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JOUX

f uerre de 2« classe. Le château de Joux est âti sur un rocher isolé d’environ 2,000 mètres de hauteur. On a tout lieu de supposer que les Romains ont occupé cette position importante qui commandait une des communications les plus essentielles entre la Gaule et l’Helvétie. On ne sait rien de positif sur la destinée de cette forteresse avant le xi« siècle. Ce qui est certain, c’est que vers 1050 les sires de Joux comptaient parmi les plus puissants seigneurs des montagnes de la comté de Bourgogne. Plus tard, nous voyons Philippe le Bon acheter le château de Joux pour mettre ses frontières à couvert de ce côté, et les états de Bourgogne, frappés de l’importance de cette position, voter un impôt extraordinaire pour le payer. Pris, ainsi que tout le pays, par les Suisses après leur victoire sur les Bourguignons, le château fut abandonné par eux à Philippe d’Hocberg, fils du comte de Neufchâtel, leur allié. Repris par Charles le Téméraire, il fut remis par lui à Nicolas de Joux, seigneur d’Arban, nommé gouverneur du château. Celui-ci, en 1473, livra la place à Louis XI moyennant 14,000 écus. Les Bourguignons, qui avaient suivi Marie de Bourgogne, femme de l’empereur Maximilien, la reprirent en son nom l’an 1480. Depuis, le Fort-de-Joux fut pris et repris, et demeura aux mains des différentes puissances qui occupèrent la province et y mirent des gouverneurs, sans que Louis d’Orléans, duc de Montpensier, comte de Neufchâtel, ftt valoir les droits de sa femme, Jeanne de Hocberg, sur cette seigneurie. Après la conquête de la Franche-Comté par Louis XIV, le Fort-de-Joux devint une prison d’État où furent enfermés plusieurs prisonniers célèbres, notamment Mirabeau et

Toussaint-Louveriure. Actuellement, le Fortde-Joux ne ressemble guère à ce qu’il a été jadis : tout a été réparé pour le service de l’artillerie, suivant le système actuel d’attaque et de défense. On a élevé des bâtiments neufs, et on a changé les anciens en magasins, en arsenaux ou en casernes ; cependant on y rencontre encore des traces d’architecture du moyen âge ; on trouve même dans quelques endroits 1 écusson des sires de Joux : il est d’or fritte de sable ; le timbre est un boeuf ailé, et leur devise : Au bœuf. À l’extérieur, le château a moins perdu de son caractère primitif : la porte d entrée a été défendue par des bastions et des remparts ; les autres côtés, complètement inaccessibles^, sont assez protégés par de vieux bâtiments auxquels on n’a presque rien changé.

JOUX (vallée de), vallée formée par le Jura et comprise partie en France, dans le département du Jura (arrond. de Saint-Claude), partie en Suisse, dans le canton de Vaud, dont elle forme un des districts. Elle a 22 kilom. de long, et sa plus grande largeur est de 6 kilom. Les deux tiers de cette vallée, dont la direction est du N.-E. au S.-E., dépendent de la Suisse ; la partie S.-O., qui est la plus stérile, appartient a la France. L’Orbe, qui prend sa source dans le lac des Rousses, parcourt la vallée de Joux, élevée de 1,005 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le climat de cette vallée est si âpre que les arbres fruitiers ne peuvent réussir, et qu’on n’y cultive d’autres grains que l’orge et l’avoine ; mais le pays est riche en prairies, en pâturages et en forêts ; il n’est habité que depuis le xiie siècle, époque où des moines de Prémontré vinrent s’y établir ; la population n’est devenue considérable que lors de l’émigration des réformés sous Louis XIV. Les habitants, au nombre de 4,207, vivent de leurs troupeaux et des produits de leur industrie, qui consiste dans la fabrication des dentelles, instruments en bois et en fer, horlogerie, etc.

JOUX (lac de), lac poissonneux de la Suisse, cant. de Vaud, au pied du Jura, à 30 kilom. O. de Lausanne, près des frontières de France. Il est situé à 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer ; 10 kilom. de long sur 2 kilom. de large. Il est traversé par l’Orbe, et communique, au N.-E., avec le petit bassin des Breneis qui en forme la continuation ; c’est a l’extrémité de ce bassin que les eaux du lac se perdent sous terre dans les fentes dus rochers. Pour faciliter l’écoulement des deux bassins lorsque les eaux sont hautes, on a ouvert en 1817 de nouveaux canaux qui mettent la vallée a l’abri des inondations dont elle était quelquefois menacée. La rive méridionale, où l’on voit une multitude d’habitations, est bordée de coteaux en pente

douce, couverts de prairies et couronnés de forêts. L’autre rive, beaucoup plus agreste, est couverte en grande partie d’une colline boisée.

JODX-LA-V1LLB, village du départ, de l’Yonne, arrond. et à 18 kiloin. N. d’Avallon ; 1,200 hab. Pierres lithographiques.

JODX (Pierre de), théologien protestant suisse, né à Genève en 1752, mort à Paris en 1825, et consacré ministre à Bâle, à l’âge de vingt-trois ans. Appelé à Paris par Court de Gébelin, Pierre de Joux travailla à la rédaction du Monde primitif, aux Origines grecques et à l’Histoire de la parole. Il fut ensuite pasteur à Nantes et recteur de l’université de Brème. Après un voyage en Italie, dans le but de « s éclairer sur la perfection du culte catholique, ■ il se sentit ébranlé dans sa foi protestante et il abjura, trouvant que

JOUY

le culte protestant ne parle pas assez aux sens. Les ouvrages qu’il a laissés sont :JVouveau plan raisonné d’éducation publique, ou Projet d’une pension qu’on se propose d’établir à Genève (1774, in-12) ; le Commerce, les sciences, la littérature et les beaux-arts simultanément enseignés (Genève, an IX, in-4°) ; Ce qu’est la franche maçonnerie (Genève, 1802, in-8») ; Prédication du christianisme (Genève, 1803, 4 vol. in-8») ; la Providence et Napoléon (1806, in-8°) ; Discours sur la guerre considérée dans ses rapports avec la civilisation (Nantes, 1810, in-8°) ; Recueil de cantiques et de psaumes à l’usage des Églises réformées (Nantes, 1812, in-8°) ; la Vertu glorifiée ou le Triomphe après la mort (Nantes, 1815, in-8°) ; Lettres sur l’Italie considérée sous le rapport de la religion (Paris, 1825, 2 vol. in-8°). Ce livre, qui est dithyrambique à l’endroit des papes, des jésuites et du catholicisme en général, est d’une rare faiblesse d’argumentation. N’est-il pas étrange qu’on présente en faveur du culte des images des considérations comme celles-ci : «Lorsque le Seigneur du ciel et de la terre enjoignit aux Hébreux, sur le mont Sinaï, de ne se faire aucune image taillée, est-il raisonnable de supposer qu’il eût alors en vue les saints, les martyrs, les apôtres et la bienheureuse Vierge qui n’existoient point encore ici-bas, et qui sont postérieurs à Motse de plus de quinze cents ans ?» De Joux a laissé en manuscrit des Soirées napolitaines non encore publiées.

JOUY-AUX-ARCHES, village et comm. de France (Moselle), Canton de Gorze, arrond. et à 10 kilom. S.-O. de Metz, sur la rive droite de la Moselle ; 660 hab. On y remarque les restes imposants d’un magnifique aqueduc romain, qui conduisait les eaux de Gorze dans la naumachie de Metz. Cet aqueduc, dont on voit encore cinq arches sur la rive gauche de la Moselle et dix-sept sur la rive droite, avait près de 25 kilom. de long. Dans les environs du village, débris de fortifications romaines et ruines d’un château fort.

JOUY-EN-JOSAS, bourg etcomm. de France (Seine-et-Oise), cant. sud, arrond. et à 7 kilom. S.-E. de Versailles, sur la Bièvre ; 1,384 hab. Ancienne manufacture de toiles peintes, fondée en 1760 par Oberkampf, aujourd’hui abandonnée. C’est à Jouy que cet industriel actif lit ses premiers essais et commença cette série de succès qui lui acquirent la haute considération de Napoléon 1er et de ses contemporains. Belle église du xvie siècle, renfermant d’élégants vitraux modernes, une

vierge en bois, dont on fait remonter l’origine à plus de mille ans, et de belles sculptures dont l’exécution date de François Ier. Le château est de construction moderne. Dans le parc, qui n’a pas moins de 300 arpents, on remarque de belles pièces d’eau et une vaste orangerie.

JOUY-SUU-EURE, village et comm. de France (Eure), cant., arrond. et à 14 kilom. d’Evreux ; 475 hab. On a trouvé dans une prairie de Jouy une grande quantité d’objets en bronze qu’on suppose avoir dû servir de bracelets et de parures militaires. Jouy avait un prieuré et une haute justice. L’église est ornée de beaux vitraux du xvio siècle. Après la bataille de Cocherel, l’arrière-garde de l’armée du captai de Buch fut taillée en pièces, près de Jouy, par un corps de cavaliers français.

JOUY-SUR-MORIN, en latin Gaudiacus, bourg et comm. de France (Seine-et-Marne), cant. de la Ferté-Gaucher, arrond. et à 16 kilom. E. de Coulommiers ; 1,762 hab. Papeterie OÙ l’on fabrique le papier du Timbre et de la Banque de France ; fabrique de pains à cacheter.

JODY (Louis-François de), jurisconsulte français, né à Paris en 1714, mort dans la même ville en 1771. Il lut avocat au parlement et composa plusieurs ouvrages dont les principaux sont : Supplément aux lois cioites dans leur ordre naturel (in-fol.) ; Arrêts de règlements recueillis et mis en ordre (1752, in-4») ; Principes et usages concernant tes dixmes (1752), etc.

JOUY (Victor-Joseph Étienne, dit de), fécond littérateur et auteur dramatique, membre de l’Académie française (1815), né à Jouy, près de Versailles, en 1764, mort en 1846. Il eut une jeunesse très-orageuse, semée d’aventures romanesques. A treize ans, il quittait les bancs du collège pour s’engager dans un régiment de la Guyane. Revenu de cette colonie, et fait sous-lieutenant, il part pour les grandes Indes, gagne l’estime de Tippo-Saïb, mais est emprisonné pour une intrigue amoureuse, se sauve dans une barque, fait naufrage, et ne revoit la France qu’après avoir été Le jouet des plus étranges péripéties. Il reprend du service en 1792, est blessé plusieurs fois, reçoit le grade d’adjudant général pour sa belle conduite à la prise de Furnés, est néanmoins dénoncé comme contrerévolutionnaire, s’expatrie, épouse une nièce

de lord Malmesbury, rentre en France après le 9 thermidor, reprend son grade dans l’armée, combat les terroristes dans la journée du 2 prairial an III, est nommé commandant de la place de Lille, est arrêté de nouveau, sur le soupçon de correspondance avec les Anglais, finit par se dégoûter de l’état militaire, etobtient sa retraite (1797). Le reste de sa vie fut entièrement consacré à la littérature. Il commença par le théâtre. Tragé JOVE

dies, comédies, opéras, vaudevilles, tous les genres lui furent bons, et dans tous il obtint des succès sans exceller dans aucun. En 1812, il inaugura cette série de livres qui, sous le titre commun à’Ermite, ont véritablement fondé sa réputation. C’est la peinture des mœurs contemporaines, tracée avec finesse et élégance, sinon avec profondeur et exactitude. Ces livres eurent une vogue immense : ils la durent surtout à l’esprit libéral qui y domine, au souffle de Voltaire qu’on y respire à chaque page. Jouy, collaborateur de plusieurs feuilles de l’opposition, subit des procès de presse. Il fut condamné, en 1823, â trois mois de prison, pour un article sur les frères Faucher, inséré dans la Biographie des contemporains, dont il était le fondateur avec Jay. La guerre incessante qu’il fit à la Restauration le place au nombre des plus énergiques lutteurs de cette époque. En 1831, il reçut de Louis-Philippe la place dé conservateur de la bibliothèque du Louvre,

grasse sinécure, à laquelle fut ajouté un logement au château de Saint-Germain-en-Laye. Les ouvrages de cet écrivain Bont profondément oubliés aujourd’hui. Nous ne citerons que les suivants : la Vestale, tragédie lyrique (1807), proposée par l’Institut pour les prix décennaux ; les Bayadères, opéra (1810) ; Tippo-Saïb, tragédie (1813) ; Sylta, tragédie (1822) qui réussit, grâce au talent de Talma ; l’Ermite de la Ckaussëe-dAntin (1812-1814, 5 vol. in-12) ; le Franc-par leur, suite de l’Ermitede la Chaussée-d’Antin (1814, 2 vol. in-12) ; l’Ermite à ta Guyane (1816, 3 vol. in-12) ; l’Ermite en province (1818, 14 vol. in-12), livre plein d’inexactitudes grossières ; les Ermites en prison (1823, 2 vol. in-12), avec Jay ; les Ermites en liberté (1824, 2 vol. in-12), avec le même.

JOUY (Joseph-Nicolas), peintre français, né à Paris en 1809. Élève de Ingres, il s’est fait connaître comme peintre d’histoire et de portrait, et a obtenu en 1839 une première médaille. Parmi les œuvres exposées depuis 1S27 par ce peintre estimable, nous citerons : Portrait d’un jeune Grec (1833) ; l’Amende honorable d’Urbain Grandier ; la Bataille de Rocroy ; le Capitaine Tronçon du Coudray ; la Prise de Fumes ; l’Assaut de Sierk ; la Reddition de Dunkerque ; la Crèche ; Beethoven chez tes paysans quelques jours avant de mourir (1863), etc.

JOVARA, nom latin de Jouarrb.

JOVE (Benoit), helléniste, surnommé par Alciat le Y>m» de la Lombardte, né à Côme en 1471, mort en 1544. Il apprit le grec de Démétrius Chalcondyle, et fut un des hommes de son temps qui possédaient le mieux cette langue. On cite surtout parmi ses écrits : Histoire de Came (1629, in-4">).

JOVE (Paul), en italien Paolo Gtovia, célèbre historien italien, frère du précédent, né sur les bords du lac de Côme en 1483, mort à Florence en 1552. Il exerçait avec talent la profession de médecin (lorsque la lecture de Tite-Live lui donna l’idée d’écrire en latin le récit des grandes choses dont il était spectateur. Lorsque Léon X eut entendu quelques livres de son Histoire et l’eut mise publiquement à côté des chefs-d’œuvre de l’antiquité, Paul Jove, investi par le suffrage souverain du droit de distribuer la gloire et la honte, n’hésita point & vendre sa plume à ceux qui pouvaient la payer richement. Nommé chanoine de Côme par Adrien VI, il fut créé par Clément VII prélat assistant, prieur de la commanderie de Saint-Antoine,évêque de Nocera (1528), ce qui ne l’empêcha pas d’habiter Home, où il avait reçu un logement au Vatican, et où il demeura trente-sept ans. Jove, en trafiquant de sa plume, avait acquis une grande fortune et vivait magnifiquement. Non content d’accepter les présents qu’on lui offrait pour le gagner, il allait lui-même au-devant de ceux qui n’osaient pas assez compter sur sa vénalité, et il demandait le tribut, senza vergogna, tendant la main pour recevoir’un cheval de quelque petit tyranneau italien, aussi bien que pour toucher les pensions de Charles-Quint et de François I«r ; le connétable de Montmorency lui fit enlever la pension qu’il tenait de ce dernier prince, sous le règne de Henri II, et il en fut fort maltraité. • Ledit Paul, dit Brantôme, ayant su la rognure de sa pension, se mit aiusiadébagouler contre mondit sieur le connétable et à en dire pis que pendre. > Il ne craignait pas, au reste, d’avouer ensuite qu’il avait deux plumes, l’une d’or, l’autre de fer, pour traiter les princes selon les faveurs qu’il en recevait. La vivacité de ses récits lui faisait presque pardonner son indigne effronterie ; et, aujourd’hui encore, si on lit ses livres avec défiance, on ne peut les lire sans intérêt, remplis qu’ils sont de curieux détails sur le xvie siècle. Il en perdit au sac de Rome (1527) une partie qui n’était pas encore imprimée et qu’il ne voulut point refaire. Son Histoire se présenta ainsi mutilée à ses contemporains. Les principaux ouvrages de Paul Jove, tous remarquables par la pureté et l’élégance de la latinité, sont : De romanis piscibus libellus (Rome, 1524, in - fol.) ; Turcicarum rerum commentarius (1538, in-8«) ; Elogia virorum illustrium (Venise, 1546, in-fol.) ; Elogia doctorum virorum (Venise, 1546, in-8°) ; Elogia virorum bellica virtute illustrium (Florence, 1B54) ; Historiarum sui temporis, ab anno 1494 adannum 1547,

JOVI

libriXLV(Florence, 1550-1552,2 vol. in-fol.), ouvrage souvent réédité et traduit en français par Denys Sauvage (Lyon, 1552, in-fol.). Citons encore un recueil de lettres adressées par Paul Jove à divers grands personnages : Lettere volgari (Venise, 1560) ; Ragionamento de Paolo Giovio sopra i motti e disegni d’arme e d’amore (Venise, 1560), etc.

JOVE Y HEVIA (Placido), diplomate et économiste espagnol, né à Villa viciosa de Oviedo en 1823. Il étudia le droit à Madrid, où il débuta dans la littérature par des satires qu’il lut à l’Athénée. Les travaux auxquels il se livra ensuite sur l’économie politique lui valurent le titre de membre de la Société madrilène d’économie politique, ainsi que la direction en chef du journal de cette société. Il exerçait en même temps avec succès la profession d’avocat. Nommé en 1843 consul d’Espagne en Grèce, il a rempli depuis les mêmes fonctions à Napies, à Malte, à Perpignan, et, enfin, auprès des villes hanséatiques. Nous citerons parmi ses écrits : Études sur le duel : Études sur la société, les mœurs et l’état de la Grèce moderne ; Recherches sur ta domination de l’Espagne à Malte de 1283 à 1530 ; Système commercial de ta Grèce ; Guide des consulats d’.Espagne ; une série d’articles contre la Loi d’extradition, insérés dans la Gazette des tribunaux ; un Bat masqué, poëme (1848), etc.

JOVELLANE s. f. Co vèl-la-ne — de Jovellano, stiv.espagn.). Bot. Genre de plantes, de la famille des personnées ou des verbascées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent au Chili.

JOVELLANOS ou mieux JOVE-LLANOS (don Gaspard-Melchior se), homme d’État et poète espagnol, né à Gijon (Asturies) en 1744, mort en 1811. Il étudia le droit, devint assesseur au tribunal criminel de Séville, se fit connaître par des essais poétiques et par des compositions dramatiques qui le placèrent au premier rang des postes de son temps et devint, tout jeune encore, membre de l’Académie de Madrid. En 1778, il fut nommé assesseur de la haute cour criminelle de Madrid et, en 1780, membre du conseil de l’ordre de Calatrava. Après la mort de Charles III, dont il s’était attiré la faveur, il partagea la disgrâce de Cabarrus (1790), fut éloigné de la cour et envoyé dans les Asturies pour y surveiller l’exploitation des mines de charbon. En 1794, il devint membre du conseil de Castille et reçut trois ans plus tard le portefeuille de grâce et de justice ; mais, au bout de huit mois, il tomba de nouveau en disgrâce, et, en butte à la haine jalouse de Godoï, il se vit exilé à Gijon (1798), puis jeté dans la prison d’État de Belver. Rendu a la liberté en 1808 après l’entrée des Français en Espagne, Jovellanos ne tarda pas-à être élu membre de la junte suprême, qui organisa la lutte contre les Français, et il prit une part active à ses travaux. Joseph, devenu roi d’Espagne, n’offrit pas moins à Jovellanos de devenir son ministre de l’intérieur ; mais celui-ci refusa. Bien qu’il eût constamment fait preuve d’un grand patriotisme, Jovellanos fut accusé plus tard d’avoir eu des intelligences avec les Français, et l’ingratitude fut la seule récompense de son dévouement à la cause commune. Il mourut

d’une hydropisie de poitrine. < Le caractère de Jovellanos, dit Bocous, était doux, affable, bienfaisant ; sa conversation était des plus intéressantes, et il l’animait souvent par des saillies piquantes. > Il était très-versé dans la jurisprudence, l’économie politique, l’histoire, 1 antiquité, les langues savantes, la littérature ancienne et. moderne, et il est justement regardé comme un des meilleurs écrivains de 1 Espagne. Poôte charmant, il fût à la fois un savant profond, et personne mieux que lui n’a mieux connu et expliqué les causes de la décadence de l’Espagne. C’était un homme de bonne foi, attaché aux institutions de son pays, mais convaincu de la nécessité de les réformer et d’adopter un système de monarchie tempéré par de larges libertés publiques. Ses principaux ouvrages sont : l’Honnête criminel (El Delincuehde honrado), comédie qui fut jouée avec beaucoup de succès ; Pelage, tragédie, représentée à Madrid en 1790 ; Ôcios juvéniles (1780), recueil de poésies lyriques ; Mémoire sur l’établissement des monts-de-piété (Madrid, 1784) ; Réflexions sur la législation espagnole (1785) ; Lettre adressée à Campomanès sur le projet d’un trésor public (n&6) ; Rapport sur la loi agraire (1793) ; Memorias politicas (Madrid, 1811), traduit en français sous le titre de Mémoires politiques accompagnés de notes, etc. (Paris, 1825), ouvrage qui fut saisi en Espagne et qui jette un grand jour sur la partie civile et politique de la révolution de ce pays. Eymard a traduit en français son Honnête criminel (1777). Enfin, ses Œuvres comptâtes ont été publiées à Madrid (1832, 8 vol. in-8o).

JOVIAL, ALE adj. Co-vi-al, a-le. — On a rapporté ce mot au latin jovialis, qui appartient à Jupiter, de Jovis, génitif de Jupiter. Ce serait un terme dérivé de l’astrologie, où Jupiter était considéré comme cause de joie et de bonheur, tandis que Saturne causait 1 humeur sombre et la tristesse. Cependant Scheler préfère voir dans jovial une dérivation de l’italien giovare, aider, secourir, du latin juvare, même sens. Gaudium, qui conviendrait si bien pour le sens, semble un peu éloigné par la forme ; mais joie en est dérivé et pour-