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contrefont les morts, en retirant leurs pattes et leurs antennes contre le dessous du corps. Les larves sont linéaires, molles, aplaties, d’un blanc jaunâtre, armées de fortes mandibules, munies de six pattes courtes, et terminées par deux filets articulés et par un long appendice tubulaire, qui paraît servir d’organe locomoteur. Vers la fin de l’été, quand vient l’époque de leur métamorphose, elles se pratiquent, dans le lieu qu’elles habitent, une cellule lisse à l’intérieur ; la larve y devient une nymphe d’un brun pâle, qui, au printemps suivant, passe à l’état d’insecte parfait. Cette tribu comprend les genres hister (escarbot), hololepte, phyllome, placode, omalode, épière, Baprine, etc.

HISTÉROLITHE s. m. C-sté-ro-li-te — du lat. hister, escarbot, et du gr. liihos, pierre).

Zooph. Syn. d’HISTERAPETRE.

HISTÉROMÈRE s. m. C-sté-ro-mè-re — de hister, et du gr. meros, cuisse). Ëntom. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des ichneumons, dont 1 espèce type habite la Belgique.

HISTÉROPTÈRE s. m. C-sté-ro-ptè-re — de hister, et du gr. pteron, aile). Bntom. Syn. d’issus, genre d’insectes.

HIST1ÉE, en latin Histisa, puis ORÉE (Oreus), ville de la Grèce ancienne, dans l’Ile d’Eubée, sur la côte septentrionale, a, l’embouchure du Callas.

H1ST1ÉE, tyran de Milet, mort en 494 av. J.-C. Il suivit Darius dans son expédition de Scythie, fut chargé de garder le pont jeté sur le Danube, et combattit la résolution de Miltiade et des autres chefs grecs, qui voulaient abandonner ce poste important avant le retour du roi des Perses. Darius le récompensa de ce service par le don de Mitylène et d’un district de la Thrace j mais, en même temps, craignant son ambition, il le retint à Suse pendant seize années, honorablement traité, mais prisonnier. Lors de la révolte de l’Ionie, Histiée promit de ramener ses compatriotes à l’obéissance, obtint sa liberté, vint a Sardes, essaya de se maintenir entre les deux partis, mais échoua complètement, et fut réduit à faire la piraterie sur les côtes d’Asie. Il fut pris par Harpage et Artapherne, généraux perses, et mis à mort.

H1STIÉOTIDB, canton de l’ancienne Thessalie, compris entre la Perrhœbie au N., dont le séparaient les monts Cambuniens, la Pelasgiotide à l’E., la Thessaliotide au S., dont il était séparé par le Pénée, et la chaîne du Pinde à l’O., oui le séparait de l’Épire. Les villes principales de l’Histiéotide étaient Gomphi et Phœstus.

HISTIODROMIE s. f. C-sti-o-dro-mt — du

fr. istion, voile ; dromos, course). Mar. Art e la navigation à voile.

H1STIODROM1QUE adj. C-sti-o-dro-mi-ke

— rad. histiodromie). Mar. Qui concerne l’histiodromie : Principes histiodromiques.

HISTIOLOGIE s. f. C-sti-o-lo-jl — du gr. histion, toile ; logos, discours). V. histolo-

OIE.

HISTIOPHORE s. m. C-sti-o-fo-re — du gr. histion, voile j phoros, qui porte). Mamm, Genre de mammifères chéiroptères.

— Ichthyol. Syn. de voilier.

HISTOCHIMIE s. f. C-sto-chi-m ! — du gr. histos, tissu, et de chimie). Chira. Étude chimique des principes des tissus organiques.

HISTOGÈNE adj. C-sto-jè-ne — rad. histogénie). Physiol. Se dit des substances animales génératrices des tissus vivants.

HISTOGÉN1E 8. f. C-sto-jé-nl — du gr. Aistos, tissu ; genos, origine). Physiol. Production des tissus organiques. II Connaissance de la formation de ces tissus, Il On dit aussi histogenèse.

HISTOGÉNIQUE adj. C-sto-jé-ni-ke — rad. hisiogénie). Physiol. Qui concerne l’histogénie : Système histogénique.

HISTOGRAFHE s. m. C-sto-gra-fe — rad. histographie). Celui qui s’occupe d’histographie.

HISTOGRAPHIE s. f. C-sto-gra-fl — du gr. iston, tissu ; graphô, j’écris). Description des tissus organiques.

HISTOGRAPHIQUE adj. (i-sto-gra-fi-ke — rad. histographie). Qui se rapporte à l’histographie : Essais histographiques.


HISTOIRE s. f. (i-stoi-re — lat. historia ; du gr. historia, qui signifie proprement information, recherche intelligente de la vérité. Historia vient de histôr, qui veut dire le savant, le témoin, et se rattache à iedâ, idô, thème inusité de oida, eidon, signifiant savoir et voir, d’où aussi idea, aspect, vue, image et idée). Récit ou suite d’actions, de faits, d’événements dignes de mémoire, chronologiquement coordonnés : L’histoire de Franco. //histoire écrite par Tite-Live. //histoire des rois est le martyrologe des nations. (Dider.) Z’histoirb grecque est un poème, l’ms- toirk latine un tableau, /’histoire moderne une chronique. (Chateaub.) il Se dit absolument du récit ou de la suite des événements oui ont eu lieu sur la terre, et dans lesquels l’homme a joué le rôle principal : Interroger /’histoire. On a dit que la géographie et la chronologie étaient les deux yeux de /’histoire. (Acad.) La principale fonction de l’ms-

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roire, à mon avis, c’est de mettre en évidence les actions vertueuses et d’inspirer la crainte de l’infamie gui, dans la postérité, s’attache aux paroles et aux actions coupables. (Tacite.) Ce gui dégoûte de /’histoire, c’est de penser que ce que je vois aujourd’hui sera de /’histoire un jour. (M« de Sév.) Z’histoirb, qu’est-ce ? Le long procès-verbal du supplice de l’humanité : le pouvoir tient ta hache, et te prêtre exhorte le patient. (Lamenn.) Gardonsnous de faire de /histoire une divinité sans entrailles, comme le Fatum des anciens, et ne lui enlevons pas la sympathie pour les vaincus, pour les proscrits, pour tous les opprimés. (H. Martin.) Autrefois, on écrivait /’histoire à l’usage du dauphin ; aujourd’hui, c’est à l’usage du peuple qu’il faut l’écrire, et que les fils des rois s’instruisent à leur tour dans les livres faits pour te peuple. (Thiers.) .. Un roi vraiment roi, qui, sage en ses projets. Du bonheur du public ait cimenté sa gloire. Il faut pour le trouver courir toute l’histoire.

Uoileau.

— Par anal. Récit des événements arrivés dans une existence particulière ; suite de faits coordonnés : Z’histoirb d’un homme, /.’histoire de l’esprit humain, //histoire de la peinture. Faire /’histoire de l’esprit humain, c’est faire /’histoire de la sottise humaine. (Volt.) //histoire de la civilisation pourrait se définir une succession de réformes. (Hroudh.)

Comme les nations, les plats ont leur histoire !

MÉRÏ.

— Fait particulier arrivé à quelqu’un : C’est mon histoire. Voilà précisément mon histoire. On connaît /’histoire du faucon de Henri II, qui, s’étant emporté après une canepetiêre à Fontainebleau, fut pris le lendemain à Malte et reconnu à l anneau qu’il portait. (Buff.)

Tel rit d’une ruse d’amour,

Qui doit devenir à son tour

Le risible sujet d’une semblable histoire.

La FONTAINB.

| Anecdote, récit de quelque aventure particulière : Une histoire scandaleuse. Une histoire intéressante, joyeuse, touchante. Avoir la manie de raconter des histoires. Les meilleures histoires sont les mieux contées, (Mme Cornuel.)

Qu’il est doux d’écouter des histoires. Des histoires du temps passé, Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !

A. nu Vigny.

Il Fait, récit mensonger : // me fit là-dessus je ne sais quelle histoire. (Acad.) Il Ce qui est spécial à quelqu’un, ce qui lui arrive de particulier : C’est /’histoire du méchant, du joueur.

Vieillir de jour en jour plus triste. C’est l’Aisfoi’re de l’égoïste.

Voltaire.

— Fam. Objet qu’on ne veut ou ne sait nommer : Quelles sont toutes ces histoires qu’il porte pendues à sa boutonnière ? Elle a montré toute son histoire en tombant. Je ne peins que /’histoire, disait un peintre à qui la femme d’un maréchal de (Empire demandait son portrait.Bon ! et qui peindra le reste ? Piron, aveugle sur ses vieux jours, se promenait aux Tuileries, accompagné de sa nièce, son guide et son soutien. À peine Piron eut-il fait quelques pas, que tous les yeux se fixèrent sur lui ; chacun riait, et la pauvre nièce se trouvait honteuse, embarrassée ; elle s’aperçut bientôt d’un certain désordre dans la toilette de son cher oncle. « Mon oncle, tout le monde nous regarde... cachet... voire histoire.Ah ! mon enfant, reprit Piron, il y a longtemps que cette HiSTOiRB-Zà n’est qu’une fable. ■ It Vuin accessoire ; A-t-on besoin de tant (/’histoires pour se vêtir J il Embarras, façons, actes inutiles ou affectés : Ne faites pat tant (/’histoires avec les amis.

Histoire ancienne, Celle qui embrasse les époques les plus anciennement connues, et qui finit, quant à présent, à la destruction de 1 empire d’Occident en 476, ou, selon d’autres, à la mort de Théodose, en 395, mais dont l’avenir reculera sans doute les limites : Z’histoirb ancienne me semble, à l’égard de ta moderne, ce que sont les vieilles médailles en comparaison des monnaies courantes : les premières restent dans tes cabinets, les dernières circulent dans l’univers pour le commerce des Aommes.(Volt.) il Se dit familièrement d’un fait suranné, à qui son ancienneté ôte toute importance ou tout intérêt : C’est de /’histoire ancienne ce que vous me contez là.

Histoire du moyen âge, Celle qui comprend l’époque intermédiaire entre l’histoire ancienne et l’histoire moderne.

Histoire moderne, Celle qui, aujourd’hui, s’étend depuis la découverte de l’Amérique jusqu’à l’époque actuelle.

Histoire contemporaine, Histoire des événements de notre époque ou relative à des temps dont il subsiste encore des témoins.

Histoire sainte ou sacrée, Histoire des Juifs qui s’intitulaient le peuple de Dieu, et dont le gouvernement était théoci’atique, suivie de ^histoire de la religion chrétienne : On a divisé /’histoire des événements en sacrée et profane. (Volt.)

Histoire profane, Par opposition à Histoire sacrée, Histoire des peuples païens, et, en général, celle des faits considérés en dehors des idées religieuses.

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Histoire chronologique, Celle qui suit le cours et l’ordre des temps, qu’elle subdivise en périodes ou époques, et qui s’attache surtout à fixer les dates.

Histoire philosophique, Celle qui étudie la raison des événements, en montre l’enchaînement, et s’attache à tirer de leur étude des conclusions soit pratiques, soit spéculatives. Il Philosophie de l’histoire, Science des lois qui régissent les événements, et des inductions que l’on peut tirer de l’étude des faits généralisés et comparés.

— Elliptiq. Histoire de, C’est uniquement pour : Histoire de rire et ns s’amuser.

— Loc. fam. Le plus beau de l’histoire, Le fait le plus saillant, le plus remarquable, le plus curieux : Vous ne savez pas le plus bk’au de l’histoire. (Acad.) il Ce n’est pas le plus beau, le plus bel endroit de son histoire, Cela n’est pas avantageux ou honorable pour lui : // a hérité, mais ce n’est pas le plus beau de son histoire, il C’est toute une histoire, C’est un fait long à raconter, il C’est une autre histoire, C’est tout autre chose, c’est uno chose bien différente : Combien vendez-vous ceci ?Vingt francs.El cela ?Ah ! cela, c’est une autre histoire. Son frère est un bon garçon, mais lui, c’est une autre histoire. C’est lui qui me l’a dit. Oh ! alors, c’est une AUTRE histoire. Il Dit l’histoire, à ce que dit l’histoire, À ce que l’on raconte :

On envoyé du Grand Seigneur

Préférait, dit l’histoire, un jour chez l’empereur. Les forces de son maître a celles de l’empire,

La Fontaine.

Tribunal d’histoire ou des historiens, Sorte de commission instituée chez les Chinois, dès le commencement de leur monarchie, et qui a pour but de recueillir tous les événements d un règne, tous les actes des souverains, des princes et des grands. Chaque membre de ce tribunal écrit ses observations sur des feuilles volantes, qu’il jette dans une cassette ; après l’extinction d’une dynastie, ces feuilles sont rassemblées et servent à composer l’histoire authentique de l’empire.

— B.-arts. Peintre d’histoire, Peintre qui ne traite que de sujets appartenant à l’histoire ou à la mythologie classique, ou tout au moins de scènes qui ont un certain caractère de solennité et comportent un style large et noble.

— Se. naturelles, physiques et mathémati 3ues. Description de la forme, de la nature, es propriétés, des mœurs des êtres organiques ou des corps inorganiques : //’histoire des animaux, des plantes, des végétaux, /.’histoire du genre chat, /.’histoire du lion. Z’histoirk des solanées. //histoire du dattier. //histoire des carbonates naturels, /.’histoire de l’eau, de l’hydrogène. Il Étude des faits et des théories qui se rapportent à des corps, à des propriétés, à des phénomènes quelconques : Z’histoirb de l électricité. Z’histoirb de la pesanteur. Z’histoirb du cône, //histoire du levier. || Histoire naturelle, Science des divers êtres, des diverses productions de la nature : Z’histoire naturelle est la source des autres sciences physiques, la mère de tous les arts. (Buff.) il Cabinet d’histoire naturelle, Sorte de musée où sont classées les diverses productions de la nature.

— Syn. Histoire, annale», archives, etc. V. annales.

— Histoire, anecdote, historiette. V. ANECDOTE.

— Encycl. L’histoire proprement dite est le récit des événements sociaux dont l’ensemble constitue la tradition. Subjectivement, c’est la connaissance de ces mêmes événements. Tout ce qui arrive n’appartient donc pas a l’histoire. Son objet spécial est l’homme et les choses qui le concernent. Dès lors, l’histoire, comme fait, est le développement de l’esprit humain tel qu’il se manifeste dans ses relations sociales et ses rapports avec l’État. Comme science, elle est 1 intelligence de ce développement ; comme art, elle en est la reproduction ou la représentation par la parole. D’après une classification philosophique qui divise les facultés humaines en trois groupes, la mémoire, la raison et l’imagination, l’objet de la science humaine se divise naturellement en histoire, fruit de la mémoire ; philosophie, fruit de la raison, et poésie, fruit de l’imagination. Ce sont des points de repère propres à classer des idées ; en pratique, les trois choses se combinent.

L’histoire change d’aspect à chaque génération. Le xixe siècle n’en a pas l’idée qu’en avait le xvnie, et celui-ci n’en avait pas l’idée qu’en avaient les siècles précédents. Chaque époque l’étudié au point de vue qui la préoccupe. L’objet matériel de l’histoire, c’est-à-dire la connaissance des faits, change aussi selon les temps, à, cause de l’incertitude inhérente aux données du témoignage humain. « De même, dit M. de Barante, que les hommes et les peuples n’ont pas toujours pensé et agi avec tes mêmes dispositions, de même ils n ont pas toujours vu les faits sous le même aspect. Ce qu a été le genre humain, l’histoire l’a été : c’était justice que la peinture variât comme le modèle. L’histoire par excellence, la seule, suivant un ancien, qui mérite ce nom, c’est l’histoire écrite par les témoins oculaires. Cela est vrai en ce sens seulement que c’est l’unique témoignage réel

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qui nous reste. Les générations suivantes peuvent mieux juger les faits, en pénétrer, en développer 1 esprit, en connaître les causes, les effets et les rapports. Toujours est-il que l’histoire devient plus ou moins leur œuvre ; tandis que sa substance essentielle, ses matériaux, sans lesquels elle ne serait pas, ce sont les faits qu’ont transmis, par écriture ou tradition, ceux qui assistaient aux événements. >

Le caractère de l’histoire tient donc de celui de la civilisation. Au début de la société, elle est inconsistante et vague, comme les faits de conscience en général. Elle revêt naturellement une couleur poétique. L’homme primitif était un être essentiellement religieux et mystique ; aussi le merveilleux est-il l’enveloppe uniforme des premiers bégayements de l’histoire. Les poèmes sacrés de l’Inde, en Occident, l’Iliade d’Homère, les Œuvres et les Jours d’Hésiode sont des récits historiques accommodés suivant le génie propre des peuples dont ils redisent les exploits et l’origine. Rien n’arrive que par l’ordre et la main des dieux ; un destin inexorable pèse sur la volonté de chacun, réduit au rôle d’instrument par l’historien.

À l’époque dite héroïque, les hommes commencent a agir pour leur compte, deviennent de plus en plus responsables de leurs œuvres, en d’autres termes, sentent leur conscience et leur volonté se développer parallèlement.

La cosmogonie cède le pas à l’épopée, qui est une transition entre l’état mystique et l’état rationnel, entre le récit merveilleux et le récit purement historique. Les actes des héros ont bien encore les dieux pour complices ou pour inspirateurs, mais ils se dégagent nettement de la forme impersonnelle et fataliste des événements de la première période de l’histoire. L’imagination continue de régner ; cependant la mémoire intervient. Au surplus, il n’y a pas encore d’historiens : il n’y a que des postes.

En Orient et en Afrique, les histoires primitives sont surtout des chroniques, es, chose caractéristique, ces chroniques sont écrites sur les pierres des monuments. Ainsi, en Égypte, ce sont les monuments eux-mêmes qui, par des sculptures que commentent des inscriptions, fournissent une histoire authentique des prêtres et des rois, et qui jettent le plus grand jour sur les institutions, les mœurs et les idées du peuple égyptien. À Babylone, à Ninive, l’art plastique a aussi le caractère annaliste qu’on trouve en Égypte ; il éternise tout ce qui a rapport à la vie sociale et politique des Assyriens.

Le peuple grec ne semble avoir ressenti qu’assez tard le besoin de noter exactement ses entreprises et ses destinées dans la paix et dans la guerre. À première vue, cela étonne dans un peuple aussi intelligent que le peuple grec ; mais, lorsqu’on y réfléchit, on en aperçoit bien vite la cause, et cette cause se trouve dans la constitution de la société grecque et dans son génie. C’est ce

3u’explique parfaitement Ottfried Mûller ans son Histoire de la littérature grecque.• « Une vie insouciante, remplie de fantaisies juvéniles, se continue chez le peuple grec

Iusque vers les époques où il joue lui-même e rôle le plus important dans l’histoire universelle et se mesure dans de gnindes guerres, avec les nations depuis longtemps mûres de l’Orient. L’illustration d’un passé que l’imagination avait orné de tous les enchantements ne permettait guère aux souvenirs des exploits et des événements d’un temps moins reculé de se fixer dans les esprits. Lu constitution républicaine, elle aussi, et la division de la nation en d’innombrables petits Etuts empêchèrent l’intérêt de se concentrer sur certains événements principaux. L’attention qu’on prêtait aux destinées de la patrie se renfermait dans un cercle trop étroit et changeait d’objet avec chaque génération. Bref, le génie de la Grèce a voulu que l’esprit de la nation ne se dégageât que fort tard de la mythologie poétique et ne trouvât que fort tard, dansïa situation et dans les événements contemporains, un objet digne de ses réflexions et de son imagination. •

Cadmus est cité comme le premier historien et, à côté de Phérécyde de Syros, comme le premier prosateur. Sa vie ne peut être placée que peu avant la lx6 olympiade (540 av. J.-C.). Vinrent ensuite, d’abord le Dorien Acusilaûs d’Argos, puis i’Iunien Lécatis de Milet (lxixo olympiade, 502) ; Phérécyde, de Scyros, petite lie près de Milet, dont la maturité coïncide à peu près avec les guerres médiques ; Charon de Lumpsaque (Lxxvine olympiade, 464) ; puis Hellonicus de Mitylène, qui est presque contemporain d’Hérodote, ainsi que Xunthus, fils de Candaule de Sardes, et Denys de Milet. Tous ces auteurs, des ouvrages desquels il ne reste que des fragments, sont moins des historiens que des chroniqueurs, et leurs écrits sont mêlés de mythes et de fables. On les comprend habituellement sous le nom de logographes. Ils sont animés du désir de communiquer ù leurs concitoyens, pour leur instruction et leur plaisir, ce qu’ils ont recueilli de renseignements ; mais aucun d’eux n’a l’idée de produire, par une ordonnance savante et la puissance du style, une impression analogue à celle que produisent les œuvres de la Poésie. Hérodote fut le premier Orec dans esprit duquel germa cette idéo, et c’est