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disposa à traverser, le 3 décembre, la forêt de Hohenlinden. Il avait divisé son armée en quatre corps. Le principal, celui du centre, comprenait les grenadiers hongrois, les Bavarois, une grande partie de la cavalerie et 100 pièces de canon. Il devait suivre le défilé que la route de Mühldorf à Hohenlinden forme à travers la forêt, et était flanqué à sa gauche d’un corps de 12,000 hommes commandé par le général Riesch. À l’autre extrémité, les corps de Baillet-Latour et de Kienmayer devaient continuer à remonter la vallée de l’Isen, où ils étaient engagés, et déboucher tous deux dans la plaine déboisée de Hohenlinden.

Le 3 décembre 1800, au matin, Moreau monta à cheval avant le jour ; son armée était déployée entre Hohenlinden et Harthofen, et déjà, de leur côté, les généraux Richepanse et Decaen exécutaient le mouvement qui leur avait été prescrit. Pendant ce temps, le centre des Autrichiens, avec l’archiduc Jean en tête, s’enfonçait dans le défilé de Mattenboett à Hohenlinden ; il atteignit ce dernier point bien avant que les généraux Riesch, Baillet-Latour et Kienmayer, embarrassés dans des chemins impraticables, pussent arriver sur le champ de bataille. L’archiduc déboucha sur la lisière du bois, en face des divisions Ney et Grandjean (commandant Grouchy), rangées en bataille en avant de Hohenlinden. De part et d’autre s’ouvrit alors un feu très-vif d’artillerie. La neige tombait à gros flocons. Les Autrichiens, après avoir abordé la 108e, qui leur résista vaillamment, essayèrent de la tourner en faisant filer par le bois huit bataillons hongrois, et réussirent à lui faire perdre du terrain ; mais alors les généraux Grouchy et Grandjean, accourant avec la 46e engagèrent un combat furieux avec les grenadiers hongrois au milieu des sapins, parvinrent à les refouler, et empêchèrent ainsi la colonne autrichienne de se déployer dans la plaine de Hohenlinden. Une seconde attaque, dirigée par l’archiduc sur la division Grandjean, fut repoussée comme la première ; mais la mêlée fut sanglante, et l’on combattit corps à corps ; en un instant, Ney eut enlevé 10 pièces de canon aux Autrichiens et leur eut fait une multitude de prisonniers.

Cependant, le corps de Baillet-Latour commence à se montrer à notre gauche, prêt à déboucher dans la plaine de Hohenlinden ; la neige a cessé momentanément de tomber, ce qui permet de distinguer facilement ces nouvelles troupes qui, toutefois, ne sont pas encore en mesure d’agir, et que les divisions Bastoul et Legrand s’apprêtent à recevoir. Tout à coup une sorte d’ondulation, annonçant l’incertitude et la frayeur, se manifeste parmi les troupes autrichiennes, qui n’ont pu parvenir encore à sortir du défilé ; évidemment quelque chose d’extraordinaire se passe sur leurs derrières. Moreau devine aussitôt, avec une sagacité qui fait honneur à son coup d’œil militaire, qu’un événement imprévu menace les Autrichiens, et il ne peut l’attribuer qu’à l’heureuse exécution du mouvement qu’il a ordonné aux généraux Richepanse et Decaen. Il commande alors aux généraux Ney et Grandjean de charger les Autrichiens, qui commençaient à aborder la plaine de Hohenlinden, et de les refouler dans le défilé. Chargés de front par Ney, de flanc par Grouchy, ils s’accumulent pêle-mêle dans cette gorge étroite avec leur artillerie et leur cavalerie, et, en un instant, ils laissent de nouveau entre nos mains une foule de prisonniers.

À Mattenboett, en effet, se passaient les événements qu’avait prévus et préparés Moreau : Richepanse et Decaen, abandonnant la route d’Ebersberg, s’étaient rabattus sur celle de Hohenlinden. Richepanse, parti le premier, s’était hardiment lancé à travers les terrains sillonnés de bois et de ravins qui séparaient les deux routes, faisant des efforts inouïs pour traîner avec lui ses pièces de petit calibre. Pendant quelques instants, sa colonne fut forcée de s’arrêter : son guide s’était égaré et l’avait conduite dans des chemins affreux qu’il n’était pas même possible de suivre, car des tourbillons de neige empêchaient de distinguer les objets à dix pas. Cependant la tête de la colonne continue de s’avancer intrépidement, tandis que la brigade Drouet reste en arrière et engage une vive fusillade avec les troupes du général Riesch, qui vient d’arriver à Saint-Christophe. Richepanse, inspiré par son instinct militaire, continue sa marche offensive, et fait dire au général Drouet d’occuper fortement l’ennemi jusqu’à ce que le général Decaen arrive pour le dégager ; puis il se dirige rapidement sur Mattenboett avec 6,000 hommes seulement, traînant à bras sa petite artillerie dont les affûts étaient à moitié enfoncés dans la boue. Il arrive enfin à Mattenboett, à l’autre extrémité du défilé dont Ney occupait la tête à Hohenlinden. Là, il se heurte tout à coup contre les cuirassiers de Nassau, qu’il trouve à terre, la bride de leurs chevaux passée à leurs bras. Sans leur donner le temps de se remettre en selle, il fond sur eux et les force à se rendre. Il traverse alors le village à la tête de ses troupes, et va les former parallèlement à la route de Hohenlinden, qui passe à une portée de fusil de Hohenlinden ; puis il établit ses 6 pièces de canon au centre de sa ligne, sur son front. 8 escadrons autrichiens se trouvaient rangés vis-à-vis du général Richepanse, ayant 8 bouches à feu pour les appuyer. Tandis que la 48e demi-brigade se forme, le premier de chasseurs charge la cavalerie ennemie ; mais il est pris en flanc par un escadron que masquait un ravin, et ramené en arrière. Toutefois, la e, croisant la baïonnette, arrête l’élan des cavaliers ennemis. La position de Richepanse n’en devient pas moins critique, car il se voit sur le point d’être cerné de toutes parts. Alors, pour ne pas donner aux Autrichiens le temps de se rendre compte de sa faiblesse, il marche résolument sur la grande route avec la 48e et confie au général Walther le soin d’arrêter l’arrière-garde ennemie avec la 8e demi-brigade et le premier de chasseurs. Mais les Autrichiens se préparent à défendre l’entrée de la forêt avec trois pièces d’artillerie ; Richepanse, mettant l’épée à la main, s’avance au milieu de ses grenadiers, essuie impassiblement un horrible feu de mitraille, et rencontre trois bataillons hongrois qui s’avancent en colonnes serrées pour le charger. Richepanse, s’adressant à ses soldats : « Grenadiers de la 48e, s’écrie-t-il, que dites-vous de ces hommes-là ? — Général, répondent les grenadiers, ils sont à nous ; marchons ! » Puis ils se précipitent comme un torrent et renversent tout ce qui tente de leur résister. Un affreux désordre éclate au sein de la colonne autrichienne, et, à l’extrémité du défilé, des cris confus se font entendre ; c’est que Ney, parti de Hohenlinden, refoule dans cette gorge fatale les ennemis, qui essayent inutilement d’en déboucher, et qui se trouvent broyés comme entre les deux branches d’un étau. Ney et Richepanse se rejoignent et se donnent la main en passant sur des monceaux de cadavres ; ils se jettent dans les bras l’un de l’autre en se félicitant d’un si beau résultat De toutes parts, les Autrichiens se dispersent dans les bois ou demandent grâce au vainqueur ; on fait des prisonniers par milliers, on prend toute l’artillerie et les bagages. Richepanse, laissant alors à Ney le soin de compléter la victoire sur ce point, s’empresse de voler au secours de Walther, qu’il avait laissé à Mattenboett aux prises avec des forces supérieures ; en arrivant, il rencontre cet intrépide général porté sur les bras de ses soldats ; une balle lui avait traversé le corps ; mais son regard rayonnait de joie et lui faisait oublier les douleurs de sa blessure, qui, heureusement, n’était pas mortelle. Richepanse se rabat aussitôt sur Saint-Christophe pour dégager le général Drouet, luttant contre le corps du général Riesch ; mais déjà, suivant sa prévision, Drouet avait été dégagé par le général Decaen, qui avait fait lui-même beaucoup de prisonniers aux Autrichiens. Ainsi, le centre de l’armée ennemie était presque anéanti.

Tandis que ces événements se passaient au milieu de la forêt de Hohenlinden, les divisions Bastoul et Legrand, formant notre gauche, résistaient vaillamment à l’infanterie des généraux Baillet-Latour et Kienmayer, bien supérieure en nombre et ayant pour elle l’avantage de la position ; car elle occupait des ravins boisés dominant la petite plaine de Hohenlinden, et de là dirigeait sur nos soldats un feu plongeant et meurtrier. Heureusement, Bastoul et Legrand étaient appuyés par la réserve de cavalerie de d’Hautpoul et par une des deux brigades de Ney, qui s’était jeté dans le défilé avec une seule. Le général Grenier, qui commandait la division, apprend bientôt le succès de l’attaque du centre, et, quoique ses troupes fussent de moitié inférieures en nombre, il prend hardiment l’offensive sur toute sa ligne. La lutte fut opiniâtre ; les positions furent prises et reprises, et plusieurs fois des corps français et autrichiens se mêlèrent dans leur acharnement. Mais l’impulsion communiquée par la victoire rendit l’attaque de nos troupes irrésistible ; le général Legrand finit par culbuter l’ennemi dans les défilés de Lendorf, tandis que le général Bonnet, avec une brigade de la division Bastoul, le rejetait en désordre sur l’Isen. Dans ce combat partiel, les Autrichiens laissèrent entre nos mains 1,500 prisonniers et 6 pièces de canon.

La victoire était complète : il était cinq heures du soir, et la nuit couvrait de ses ombres le champ de bataille. Nous avions tué ou blessé 7,000 à 8,000 Autrichiens, fait 12,000 prisonniers, pris 300 voitures et près de 100 pièces de canon, résultat inouï jusqu’alors ; jamais nous n’avions enlevé aux Autrichiens, dans une seule bataille, une quantité aussi considérable d’artillerie.

Cette journée, la plus belle de Moreau, fut aussi une des plus grandes de ce siècle, qui en a vu pourtant de si extraordinaires ; le premier résultat qu’elle amena fut le traité de Lunéville, dont l’Autriche éperdue ne put, pour ainsi dire, discuter les conditions.


HOHENLOHE, ancien comté, puis principauté de l’Allemagne féodale, dans le cercle de Franconie. En 1806, l’acte de la Confédération du Rhin a médiatisé cette principauté, et depuis elle appartient en grande partie au Wurtemberg. Une faible partie a été placée sous la domination de la Bavière. Elle comprenait une superficie d’environ 22 myriamètres carrés.

Cette principauté a donné son nom à une ancienne famille, que l’on prétend issue de la maison des ducs de Franconie. La famille de Hohenlohe jouait un rôle considérable dès le XIIe siècle, et l’un de ses rejetons, Geoffroi, comte de Hohenlohe, fut l’ami et le confident de l’empereur Henri VI. Les deux fils de Geffroi formèrent les deux lignes de Hohenlohe-Brauneck et de Hohenlohe-Hollock. La première s’éteignit au quatrième degré ; la seconde, à la mort de Craton II, en 1340, se bifurqua en deux branches, celle de Hohenlohe proprement dite et celle de Hohenlohe-Speckfeld. Cette dernière seule s’est perpétuée. Elle avait pour chef, au commencement du XVIe siècle, Georges, comte de Hohenlohe-Speckfeld, d’où sont sorties toutes les branches de Hohenlohe qui existent aujourd’hui. Georges, mort en 1551, laissa deux fils : 1° Louis-Casimir, auteur de la branche de Hohenlohe-Neuenstein-Œhringen, divisée en deux rameaux, les Hohenlohe-Neueunstein-Œhringen, éteints en 1805, et les Hohenlohe-Neuenstein-Langenbourg, divisés aujourd’hui en Hohenlohe-Langenbourg et Hohenlohe-Œhringen ou Ingelfingen dont faisait partie le général prussien de ce nom qui fut battu à Iéna en 1806, et obligé de mettre bas les armes à Preutzlow (v. plus bas) ; 2° Eberhard, auteur de la branche de Hohenlohe-Waldenbourg, divisée en Hohenlohe-Bartenstein et Hohenlohe-Schillingsfurst. Le premier de ces deux rameaux auquel appartient le prince Louis-Aloys, pair et maréchal de France (v. plus bas), s’est éteint dans sa filiation directe en 1844, et n’existe plus que dans une subdivision collatérale, dite de Hohenlohe-Iagstberg. Le second a produit le prince Alexandre-Léopold-François de Hohenlohe-Schillingsfurst, évêque de Sardique (v. plus bas). Les comtes de Hohenlohe des deux lignes alors existantes furent élevés à la dignité de princes de l’empire en 1767. Leurs domaines, nous l’avons dit, furent médiatisés en 1806.


HOHENLOHE-INGELFINGEN (Frédéric-Louis, prince DE), général prussien, né en 1746, mort en 1818. Il entra de bonne heure dans l’armée prussienne, et était parvenu en 1788 au grade de colonel. Dans la guerre contre les Français, il commanda une division en qualité de lieutenant général, et se distingua surtout près de Pirmasens et à l’enlèvement des lignes de Weissembourg. En 1794, il remporta une brillante victoire près de Kaiserslautern. Après la paix de Bâle, il fut nommé commandant en chef du cordon de neutralité sur l’Ems. La même année, il succéda à son père dans le gouvernement de sa principauté. Il devint général d’infanterie en 1800, gouverneur des principautés franconiennes en 1804, puis inspecteur militaire général de la province de Silésie, et, en 1805, il hérita des possessions de son cousin Louis-Frédéric-Charles d’Hohenlohe-Langenbourg-Œhringen. Pendant la guerre de 1805, entre la Prusse et la France, il commanda un corps d’armée entre la Saale et la forêt de Thuringe, et, en 1806, le corps d’année qui eut à combattre les Saxons. Son avant-garde, commandée par le prince Louis-Ferdinand de Prusse, fut battue le 10 octobre près de Saalfeld, et il fut lui-même vaincu le 14 à Iéna. Le duc Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick ayant été blessé mortellement le même jour à Auerstædt, il prit le commandement en chef et ramena vers l’Oder les restes de l’armée prussienne qu’il avait pu réunir à Magdebourg. Pendant cette retraite, Blücher, ainsi qu’il avait été convenu, marcha séparément avec son corps et évita ainsi d’être enveloppé dans la catastrophe de Prenzlau. Vigoureusement pressé près de cette ville par une armée supérieure en nombre, le prince capitula le 28 octobre 1806, avec toutes ses troupes, composées encore de 17,000 hommes, mais qui étaient affaiblies par les marches et les privations ; il ne consentit à cette capitulation que parce que la cavalerie de Blücher, sur laquelle il comptait, n’apparut pas et qu’il la crut anéantie. Il chercha plus tard à excuser auprès du roi de Prusse cette faute, qui lui était amèrement reprochée, en disant qu’il avait été induit en erreur par les rapports de Massenbach, quartier-maître général de son corps d’armée ; mais, n’ayant pu réussir à faire accepter cette excuse, il quitta le service et se retira dans ses propriétés de Silésie, laissant à son fils Auguste le gouvernement de sa principauté. Il dut plus tard aller se fixer en France, où il résida jusqu’en 1813. Il revint en Allemagne à cette époque, mais ne prit aucune part à la guerre de l’indépendance et passa le reste de ses jours dans la retraite.


HOHENLOHE-WALDENBOURG-BARTENSTEIN(Louis-Aloys-Joachim, prince DE), maréchal de France, d’origine allemande, né en 1765, mort en 1829. Entré de bonne heure dans l’armée française, il y devint, en 1788, colonel des chevau-légers de Linange. Il émigra en 1789, et, en 1792, prit le commandement du régiment des chasseurs d’Hohenlohe, qui faisait partie de l’armée des princes. Il fit toutes les campagnes de cette armée, se signala à Bodenthal, à Berstheim, à l’attaque des lignes de Weissembourg, sur les bords du Rhin et du lac de Constance, et à la défense de l’île de Bommel. Il dirigea la retraite avec une habileté et une hardiesse qui lui valurent les éloges du général Pichegru, son adversaire. Il fit encore les campagnes de 1796 à 1799 sur le Rhin, passa alors au service de l’Autriche, obtint, en 1802, le grade de lieutenant général, et, en 1807, fut nommé gouverneur des deux Galicies. Il se signala surtout par sa haine contre Napoléon, qui lui offrit vainement de lui rendre sa principauté, s’il voulait adhérer à la confédération du Rhin. Il rentra dans le service actif lors de la guerre de l’indépendance, combattit à Leipzig, en 1813, et, l’année suivante, s’empara de Troyes au nom des alliés. Après la seconde Restauration, il reçut de Louis XVIII des lettres de grande naturalisation, le grade de lieutenant général et le don du château de Lunéville. En 1823, il fut appelé au commandement d’un corps de l’armée d’Espagne, sous les ordres du duc d’Angoulême. Il devint maréchal de France en 1827, et, peu après, fut élevé à la dignité de pair de France. On a de lui des Réflexions militaires (Lunéville, 1818). — Son frère, Charles-Joseph-Justin-Ernest, prince de Hohenlohe-Bartenstein-Iagstberg, né en 1766, mort en 1838, embrassa d’abord l’état ecclésiastique, auquel il renonça à l’âge de vingt ans pour la carrière militaire. Il servit, avec son frère, dans l’armée des princes, fut promu, en 1797, par le comte de Provence, au grade de maréchal de camp, passa ensuite au service de la Russie, et reçut du czar Paul Ier le grade de lieutenant général. Il fut élevé au même grade en France par Louis XVIII, après la seconde Restauration.


HOHENLOHE-WALDENBOURG-SCHILLINGSFURST (Léopold-Alexandre, prince DE), célèbre thaumaturge allemand, né à Kupferzell, près de Waidenbourg, en 1794, mort en 1850. Il eut d’abord pour précepteur l’ex-jésuite Riel, et, destiné à l’Église, fit ses études théologiques dans divers séminaires de l’Allemagne. Ordonné prêtre en 1815, il se rendit l’année suivante à Rome, et y entra dans la Société du cœur de Jésus. Sa naissance lui ouvrit la carrière des hautes dignités ecclésiastiques, et il devint successivement grand prévôt du chapitre de Gross-Wardein (1829), évêque de Sardique in partibus (1844), et abbé du couvent de Saint-Michel de Gabojan. On lui attribuait le don des miracles. À Wurtzbourg et à Bamberg, en 1821, il aurait rendu la vue aux aveugles, fait parler les muets, entendre les sourds, marcher les boiteux et les paralytiques. Bientôt sa présence ne fut plus même nécessaire pour guérir les malades ; il suffisait à ceux-ci, quelque éloignés qu’ils fussent, de communier le même jour et à la même heure qu’il disait une messe pour eux, et de réciter une prière, imprimée pour cet objet, et la même pour toutes les maladies. Beaucoup de personnes crurent à ces cures merveilleuses ; il y eut même des médecins assez complaisants pour en certifier l’authenticité. La chose fit grand bruit en Allemagne et aussi en France, où elle ne trouva guère que des incrédules. La police ayant voulu examiner ses miracles, le prince-évêque se hâta de quitter la Bavière. Le pape lui-même ne voulut pas accorder la sanction de l’Église à ses miracles. On a de lui, entre autres ouvrages ascétiques ; le Chrétien priant dans l’esprit de l’Église catholique (Bamberg, 1819) ; Qu’est-ce que l’esprit du temps ? (Bamberg, 1821) ; Recueil de discours sur divers sujets (Vienne, 1830) ; le Pélerinage d’une âme cherchant Dieu dans notre vallée de larmes ou le Palais de la science du salut (Vienne, 1830) ; Esquisse de la vie laïque et ecclésiastique (Ratisbonne, 1836) ; Œuvres posthumes, publiées par Brunner (Ratisbonne, 1851).


HOHENLOHE-WALDENBOURG-SCHILLINGSFURST (Clovis-Charles-Victor, prince DE), homme d’État allemand, né en 1819. D’abord prince de Ratibor et Corvey, il devint, par concession de son frère aîné, prince de Hohenlohe. Sa naissance lui donnait droit de siéger dans la haute chambre bavaroise ; sa capacité reconnue lui fit accorder, en 1867, le titre de ministre de la maison du roi et des affaires étrangères. Il se fit tout d’abord remarquer, dans son administration, par une politique allemande nette et décidée ; mais, tout en travaillant à l’unification, et en faisant adopter en Bavière le système militaire prussien, il combattit vigoureusement, dès le début, les tendances de la Prusse à l’absorption des petits États. Sa nomination comme vice-président du parlement douanier donna même de vives espérances au parti anti-prussien, et l’on put croire un instant à la formation d’une confédération du Sud. M. de Hohenlohe négocia et fit signer dans le même but un traité avec les puissances du Sud de l’Allemagne, pour régler l’administration des forteresses, ce qui mécontenta vivement le gouvernement de Berlin. Il ne montra pas moins d’énergie dans sa lutte contre les tendances ultramontaines. Lorsque fut annoncé le concile du Vatican appelé à prononcer l’infaillibilité du pape, le ministre bavarois mit tout en œuvre pour empêcher ce résultat ou pour en prévenir les conséquences. Il provoqua même, dans ce but, une entente entre les divers États européens, qui ne put se réaliser. Les élections de 1869 donnèrent une chambre également partagée entre le parti clérical et les partis opposés. Il fallut la dissoudre. Devant la nouvelle chambre, M. de Hohenlohe n’ayant pu faire approuver sa politique anti-prussienne indiquée dans l’adresse, exposa avec beaucoup d’énergie les conséquences de la voie fatale suivie par la chambre, et donna sa démission (mars 1870).


HOHENMAUT, ville des États autrichiens (Bohême), cercle et à 39 kilom. E. de Chru-