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JOU l'on fixe à l'aide d'une cheville, ou bien il porte un anneau auquel on accroche la chaine d'attelage du véhicule. Parfois, la partie médiane du joug (aug- menté alors de longueur), au lieu d'un seul est percée de plusieurs trous, ce qui permet de rap- procher la cheville de l'animal le plus vigoureux. Rigide pour les bêtes de même taille, le joug double peut être articulé quand on accouple deux boeufs de taille différente. Le joug simple laisse à chaque boeuf son indépendance, mais beaucoup de cultiva- teurs préfèrent cependant le joug double. Qu'il soit simple ou doublé, le joug constitue l'attelage le plus économique; aussi est-il fort employé. En cer- taines régions (midi de la France par exemple), on l'applique même aux chevaux ; il est alors consti- tué par des traverses fixées aux colliers des deux animaux. Jougne, comm. du Doubs, arr. et à 19 kil. de Pontarlier; 1.100 h. Ch. de f. P.-L.-M. Station esti- vale. Forges. jouguet [ghè] n. m. Joug simple, servant soit à habituer les bouvillons à l'attelage, soit à atteler des boeufs très différents de taille. jouière n. f. (de joue). Chacun des murs d'aplomb avancés dans l'eau, qui retiennent les berges d'une écluse, et reçoivent les coulisses des vannes. jouir v. n. (du lat. gaudere, éprouver de la joie). Avoir un usage avantageux, tirer avantage ou agré- ment: jouir d'une grande fortune. Se réjouir, étre satisfait jouir de la surprise de quelqu'un. Etre en possession de: jouir de l'estime publique. Eprouver un plaisir très vif. Jouir de son reste, profiter de quelques avantages que l'on va perdre. jouissance [i-san-se] n. f. (de jouir). Libre usage, possession d'une chose : avoir la pleine jouis- sance de ses droits. Joie de l'âme, vir plaisir des sens. Epoque à partir de laquelle on a droit aux in- térêts ou dividendes d'une valeur. Action de jouis- sance, action dont le capital remboursé ne comporte plus qu'une part dans les dividendes. Usufruit, action de percevoir les fruits d'une terre, de toucher les intérêts d'une rente, les dividendes d'une action. Jouissance légale, droit qui appartient au père ou au conjoint survivant, de jouir des biens appartenant à leurs enfants n'ayant pas dix-huit ans révolus et non émancipés. V. PUISSANCE paternelle. ENCYCL. La jouissance d'un droit, aptitude lé- gale à l'acquisition de ce droit, s'oppose à l'exercice ou faculté de mettre en oeuvre cette aptitude. Ainsi, l'exercice des droits dont les mineurs ont la jouis- sance est généralement délégué à un mandataire. jouissant [i-san], e adj. Dr. Qui jouit, qui a l'usage, la jouissance d'une chose ou d'un droit. jouisseur, euse [i-seur, eu-ze] n. Personne qui ne cherche qu'à se procurer des jouissances. joujou n. m. (de jouer). Fam. Petit jouet d'en- fant. Faire joujou, jouer. Fig. Objet petit et mignon. Objet sans valeur sérieuse, mais qui amuse. Objet dont on se sert habituellement : les télescopes, ces joujoux des savanis. Joukovsky (Vasili), poète russe, né près de Mits- chensko, m. à Baden-Baden (1783-1852); auteur du poème : le Chantre dans le camp des guerriers russes. Ses vers sont d'une forme harmonieuse mais révèlent une sensibilité excessive. Il suggéra au tsar Alexandre II, dont il fut le précepteur, la libération des serfs. Joukovsky. joule n. m. (du n. du phy- sicien Joule). Physiq. Unité de travail équivalant à 107 ergs par seconde (abrév. J.): le cheval-vapeur équivaut à 736 joules. Joule (James PRESCOTT), physicien anglais, né à Salford, m. à Sale, près de Manchester (1818-1889 On lui doit d'importants travaux sur la théorie mé- canique de la chaleur. Membre correspondant de l'Académie des sciences. Joule (lois de), lois thermiques énoncées par Joule, relativement aux courants électriques : 1° La quantité de chaleur dégagée dans l'unité de temps par le passage d'un courant électrique dans un con- ducteur est proportionnelle à la résistance de ce con- ducteur; 20 Elle est proportionnelle au carré de l'in- tensité du courant. joupan n. m. Mot slave, qui veut dire Chef d'un district (joupa). Grand joupan, titre des anciens souverains serbes. Jouques, comm. des Bouches-du-Rhône, arr. et à 24 kil. d'Aix; 1.220 h. Ch. de f. S. jour n.m. (du lat. diurnus, diurne). Clarté, lumière du soleil : pièce où le jour entre à peine. Clarté quel- conque: le gas donne un jour blafard. Temps pen- dant lequel le soleil éclaire l'horizon : le jour ap- partient à l'action. Espace de temps réglé par la rotation de la terre sur elle-même: l'année dure trois cent soixante-cinq jours un quart. Espace de vingt-quatre heures: étre absent deux jours. Epoque, circonstance: le jour où la liberté régnera. Epoque actuelle les hommes du jour. La vie: sauver les jours de quelqu'un. Ma- nière dont les objets sont éclairés, et au fig., présen- tés: montrer une chose sous un jour favorable. Ouverture par où vient la lumière pratiquer des jours à un appartement. On appelle jour de souf- france une baie qui s'ou- vre soit avec le consente- ment du propriétaire voi- sin, soit même sans ce con- sentement s'il s'agit d'un mur non mitoyen, à condi- tion qu'elle soit garnie, ex- térieurement, d'une grille et d'un châssis dormant.) Jour où une dame reçoit: changer son jour. Grand jour, lumière crue, éclatante: au fig., publicité. Les beaux jours, le printemps, l'été; la jeunesse, la prospérité. Jours critiques, époque des menstrues. Jour de souffrance. 1. 1246- Fig. Eclaircissements, clarté: jeter du jour sur une question. Apparence sous laquelle s'offre une chose. Mettre un ouvrage au jour, le publier. Se faire jour, passer à travers. Ravir le jour, la vie. Donner le jour, la naissance. Percé à jour, de part en part; au fig., deviné, pénétré: secret percé à jour. A jour, au courant comptable dont les livres sont à jour. Vivre au jour le jour, jouir du présent sans se met- tre en peine de l'avenir. Beauté d'un jour, qui passe rapidement. Faur jour, lumière qui trompe la vue (au prop. et au fig.). Demi-jour, faible clarté. Plein de jours, qui a vécu longtemps. De nos jours, dans le temps où nous vivons. Au premier jour, très prochainement. Loc. adv.: Un jour, un beau jour, à une certaine époque. D'un jour à l'autre, graduellement: malade qui s'affaiblit d'un jour à l'autre. Du jour au lendemain, en peu de temps. Par jour, dans chaque jour. A jour, en laissant passer la lumière. De tous les jours, dont on se sert tous les jours, Loc. interj.: Jour de Dieu, juron de Charles VIII. Loc. prov.: Demain il fera jour, atten- dons à demain. Les jours se suivent et ne se ressem- blent pas, les circonstances varient avec le temps. A chaque moment sa peine, les soucis, les maux du présent sont assez nombreux pour que l'on ne s'afilige pas de ceux qui viendront ou ne viendront pas. PROV. : 1 A la Sainte-Luce, Les jours croissent du saut d'une puce, les jours commencent à allonger à la Sainte-Luce (23 déc.). Jour férié, v. FERIE. ANT. Nuit. - ENCYCL. Astron. Le temps qui s'écoule entre deux passages consécutifs du soleil au méridien. c'est-à-dire entre deux midis vrais, est appelé jour vrai ou jour astronomique, ou encore jour solaire; sa durée est d'enivron quatre minutes plus grande que le jour sidéral (temps qui s'écoule entre deux passa- ges supérieurs consécutifs d'une étoile au méridien).. La durée du jour solaire n'est d'ailleurs pas cons- tante, de sorte que pour déterminer la durée du jour moyen nous sommes obligés d'imaginer un soleil fictif, parcourant l'équateur d'un mouvement uniforme, pendant que le soleil réel parcourt l'éclip- tique. En admettant que ces deux soleils partent au même instant de l'équinoxe de printemps, il sera midi moyen toutes les fois que le soleil fictif pas- sera par le méridien. C'est ce soleil fictif qui déter- mine notre jour moyen ou jour civil, qui vaut exac- tement 1 jour 3 m. 56 s., 54 de temps sidéral, et qui commence à minuit. La différence de temps entre le midi moyen et le midi vrai est déterminée par une équation que l'on appelle équation du temps. La plupart des peuples font commencer le jour à minuit, et le partagent en deux périodes de douze heures. Les astronomes et les navigateurs comptent le jour de vingt-quatre heures en vingt-quatre heures, de midi au midi suivant; le passage du soleil au méridien, facile à établir, sert de vérification. Cer- taines administrations en France, et surtout à l'étranger, ont adopté ce dernier mode de distribu- tion du temps en comptant 0 heure à minuit, 12 heures à midi, etc., jusqu'à 23 heures. V. HEURE. Dr. Jours et vues. V. VUE. Jours fériés. V. FETE. Jour et la Nuit (le), opérette en trois actes, pa- roles de Leterrier et Vanloo, musique de Ch. Lecocq (1881); livret gai, alerte, amusant; partition fine, fraiche et charmante. Jourdain [din], fleuve de la Syrie-Palestine. Il sort de l'Anti-Liban, traverse le lac de Tibériade et se jette dans la mer Morte; cours 215 kil. Le Jourdain joue un grand rôle ans l'histoire du christianisme : c'est dans ses eaux que Jésus-Christ fut baptisé par saint Jean-Baptiste. Les accords de 1916 et le traité franco-britannique de 1920 ont partagé le Jourdain, dont les sources demeurent en Syrie de mandat fran- çais, tandis que la majeure partie de son cours, en aval du lac de Tibériade, est en Syrie de mandat an- glais. Le Jourdain y sépare la Palestine (sur sa rive droite)des plateaux plus orientaux de la Transjordanie. Jourdain (Joseph), explorateur français, né Saint-Baussant (Meurthe-et-Moselle), m. à Murtin- Bogny (Ardennes) [1761-1840]. 11 fit partie de l'expé- dition envoyée à la recherche de La Pérouse et, au péril de sa vie, sauva d'une perte certaine, dans le naufrage de l'Hougly, les documents qui en con- tiennent la relation. Jourdain (Charles BRECHILLET), philosophe français, né et m. à Paris (1817-1886). Ses principaux ouvrages sont: la Philosophie de saint Thomas d'Aquin et une Histoire de l'Université de Paris au XVIIe et au XVIIIe siècle. Jourdain (Calixte-Raphaël-Frants), architecte et critique d'art, né à Anvers en 1847, naturalisé Français, auteur d'un monument à La Fontaine;-Son fils FRANCIS, né à Paris en 1876, peintre et graveur, s'est occupé d'art décoratif; fondateur du Salon d'automne. Jourdain (Monsieur), principal personnage du Bourgeois gentilhomme, comédie de Molière. C'est la mise en relief des travers d'un marchand enrichi, sot et ridicule, qui voudrait faire oublier son ancien état, et qui, pour acquérir les manières d'un véritable gentilhomme, prend des leçons de toute sorte, se fait duper par tout le monde, et se prête béné- volement aux mystifica- tions les plus grotesques. M. Jourdain est très étonné d'apprendre par son profes- seur de philosophie que, depuis quarante ans qu'il parle, il fait de la prose sans le savoir. Ce type si plaisant donne lieu à de fréquentes allusions. Maréchal J.-B. Jourdan. Jourdan (Mathieu JOUVE), dit Jourdan Coupe- Tête, un des plus féroces terroristes de la Provence, né à Saint-Just, m. sur l'échafaud à Paris (1749-1794). Jourdan (Jean-Baptiste), maréchal de France, né à Limoges, m. à Paris (1762-1833); vainqueur à Fleurus (1794), puis à Altenkirchen et à Stockach; ministre des affaires étrangères, puis gouverneur de l'hôtel des Invalides sous Louis-Philippe. jourd'hui ou jourd'huy n. m. Jour actuel. (Usité dans l'expression de palais: ce jourd'huy.) JOU journade n. f. Saye à longues manches, qui se portait, à la fin du xve siècle, par-dessus les armes. journal n. m. (du lat. diurnalis, journalier). Ecrit où l'on relate les faits jour par jour: tenir le journal de sa vie. Publication périodique qui donne des nouvelles poli- tiques, littéraires scienti- fiques, etc.: la « Gazette de France de Théophraste Re- naudot fut le premier en date des journaux français. Jour- nal du bord, registre sur lequel on inscrit les évé- nements intéressant la ma- rine. Ancienne mesure indi- quant la quantité de terrain qu'un homme pouvait labourer dans un jour. Registre sur lequel un marchand écrit jour par jour tout ce qui a rapport à son commerce. (On dit aussi LIVRE-JOURNAL.) Journade (xvI s.). 1 ENCYCL. C'est de Venise, où le journal existait déjà à l'état rudimentaire, que Théophraste Renau- dot rapporta l'idée de la première gazette. Cette ga- zette eut pour collaborateurs Richelieu et Louis XIII. En 1762, la Gazette prit le nom de Gazette de France et devint le journal officiel. Avant la Révo- lution, outre certains périodiques s'occupant d'éru- dition et de littérature, quelques journaux poli- tiques se publiaient à Paris, tels que le Journal de Paris, véritable ancêtre de la presse quotidienne. Toutefois, c'est de la prise de la Bastille que date véritablement le journal tel que nous le comprenons aujourd'hui. Alors, parurent une foule de feuilles de tous les partis. Le Directoire, le Consulat et l'Empire supprimèrent un grand nombre de jour- naux: en 1810, six seulement subsistaient : le Moni- teur, le Journal de Paris, les Débats (devenu Jour- nal de l'Empire), la Gazette de France, le Publiciste et le Mercure. Sous le gouvernement de Louis-Phi- lippe, Emile de Girardin, avec sa Presse, fait du journal un organe d'affaires, en mettant à la portée de la spéculation la publicité sous toutes ses for- mes annonces, réclames, faits divers et même articles tendancieux. C'est lui qui ajoute au journal l'attrait du roman-feuilleton, en même temps qu'il abaisse le prix de l'abonnement. La République de 1848 voit paraître un nombre énorme de journaux. Sous l'Empire, toute une presse fleurit, exclusive- ment littéraire et mondaine, dont le Figaro est le prototype. Pendant le siège de Paris et la Com- mune, en 1870-1871, une foule de feuilles, violentes le plus souvent, se montrent, pour disparaitre aussitôt. Avec la troisième République et la liberté de la presse (1881), les journaux se sont particuliè- rement multipliés, aussi bien en province qu'à Paris. Nous citerons, parmi les journaux parisiens : l'Action française, l'Autorité, la Croix, les Débats, L'Echo de Paris, l'Eclair, Excelsior, le Figaro, le Gaulois, le Gil Blas, l'Humanité, l'Information, [Intransigeant, le Journal, le Journal officiel, la Lanterne, la Liberté, la Libre Parole, le Matin, Euvre, le Petit Journal, le Petit Parisien, la Petite République, la Presse, la République fran- çaise, le Siècle, le Soir, le Temps, la Victoire, etc. Parmi les journaux de province: la Dépêche de Toulouse, la Petite Gironde. la Gironde, le Petit Marseillais, le Petit Var, le Petit Provençal, le Lyon républicain, le Progrès de Lyon, le Progrès du Nord. La presse, qui a prís aussi un grand développement à l'étranger, est représentée en Allemagne par: le Berliner Tageblatt, la Gazette de Cologne, la Gazette de Francfort; en Angleterre par: le Times, le Daily Mail, le Daily News, le Daily Telegraph, le Stan- dard; en Autriche, par la Nouvelle Presse libre; en Belgique, par l'Indépendance belge; en Suisse, par le Journal de Genève, la Gazette de Lausanne, le Bund; en Espagne, par l'Imparcial, la Epoca; en Italie, par le Corriere della sera, le Secolo, le Popolo romano, la Tribuna, la Stampa; en Russie, par les Novosti, les Novoié Vremia, le Journal et la Gazette de Saint-Pétersbourg, la Pravda, l'Isrestia; aux Etats-Unis, par le World. le New York Herald, l'American, l'Evening Journal, le New York Times; en Argentine, par la Prensa; au Brésil, par le Jornal do Commercio; etc. Journal (le), feuille quotidienne fondée à Paris en 1891 par F. Xau et qui dut son succès à son caractère à la fois politique et littéraire. Journal de Pierre de l'Estoile, recueil impartial de renseignements originaux sur les règnes de Henri III et de Henri IV (1574-1611). Journal de la cour de Louis XIV ou Mémoires du marquis de Dangeau, mémoires volumineux et pleins d'intérêt sur la vie de la cour pendant le régne de Louis XIV (de 1684 à 1720). Journal officiel, publication officielle, qui a suc- cédé, en 1868, au Moniteur universel. Exploité en régie, sous le contrôle du ministère de l'intérieur, le Journal officiel publie, chaque jour, les lois, décrets, actes, documents administratifs émanant du gou- vernement, des renseignements économiques, etc., ainsi que le compte rendu in extenso des debats des deux Chambres. Une édition spéciale du Journal officiel est envoyée obligatoirement, pour être affl- chée, à toutes les communes non chefs-lieux de canton. Journal des savants, recueil littéraire, fondé à Paris en 1665 par D. de Sallo, conseiller au Parle- ment, la première publication de ce genre que l'Eu- rope ait possédée. Il cessa de paraitre de 1792 à 1816. Rédigé par les membres de l'Institut et imprimé à l'Imprimerie nationale, ce journal publie un grand nombre de travaux d'érudition et de comptes rendus critiques de premier ordre. A partir de 1902, la pu- blication du Journal des savints, abandonnée par l'Etat, fut continuée aux frais de l'Institut. Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, par l'avocat Barbier, mémoires pleins de renseignements utiles et intéressants de 1718 à 1763. journaleux [leû] n. m. Par dénigr. Mauvais journaliste. Rédacteur d'une feuille insignifiante. journalier [li-é], ère adj. (lat. diurnalis). Qui a licu, qui se renouvelle chaque jour: les besoins journaliers. Fig. Incertain, changeant, inégal. le sort des armes est journalier. (Vx.) N. m. Homme qui travaille à la journée.