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Baptême de Jésus-Christ, par exemple, dans la peinture si connue du cimetière de Pontien, dans plusieurs mosaïques, dans quelques pierres gravées et médaillons de bronze. Il y avait aussi des images du Précurseur montrant du doigt le Messie, soit en personne, soit sous le symbole de l’agneau. Quelquefois, mais plus rarement, à a été représenté en costume dit apostolique, avec la tunique et le pnllium, par exemple, sur un fond de coupe publié par Buonarruoti, et dans une mosaïque du vu» siècle publiée par Ciampini. On a trouvé, il y a quelques années, près d’Etaples (Pas-de-Calais), une curieuse médaille en plomb du xive siècle, représentant un prêtre escorté de deux acolytes, et portant une espèce de disque où s’épanouit la lune ; autour sont écrits les mots : A’cce signum faciei beati Joins Baptiste. Par cette représentation de la face de Jean-Baptiste sous la forme symbolique de la lune, • on voulait, disent certains iconographes, exprimer que le Précurseur n’était que le reflet de la lumière éternelle (Non erat lux), et qu’il était, pur rapport k Jésus, ce que la lune est par rapport au soleil. • On pense que les médailles comme celle dont il s’agit se vendaient, à Amiens, aux pèlerins qui allaient vénérer dans cette ville le chef de saint Jean.

Parmi les monuments consacrés à la gloire du Précurseur, un des plus célèbres est le Baptistère de Florence, que décorent plusieurs chefs-d’œuvre artistiques retraçant son image ou des épisodes de son histoire. L’une des trois portes de bronze de l’édifice, celle du midi, exécutée vers 1330 par Andréa de Pise, représente en bas-relief les principaux traiis de la vie de saint Jean-Baptiste. Ces compositions, d’un style simple et qui ne manque pas de grandeur, se ressentent de l’influence exercée par Giotto ; quelques connaisseurs supposent même que ce maître en

a fourni les dessins. Au-dessus des portes du Baptistère, trois groupes, composés chacun de trois statues, figurent la Prédication de saint Jean, le Baptême de Jésus et la Décollalion du Précurseur. Les statues de la Prédication et celles de la Décollation sont en bronze, et ont été exécutées, les premières par Gio.-Fr. Rustici, les secondes par Vinc. itanti ; celles du Baptême sont en marbre, et ont pour auteurs Andréa Contueci da Monte-Sansovino et Innocenzio Spinazzi. À l’intérieur du Baptistère, l’image de saint Jean et divers traits de son histoire figurent parmi les compositions, exécutées en mosaïque, par Fra Jacopo, Gaddi, Andréa Tafi, Baldovinette, Dom. Ghirlandajo. Deux ouvrages d’une date plus récente, Saint Jean-Baptiste enlevé au ciel par les anges, groupe en marbre de Girolamo Ticciati IL732J, et la statue en marbre du saint, sculptée par Gius. Piamontini (1G88), décorent, l’un le maitre-autel, l’autre les fonts baptismaux. Enfin, un petit autel d’argent massif, à l’exécution duquel ont travaillé les plus célèbres orfèvres florentins de la fin du xiv» siècle et de la première moitié du xve, entre autres Maso Finiguerra, Antonio dei Pollaiuolo et Andréa Verrocchio, est orné de douze bas-reliefs relatifs a la rie de saint Jean-Baptiste, et surmonté d’un tabernacle contenant sa statue, également <n argent, par Michelozzo di Bartoloinmeo. Ce magnifique ouvrage n’est exposé qu’une fois par an, le jour de la l’été du Précurseur.

Florence possède plusieurs autres chefsd’œuvre de sculpture et de peinture consacrés k saint Jean-Baptiste. De ce nombre sont les fresques du cloître de la confrérie dello Scalzo, par Andréa del Sarto, les fresques du chœur de Sunta-Maria-Novella, par Dom. Ghirlandajo, et la statue de bronze de Donatello, au musée des Offices, œuvres célèbres dont nous donnons ci-après la description.

Les fonts baptismaux de l’église San-Giovanni, de Sienne, sont décorés de bas-reliefs en bronze justement admirés : Jacopo délia Quercia y a représenté la Naissance et la Prédication de saint Jean ; Ghiberti, le Baptême de Jésus et Saint Jean conduit en prison ; Donatello, la l’ête de saint Jean apportée à Hérode, composition qui lui fut payée 180 florins. À ce dernier maître on attribue encore une statue en bronze du Précurseur, qui se voit dans la cathédrale de Sienne.

Lu Vie de saint Jean-Baptiste a été gravée en dix planches, par C. Galle, d’après J.Stradanus, et par Hans Liefrinck, d’après J. Floris ; elle a été retracée en bas-relief sur un petit oratoire d’ivoire, connu sous le nom d’Oratoire des duchesses de Bourgogne, précieux monument de l’art français de la fin du X’vu siècle, qui appartenait autrefois k la | Chartreuse de Dijon, et qui fait aujourd’hui | partie du musée deCluny. Parmi les sujets des beaux vitraux de l’église de Gouda (Hollande), exécutés à la fin du xvie siècle par les frères G’rabelh, on remarque la Naissance et la Prédication de saint Jean-Baptiste, Saint Jean, réprimandant Hérode et la Décollation. Un : peintre contemporain, M. Bouguereau, a re- ! présenté, dans une chapelle de l’église Saint-Augustin, à Paris, la Prédication dans le désert, Saint Jean baptisant le Christ et la Tète de saint Jean I émise à Hérodiade. Il y a quelques années, enfin, un sculpteur, M. N. Perrey, u décoré le portail centrai de l’église de Believille, k Pans, de bas-reliefs remarqua- ! blés, retraçant les principaux épisodes de la vit ; de s^iiiu Jean ; sur le piiier qui divise ce puriail eu deux, il a placé une statue du saint, :

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vêtu de la robe traditionnelle de poil de chameau, foulant aux pieds l’Esprit des ténèbres, et tenant un médaillon où est figuré l’Agneau sans tache.

Les divers épisodes de la vie du Précurseur ont été traités séparément par beaucoup d’artistes. Un petit tableau de l’école de Giotto, de l’ancien musée Napoléon III (n° 30), représente la Naissance de saint Jean. Le même sujet a été peint par Fra Angelieo (musée des Offices), L. Carrache (pinacothèque de Bologne), Luca Giordano (inusée de l’Ermitage), le Tintoret (même musée), et gravé par Fr. Horthemels(pourIe Cabinet Cruzat), Santi di Tito (église de Saint-Jean-de-Jérusalem, à Florence), Fr. Metieses y Osorio (ancienne galerie Las Marismas), Rivalz le Jeune (musée de Toulouse), le Pontormo (musée de3 Offices), Artemisia Gentileschi (musée de Madrid), un maître primitif de l’école allemande (musée de Bàle), etc. Le tableau de L. Carrache, le plus important de ceux que nous venons de citer, nous montre Elisabeth, assise sur son lit, et tenant son nouveau-né ; la vierge Marie s’entretient avec elle ; une charmante jeune femme se penche en souriant vers l’enfant, qui est déjà muni de son mouton ; une autre, agenouillée vers la gauche, tient un vase de terre ; près d’elle, Zacharie est debout ; en l’air, des anges agitent des encensoirs ; d’uutres font un concert. La Naissance ou Nativité de saint Jean fait encore le sujet d’une estampe de Diana Ghisi. Carlo Dolci a peint le Sommeil du petit saint Jean (v. ci-après la description de ce tableau). Une charmante peinture du Guide, Saint Jean à genoux devant l’Enfant Jésus, a été gravée par R. Earlom. Une composition analogue de Van Dyck a été gravée par Arn. de Jode, en 1666. Les images de Saint Jean enfant sont nombreuses ; elles le représentent ordinairement accompagné de son

agneau et tenant une petite croix ; il nous suffira de citer les tableaux de l’Albane (musée des Offices), du Dominiquin (musée de Besançon), de J.-A. Kscalante (ancienne galerie Las Marismas), Geronimo Espinosa (musée de Madrid), Seb. Gomez (galerie Las Marismas), Murillo (musées du Belvédère, de Madrid, etc., gravé par Val. Green et par Bartsch), Palomino (inusée de Madrid), B. Schidone (ancienne galerie Giustiniani), B. Strozzi [ ?] (au Louvre, tableau qui a été attribué k Murillo) ; les estampes de M.-A. Bellaria, A. Bioeinaert, Bourgeois de La Richardière (d’après Luini), J. Grandhomme le Vieux, Mat. Greuter (d’après.iEneas Salmatia Berga), Gius. Marri (d’après Ann. Carrache), A.-L. Moeglich (d’après le Guerchin), H.-C. Muller (d’après Luini) ; les statues de Rossellino ou Michelozzo (musée des Offices), Mino da Fiesole (même musée), Canova (v. la description ci-après), J.-B. J. Debay (bronze au Salon de 1852, et marbre en 1855), Ant. Galii (marbre k l’Exposition universelle de 1855), Giov. Luini (marbre, même Exposition), Paul Dubois (v. ci-après).

Strozzi a peint Saint Jean déclarant sa mission aux lévites et aux docteurs (musée du Belvédère) ; Ph. de Champagne, Jean entouré de ses disciples et saluant ^arrivée de Jésus (ancienne galerie Fesch) ; Jean Restout, JeanBaptiste s’Iiumiliant devant Jésus (chapelle du séminaire de Plombières). Michel Corneille a gravé, d’après Annib. Carrache, Saint Jean interrogé par ses disciples ; C. Bloemaert a gravé Saint Jean-Baptiste montrant le Christ à ses disciples. Nous décrivons cr-après le tableau de Poussin, Saint Jean baptisant les pharisiens, qui est au Louvre. Quant k la scène du Baptême de Jésus, qui a été si souvent retracée par les peintres et les sculpteurs, nous en avons l’ait, au mot baptême, une iconographie très-détaillée, à laquelle nous renvoyons le lecteur.

La Prédication de saint Jean-Baptiste a été représentée par une foule d’artistes. Parmi les peintres, nous citerons l’Albane (gravé par Q. Fonbonne), Alessandro Allori (palais Pitti), Dom. Ambrogi (musée des Offices), le Baohiohe (gravé par B. Lepicié pour le Cabinet Crozat), F.-J. Beich (musée de Munich), H. de Blés (musée de Vienne), A. Bloemaert (gravé par J. Falck, 1661), Bon Boulogne (autrefois dans l’église des Petits-Pères, a Paris), P. Breughel le Vieux (inusées de Bàle et de Munich), LucaCambiaso (église de l’Escurial), Ann. Carrache (gravé par J.-B. Corneille et par Michel Corneille), L. Carrache (gravé par D.-M. Bonavera), Bern, Castello (fresque de l’église du Gesù, à Gènes), J.-B. de Champagne (gravé par Ch. Audran), Séb. Cornu (Salon de 1836). Ad. Eizheimer (musée de Munich), Ciro Ferri (gravé par C. Bloemaert), le Guide (gravé par R. Morghen), M. van Heemskerk (musée du Belvédère, à Vienne), H. de Hess (fresque de l’église de Tous-les-Saints, à Munich), Jacopo da Empoli (église San-Niccolo, à Florence), J.-P. Laurens (Salon de 1S68), Al. Magnasco (aux Offices), P.-F. Mola (gravé par P.-S. Bartoli), L. Pasinelli (gravé par Lorenzini), H. van der Goes (musée de Munich, attribué par d’autres k Memling), Dom. Passignano (gravé par Cecchi), Rembrandt (autrefois dans la galerie Fesch), Séb. Ricci (gravé par P.-A. Kilian), Salvator Rosa (gravé par Jos. Goupy et par John Browne), Massimo Stanzioni (musée de Madrid), A. Tassi (palais Pitti), T. van Thulden (musée de Besançon), etc. Des estampes sur le même sujet ont été gravées par J.-W. Baur (1630), Jac. de Bie,

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Hans Bol, P. Brebiette, Nicolas de Bruyn (1619), J. Callot, D. Campagnola (gravure sur bois), Ch.-N. Cochin, Léo Daris ou "Thiry, Bart. Dolendo, F. Ertinger, Gio.-B. Franco, H. Hondius le Vieux (d’après O. de Saen), Johann Jenet (1G21), Hans Kim (vers 1530), L. Pasinelli, Hugo da Carpi (clair-obscur, d’après Raphaël), etc. Le tableau d’Allori, qui est au palais Pitti, nous montre saint Jean debout sous un palmier et haranguant la multitude qui l’entoure ; son agneau repose k ses pieds, et il tient une croix à la main ; parmi ses auditeurs, on remarque des scribes et des pharisiens ; un paralytique, couché dans une brouette, se soulève à demi pour voir le Précurseur ; au fond, dans un charmant paysage, on aperçoit Jésus et deux autres personnages. Cette façon de représenter la Prédication de saint Jean a été suivie par beaucoup d’artistes. Quelques-uns, comme Breughel le Vieux et Callot, n’ont vu dans la scène évangéliqiie qu’un prétexte à exhiber des types d’auditeurs plus ou moins grotesgues ; d’autres ont réduit le nombre des personnages a cinq ou six. M. Laurens, dans

son tableau du Salon de 1868, a pris à la lettre le Vox in déserta et montré le Précurseur, seul, parmi les rochers, préchant en face de la mer.

Le petit saint Jean, Giovannino, disent les Italiens, est souvent représenté ussocié k la Sainte Famille, partageant les jeux du bambino Jésus, lui apportant des fruits ou des fleurs, recevant humblement ses caresses en le contemplant avec une admiration naïve. V. Famille (sainte).

Nous n’en finirions plus si nous voulions énumérer toutes les images du Précurseur ; on le représente, d’ordinaire, vêtu d’une peau de mouton ou d’une peau de chameau, portant une croix formée de deux roseaux ou de deux branches d’arbre, quelquefois assis ou debout près d’une source jaillissant d’un rocher, et dont il reçoit l’eau dans une tasse ou dans une coquille, le plus souvent accompagné de son agneau. Parmi les peintres qui l’ont ainsi représenté, nous nommerons : l’Albane (musée de Berlin), Al. Allori (musée de Montpellier), Crist. Allori (palais Pitti), Andréa del Sarto (même palais), P. Battoni (galerie de Dresde), Baudry (Salon de 1857), Belloc (Salon de 1827), Beltraffto (musée Brera, gravé par Michèle Bisi), J. Blanchard (gravé par A. Garnier), S. Botticelli (musée de Dresde), Buffalinacco (gravé par Matt, Carboni), Giulio Bugiardini (pinacothèque de Bologne), H. Burgkraair (musée de Munich), G. Canlassi (au Louvre), le Caravage (musée de Lille), Ag. Carrache (gravé par Crist. Bianchi, 1593), Annibal Carrache (musée de Londres, gravé par Boyer d’Agnelles), Champmartin (Salon de 1835), Cignani (gravé par W. Eason), le Corrége (gravé par M.-E, Kluge, par W. Hollar), Michel Coxcie (musée do Munich), le Dominiquin (gravé par F. Muller, S. Amsler, BersenefT, Augusta Huessener, J.-F Badoureau), Ad. Elsneimer (gravé par W. Hollar, 1650), le Giorgione (palais Pitti), Fr. Granacci (musée de Munich), le Guerchin (pinacothèque d» Bologne, galerie du Vatican, musées du Belvédère et du Louvre), le Guide (musées de Turin, du Louvre et du Belvédère), C. Lotti (gravé par Moitte), Bern. Luini (musée de Naples), Manfredi (gravé par Boyer d’Agnelles), Memling ( ; iu Louvre), Mengs (à I Ermitage), Mignard (musée de Madrid), Pacheco (même musée), Palma le Vieux (au Belvédère), Palma le Jeune (aux Offices), Raphaël (v. ci-après), Ribera (musée de Madrid), Riminaldi (musée de Naples), J. Romain (musée de Munich), A. Schiavone (musée du Louvre), le Titien (gravé par Cipriani), le Trévisan (gravé par Àliehelis), P. Véronèse (au Belvédère, gravé par C. Boel), J.-M. Vien (musée de Montpellier), L. de Vinci (au Louvre), B. West (gravé par J. Landseer), F. Zuccaro (gravé par Ch.-Alberti), etc. Citons encore les estampes de Baumgartner, Stefano délia Bella, J. Bellangé, Fr. von Bocholt (xv« siècle), J. Bouchier, Bon Boulogne, J. de Bray, Is. Briot, Th. de Bry, Sim. Cantarini, Aug. Carrache, Hans Collaert, Jean Deshayes, Ant. Fantuzzi (clair-obscur, d’après le Parmesan), B. Gauthier, Jul. Goltzius, H.-B. Grûn, Guerchin, Séb. Le Clerc, A. Le Mercier, H. Mauperché, Gir. Mozetto, Nicoleto da MocFena, etc. ; et, parmi les statues, celles de Puyenbroeck (église de Saint-Jean-Baptiste, k Bruxelles), du Bernin (gravé par Lindeman), de Parodi (église Notre-Dame-des-Vignes, à Gênes), Guichard (Salon de 1819), Vital Dubray (Salon de 1842), J.-A. Barre (Salon de 1845), Malknecht (Salon de 1852), Farochon (Salon de 1852), G. Crauck (marbre, Salon de 1863), Debay père (cathédrale de Nantes), etc.

La Décollation de saint Jean-Baptiste a fait l’objet d’un article spécial, auquel nous prions le lecteur de se reporter. V. décollation.

Jeun-Baptiste (histoire de), célèbres fresques de Doinenico Ghirlandajo, dans l’église de Santa-Maria-Novella, à Florence. Ces fresques couvrent la muraille de droite du choeur et font face à l’Histoire de la Vierge, peinte par le même artiste. Elles comprennent sept compositions disposées sur quatre rangs dans une vaste ogive, suivant 1 ordre qui va être indiqué.

Dans la rangea inférieure sont représentées VApparition de l’ange à Zacharie et la Visitation ; dans la seconde, la Naissance de

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saint Jean et Zacharie désignant te nom dt son fils ; dans la troisième, la Prédication de saint Jean-Baptiste et le Baptême de JésusChrist ; dans la quatrième, au sommet de l’ogive, te Souper d’Hérode.

lt> Apparition de l’ange à Zacharie. La scène se passe dans le temple, dont Zacharie était l’un des prêtres. L’ange se présente au vieillard placé au fond sur les degrés de l’autel. À droite et à gauche sont groupées vingt-cinq figures, hommes et femmes, qui sont autant de portraits de l’époque. Un des groupes est composé de quatre jeunes femmes dont une, en robe verte, so fait remarquer par sa charmante tournure. Les autres figures forment cinq groupes distincts, dont l’un, placé en avant, comprend quatre personnages bien connus de l’histoire florentine : le poète Ange Politien, le philosophe Marsile Ficin, Gentile dé Becchi, évêque d’Arezzo (ou, selon quelques autres, Démétrius Chalcondyle) et Christophe Landini. Parmi les autres figures, on reconnaît le bouffon Benedetto Dei, Federigo Sassetti, Andréa Medici et Gio-Fr. Ridolfi. Tous les autres personnages appartiennent, dit-on, k la famille Tornabuoni, aux frais de laquelle Ghirlandajo exécuta ces peintures en 1190.

2° La Visitation. La Vierge et sainte Elisabeth, toutes deux vues de profil, se rencontrent sur une espèce de rempart ou de

large terrasse, d’où l’on voit apparaître, au loin, les tours d’une ville. Marie, vêtue d’une robe bleue, prend les mains de la vieille Elisabeth, qui a la tête encapuchonnée et les épaules couvertes d’un manteau jaune. A

fauche, derrière la Vierge, se tiennent trois e ses suivantes ; celle qui regarde le spectateur avec une grâce des plus séduisantes passe pour être le portrait de Ginevra de Benci, une des beautés de son siècle. Cinq autres Florentines sont groupées derrière Elisabeth : l’une d’elles, blonde, vêtue d’une robe de brocart jaune et tenant un mouchoir à la main, a un sourire qui rappelle celui de la Joconde ; une autre, placée en arrière, à côté d’une duègne, a une physionomie douce et mélancolique. Ce cortège de femmes d’honneur ne convient guère, sans doute, à la femme d’un charpentier et à l’épouse d’un simple prêtre ; mais le spectateur ne songe pas k se récrier. Ghirlandajo, avec un tact exquis, a corrigé la solennité de la mise en scène par la simplicité et la grâce incomparable des attitudes. Un détail ajoute k l’intérêt de cette admirable peinture : an fond, trois hommes, vus de dos, sont accoudés sur le parapet de la terrasse et regardent la campagne. La tradition veut que ces petites figures, d’une remarquable élégance, aient été peintes par Michel-Ange, élève de Ghirlandajo.

30 La Naissance de saint Jean-Baptiste. Au fond, Elisabeth est assise sur son lit, près duquel se tient une jeune servante. En avant, une matrone tient sur ses genoux le nouveauné, k qui une autre femme tend les bras. Au milieu, une belle jeune femme, suivie de deux duègnes, se diriye vers l’accouchée en tournant vers nous Son gracieux visage. À droite, une servante portant sur sa tète une corbeille de fruits et portant k la main une bouteille florentine, garnie d’osier, s’avance d’un pas rapide ; son mouvement est d’une vérité et, en même temps, d’une élégance extrêmes. 4° Zacharie écrivant le nom de Jean-Baptiste. Le vieillard, vêtu d’un manteau rouge, est assis devant le portique d’un palais ou d’un temple. Une jeune fille, en robe bleue k manches collantes et crevées au coude, suivant la mode florentine, lui présente le bambino. Zacharie, que l’ange a frappé de mutisme, pour avoir douté de ses promesses, écrit sur son genou : Giovanni sara il suo nome (Jean sera son nom). Deux hommes, bizarrement accoutrés, sont placés près du vieillard. À droite, la scène se complète par un de ces groupes féminins dont on ne sait comment varier la description et dont le maître, lui, varie à l’infini les lignes toujours harmonieuses.

50 La Prédication de saint Jean. Les auditeurs forment deux groupes symétriques : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ; celles-ci réunies deux k deux ou trois k trois, dans des attitudes d’une merveilleuse élégance.

6° Le Baptême de Jésus. Jean verse l’eau sur la tête de Jésus qui est debout, les pieds dans le Jourdain. Dieu et ses anges assistent, du haut du ciel, k la cérémonie. Parmi le.personnes venues pour recevoir le baptême, on distingue un jeune homme, vu de dos, qui vient de sortir de l’eau et un homme prêt k s’y plonger, et qui, un genou en terre, détache vivement sa chaussure.

70 Le Festin d’Hèrode. L’artiste n’a pas mieux respecté ici que dans ses autres fresques la couleur locale et la vraisemblance historique. Dans un édifice orné de colonnes, de vastes tables sont disposées eu fer k cheval : d’un côté sont les femmes, de l’autre les hommes ; cotte séparation îles sexes pouvait plaire aux dévots de Florence, mais, à coup sur, elle n’existait pas dans le palais d’Hèrode lu Débauché. Un petit nègre difforme assiste au festin. En avant danse Saloiné, qui ressemble assez bien k une bacchante antique. Rien de plus pittoresque, d’ailleurs, que cette composition qui donne un avant-goût des festins évaugéliques du Véronèse.

Ces fresques sont regardées, à bon droit.