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roi Louis le Jeune. Il mourut presque aussitôt après son arrivée à Acre, empoisonné, dit-on, par la femme de Louis le Jeune, la reine Éléonore.

JOURDAIN (Claude), érudit français, connu sous le nom de dom Maur, né à Poligny en 1696, mort en 1782. Il devint visiteur de l’ordre des bénédictins et prieur de Saint-Martin d’Autun, dont il fit reconstruire l’église d’après ses propres plans. C’était un homme très-érudit, qui eut des relations avec les savants les plus distingués de son temps. Ses principaux ouvrages sont : Mémoires sur les voies romaines dans le pays des Séquanois (1756), couronné par l’Académie de Besançon ; Éclaircissements de plusieurs points de l’histoire ancienne de France et de Bourgogne, ou Lettres critiques à M. M. (Paris, 1774, in-8°).

JOURDAIN (Anselme-Louis-Bernard Bbbchiixet-), célèbre chirurgien-dentiste, né à Paris en 1734, mort en 1816. Il a laissé des ouvrages pleins d’observations neuves sur l’art du dentiste et les affections de la bouche. Nous citerons : Éléments d’odontalgie (1756, in-12) ; Essai sur la formation des dents, comparée avec celle des os (1766, in-12) ; Traité des maladies et des opérations chirurgicales de la bouche (1778, ! vol. in-8<>). Ami de Fréron, il fut un des collaborateurs de l’Année littéraire.

JOURDAIN (Amable-Louis-Marie-Michel Bréchillist-), orientaliste, fils du précédent, né à Paris en 1788, mort en 1818. Il étudia avec distinction sous Sylvestre de Sacy et Langlès, et devint secrétaire adjoint à l’Ecole des langues orientales vivantes, place créée exprès pour lui. On lui doit les ouvrages suivants : la Perse, ou Tableau du gouvernement, de la religion et de la littérature de cet empire (1814, 5 vol. in-18) ; Recherches critiques sur l’âge et l’origine des anciennes traductions latines d’Aristote, mémoire couronné par l’Académie des inscriptions (1819 et 1843, in-8°) -, de nombreux articles dans les Moines de l’Orient, les Anna les des voyages, etc.

JOURDAIN (Charles-Marie-Gabriel Bkkchillbt-), philosophe et littérateur français, fils du précédent, né à Paris en 1817. Après avoir fait son droit, il prit le grade de docteur es lettres en 1838, se fit recevoir agrégé des classes de philosophie en 1840, puis entra dans l’enseignement, tut chargé de conférences au collège Henri IV, devint professeur de philosophie à Reims (i 841), au collège Stanislas U842) et au collège Bourbon (1847). En 1849, il entra comme chef de cabinet au ministère de l’instruction publique et des cultes, devint ensuite chef du secrétariat (1850) et reçut deux ans plus tard l’emploi de chef de la division de comptabilité. L’Académie des inscriptions et belles-lettres l’a reçu, en 1863, au nombre de ses membres, en remplacement de Berger de Xivrey. M. Jourdain, qui a pris une part active à la fameuse loi sur l’enseignement du 15 mars 1850, loi proposée par M. de Falloux. et qui a donné au clergé la haute main sur l’enseignement, M. Jourdain s’est attaché, dans la plupart de ses écrits, a allier la philosophie et la-religion, alliance hybride que répudie la saine logique. Nous

hybride que répudie la saine logique, citerons parmi ses ouvrages : Dissertation sur l’état de la philosophie naturelle en Occident, et principalement en France, pendant la première moitié du xn« siècle (1838, in-8°), thèse de doctorat, ainsi que Doctrina Johannis Gersonii de theologia mystica (1838, in-8«) ; Questions de philosophie (Paris, 1847), pour l’examen du baccalauréat, manuel réédité sous le titre de Questions de logique (1852) ; le Budget de l’instruction publique et des établissements scientifiques et littéraires (l&yt, in-8°) ; la Philosophie de saint Thomas d’Aquin (Paris, 1858, 2 vol. in-8°), travail couronné par l’Académie des sciences morales ; le Budget des cultes en France depuis le Concordat (1859, in-8°) ; Sextus Èmpiricus et la philosophie scolastique (1858, in-8°) ; Histoire de ïUniversité de Paris au xvus et au xvitie siècle (1862-1864, in-fol.) ; l’Université de Toulouse au xvil* siieie, documents inédits (1863, in-8°). M. Jourdain a donné de nombreux articles au Dictionnaire des sciences philosophiques, à la Revue de l’instruction publique, à la Bévue contemporaine, etc. En fin il a édité plusieurs ouvrages, notamment les Œuvres philosophiques d’Antoine Arnauld (1845) ; les Œuvres philosophiques de Nicole (1845) j la Logique de Port-Royal (1854), le tome II des Œuvres d’Abailard (185$), etc.


JOURDAIN (Pierre-Jacques-André), philanthrope et chansonnier français, né à Kzy (Eure) en 1814. Il ne reçut qu’une éducation tout élémentaire, mais compléta son instruction à force de travail et de persévérance. Après avoir acquis une modeste aisance dans le commerce, ■ il songea à. réaliser au profit de ses compatriotes les idées philanthropiques dont il avait le cœur rempli, et parvint à créer, le 1er avril 1849, sous le nom de la Prévoyance, et à travers mille obstacles, une société de secours mutuels qui est une des plus florissantes de la province. Homme de bien dans toute l’acception du mot, i ! ne cesse de fournir des matériaux à l’édifice de la fraternité. La confiance et la reconnaissance de ses concitoyens lui ont fait conférer les fonctions de maire, successivement remplies déjà par son aïeul et par son père. Il est de ceux qui font honneur à la démocratie. Il a été

JOUR

nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1809 et officier d’académie en 1872.

Poète à ses heures, M. Jourdain a composé des fables, des pièces de vers et des chansons qui respirent le plus vif amour de l’humanité, où se révèlent les plus purs, les plus généreux sentiments républicains. Nous citerons de lui : les Républicaines de la veille (1848), petit recueil de chansons ; le Chansonnier Morainville (1861), étude biographique et littéraire ; Moyens pratiques de propager la mutualité dans les campagnes (1869), etc. M. Jourdain a donné l’article peigne h Y Encyclopédie moderne de Didot et publié des poésies dans divers recueils et journaux.


JOURDAIN (Th.-Étienne-Séraphin Pélican, dit Éliacim), littérateur français, né à Angerville-la-Campagne (Eure) en 1817, mort a Dieppe en 1865. Il reçut une instruction tout élémentaire et acheva lui-même son éducation ; il adopta un pseudonyme, à la fois poétique comme le prénom Eliacim et terre à terre comme le nom Jourdain. C’était, en eiTet, un bizarre mélange d’apôtre, de naïf et de grimacier, ce que l’on pourrait appeler un excentrique, que cet écrivain dont la célébrité toute locale est venue un instant jusqu’à Paris, portée par des voix, amies. Il avait été employé à la préfecture de l’Eure ; plus tard, il était entré à la mairie de Dieppe ; et pendant que l’abracadabrant Eliacim Jourdain écrivait des comédies, des drames et des romans échevelés, le sage et méthodique Pélican libellait des actes de naissance, des actes de mariage et des actes de décès en bonne et due forme. Si bien que lorsqu’il mourut, à cinquante ans passés, ce bon M. Pélican se trouva avoir fait de son côté presque autant d’actes que le fécond Eliacim Jourdain en avait fait du sien. Eliacim Jourdftina, eneffet, laissé douze drames, dont cinq en vers : le Sacrilège (2,400 vers) ; Stenio, Vendetta, la Mort s amuse, Une journée de ta vie de Langlois ; quatre comédies, parmi lesquelles nous citerons le Lacet de Berthe (Dieppe et Paris,

1860, in-18), dix-huit vaudevilles, cinq ballets, autant de parodies depuis un acte jusqu’à cinq., quelquefois en vers, le plus souvent en prose. Au nombre de ces compositions figure la Comédie normande, histoire terrible et merveilleuse de Robert le Diable ■ énorme synthèse historique, , sous la forme d’un mystère en vingt-trois actes, prose et vers... de 668 pages compactes, deux de plus que le Faust de Goethe. » Cette vaste fresque dramatique compte plus de deux cents personnages ; mais le livre imprimé, on le jugea immoral, on le saisit, l’édition entière fut mise au pilon, et adieu le chef-d’œuvre de 668 pages, deux de plus, etc. On doit encore à Eliacim Jourdain de nombreux articles, des études, des biographies, des romans, des nouvelles, des poésies répandues dans les journaux de Dieppe ; Edmée, roman (Paris,

1861, in-18), qui ne manque pas de sensibilité. C’est une de ces histoires d’amour où les deux soupirants, dignes l’un de l’autre, mais séparés par des distances sociales presque insur- ’ montables, triomphent enfin de tous les obstacles et sont rapprochés par le mérite, par le dévouement, ainsi que par des revers passagers de fortune.

Les compatriotes d’Eliacim Jourdain ne lui ont pas ménagé les éloges. Le brave poète ne manquait pas de se faire l’écho des voix oui l’encensaient ; il reproduisait exactement dans ses publications tout le bien qu’on écrivait et qu’assurément il pensait de lui. Voici le début d’une notice introduite par lui-même dans le Lacet de Berthe ; on aura, après l’avoir lu, une idée suffisante de ce singulier littérateur : « Il y a du Goethe, du iShakspeare, du marquis de Bièvre et du Titan dans Eliacim Jourdain. Eliacim Jourdain est le Titan de Dieppe, en attendant qu’il le soit de Paris, en attendant qu’il le soit des quatre inondes. Ce n’est pas moi qui essayerai de le foudroyer. J’aime tous les génies dont la hardiesse vole à l’impossible et monte à la folie comme l’aigle à la grande voûte. J’aime à regarder les Promèthées, avant, pendant et après le Caucase. Eliacim Jourdain est semblable à un de ces mythiques personnages qui avaient l’audace de prendre dans la main le feu du ciel... C’est surtout à William Shakspeare que je comparerai souvent Eliacim Jourdain. Comme le poète anglais, le poète normand aime les fontaines ailées... Comme le Cygne de l’A von, le Cygne dieppois, etc. ■ Suivent cinq pages de ce ton et de ce style. Et quand on Bonge qu’aucune scène parisienne n’a voulu s’ouvrir devant le « Titan de Dieppe « et que ses contemporains ont refusé la gloire à ce poète incompris... et, ajoutent les mauvaises langues, incompréhensible 1 En résumé. Eliacim Jourdain avait, lui aussi, quelque chose là ; mais ce quelque chose s’est si bien noyé dans toutes sortes de prétentions démesurées, qu’il n’en est guère résulté que des productions tourmentées, excès* sives et parfois grotesques. Peut-être croyait-il sérieusement qu’il suffisait d’écrire un drame de deux pages plus long que Faust pour être plus grand que Gœthe ; qu’il suffisait de mettre en scène deux cents personnages pour surpasser Shakspeare.


JOURDAIN (monsieur), principal personnage du Bourgeois gentilhomme, comédie de Molière. M. Jourdain est resté le type du parvenu sot et ridicule, qui singe la noblesse, prend des leçons tardives de philosophie, d’escrime, de danse, de musique, affecte maladroitement les belles manières, se laisse duper par les parasites et les flatteurs, et ne réussit qu’à faire rire de lui :

« Mme Duvernois, comme tant d’honnêtes bourgeoises enrichies dans la toile ou dans la cannelle, affectait des goûts singulièrement
aristocratiques que la nature lui avait refusés, et un enthousiasme étrange pour la poésie, la musique et la peinture, auxquelles la pauvre femme n’entendait rien. Elle en avait la vanité et n’en retirait que le ridicule.

C’était une espèce de M. Jourdain en jupons, qui voulait faire oublier que son père avait vendu du drap sous les piliers des halles. »
                       R. de Beauvoir.

« Le Dictionnaire historique de l’Académie apprend beaucoup d’autres choses qui auraient fait grand plaisir à ce bon M. Jourdain, si désireux de s’instruire dans les finesses de la langue française ; mais nous
devons être tous comme M. Jourdain, et d’ailleurs la science des étymologies est des plus séduisantes, quoique douteuse, et, peut-être
à cause de cela, elle exerce l’esprit comme
les rébus. »
                     Hippolyte Lucas.

« M. Jourdain est depuis longtemps dépassé. Nous sommes aujourd’hui bien plus gentilshommes que cela, et nos bourgeois ne prennent plus de leçons de philosophie ; ils en donneraient au besoin ; ils n’apprennent plus les belles manières : ce sont eux qui les font ; et Dieu sait s’ils ont sur cet article le fanatisme et le zèle ardent des nouveaux convertis ! J’en connais qui seraient de force à donner à leurs filles des professeurs de déclamation
pour leur apprendre à éternuer noblement. »
                     Louis Combes.

Jourdain de Blaives ou Blaye chanson de geste du XIIIe siècle, faisant suite à celle 'Amis et Amyle. Girard de Blaives, avant d’être assassiné par le traître Promont, avait confié son fils Jourdain à Renier, seigneur de Vantamise. Fromont attire le bon gouverneur dans un piège et veut le forcer à livrer l’enfant ; Renier préfère subir tous les supplices ; sa femme, qui est venue le retrouver dans sa prison, 1 encourage h la résistance ; elle lui propose même de substituer leur propre enfant au fils de leur suzerain. Après bien des hésitations, le père y consent : la substitution a lieu, et l’enfunt est décapité de la main même de Fromont.

Cependant Jourdain, que tout le monde prend pour le fils de Renier, grandit, découvre le secret de sa naissance et fait le serment de punir le meurtrier de son père. Après une longue série d’aventures, ce jeune homme accomplit sa vengeance, tue Fromont et rentre en possession de son héritage paternel. Cette chanson de geste a quatre mille deux cents vers environ. L’auteur en est inconnu. Il en existe un seul manuscrit authentique h la Bibliothèque nationale.


JOURDAN (Jean-Baptiste), littérateur français, né à Marseille en nu, mort en 1793. Il tint pendant un certain temps la mer avec son père, capitaine d’un vaisseau marchand, puis vint se fixer à Paris pour y suivre la carrière des lettres et y mourut dans l’indigence. Jourdan a composé quelques pièces de théâtre, dont l’une, l’École des prudes, comédie en trois actes, fut jouée avec succès en) 753. Il a publié, en outre, les Mémoires de Monville (1742) ; le Guerrier philosophe (1744) ; Histoire de Pyrrhus (1746, ï vol. in-12) ; Histoire d’Aristomène (1749) ; les Amours d’Abrocome et d’Anthia, trad, du grec de Xénophon le Jeune (1748), etc.


JOURDAN (Matthieu JOUVE), fameux révolutionnaire, dit Jourdan Coupe-têtes, né à Saint-Just, près du Puy-en-Velay en 1749, décapité à Paris le 27 mai 1794. Il fut successivement boucher, maréchal-ferrant, soldat et cabaretier. On lui a attribué la mort du gouverneur de la Bastille, dont il aurait été précédemment le palefrenier, et on le met aussi au nombre de ceux qui, après l’orgie scandaleuse des gardes du corps au milieu de la disette générale, prirent part aux journées des 5 et 6 octobre 1789 ; mais les faits qui se rapportent à sa vie ne commencent à avoir quelque certitude qu’à partir de 1791, époque où il devint le chef des volontaires de Vaucluse, qui combattaient pour la réunion du Comtat-Venaissin à la France. Jourdan se rendit redoutable aux papistes, en incendiant leurs châteaux, en ravageant leurs moissons. Dans la nuit du 16 au 17 octobre, il dirigea, à Avignon, l’horrible massacre de la Glacière, où périrent 73 citoyens, plus ou moins hostiles à la Révolution. Décrété d’arrestation avec Mainvielle, Rovère et Duprat, il dut son salut à l’amnistie du mois de mars 1792. En 1793, il reçut le commandement de la gendarmerie de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, fut, en cette qualité, l’actif agent de la commission révolutionnaire d’Orange ; mais, dénoncé pour avoir fait arrêter un représentant du peuple, il fut condamné à mort et exécuté le même jour.


JOURDAN (André-Joseph), homme politique français, né à Aubagne (Provence), mort à Marseille en 1831. Son langage hostile aux réformes de la Révolution, le fit emprisonner pendant l’époque de la Terreur. En 1795, le département des Bouches-du-Rhône l’envoya siéger au conseil des Cinq-Cents, où il se prononça contre les lois sur l’émigration, en faveur des prêtres insermentés, de la liberté des cultes et de la liberté de la presse. Le zèle qu’il mit à arracher au supplice les naufragés de Calais lui valut d’être compris par le Directoire sur la liste des déportés de fructidor (1797) ; mais il parvint à s’échapper, gagna l’Espagne et rentra en France après le coup d’État du 18 brumaire. Sous l’Empire, Jourdan devint préfet. En 1814, Louis XVIII le nomma conseiller d’État et lui confia l’administration générale des affaires ecclésiastiques. Il reprit, après les Cent-Jours, ce poste dont il se démit en 1816, et reçut le titre de conseiller d’État honoraire.


JOURDAN (Jean-Baptiste), maréchal de France, né à Limoges en 1762, mort en 1833. Il fit la campagne de l’indépendance américaine comme simple soldat, entreprit, à la paix, le commerce de la mercerie dans sa ville natale, et partit aux frontières, en 1792, à la tête du 2e bataillon des volontaires de la Haute-Vienne. Il se distingua aux batailles de Jemmapes, de Nerwinde, de Famars, devint général de division en juillet 1793, fut renversé par un boulet à Hondschoote, où il commandait le centre, succéda à Houchard dans le commandement des armées du Nord et des Ardennes (22 septembre), battit le prince de Cobourg à Wattignies (16 octobre), et l’obligea ainsi à lever le blocus de Maubeuge. Mis à la retraite pour avoir refusé de continuer l’offensive pendant l’hiver, on raconte qu’il alla modestement reprendre le commerce de la mercerie à Limoges, se contentant, pour toute protestation contre l’injustice de l’acte qui le frappait, de suspendre au fond de sa boutique son épée et son uniforme de général en chef. Dès le mois d’avril 1794, il était rappelé, et mis à la tête de l’armée de la Moselle, devenue peu après armée de Sambre-et-Meuse. Le 25 juin, Jourdan prit Charleroi, et, le lendemain, il remporta sur les coalisés la mémorable bataille de Fleurus, qui eut pour conséquence la reprise des places de Landrecies, du Quesnoy, de Valenciennes et de Condé, enfin la délivrance de toutes nos frontières du Nord. Poussant l’ennemi l’épée dans les reins, le général victorieux passe la Meuse, bat complètement Clerfayt à Aldenhoven (2 octobre), entre dans Cologne, Coblentz et Maastricht (4 novembre). Après s’être emparé de l’importante place de Luxembourg, il franchit le Rhin le 7 septembre 1795, prit Dusseldorf, et s’avançait en Allemagne, lorsque la chute de Manheim, tombée au pouvoir de Clerfayt par la trahison de Pichegru, l’obligea à la retraite. Dans la campagne de 1796, il déploya de grands talents militaires, mais fut constamment malheureux. Élu membre du conseil des Cinq-Cents, l’année suivante, il proposa et fit adopter la conscription militaire (1798). Il prit ensuite le commandement de l’armée du Danube, composée de moins de 40,000 hommes, et opposée à celle du prince Charles, qui en comptait 70,000. Dans le commencement de la campagne, il se rendit maître de la Souabe, remporta, le 25 mars 1799, la sanglante victoire de Stockach, mais ne put garder le champ de bataille plus d’un jour, et dut encore rétrograder sur le Rhin, en face des masses autrichiennes. Rentré au conseil des Cinq-Cents, il trouva la France partout menacée au dehors, et, au dedans, travaillée par une faction liberticide. Il fit la motion de déclarer la Patrie en danger comme en 1792. Cette proposition fut ajournée (13 septembre 1799), et, quelque temps après, s’accomplissait le coup d’État du 18 brumaire. Jourdan se montra, dans cette circonstance, l’adversaire très-décidé de Bonaparte. Aussi fut-il exclus du Corps législatif. Son hostilité n’avait pourtant rien de systématique. En juillet 1800, il consentit à accepter le gouvernement du Piémont. L’empereur le comprit dans la création des maréchaux en 1804 ; mais, lors de la distribution des titres, il ne voulut point lui conférer celui de duc de Fleurus, et il répondit à Lannes, qui en faisait la demande pour son compagnon d’armes : « Il aurait un titre plus beau que le mien ; car, moi, je n’ai point gagné de bataille ayant sauvé la France. » Jourdan commanda quelque temps l’armée d’Italie (1804-1805), devint major général du roi Joseph à Naples et en Espagne, vit ses conseils dédaignés pendant les désastreuses guerres de ce dernier pays, rentra en France en 1813, adhéra, en qualité de sénateur, à la déchéance de Napoléon, (1814), fut confirmé par Louis XVIII dans le commandement de la 15e division militaire qu’il occupait à la première Restauration, reçut le commandement de Besançon pendant les Cent-Jours, le titre de comte et le gouvernement de la 7e division militaire en 1816, un siège à la Chambre des pairs en 1819. La révolution de Juillet 1830 le fit ministre des affaires étrangères ; mais, dès le 11 août, il échangeait son portefeuille contre la place de gouverneur des Invalides, qu’il a occupée jusqu’à sa mort. Napoléon, dans le Mémorial de