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géorgiques (6 vol. in-8o). Nous citerons de lui : Observations sur la nature et te mode de traitement de la phthisie pulmonaire (Londres, 1793, in-4o) ; Essais sur des cas de démence ; Nouvelle méthode pour faire venir du blé pendant une série d années sur la même terre (1796) ; Exposé d’un plan pour établir une taxe égale et universelle (1797).

HUNTER (William), médecin et orientaliste écossais, né à Montrose en 1752, mort en 1815. Reçu docteur en 17^7, il fut d’abord chirurgien à bord d’un vaisseau, puis passa au service de la Compagnie des Indes (1781), se rendit au Bengale, fut envoyé à l’Ile de Java en qualité d’inspecteur général des hôpitaux, et devint professeur et examinateur du collège de Calcutta (1784-179*) et secrétaire delà Société asiatique (1794-1808). 11-se disposait à retourner en Europe lorsque la mort vint le frapper. Hunter avait fait une étude approfondie des langues et de la littérature ce l’Inde. Outre d intéressants et savants mémoires sur la médecine, l’histoire naturelle, etc., insérés dans les Asiatic Researches et dans d’autres recueils périodiques, on a de lui des ouvrages estimés : A concise account of the kingdom ofPegu (Calcutta, 1784, in-8o), trad. en français par Langlès, sous le titre de Description du Pégu et de Vile de Ceylan (Paris, 1793, in-8<>) ; An essay on the diseases incident to Indian seamen, or Lascars, on long voyages (Calcutta, 1804, in-fol.), traité sur une maladie qui frappe les Lascars et qui offre de grandes analogies avec le scorbut ; Mujmua-i shumsi, or A concise vieui of the Copernican System of asironomy by Manlawi abul Khuer (Calcutta, 1807), et un excellent Dictionnaire indoustani-anglais (Calcutta, 1808, 2 vol. in-4<>).

HUNTER (mistress Rachel), femme poète et romancière anglaise, née à Londres en 1754, morte à Norwich en 1813. À une vive intelligence naturelle et à beaucoup d’esprit elle joignit une éducation très-soignée. Hache ! épousa un riche négociant portugais, qui la laissa veuve après dix ans de mariage. De bunne heure adonnée à la littérature, lisant beaucoup les postes et les romanciers, elle ne se hasarda cependant à devenir auteur que vers 1795, à l’âge de quarante-six ans. Ses œuvres sont d’un style très-correct et très-pur ; l’intrigue en est fort bien menée, la morale en est très-saine ; mais elles manquent d’originalité.

Lady Hunter a beaucoup écrit. Voici les titres de ses principaux ouvrages : Laetitia ou le Château sans spectres (1801, 4 vol. in-12) ; Histoire de la famille Grubthorpe (1802, 3 vol.) ; Lettres de mistress Palmerston à sa fille (1803,3 vol.) ; le Legs inattendu (1804, 2 vol. in-12) ; Poésies (1 vol. in-8o) ; les Amusements des génies (1805) ; Lady Maclairn ou la Victime de la scélératesse (1806,4 vol. in-12) ; Annales d’une famille ou la Sagesse mondaine (1807, 3 vol. in-12) ; la Maîtresse d’école (1810, 2 vol.), etc., etc.

’ HUNTER (Joseph), historien anglais contemporain, né à Sheflield vers 1790. D’abord ministre presbytérien à Bath, il devint en 1S33 sous-commissairodes archives publiques. Outre un grand nombre de chartes et de documents précieux, il a publié plusieurs œuvres originales : Rapports de la ville de Bath avec la littérature et lasciancéen Angleterre ; Histoire du comté de Hallam ; Glossaire du comté de Hallam ; Bibliothèques des monastères anglais ; Histoire et topographie du doyenné de Doncaster dans le Yorkshire méridional ; la Vie, les études et les écrits de S/iakspeare, et différents autres ouvrages sur l’archéologie et l’histoire ecclésiastique.

HUNTER (Jean-Dunn), aventurier américain, né vers 1798, mort, croit-on, avant 1830. Il publia, sous le titre de : Mœurs et coutumes de plusieurs tribus indiennes qui vivent d l’ouest du Mississipi, et détails sur le sot, le climat et les productions végétales, ainsi que sur la médecine des Indiens (Philadelphie, 1823, in-8o), un ouvrage dans lequel il raconte que, enlevé fort jeune par des Indiens, il vécut au milieu deux jusqu’en 1817, et où il consigne les observations faites par lui pendant son long séjour parmi les sauvages. Cet ouvrage eut un brillant succès, qu’interrompit un incident imprévu : « Un Français établi à Philadelphie, dit Eyriès, M. P.-E. Duponceau, qui s’occupait depuis longtemps de recherches sur les idiomes des peuples aborigènes de l’Amérique du Nord, étant allé à New-York, y vit par hasard Hunter. Celui-ci vint ensuite à Philadelphie, où il eut plusieurs entretiens avec le philologue français. Il en résulta, pour ce dernier, la conviction que Hunter était un imposteur, ignorant les langues qu’il prétendait savoir ; ille lui dit à lui-même et énonça son opinion dans un journal, à Hunter, voyant gronder l’orage, partit pour l’Angleterre, où il fut parfaitement accueilli et comblé de présents. De retour aux États-Unis, il vit reproduire contre lui les accusations formulées parDuponceau, se rendit au Mexique, passa de la, au Texas, prit Iiart à la guerre de l’indépendance, et, depuis ors, on n’a plus entendu parler de lui. « Le tableau de la vie errante des tribus de l’Amérique du Nord, dit Eyriès, prouve que Hunter avait vécu avec elles, mais pas aussi longtemps qu’il a voulu le faire croire, et l’on reconnaît beaucoup de traits empruntés à d’anciennes relations. Il suppose parfois

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aux Indiens des notions que ces peuples ne possèdent pas. •

HUNTER (Robert - Mercer - Taliaferro), homme politique américain, né en Virginie en 1809. Il commença par exercer la profession d’avocat, devint, en 1837, membre du Congrès, où il se prononça en faveur du libre échange, et fut nommé, en 1847, membre du sénat. Hunter ne tarda pas à se signaler en combattant toutes les mesures qui pouvaient atténuer l’odieuse institution de Vesclavage, vota la loi draconienne sur les esclaves fugitifs et s’opposa à l’abolition du trafic des noirs dans la Colombie. Devenu président du comité des finances (1850), il contribua activement a la nomination des présidents Pierce (1852) et Buchanan (1856), fut réélu au sénat en 1853, et continua à jouer un rôle important dans les affaires publiques. Lorsque la guerre civile éclata (1861), il se prononça en faveur des États du Sud, qui voulaient le maintien de l’esclavage, fut expulsé du congrès de Washington (1861), et reçut du président des confédérés, Jefferson Davis, le poste de secrétaire d’État. Peu après, il passa en Europe dans le but d’y chercher des appuis pour la cause du Sud, fut, à son retour, élu président du sénat confédéré siégeant à Richmond (1862), et remplit, l’année suivante, une mission diplomatique au Mexique. Après la défaite complète des sécessionnistes, M. Hunter rentra dans la vie privée.

HUNTER (David), général américain, né vers 1818. Lorsque, en 1861, la guerre civile éclata aux États-Unis, il s’empressa d’offrir ses services au président Lincoln, reçut le commandement de l’armée du Mississipi, prit, en mars 1862, la direction des opérations militaires dans les Carolines, la Géorgie, la Floride, s’empara du fort Pulaski et porta le premier coup à l’esclavage en affranchissant par décret les esclaves de la Floride, de la Géorgie et de la Caroline du Sud (9 mai 1862). Mais le président Lincoln, ayant trouvé ce décret prématuré, l’annula. Hunter, résolu à provoquer une rapide émancipation des esclaves, leva un régiment de nègres, disposés à combattre leurs anciens maîtres, et annonça au gouvernement de Washington qu’il aurait sous peu un corps de 50,000 hommes, composé d’anciens esclaves. Ces mesures hardies excitèrent naturellement un vif mécontentement chez les confédérés, qui protestèrent, et bientôt après, le 1er janvier 1863, le président Lincoln, trouvant qu’il était temps d’en finir avec l’odieuse institution qui déshonorait la grande république américaine, proclama libres les esclaves de tous les États ■révoltés. À partir de cette époque, le général Hunter n’a joué qu’un rôle effacé dans la terrible guerre qui devait finir par l’anéantissement de l’esclavage aux États-Unis.

HUNTÉEUE s. f. (eunn-té-ri ; A asp. — do Hunter, sav. angl.) Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des apocynées, tribu des plumériôes, dont l’espèce type croît au Bengale.

IlUNTIIlillUS ou IIOiNTHEItUS (Jacques), écrivain suédois, né dans l’Uppland. Il vivait dans la première moitié du XVne siècle, voyagea en Hollande, en Angleterre, où il se lit, dit-on, catholique, en France (1623), où il entra en relation avec Grotius, puis devint secrétaire impérial à la diète de Ratisbonne. On a de lui, sous le titre de : Epistolie miscellaneas, ornata sententiarum concinnitaie vestits, etc. (Vienne, 1631), des lettres pleines d’esprit et d’anecdotes piquantes adressées à plusieurs personnages illustres de France, de Suède et d’Allemagne.

HUNTINGDON, ville d’Angleterre, ch.-l. du comté de même nom, à 91 kilom. N. de Londres, sur la rive gauche de l’Ouse ; 6,254 hab. Brasseries, manufactures diverses ; commerce important de laine, de blé, de houille et de bois. Une station romaine, la ùuropilons d’Antonin, occupait autrefois l’emplacement de la ville actuelle ou celui du faubourg Godmanchester. En 917, on y bâtit un château

dont il existe encore quelques vestiges. Mais la gloire de Huntingdon est d’avoir été le berceau d’Olivier Cromwell. Des quinze églises que la ville possédait avant la Réformation, il n’en reste plus que deux : celle de Sainte-Marie, qui contient les tombes des Sayers, et celle de Tous-les-Saints, où l’on visite avec intérêt les tombes des ancêtres de Cromwell. Huntingdon possède un hôtel de ville, des salles de réunion, une prison, un théâtre, un hippodrome, plusieurs établissements d’éducation. Une chaussée et des ponts la relient à Godmanchester, qui se trouve sur la rive opposée de l’Ouse. Aux environs se voit Hinchinbrook House, ancienne résidence d’Olivier Cromwell, oncle du Protecteur, habitée aujourd’hui par le comte de Sandwick. il Le comté de Huntingdon, division administrative de l’Angleterre, est compris entre ceux de Northarapton au N. et à 10., de Bedford au S., et de Cambridge à l’E. C’est un des

Ïilus petits comtés de l’Angleterre ; ilai, oookiom. carrés de superficie et une population de 64,297 hab. Ch.-l., Huntingdon ; villes principales, Saint-Ives et Ramsey, Une plaine onduleuse et fertile couvre les parties méridionale et occidentale du comté. La partie N.-E. est couverte de marais et de lacs, que le drainage a transformés en prairies sur plusieurs points. L’Ouse, rivière navigable, travorse ce comté au S.-E., et le Nene l’orme

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sa limite au N.-O. Le stilton, fromage du comté de Huntingdon, est le plus fin des fromages d’Angleterre. Le territoire de ce comté était jadis occupé par les Icènes, i ; On trouve dans les États-Unis d’Amérique plusieurs villes et bourgs qui portent le même nom : dans l’État de Pensylvanie, sur la Juniata, à 265 kilom. N.-O. de Philadelphie ; 4,700 hab. Dans le Connecticut, sur la rive droite de l’Housatonick, à 61 kilom. S.-O. de Hartford ; 3,000 hab. Dans l’État de New-York, sur le détroit de Long-Island ; 3,600 hab., etc.

HCNTINGTON (Robert), orientaliste et théologien anglais, né à Deorhyst, comté de Glocester, en 1636, mort à Dublin en 1701. Nommé, en 1670, chapelain de la factorerie anglaise d’Alep, il recueillit beaucoup de matériaux importants pour ses études, revint en Angleterre en 1688 et devint successivement régent du collège de la Trinité à Dublin, recteur de Hallingburg (1692), enfin évêque de Raphoe (Irlande). On n’a d’Huntington qu’un mémoire inséré dans les Transactions philosophiques, sous ce titre : Lettres de Dublin concernant les colonnes de porphyre en Égypte. Sa réputation vient principalement des nombreux manuscrits coptes, syriaques, grecs et arabes qu’il rapporta de ses voyages, manuscrits qui donnèrent de précieux renseignements sur diverses sectes religieuses de l’Orient.

HUNTINGTON (Guillaume Hunt, connu sous le nom d’), fameux sectaire méthodiste anglais, né dans le comté de Kent en 1774, mort en 1813. Successivement garçon de ferme, laquais, jardinier, porteur de charbon, il avait mené une vie des plus misérables, lorsque, exalté par la lecture de la Bible, il crut avoir des visions, entra dans la secte des méthodistes et se livra à la prédication, d’abord à Thames-Ditton et dans les paroisses environnantes, puis à Londres. Ce fut là qu’il fonda la secte connue sous le nom de nunlingtonianisme. Selon cette secte, les élus ou prédestinés ne peuvent pécher ou, plutôt ils pèchent impunément, attendu que leur salut est assuré de toute éternité dans la pensée de Dieu. Ses prédications éloquentes, les vives polémiques auxquelles il se livra augmentèrent bientôt sa réputation et le nombre de ses adhérents. Ces derniers élevèrent par souscription, à Londres, la chapelle de la Providence, dont ils firent don à Huntington. Ce sectaire trancha à plusieurs reprises du prophète, mais sans aucun succès. Bien qu’il usât fréquemment de charlatanisme, il n’en avait pas moins, parait-il, une piété sincère et une confiance inébranlable dans la Providence. Il n’avait pas encore quarante ans lorsqu’il mourut. On a de lui des Sermons au style incorrect, mais pleins de verve et d’une étonnante fécondité de tours, des Dissertations, des Traités de controverse, des Lettres nombreuses et intéressantes, des Poésies médiocres. Ses Œuvres ont été recueillies en £0 vol. in-8o.

HUNTINGTON (Jedediah-William), poète et romancier américain, né en 1814. Il se lit recevoir docteur en médecine, puis embrassa le ministère évangélique (1849), parcourut ensuite une partie de 1 Europe, habita pendant plusieurs années l’Italie, et, de retour aux États-Unis, se convertit au catholicisme. Depuis lors, il a dirigé un Magazine à Baltimore et est devenu rédacteur en chef d’un journal politique et littéraire à Saint-Louis, dans le Missouri. Il s’est fait connaître par des Poésies (1847) et par des romans : Alice ou la Nouvelle Una (Londres, 1849) ; la Forêt, faisant suite au précédent ; Alban^ histoire du nouveau monde (2 vol. in-12), plusieurs fois réédité.

HUNTINGTON (Daniel), peintre américain, né à New-York en 1816. Après avoir suivi les leçons du professeur Morse, il s’est rendu en Europe, où il a visité successivement, pour se perfectionner dans son art, l’Angleterre, la France, l’Italie et la Suisse. Depuis lors, il s’est fixé à New-York, où il a exécuté un assez grand nombre de tableaux historiques. On cite, parmi les plus remarquables : le Maître d’école ; Jane Grey à la Tour de Londres ; Henri VIII et Catherine Parr ; la Foi et l’Espérance ; les Saintes femmes au sépulcre ; l’Arrêt de mort de Jane Grey ; Y Evêque Ridley dénonçant la princesse Marie ; la Cour républicaine de Washington, qui a figuré à l’Exposition universelle de 1867.

HUNTLEY, bourg et prov. d’Écosse, comté et à 56 kilom. N.-O. d’Aberdeen, sur la petite péninsule formée par le confluent du Deveron et de la Bogie ; 3,000 hab. Fabrication active de toiles et de lainages ; brasseries importantes ; blanchisseries renommées. Ruines d’anciens châteaux.

HUNTLEY (marquis de), célèbre famille écossaise. V. Gordon.

HCNTSV1LLE, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État d’Alabama, à 270 kilom. N. de Cahawba, sur la ligne du chemin de fer de "Winchester à Alabama ; 15,000 hab. Important commerce de coton. Siège d’un des tribunaux d’arrondissement de la cour suprême des États-Unis.

HUNYAD (comitat de), ancienne division administrative de l’empire d’Autriche, dans la Transylvanie, l’un des onze coraitats des pays hongrois, entre ceux de Zarand et de Weissembourg inférieur au N. et au N.-E., la Valachie au S. et au S.-E., les comitats

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hongrois d’Arad et de ICassova à l’O. Superficie, 5,852 kilom. cnrrés ; 147,000 hab. Ch.-l., Nagy-Enyed. Il forme actuellement la presque totalité du cercle de Broos.

HUNYADE (Jean), woïwode de Transylvanie. V. Huniade.

■ HUNYG, roi mexicain de Tecpan-Atitlan, mort en 1519, cinq ans avant 1 arrivée des Espagnols. L’histoire du règne de ce prince a été écrite par son petit-fils Francisco-Ernandez Arana Xahila. « Cette chronique, continuée jusqu’en 1597, est, dit Ferdinand Denis, l’un des livres précieux dont l’étude répandra quelque lumière sur des annules qui assignent à la civilisation du nouveau monda la plus antique origine. •

HUON s. la. (u-on ; h asp. — rad. huer). Ornith. Nom vulgaire du chat-huant.


Huon de Bordeaux, chanson de geste, publiée pour la première fois, d’après les manuscrits de Tours, de Paris et de Turin, par MM. F. Guessard et C. Grandmaison (Paris, 1860, 1 vol. in-12). On ne connaît ni l’auteur ni la date de ce poëme, un des meilleurs que nous ait laissés le moyen âge ; mais on présume qu’il fut écrit vers l’an 1200, par un trouvère artésien, probablement natif de Saint-Omer. Son dialecte démontre qu’il est, en effet, Artésien, et on le suppose de Saint-Omer parce que le nom de cette ville revient sans cesse sous sa plume.

Voici, en quelques mots, le sommaire d’Huon de Bordeaux. Séguin, duc de Bordeaux, mort depuis quatre ans, a laissé deux fils, Huon et Gérard. Ils n’ont pas encore fait hommage de leur fief à Charlemagne. Amaury de la Tour-du-Rivier, un traître, convoite leur héritage et les dénonce comme rebelles au vieil empereur. Celui-ci les mande auprès de lui. Avant d’arriver à Paris, Huon et Gérard tombent dans une embuscade dressée par leur ennemi, qui a mis Charlot, fils de Charlemagne, dans le complot. Charlot blesse l’un des deux frères et Huon le tue. Amaury arrive à la cour avec le cadavre du mort. Colère de Charlemagne ; il finit par pardonner ; mais, comme pénitence, il impose à Huon une mission lointaine, qui est l’occasion d’aventures sans nombre. Heureusement, il est protégé par Obéron, nain et roi de féerie. Sur le point d’achever sa mission, Huon, trahi par son frère, retombe dans l’infortune ; mais le nain Obéron le réconcilie avec Charlemagne, qui lui rend son duché de Bordeaux.

Huon de Bordeaux a eu l’honneur insigne de fournir des sujets à Shakspeare, à Wieland et à Weber, qui l’ont rendu immortel. M. Saint-Marc Girardin trouve Huon, dans sa légende, supérieur à l’œuvre de Wieland : « Soit, dit-il, qu’il s’agisse de peindre l’amour d’Huon et d’Esclarmonde, soit qu’il s’agisse de donner un caractère et un rôle aux êtres merveilleux, l’imagination naïve du vieux conteur l’emporte sur les grâces de Wieland. » Huon de Bordeaux a joui, au moyen âge et jusqu’à nos jours, d’une vogue extraordinaire. La version publiée par M. Guessard, qui semble la plus ancienne, est en vers de dix syllabes. Depuis cette rédaction primitive, Huon de Bordeaux fut remanié un grand nombre de fois en prose et en vers, et il en existe une multitude d’éditions.


HUON DE VILLENEUVE, trouvère du xiiie siècle, auteur de romans en vers qui ont joui d’une grande célébrité. On ignore la date de sa naissance et de sa mort ; on sait seulement, à quelques vers qui lui sont échappés comme par hasard, qu’il vivait sous Philippe-Auguste. C’est Fauchet qui, le premier, dans ses Origines de la poésie française, a découvert le nom de ce poète, dont les œuvres, très-populaires pourtant, passaient avant lui pour anonymes. Huon de Villeneuve fut un des plus féconds romanciers du moyen âge ; on lui doit cinq immenses compositions en vers sur ce que l’on appelle le cycle de Charlemagne. Ce sont : 1° Regnaut de Montauban, épopée chevaleresque où le grand empereur, résolu d’assiéger Montauban, déclare qu’il donnera la ville à qui voudra la prendre, et reçoit de ses barons, parlant par la voix de Doon de Nanteuil, un refus obstiné. Tout le monde remarquera la similitude de cet épisode avec le beau poème d’Aymerillot, de la Légende des siècles. 2° Les Quatre fils Aymon, le plus populaire des romans de Huon de Villeneuve et peut-être de tous les romans chevaleresques ; c’est une suite du Régnaut de Montauban.Maugis d’Aigrement, suite des deux précédents. Maugis est le cousin des quatre fameux fils d’Aymon, et, comme eux, il guerroie à outrance contre l’empereur Charles. Aucune autre composition similaire ne fait mieux comprendre l’engouement que l’on avait alors pour Charlemagne et ses exploits fabuleux ; il n’est pas un seul personnage, même secondaire, de ce roman qui n’ait à son tour été chanté et ne forme le sujet d’un poème. 4° Bues ou Beuves d’Aigremont. Ce héros est le père de Maugis, et, comme dans les précédentes compositions, il s’agit toujours de guerres féodales entre Charlemagne et ses barons. 5° Doolin de Mayence, que le poëte dit avoir imité des Chroniques de Saint-Denis :

Les sages clercs adonc, par leur signifiance,
En firent les chroniques qui sont de grant vaillance
Et sont en l’abbaye de Saint-Denis en France ;
Puis ont été extraites, par moult belle ordonnance
Du latin en romant, pour donner cognoissance