Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fluence de la société grandissait toujours. Aux funérailles de Mirabeau, où elle assista en corps, son président marcha au même rang que le président de l’Assemblée nationale et eut la préséance sur les ministres. On sait aussi que, lorsque Dumouriez eut été appelé au ministère, il accourut au club, comme pour faire consacrer sa nomination, se coiffa du bonnet rouge, se déclara fidèle jacobin, etc.

Dans un langage passionné, la Bouche de fer, organe de Fauchet, Bonneville et autres illuminés, fort originaux d’ailleurs, constatait en la maudissant l’autorité morale de la grande association :

« La société des Jacobins fait seule les décrets, gouverne seule la cité, compose le corps électoral, dispose de toutes les récompenses, et l’Assemblée nationale n’a qu’à prononcer les décrets que cette société a arrêtés la veille. Il est affreux, exécrable et jésuitique d’oser dire comme les meneurs jacobins ; Hors de notre église, point de salut ! Patriotes, qui vous réunissez sous leurs enseignes, ne voyez-vous pas l’intolérance de vos maîtres et l’espèce d’adoration qu’ils exigent de leurs esclaves ? »

Après la mort de Mirabeau, l’influence de Robespierre avait succédé à celle des Lameth, des Duport, des Barnave, etc. Cette évolution, qui s’accomplit progressivement, était conforme d’ailleurs au mouvement de l’opinion, que la prudente et politique société suivait exactement et ne précédait jamais (ou bien rarement), comme il convient à l’espèce de pouvoir public qu’elle avait la prétention d’être et qu’elle était en effet, car sa tribune n’était guère moins retentissante que celle de l’Assemblée nationale. Toutes les grandes questions d’intérêt public y étaient discutées, élucidées avec autant de talent que de patriotisme et d’autorité. Certes, nous n’approuvons point les Jacobins dans tous leurs actes, nous déplorons surtout leur exclusivisme, leur esprit de corps, leur intolérance étroite ; mais il est impossible de méconnaître leur énergie, leur constance, leur esprit de suite, les services qu’ils ont rendus à la Révolution, non plus que la puissance et la cohésion de de leur institut.

Un des ennemis les plus violents de la France révolutionnaire, Chateaubriand, alors émigré, écrivait en 1797 dans son Essai sur les révolutions :

« On a beaucoup parlé des Jacobins, et peu de gens les ont connus. La plupart se jettent dans des déclamations et publient les crimes de cette société, sans nous apprendre le principe général qui en dirigeait les vues. Il consistait, ce principe, dans le système de perfection vers lequel le premier pas à faire était la restauration des lois de Lycurgue. Que si, par ailleurs, on considère que ce sont les Jacobins qui ont donné à la France des armées nombreuses, braves et disciplinées, que ce sont eux qui ont trouvé moyen de les payer, d’approvisionner un pays sans ressources et entouré d’ennemis ; que ce furent eux qui créèrent une marine comme par miracle et conservèrent par intrigue et argent la neutralité de quelques puissances ; que c’est sous leur règne que les grandes découvertes en histoire naturelle se sont faites et que les grands généraux se sont formés ; qu’enfin ils avaient donné de la vigueur à un corps épuisé, et organisé, pour ainsi dire, l’anarchie, il faut nécessairement convenir que ces monstres, échappés de l’enfer, en avaient tous les talents. »

En écartant cette assertion ridicule de la restauration des lois de Lycurgue, toutes réserves faites, et spécialement sur les généralisations de l’auteur, qui semble attribuer aux seuls Jacobins ce qui appartient à tous les hommes de la Révolution, ce jugement d’un ennemi est, en somme, fort remarquable. Il est certain d’ailleurs qu’on s’accoutuma de plus en plus à étendre ce nom de Jacobins à tous les hommes du régime nouveau, indistinctement. À l’étranger, comme parmi les réacteurs, jacobin devint synonyme de révolutionnaire. C’est un fait trop connu pour qu’il soit nécessaire de donner ici des exemples, et c’est le témoignage le plus caractéristique de l’importance de leur rôle.

« Ils agissent, disent les auteurs de l’Histoire parlementaire, comme un des pouvoirs de l’État ; ils surveillent, prévoient, préparent des projets d’administration ; ils se sont saisis de l’initiative, à laquelle la constitution n’avait point donné de place parmi les pouvoirs qu’elle avait constitués. Il fut heureux que cette société se trouvât : ni le ministère, ni la Législative ne pouvaient accomplir le rôle dont elle se chargea. Ainsi, toujours nous les verrons devancer les corps constitués, jusqu’au moment où ils présideront aux actes extra-constitutionnels qui brisèrent le trône et préparèrent la république ; les Jacobins sont en ce moment les vrais administrateurs de la Révolution. »

Cela doit s’entendre surtout dans le sens de la prédication, de la propagation des idées ; pour l’action, il est incontestable que les Cordeliers étaient beaucoup plus hardis, toujours en avant, toujours prêts à prendre les initiatives périlleuses. Les Jacobins étaient plus réservés, plus politiques, en un mot, moins disposés à se compromettre, ou du moins à compromettre leur société dans les aventures. En 1791, ils étaient encore royalistes, non par attachement à la royauté, mais par un respect scrupuleux pour la légalité constitutionnelle. Cependant, lors de la fuite de Varennes, ils se laissèrent aller à rédiger une pétition demandant la déchéance du roi ; mais dès le lendemain, sur la proposition de Robespierre, ils revinrent à leur prudence habituelle, se prononcèrent contre la république et envoyèrent des commissaires au Champ-de-Mars pour retirer la pétition, qui était déposée sur l’autel de la patrie. On sait que celle qui fut signée émanait des Cordeliers.

Dans la plupart des grands événements révolutionnaires, leur conduite fut la même, bien que leur personnel fût changé et que les nobles et élégants jacobins de 1789 se fussent retirés volontairement ou eussent été éliminés par des scrutins épuratoires. En juillet 1791, notamment, ils s’étaient réorganisés, épurés, en se débarrassant en grande partie de l’élément feuillant. Et d’un autre côté ils s’étaient recrutés d’hommes de passion et d’enthousiasme, journalistes, conventionnels de demain, etc.

Néanmoins, nous rappellerons un fait qui donnera une idée de la prudence de la société. Après le massacre du Champ-de-Mars, craignant les persécutions qui frappaient tous les patriotes, elle envoya à l’Assemblée une adresse très-humble, respirant l’amour du bon ordre et de la légalité, et qui avait été rédigée par Robespierre.

C’est que ce dernier communiquait déjà avec autorité sa tactique prudente, son formalisme et son esprit méthodique au grand club, tête ardente des sociétés jacobines, qui, de plus en plus, ira pensant et raisonnant sous l’impulsion d’un seul homme, régulateur suprême de mille couvents politiques répandus dans toute la France.

Au 20 juin, les Jacobins, toujours sous l’inspiration de Robespierre, se montrèrent opposés au mouvement, ne trouvèrent d’autre conseil à donner que de « se rallier autour de la constitution, » au moment précisément où la France, où la Révolution périssaient de l’usage que faisait le roi de la constitution.

Au 10 août, ils ne jouèrent non plus aucun rôle actif, au moins en tant qu’association. On sait d’ailleurs aujourd’hui que cette grande révolution fut surtout l’œuvre de la spontanéité populaire, qu’elle sortit tout armée des délibérations viriles des sections de Paris. En résumé, nous répéterons que les Jacobins, s’ils agirent individuellement, n’eurent, comme société, aucune des grandes initiatives révolutionnaires et surtout insurrectionnelles. Ils étudiaient les questions, les discutaient avec éclat, pesaient sur les hommes publics de tout le poids de leur organisation, de leur popularité et de leur autorité morale, emplissaient la France des échos de leur tribune et poussaient partout la propagande des idées. C’était là leur rôle, et ils n’en recherchaient pas d’autre.

Il est inutile d’ajouter qu’ils restèrent absolument étrangers aux massacres de septembre. Après la réunion de la Convention nationale, ils continuèrent de recevoir dans le sein de la société tout ce que la Révolution avait de personnalités éminentes, députés, écrivains, fonctionnaires, etc. De même qu’ils avaient rejeté les feuillants, de même ils éliminèrent l’élément girondin, se maintenant presque constamment dans la ligne suivie par Robespierre. Comme toute puissance, ils avaient leurs courtisans, et ils en comptèrent plus d’un parmi ces généraux qui, sous l’Empire, afficheront tant de mépris pour l’élément civil et les souvenirs de la Révolution. Combien de personnages, qui depuis ont sollicité et obtenu des titres de comte et de duc, avaient ambitionné avec autant d’ardeur le diplôme de simple jacobin !

Pour ne citer qu’un exemple, Kellermann, futur duc de Valmy, sénateur et pair de France, écrivit de Chambéry à la société pour la prier de lui décerner le titre de général des Jacobins. On passa dédaigneusement à l’ordre du jour.

Nous avons parlé des scrutins épuratoires par lesquels la société éliminait ceux de ses membres qu’elle jugeait indignes de continuer à siéger. Voici comment on y procédait : tous les membres montaient à tour de rôle à la tribune et répondaient aux questions suivantes : « Qu’étais-tu en 1789 ? — Qu’as-tu fait depuis ? — Quelle a été ta fortune jusqu’en 1789 et qu’est-elle maintenant ? » Chacun devait répondre, d’ailleurs, à toutes les questions qui lui étaient adressées. Les récusations devaient être proposées publiquement, à haute voix ; le membre inculpé y répondait séance tenante, à la tribune ; puis on votait sur l’admission ou le rejet du sociétaire. Dans ce dernier cas, l’épuré remettait sa carte et quittait la société.

On en arriva à faire un cruel abus de ces épurations, qui étaient comme un certificat d’incivisme, et qui, dans la période la plus aiguë de la Terreur, conduisaient quelquefois sur le chemin de l’échafaud : témoin l’infortuné Clootz, qui fut exclu sur un réquisitoire haineux et absurde de Robespierre, et presque aussitôt arrêté ; témoin Fabre d’Églantine et d’autres encore.

Les Jacobins, nous l’avons dit déjà, suivirent Robespierre dans toutes les fluctuations de sa politique, dans la proscription des dantonistes comme dans celle des hébertistes. Dans un passage que nous avons donné plus haut, M. Michelet les appelle un clergé révolutionnaire. On peut ajouter qu’ils devinrent en quelque sorte le clergé de Robespierre ; la grande société était sa chapelle ; il y dominait en pontife, nous allions dire presque en Dieu.

Au 9 thermidor, les Jacobins demeurèrent fidèles à la fortune de leur chef. Dès la nouvelle de son arrestation, ils se constituèrent en permanence, sous la présidence de Vivier, approuvèrent par acclamation l’attitude insurrectionnelle de la Commune, envoyèrent une députation à l’Hôtel de ville, restèrent une partie de la nuit en communication avec la municipalité insurgée, et même envoyèrent quelques-uns de leurs membres pour exciter les sections à la résistance ; mais, en somme, ils agirent peu pour leur parti. Individuellement, la plupart étaient cependant des hommes d’action ; mais, réunis en corps, ils redevenaient ce qu’ils avaient toujours été, des hommes d’État, des discoureurs, de véritables parlementaires.

Avec Robespierre finit la grande période des Jacobins ; près de 120 d’entre eux (membres de la Commune et autres) périrent sur l’échafaud. Le même jour, leur salle avait été fermée, et une députation de Jacobins épurés était venue féliciter la Convention de sa victoire. Le club put se rouvrir à la condition de se régénérer. Naturellement, les anciens expulsés y rentrèrent ; ils étaient de deux sortes : les modérés d’abord, puis les révolutionnaires que Robespierre avait fait exclure comme exagérés. Ces derniers, très-énergiques et très-actifs, y reprirent une certaine influence. Mais la réaction montait toujours ; la jeunesse dorée organisa une espèce de chasse aux Jacobins, les assaillit dans les rues, frappant même jusqu’à des femmes. Tous les jours, c’étaient de nouvelles et brutales agressions. Après de longs troubles excités à dessein, la Convention, dominée par les réacteurs thermidoriens, rendit (12 novembre 1794) un décret qui suspendait les séances de la société. Les Jacobins essayèrent de se réunir le 19 et furent de nouveau assaillis par les muscadins du Palais-Royal et par des coupe-jarrets racolés. Enfin, les comités de Salut public et de Sûreté générale rendirent un arrêté qui ordonnait la fermeture de la société des Jacobins, En vertu de cet arrêté, Legendre, l’un des plus anciens et des plus ardents jacobins, devenu thermidorien fougueux, fut chargé par ses collègues d’exécuter l’arrêté. Il se rendit, à la tête de quelques hommes, au vieux local de la rue Saint-Honoré, fit sortir ceux qui se trouvaient dans la salle et emporta les clefs dans sa poche, comme un Cromwell au petit pied.

Le club des Jacobins avait vécu.

En l’an VII, il se reforma, à la salle du Manège des Tuileries, puis dans une église de la rue du Bac, une société populaire annonçant l’intention de reprendre la tradition jacobine. On les nommait communément les Jacobins du Manège. Dans cette décadence de la République, ils firent d’énergiques efforts pour relever l’opinion ; mais, attaqués à outrance par les réacteurs, ils vécurent peu. Courtois les traita aux Anciens de nouveaux Hébert, de nouveaux Robespierre, etc. Enfin, à la fin de juillet de la même année (1799), un arrêté du Directoire prononça la dissolution de cette nouvelle société.


Jacobins (le souper des), comédie en vers, de Charlemagne (Théâtre Molière, 15 mars 1795). Après thermidor, la chasse aux jacobins était à l’ordre du jour ; les jeunes gens à grosse canne poursuivaient sans merci les tout-puissants de la veille, maintenant proscrits, calomniés, ridiculisés. Parmi les pièces qui servirent le mieux la réaction, il faut citer le Souper des Jacobins, qui donne une idée de la façon dont s’exerçaient les représailles. Jouée dans cette même salle Molière qui s’était appelée le Théâtre des sans-culottes, elle mettait en scène quatre ou cinq « terroristes, » obligés de se cacher, se retrouvant, après la chute de leur parti, à souper dans un hôtel garni. Un des convives attendus fait défaut. « Son excuse, ami, se lit sur son épaule, dit son ami Crassidor. — Un petit mal de reins ? demanda Solon. — Précisément. — Je sais ce que c’est ; nos amis y sont sujets. » Cela signifie que l’absent aura reçu une volée de coups de canne. Bientôt le souper est troublé par une violente querelle ; les amis se jettent à la face toutes sortes de forfaits dont l’auteur se plaît à les gratifier. Deux autres personnages sont venus chercher un gîte dans le même hôtel ; le premier, un tailleur, les a eus pour clients. Il les reconnaît et les apostrophe ainsi :

… Pour acquitter vos dettes,
Vous aviez, on le sait, des ressources secrètes,
Et plus d’un, pour périr, n’eut d’autre tort certain
Que d’être créancier de quelque jacobin.
Un d’eux même l’a dit : « Qu’importe la dépense ?
C’est sur les échafauds que nous aurons quittance. »

Inutile de faire ressortir les exagérations grossières d’un tel langage. Il fallait, à tout prix, donner satisfaction aux triomphateurs du jour. Il restait pour fonds de magasin, à notre industriel, un assortiment de carmagnoles et de pantalons ; qu’en fera-t-il ?

La mode en est passée : on veut des redingotes,
Des habits d’honnête homme, et surtout des culotte.

Ces méchants vers, à force de vouloir prouver, tombent dans la niaiserie. Écoutons maintenant l’autre arrivant, un certain Forlis, sorti depuis peu de prison :

Je mettais de la poudre, et mon linge était un,
Et mon écrou porta que j’étais muscadin.
On sait qu’il n’en fallait alors pas davantage
Pour aller en charrette, ou pour le moins en cage.

Forlis raconte par quel concours de circonstances il est obligé de se loger en garni ; comment, lorsqu’on l’arrêta, tout son élégant mobilier, argenterie, bijoux, etc., fut mis sous les scellés, et comment il ne s’en retrouva plus rien, quoique les scellés fussent restés intacts, au moins en apparence. Crassidor ayant tiré de son gousset une fort jolie montre, Forlis la reconnaît pour la sienne, et comme il est, au fond, d’humeur accommodante, il se contente de reprendre son bien. Comme dans la plupart des ouvrages du même tonneau, survient un officier de police, accompagné de la force armée, qui s’assure des convives. En revisant leurs comptes, on ne s’occupera pas, dit-on, de leurs opinions, ce qui paraît bien improbable, mais seulement de leurs actes.

Cette pièce obtint un grand succès, parce qu’elle répondait à un nouveau courant d’idées. L’exagération, l’esprit de parti, la mauvaise foi y étaient évidents ; mais il s’agissait alors de frapper fort, et, comme toujours, il se trouva dans les bas-fonds des auteurs tout disposés à se mettre au diapason. Les uns par intérêt, les autres par peur, s’enrôlèrent dans les rangs de la réaction ; la plupart furent abjects, et il y a plus d’un enseignement à tirer des déclamations en vers et en prose qui retentirent alors dans tous les spectacles, envahis par les muscadins, les élégantes, avides de plaisirs, après la compression formidable qui avait précédé.


JACOBINA, ville du Brésil, prov. de Bahia, à 260 kilom. N.-O. de San-Salvador, sur la rive gauche de l’Itapicuru-Mirim, ch.-l. de la comarca de son nom ; 3,700 hab. Fabriques de poteries ; culture et commerce de céréales, sucre, coton, tabac, oranges et bon raisin. Aux environs, élève considérable de bétail ; dans les montagnes voisines, mines d’or, de cuivre, de fer, de sel gemme, de cristaux et de granit.


JACOBINI (Camille), homme d’État italien, né à Genzano en 1791, mort à Rome en 1854. Lorsque, après le renversement de la république Romaine par le président de la république Française, le pape Pie IX reprit possession de la souveraineté temporelle (14 juin 1849), la commission de cardinaux instituée par le pontife pour gouverner pendant son absence appela au ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, Jacobini, qui avait voulu jusqu’alors rester étranger aux affaires publiques. Ce ministre fit construire le pont d’Arieis, réparer le pont Molle sur le Tibre, restaurer une partie de l’ancienne voie Appienne, et ce fut lui qui concéda le premier chemin de fer établi dans l’État romain.


JACOBINIÈRE s. f. (ja-ko-bi-niè-re — rad. jacobin). Par dénigr. Club de jacobins.

— Par ext. Réunion de démocrates ardents.


JACOBINISME s. m. (ja-ko-bi-ni-sme — rad. jacobin). Hist. Opinions de jacobin ; opinions démocratiques ardentes : Le jacobinisme est une variété du doctrinarisme. (Proudh.)


JACOBITE s. m. (ja-ko-bi-te). Hist. relig. Membre d’une secte eutychienne, fondée par un moine du nom de Jacques Baradée.

— Hist. politiq. l’artisan de Jacques II, roi d’Angleterre, et de la maison des Stuarts : Les jacobites furent violemment poursuivis sous Guillaume III.

— Encycl. Durant la seconde moitié du Ve siècle, des disputes sur l’élection des évêques et plusieurs autres matières religieuses avaient partagé les eutychiens en une infinité de petites églises particulières. L’an 541, Sévère, patriarche d’Antioche, et les autres évêques opposés au concile de Chalcédoine donnèrent un chef à leur secte dans la personne de Jacques Baradée ou Zanzale, qui fut nommé évêque d’Édesse et métropolitain œcuménique. C’est de lui que les jacobites ont pris leur nom.

Jacques Zanzale était un moine d’un extérieur simple, austère et mortifié. Couvert de haillons, il parcourut tout l’Orient, réunit, à force d’activité, toutes les sectes d’eutychiens et ordonna des prêtres et des évêques sur son passage. Après la mort de Sévère, il ordonna Paul évêque d’Antioche. Ce dernier ne résida point dans sa ville épiscopale, mais établit son siège à Amida. Le nombre des eutychiens était de beaucoup supérieur à celui des autres chrétiens. Aussi, dans toutes ces provinces, la foi du concile de Chalcédoine avait-elle besoin, pour se soutenir, de l’autorité des empereurs et de la sévérité des lois portées contre les réfractaires. Pour se soustraire aux persécutions, un grand nombre d’eutychiens se réfugièrent en Perse et en Arabie. Mais les Perses ayant fait invasion dans l’empire romain, les prêtres jacobites purent rentrer dans leurs églises.

Plus tard, les rois de Perse et les califes se tournèrent contre les jacobites, qu’ils avaient d’abord comblés de faveurs, et, à la suite de