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de refléter des rayons colorés comme l’areen-ciel. Il Reflets imitant les couleurs de l’areen-ciel, qui se présentent à la surface de ces cor(js : Les teintes rose et bleue, l’éclat des facettes qui font naître des irisations admirables, font de ces grottes de glace un spectacle curieux. (L. Figuier.)

IRISÉ, ÉE (i-ri-zé) part, passé du v. Iriser. Qui présente les couleurs de l’arc-en-ciel : Ilefleis irisés. Beaucoup de coquilles sont iriséiîs.

— Miner. Quartz irisé, Syn. d’iRis.

IRISER v. a. ou tr. C-ri-zé — rad. iris). Donner les couleurs de l’arc-en-ciel à : La lumière irisu les lentilles gui ne sont pas achromatiques.

S’Iriser v. pr. Prendre les couleurs de l’areen-ciel : Le verre, longtemps exposé à l’air, s’irisk et s’exfolie par petites tantes minces. (Buff.)

1RISHTOWN, village d’Irlande, comté et baronnie de Dublin, sur la baie de Dublin ; 1,100 hab. On l’appelle aussi Saint-Canice.

IRITIS s. f. C-ri-tiss — rad. iris). Pathol. Inflammation de l’iris.

— Encycl. à De toutes les membranes de l’œil, dit Gosselin, l’iris est sans contredit celle que l’énergie de sa vitalité, la richesse de son organisation, l’étendue de ses connexions disposent le mieux à des inflammations intenses et sujettes à se propager avec facilité aux parties profondes du globe ocufaire. > Cette maladie, quoique connue depuis longtemps, n’a été réellement bien décrite qu’au commencement de ce siècle parSchmidt et Béer. Depuis cette époque, plusieurs auteurs s’en sont occupés, et ils sont nrrivés à distintinguer une foule de variétés, qui peuvent être réduites à trois principales : Viritis aigus, l’iritis chronique et Viritis syphilitique.

Les causes de Viritis non syphilitique sont assez vagues. Le plus souvent pourtant cette affection est consécutive à un traumatisme du globe oculaire, soit que la blessure ait été produite par un accident quelconque, soit qu’elle résulte d’une opération chirurgicale. On peut dire d’une manière générale que Viritis est rare chez les enfants, qu’elle est d’autant plus fréquente que les sujets sont plus avancés en âge.

L’inflammation de l’iris est annoncée dès le début par un léger trouble de la vision, par de la céphalalgie, une sensation de chaleur et d’embarras dans l’œil. Il y a larmoiement et lalumiëre est difficilement supportée. Bientôt l’œil perd son éclat et son expression, par suite d’un léger nuage dans la chambre antérieure. La conjonctive et la sclérotique sont sillonnées de petits vaisseaux injectés, qui se dirigent vers le bord de la cornée. L’iris change de couleur ; ■ s’il est naturellement bleu, dit Mackensie, il devient verdâtre ; s’il est brun, il devient rougeàtre. • — ■ La pupille, dit Gosselin, est contractée, irréguliëre, immobile. L’iris adhère tantôt au cristallin, tantôt à la cornée, et on aperçoit souvent à sa surface un ou plusieurs vaisseaux fortement injectés. Le fond de l’œil parait blanc ou grisâtre, parce qu’à l’humeur aqueuse se mêle une certaine quantité de matière plastique molle, fournie par la membrane séreuse qui tapisse l’iris et les deux chambres. ■ Les douleurs orbitaires deviennent de plus en plus intenses, avec des périodes d’exacerbation beaucoup plus fréquentes la nuit que le jour. La vue est de plus en plus obscure et quel

?uefois même complètement détruite par une

ausse membrane opaque, qui masque le champ pupillaire. Il est rare que l’inflammation se borne à l’iris ; elle s’étend le plus souvent à la capsule cristalline, à la cornée, à la sclérotique et même à la rétine. La marche de la maladie est, en général, assez rapide ; mais elle n’arrive pas toujours à la dernière période. La durée de Viritis aiguë varie entre vingt et trente jours ; au delà de ce temps, elle passe a l’état chronique. Sa terminaison la plus ordinaire se fait par résolution. Cependant il est des cas où, l’inflammation ayant été très-violente, il se forme dans la chambre antérieure des pseudo-membranes, auxquelles on donne le nom de fausses cataractes, ou bien encore des filaments qui font contracter des adhérences à l’iris et qui interceptent les rayons lumineux en totalité ou en partie. Enfin, s’il survient une inflammation profonde et générale de l’œil, celui-ci peut être vidé.

Pour combattre l’inflammation, il faut avoir recours aux émissions sanguines et surtout à la saignée générale, qu’il faut quelquefois répéter lorsque les accidents conservent toute leur intensité. Viennent ensuite les révulsifs cutanés, tels que sinapismes, pédiluves sinapisés, vésicatoires sur les tempes, etc. Les purgatifs drastiques sont d’un usage fréquent et utile. Pour empêcher les épanchements plastiques, on a préconisé l’emploi du mercure à l’intérieur et à l’extérieur. À l’intérieur, on donne le caloinel à petite dose, comme purgation ; à l’extérieur, on fait des frictions autour de l’orbite avec l’onguent napolitain belladone. Les douleurs circumorbitaires sont calmées par l’administration des opiacés. Enfin, pour dilater la pupille ou pour en maintenir la dilatation, on instille dans l’œil malade, deux ou trois fois par jour, un collyre composé de 0 gr., 10 d’extrait de belladone dans 0 gr., 30 ou 0 gr., 40 d’eau distillée. À tous ces moyens, il faut

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ajouter le repos absolu de l’œil et la recommandation au malade de porter continuellement un bandeau ou une compresse flottante pour éviter l’action directe des rayons lumineux.

L’iritis chronique succède ordinairement à l’iritis aiguS, et 1 étiologie en est la même. Sa marche est très-lente. Les malades ignorent souvent pendant longtemps qu’ils sont atteints d’une affection oculaire. Cette maladie a une très-longue durée et laisse peu d’espoir de guérison, surtout lorsque la vision est presque éteinte. Le traitement de Viritis chronique consiste dans des applications de sangsues aux tempes et derrière les oreilles, lorsque l’inflammation s’exaspère ; dans l’emploi des purgatifs et des vésicatoires à la nuque quand la maladie parait stationnaire. La belladone produit de bons effets, mais il faut suspendre de temps en temps son emploi pour le reprendre ensuite. Les yeux doivent être ménagés et protégés par des lunettes bleues ou vertes.

L’iritis syphilitique est un des accidents secondaires de la syphilis. Tous les auteurs ou presque tous ont trouvé des symptômes particuliers sur lesquels il est difficile de s’entendre. Ainsi, Béer parle de tumeurs spécifiques, visibles sur la face antérieure de l’iris, qu’il appelle condylomes. Lawrence décrit des tubercules rougeatres ; Mackensie, des pustules spécifiques, dont Ricord fait des syphilides analogues à celles de la peau. Tavignot décrit des iriiis phlegmasique, éruptive, et une troisième tout à la fois phlegmasique et éruptive. Ces prétendus symptômes caractéristiques existent très-rarement, et, • quant aux papules, dit Gosselin, aux pustules et aux condylomes, ce ne sont que des dépôts plastiques, tout à fait semblables à ceux qui se forment dans les iritis ordinaires, et nous avons constaté plus d’une fois leur absence dans des cas d’iritis manifestement syphilitiques. On ne doit se prononcer sur Vtrtlis syphilitique qu’après avoir connu les antécédents du malade, ou constaté la présence d’autres manifestations de la syphilis constitutionnelle. » Le traitement consiste dans

l’emploi des antiphlogistiques ordinaires lorsque l’inflammation est vive ; une fois celle-ci calmée, on a recours aux préparations mercurielles et à l’iodure de potassium.

IRKEK s. m. Cr-kèk). Mainm. Espèce de dromadaire ou de chameau à une bosse : i’iRKKK, plus petit que le nar, supporte cependant très-bien la faim et la fatigue. (M. Br.)

IRKOUT, rivière de la Russie d’Asie, gouvernement d’Irkoutsk. Elle prend sa source au petit lac Itchin, près de la frontière septentrionale de la Chine, coule au N, et se jette dans l’Angara à Irkoutsk, après un cours de 400 kilom.

IRKOUTSK, ville de la Russie d’Asie, capitale de la Sibérie orientale, ch.-l. du gouvernement de son nom, près du confluent de l’Irkout et de l’Angara, à 2,330 kil. S.-E. de Tobolsk ; par 52° 17’ 12" de lat. N., et 101» 55’ 57" de long. E. ; 24,000 hab. Archevêché, gymnase, bibliothèque ; écoles d’hydrographie, d’arpentage, de chirurgie militaire, d’art vétérinaire ; musée d’histoire naturelle ; résidence du gouverneur général de la Sibérie orientale. L’Angara, dont le cours rapide défie les gelées, est navigable à Irkoutsk, et sert en été de voie de transport aux marchandises expédiées pour Kiachta par le lac Baïkal, ainsi qu’à celles que l’on envoie de la Chine et de la contrée transbaïkalienne pour Irkoutsk. Ces marchandises consistent principalement en pelleteries et métaux, en thé, viandes et poissons du lac Baïkal. ■ Irkoutsk, dit le Dictionnaire de la navigation et du commerce, est un entrepôt important pour tout le commerce de la Sibérie orientale et celui des colonies américaines. Elle fait un commerce local avec les Bouriates, demi-nomades, demi-agricoles, qui habitent la contrée. Les communications d’Irkoutsk avec Iakoutsk et le nord de la Sibérie ont lieu par le Lena, qui coule à une certaine distance de la ville. L’industrie d’Irkoutsk est purement locale. A 60 verstes de la ville, dans le village d’Ielma, se trouve une fabrique de draps ordinaires, appartenant à l’Etat : elle produit annuellement 60,000 archines de drap. » On évalue à 20 millions de francs le commerce annuel d’Irkoutsk,

Des murs et des fossés entourent la ville et l’Angara est bordée de quais en bois. Les rues, droites, larges et propres, quoique non pavées, sont bordées de maisons bien construites, mais généralement en bois. La cathédrale, le bazar, la bourse et le palais archiépiscopal sont les seuls édifices dignes

d’attention. Le climat d’Irkoutsk est très-rigoureux ; le thermomètre y descend quelquefois à 44 degrés au-dessous de zéro. Il y règne fréquemment des brouillards très-épais.

Le gouvernement d’Irkoutsk, une des grandes divisions de la Sibérie, est borné au N. par la province d’Iakoutsk, par le Transbaïkal à l’E., le gouvernement d’Ienisséisk à l’O., et l’empire Chinois au S. Sa population est évaluée à 319,106 hab-, et sa superficie à 15,000 myriamètres carrés ; ch.-l. Irkoutsk. Des chaînes de montagnes, ramification des monts Sayanks, courent dans la partie méridionale du gouvernement d’Irkoutsk, dont le territoire appartient tout entier aux bassins de l’Ienisseï, de la Lena et de l’Amour. On y I rencontre d agréables et fertiles vallées. Les

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principaux cours d’eau qui l’arrosent sont la Lena, l’Angara, l’Amour et la Chilka. Parmi les lacs nombreux que renferme le gouvernement d’Irkoutsk, nous signalerons le lac Baïkal, immense nappe d’eau dans laquelle viennent déboucher plusieurs rivières. Le climat de cette contrée est plus froid que celui des pays européens situés sous la même latitude. Il n’est pas rare que le mercure y gèle en hiver ; l’été est à la vérité très-chaud, mais fort court. La partie septentrionale du gouvernement d’Irkoutsk est presque entièrement inculte et sauvage. D’immenses et belles forêts couvrent la partie centrale. Ces forêts sont peuplées de renards, de loups et d’ours. Les

Parties cultivées produisent du seigle, de orge, du chanvre, du fin et de la rhubarbe. Les rives du Baïkal nourrissent de nombreux troupeaux. Parmi les produits minéraux que recèle cette partie de la Sibérie, l’or, l’argent et le plomb figurent en première ligne. On en tire aussi des pierres précieuses et une quantité considérable de sel.

IRLAND (Bonaventure), jurisconsulte français, né à Poitiers en 1561, mort vers 1012. Il était fils d’un écossais, Robert Irland, qui professa pendant longues années le droit à Poitiers. Il acquit une science précoce en suivant les leçons de Ramus, de Dumoulin et de son père, devint professeur de droit à Poitiers en 1579, puis fut conseiller auprèsidial. On lui doit les ouvrages suivants : Remontrances au roi Henri III, au nom du pays de Poitou (Poitiers, in-8°) ; De emphasi et hypostasi ad recte judicandi rationem consideratio {Poitiers, 1509), traité qui a pour objet de mettre les juges en garde contre les arguties de certains avocats ; Publier Ixtitix nunciatioob natum delphinum (Poitiers, 1C05).


IRLANDAIS, AISE s. et adj. Cr-lan-dè, è-ze). Géogr. Habitant de l’Irlande ; qui appartient à l’Irlande ou à ses habitants : Les Irlandais. Les coutumes irlandaises. La race irlandaise a tous les charmes : la grâce, l’éloquence, la beauté, le malheur. (F. de Lasteyrie.)

— Jeux. Coup à l’irlandaise, Coup particulier de jeu de balle.

— Mar. Prendre des ris à l’irlandaise, Déchirer la voile à coups de couteau, pour diminuer l’effort du vent lorsqu’il devient dangereux.

— s. in. Linguist. Langue irlandaise : ^irlandais diffère notablement de l’anglais.


Irlandais-Unis, Association fondée en 1791, en Irlande, dans le but secret de secouer le joug de l’Angleterre. Des sociétés de même nature avaient déjà existé précédemment ; c’étaient les white boys (enfants blancs), ainsi appelés à cause de chemises qu’ils portaient par-dessus leurs vêtements dans leurs expéditions nocturnes ; c’étaient encore les kearts ofoak (cœurs de chêne), les righl boys (enfants du droit). En 1779, le gouvernement anglais ayant été contraint, par la nécessité de la guerre d’Amérique, de dégarnir l’Irlande de troupes, les Irlandais, sous prétexte de la défense du pays, organisèrent des corps de volontaires qui, deux ans après, présentaient un effectif de 40,000 hommes. Ces volontaires présentèrent des pétitions les armes à la main, et le gouvernement effrayé fut forcé de consentir à l’abrogation de quelques lois pénales portées contre les catholiques. Mais ces réformes incomplètes ne satisfaisaient pas les Irlandais, chez qui la Révolution française eut un contre-coup violent. Les volontaires, qui s’étaient dissous quelques années auparavant, se réorganisèrent en 1791 et formèrent la vaste association des Irlandais-Unis, dans laquelle entrèrent bon nombre de protestants. Cette association avait pour but apparent de propager les principes de la Révolution française ; elle poursuivait en réalité une révolution qui aurait détaché l’Irlande de l’Angleterre et l’aurait transformée en république indépendante. Le général Russell et Théobald Wolf Tone en furent les premiers organisateurs ; elle fut ensuite dirigée par-Edward Fitz-Gerald, Arthur O’Connor, descendant des anciens rois d’Irlande, Olivier Bond, le docteur Mac-Nevin et Thomas Addis Emmet. La comité directeur prenait le nom de comité national ; l’association se fractionnait en comités de baronnies, do comtés, de provinces ; les membres s’engageaient sous le sceau du serment à se garder mutuellement le secret et à répandre leur principe par tous les moyens de propagande publique et privée qui seraient en leur puissance, jusqu’au moment où l’on serait en force pour engager une lutte ouverte. Ce moment parut être venu à la an de l’année 1796 ; des relations secrètes avaient été établies entre le comité national et le gouvernement français ; une flotte portant 25,000 hommes commandés par Hoche apparut sur les côtes d’Irlande ; mais des accidents de mer et surtout l’impéritie de l’amiral empêchèrent le débarquement, qui eût été le signal d’une insurrection générale dans l’Ile.

Le gouvernement déclara l’Irlande en état de siège, et poursuivit l’association des Irlandais-Unis, qui n’en continua pas moins d’exister secrètement. Elle comptait à la fin do 1797 plus de 500,000 membres. > Je ne sais quelle flamme héroïque, dit lord Cloncurry dans ses mémoires, s’était alors allumée dans toutes les classes de la société. Au barreau, à la chaire, dans le salon du grand seigneur

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comme dans la cabane du paysan, la même étincelle électrique faisait vibrer les âmes à l’unisson, et animait d’un mâle courage jusqu’au cœur des femmes et des enfants. • Mais il se trouva un membre de l’association, un Irlandais, pour vendre son pays ; il se nommait Thomas Reynolds ; c’était un marchand catholique de Dublin, On lui donna, pour payer sa trahison, 5,000 liv. st. comptant, et une pension de 1,500 livres. Il dévoila tout, le nom des directeurs du comité et les plans d’insurrection ; Emmet, Mac-Nevin et Bond furent arrêtés le 12 mai 1798. Fitz-Gerald put s’échapper, et, caché dans Dublin, il prépara un soulèvement dont la date fut fixée au 23 mai. Une seconde trahison, celle du capitaine de milice Armstrong, arrêta l’entreprise, Un détachement, à la tête duquel étaient le juge Svan, le major Sirr et le capitaine Rvan, investit la maison dans laquelle était réfugié Fitz-Gerald ; armé seulement d’un poignard, le conjuré se défendit en désespéré ; il tua le capitaine, blessa le juge ; déjà le peuple s’assemblait et allait le délivrer, lorsqu’un coup de feu le mit hors de combat, et on l’emporta h la forteresse. Tous les membres du comité étaient prisonniers.

L’insurrection eut lieu cependant au jour dit ; dans la nuit du 23 mai, sans ordres, sans chefs, sans armes, les paysans s’insurgèrent dans tous les districts voisins de Dublin et envahirent la capitale ; les fusils anglais eurent raison de leurs bâtons et de leurs piques ; le soulèvement fut dompté. Cependant, dans le sud de l’Ile, les Irlandais-Unis tinrent pendant longtemps en échec les troupes anglaises. Les vengeances de l’Angleterre furent atroces ; le sang coula par torrents. Lord Camden et lord Castlereagh, qui furent les exécuteurs implacables de la politique anglaise, ont laissé en Irlande un souvenir exécré. La rébellion entièrement apaisée, des pofmiutions paisibles et nullement disposées à a révolte furent soumises au régime des cours martiales, aux exécutions sans jugement, à la torture, aux massacres. Trente mille hommes périrent. Aux mois d’août et de septembre, deux descentes de troupes françaises, sous les ordres de Humbert et de Hadry, galvanisèrent encore les débris de l’insurrection terrorisée ; mais ces mouvements furent bientôt réprimés. La corruption vint alors achever l’œuvre commencée par la violence. Profitant de l’épuisement du pays et de la juste impopularité où était tombé le parlement irlandais, instrument docile de tyrannie entre les mains de l’Angleterre, Pitt exécuta enfin le profond dessein qu’il couvait depuis longtemps. Le bill d’union fut acheté d un parlement corrompu. Lord Castlereagh, un des négociateurs de cette transaction, fut, paralt-il, superbe, en cette circonstance, d arrogance et de mépris pour l’humanité. • Et que diriez-vous, mylord, s’écriait un honnête membre du parlement auquel il venait de faire des propositions corruptrices, si je publiais ce que vous venez de me proposer ici î

— Ce que je dirais ? répondit imperturbablementlord Castlereagh, apparemment je le nierais, et je suppose que, de nous deux, ce n’est pas vous qui maniez le mieux l’épée et le pistolet. > Les dernières séances du parlement d’Irlande offrent un intérêt dramatique ; on assiste à l’agonie d’un peuple. Le célèbre orateur Grattan se fit transporter, mourant, dans l’enceinte, pour protester contre cette dégradation de son pays ; l’acte qui assimilait l’Irlande à une province conquise fut néanmoins voté.

Cependant l’association des Irlandais-Unis n’était pas détruite. Le frère de Thomas Addis Emmet, lejeune Robert Emmet, âgé d’une vingtaine d’années à peine, entreprit de la réorganiser ; il alla en France en 1802, vit le premier consul, qui s’engagea formellement à appuyer l’insurrection par l’envoi d’une flotte. Des circonstances imprévues firent éclater le mouvement avant le terme convenu ; le 23 juillet 1303, les Irlandais-Unis déployèrent à Dublin le drapeau vert avec les devises : Indépendance nationaleLiberté de conscience, et engagèrent une bataille désespérée.

Les insurgés furent vaincus. Ils se dispersèrent dans les campagnes et soulevèrent les paysans ; battus de nou veau, on s’empara d’eux, et tous passèrent devant les cours martiales ; leurs discours énergiques, surtout celui de Robert Emmet, impressionnèrent fortement la foule, et l’on put craindre une nouvelle sédition ; mais les précautions étaient prises. Condamnés à mort, les conjurés furent, suivant l’usage, pendus, puis décapités, et le bourreau montra la tête de chacun d’eux au peuple en disant : Voici la tête d’un traître |


IRLANDE, en latin Hibernia, lernis, Juvernia, Scotia major ; en anglais, Ireland, en irlandais, Erin, c’est-à-dire île verte, une des îles britanniques et un des trois royaumes qui forment le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande ; par 51° 15’et 550 15’ de lat. N., et 7° 43’ 12" 50’ do long. O. Le canal du Nord, la mer d’Irlande et le canal Saint-Georges, qui la séparent de l’Angleterre, la limitent au N.-E., à l’E. et au S.-E. L’Atlantique baigne les autres côtés de l’Irlande. On évalue sa superficie à 52,300 kilom. carr. L’Ile mesure 450 kilom. du N. au S., et 2S0 kilom. de l’E. À l’O. Population : 1,100,000 hab. en 1672 ; 2,099,094 en 1712 ; 2,845,932 en 17S5 ; 5,395,466 en 1805 ; 6,801,127