la croix, débarqua à Damiette en 1249, dut battre en retraite après la bataille de Man- sourah (1250) et fut fait prisonnier. Ayant racheté sa liberté, il resta en Palestine de 1250 à 1252, et revint en France en apprenant la mort de Blanche de Cas- tille, qui, pendant son absence, avait réprimé la ré- volte des Pastoureaux. Il pourvut alors à l'organi- sation de ses Etats, fortifla considérablement l'au- torité royale, rendit une ordonnance qui détermi- nait les devoirs des agents royaux, baillis du Nord et sénéchaux du Midi, nomma des enquesteurs pour visiter les provinces, institua la quarantaine-le-roi pour diminuer le nombre des guerres privées, abolit le duel judiciaire, multiplia les cas royaur (cas ne devant étre jugés que par le roi), appela à sièger DIARTINICANAD FINSMAN HOUED 7927 -91- dans les tribunaux les légistes pour conseiller les juges, crea une commission judiciaire, qui fut l'ori- gine du parlement, fit des efforts en vue de réaliser l'unité monétaire, assura les privilèges en même temps que l'indépendance du cler- gé, mais se montra intolé- rant à l'égard des blasphé- mateurs et des herétiques : enfin, il fonda la Sainte-Cha- pelle, la Sorbonne et les Quinze-Vingts. En 1270, encouragé par Charles d'An- jou, son frère, il entreprit la huitième et dernière croi- sade, et fit voile vers Tunis, dans l'espoir de convertir le roi de ce pays au christia- nisme; mais il mourut de Buste de saint Louis la peste, à peine débarqué à la Sainte-Chapelle (Paris). devant cette ville Saint Louis, la plus belle figure du moyen âge, fut un mo- narque d'une grande piété. La religion fut la règle même de sa con- duite. Sa réputa- tion d'intégrité et de vertu lui valut l'estime univer- selle, et tout le monde se le re- présente rendant la justice sous le chêne de Vincen- nes. De son ma- riage avec Mar- guerite de Pro- vence, saint Louis eut onze enfants, notam- ment: Isabelle, qui épousa Thi- baut II, roi de Navarre; Philip- pe III, son suc- cesseur; Robert de Clermont, tige de la maison de Bourbon.-Join- ville a écrit son Histoire, qui est, avec lachronique Statue de saint Louis, d'après Guillaume de Villehardouin, (Palais de Justice de Paris). l'un des premiers monuments de la langue française. Saint Louis fut canonisé en 1297. Fète le 25 août. Iconogr. Les représentations figurées de saint Louis sont fort nombreuses. On voit au musée de Versailles Louis IX vainqueur à Taillebourg, d'Eug. Delacroix; saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes (v. p. 70); la Mort de saint Louis, par Rouget; saint Louis à Damiette, par Lethière; saint Louis soi- gnant les blessés à Mansourah, par Jouvenet, etc. Citons encore: 1 Apothéose de saint Louis, par Lagrenée; la Glorification de saint Louis, par Cabanel; saint Louis faisant ouvrir les geóles du royaume (v. p. 70), par L.-O. Merson, au Palais de Justice de Paris, etc. Louis (ordre de Saint-), ordre royal et militaire, dont l'idée première revient au maréchal de Luxembourg, établi par Louis XIV en 1693, pour récom- penser les services rendus par les officiers de terre et de mer. Le ruban était moiré couleur de feu. Cet ordre, aboli par la Révolution, fut rétabli en 1816 par Louis XVIII et disparut définitivement en 1830. Ordre de Saint-Louis. Louis X, le Hutin (c.-à-d. le Querelleur), fils ainé de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre, né à Paris en 1289, roi de France de 1314 à 1316, m. à Vincennes. Il fit étrangler sa femme, Marguerite de Bourgogne, l'héroine de la légende de la Tour de Nesle, suspecte d'inconduite, envoya au supplice En- guerrand de Marigny, affranchit ses serts pour se procurer de l'argent, et entreprit contre les Flamands une expédition inutile. Son règne fut surtout une période de réaction féodale contre l'oeuvre de Phi- lippe le Bel. Louis X, qui avait épousé en secondes noces Clémence de Hongrie, dont le fils, Jean Ier, ne vécut que quelques jours, eut pour successeur son frère Philippe V. Louis XI, fils de Charles VII et de Marie d'An- jou, né à Bourges en 1423, roi de France de 1461 à 1483, m. à Plessis-lez-Tours. Il avait 38 ans quand il monta sur le trône, après avoir épousé Marguerite d'Ecosse, fille du roi Jacques Ier. Dévoré de bonne heure par la soif du pouvoir, il s'était laissé entrai- ner, à dix-sept ans, contre son père dans la révolte féodale de la Praguerie, à la suite de laquelle Charles VII l'avait mis en possession du Dauphiné. Mais la réconciliation dura peu entre le père et le fils, qui dut se réfugier à la cour de Philippe le Bon, due de Bourgogne (1456). A la mort de Charles VII. il renvoya les conseillers de son père, et signala sa prise de possession du pouvoir par diverses mesures inopportunes, dont la conséquence fut de soulever les seigneurs contre lui (ligue du Bien public) et de l'obliger, après l'indécise bataille de Montlhéry, á signer les traités de Conflans et de Saint-Maur: mais Louis XI ne tarda pas à reprendre ce qu'il avait du céder. Le due de Bourgogne, Charles le Té- méraire, ayant alors formé une coalition nouvelle, dans laquelle entrait le roi d'Angleterre, Louis XI, redoutant une invasion, se rendit à Péronne pour y régler ses différends avec Charles le Téméraire. Celui-ci, apprenant à ce moment l'appui donné aux Liégeois, révoltés contre lui, par Louis XI, retint ce dernier prisonnier et lui imposa un traité humiliant, qui d'ailleurs ne fut pas mieux exécuté que les pré- cédents (1468). Le due de Guyenne, frère du roi, étant mort empoisonné en 1472, Charles le Témé- raire prit prétexte de cette mort tragique pour en- vahir la Picardie; il échoua sous les murs de Beau- vais (1472). Charles avait signé contre la France un traité avec le roi d'Angleterre Edouard IV. qui vint à Calais, mais traita avec Louis XI à Picquigny LOU (1475). La mort de Charles le Téméraire devant Nancy (1477) ayant débarrassé Louis XI de son plus redoutable adversaire, le roi de France put alors. songer à abattre ses ennemis intérieurs; dans sa lutte contre la haute noblesse, contre laquelle il montra une implacable rigueur (exécution du conné- table de Saint-Pol, mise en cages de fer de féodaux rebelles), il prit son point d'appui dans les classes bourgeoises, bien qu'il ne se gênát point pour tri- pler les charges publiques, Charles ne laissait qu'une ille, Marie de Bourgogne. Louis XI songea un mo- ment à la fiancer avec le dauphin, mais, pressé de tirer parti des événements, il reprit les villes de la Somme et de la Bourgogne, qui furent définitivement réunies à la couronne, malgré les efforts de Maxi- milien d'Autriche, devenu l'époux de Marie, et qu avait livré aux troupes royales, à Guinegatte, une bataille indécise; le traité d'Arras (1482) mit fin à cette lutte. Diverses mesures, notamment la création de la poste aux chevaux, l'accrois- sement de la milice, un essai d'organisation de la marine, l'inamovibilité des fonctions judiciaires, l'introduction de l'imprimerie à Paris, signa- lèrent l'administration de Louis XI, qui mourut en 1483 dans son château de Plessis- lez-Tours, malade, plus déflant et plus autoritaire que jamais. Il avait fait venir d'Italie François de Paule, dont la réputation de sainteté était arrivée jusqu'à lui. Louis XI n'eut pas d'enfants de Mar- guerite d'Ecosse, fille du roi Jacques Ier, mais de son mariage avec Charlotte de Savoie il eut, notamment, Anne de Beaujen, Jeanne de Berry, laquelle épousa le duc d'Orléans (plus tard Louis XII), et Charles VIII qui lui succeda. Louis XI. Louis XI est une des figures les plus considé- rables de l'histoire. Aucun prince de son temps ne connut et n'utilisa mieux les ruses de la politique et les moyens de dominer les hommes en caressant leurs appetits. Travailleur infatigable, payant bien ceux qui le servaient bien, sans pitié pour les traitres, mais aussi pour les maladroits, il força à l'obéissance tous les princes entre lesquels la France était partagée; il réussit même à leur enlever une partie de leur pouvoir, à les déposséder, à accroître le territoire de la couronne, et à ce titre il doit figurer parmi les fondateurs de l'unité natio- nale. Son règne, en dépit des critiques qu'il appelle, fut parmi les plus profitables à la France. Si, pour lui, la fin justifla trop souvent les moyens, et si l'homme n'est pas sympathique, il fut un des plus remarquables artisans de la grandeur fran- çaise, et l'on doit souscrire au jugement de Comines A tout prendre, c'était un roi. Iconogr. Entrée de Louis XI à Paris en 1461, tableau de Tattegrain, à l'Hôtel de Ville de Paris (v. p. 104). A la mort de son père Charles VII, Louis XI quitta la Bourgogne, où il s'était réfugié, se fit sacrer roi à Reims et vint à Paris accompagné de Philippe le Bon. L'entrée du nouveau roi dans la capitale fut célébrée avec une pompe inusitée et un enthousiasme indescriptible. Tattegrain a reproduit cet événement dans sa belle composition. Louis XI, tragédie en cinq actes et en vers, de Casimir Delavigne (1832). L'auteur a rendu en traits saisissants le caractère de ce prince, aux approches de la mort. On remarque dans cette pièce, contem- poraine des premiers drames romantiques, un cer- tain effort pour atteindre la couleur locale et varier les impressions par le mélange du tragique et du familier. Louis XII, le Père du peuple, fils de Charles, duc d'Orléans et de Marie de Clèves, et arrière-petit- fils de Charles V, né à Blois en 1462. Louis XI lui avait fait épouser de force Jeanne de France.sa-se- conde fille, qui était contrefaite et maladive. Révolté contre la régence d'Anne de Beaujeu (Guerre folle) et fait prisonnier a Saint-Aubin-du-Cormier (1488), il fut bientôt remis en liberté, se rallia à Charles VIII, combattit glorieusement en Italie (1494- 1495), et, son cousin et beau- frère, Charles VIII, étant mort sans enfant, il monta sur le trône en 1498. Ayant fait an- nuler son mariage avec Jeanne de France, il épousa Anne de Bretagne,veuvede Charles VIII, pour conserver la Bretagne à la France. Il garda les anciens ministres de Charles VIII, mé- me ceux, comme La Trémoille. dont il avait eu à se plaindre autrefois Le roi de France, dit-il, a oublié les injures du due d'Orléans». Comme Louis XII petit-fils de Valentine Visconti, il revendiqua le duché de Milan et le conquit; mais les Français furent expulsés du royaume de Naples par leurs propres alliés, les Espagnols de Ferdinand le Catholique, à la suite des combats de Seminara et de Cerignoles et de la capitulation de Gaète (1503). Le traité de Blois, signé à la suite de ces revers, fut désavoué par les états généraux de 1506, et le roi, qui avait promis à l'archiduc Charles d'Autriche sa fille, Claude, la flança à l'héritier présomptif de la couronne de France, son cousin François d'Angou- léme. L'année suivante, Louis XII intervenait de nouveau en Italie, en entrant dans la ligue de Cam- brai contre Venise, et remportait la victoire d'Agna- del; abandonné par ses alliés, il put résister victo- rieusement à la Sainte ligue grâce à Gaston de Foix; mais, à la mort de ce héros, tué à Ravenne (1512), les Français, vaincus à Novare, furent chassés de la vallée du Pó. A son tour, la France eut à soutenir l'invasion des Espagnols, des Suisses, de Henri VIII et de Maximilien, et ces derniers remportèrent la victoire de Guinegatte. L'avènement du pape Léon X, succédant au bouillant Jules II, permit à Louis XII de faire la paix. Il mourut peu de temps après (1515); il y avait trois mois qu'il avait épousé (Anne de Bretagne étant morte), Marie d'Angleterre, sœur de Henri VIII, Louis XII, prince bon et hamain, réduisit les tailles, administra l'Etat avec sagesse et économie, pratiqua d'atiles réformes judiciaires, pro-
Page:Larousse universel, 1922, II.djvu/102
Cette page n’a pas encore été corrigée