Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lien, exécuter en Grèce cette belle statue pour l’élever en l’honneur d’un homme qui la chérissait, qui avait pris la pourpre dans ses murs et à qui elle devait des embellissements et les premiers pas vers sa grandeur future. On est frappé de la perfection un peu maniérée de la figure et du grand style des vêtements. Cette statue existait à Paris, oubliée dans l’atelier d’un marbrier, lorsque l’État en fit l’acquisition.


JULIEN, surnommé Theurgus (Magicien), thaumaturge grec, né en Chaldée. Il vivait au IIe siècle de notre ère, parvint à se faire passer comme ayant un pouvoir magique et composa, d’après Suidas, plusieurs ouvrages sur la théurgie et les mystères, ainsi qu’une collection d’oracles en vers hexamètres. Maï attribue à Julien le Magicien trois fragments sur des matières astrologiques, trouvés par lui au Vatican sous le nom de Julien de Laodieée.


JULIEN, usurpateur romain, mort en 285 de notre ère. Il était gouverneur de la Vénétie lorsque, après la mort de Numérien, assassiné par Aper (284), il résolut de s’emparer du trône impérial. Il fit révolter les légions de Pannonie et marcha contre Carin, qu’il rencontra près de Vérone.


JULIEN, comte d’Orient, oncle maternel de l’empereur Julien, mort en 363. Il montra une haine implacable contre les chrétiens, saisit toutes les occasions pour les persécuter, et fit fermer toutes les églises d’Antioche, N’ayant pu contraindre un prêtre de cette ville, nommé Théodoret, à abjurer, il le fit mettre à mort, après lui avoir fait souffrir des tourments inouïs. L’empereur Julien le réprimanda sévèrement de sa conduite.


JULIEN (le comte), gouverneur de l’Andalousie et de Ceuta pour les Wisigoths, au VIIIe siècle. Il défendit avec courage cette place contre les Arabes (708-710), puis la leur livra volontairement, les conduisit lui-même en Andalousie et combattit dans leurs rangs contre ses compatriotes à la fameuse bataille de Guadalete (711). Suivant une tradition consacrée par le Romancero, mais qui ne repose sur aucun monument historique, le comte Julien aurait consommé sa trahison pour se venger du roi Roderic, qui avait enlevé sa fille Florinde. Les vainqueurs, au reste, le traitèrent avec le plus grand mépris, confisquèrent ses biens et le plongèrent même dans une prison.


JULIEN (Esprit), voyageur et théologien français, né à Malaucène (Vaucluse) en 1603, mort à Naples en 1671. Il entra dans l’ordre des carmes déchaussés, se rendit à Rome, puis se consacra, à partir de 1629, à l’œuvre des missions. Arrivé à Goa, il y resta pendant près de dix ans, comme prieur d’un couvent. Par la suite, vers 1640, il visita l’Arabie, la Syrie, l’Arménie, une partie de la Médie, et, après son retour en France, il fut nommé a deux reprises, en 1665 et en 1668, général de son ordre. On lui doit un assez grand nombre d’ouvrages dont les principaux sont : Itinerarium orientale (Lyon, 1649), trad. en franc, par Rampalle (1659, in-8o) ; Summa theologiæ thomisticæ (1653, 5 vol. in-fol.) ; Generalis chronologia (1663, in-8o) ; Decor Carmeli religiosi (1665, in-fol.), dictionnaire biographique des principaux carmes ; De immaculata conceptione (1667, in-8o).


JULIEN (Pierre), sculpteur français, né à Saint-Paulien, près du Puy, en 1731, mort à Paris en 1804. Venu à Paris de très-bonne heure, il entra dans l’atelier de Guillaume Coustou, où il passa plusieurs années sans révéler le talent qu’il devait montrer plus tard. Il avait en effet près de trente-cinq ans lorsqu’il remporta le prix de Rome. Son bas-relief de concours, Sabinus offrant son char aux vestales obligées de fuir les Gaulois vainqueurs de Rome, sans être un morceau hors ligne, fut la première œuvre intéressante de ce maître consciencieux. De 1768 à 1772, durant son séjour en Italie, il s’occupa principalement à étudier les chefs-d’œuvre des maîtres et exécuta des copies de l’Apollon du Belvédère, du Gladiateur combattant, etc. À son retour en France, Coustou l’associa aux travaux qu’il exécutait dans la cathédrale de Sens pour l’érection du mausolée du dauphin, fils de Louis XV. Le zèle intelligent que montra Julien en cette circonstance lui valut l’attention de la critique. Quelque temps après, il sollicita les suffrages de l’Académie pour y être agrégé et lui présenta Ganymède versant le nectar, morceau d’un bon style, qui néanmoins ne put le faire recevoir. Mais le Guerrier mourant, remarquable statue qu’il exécuta en 1778, le fit agréger, cette même année, à l’Académie, et dès 1779 il devint académicien en titre. Peu après, le gouvernement lui confia l’exécution de la Statue de La Fontaine et de celle de Poussin. Ces deux figures, d’un grand caractère et sérieusement étudiées, doivent compter parmi les meilleurs morceaux de son œuvre. Dans un genre très-différent, la Baigneuse, qui décora longtemps la laiterie de Rambouillet, n’est pas moins remarquable. La Chèvre Amalthée, Apollon chez Admète appartenaient aussi à la même résidence. Lebreton, dans sa Notice historique sur la vie et les ouvrages de P. Julien, signale encore plusieurs travaux, mais ce ne sont que des copies.

Bien que l’œuvre de Julien ne soit pas considérable, son nom vivra néanmoins. grâce aux qualités sérieuses qu’il a réunies dans les quatre ou cinq figures qui en sont les morceaux les plus saillants. Esprit lent, mais très-réfléchi, il ne laissait rien au hasard et craignait les moindres négligences. On trouve dans ses œuvres un sentiment vrai de la forme, un style simple, une grande puissance de modelé : qualités précieuses qui révèlent, à défaut de génie, un savoir profond, un jugement sûr, une intelligence véritable de la statuaire.


JULIEN (Simon), peintre français, dit Julien de Parme, né à Toulon en 1736, mort en 1800. Il étudia successivement sous Dandré-Bardon, Carle Vanloo et Natoire ; mais, ayant répudié la manière de ce dernier maître, il reçut de ses camarades d’atelier le surnom de Julien i’Apostat. Il travailla longtemps à Parme pour la cour ducale, eut ensuite pour protecteur le duc de Nivernais, puis le prince de Ligne, et fut entraîné dans la ruine de ce grand seigneur bel esprit à l’époque de la Révolution. Parmi ses meilleurs tableaux on cite : Jupiter sur le mont Ida endormi dans les bras de Junon ; l’Aurore sortant des bras de Tithon ; le Triomphe d’Aurélien ; Saint Antoine en extase. Ses dessins sont très-estimés.


JULIEN (Jean), de Toulouse, conventionnel. Il était ministre protestant à Toulouse lorsqu’il fut nommé député de la Haute-Garonne à la Convention nationale. Il vota la mort du roi, fut élu secrétaire de l’Assemblée le mois suivant, puis envoyé en mission à Orléans et dans la Vendée, où il commit quelques abus de pouvoir. Il est surtout connu pour sa participation à la sale et mystérieuse affaire des tripotages financiers où furent mêlés le baron de Batz, Chabot, Delaunay d’Angers, etc., et dans laquelle furent enveloppés des innocents, comme Fabre d’Églantine et Basire. On sait qu’il s’agissait de la falsification d’un décret concernant la liquidation de l’ancienne compagnie des Indes, et en outre d’un système de corruption projeté pour entraîner des membres de la Convention, en vue d’obtenir, au sujet des compagnies financières, des décrets favorables aux desseins des agioteurs. Il y eut des conciliabules et des dîners chez Julien, à la campagne ; lorsque Chabot eut dénoncé le complot au comité de Sûreté générale, et qu’il eut été lui-même emprisonné, Julien de Toulouse fut décrété d’accusation en même temps que plusieurs de ses complices (octobre 1793). Il se déroba par la fuite au décret lancé contre lui. Après le 9 thermidor, il intrigua pour obtenir sa rentrée dans la Convention, attribuant ses malheurs à la haine de Robespierre. Il finit par faire casser le décret qui avait été rendu contre lui, mais toutefois sans pouvoir siéger. Sous le Directoire, on le retrouve membre de l’une des municipalités de Paris. Après le 18 brumaire, il fut arrêté et désigné même pour la déportation ; mais cette mesure ne fut pas exécutée. Il disparut complètement de la scène politique, fut banni comme régicide lors de la seconde Restauration, et alla finir ses jours en Suisse.


JULIEN (René-François), jurisconsulte et homme politique français, né à Tours en 1793. Lorsqu’il eut achevé ses études de droit à Paris, il retourna dans sa ville natale, où il exerça la profession d’avocat, se montra sous la Restauration chaud partisan des idées libérales, encourut une punition disciplinaire pour avoir défendu Manuel après son expulsion de la Chambre des députés et devint membre de la société Aide-toi, le ciel l’aidera. Pendant le gouvernement de Juillet, M. Julien continua d’exercer la profession d’avocat à Tours et fut premier adjoint. Lorsqu’éclata la révolution de Février, il devint maire de Tours, puis fut élu membre de l’Assemblée constituante et vota généralement avec la partie la plus modérée des représentants. Non réélu à la Législative, il a repris sa profession d’avocat.


JULIEN (Stanislas), orientaliste français, né à Orléans en 1799, mort à Paris en 1873. Son père, qui était mécanicien, le fit élever au petit séminaire d’Orléans. Doué d’une aptitude extraordinaire pour les langues, il apprit presque seul le grec, puis la plupart des langues d’Europe, et entra en relation, à Paris où il était venu habiter, avec le professeur Gail, qui le choisit, en 1821, pour le suppléer dans sa chaire de langue et de littérature grecques au Collège de France. Vers cette époque, il étudia le chinois, qu’il apprit avec sa facilité habituelle en suivant les cours d’Abel Rémusat, puis il se familiarisa avec le mandchou et le sanscrit. Les nombreuses traductions qu’il ne cessa de publier depuis cette époque lui acquirent une grande réputation, surtout comme sinologue, et il fut successivement nommé sous-bibliothécaire de l’Institut (1827), fonction dont il ne tarda pas à se démettre, professeur de chinois au Collège de France en 1832, membre de l’Académie des inscriptions en 1833, conservateur adjoint, chargé spécialement du dépôt chinois, à la Bibliothèque nationale (1839), enfin administrateur du Collège de France (1859). Il devint en outre membre de la plupart des académies et sociétés savantes de l’Europe et commandeur de la Légion d’honneur (1863). « Stanislas Julien, dit M. de Rosny, a puissamment contribué aux progrès de la sinologie en faisant venir de Chine de nombreuses séries d’ouvrages, aussi utiles que variés, pour l’étude des différentes branches de la littérature chinoise. » Pendant un grand nombre d’années, il amassa des matériaux pour un dictionnaire chinois monumental, qu’il n’eut pas le temps d’achever. Il a laissé peu d’ouvrages originaux. Indépendamment d’un grand nombre de notices et de mémoires insérés dans le Journal asiatique et les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, il a publié : Vindiciæ philologicæ in linguam sinicam, dissertatio (1830) ; Dissertations grammaticales sur certaines règles de position en chinois (1841) ; Exercices pratiques d’analyse, de syntaxe et de lexicographie chinoises (1842, in-8o) ; Simple exposé d’un fait honorable odieusement dénaturé (1843) ; Méthode pour déchiffrer et transcrire les mots sanscrits qui se trouvent dans les livres chinois (1861, in-8o), écrit dans lequel il expose un système ingénieux qui lui était personnel. C’est à ses traductions, généralement réputées très-exactes, que Stanislas Julien a dû sa réputation dans le monde savant. Nous citerons particulièrement : l’Enlèvement d’Hélène (1823, in-8o), poème de Coluthus, traduit en latin et en français ; Meng-Tseu vel Mencium… (1824-1826, 2 vol. in-8o), avec texte chinois lithographié et une traduction latine ; Hoei-lan-ki ou l’Histoire du cercle de craie (1832), drame chinois ; Tchao-chi-kou-elu ou l’Orphelin de la Chine (1834), drame suivi de nouvelles et de poésies traduites du chinois ; Pé-che-tsing-ki ou Blanche et Bleue (1834), roman ; Kan-ing-pien ou le Livre des récompenses et des peines (1835, in-8o), en chinois et en français ; Résumé des principaux traités chinois sur la culture des mûriers et l’éducation des vers d soie (1837) ; Lao-tseu Tao-te-King ou le Livre de la voie et de la vertu (1841), texte chinois avec traduction française ; Histoire de la vie de Hiouen Thsang et de ses voyages dans l’Inde (1853) ; Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise (1856) ; Mémoires sur les contrées occidentales (1857-1858, 2 vol.), traduits du chinois ainsi que les deux ouvrages précédents ; Avadanâs, contes et apologues indiens, suivis de fables, poésies et nouvelles chinoises (1859, 3 vol.) ; les Deux filles lettrées (1860, 2 vol.) ; Yu-kiao-ti ou les Deux cousines, roman (1863, 2 vol) ; San-Tseu-King, texte chinois (1864), etc.


JULIEN ou JULLIEN (Louis-Antoine), compositeur français, né à Sisteron en 1812, mort a Paris en 1860. Fils d’un musicien de régiment, il fut élevé comme enfant de troupe, et débuta en qualité de petite flûte dans le corps de musique où figurait son père. Admis en 1833 au Conservatoire de Paris, il y reçut les leçons de Lecarpentier et d’Halévy, puis il fonda au jardin Turc des concerts qui attirèrent tout Paris. Les quadrilles que Julien composait sur les nouveaux opéras firent fureur. Les Huguenots, Robert, Guillaume Tell, la Muette, aucun chef-d’œuvre n’échappait à sa main sacrilège qui découpait en avant-deux, en poule et en galop, l’évocation des nonnes, le duo du quatrième acte des Huguenots, l’air du sommeil de la Muette et le trio de Guillaume Tell. Pour impressionner davantage les yeux et les oreilles des amateurs, Julien fit appel à tous les moyens de bruit et à tous les artifices possibles. Malheureusement, les succès les plus bruyants s’usent le plus vite. La foule déserta bientôt le jardin Turc, et l’entreprise croula sous les pieds de Julien. Échappé aux dangers de la contrainte par corps, le maestro se rendit à Londres en 1838, et établit des concerts-promenades, où Vieuxtemps, Sivori, Mme Pleyel, enfin tous les artistes d’un renom européen, se firent entendre. Mais, la curiosité commençant à s’émousser, Julien prodigua les greats attractions, et recourut à toutes les excentricités du charlatanisme. Artistes nomades, géants, bateleurs, phénomènes, prodiges musicaux et autres, il fit défiler aux yeux de Londres ébahi toutes les monstruosités physiques et morales. À ce métier, Julien gagnait facilement des sommes énormes, dissipées avec la même aisance. Quand il vit le succès se ralentir, il quitta Londres, parcourut l’Écosse et l’Irlande avec une troupe concertante, puis passa en Amérique, où il réalisa d’énormes bénéfices. Ce fut sur ces entrefaites qu’il résolut d’acquérir la réputation d’un grand compositeur. Dans ce but, il se rendit à Bruxelles, où il demanda des conseils à Petit, composa ensuite un opéra intitulé Pierre le Grand, puis se rendit à Londres et se fit directeur de théâtre pour y produire son œuvre. Bien qu’interprété par des chanteurs de premier mérite, Pierre le Grand fit un fiasco complet et Julien trouva la ruine dans son entreprise théâtrale. De retour à Paris, il se vit emprisonné pour dettes, et songea, après avoir recouvré la liberté, à se jeter dans de nouvelles entreprises ; mais, atteint tout à coup d’aliénation mentale, il se frappa de coups de couteau et mourut peu après.

Dans ses compositions de danse, Julien n’a ni l’élégance de Laenner ni la grâce de Strauss, mais il a plus de verve et un rhythme plus accentué. La fameuse valse de Rosita, qui fit sa réputation à Paris et qui porte son nom, ne lui appartient pas ; Julien l’acheta, moyennant quelques écus, d’un malheureux artiste polonais mourant de faim.


JULIEN (le cardinal). V. Césarini.


JULIEN ou JULIANUS ANTECESSOR, jurisconsulte romain du VIe siècle. Tout ce qu’on sait de sa vie, c’est qu’il professa le droit à Constantinople sous le de règne de Justinien. On lui doit une traduction latine abrégée de cent vingt-cinq Novelles de Justinien, divisées en 564 chapitres. Cette traduction, connue sous le nom 'Epitome et de Novella, a été imprimée pour la première fois à Lyon en 1512, in-8o, et souvent rééditée depuis. Elle se répandit dans l’Occident, surtout en Italie, où, pendant plusieurs siècles, on ne connut point l’original grec des Novelles. On trouve dans l’Anthologie grecque quatre épigrammes dans le genre facétieux qui sont attribuées à ce jurisconsulte.


JULIEN D’ECLANUM (Julianus Eclanensis), hérésiarque latin. Il vivait au commencement du Ve siècle, et était fils de Memorius, évêque de Capoue, ami de saint Augustin et de Paulin de Nole. Devenu veuf, Julien se fit ordonner prêtre, puis devint évêque d’Eclanum en Apulie. Il se fit remarquer par son éloquence, par son esprit, et gagna à son tour l’amitié de saint Augustin. Mais il se brouilla avec lui lors de la condamnation des pélasgiens (418), dont il embrassa les idées et dont il se montra un des plus habiles et des plus fermes défenseurs. Anathématisé par le pape, il perdit son évêché et mourut obscurément vers 455.


JULIEN D’ÉGYPTE, poète grec qui vivait vers le milieu du VIe siècle, sous le règne de Justinien. Il remplit les fonctions de proconsul d’Afrique et composa un grand nombre d’épigrammes qui, pour la plupart, se rapportent à des œuvres d’art. L’Anthologie grecque contient soixante et onze de ces petites pièces pleines de grâce, d’énergie, de charme et d’enjouement.


JULIEN DE FONTENAY, graveur en pierres fines. V. Coldoré.


JULIEN DE LA ROVÈRE, pape. V. Jules II.


Julien-le-Pauvre (ÉGLISE Saint-). Cette église, chapelle actuelle de l’Hôtel-Dieu, est l’une des plus anciennes de la capitale, puisqu’elle existait dès le VIIe siècle. Grégoire de Tours la signale dans sa chronique comme un sanctuaire très-fréquenté. Dévastée par les Normands, et reconstruite au XIIe siècle, elle présente les caractères de l’époque où l’ogive prenait naissance. On remarque dans l’église Saint-Julien-le-Pauvre des colonnes très-élégantes, les unes monostyles, les autres groupées en faisceaux ; les chapiteaux surtout sont traités avec beaucoup de soin et une grande ingéniosité d’ornementation. Le chœur, l’abside médiane et les deux petites absides latérales sont d’un beau caractère. Au moyen âge, on attribuait une vertu miraculeuse à l’eau d’un puits qui se voit encore un peu en arrière de l’abside méridionale.

On trouve dans cette église divers objets intéressants, provenant, pour la plupart, de l’ancienne église de l’Hôtel-Dieu, et parmi lesquels se voit un bas-relief en pierre, de la seconde moitié du XIVe siècle, représentant un calvaire au pied duquel un bourgeois et sa femme sont agenouillés ; on croit que ces deux figures représentent le changeur Oudart de Mocreux et sa femme, qui firent reconstruire l’église de l’Hôtel-Dieu vers 1380. Nous citerons encore le monument funéraire d’un avocat nommé Henri Rousseau, qui mourut en 1445, et dont une inscription commémorative très-curieuse rappelle les libéralités envers l’Hôtel-Dieu.

Le portail et la tour de l’église Saint-Julien-le-Pauvre, démolis à la fin du XVIIe siècle, ont fait place à la façade insignifiante et de mauvais goût qui existe aujourd’hui.


Julien-des-Ménétriers (Saint-), hôpital et chapelle anciennement situés à Paris, rue Jean-Paulée, sur l’emplacement actuel de la maison qui porte le no 96 de la rue Saint-Martin. En 1330, deux ménétriers ou joueurs d’instruments, nommés Jacques Grare et Huet le Lorrain, touchés de compassion pour le sort des malheureux sans asile, résolurent de fonder un hôpital où seraient reçus les pauvres passants. Ils achetèrent, à cet effet, un terrain appartenant à l’abbesse de Montmartre, et y firent élever un hôpital et une chapelle à laquelle la confrérie des ménétriers faisait une rente de 16 livres. Au XVe siècle, les membres de l’Académie de danse étaient en possession de la chapelle Saint-Julien-des-Ménétriers, à l’exclusion de l’ancienne communauté des joueurs. En 1789, les maîtres de danse firent don à la nation de cette chapelle, qui fut vendue et abattue vers 1792. Parmi les statues du portail figurait un joueur de rebec, en souvenir de la profession des fondateurs.


JULIÉNAS, village et comm. de France (Rhône), cant. de Beaujeu, arrond. et à 24 kiloin. N.-O. de Villefranche ; 1,342 hab. On récolte sur le territoire de Juliénas des vins colorés, corsés, spiritueux et très-solides ; il faut les garder deux ou trois ans en cercles avant de les mettre en bouteilles ; ils gagnent beaucoup en vieillissant et se conservent dix à douze ans. Les meilleurs se recueillent dans les hameaux dits les Mouilles, le Bourg, Rizières, etc.


JULIENNE s. f. (ju-li-è-ne). Bot. Genre de plantes, de la famille des crucifères : La julienne des dames croît spontanément dans les lieux frais et ombragés. (P. Duchartre.) Voici la julienne blanche avec ses longs rameaux de fleurs ; pour jouir de son parfum, il