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et médecins chejs les indigènes de la Floride.

JOBAIYNET (François Vatar), statisticien et archéologue français, né à Rennes en 1765, mort à Bordeaux en 1845. Il fit ses études de droit, puis suivit la carrière de l’enseignement, devint professeur à Périgueux

at fut, par la suite, conservateur de la bibliothèque de Bordeaux. Ses principaux ouvrages sont : Statistique dit département de la Gironde (1837-1844, 3 vol. in-4o) ; Voyage de deux Anglais dans le Pêrigord (Périgueux, 182G) ; Second voyage de deux Anglais dans le Pêrigord (Périgueux, 1827) ; Noie géologique sur divers gisements de fossiles de la famille des rudistes, situés dans le département de la Dordogne (Périgueux, 1827).

JOUANNÉTIE s. f. Cou-a-né-sl — ieJouannet, naturel, fr.). Moll. Genre de mollusques perforants, formé aux dépens des pholades.

JOUANN1N (Joseph - Marie), orientaliste français, né à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) en 1783, mort à Paris en 1844. Pendant un long séjour qu’il fit en Orient, il étudia les lanfues, les mœurs et l’histoire des nations qui abitent cette partie du monde, et, de retour en France, il fut nommé premier interprète du roi pour les langues orientales, professeur et directeur du collège Louis-le-Grand à Paris. Outre des notices insérées dans le Bulletin de la Société dé géographie, dont il était membre, on lui doit : ta Turguie, publiée dans V Univers pittoresque ; la traduction de Deux odes mystiques composées par Séid-Almed-Hatii d’Jspahan (Paris, 1828), et il a collaboré au Complément du Dictionnaire de l’Académie.

JOUARRE, bourg et commune de France (Seine-et-Marne), canton de la Ferté-sous-Jouarre, arrond. et à 22 kilom. E. de Meaux, sur une hauteur dont le Petit-Morin baigne le pied ; pop. aggl., 1,560 hab. — pop. lot., 2, C2l hab. Extraction de roches meulières ; usine pour l’effilochage des laines ; papeterie. Commerce de grains et de bestiaux.

Suivant les étymologistes, le nom de Jouarre est tiré des deux mots latins : Jovis ara, autel de Jupiter, ce qui tendrait à faire supposer l’existence a cet endroit d’un temple romain. Au premier abord, cette éiymologie paraît juste ; malheureusement, les plus anciennes chartes désignent le lieu sous le nom de Jotrum, ou de Joranus Salins ; une charte de 1219 l’appelle /orra ; une autre, de 1260, Juerre, d’où il suit que le mot se serait rapproché de la racine indiquée en traversant les âges, au lieu de s’en éloigner.

Ii ne reste plus aujourd’hui que des ruines du célèbre monastère de Jouarre. C’est dans l’ancien cimetière que se voient les débris les plus intéressants.

Au centre d’un enclos gazonneux s’élève une croix du xni* siècle admirablement conservée. I.efût, d’une seule pierre, se termine par un chapiteau ; la tête et les bras sont ornés à leurs extrémités de fleurons ; de chaque côté est une effigie entourée du même encadrement. On rencontre non loin de là les restes de la crypte de Saint-Paul ; sous les voûtes antiques d’une chapelle, qui jadis servait a l’abbaye de caveau funéraire, se trouvent plusieurs vieux tombeaux mérovingiens rangés dans un ordre méthodique. Ces tombeaux, vides aujourd’hui, contenaient jadis les corps d’Aghilbert, un des fondateurs de Jouarre, de Théodehtlde et de plusieurs autres abbesses. Les voûtes de la crypte sont soutenues par des colonnes romanes, terminées par des chapiteaux sculptés d’une façon très-bizarre et reproduisant des sujets emblématiques. À gauche, on aperçoit la statue

de sainte Ozanne, que la dévotion des paysans s’obstine a appeler la statue de la reine d’Écosse ; à droite, plusieurs statues de saints, en pierre, entourent un Christ au tombeau. De l’église de l’abbaye il ne reste plus absolument que des ruines ; a peine si la tour massive qui la dominait a conservé sa forme de vieux donjon ; les débris encombrent l’emplacement de la nef. Le portail, construit sous Louis XIII, apparaît couvert de mousses et do lichens.

JOUASSAIN (Julie-Clémentine-Catherine), comédienne française, née à Saint-Léonard (Haute-Vienne) en 1829. Elle entra à dix-huit ans au Conservatoire, dans la classe dirigée par M. Samson, obtint, en 1850, le deuxième

Frix de comédie, et après un court passage à Odéon, elle débuta à la Comédie-Française, le 10 janvier 1852, par le rôle de Zaïre, dans Bajazet. Reçue comme pensionnaire l’année suivante, elle est devenue sociétaire de ce théâtre en 1S62. Mlle Jouassain s’est vouée aux rôles ingrats des duègnes, qu’elle remplit avec autant d’intelligence que d’autorité. Elle a joué avec un talent remarqué les rôles suivants de l’ancien répertoire : Philaminte, des Femmes savantes ; MmB Argante, de l’Épreuve nouvelle ; Marceline, du Mariage de Figaro ; M">e Pernelle, de Tartufe ; la marquise, d’Adrienne Lecouureur, etc. Cette comédienne a aidé pliis d’une fols au succès des ouvrages modernes par son talent correct, qui rappelle l’allure et la diction de ses célèbres devancières. Nous citerons, entre autres, les créations suivantes : Mme Desperriers, dans lo Coeur et ta dot, comédie de Malefille ; la marquise, de Par droit de conquête, de Legouvé. Elle rend à merveille les

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tenaces préjugés de la vieille aristocrate. M"<* Jouassain, jeune encore pour son emploi, n’a pas dit son dernier mot.

JOUBARBE s. f. Cou-bar-be. — On tire généralement ce mot du latin Jovis barba, batbe de Jupiter. Cependant, il est possible que le nom de cette plante se rapporte à un mot de la langue gauloise, ioumbaroum, qui désignait le leimânion dans Dioscoride. D’ailleurs, ainsi que le remarque M. Littré, il n’y a guère de rapport entre la barbe de Jupiter et ta. joubarbe). Bot. Genre de plantes, de la famille des crassulacées : On cultive dans les jardins quelques espèces de jocbarbks. (P. Duchartre.) il Joubarbe brûlante, Nom vulgaire de l’orpin acre. Il Joubarbe des vignes, Petite joubarbe, Noms vulgaires de l’orpin ou sédon.

— s. f. pi. Syn. de crassulacées ou skm-

PBRVIVÉëS.

— Encycl. Les joubarbes sont des plantes

frasses ou charnues dans toutes leurs parties erbacées ; leurs feuilles radicales sont groupées en rosettes ; les fleurs, blanches, jaunes ou purpurines, sont disposées en cymes ou en corymbes terminaux. Ce genre comprend une quarantaine d’espèces, qui croissent dans l’Europe centrale et méridionale, et, pour le plus grand nombre, aux Iles Canaries. La plus connue est la joubarbe des toits ou grande joubarbe, vulgairement nommée artichaut sauvage. Ses feuilles charnues, ciliées sur les bords, sont réunies en grandes et belles rosettes, du centre desquelles s’élèvent des tiges qui atteignent la hauteur de 3 à 4 décimètres, et se terminent par un élégant corymbe de fleurs purpurines. Cette plante est assez commune en France ; elle croit sur les rochers et les vieux murs, et on la propage souvent sur les toits de chaume, dans un ont, non pas seulement d’agrément, mais d’utilité. En effet, par ses racines et ses stolons, elle maintient la terre que l’on place sur le sommet de ces toits pour les consolider, et l’empêche d’être entraînée par les eaux pluviales. Cette joubarbe se multiplie très-facilement par ses rosettes de feuilles ; il suffit de les planter dans de la terre un peu humide ; dès qu’elle a bien repris, elle se propage ainsi d’elle-même, et finit par couvrir de larges espaces. Il est à remarquer qu’elle fleurit d’autant mieux qu’elle se trouve dans un terrain plus sec et plus aride ; aussi la recherche-t-on dans les parcs et les jardins paysagers, pour orner les rocailles, les murs, les toits, etc.

La joubarbe a une saveur acre ; elle est réputée astringente et rafraîchissante ; ses feuilles, mondées de leur peau, passent pour un remède souverain contre les cors aux pieds, les durillons et les hémorroïdes. Macérées dans l’eau, elles sont employées dans les fièvres ardentes et les inflammations qui menacent de la gangrène. On les a préconisées aussi contre la goutte, les douleurs de tête, le délire, etc. On en fait encore, avec du beurre ou de l’huile d’olive, une sorte de pommade pour guérir les brûlures : mais ses propriétés, sous ce rapport, sont bien inférieures à celles de 1 éther sulfurique, qui fait cesser la douleur et cicatrise les plaies. La poudre de ces feuilles séchées passe pour antiulcéreuse. • Le suc de cette plante mis à évaporer, dit V. de Bomare, exhale une odeur urineuse ; ce suc est rafraîchissant et astringent ; on en mêle dans les bouillons d’écrevisses ou de tortues qu’on fait prendre aux fiévreux étiques. Dans quelques contrées d’Afrique, on guérit la dyssenterie en faisant avaler au malade 10 onces du suc de cette plante. Tournefort assure que rien n’est meilleur pour les chevaux fourbus que de leur faire boire une chopine de suc de joubarbe. » Dans certains pays arriérés, cette plante est encore l’objet d’une sorte de superstition ; les habitants des campagnes lui attribuent la propriété de prévenir l’effet des enchantements ou des maléfices des sorciers.

JOUBELINEN s. m. Cou-be-li-nain). Sorte de mantelei à capuchon que portent les Bretonnes : Les femmes riches ou pauvres ont des tnantelets à capuchon, nommés en breton jou-

BELtNIiN. (F. Hugo.)

JOUBERT (Laurent), célèbre médecin français, né à Valence (Dauphiné) en 1529, mort a Lombers (Languedoc) en 1583. Il étudia successivement la médecine à Montpellier, à Paris, à Turin, h Padoue, à Ferrare, et revint k Montpellier, où il fut reçu docteur en 1558. D’abord suppléant de Du Chastel, il le remplaça, en 1567, comme professeur d’anatomie. Nommé successivement chancelier de l’Université (1573), médecin de Henri III et du roi de Navarre, il se fit une clientèle immense et mourut, en 1583, de mort subite, en se rendant de Montpellier à Toulouse, joubert, dans son enseignement comme dans ses écrits, chercha à ébranler la doctrine de Gulien et à combattre une foule de préjugés qui avaient cours de son temps.

Ce célèbre médecin attaqua avec une grande hardiesse, dans ses Paradoxes, différents points importants du système de Galien. Il émit de nouvelles idées sur la force médicatrice, en la soustrayant à la volonté de l’âme et l’attribuant aux lois de la nature et aux.suiiesde la réaction. Il osa le premier s’élever contre l’horreur du vide et le bannir de la physiologie et de la physique. Il soutint que les médicaments agissent en produisant une impression désagréable sur l’estomac,

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qui réagit d’après une véritable antipathie. Au lieu d’attribuer les convulsions à la ré* plétion ou à la vacuité, il les considéra comme un résultat de l’irritation, et fut ainsi le premier qui donna quelque consistance ù. cette idée de l’irritation que quelques-uns des auteurs précédents avaient émise. Joubert avança que la putréfaction ne saurait exister dans le corps vivant. Il attribua la putriditè dans les fièvres à une effervescence ; il se renferma dans un scepticisme étonnant pour l’époque où il vivait, sur la nature do la fièvre putride ; mais il substitua la bile h la putriditè, en attribuant à cette humeur la production de presque toutes les maladies fébriles. En refusant d’admettre que le pus fût un effet de la putréfaction, Joubert rendit un grand service a la science.

Ses principaux ouvrages sont : Traité du ris (Paris, 1558) ; Histoire entière des poissons (Lyon, 1558, 2 vol. in-fol.) ; Paradoxorum demonstrationum medicinalium decas (Lyon, 1561) ; De peste (Lyon, 1567) ; Traicté des arebusades (1570), sur les blessures faites par des armes à feu ; Médicinal practicte tibri tres{lb !2) ; Isagoge therapeutices metkodi ; De affectibus pilorum et cufts(1577) ; Erreurs populaires au fait de la médecine et régime de santé (1578), ouvrage souvent réédité ; Seconde partie des erreurs populaires (1579) ; Question des huiles (1578) ; Pharmacopée (1579) ; la Grande chirurgie de Guy de Chauliac, restituée par Joubert (1598) ; Traité des eaux (1593), etc.

JOUBERT (le Père Joseph), lexicographe et jésuite français, mort à Lyon en 1719. Il professa longtemps les humanités au collège de la Trinité. Indépendamment de quelques panégyriques, il a composé un Dictionnaire français-latin des auteurs originaux et classiques (Lyon, 1709, in-4o), qui a été longtemps fort estimé et qui atteste de laborieuses recherches.

JOUBERT (François !, écrivain religieux français, né à Montpellier en 1689, mort à Paris en 1763. Il se démit de la charge de syndic des états du Languedoc pour entrer dans les ordres (1728), et fut pendant quelque temps emprisonné à la Bastille (1730), à cause de son attachement au jansénisme. Joubert a publié un assez grand nombre d’ouvrages, dont les principaux sont : De la connaissance des temps par rapport à ta religion (in-12) ; Explication de l histoire de Joseph (1728) ; Traité du caractère essentiel à tous les . prophètes (in-12) ; Lettres sur l’interprétation des Écritures (17*4) ; Explication des principales prophéties de Jérémie, d’Eséchiel et de Daniel (Avignon, 1749, 5 vol.) ; Dissertations sur les effets physiques des convulsions (in-12).

— Son frère, Jean-Baptiste Joubert de Beaupré, né à Montpellier en 1701, mort en 1791, a collaboré à divers ouvrages, notamment à celui qui a pour titre : Propre des saints de l’église cathédrale et du diocèse de Montpellier.

JOUBERT (Philippe-Laurent de), baron de Sommières et de Montredon, antiquaire et naturaliste français, neveu du précédent, mort à Paris en 1792. Il fut président de la chambre des comptes de Montpellier, puis trésorier des états du Languedoc (1777). Laurent de Joubert donna des encouragements et des secours à plusieurs artistes, fit notamment étudier à ses frais le peintre Fabre à Rome, chargea Wicar de dessiner les chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture contenus dans le palais Pitti, et commença à faire paraître ces dessins gravés, sous le titre de ; Galerie de Florence (1787). Cotte magnifique publication fut terminée par ses héritiers en 1813. Il a composé quelques mémoires sur des sujets d’histoire naturelle, qui ont paru dans le Recueil de l’Académie des sciences de Paris, dont il était membre correspondant.

JOUBERT (Arnaud), magistrat français, frère du précédent, né à Montignac (Dordogne) en 1768, mort en 1854. Il entra dans la magistrature et fut successivement avocat général (1813), puis conseiller a la cour de cassation (1832). On a de lui : Notice historique sur Jos. Joîibert, ancien inspecteur général de l’Université (Paris, 1824, in-8o).


JOUBERT (Pierre-Matthieu), prélat français, né au xvme siècle. Il était curé de iSaint-Martin-sous-Angoulême, lorsqu’il fut nommé député du clergé aux états généraux de 1789. Il se fit remarquer à l’Assemblée nationale par son esprit conciliant, et ses collègues du clergé le déléguèrent auprès du tiers état pour lui annoncer qu’il se réunissait à lui. Joubert se montra fort éloquent en cette circonstance. Il fut nommé évêque d’Angoulême

par les électeurs du diocèse, et occupa le siège épiscopal de cette ville jusqu’en 1793, époque de la suppression du clergé en France. Joubert, cessant alors tout ministère sacerdotal, se sécularisa et se maria. Nous ignorons l’époque de sa mort.


JOUBERT (Joseph), moraliste français, né à Montignac (Pêrigord) en 1754, mort à Paris en 1824. Son père, qui était médecin, l’envoya faire ses études à Toulouse, où pendant quelque temps il se livra à l’enseignement chez les Pères de la doctrine chrétienne. En 1778, Joubert se rendit à Paris, où il se lia avec Laharpe, Marmontel, d’Alembert, Diderot, puis avec Fontanes, qui devint son ami intime. En 1790, il retourna dans sa ville natale, où il venait d’être élu juge de paix. Deux ans plus tard, il se démit de ces fonctions pour vivre dans la retraite, à l’écart de toute agitation politique, se rendit à Villeneuve-le-Roi, en Bourgogne, et s’y maria.

De retour à Paris, sous le Directoire, il y retrouva Fontanes, qui le mit en relation avec Chateaubriand, devint un des hôtes assidus de Mme  de Beaumont, qui réunissait dans ses salons une société d’élite, et acquit dans ce centre restreint la réputation du causeur le plus fin et le plus spirituel de son temps. En 1809, Fontanes, alors grand maître de l’Université, le nomma inspecteur général, fonctions qu’il conserva sous la Restauration. Joubert, qui, selon l’expression de Sainte-Beuve, aimait qu’il fît doux et tiède autour de lui, resta toute sa vie étranger aux passions ardentes des partis. Rien, jusqu’à la fin de sa vie, ne vint altérer la sérénité de son intelligence, l’agrément de son commerce, « et il eut le rare bonheur d’arriver au terme de son existence, dit M. Raynal, sans avoir perdu une seule des amitiés formées pendant la route. » Lorsque Joubert s’éteignit, il n’avait publié que quelques articles de journaux. Mais on trouva chez lui de nombreux manuscrits, dont Chateaubriand a publié un extrait, sous le titre de Pensées. Ce livre, de beaucoup augmenté, a été réédité par M. Raynal, sous le titre de Pensées, Essais, Maximes et Correspondance (1842 et 1849, 2 vol. in-8o). Il est plein de traits piquants et originaux. Sainte-Beuve, dans ses Portraits littéraires, n’hésite pas à mettre Joubert au rang de nos plus grands moralistes.

« On aurait, dit-il, beaucoup à tirer des chapitres de M. Joubert sur la critique et sur le style, de ses jugements sur les divers écrivains ; il y paraît neuf, hardi, vrai presque toujours. Il étonne au premier abord, il satisfait le plus souvent quand on y songe. Il a l’art de rafraîchir les préceptes usés, de les renouveler à l’usage d’une époque qui ne tient plus à la tradition qu’à demi. Par ce côté, il est un critique essentiellement moderne. Malgré tous ses regrets du passé, on distingue aussitôt en lui le cachet du temps où il vit. Il ne hait pas un certain air de recherche, et y voit plutôt un malheur qu’un défaut. 11 va même jusqu’à croire « qu’il est permis de s’écarter de la simplicité, lorsque cela est absolument nécessaire pour l’agrément, et que la simplicité seule ne serait pas belle. » S’il veut le naturel, ce n’est pas le naturel vulgaire, mais le naturel exquis. Y atteint-il toujours ? Il sent qu’il n’est pas exempt de quelque subtilité, et il s’en excuse : « Souvent on ne peut éviter de passer par le subtil pour s’élever et arriver au sublime, comme pour monter aux cieux il faut passer par les nuées. » Il s’élève souvent aux plus hautes idées, mais ce n’est jamais en suivant les grandes routes ; il a des sentiers qui échappent. Enfin, pour tout dire, il a de la singularité et de l’humeur individuelle dans ses jugements. C’est un humoriste indulgent, qui rappelle quelquefois Sterne, ou plutôt Charles Lamb. Il a une manière qui fait qu’il ne dit rien, absolument rien, comme un autre. Cela est sensible dans les lettres qu’il écrit, et ne laisse pas de fatiguer à la longue. Par tous ces coins, M. Joubert n’est pas un classique, mais un moderne »


JOUBERT (Barthélemi-Catherine), illustre général en chef des années républicaines, né à Pont-de-Vaux (Ain) en 1769, tué à la bataille de Novi le 15 août 1799. Il étudiait le droit à Dijon en 1789. Enrôlé comme sergent en 1791, il fit les premières campagnes au Rhin et d’Italie, fut nommé chef de brigade (colonel) sur le champ de bataille de Loano (1795), donna des preuves de courage à Montenotte, Mondovi et Lodi, eut une grande part au succès de la journée de Castiglione, et se conduisit en héros à Rivoli. Chargé de pénétrer dans le Tyrol à la tête de trois divisions, il parvint, par une suite de manœuvres et de combats prodigieux dans ces montagnes sauvages, à séparer les généraux Kerpen et Landon de l’archiduc Charles et a soumettre le pays. Le succès de cette campagne de géants, ainsi que l’appelle Carnot, contraignit les Autrichiens à demander la paix. Joubert fut chargé par Bonaparte de porter au Directoire les drapeaux enlevés à l’ennemi. Nommé successivement général en chef des armées de Hollande (1798), de Mayence et d’Italie, il s’empara du Piémont sans coup férir, par un coup d’audace dont les annales militaires offrent peu d’exemples. Peu de temps après arrivèrent à son quartier général des commissaires du Directoire chargés de surveiller l’emploi des fonds levés sur le pays. Cette mesure, générale pour toutes les armées, avait pour but de mettre fin aux gaspillages commis dans les états-majors. Joubert crut y voir l’indice d’un soupçon injurieux, et donna sa démission. Schérer, son successeur, éprouva des revers ; Moreau, qui vint après, eut beaucoup de peine à se maintenir dans des positions défensives contre un ennemi deux fois plus nombreux, commandé par l’intrépide Souwaroff. Joubert fut remis à la tête de l’armée d’Italie. À peine est-il arrivé qu’il se voit obligé d’accepter une bataille dans des conditions très-défavorables. Pour animer le soldat, il se précipite au milieu de la mêlée ; mais il tombe presque aussitôt, frappé d’une balle au cœur. Le Corps législatif prit le