Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

nuscrit qui a appartenu à Charles IX et qui porte le numéro 7,190.


JEAN D’IMOLA, théologien italien, né à Imofa, mort en 1436. Il suivit les leçons de Bulde l’Ancien, professa le droit canonique avec un grand succès et composa plusieurs ouvrages jadis fort estimés, notamment des Commentaires sur les Décrétâtes et sur les Clémentines.

JEAN ITALUS, philosophe et hérésiarque grec, né en Italie, dans le xi» siècle. Il se rendit à Constantinople, où il étudia sous différents maîtres et reçut notamment des leçons du célèbre Michel Psellus. S’il faut en croire Anne Comnène, qui a longuement parlé de Jean dans son Alexiade, il se déclara bientôt l’adversaire de Psellus, et, à force de présomption, de forfanterie, de charlatanisme, il parvint à faire croire au public et à la cour qu’il était un homme d’autant de savoir que de mérite. Vers 1075, l’empereur Ducaa, désirant reprendre 14s parties de l’Italie qui avaient appartenu jadis à l’empire byzantin, jeta les yeux sur Jean Italus et l’envoya en mission à Dyrrachium ; mais celui-ci, abusant de sa confiance, trahit les intérêts de l’empire. « Son crime ayant été découvert, dit Boissonade, Jean eut 1 adresse d’échapper aux poursuites et, bientôt après, l’adresse plus grande encore de convaincre l’empereur de son repentir et de se faire rappeler à Constantinople, où sa faveur fut plus brillante qu’auparavant. "Vers cette époque (1077), il succéda à Psellus dans l’office d’hypatus ou de philosophe en chef, et de là vient qu’il est souvent appelé Jcon lljpmu», ce qui n est pas un nom, mais un titre. » Peu versé dans la grammaire et la rhétorique, mais ayant en philosophie des connaissances assez étendues, il commenta, devant ses élèves, Platon, Aristote, Porphyre, Jamblique, Proclus, sans se préoccuper si ses idées étaient ou non conformes à l’orthodoxie. Quelque temps après son avènement (1081), l’empereur Alexis I°t Comnène, ayant reçu des plaintes au sujet de l’enseignement d’Italus, le fit citer devant une cour ecclésiastique, qui examina ses ouvrages et ses doctrines et anathématisa onze propositions hérétiques émises par lui. Il était accusé notamment d’avoir enseigné la doctrine de la transmigration des âmes et ridiculisé le culte des images. Jean Italus se Bouinit ; mais ayant peu après enseigné de nouveau les propositions condamnées, il fut solennellement anathématisé par une assemblée de prélats et, à partir de ce moment, garda un prudent silence. Italus était emporté, violent, et il lui arrivait, dans la chaleur de la discussion, de saisir ses adversaires par la barbe et pur les cheveux. Ou a en manuscrits quelques-uns de ses ouvrages philosophiques, écrits en un style obscur, entortille et hérissé de formules scolastiques.

JEAN DE LUYDE, sectaire fameux, chef des anabaptistes de Munster, né à Leyde vers 1510, d’une famille municipale, mort en 1536. Son véritable nom était Eeekold. Tour à tour garçon tailleur, aubergiste et comédien, il embrassa, dans ses voyages, les doctrines des anabaptistes et vint s’établir, en 1533, à Munster (Westphalie). C’était un homme habile, entreprenant, peu instruit, mais plein d’exaltation. Il se multiplia si activement dans les conférences secrètes que tenaient les anabaptistes, qu’en peu de temps la secte avait conquis à Munster, ville où le luthéranisme dominait, un nombre imposant de prosélytes. Quand les magistrats voulurent sévir, il n’était plus temps. Une révolte éclata le premier vendredi de carême 1534 ; l’évoque fut chassé, les anabaptistes se fortifièrent dans la place, et leur chef principal ayant été presque aussitôt tué dans une sortie, toute l’autorité passa entre les mains de Jean de Leyde, déjà vénéré comme un prophète. Dès le commencement, on avait rendu un édit qui établissait la communauté des biens, suivant l’exemple des chrétiens de l’Eglise primitive ; le gouvernement avait été une sorte de république : Jean de Leyde, plein des souvenirs de l’Ancien Testament, modifia cette organisation politique, tout en laissant subsister le régime communautaire, et nomma douze juges du peuple, à l’exemple des juges de9 douze tribus ; puis, par une pente naturelle, il résolut de concentrer en lui tout le pouvoir politique, comme il avait déjà l’autorité religieuse. Il feignit donc de nouvelles révélations, et se fit proclamer roi de la nouvelle Jérusalem, avec mission de tirer la glaive sacré contre les rois et d’étendre la loi de Dieu, le régime évangélique sur toute la terre. Il trouva dans les dépouilles des églises les moyens de s’entourer de toutes les magnificences royales, et ne marcha plus que couronné d’or et de diamants, vêtu d’étoffes d’or et de soie, et accompagné d’un cortège splendide. Il s’intitulait roi de la justice sur le monde, fit frapper à son effigie des monnaies dont il reste de curieux spécimens, et prit pour sa devise : La puissance de Pieu est ma force. S’appuyant de l’exemple des patriarches et de Salomon, il avait institué dans sa ville la communauté des femmes, .ou plus exactement, la polygamie ; lui-même épousa jusqu’à quinze femmes. Roi, pontife, juge suprême, prophète, l’enthousiaste présidait avec une imperturbable conviction à cette étrange saturnale de tout un peuple. Il entretenait l’enthousiasme do la multitude par <in grands banquets publics, sous le nom de

JEAN

fines, où il servait lui-même le peuple assis à des milliers de tables. Bientôt il envoya vingt-huit missionnaires pour prêcher la doctrine en Allemagne et en Hollande, où le peuple s’agitait au bruit des événements prodigieux de Munster. Mais tous ces apôtres furent brûlés, à l’exception d’un seul, qui se laissa corrompre. Il envoya cependant encore d’autres agents, qui excitèrent des soulèvements le long du Rhin, en Hollande et spécialement à Amsterdam. Toutes ces tentatives échouèrent et les anabaptistes périrent tous dans les plus affreux supplices. Cependant l’évêque Waldeck tenait toujours Munster étroitement bloqué. La famine s’y lit bientôt sentir, et Jean de Leyde en fut réduit à employer la terreur pour contenir son peuple, que toutes les parodies bibliques ne pouvaient plus satisfaire. Enfin, après quatorze mois de défense, la place fut livrée par un traître ; les troupes de l’évêque entrèrent en faisant un grand carnage. Jean de Leyde combattit avec le courage du désespoir ; mais il fut saisi vivant. Amené devant l’évêque, il eut dos réponses d’une fierté pleine de dédain ; Waldeck lui demandant de quel droit il s’était établi souverain dans sa ville : « Du droit, répondit-il, que possède tout homme qui sait s’élever au-dessus des autres et s’en faire le maître.... Tu te plains à tort, ajouta-t-il, Munster était une ville faible, je te la rends forte ; et quant à l’argent que le siège t’a coûté, fais-inoi promener par les villes, enfermé dans un panier de fer, exige un sol seulement de chacun de ceux qui voudront voir le roi de Sion, et tu retireras de quoi payer tes dettes et doubler tes revenus. » L’évêque suivit ce conseil et fit promener pendant quelque temps Jean de Leyde de ville en ville pour le donner en spectacle aux princes et aux peuples. Ramené à Munster en janvier 1536,1e prophète y fut horriblement torturé, tenaillé avec des pinces rougies sur toutes les parties du corps et enfin mis à mort. Son cadavre fut hissé dans une cage de fer au sommet de la tour de l’église Saint-Laurent.

JEAN DE LYON, célèbre vaudois, qui vivait au xn° siècle et s’intitulait évêque par In grâce de Dieu. Il acquit beaucoup de réputation de son temps par ses écrits, dans lesquels il ressuscitait la doctrine des gnostiques. Il repoussait la trinité, attribuait une grande part au principe du mal dans la production et la conservation des choses et admettait la transmigration des âmes. Les ouvrages de Jean de Lyon ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; mais on connaît l’essence de sa doctrine par un traité du dominicain Reinerius, qui s’est attaché à la réfuter.

JEAN DE MEUNG, poète français, continuateur du Bornait de la Rose. V. Mkunq.

JEAN la Milanais', médecin italien du xio siècle. Il passe pour l’auteur d’un recueil d’axiomes d’hygiène, écrit en vers léonins, qui, d’après une autre opinion assez vraisemblable, aurait été composé par plusieurs auteurs. Cet ouvrage, intitulé liegimen schotx Salernitaitas, contient beaucoup de sages prescriptions. Il a été publié pour la première fois vers 1430, sans indication de lieu ni date, et réimprimé depuis un très-grand nombre de fois. Bruzen de LaMartinièreen adonné une traduction envers français (Amsterdam, 1743. in-4o), et Martimen a fait une traduction en vers burlesques (Paris, 1653, in-4o).

JEAN DE PARIS, dominicain et théologien français, mort en 1304. Il acquit une grande réputation comme professeur de théologie à Paris, prit la défense de Philippe le Bel contre les prétentions de Boniface VIII, fut dénoncé à Guillaume, évêque de Paris, comme ayant avancé en chaire des propositions peu orthodoxes sur le dogme de la présence réelle, reçut la défense de prêcher et d’enseigner et mourut pendant un voyage qu’il fit à Rome pour en appeler auprès du pape du jugement de l’évêque de Paris. On a de lui, entre autres ouvrages, un traité De renia potestate papali ; Determinatio de modo existendi corparis Christi in sacramenlo altaris (Londres, 1686).

JEAN DE PARIS (Jean Perreal, dit), peintre français. V. Perhëal, (Jean).

JEAN DE PAUME ou JEAN BOBELLUS, en latin Huri. Hu», théologien et franciscain italien, né à Parme vers 1203, mort à Camerino en 1289.11 avait professé avec un grand éclat la théologie à Naples, à Paris, à Bologne, lorsqu’il lut élu supérieur général de son ordre. Jean s’efforça aussitôt de rétablir dans toute sa sévérité la discipline monastique, se rendit, en 1249, à Constantinople, par ordre du pape Innocent IV, pour négocier la réconciliation des deux Églises grecque et latine et revinten Italie, en 1251, après avoir échoué dans sa triission. Malgré sou savoir, son éloquence, sa vie exemplaire, Jean de Parme se vit, en 1256, accusé, dans un chapitre tenu à Rome, de complicité dans les erreurs de Joachim, abbé de Fiore, déposé, remplacé comme supérieur général par Bonaventure Fidenza et contraint, pour ne pas être jeté en prison, de se cacher dans le couvent de Grecchia, près de Rieti, où il vécut obscurément pendant trente-deux années. Cinq siècles plus tard, la congrégation des rites admit au nombre des bienheureux celui qui avait été flétri pur une sentence ecclésiastique. On a de lui

JEAN

plusieurs ouvrages, mais aucun d’eux n a été publié.

JEAN PHILOPONOS, grammairien et philosophe grec, qui vivait à Alexandrie au vn° siècle de notre ère. Il acquit une grande réputation de savoir, devint le chef de la secte des trithéistes et obtint d’Amrou, général du calife Omar, la conservation de Ta bibliothèque d’Alexandrie, que le terrible calife lit néanmoins brûler quelque temps après. On a de Jean Philoponos un Traité de l éternité du monde (Venise, 1527), sept livres sur la Cosmogonie de Moïse (Vienne, 1630), faisant suite au traité précédent, et des Commentaires sur divers ouvrages d’Aristote (Venise, 1534-1536).

JEAN DU PLAN DE CARPIN, voyageur italien. V. Carpis.

JEAN DE PRAGHJE, évêque d’Olmutz, en Moravie, mort cardinal en 1430. On l’avait surnommé Jean de Fer (ferreus) et l’Evêque de Fer, h cause de son caractère guerrier. Il dénonça Jacobel au concile de Constance, et, quand l’archevêque Conrad eut embrassé la doctrine de Jean Huss, il fut nommé par le pape pour le remplacer. Jean n’était ni moins intolérant ni moins cruel que Conrad, mai 3 il était brave et sincère, et montrait les talents d’un grand capitaine. Quand il avait dit la messe, raconte un historien du temps, il quittait ses habits sacerdotaux, montait à cheval, armé de toutes pièces, le casque en tête, l’épée au poing et la cuirasse sur le dos. II faisait gloire de n’épargner aucun hérétique. Il en périt plusieurs milliers par ses soins et par ses armes, et il tua 200 hussites de sa propre main.

La première expédition de l’Evêque de Fer eut lieu contre un parti de thaborites : ils s’étaient si bien fortifiés sur une montagne boisée, qu’on ne put les forcer. Ils se défendirent en jetant sur les assiégeants de gros éclats de roche, décampèrent la nuit et se sauvèrent en Bohême, où ils se réunirent aux horébites. Plusieurs seigneurs bohémiens du parti calixtin, apprenant cette affaire, songèrent alors à occuper le belliqueux évoque pour l’empêcher de faire irruption dans leur pays. Il en résulta une guerre assez acharnée eu Moravie, où Jean de Fer donna de grandes preuves d’activité, de courage et de talent militaire.

JEAN, dit le Préuionirô, célèbre disciplo de Jean Huss, mort à Prague en 1421. Après avoir servi ta cause de Jean Ziska, il devint l’un des plus fougueux apôtres de la secte des picards, qui, vers l’année 1417, s’était introduite au sein duthaborisme et qui repoussait toute alliance avec les catholiques. Son influence était telle sur le peuple de Prague, qu’il était parvenu à former un sénat exclusivement composé de picards ; mais, le parti calixtin étant parvenu à remplacer ceux-ci, Jean fut traduit devant le sénat comme rebelle et accusé d’avoir fait décapiter, > s»na motifs suffisants, « Jean Sadlo, qui avait livré les Bohémiens aux Allemands dans un combat. Pendant que le sénat délibérait sur les moyens de se défaire d’un homme si énergique et si populaire, Jean se rendit au milieu des sénateurs, accompagné seulement de dix de ses partisans, et leur déclara qu’il allait appeler de leur sentence aux citoyens. A peine avait-il achevé de parler que le bourreau, mandé en toute hâte, s’empara de lui et lui trancha la tète ainsi qu’à ses compagnons. Mais comme les licteurs, pour faire disparaître les traces de cette affreuse exécution, avaient lavé précipitamment la salle et laissé couler du sang dans la rue. le peuple, averti par cet indice, se précipita’dans la maison de ville et enfonça les portes du conseil. Le premier objet qui se présenta aux regards fut la tête du Prémontré séparée de son corps, et, en un instant, le juge, les consuls et tous leurs acolytes furent mis en pièces.

JEAN DE RAGUSE, théologien italien, né à Raguse, mort vers 1450. Il entra dans 1 ordre des dominicains, sa fit recevoir docteur en Sorbonue, assista au concile de Bflle, fut à plusieurs reprises chargé d’aller négocier à Constantinople la réunion des Églises grecque et latine et devint enfin évêque d’Argos dans la Morée. On trouve dans les Actes du concile de Bûle, les Actes de sa légation à Constantinople, et dans Léon Allatius, une relation de son voyage en Orient.

JEAN DE LA ROCHELLE, théologien français, né, croit-on, à La Rochelle vers le commencement du xm« siècle, mort à Paris en 1271. Il entra dans l’ordre des franciscains, acquit une grande réputation de savoir, succéda, comme professeur, à Alexandre de Halès en 1238 et laissa, en 1253, sa chaire à saint Bonaventure. On a de lui des Sermons, des Commentaires sur les évangiles, les épîtres et l’Apocalypse, et un remarquable traité De anima, dans lequel il commente avec beaucoup de savoir et de sens le Péri psuchés d’Aristote. Aucun des écrits da Jean de La Rochelle n’a été publié.

JEAN DE ROQUIGN1ES, théologien français, né à Roquignies, mort en 1269. Il devint successivement abbé de Villers-Cotterets, près de Soissons, et abbé de Prémontré (1247). C’est lui qui fonda le collège de Prémontré, à Paris, en 1262. Il composa des Homélies et une Summa theologica, restées inédites.

JEAN DE SÉV1LLE ou DE I.CNA, rabbin

JEAN

035

juif et traducteur espagnol. Il vivait au xuo siècle. Il changea son nom de A»eu-Drenth en celui de Jean lorsqu’il se convertit au catholicisme. C’était un homme savant, très-versé surtout dans les mathématiques et dans l’astronomie. À la demande de Raimond, archevêque de Tolède, il traduisit en castillan plusieurs ouvrages arabes relatifs à la philosophie d’Aristote, que l’archidiacre Dominique Gondisalvi traduisit à son tour en latin. Nous citerons parmi ses traductions : Epilome totius astrologie ; Chiromantia ; Alfarganum, etc.

JEAN DE TROVBS, greffier de l’Hôtel de ville de Paris, dans le xvo siècle, et attaché, croit-on, à la maison de la princesse Jeanne. On lui a fort longtemps attribué la Chroniqui' de Louis XI, connue sous le titre de la Chro nique scandaleuse, laquelle a été imprimée pour la première fois vers la fin du XVe siècle (in-fol.) et plusieurs fois rééditée depuis, notamment à Paris en 1558 et en IBll (in-8°).

C’est l’abbé Lebœuf qui, le premier, a prouvé que ce livre était purement et simplement une copie presque textuelle des Gronder chroniques de Saint-Denis.

JEAN D’CDINE, peintre italien, né à Udine en 1494, mort à Rome en 1564. II étudia à Venise sous le Gorgone, à Rome sous Raphaël, s’adonna particulièrement à la peinture des fleurs, des fruits, des animaux, dans laquelle il excella, et réussit également bien dans les ouvrages de stuc. On prétend qu’il découvrit la véritable matière qu’employaient les anciens pour ce genre de travail. Le musée de Madrid possède de ce remarquable artiste des tableaux de fleurs et de nature morte exécutés avec une étonnante perfection. On voit également de lui à Rome do belles fresques et, à Venise, une Présentation au temple et Jésus parmi les docteurs.

JEAN DE VERCEIL, dominicain italien, né k Verceil, mort h Montpellier en 1283. Il enseigna le droit canonique à Paris, entra dans l’ordre des dominicains, dont il fut élu général en 1264, s’attacha à apaiser la rivalité qui existait entre les religieux de son ordre ei les franciscains, et refusa le patriarcat de Jérusalem, que iui offrit le pape Nicolas III en 1278.

JEAN DE V1CENCE, dominicain italien, mort après 1260. Il acquit une renommée immense en se vouant à la pacification de l’Italie, au milieu dos guerres civiles qui l’ensanglantaient. Encouragé par le pape ot par les cités, il prêcha la paix publique avec un tel succès, que 400,000 personnes se rassembleront à son appel dans la plaine de Paquara, près de Vérone, pour proclamer la concorda et le pardon réciproque des injures (1233), pacification qui s’étendit k presque toute l’Italie septentrionale. Toutefois, il ne sut point rester à la hauteur de sa glorieuse mission et ne tarda pas à donner des preuves d’ambition personnelle et de despotisme. Abusant du prestige et de l’autorité de son nom, il se lit donner à Vicence un pouvoir dictatorial, avec les titres de duc et de comte, tint la même conduite k Vérone, changea k son gré les lois de ces cités, fit brûler un grand nombre de citoyens considérables sous prétexte d’hérésie, et ensanglanta également la Lomhardie par ses violences. Sa popularité s’évanouit aussi rapidement qu’elle s’était formée.

JEAN (maître), personnage légendaire, populaire dans les Vosges et dans Te Bas-Rhin ; il a surtout le renom de grand constructeur, d’architecte fantastique, ou plutôt diabolique, car il est clair que, dans la plupart des contes qui le concernent, c’est le diable lui-même qui agit, sous l’apparence d’un maçon da génie. Voici quelle est sa légende. Un jour, un empereur d’Alsace eut l’idée de bâtir una cathédrale d’une grandeur et d’une beauté extraordinaires, mais le plan qu’il avait fait

dessiner effraya les constructeurs, d’autant plus qu’il fallait que la cathédrale fût achevée dans l’espace d’un an. Un seul, nommé maître Jean, osa accepter les conditions ; il devait recevoir pour récompense une bourse pleine d’or et faite avec la peau entière d’une brebis ; mais si le travail n’était pas achevé dans le courant de l’année, il serait écartelé par le bourreau. On dressa même devant sa maison les quatre poteaux destinés à son supplice, afin de lui rappeler la chose d’une façon saisissante. Maître Jean fit travailler nuit et jour des milliers d’ouvriers ; mais ce fut en vain. Le dernier délai approchait et la cathédrale n’était point achevée. Alors, la veille de la fatale échéance, maître Jean apfiela Satan à son secours. Satan accourut et ui offrit d’achever dans la nuit la cathédrale à condition qu’il signerait un pacte par lequel il lui appartiendrait après mille ans révolus. Maître Jean signa ; le lendemain la cathédrale était parfaite et achevée. L’em Sereur doubla la récompense promise. Maître ean, proclamé le premier maître bâtisseur de la chrétienté, vécut longtemps riche et honoré. Quand il mourut, on l’enterra dans l’église même, au-dessous.de l’horloge ; c’est là qu’il dort maintenant, avec son pacte dans la main gauche, jusqu’à la venue du jour convenu. Ce jour-là il se lèvera de son tombeau et ira se livrer k Satan, qui l’attend dans les profondeurs de l’enfer.

Cette légende se raconte avec diverses modifications, en Alsace et en Allemagne ; une