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à fourrure proprement dites, ils chassent le renne, le mouton sauvage, le loup et l’ours. Les ours noirs sont très-abondants, et, depuis longtemps, ils auraient dévoré toute la population s’ils n’étaient pas d’un caractère éminemment doux et pacifique. Jamais l’ours noir n’attaque l’homme que lorsque celui-ci le trouble dans son sommeil. Au printemps, il descend des montagnes et erre le long des fleuves, où il se nourrit de poisson ; l’automne venu, il remonte dans sa tanière.

L’animal le plus précieux pour les Kamtchadales est le chien. Celui de Kamtchatka appartient à la race la plus tenace et la plus intrépide de toute la Sibérie ; il ressemble à un chien de berger européen ; son poil est long, épais et ordinairement d’un jaune rougeâtre ou d’un blanc fauve. Il se nourrit exclusivement de poisson. Du printemps a l’automne, on ne s’occupe de lui aucunement ; il erre tout le jour le long des fleuves, épiant la proie qu’il saisit avec une habileté extrême. Quand le poisson abonde, il se borne, comme l’ours, à en manger la tête. Au mois d’octobre, chacun assemble ses chiens, les attache à un poteau et les soumet à un jeûne rigoureux, afin de les faire maigrir et de les rendre aussi plus fermes de jarrets et moins prompts à s’essouffler. Ces chiens sont attelés aux traîneaux et font l’office de chevaux ou de rennes. Leur force est incroyable. Un attelage de cinq chiens peut traîner facilement trois grandes personnes et un poids de 60 livres. Ces chiens ont un instinct admirable pour trouver le droit chemin au milieu des routes dévastées par l’hiver et de ces ouragans de neige qui souvent’aveuglent l’homme. Quand la marche devient tout à fait impossible, ils s’arrêtent et viennent se coucher tous autour de leur maître, lui faisant ainsi une chaude couverture de leur corps. Parfois cependant, au lieu de lui prodiguer leurs soins, ils l’égarent et le précipitent dans les dangers, comme s’ils voulaient de la sorte se venger des privations auxquelles ils ont été conamnés, et du traitement barbare qu’on leur a infligé pour les transformer en agiles coursiers. Les chiens à traîneau sont nourris avec du poisson séché a l’air, pourri ou moisi. Le poisson moisi leur est distribué le matin afin de leur donner des forces pour le voyage.

Les Kamtchadales se distinguent par leur courage, leur hospitalité, leur bienveillance naturelle et la gaieté de leur humeur. En vrais philosophes qu’ils sont, ils vivent contents dans leur pauvreté et s’inquiètent peu de l’avenir. Leurs femmes sont bien traitées et régnent en souveraines dans leurs maisons, ce qui contraste avec les habitudes des autres peuplades à demi sauvages du Nord, chez lesquelles la femme est absolument l’esclave de l’homme. Les Kamtchadales oublient vite les injures, mais en même temps ils semblent ignorer complètement le sentiment de la reconnaissance. Paresseux et avides de plaisir, ils ne travaillent que par nécessité ; la pudeur leur est inconnue ; ils sont insolents et batailleurs quand on les traite avec bonté ; humbles et soumis, quand on les traite durement, surtout quand on les menace du bâton. Ils ont beaucoup de penchant à adopter les usages étrangers, et il est à croire qu’avec une bonne éducation on ferait quelque chose de ce peuple si flexible et si plein de bonne volonté. Malheureusement, les Russes et les Cosaques commis à leur garde se soucient fort peu de leur réforme morale ; ils contribuent plutôt par leur exemple à augmenter leur dépravation. Convertis depuis longtemps à la religion grecque orthodoxe, ils n’en conservent pas moins encore les pratiques du schamanisme.

En 1690, les Russes avaient déjà quelques notions sur le Kamtchatka ; mais ce ne fut qu’en 1696 qu’on y envoya les premiers Cosaques, au nombre de soixante-seize, sous le commandement d’un de leurs chefs, nommé Morasko. Ils ne parvinrent pas jusqu’au fleuve Kamtchatka. L’année suivante, Vladimir Atlassov s’empara du pays arrosé par ce fleuve, fit payer un tribut aux habitants, et bâtit le fort de Nijneï-Kamtehatka. Kobelev, gentilhomme russe, y fit une troisième expédition, et Kolessov une quatrième, pur mer. Enfin, dés 1706, le Kamtchatka était entièrement soumis aux Russes. Après avoir fait partie du gouvernement d’Irkoutsk, il forme aujourd’hui une des divisions du littoral de la Sibérie orientale.

KAMTCHATKA ou de BEHRING (mer de), partie de l’océan Pacifique boréal, s’étendant du 52° au 66° de lat. N., et du 160° de long. E, au 160° de long. O., entre la presqu’île du Kamtchatka à l’O., l’extrémité N.-O. de l’Amérique du Nord à l’E., la chaîne des îles Aléoutes au S., et le détroit de Behring au N, qui fait communiquer cette mer avec l’océan Glacial arctique. Longueur, 2,500 kilom. Les principaux golfes qu’elle forme, sur les côtes qui l’entourent, sont : la baie de Bristol et celle de Norton, sur la côte américaine ; les golfes d’Anadyr et de Kamtchatka, sur la côte asiatique.

KAMTCHATKA, rivière de la Russie d’Asie, dans la presqu’île du même nom. Elle naît au S. du bourg de Verkhne-Kamtchatka, par 54° de lat. N., coule du S, au N., entre les chaînes australe et orientale de la péninsule, fait un coude à l’E., vers le 57° de lat., baigne la petite ville de Nischni-Kamtchatka, et se jette dans la mer de Behring, après un cours de 560 kilom.

KAMYSCHIN, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et à 180 kilom. S.-O. de Saratov, sur la rive droite du Volga ; 11,284 hab. Navigation ; commerce de céréales, bois et bestiaux. C’était primitivement une simple forteresse, nommée Dmitrievsk. Pierre Ier, ayant voulu y faire passer un canal destiné à joindre le Volga au Don, en fit une ville, et lui donna le nom qu’elle porte aujourd’hui ; mais le canal n’a été exécuté qu’en partie.

KAMYSCHLOV, ville de la Russie d’Europe, gouvernement de Perm, ch.-l. du district de son nom, à 48 kilom. N.-E. de Jekoterinburg ; 2,600 hab. Mines de fer et de cuivre dans les environs.

KAN ou KHAN s. m. (kan). Prince souverain en Turquie, chez les Tartares et en Perse : Le kan des Tartares. Le Grand kan. Aussitôt que le kan de Tartarie a dîné, un héraut crie que tous les autres princes de la terre peuvent aller dîner, si bon leur semble. (Montesq.)

Qui me rendra mes beys aux flottantes pelisses,
Mes kans bariolés, mes rapides spahis ?
V. Hugo.

— Lieu préparé pour le repos des caravanes : Nous atteignîmes le kan avant la nuit. (Acad.) Les kans sont des refuges ouverts aux étrangers, dans l’intérieur des villes. (F. Michel.)

— Métrol. Mesure de capacité pour les liquides, usitée dans les Pays-Bas, et qui équivaut exactement au litre.

KANA, ville de l’ancienne Palestine. V. Cana.

KANA, géant océanien, dont la taille était telle, au dire des insulaires d’Hawaï, qu’il pouvait aller d’île en île en marchant dans la mer. Le roi de Taïti ayant privé du soleil les Hawaïens, qui l’avaient offensé, ceux-ci implorèrent l’intervention de Kana pour recouvrer la lumière du jour. Le géant se rendit aussitôt à Taïti, obtint du roi que le soleil reparût, et fixa alors dans le ciel l’astre bienfaisant.

KANAAP s. m. (ka-na-ap). Bot. Espèce de mimosa, qui sert de nourriture aux girafes.

KANAD ou KANADA, célèbre philosophe indou, fondateur de la secte des veisheshiks. Ce fut, suivant le Riguéda, un homme grand, à longue barbe grise, aux cheveux tortillés sur la tête comme un turban, au corps sillonné par les traces de ses austérités, et flétri par les jeûnes et les abstinences. Il vécut en anachorète sur le mont Nila, il eut pour disciple le saga Moudgala, dont la postérité devint si nombreuse, que, aujourd’hui encore, beaucoup de brahmines se vantent d’être issus de lui. Il enseignait que la forme visible de Dieu est la lumière ; que, lorsque Dieu voulut créer le monde, il fit d’abord de l’eau, et qu’aussitôt après des mondes innombrables flottèrent sur sa surface ; que parmi ces mondes était l’œuf duquel sortit Vichnou ; que celui-ci avait au nombril une fleur de lotus, dans laquelle naquit Brahma ; que Brahma, ayant reçu l’ordre de Dieu, créa la terre d’abord avec son esprit et eusuite avec les atomes primitifs. Les substances matérielles sont considérées par Kanad comme étant primitivement des atomes et ensuite des agrégats. Il soutient l’éternité des atomes ; leur existence et leur agrégation sont expliquées par lui d’après un système d’une grande subtilité. La philosophie dialectique de Gotama et la philosophie atomistique de Kanad, appelées, l’une nyâya ou de raisonnement, l’autre vaisêchika ou d’individualité, peuvent être considérées généralement comme des parties d’un même système, se suppléant l’une l’autre dans ce qui leur manque, et s’accordant communément sur les points principaux qu’elles traitent, différant, toutefois, sur quelques-uns. De ces deux philosophies sont nées diverses autres écoles subordonnées, qui, dans l’ardeur de la dispute scolastique, se sont séparées sur les matières de doctrine ou d’interprétation.

La collection des Soutras de Kanad se compose de dix lectures, divisées similairement en deux leçons journalières, et celles-ci en phrakaranas ou sections, contenant deux soutras, ou plus, relatifs au même sujet. Comme le texte des autres sciences parmi les Indous, les soutras de Kanada ont été expliqués et annotés par une triple série de commentaires, sous le titre usuel de Bâchya, Vârtika ou Tôkâ.

KANAHIE ou CANAHIE s. f. (ka-na-î ― de Kanahi, n. pr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des asclépiadées, tribu des cynanchées, comprenant plusieurs espèces qui croissent en Arabie. || On dit aussi kanahia.

KANALEVITO (Pierre), en italien Canavelli, poëte dalmate, né en 1600, mort en 1690. Il fut sénateur à Raguse. Il a écrit, en langue dalmate, un grand nombre de poésies, parmi lesquelles on remarque des tragédies et des satires d’une virulence excessive. Voici la liste de ses principaux ouvrages : Ivan Tropiski et le roi Koloman, poëme épique en vingt-quatre chants, édité en 1858 par l’évêque Strossmayer : l’Ursiade, ou la Vie de saint Jean Ursin ; Vie de saint Tobie ; Chant en l’honneur de la délivrance de Vienne par le roi de Pologne Jean Sobieski ; Recueil d’œuvres dramatiques ; Recueil d’épigrammes et de satires, etc.

KANARA ou CANARA, ancienne province de l’Indoustan anglais, sur la côte de Malabar, comprise aujourd’hui dans la présidence de Madras, par 12° 5’et 15° 30’ de lat. N., et 75° 50’ et 73° 25’ de long. E-, entre le territoire de Goa et le Bedjapour anglais au N., le Maïssour à l’E., le Malabar au S., et la mer d’Oman à l’O. Superficie, 195,000 kilom. carrés ; 400 kilom. de long, sur 100 kilom. de large ; 760,000 hab. Ch.-l., Mangalore ; villes principales, Baralore et Callianpour. Les Ghattes occidentales traversent le N. de cette province et forment une partie de sa limite orientale ; elles envoient de nombreux rameaux dans le reste du pays. Toutes les rivières se dirigent à l’O., et se perdent dans la mer d’Oman, après un cours peu étendu. Le sol est en général d’une grande fertilité. Le climat y est chaud de septembre à mai ; mais à cette dernière époque commencent les pluies et les orages, qui durent pendant six mois. La principale production est le riz ; il est des cantons qui en donnent trois récoltes par an. La province de Kanara exporte principalement du riz ; elle reçoit en retour des chevaux, des dattes, du sucre, de la soie, des toiles. Cette province fut conquise, en 1763, par Hayder-Aly, qui, de concert avec son fils, emmena un grand nombre de ses habitants dans le Maïssour ; le pays resta dépeuplé pendant quelque temps. Depuis 1799, époque à laquelle il a été cédé aux Anglais, il s’est repeuplé et est redevenu florissant. Dans les montagnes du Kanara, un grand nombre de tribus de Naïrs ont su maintenir, au milieu des révolutions politiques du Decan, quelques restes d’indépendance ; même aujourd’hui, ces tribus conservent en partie leur ancienne forme de gouvernement, en payant un tribut aux Anglais.

KANARIS ou CANARIS (Constantin), célèbre marin et homme d’État grec, né à Ipsara vers 1790. Il était, avant la guerre de l’indépendance, capitaine d’un petit bâtiment marchand qui faisait les voyages d’Odessa. Ardent patriote, il prit une part brillante à la lutte, et ne tarda pas à devenir la terreur des Turcs, en allant incendier leurs vaisseaux. « Le 7/19 juin 1822, dit M. Brunet de Presles, Kanaris et Georges l’ipinos partirent d’Ipsara sur deux chebecs transformés en brûlots ; il fallait passer, malgré le calme, sous le canon de deux frégates qui croisaient en avant de la flotte. Kanaris entraîna par sa résolution les marins, un instant ébranlés, et, trompant toute surveillance, il pénétra dans le canal, et attacha son brûlot aux flancs du vaisseau amiral, illuminé ce soir-là pour les fêtes du Ramazan ; les chefs turcs célébraient leurs sanglantes victoires au milieu de plus de deux mille des leurs. Bientôt la flamme les environne, domine leurs efforts, et une explosion terrible couvre la rade de débris. Cependant Kanaris avait pu rejoindre sain et sauf, sur un brûlot, son compagnon, qui, de son côté, avait réussi à incendier un autre vaisseau. Le 9 novembre de la même année, Kanaris, accompagné de Kiriakos, renouvela cette périlleuse entreprise avec un égal succès, dans la rade de Ténédos. Arborant sur leurs brûlots le pavillon turc, et feignant d’être poursuivis par deux bricks hydriotes, ils se réfugièrent au milieu de la flotte ottomane, où bientôt ils répandirent l’incendie. Cette fois encore, Kanaris, choisissant pour sa proie le vaisseau amiral, engagea son beaupré dans un de ses sabords, et, après y avoir mis le feu, se retira tranquillement, bravant l’équipage frappé de stupeur. » En 1824, après avoir encore brûlé une frégate devant Samos et une corvette dans le port même de Mitylène, il passa dans la marine de guerre avec le grade de capitaine de vaisseau, sous les ordres de Miaoulis. Il conçut ensuite, en 1825, l’audacieux projet d’aller brûler, dans le port d’Alexandrie, la flotte prête à transporter les Egyptiens envoyés en Morée ; mais un vent contraire en empêcha l’accomplissement. En 1826, Kanaris fut nommé au commandement de l’Hellas, et, l’année suivante, il prenait place à l’assemblée nationale de la Grèce comme député d’Ipsara, sa ville natale.

A son arrivée en Grèce, Capo d’Istria confia au brave marin le commandement de la forteresse de Monembasia, et, plus tard, il lui donna le commandement d’une flotte de guerre. Lorsque le président eut été assassiné (le 9 octobre 1831), Kanaris donna sa démission et se retira à Ipsara, puis dans l’île de Syra ; mais le roi Othon le fit sortir de sa retraite en le nommant capitaine de vaisseau de première classe, puis amiral, ministre da la marine, président du conseil (1846-1847) et sénateur. Une seconde fois ministre en 1854 ; Kanaris donna sa démission au mois de mai 1855,

Bientôt Kanaris, entraîné dans le courant des affaires politiques, se rangea sous la bannière de l’opposition constitutionnelle. En 1861, il refusa la pension de 12,000 drachmes que le ministère lui fit voter par les Chambres. L’année suivante, il remplaça Miaoulis (29 janvier) comme premier ministre ; mais le roi ne voulut pas signer la nomination du cabinet qu’il lui présenta et lui demanda sa démission. Cette conduite du gouvernement amena l’insurrection militaire de Nauplie, qui finit par le renversement de la dynastie bavaroise. Après le départ d’Othon, Kanaris fut nommé membre du gouvernement provisoire ; puis, peu de temps après, du triumvirat chargé de gouverner la Grèce en attendant la nomination d’un nouveau roi ; mais Kanaris conserva très-peu de temps ces nouvelles fonctions, et s’en démit au mois de février de l’année 1863. En mars de l’année suivante, lorsque le prince Georges de Danemark eut été nommé roi de Grèce par le vœu de la population grecque, Kanaris fut de nouveau appelé à former un cabinet, avec le titre de président du conseil des ministres ; mais, le mois d’après, il donnait déjà sa démission. Le 6 août de la même année, il dut enfin former un nouveau ministère, dans lequel il reçut et le titre de président du conseil et le portefeuille de la marine ; mais il se retira, avec le reste du cabinet, en mars 1865.

KANASTER s. m. (ka-na-stèr — lat. canistrum, corbeille). Comm. Panier de jonc ou de canne, dans lequel le tabac s’expédie d’Amérique.

KANAT ou KHANAT s. m. (ka-na). Dignité, fonctions, juridiction de kan. || Pays gouverné par un kan.

KANCHIL s. m. (kan-chil). Mamm. Espèce de chevrotain de l’île de Java.

Encycl. Le kanchil est d’une agilité extraordinaire, et si rusé, que les Javanais le regardent comme le type de la ruse, et disent souvent, en parlant d’un adroit coquin : « Il a autant da malice qu’un kanchil. » Si on s’en empare par surprise, ce qui n’est pas facile, on ne peut le garder, et rien ne peut le réconcilier avec l’esclavage. Dans sa prison, quelque temps qu’on l’y ait retenu, on le voit toujours impatient, inquiet, et, si une occasion de s’échapper sa présente, il en a bientôt profité ; il sait même quelquefois la faire naître. Lorsqu’il a été pris au filet, et que tous ses efforts pour se dégager ont été impuissants, il n’entend pas plus tôt venir le chasseur, qu’il se laisse tomber à terre et feint d’être mort, et, pendant tout le temps qu’on le dégage de ses liens, il reste dans l’immobilité la plus complète ; mais, une fois libre, il s’élance, et en un clin d’œil il a disparu. S’il est poursuivi par des chiens, il chercha d’abord à gagner du terrain ; mais, comme il ne soutiendrait pas aussi bien qu’eux une longue course, lorsqu’il est hors de leur vue, il s’élance d’un bond, et, s’accrochant à quelque branche à l’aide des longs crochets qu’il porte à la mâchoire supérieure, il reste suspendu à huit ou dix pieds de hauteur, de sorte que ses ennemis, emportés par leur ardeur, passant sous l’arbre sans l’apercevoir. Les Javanais racontent encore beaucoup d’autres choses surprenantes de cet animal.

KANDAHAR, province de l’Afghanistan, entre le royaume d’Hérat au N., la province de Kaboul au N.-E., celle de Siwistan au S.-E., le Béloutchistan au S., le Sigistan au S.-O., et la province de Ferrah a l’O. Ch.-l., Kandahar. Depuis le N.-E. jusqu’au S.-E., s’étendent plusieurs chaînes de montagnes, telles que les monts Mokhour et la chaîne du Khodjah-Amran, et, depuis le N.-O. jusqu’à l’O., ce sont de vastes plaines désertes et sablonneuses et des rochers arides. Le plus grand nombre et les plus importants de ses cours d’eau, l’Hilmend avec ses affluents, le Kaschroud, l’Ourgandab, le Turnak et la Lora, tarissent quand ils arrivent dans sa moitié occidentale. La population, qu’on évalue à 1,000,000 d’habitants, est principalement composée d’Afghans : ce sont des Dourahnis, des Tandjiks et des Kizilbachis, la plupart de la secte sunnite. Le Kandahar a longtemps fait partie de la Perse, et a passé tour à tour de celle-ci aux souverains de Delhi.

KANDAHAR, ville de l’Afghanistan, ch.-l. de la province de son nom, à 300 kilom. S.-O. de Kaboul, entre l’Ourgandab, affluent de l’Helmend, et le Ternak, au centre du pays des Dourahnis, par 32° 20’ lat. N., et 64° long. E. 120,000 hab. Cette cité, dont l’origine est incertaine, mais qui paraît avoir existé du temps d’Alexandre, et avoir été détruite et réédifiée plusieurs fois, fut, en dernier lieu, construite sur un plan régulier par Nadir-Schah, auprès de son antique enceinte. Ses ruas sont étroites, mais bien alignées ; ses maisons sont en brique et à plusieurs étages ; en un mot, elle passe pour une des plus belles villes de l’Asie. Au centre, s’élève une rotonde voûtée, nommée Tchassou, de 40 a 50 mètres de diamètre, garnie intérieurement de boutiques, et à laquelle viennent aboutir quatre grands bazars. Cette rotonde sert de place publique ; c’est là que l’on fait les proclamations et que l’on expose les corps des suppliciés. Plusieurs caravansérails, l’ancien palais royal, la mosquée voisine de ce palais, le tombeau d’Ahmed-Schah, surmonté d’une élégante coupole, et orné intérieurement da peintures et de dorures, sont, avec Tchassou, ses principaux édifices. Kandahar est arrosée par deux canaux dérivés de l’Ourgandab, et traversée par plusieurs petits ponts. Elle est partagée en un grand nombre de quartiers, réservés chacun à une des nations qui l’habitent. C’est la principale place de commerce de l’Afghanistan et celle où l’industrie est le plus active. L’empereur Baber s’en empara en 1507 ; en 1625, elle fut prise par Schah-Abbas le Grand ; en 1638, le gouverneur persan Ali--