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JEAN Ier, roi d’Aragon de 1387 à 1395. Entièrement livré aux plaisirs, il abandonna le soin des affaires publiques à sa femme. Il eut à réprimer plusieurs révoltes. Il avait attiré à sa cour un grand nombre de troubadours provençaux, et fonda, à Barcelone, une académie de poésie sur le modèle des jeux Floraux de Toulouse. Ses exactions et ses cruautés le firent détester de ses sujets.


JEAN II, roi d’Aragon, né en 1397, mort en 1479. Ayant épousé Blanche, fille de Charles III, roi de Navarre, il s’empara de ce royaume à la mort de son beau-père (1425). La mort de sa femme Blanche (1441) rendait son fils, don Carlos de Viane, héritier légitime de la Navarre ; il refusa de lui livrer cet État, et don Carlos entra en lutte ouverte avec son père. Fait prisonnier à Aybar (1452), défait une seconde rois à Estella (1456), il dut se réfugier à Naples, auprès de son oncle, Alphonse le Magnanime, roi de Sicile et d’Aragon, La mort de ce dernier prince mit Jean à la tête d’un nouveau royaume (1458). Don Carlos revint alors en Espagne, obtint quelques succès contre son père, mais mourut peu de temps après (1461), les uns disent de chagrin, les autres du poison. L’année suivante, Jean livra Blanche, sa fille aînée, à Éléonore, comtesse de Foix, sa seconde fille, qui se débarrassa de sa sœur en l’empoisonnant (1464). Jean parvint à dompter les Catalans, soulevés par tant de crimes (1472), mais échoua dans une tentative qu’il fit pour reprendre le Roussillon, qu’il avait engagé à Louis XI pour une somme d’argent (1473). Il laissa ses États complètement épuisés par les guerres intestines et les désordres de son administration.


JEAN Ier ou JEAN-ALBERT, roi de Pologne, né en 1459, mort en 1501. Sous le roi Casimir IV, son père, il se signala par des exploits contre les Tartares, qui le désignèrent aux suffrages des États lorsque le trône fut devenu vacant (1492). Souverain, il se montra moins disposé à la guerre, renouvela les traités de paix avec Bajazet II, et laissa les Tartares de Crimée ravager la Podolie et la Wolhynie.


JEAN II ou CASIMIR V, roi de Pologne, fils de Sigismond III, né en 1609, mort en 1672. Il fut élu en 1649, après la mort de son frère, le roi Vladislas VII. Précédemment, il avait été prisonnier en France, était entré dans la compagnie de Jésus et avait été promu au cardinalat. Relevé de ses vœux, il épousa Marie-Louise de Gonzague, veuve de son frère, lutta longtemps, avec des alternatives de succès et de revers, contre les Cosaques, les Tartares et les Russes, s’engagea dans une guerre imprudente contre une nation belliqueuse, les Suédois, fut vaincu, et leur roi, Charles-Gustave, soumit toute la Prusse, prit Varsovie, et fut sur le point d’être proclamé roi de Pologne. Cependant, avec l’appui de l’empereur, Casimir se releva, souleva les palatinats, et put imposer à son ennemi le traité d’Oliwa (1660), qui le remit en possession de ses États. Fatigué de lutter contre une aristocratie turbulente, et prévoyant, avec une étonnante sagacité, les malheurs que cette anarchie permanente devait attirer sur la Pologne, il abdiqua en 1668, se retira en France, et devint abbé de Saint-Germain-des-Prés, puis de Saint-Martin-de-Nevers. Ce prince, courageux, mais faible et irrésolu, fut le dernier rejeton mâle de la maison de Vasa.


JEAN III, roi de Pologne. V. Sobieski.


JEAN (en danois Hans), roi de Danemark, de Suède et de Norvège, fils et successeur de Christian Ier (1481), né en 1455, mort en 1513. Il rencontra en Norvège une opposition dont il ne triompha qu’en accordant de grands privilèges au clergé et à la noblesse ; il fut également obligé de soutenir de longues luttes pour se mettre en possession de la Suède. Encore ces deux souverainetés lui échappèrent-elles à diverses reprises. Il mourut d’une chute de cheval.


JEAN Ier, le Roux, duc de Bretagne de 1237 à 1286. Fils de P. Mauclerc, il continua sa lutte contre les prélats, et s’attira une excommunication qu’il ne fit lever qu’aux plus humiliantes conditions. Il accompagna saint Louis dans sa deuxième croisade, et fut témoin de sa mort en Afrique. Il ajouta à ses domaines le comté de Léon.


JEAN II, duc de Bretagne de 1286 à 1305, fils et successeur du précédent. Il fit tour à tour alliance avec l’Angleterre et la France, et fut créé duc et pair par Philippe le Bel. Il avait accompagné Louis IX à la croisade (1270), puis Philippe le Hardi dans son expédition d’Aragon (1285). Il mourut à Lyon, écrasé par la chute d’un mur.


JEAN III, le Bon, duc de Bretagne de 1312 à 1341. Attaché au roi de France, Philippe de Valois, il le suivit dans son expédition de Flandre avec 8,000 hommes, et mourut à son retour.


JEAN IV DE MONTFORT, duc de Bretagne, frère du précédent. Il s’empara, à la mort de Jean III (1341), de la plus grande partie du duché, au détriment de Charles de Blois, que Jean III avait institué son héritier. La cour des pairs rendit un arrêt en faveur de son rival, et le fils du roi de France entra en Bretagne à la tête d’une armée. Assiégé dans Nantes, Jean de Montfort fut obligé de se rendre. Mais sa courageuse épouse, Jeanne de Flandre, releva son parti, et continua la guerre avec l’appui des troupes anglaises. Elle parvint à se maintenir dans Hennebont, pendant que Charles de Blois perdait successivement Guérande, Vannes et Carhaix. Jean parvint à s’échapper de Paris (1345), où il était retenu prisonnier, et rejoignit son épouse ; mais il mourut peu de temps après, sans avoir rien accompli d’important.


JEAN V, le Vaillant, duc de Bretagne, fils du précédent, né en 1338, mort à Nantes en 1399. Il était encore enfant à la mort de son père ; mais sa mère, l’héroïque Jeanne, continua la guerre contre Charles de Blois pour la possession de la Bretagne, qui fut assurée au jeune prince par la victoire d’Auray (1364) et par le traité de Guérande (1365). Jean rendit hommage à Charles V ; mais ses sympathies pour les Anglais le poussèrent à embrasser leur parti, et il attira ainsi sur la Bretagne les armes de la France. Forcé de fuir, il se réfugia en Angleterre, puis revint, à la suite du duc de Lancastre, ravager la Picardie. Mais il n’eût, sans doute, pas recouvré son duché, dont la cour des pairs avait prononcé la réunion à la couronne, si Charles V n’eût soulevé les Bretons par l’établissement de la gabelle, et ne les eût ainsi poussés à rappeler leur duc, qui fut confirmé par la paix de Guérande (1381), et qui demeura dès lors l’allié du roi de France, qu’il suivit dans sa guerre de Flandre. Ses dernières années furent troublées par une guerre sanglante contre le connétable de Clisson. C’est lui qui institua l’ordre de l’Hermine.


JEAN VI, le Sage, duc de Bretagne, fils du précédent. Il lui succéda en 1399, sous la tutelle de sa mère, puis du duc de Bourgogne. Pendant les guerres entre les factions de Bourgogne et d’Armagnac, il se prononça pour la dernière, servit d’abord assez fidèlement la France, mais, plus tard, suivit une politique déloyale, en reconnaissant, au gré des circonstances, Charles VII ou Henri VI d’Angleterre comme roi de France. Il mourut près de Nantes en 1442.


JEAN, dauphin du Viennois, fils de Humbert Ier, né vers 1279, mort en 1318. Il passa une partie de sa jeunesse à la cour de France, succéda à son père en 1307, et s’attacha à diminuer les impôts et à assurer la paix à son petit État, La douceur de son gouvernement lui valut des accroissements de territoire sans que le sang de ses sujets fût répandu, et il acquit une telle réputation d’équité et de sagesse, qu’il fut choisi à plusieurs reprises comme arbitre par des princes dans leurs querelles. Son fils, Guigue III, lui succéda.


JEAN DE SOUABE, dit le Parricide, prince d’Autriche, né en 1289, mort à une époque incertaine. Il était, par son père, Rodolphe V d’Autriche, petit-fils de Rodolphe de Habsbourg. Devenu majeur, il réclama, mais inutilement, son patrimoine à son oncle, l’empereur Albert Ier. Furieux de se voir dépouillé, Jean de Souabe complota, avec plusieurs chevaliers de la haute Souabe, Rodolphe de Palm, Conrad de Tegernfeld, etc., d’assassiner l’empereur. Albert étant parti, en 1308, pour se rendre à Brugg, les conjurés se jetèrent sur lui et l’égorgèrent. Chacun d’eux chercha alors son salut dans la fuite. Jean, sous le déguisement d’un moine, gagna l’Italie, où il termina ses jours obscurément. Selon quelques écrivains, il revint, au contraire, dans ses États, y vécut sous le costume d’un ermite, et déclara, seulement au moment de mourir, en 1368, quel était son nom. Les autres meurtriers de l’empereur périrent, pour la plupart, dans d’atroces supplices.


JEAN (Baptiste-Joseph-Fabien-Sébastien), archiduc d’Autriche, né à Florence en 1782, mort à Gratz en 1859. Il était le treizième enfant de l’empereur Léopold II et le frère de l’empereur François Ier. Appelé en 1800, à l’âge de dix-huit ans, à prendre le commandement en chef de l’armée autrichienne, il fut battu par Moreau à Hohenlinden (3 décembre) et près de Salzbourg (14 décembre). Malgré ces échecs, il n’en tut pas moins nommé, quelque temps après, directeur général du corps du génie et directeur de l’Académie des ingénieurs à Vienne. Lorsque éclata, en 1805, la guerre entre la France et l’Autriche, l’archiduc Jean essaya de soulever le Tyrol, battit les Bavarois au pas de Strub et s’avançait pour couvrir Vienne, quand la défaite d’Austerlitz contraignit l’empereur d’Autriche à signer la paix. Le prince Jean se mit alors à parcourir les Alpes Noriques, la Styrie, la Carinthie, avec des naturalistes, des antiquaires et des dessinateurs, et à étudier ces contrées au point de vue de l’histoire naturelle, de l’ethnographie et de l’économie politique et rurale. Nommé, en 1809, commandant en chef de l’armée de l’Autriche intérieure, il organisa l’insurrection du Tyrol, puis marcha contre le prince Eugène, le vainquit et s’avança même jusqu’à l’Adige ; mais, en apprenant les défaites essuyées par l’Autriche à Eckmühl et à Ratisbonne, il dut battre en retraite pour aller couvrir Vienne. Dans cette marche rétrograde, l’archiduc Jean n’éprouva que des échecs. Battu sur la Piave, à Tarvis, à Raab (14 juin), il ne put opérer sa jonction avec l’archiduc Charles, tomba en disgrâce, fut mis à l’écart pendant la campagne de 1813 à 1814, et ne prit part à celle de 1815 qu’en s’emparant d’Huningue. Tenu éloigné des affaires, il vivait dans la retraite, lorsque eurent lieu les événements de 1848. L’empereur Ferdinand, contraint de fuir à Inspruck, nomma son lieutenant général l’archiduc Jean, à qui sa disgrâce avait donné une certaine popularité, et le chargea d’arranger les affaires de Hongrie et de Croatie et d’ouvrir la diète de Vienne (22 juillet 1849). Sur ces entrefaites, le parlement national se réunit a Francfort, pour nommer un vicaire de l’empire. L’archiduc Jean, qui avait prononcé, dans une circonstance solennelle, ces paroles mémorables : « Plus d’Autriche, plus de Prusse ! qu’il n’y ait plus qu’une Allemagne ! » l’archiduc fut élu vicaire par 438 voix contre 52 données à Henri de Gagern. Il accepta ce poste difficile et forma un ministère ; mais il se montra bientôt le défenseur énergique des intérêts autrichiens, et, après la nomination du roi de Prusse comme empereur, il remplaça le ministère Gagern par un cabinet dévoué à l’Autriche, et donna sa démission de vicaire le 20 décembre 1849. Il se retira alors à Gratz, où il vécut, jusqu’à sa mort, dans la retraite. En 1825, il avait épousé morganatiquement la fille d’un maître de poste, Anna Plochel, à qui il fit donner les titres de comtesse de Meran et de baronne de Brandof.


JEAN D’AUTRICHE (don), prince espagnol. V. Juan.


JEAN, duc de Lorraine, mort à Paris en 1390. Il succéda tout enfant à son père, tué à Crécy (1346), et fut presque constamment en guerre, soit hors de ses États, soit à l’intérieur, où il eut à lutter contre des bandes d’aventuriers qui ravageaient la Lorraine. « Ce prince, moins dévot que superstitieux, dit Weiss, persécuta les juifs pour avoir un prétexte de les dépouiller, et fit brûler impitoyablement, avec leurs livres, des hérétiques connus sous le nom de turlupins ou frères des pauvres. » Sous son gouvernement, la guerre, la famine et la peste ravagèrent la Lorraine. Les habitants de Neufchâteau s’étant soulevés contre le duc, qui ne faisait rien pour améliorer le sort de ses sujets, Jean de Lorraine les châtia avec une extrême rigueur, et fut empoisonné quelque temps après.


JEAN SANS PEUR, duc de Bourgogne, fils aîné de Philippe le Hardi, né à Dijon en 1371. Il eut pour parrain le pape Grégoire XI, et pour marraine Marguerite de France. Jusqu'à la mort de son père, il porta le titre de comte de Nevers. En 1396, il eut le commandement de la brillante croisade contre Bajazet, n’échappa qu’à grand’peine au carnage de Nicopolis, et ne racheta sa liberté qu’au prix d’une énorme rançon. À peine eut-il hérité du duché de Bourgogne (1404), qu’il vint à Paris prendre place au conseil royal, et commencer contre le parti de Louis d’Orléans, frère du roi, cette lutte qui devait déchirer la France pendant la démence de Charles VI. Il suivit les traditions de son père, et s’appuya sur le peuple et la bourgeoisie, s’opposa aux tailles nouvelles qu’on voulait établir, proposa vainement de reprendre Calais aux Anglais, réarma les bourgeois de Paris, usurpa peu à peu toute l’autorité dans le conseil, et, après de nombreuses ruptures suivies d’autant de fausses réconciliations, finit par faire égorger son rival d’influence, le duc d’Orléans, par dix-huit assassins qui l’assaillirent un soir dans la rue Barbette (1407). Dans le premier moment, il témoigna une douloureuse indignation ; mais, se voyant soupçonné de toutes parts, il cessa de dissimuler, se retira dans ses États, avoua hautement un crime qui ne fit, chose étrange, qu’augmenter sa popularité, et revint à Paris, à la tête de 800 gentilshommes, pour présenter sa justification. Accueilli triomphalement par le peuple, il exigea une audience publique, et là, devant le roi, les princes et les plus grands personnages du royaume, il fit prononcer par un sophiste gagé, le cordelier Jean Petit, l’apologie du meurtre, et affirmer qu’il n’avait été commis que pour le bien du royaume et du roi. Nul ne contredit ; la terreur paralysait les plus audacieux, et le duc de Bourgogne n’en devint que plus puissant. Maître de Paris et du gouvernement, il imposa une réconciliation solennelle à la veuve et aux enfants de sa victime, se fit donner, en 1409, la garde du dauphin, et put se croire un moment le véritable roi de France. Mais bientôt une ligue formidable de ses ennemis se rallia à la voix du comte Bernard d’Armagnac (d’où le nom d’Armagnacs donné depuis cette époque à ceux de la faction d’Orléans) ; les deux partis armés ravagèrent la France dans tous les sens, prenant et reprenant les villes, dominant tour à tour dans le gouvernement et à Paris, au hasard de la victoire et des événements, traitant avec les Anglais et livrant, par leurs dissensions, le royaume à l’invasion étrangère. Après le désastre d’Azincourt, Jean Sans Peur, qui s’était dépopularisé parmi les bourgeois de Paris par l’appui qu’il avait prêté, en 1412-1413, à la faction populaire des cabochiens, et qui avait été contraint de se retirer encore une fois dans son duché de Bourgogne, se présenta de nouveau en armes sous les murs de la capitale, après avoir emporté Beauvais, Senlis et Pontoise. La trahison de Perrinet Leclerc lui ouvrit les portes, et, pendant que Tanneguy Du Châtel s’enfuyait avec le dauphin, il se saisissait pour la dixième fois du pouvoir, au nom du pauvre insensé qui portait le titre de roi, mais se montrait impuissant à rétablir l’ordre et à défendre la France contre les Anglais, bientôt maîtres de Rouen (1419) et de la route de Paris. Il essaya même de traiter avec eux pour son compte personnel ; mécontent de leurs prétentions, il se rapprocha du dauphin, et les deux partis jurèrent de s’unir contre l’Anglais. Mais la paix ne fut pas de longue durée ; attiré à une seconde entrevue avec le dauphin Charles, sous le prétexte de délibérer sur les affaires du royaume, le duc de Bourgogne s’y rendit, quoique avec défiance ; à peine avait-il mis le pied sur le pont de Montereau, lieu de la conférence, qu’il fut assassiné par les gens du prince ; la complicité de celui-ci n’est pas douteuse (1419).

Le duc de Bourgogne, violent, ambitieux et despote, était cependant aimé de ses sujets, qu’il gouvernait avec une modération qui n’était peut-être qu’un calcul d’habileté politique. Son fils, Philippe le Bon, lui succéda comme duc de Bourgogne.


JEAN, comte d’Angoulême, prince et littérateur français, né à Orléans en 1404, mort à Cognac en 1467. Il était un des fils du duc Louis d’Orléans, assassiné à Paris en 1407, et de Valentine de Milan. Livré, comme otage, aux Anglais, en 1418, par son frère Charles, pour garantir une créance de 100,000 écus, il resta trente-deux ans en captivité, et composa alors à Londres le Caton moralisé, ouvrage qui fut brûlé lors de la prise d’Angoulême par les huguenots, en 1562, Ayant vendu son comté de Périgord pour payer sa rançon, il recouvra la liberté (1445), se rendit auprès de Charles VII, alors à Nancy, et épousa, en 1449, Marguerite de Rohan. Après avoir pris part aux sièges de Montguyon et de Blaye, il se battit contre les Anglais, sous les ordres de son frère Jean, comte de Dunois, fit, avec Charles VII la dernière campagne de Guyenne, en 1453, et se fixa enfin à Angoulême. Ce prince, qui a reçu le surnom de Bon, fut le grand-père de François Ier. D’après ses biographes, il mourut en odeur de sainteté.


JEAN, duc d’Alençon, né à Argentan en 1407, mort à Paris en 1476. Il était fils de Jean, duc d’Alençon, tué à la bataille d’Azincourt (1415). En 1423, il fut nommé membre du conseil du roi et devint parrain du dauphin Louis, qui fut plus tard Louis XI. L’année suivante, il se conduisit vaillamment à la bataille de Verneuil, où, gravement blessé, il tomba entre les mains des Anglais, qui ne le rendirent à la liberté qu’en échange d’une rançon de 200,000 saluts d’or (1427), De retour en France, il se rendit auprès de Charles VII, se trouva à Chinon lorsque Jeanne Darc vint faire part au roi de la mission qu’elle voulait accomplir, et conçut aussitôt une vive sympathie pour la jeune héroïne, qui, de son côté, lui témoigna une préférence marquée. Après la délivrance d’Orléans, le duc d’Alençon fut nommé lieutenant général du roi. De concert avec la Pucelle, il ouvrit la campagne, et, après une série de succès contre les Anglais, il conduisit Charles VII à Reims, l’y arma chevalier et l’assista comme pair lors de la cérémonie du sacre. Pendant que le roi et ses principaux conseillers ne songeaient qu’à faire la paix, le duc d’Alençon voulait, au contraire, poursuivre l’ennemi, et, malgré la cour, il fit avec la Pucella la campagne de Picardie. Tombé en disgrâce et remplacé, comme lieutenant général, par le duc de Vendôme (1430), le duc d’Alençon se retira dans sa vicomté de Beaumont. Bientôt après, ayant vainement réclamé à Jean VI, duc de Bretagne, une créance due par celui-ci, il arrêta le chancelier du duc, Jean Malétroit, évêque de Nantes, qui venait d’une ambassade auprès du roi de France, s’empara de ses bagages et le fit jeter en prison dans le château fort de Pouancé. Assiégé dans cette place, en janvier 1432, par le connétable Arthus de Richemont, le duc d’Alençon se vit contraint de capituler et de payer à l’évêque une indemnité de 10,000 livres de Bretagne, plus 2,000 écus d’or. Il entra plus tard dans la ligue appelée la Praguerie, que Charles VII parvint à étouffer (1440), reprit les armes contre les Anglais en 1449, et ne les déposa qu’après que la Normandie eut été placée sous la domination de Charles VII. £1 revint alors à Alençon ; mais, profondément irrité de voir que le roi ne lui donnait aucune grande charge en récompense de ses services, il s’allia avec ceux qu’il avait toujours combattus jusque-là, se rapprocha du duo de Bourgogne et promit son concours au duc d’York pour une expédition projetée par ce prince contre la France. Malheureusement pour lui, le plan de cette expédition tomba entre les mains du bailli de Rouen, qui le transmit au roi (1456). Arrêté aussitôt à Paris, le duc d’Alençon fut traduit devant la cour des pairs et condamné à la peine capitale pour crime de haute trahison (1458). Néanmoins, la sentence ne fut pas exécutée, et on enferma le duc au château de Loches, où il se trouvait lors de l’avènement de Louis XI (1461). Rendu à la liberté par ce souverain, il ne conspira pas moins contre lui, fut de nouveau arrêté (1473), de nouveau condamné à mort (1474), et enfermé dans la prison du Louvre, d’où il sortit en 1476, brisé