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lui de nombreux ouvrages ; il en est quelques-uns qui sont encore estimés, toutes réserves faites des imperfections que nous venons de signaler. Nous citerons les suivants : Descriptiones tubulorum marinorum (Dantzig, 1731) ; Naturalis dispositio echinodermatum (Dantzig, 1734), l’ouvrage le plus complet qu’on ait jamais eu sur la famille des oursins et qui a été traduit en français par La Chesnaye des Bois (Paris, 1754) ; Sciagraphia hthologica curiosa (Paris, 1710) ; Bistoriapiscium naturalis (Paris, 1740-1749, in-4o), avec des figures fort recherchées des ichthyologistes ; Summa dubiorum circa classes quadrupedum et amphibiorum (Leipzig, 1743, in-4»), trad. en français (Paris, 1754) ; Manlissa ichthyologica de sono et auditu piscium (Leipzig, 174G) ; Historiœ avium prodromus (Lubeck, 1750), où il divise les oiseaux d’après le nombre de leurs doigts ; Quadrupedum dispositio (Leipzig, 1751) ; Tentamen metkodi ostrsologicB (Leyde, 1753) ; Tentamen herpetologis (Leyde, 1755) ; Stemrnata avium quadraginta (Leipzig, 1759) ; Lucubratiuncuta de terris, mineraiibus, lapidibusque (1760, in-4o) ; Ooa avium plurimarum ad naturalem magnitudinem delineata (Leipzig, 1766, in-4»), avec îl planches coloriées ; Oryctographia gadanensis (Nuremberg, 1769), etc.


KLEIN (Louis-Godefroy), médecin allemand, né dans le comté de Hohenlohe en

1716, mort en 17ti5. Il fut reçu docteur à Strasbourg et devint, sur la fin de ses jours, membre de l’Académie des curieux de la nature. Ses ouvrages sont d’un homme instruit et d’un observateur attentif ; en voici les titres : Dissertatio de masse sanguines viscedine ab imminuta spirituum animalium quantitate (Strasbourg, 1737) ; Selectus rationalis medicaminum (Francfort, 1756) ; Interpres clinicus (1753, in-8o).


KLEIN (Jean-Joseph), musicien allemand, né en 1739, mort vers le commencement du xixe siècle. Il fut organiste à Eisenach. Outre des articles insérés dans la Gazette musicale de Leipzig, on lui doit divers ouvrages didactiques, entre autres : Essai d’une méthode de musique pratique (Géra, 1783) ; Traité de musique théorique (Leipzig, 1801, in-4o) ; Nouveau livre du choral complet (Rudolstadt, 1785, in-4<>).

KLEIN (Ernest-Ferdinand), jurisconsulte allemand, né à Breslau en 1743, mort en 1810. Après avoir exercé pendant quelque temps la profession d’avocat à Breslau, il occupa une chaire de droit à Halle, puis devint conseiller du tribunal suprême et membre de

l’Académie de Berlin, coopéra à la codification des lois prussiennes en 1784, et fut enfin secrétaire d’État au département de la justice. On cite parmi ses ouvrages : Annales de législation et de jurisprudence pour les États prussiens (178S-1807, 26 vol. in-8") ; Principes du droit pénal commun de l’Allemagne et de la Prusse (Halle, 1795) ; Décisions remarquables de la faculté de droit de Halle (1796-1802, 5 vol. iii-8») ; Principes du droit naturel (1797) ; Système du droit civil prussien (Halle, 1830, 2 vol. in-go).

KLEIN (Dominique-Louis-Antoine), général de grosse cavalerie, né à Biamont (Meurthe) en 1761, mort en 1845. Il entra jeune au service, se distingua à Jemmapes et à Fleurus, à Neuwied et k Altenkirfceu (1797), reçut le grade de général de division en 1799, eut part à la victoire de Zurich, comme chef d’état-major de Masséna, se fit remarquer dans la campagne de Prusse en 1806, et contribua, par des charges brillantes contre les Russes, au succès de la bataille d’Eylau (1807). Créé sénateur en 1808, il prit alors sa retraite et siégea à la Chambre des pairs sous les divers gouvernements qui se succédèrent de 1814 jusqu’à sa mort. Il avait été fait comte de l’Empire.

KLEIN (Charles-Chrétien), chirurgien allemand, né à Stuttgard en 1772, mort en 1S25. Il fut reçu docteur en 1793, dans l’université de sa ville natale, et s’y fixa. Il fut successivement médecin de la cour de Wurtemberg, chirurgien du grand-duc, premier chirurgien pensionné de la ville, doyen des chirurgiens, examinateur, chirurgien en chef de la maison des orphelins, et enfin inspecteur des hôpitaux. Parmi ses ouvrages, nous citerons : Dissertalio inauguralissistens monstror.um quorumdam descriptionem (Stuttgard, 1793) ; Pratique et opérations de chirurgie (1819, in-4o). Klein a publié, en outre, un grand nombre d’articles dans les journaux de (.oder, i$ie~ botd, Hufeland et Born.

KLEIN (F.-N.), acteur français, né en 1787, mort à Marly-le-Roy le 21 août 1849. Après avoir paru avec succès à l’Ambigu-Comique, il fut engagé au Gymnase, ou il

resta attaché pendant plus de vingt ans, contribuant puissamment au succès de ce théâtre. On lui doit des types vrais, originaux, d’un comique souvent élevé. Ses créations les plus populaires sont : le Diplomate, le tambour-major de l’Enfant de troupe, et M. Bizot du Gamin de Paris. Klein avait pris sa retraite vers la fin de 1847.

KLEIN (Jean-Adam), peintre et graveur allemand, né à Nuremberg en 1792, mort en 1850. Il étudia la gravure chez Ambr. Glaber, et la peinture dans l’atelier de Mansfeld, à Vienne. Quelques petits tableaux de genre et d’animaux le firent connaître ; il se mit alors

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à voyager, visita l’Allemagne, la Hongrie, dont les types pittoresques l’arrêtèrent longtemps, l’Italie, Rome, où le prince Louis de Bavière, qui y séjournait alors, lui fit un accueil empressé. À son retour, il s’arrêta à Vienne, sur les instances du prince de Metternich, qui lui procura des travaux importants. Rentré à Nuremberg, Klein ne cessa de travailler qu’en cessant de vivre.

Il a laissé des œuvres nombreuses, dans lesquelles l’observation et le sentiment s’allient au charme de la couleur et à toutes les séd notions d’une brosse habile. On peut les diviser en trois séries : tableaux de genre proprement dits, avec figures et fort peu d’animaux ; sujets d’animaux, où les figures ne sont qu’insignifiantes ; enfin, eaux-fortes, gravures et

lithographies de tout genre. Parmi ses meilleurs tableaux, nous citerons les suivants : Cosaques du Don (1815) ; Mendiante hongroise (1817) ; Fruitiers napolitains ; Paysan romain ; Muletiers et conducteurs ; Paysanne et son en/an*(lS20) ; une VacAe à l’étabte ; le Cheval mort ; Maréchaux ferrants autrichiens ; Charbonniers autrichiens ; une Bergère à l’étable ; Vieille femme lisant le calendrier ; Singes dans une ménagerie (1829) ; Chien à la chaîne (1831) ; Voiture de paysans (1834) ; Pèlerin espagnol (1836) ; une Porte de Nuremberg ; une Vieille marchande d’almanachs, etc. Parmi ses lithographies, on remarque surtout des études de chevaux et des paysages. Il est à regretter que le Louvre ne possède pas au moins une toile de ce maître.

KLEIN (Frédéric-Auguste), théologien protestant allemand, né à Friedrichstall, près de Ronnebourg, en 1703, mort en 1823. Lorsqu’il eut achevé ses études à léna, il devint maître d’une école de cette ville, prit ensuite les grades de docteur en philosophie et de bachelier en théologie (1817), et fut nommé, en 1819, prédicateur de la garnison. C’était un homme fort instruit, d’une mémoire prodigieuse, d’une parfaite indépendance d’esprit., d’une grande droiture de caractère. Dans le plus remarquable de ses ouvrages, intitulé : Esquisse de religiosisme ou Essai d’un nouveau système de fusion entre le rationalisme et le surnaturalisme (Leipzig, 1819), il a exposé un système philosophique dans lequel il s’efforce de concilier le surnaturel et la raison. ■ Débutant par une haute synthèse et non par analyse, dit Parisot, il pose d’abord l’homme comme religieux ; la religiosité est la face principale de son âme, ou plutôt son âme à la plus haute puissance ; le religiosisme est un fait qu’opère et continue sans interruption la religiosité. Le religiosisme et la religiosité ne sont point à démontrer, on ne peut évidemment que les étudiei, les analyser ; or, sn les analysant, on découvre la raison d’un côté, le surnaturel de l’autre. Ces deux éléments y coexistent, on n’en saurait douter, et, dès lors, coexistent harmonieusement. ■ C’est ainsi qu’il prétenduit concilier le surnaturalisme et le rationalisme, et expliquer l’existence et la légitimité de la religion en général et du christianisme en particulier. Outre cet ouvrage et divers opuscules, on a encore de ffii : Lettres sur te christianisme et le protestantisme (1817), qui lui attirèrent de vives attaques ;’ l’Eloquence du ministre de l’Église considéré comme ministre de Jésus-Christ (Leipzig, 1818) ; Douze discours prononcés à l’église de la ville d’Iéna (Leipzig, 1818) ; Exposé du système dogmatique de l’Église évangélique protestante (léna, 1822) ; Appel à tous les francsmaçons de l’Église protestante (léna, 1819).

KLEIN (Bernard), compositeur allemand, né à Cologne en 1794, mort à Berlin en 1832. Destiné à l’état ecclésiastique, il put, non sans peine, se livrer à sa vocation musicale, et dut débuter par la carrière du professorat. En 1812, il se rendit à Paris, où Cherubini lui donna quelques précieux conseils. De retour à Cologne, il fut appelé à diriger la musique de la cathédrale. Chargé, en 1817, d’étudier à Berlin la méthode d’enseignement de Zelter, il ne tarda pas à s’y faire avantageusement connaître et devint professeur de contre-point et d’harmonie à l’École royale d’orgue de Berlin, puis directeur de musique et professeur de chant à l’université de cette ville. Après le succès de son oratorio de Job, exécuté en 1820. Klein fit représenter, en 1823, un opéra, Didon, qui ne réussit pas. Peu après, il partit pour l’Italie, d’où il rapporta de précieux manuscrits, et revint à Berlin réprendre ses fonctions professorales. En 1830, il donna au grand festival de Halle son oratorio de David, qui compte parmi ses

fdus complètes productions. Après la brilante réussite de cet ouvrage, Klein voulut de nouveau aborder la scène, et peut-être s’y fùt-il créé une réputation aussi honorable que celle qu’il avait acquise dans le genre religieux, si, en 1832, la mort ne fût venue mettre un terme à ses travaux.

On a publié, entre autres ouvrages de ce remarquable compositeur, dix-sept œuvres de musique religieuse, y compris ses oratorios de Job, Athatie, îephté et David, des ballades et chansons avec accompagnement de piano, et quelques fantaisies pour piano.

KLEIN (Charles-Auguste, baron de), compositeur allemand, né prés de Manheim en

1794. A quinze ans, il écrivit une sorte d’odesymphonie, Appel à ta jouissance de la vie, qui frappa d’étonnement Godefroi Weber. Émerveillé du précoce talent du jeune com KLEI

positeur, Weber lui offrit spontanément de compléter son instruction harmonique, offre précieuse qu’une terrible maladie empêcha de Klein d’accepter. En 1810, il alla habiter Mayence, et un traitement douloureux, qui triompha peu à peu du mal, lui permit de se livrer à l’étude de la composition. Le suffrage de Méhu ! et les félicitations de Beethoven consolèrent M. de Klein des terribles assauts de la maladie et des critiques excessives qui accueillirent ses premières œuvres. Heureusement, justice a enfin été rendue à ce vaillant artiste dont l’Allemagne s’honore aujourd’hui. Ses principales œuvres, dans lesquelles on remarque des bizarreries et de puissants effets harmoniques, sont : trois sonates pour piano et violon, des symphonies, des quatuors, des trios, une ouverture de concert, l’ouuerture de la tragédie d’Othello et quelques chansons avec accompagnement de piano. En outre, M. de Klein a collaboré anonymement à plusieurs feuilles musicales allemandes.

KLE1NAHTS, philologue flamand. V. Clé-

NART.

KLEINÀU ou KLENAU (Jean, baron de Janowitz, comte du), général allemand, né en Bohême vers 1760, mort en 1819. Officier d’état-major pendant la guerre contre la Turquie, il prit part, sous les ordres de Wurmser, aux premières campagnes contre la France républicaine, se signala, comme lieutenant-colonel, devant Liège, en 1794, passa en Italie à la tête d’un régiment de hussards en 1796, fut chargé de détendre Mantoue et se vit contraint de rendre la place à Bonaparte, qui lui imposa les plus dures conditions. Nommé général major en 1799, il battit Macdonald à San-Giovanni, lui prit son artillerie, coupa peu après la retraite au général Hullin, prit Florence et plusieurs autres villes, mais s’épuisa en vains efforts devant Gênes, que défendait Masséna (1S00), fut pris à revers et ne trouva son salut qu’en s’ouvrant un passage à travers l’armée ennemie. Enfermé dans Ulm en 1805, il fut fait prisonnier lorsque Mark signa la capitulation de cette ville. Deux ans plus tard, il reçut un commandement en Bohême, combattit à Wagrara à la tête du 6« corps autrichien, reçut le titre de conseiller intime en 1812, fut battu, l’année suivante, devant Dresde, n’en devint pas moins peu après général de cavalerie, se conduisit brillamment à Leipzig et à Wachau, investit Dresde, que défendait Gouvion Saint-Cyr, le força a capituler, devint inspecteur général de l’armée en 1814 et reçut peu après le commandement de la Moravie,

KLEINHOVE s. f. (klè-no-ve). Bot. Genre de plantes, de la famille des malvacées.

KLEINHOVIE s. f. (klè-no-vl — de Kleinhow, bot. holland.). Bot. Genre d’arbres, de la famille des byttnériacées, qui croit dans l’Asie tropicale.

KLEINIE s. f. (klè-nt — de Klein, bot. allem.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des composées ; tribu des sénécionées, comprenant environ vingt - cinq espèces, qui croissent en Afrique, il Syn. de jaumée et de porophylle, autres genres de plantes.

KLE1NSCHHOD (Gallus - Aloys - Gaspard), jurisconsulte allemand, né à Wurtzbourg en 1762, mort en 1824. Il professa le droit k l’université de sa ville natale, fut chargé de reviser les lois pénales de la principauté de Wurtzbourg et de la Bavière, et publia, outre un certain nombre de dissertations, des ouvrages dont les principaux sont : Exposé systématique dés principes fondamentaux du droit pénal (Erlangen, 1794) ; Mémoires sur le droit pénal et l’instruction criminelle (Erlangen, 1797-1806, 3 vol. in-S°) ; Projet d’un code pénal pour la Bavière (Munich, 1802), qui a été l’objet de vives critiques, etc.

KLEINSCHBOD (Charles - Joseph, baron de), homme d’État bavarois, né à Wurtzbourg en 1797, mort en 1866. Issu d’une famille plébéienne, il s’était élevé par son seul mérite aux plus hautes fonctions de la magistrature et était devenu, en 1848, ministre de la justice. Il conserva ce portefeuille jusqu’en 1852, devint, à cette époque, président de la cour d’appel de Souabe et Neubourg, et, plus tard, de celle de Bamberg. Deux mois avant sa mort, il avait été appelé au poste le plus élevé de la magistrature bavaroise, celui de président de la cour supérieure de Munich Anobli en 1850, pendant qu’il était au ministère, il avait reçu, en 1859, le titre d6 baron.

KLEIST (Ewald-Chrétien de), poète allemand, né à Zeblin (Poméranie) en 1715, mort à Francfort-sur-l’Oder en 1759. En quittant l’université de Kcenigsberg, où il avait étudié la philosophie, la jurisprudence et les mathématiques, il se rendit en Danemark (1736), y prit du service, quitta Copenhague pour se rendre à Berlin, en 1740, entra dans le régiment du prince Henri, devint un des bons officiers de Frédéric le Grand, prit part à un grand nombre de batailles en Saxe, en Frunconie, en Bohême, et s’y fit remarquer par son intrépidité. En 1759, il était major, lorsqu’eut lieu la sanglante bataille de Kunnersdorf contre les Russes. En voulant enlever une batterie k la tète de ses soldats, il fut blessé à la main droite, se servit de son épée de la main gauche, et continua a combattre jusqu’à ce qu’un biscaïen vint lui fracasser la

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jambe droite. Dépouillé par des Cosaques et jeté dans un fossé, il fut trouvé au milieu des morts et conduit le lendemain à Francfortsur-1’Oder, où il mourut de ses blessures au

bout de onze jours. Kleist joignait à un grand courage une vive sensibilité et une imagination gracieuse. Pas un instant, pendant sa vie militaire, il n’avait cessé de cultiver la

Eoésie. Il a composé des Odes aux images ardies, à l’expression concise, mais où 1 on sent trop souvent l’imitation d’Horace, des Chansons gracieuses et spirituelles, des Idylles empreintes d’un sentiment profond de la vie pastorale, des morceaux intitulés Jtapsodies, d’un véritable jet poétique, des Fables, des Contes, des pièces de vers diverses, mais qui manquent en général d’originalité. Parmi ses œuvres les plus remarquables, on cite : son Tableau d’une grande inondation, qui esc d’une effilante vérité ; sa belle Épître sur l’inquiétude de l’homme ; son Hymne à la divinité, qui touche parfois au sublime : son élégie intitulée la Soif du repos, pleine d idées élevées, de sentiments naturels et profonds, d’images vraies et fortes, où il exprime l’horreur que lui inspirent les excès de la guerre et fait avec un charme extrême le tableau d’une vie paisible ; enfin, le Printemps, son chef-d’œuvre, beau pofime descriptif, publié pour la première fois en 1749, et où il présente avec un rare talent un tableau fidèle et animé des beautés de la nature. Ce beau poème, qui lui mérita les éloges de Schiller, a été traduit en français par Huber (17C6), pnr Beguetin (1781), par Adrien de Sarrazin. Un recueil de ses poésies diverses parut en 1756. Depuis lors, ses Œuvres poétiques ont été plusieurs fois imprimées. La meilleure édition et la seule conforme aux manuscrits originaux est celle de Kœrte (Berlin, 1803, 2 vol.). Si ses poésies ne le placent pas au rang des hommes de génie, elles lui assurent du moins un rang fort distingué parmi les poètes allemands. • 11 y a chez ce poète, a écrit Schiller, lutte entra la réfiexion et le sentiment : l’une trouble l’autre. Sa fantaisie est active, mais plutôt changeante et inquiète que riche et créatrice. On trouve dans ses poésies des traits caractéristiques et vigoureux ; mais ils ne s’accordent pas pour former un tout harmonieux. • La loge des francs-maçons de Francfort-sur-1’Oder lui fit élever, en 1779, un monument consistant eu une pyramide d’environ s mètres de haut, sur un des côtés de laquelle on voit son buste en marbre blanc.

KLEIST (Henri de), poète allemand, célèbre par la singularité de son existence, Sa fin tragique et le caractère exalté, maladif de ses compositions, né à Fruncfort-sur-1’Oder le 10 octobre 1776, où son père, officier d’un régiment du duc de Brunswick, tenait garnison, mort par suicide à Potsdam, près de Berlin, le 20 novembre 1811. Cette vie si courte fut une des plus accidentées dont l’histoire littéraire offre l’exemple. Appartenant à une famille militaire, Henri de Kleist débuta fort jeune dans le métier des urines ; il était officier à dix-neuf ans et il fit la campagne du Rhin en 1795. Au bout de quatre ans de service, il abandonna l’armée et suivit les cours de l’université de Francfort. Rêveur déjà, enclin au mysticisme, d’une tournure d’esprit bizarre, exaltée, il s’enfonça dans les abstractions de la philosophie allemande ; mais on put voir déjà que son exaltation touchait parfois à la folie. On a de lui, de cette époque, une série de lettres où, essayant de peindre les efforts pénibles de son esprit pour atteindre à la conception de la vertu idéale, il se perd dans des rêveries impossibles. Du reste, il mettait sa vie d’accord avec ses théories philosophiques, et ses actes portent le même caractère de mysticisme et d’étrangeté que ses œuvres poétiques. Étant tombé amoureux d’une jeune fille, Wilhelmine de Zenge, qui devint sa fiancée il lui imposa une épreuve de cinq ans, intervalle nécessaire, disait-il, pour refaire leurs éducations morales, t Travaillons, lui écrivait-il, dégageons en nous l’or pur de l’alliage ; débarrassons-nous de nos scories ; encore cette vertu qu’il faut atteindre ; après celle-ci, cette autre, et après toutes les vertus particulières, la grande vertu dont je ne sais pas le nom et dont le fantôme me poursuit. » Sa fiancée, naïve et bonne Allemande, attendit patiemment deux ans, échangeant avec lui une correspondance toute mystique ; mais elle se lassa enfin et épousa un brave professeur de l’université. Henri de Kleist résolut alors d’aller à Paris, où il voulait initier les républicains à la doctrine de Kant ; il y séjourna quelques mois, en 1801, et de la. se rendit en Suisse. Ce fut le commencement de sa vie errante. Epris des livres de Rousseau, il voulait quitter le monde, se faire paysan, labourer la terre ; de cette époque datent aussi ses premiers essais dramatiques, une tragédie, la Famille Schroffenstein, composition incohérente et lugubre, dont Wieland, plus tard, ne put soutenir jusqu’au bout la lecture sans éclater de rire, et une comédie pleine de gaieté narquoise, de bonhomie, un rayon de soleil parmi toutes ses œuvres sombres, la Cruche cassée. Ses amis, persuadés que sous ce rêveur, ce maniaque, il y avait un poète, le rappelèrent en Allemagne. À Weimar, il fut présenté au grand Goethe, sur qui cette imagination maladive, inquiète, lit une pénible impression ; il connut aussi Wieland,