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de lire facilement toutes sortes de livres sur la matière ; cet abécédaire était donné comme supplément au catalogue spécial placé à la suite du Novum organum. Dans le catalogue, il donne la liste des choses concrètes, et d ; ms l’abécédaire celle des qualités abstraites des corps. L’abécédaire est perdu et.on n’en possède maintenant qu’un fragment de peu d’étendue.

Les fragments d’histoire naturelle sont rédigés en latin. Bacon a publié séparément : Y Histoire des vents (1622), et l’Histoire de la vie et de la mort (IC23) ; ('Histoire de la densité est une œuvre posthume. Gruter en avait déjà, publié des morceaux dans ses Impetus philosophici (1653).Rawley a publié l’opuscule en entier en 16fi3. Quant au Sylva syloarum, le dernier des ouvrages écrits par Bacon, il fut rédigé en anglais. Bacon n’en faisait pas, grand cas, et ce n’est, en effet, qu’un ruinas- | sis de faits indigestes et sans ordre. On en ’ doit la publication à Rawley (1627) ; il fut traduit en latin (Amsterdam, 1648) par Jacques Gruter.

M. de Tracy a fait observer que, dans ses travaux d’histoire naturelle, l’auteur n’avait pas suivi la méthode indiquée dans le Novum organum. On peut répondre à cela que les essais de Bacon n’étaient que des matériaux auxquels il n’a pu donner une forme définitive, faute de loisir suffisant. La plupart des théories de l’auteur sur l’histoire naturelle sont abandonnées.

De Maistre (Philosophie de Bacon) a consacré un volume tout entier à tourner en ridicule le système de ce philosophe. La matière est abondante ; car, s attachant aux menus détails, l’auteur du livre du Pape révèle avec une gaieté intarissable : 1» ses erreurs véritables ; 20 ses néologismes ; 3° les choses que le critique ne comprend pas ; et c’est là surtout que le champ est vaste, car de Maistre n’a réellement par compris grand’choso au livre qu’il a entrepris d’analyser et de critiquer. Il en veut terriblement à Bacon d’avoir attaqué l’Histoire naturelle de Pline, et il l’uccuse pour cela d’avoir démoli la science. On voit quelle haute idée s’est faite de Maistre des progrès de la science moderne, et combien il est compétent pour juger ces matières.

Histoire naturelle générale et particulière,

§ ar Buffon, avec la collaboration successive e Daubenton, de Guéneau de Montbéliard et de l’abbé Bexon. Quelle que soit l’idée que nous devions laisser à nos lecteurs sur cet ouvrage, dont le mérite est aujourd’hui si controversé, la réputation prodigieuse dont il a joui, et qui n est pas encore complètement perdue, nous empêche de le traiter comme un livre ordinaire ; c’est pourquoi nous allons raconter, avec des détails inusités, dans ce Dictionnaire, l’histoire de sa publication.

Buffon en avait conçu l’idée dés son entrée au Jardin du roi, en 1739. En 1748 seulement, le Journaldes savants en annonça la publication, et l’année suivante vit paraître les trois premiers volumes, qui contiennent la théorie de la terre et l’histoire naturelle de l’homme. Le succès fut immense. Quatre éditions successives durent être faites dans le courant de l’année, et le livre fut aussitôt traduit en anglais, en allemand et en hollandais. Buffon ne put éviter que par mille précautions d’être mis k l’index, k cause de sa théorie de la terre ; mais il ne put échapper à des tracasseries multipliées que nous n’avons pas & raconter ici.

Le quatrième volume parut en 1752. Il contient 1 histoire du cheval, de l’âne et du bœuf. Le cinquième, qui parut en 1755, ne contient

fuère que de petites monographies. Il en est e* même des volumes suivants, qui furent publiés successivement, jusqu’au quinzième, de 1756 à 176g, époque où il termina la série des quadrupèdes. Celle des oiseaux fut ensuite entreprise, et enfin celle des minéraux (1738-1788), qui fut suivie d’une série de suppléments. L’ouvrage entier fut terminé tel qu’il existe, mais non sur le plan complet de Buffon, en 1789 ; il comprenait 36 vol. in-4<>. L’auteur en donna une autre édition, in-12, en 73 vol., ou en 54, lorsqu’on n’y joint pas les tripailtes, c’est-à-dire 1 anatomie, de buubenton, selon la pittoresque expression de Buffon lui-même. Tel est le livre qu’il nous reste k juger au point de vue scientifique d’abord, et ensuite au point de vue litiéraire. Buffon est-il un. vrai naturaliste ? On va voir que nous avons des raisons sérieuses de nous faire cette question singulière en apparence ; car d’abord Buffon n’observait pas, confiant le soin tout entier des observations à ses collaborateurs, et ensuite il ne classait pas, par dédain des classifications. Or, conçoit-on l’histoire naturelle sans observation ? À côté de ces défauts bizarres, Buffon possédait une qualité plus bizarre encore chez un naturaliste.-l’intuition. L’auteur de l’Histoire naturelle n’a pas observé ni constaté, il a deviné. Aussi, si l’on examine de près le vrai mérite de Buffon (nous ne traitons que le point de vue scientifique), on s’aperçoit bien vite qu’il a brillé par certaines idées générales qu’il avait déduites, non d’une série do faits étudiés en eux-mêmes et comparés entre eux, ce qui est la méthode naturelle et ordinaire, mais par la force d’un raisonnement abstrait, ou mieux encore par une sorte d’instinct qui ressemble à une double vue. Sa théorie de la terre, pleine d’erreurs, renferme

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aussi quelques grandes vérités qu’il avait devinées ; son grand principe de la fixité des espèces, ses belles règles de la distribution des animaux sur le globe ressemblent beaucoup k de pures vues théoriques, indépendantes de toute expérience. Mais reconnaissons immédiatement une chose qui, sans amoindrir le génie de Buffon, rabaisse singulièrement l’importance autrefois attribuée k son œuvre : la méthode et les travaux de Buffon sont éminemment propres à ennoblir la science, mais absolument incapables de lui faire fuire un pas. Nulle science, l’histoire naturelle moins que toute autre, ne se développe par l’aide exclusive de principes abstraits, elle a un besoin absolu d’expériences, ingénieusement instituées et consciencieusement suivies. Buffon est donc un philosophe, il n’est pas un naturaliste. Il nous est absolument impossible d’accorder ce titre k un savant qui, ayant entrepris une histoire naturelle générale des animaux, s’est attaché, après mûre réflexion, à les classer suivant leur degré d’utilité par rapport à l’homme, et l’on conçoit presque la colère qu’une idée si saugrenue inspirait à l’illustre Linné, un vrai naturaliste, celui-là.

Ce qu’on ne saurait contester à Buffon, c’est qu’il est un éminent écrivain. Les pages qu’il a soignées, les morceaux qui par leur nature se prêtaient k des peintures fortes et brillantes, seront toujours des modèles que rien ne pourra faire oublier. Quoi de plus noble que sa peinture de l’homme, essayant en quelque sorte l’usage de ses sens, et exprimant les impressions qu’il perçoit ? Quoi de plus simple et de plus majestueux que cette introduction k l’histoire du cygne ; de plus léger, de plus brillant que la peinture du colibri ; de plus effrayant que cette description des déserts de l’Arabie ou des savanes et des marais de la zone torride, dans l’histoire du chameau et dans celle du kamichi ? Ce qui distingue éminemment le style de Buffon, c’est la variété, la force et la noblesse, l’harmonie, avec une sobriété d’épithètes qui lui donnent plus de justesse et de vigueur.

Au sujet d’un tel livre et d’un tel écrivain, ce serait commettre un larcin que de dérober au lecteur les jugements émis par d’autres écrivains célèbres. Condorcet, comparant le génieet les écrits de Buffon, d’Aristote et de Pline, dit : « M. de Buffon, plus varié, plus brillant, plus prodigue d’images, joint la facilité k l’énergie, les grâces à la majesté ; sa philosophie, avec un caractère moins prononcé, est plus vraie et moins affligeante. Aristote semble n’avoir écrit que pour les savants, Pline pour les philosophes, M. de Buffon pour tous les hommes éclairés... On admirera toujours dans Aristote le génie de la philosophie ; on étudiera dans Pline les arts et l’esprit des anciens, on y cherchera ces traits qui frappent l’âme d’un sentiment triste et profond ; mais on lira M. de Buffon pour s’intéresser comme pour s’instruire ; il continuera d’exciter pour les sciences naturelles un enthousiasme utile, et les hommes lui devront longtemps et les doux plaisirs que procurent k une âme jeune encore les premiers regards jetés sur la nature, et ces consolations qu’éprouve une âme fatiguée des orages de la vie, en reposant sa vue sur l’immensité des êtres paisiblement soumis k des lois éternelles et nécessaires, i

J.-J. Rousseau écrivait dans l’intimité : « Ses écrits m’instruiront et me plairont toute ma vie. Je lui crois des égaux parmi ses contemporains, en qualité de penseur et de

fihilosophe ; mais en qualité d’écrivain, je ne ui en connais point : c’est la plus belle plume de son siècle ; je ne doute point que ce ne soit lk le jugement de la postérité. >

Grimmest encore plus enthousiaste : « Ceux qui voudront, dit-il, apprendre k écrire doivent regarder ces discours comme des modèles, et leur auteur comme leur maître dans l’art d’écrire. On est justement étonné de lire des discours de cent pages écrits depuis la première jusqu’à la dernière toujours avec la même noblesse, avec le même feu, ornés du coloris le plus brillant et le plus vrai. Ils apprendront comment on parle avec dignité des choses les plus communes, et comme tout s’ennoblit sous la plume d’un écrivain qui a de la dignité et de l’élévation. ■

Qu’on nous permette de clore la série de ces jugements par un jugement qui peut-être contredira le notre en quelques points ; mais le lecteur n’oubliera pas que Flourens, k qui nous l’empruntons, parle un peu en panégyriste, et il saura rabattre une partie de ce qu’il peut y avoir d’excessif dans l’éloge fait par un homme d’ailleurs si compétent :

« Buffon devine, Cuvier démontre ; l’un a le génie des vues, l’autre se donne la force des faits ; les prévisions de l’un deviennent les découvertes de l’autre. Et quelles découvertes I Les âges du monde marqués, la succession des êtres prouvée, les temps antiques restitués, les populations éteintes du globe rendues k notre imagination étonnée. Les travaux de Buffon et. de Cuvier sont, pour l’esprit humain, la daté d’une grandeur nouvelle.., . Buffon est le premier qui ait joint la description anatomique, c’est-à-dire intérieure, k la description extérieure des espèces. Il appela, il inspira Baubenton ; il jeta, par les mains de Daubenton, les premières bases de l’anatoinie comparée, et peut-être comprit-il mieux que Daubenton lui-même

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toute la portée de cette nouvelle science

On trouve dans Buffon tous les premiers germes de la grande physiologie. Buffon tient k deux époques, à deux esprits, à deux philosophies opposées. Il a, de la philosophie de Descartes, le goût des hypothèses ; il a, de la philosophie de Newton, le respect de l’expérience. Et voilà pourquoi l’on trouve dans Buffon, touchant ce qu’il y a de plus fondamental dans la science, touchant la méthode, les idées les plus sages, les plus saines, les plus sévères même, et, tout k coup, à côté de ces idées, des systèmes... Buffon est Leibnitz avec l’éloquence de Platon. Leibniiz n’avait parlé que pour les savants, Buffon a parlé pour tous les hommes. Il a oriflamme leur imagination de ce qui enflammait la sienne ; il les a contraints k-se fuire une occupation de ce qui l’occupait lui-même : pouvoir qui n’a jamais été que celui de l’éloquence. Il a reculé toutes les limites de la pensée touchant les plus grands phénomènes de la nature... Ce que l’antiquité n’avait pas vu, ce que les esprits les plus avancés parmi les modernes voyaient a peine encoro, Buffon l’a rendu vulgaire. C’est qu’il réunissait en lui le génie de la pensée et celui du style.... Quand on étudie cette suite toujours croissante de grands travaux, on admire ce puissant génie, dont la vue toujours domine, dans les fîpoques de la nature en particulier. Dans ce dernier et le plus parfait de ses ouvrages, Buffon touche k ce qu’il y a de grand dans le temps, dans les faits, dans les forces de la nature, et néanmoins, dans ce livre deBuffon, il y a quelque chose qui paraît plus grand encore que toutes ces grandes choses : le génie de l’homme. »

L’Histoire naturelle a été souvent rééditée, abrégée de toutes les manières. On a souvent tenté de la mettre, par des notes ou des rectifications, au courant des découvertes et des méthodes de la science moderne. Lacépède a complété Buffon, d’abord par l’Histoire des Quadrupèdes ovipares et des serpents (1787-1789), et ensuite par celle des poissons {17891803).

Histoire de l’anatomle et de la chirurgie,

par Portai (Paris, 1770-1773, 7 vol. in-8°). C’est un travail de sévère érudition et ou sont accumulés dés matériaux judicieusement choisis. Malheureusement, il est un peu aride et ne sera jamais recherché que par les curieux de l’histoire des sciences. La première partie comprend : Hippocrate, Gahen, Vésale, Fabrice d’Acquapendente, Ambroise Paré. Dans la seconde, on trouve : Harvey. Pecquet, Malpighi, Ruysch, Duverney, Morgagni, Winslow, Senac, Huiler, Lieutaud, Dionis, Heister, Morand.

L’auteur nous apprend qu’il a lu ou parcouru, pour composer son ouvrage, plus de dix mille volumes. Le sixième volume de son ouvrage est consacré exclusivement k la bibliographie ; on y trouve la liste de tous les livres de quelque importance publiés sur l’anatoraie et ta chirurgie depuis les temps anciens jusqu’à nos jours,

Histoire du cartésianisme, par Francisque Bouillier (1868, 3« édit., 2 vol.). Cet ouvrage avait paru d’abord, en 1842, sous la forme d’un mémoire, qui fut couronné par l’Institut. Après un exposé judicieux de la doctrine de Descartes, l’auteur fait l’historique complet de son développement. C’est en Hollande que cette doctrine commença k trouver des partisans, et bientôt ello fut patronnée par la princesse Elisabeth, qui, de son abbaye luthérienne de Herforden, en Westphalie, fit une grande école du cartésianisme.

Le principal défenseur de la philosophie de Descartes fut son disciple Régius ; son plus redoutable adversaire, le recteur Voetius, théologien âpre et persécuteur. Rien do plus animé et de plus instructif que le récit des intrigues, des procès, des querelles de toute sorte qu’amène en Hollande la lutte de l’orthodoxie et du cartésianisme : c’est un des chapitres les plus curieux k relire de la vieille et longue guerre de la superstition contre le progrès. Genfincx et sa théorie déjà si fortement idéaliste frayent les voies k Malebranche et k Spinoza. L’étude calme et sereine de Spinoza, de sa vie, de sa philosophie, ce chef-d’œuvre de logique, occupe ensuite la large place qui lui appartient de droit. M. Bouillier, tout antispinoziste qu’il est, exfioso savamment et consciencieusement tout e système de l’illustre Juif et rend justice k la beauté de sa morale comme à la force de sa dialectique.

En France, Descartes eut, dès l’abord, une foule de disciples, et des plus éminents, dans le clergé, dans les congrégations, surtout k Port-Royal et à l’Oratoire. L’Académie des sciences, en donnant raison aux théories scientifiques de Descartes, contribua aussi puissamment k l’extension de sa renommée. Mais l’écueit fut l’eucharistie : la doctrine cartésienne sur la nature et les rapports de la substance et des accidents est-elle ou non compatible avec la transsubstantiation qui s’opère, d’après l’Église, dans le sacrifice de la messe ? Descartes avait hasardé quelques explications que divulguèrent des disciples plus pieux que prudents. Aussitôt commencèrent les persécutions contre le cartésianisme ; le signal fut donné par le décret de la congrégation de l’Index. L’arrêt du parlement fut prévenu par la célèbre et hardie —, satire que Boileau publia sous le nom à’Arrêt

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burlesque. Mais le roi lui-même écrivit k l’Université contre Descartes, pour empêcher la propagation de ses doctrines.

L’école cartésienne proprement dite se recrute d’abord d’hommes relativement obscurs et peu originaux, partant aussi plus fidèles k la doctrine du maître que leurs successeurs. Ce sont le P. Mersenne, Clerselier, Rohault, de La Forge, Sylvain Régis et quelques bénédictins. Avant de passer aux cartésiens illustres et infidèles, M. Bouillier jette un coup d’œil sur quelques hommes « plus ou moins imbus des principes de Descartes. • Le principal est Pascal, qui, avant sa conversion au mysticisme, se jette avec ardeur dans le mouvement cartésien, et qui le maudit ensuite, avec toutes les œuvres de la raison humaine. Ici entrent en scène les jésuites et leurs manœuvres contre Doscartes et sa philosophie : le cartésianisme, pour eux, est le frère cadet du calvinisme et du jansénisme. Animé du même esprit, l’évêque d’Avranches, Daniel Huet, écrit ses pamphlets et sa Censure de la philosophie cartésienne.

La seconde période du cartésianisme en France a une tendance plus marquée k l’idéalisme. Elle est inaugurée et presque remplie par Malebranche, dont les théories platoniciennes et la polémique avec Arnauld sont longuement et vivement retracées. Ses opinions sur les causes de nos erreurs, sur l’essence de la matière, sur la vision en Dieu, sur le rôle des idées, sur les êtres intelligibles, sur l’universalité de la raison impersonnelle (sorte de Logos alexandrin), sur la confusion de la volonté avec l’inclination, sur les causes occasionnelles et sur la création continuée, méritent l’attention qu’y donne notre historien philosophe. Arnauld et Nicole sont un peu effacés entre Malebranche et Bossuet. Fénelon est un second Malebranche, quoiqu’il l’ait attaqué. Le quiétisrae et le pur amour ne furent que l’excès religieux et mystique de l’idéalisme cartésien de Malebranche ; toute la deuxième partie du Traité de l’existence de Dieu développe avec une hardiesse de pensée, que les effusions du sentiment religieux tempèrent seules, les idées les plus avancées et les plus hasardeuses du cartésianisme transforme. Il faut encore à l’auteur trois longs et savants chapitres pour suivre les péripéties de la doctrine de Malebranche et ses différents succès en France, dans l’Oratoire, chez les bénédictins et jus

?|ue chez les jésuites, où le père André s’en

ait le défenseur et presque-îe martyr.

Un cartésien devenu mystique, c’est le titre d’une autre remarquable étude sur Poirel (v. ce mot), et plus généralement sur lo cartésianisme en Angleterre.

Le Cartésianisme en Allemagne est plus que transformé par Leibnitz, auquel l’auteur consacre quatre beaux et savants chapitres, analysant et appréciant, du point de vue particulier du cartésianisme, toute la monadologie.

Le Cartésianisme en Suisse est surtout représenté par le Genevois Robert Chouet, qui, après avoir enseigné la philosophie nouvelle k Saumur, la fit pendant quelque temps triompher dans sa patrie ; mais elle ne tarda pas k y être éclipsée par 1 influence de Locke.

Le Cartésianisme en Italie est principalement représenté par Michel - Ange Fardella et par l’école de Naples, qui se fit persécuter pour ses hardiesses métaphysiques. Le rôle de Vico, comme adversaire de Descartes, s’explique, non par les grandes et nouvelles idées de Vico sur la philosophie de l’histoire, mais par sa métaphysique, qui n’a guère da mérite propre. Enfin, le cardinal Gordil réconcilie le cartésianisme avec l’Église.

Le Cartésianisme au xvme siècle, ou los derniers cartésiens : ce chapitre clôt assez obscurément le cycle de la grande histoire du cartésianisme. M. Bouillier s’attache à démêler, dans le vaste fleuve du xvnie siècle, le contingent, suivant lui, si considérable des affluents cartésiens. Dans Voltaire, dans Fontenelle, dans Rousseau, dans Maiian, dans le cardinal de Polignac, notre historien découvre l’influence directe ou médiate, forte ou faible, de Descartes. Peut-être est-il un peu porté, dans ce chapitre, comme dans plusieurs autres, à exagérer la part légitime d’influence qui revient a son héros et k sa philosophie. Pourtant, les dernières pages du livre nous replacent au point de vue juste et judicieux dont l’auteur ne s’est presque jamais écarté. • Le cartésianisme, nous dit-il, en répétant un jugement presque bizarre de Leibnitz, le cartésianisme est l’antichambre de la vérité. »

Histoire de l’économie polltique des anciens peuples de I lude, de I Égypte, de In Judée et de la Grèce, par Th. du Mesnil-Marigny (Paris, 1872, 2 vol. in-8°). L’économie politique, comme le remarque l’auteur, n’est pas une science nouvelle ; elle date des premières sociétés humaines. Il faut s’entendre, toutefois : les premières sociétés ont appliqué les principes éternels de l’économie, principes indispensables k toute société ; mais les philosophes du siècle dernier ont seuls fondé la scionco de l’économie politique, puisque, les premiers, ils en formulèrent les principes et en déduisirent les conséquences. Si le fait de la nouveauté de cette science pouvait être douteux, il serait suffisamment établi par le livre même que nous analysons’, et qui n’est que l’exposé des