1533. On n’en connaît, avant celle de Shakspeare, aucune autre sur le même sujet.
Henri VIII, tragédie en cinq actes et en vers, de Marie-Joseph Chénier (théâtre de la
République, 1791). Cette pièce inaugura la
nouvelle salle du Théâtre-Français, rue Rishelieu,
et faillit sombrer sous les cabales, qui
s’adressaient beaucoup plus au républicain
qu’au poëte. Suivant Laharpe, « Henri VIII
est une très-mauvaise pièce, une déclamation
en dialogues, chargée de lieux communs ; on
n’y trouve ni intérêt, ni intrigue, ni action,
ni marche dramatique, ni mouvements, ni
convenances, ni caractères. » Ce jugement
doit être réformé. La pièce, sans être un chef-d’œuvre,
a de l’intérêt. M.-J. Chénier a choisi,
dans la série d’aventures sanglantes qui font
du règne de Henri VIII un long drame, la
catastrophe d’Anne de Boulen, remplacée
dans le cœur du Barbe-Bleue royal par Jeanne
Seymour, et il en tire plusieurs situations pathétiques. Les caractères historiques sont assez
bien tracés ; celui de Henri VIII est surtout
d’un énergique relief, et, n’y eût-il que le récit de la mort d’Anne de Boulen, au cinquième acte, cette tragédie mériterait encore d’être lue, sinon représentée.
Henri VIII (LES SIX FEMMES DE), scènes historiques, par M. Empis (1854). L’auteur a
suivi les mêmes procédés que le président
Hénault, Rœderer et M. Vitet avaient empruntés
à Shakspeare, et qui consistent dans une succession de tableaux, et des changements de scène fréquents, permettant de retracer les événements à mesure que les fournit l’histoire et avec moins de gêne qu’au théâtre. Il a essayé de se tenir le plus près possible de la
vérité, de présenter sous leur vrai jour les
physionomies et les événements ; il a fait revivre,
avec beaucoup d’art, les personnages
divers que lui offrait cette page éminemment
dramatique de l’histoire d’Angleterre. On voit
succéder, par d’étranges et sanglantes révolutions,
à la douce et résignée Catherine, cette touchante Anne de Boulen, puis Jeanne Seymour, puis Anne de Clèves, que Henri VIII a aimée en peinture et qu’il répudie dès qu’il l’a possédée, puis Catherine Howard, ambitieuse,
hardie, mais que sa coquetterie téméraire doit pousser bientôt du trône d’Anne de Boulen à son échafaud, puis cette théologienne disputeuse, mais prudente, Catherine
Parr, qui eut la sagesse de se laisser convertir par son intolérant époux. Le monstre implacable, à la fois tendre et sanguinaire, fascine ses victimes et les attire à lui, les unes par la crainte, les autres par l’amour, d’autres par l’ambition. Henri VIII constitue à lui seul la véritable unité de l’action dramatique ;
il est le centre de toutes ces intrigues, le héros de toutes ces séductions, le bourreau de toutes ces femmes. M. Empis a traité avec soin cette étonnante figure ; mais il eût fallu, pour lui donner tout son relief, une main plus puissante que la sienne.
HENRI Ier, roi de Castille, né en 1202, mort en 1217. Il succéda en 1214 à son père, Alphonse IX, et régna sous la tutelle de sa mère, Éléonore d’Angleterre ; mais celle-ci étant morte vingt-cinq jours après Alphonse, Bérangére, sœur du jeune roi, puis le comte Alvar, exercèrent successivement la régence et ensanglantèrent la Castille en se disputant le pouvoir. Le jeune prince mourut avant sa majorité.
HENRI II, connu sous le nom de Henri de Transtamare, roi de Castille, fils naturel d’Alphonse XI et d’Éléonore de Guzman, né en
1333, mort à Burgos en 1379. Il conspira longtemps
contre son frère Pierre le Cruel, que
ses crimes avaient rendu odieux, finit par
obtenir l’appui de Charles V, roi de France,
qui envoya à son aide les grandes compagnies,
avec Du Guesclin pour général, et
perdit la bataille de Navarette (1367). Après
cette défaite, il retourna en France et obtint
de nouveaux secours, qui lui permirent de
faire une nouvelle tentative en Castille. Il tua
Pierre à Montiel et se fit proclamer roi (1368).
Suivant les récits d’un grand nombre d’historiens,
il tua son frère à coups de poignard,
dans la tente de Du Guesclin, où il avait été
attiré ; mais d’autres historiens disent que le
meurtre eut lieu dans la tente d’un simple
gentilhomme nommé Le Bègue de Villaine.
Il eut ensuite des succès dans quelques guerres
contre le Portugal, l’Aragon et la Navarre,
paya fidèlement sa dette de reconnaissance
envers Charles V, en envoyant devant
La Rochelle une flotte qui combattit victorieusement
celle des Anglais, et resta jusqu’à
sa mort attaché à l’alliance française.
HENRI III, l’Infirme, roi de Castille, né à
Burgos en 1379. Il succéda à son père Jean Ier
en 1390. Sa minorité fut troublée par des rivalités.
À quatorze ans, il se déclara majeur, réprima
les soulèvements des grands, repoussa
les attaques du Portugal, châtia les pirates barbaresques qui ravageaient les côtes de l’Andalousie
et prit Tétouan. Dans l’affaire du
schisme, il se prononça pour Benoit XIII et
s’attira les censures de son rival Boniface III,
pour quelques changements dans la discipline
ecclésiastique. Il interdit l’usure aux juifs,
travailla à l’embellissement de Madrid et mourut
au moment où il préparait une expédition
contre les Maures d’Espagne.
HENRI IV, l’Impuissant, roi de Castille,
ne à Valladolid en 1425, mort en 1474. il succéda à son père Jean II en 1454, après avoir
pris part à plusieurs révoltes contre lui.
Quelques combats contre les Maures lui concilièrent
d’abord l’affection de ses sujets ;
mais son ineptie, sa prodigalité et ses mauvaises
mœurs lui attirèrent bientôt le mépris
universel. Les historiens rapportent que, pour
se justifier du reproche d’impuissance, il livra
son épouse, Jeanne de Portugal, à l’un de ses
favoris. Jeanne de Castille aurait été le fruit
de cet adultère. Suivant d’autres récits, il se
serait fait, en outre, délivrer un certificat de
virilité par une commission de médecins.
Ces précautions n’empêchèrent point que les
grands ne prissent ce prétexte pour se soulever
contre lui et lui opposer son frère Alphonse,
qui mourut après la bataille indécise
d’Olmedo (1467). Las de discordes, Henri consentit
à reconnaître sa sœur Isabelle pour son
héritière. Ce prince avait beaucoup de vices ;
mais on ne lui reproche point de cruauté. Il affectait, au reste, une dévotion excessive. Il
fit aux Maures une guerre qualifiée de croisade,
qui dura dix ans et n’eut d’autre résultat
que d’épuiser le trésor, ce qui obligea
Henri à émettre des monnaies dont la valeur
intrinsèque était presque nulle. On vit les
denrées monter jusqu’à cinq fois leur valeur
ordinaire.
HENRI (don), infant de Castille, né vers
1225, mort en 1304. Frère d’Alphonse X, roi
de Castille, il essaya de le détrôner, mais fut
complètement battu (1257), et se rendit alors
à Tunis, où il adopta, dit-on, la religion et les
mœurs des Sarrasins et prit du service dans
l’armée musulmane. Las de ce genre de vie,
don Henri se rendit en Italie et alla trouver
Charles d’Anjou, qui venait de conquérir
le royaume de Naples (1268). Ce prince l’accueillit
d’autant plus favorablement que Henri
lui prêta une forte somme d’argent, et demanda
au pape Clément IV de donner à l’infant
de Castille l’investiture du royaume de
Sardaigne. Mais la mésintelligence ne tarda
pas à se mettre entre les deux princes. Charles
d’Anjou refusa de rendre l’argent qu’il
avait emprunté. Furieux contre le roi de Naples,
Henri résolut de le renverser, se rendit
à Rome, où il s’empara du pouvoir, se déclara
le partisan de Conradin, qu’il appela en Italie,
l’accueillit en grande pompe à Rome, l’aida
à chasser les Angevins de la Sicile et se signala
par sa grande bravoure à la bataille de
Tagliacozzo, où Conradin fut vaincu et fait
prisonnier (1268). Livré peu après à Charles
d’Anjou, par l’abbé du Mont-Cassin, l’infant
Henri fut enfermé dans une cage de fer,
traîné ainsi de ville en ville et livré à la risée
de la populace ; grâce à l’intervention du pape
Honorius IV, il recouvra enfin la liberté en
1294, et retourna alors en Castille, où régnait
son neveu don Sanche. À la mort de ce prince
(1295), il se fit nommer régent du royaume et
gouverna la Castille jusqu’à la majorité de
Ferdinand IV, en 1302. Deux ans après, il
mourut sans laisser d’enfant. C’était un prince
perfide et rusé, d’une nature inconstante et
inquiète, et extrêmement vicieux.
HENRI DE TRANSTAMARE, roi de Castille.
V. Henri II, de Castille.
HENRI DE BOURBON (Marie-Ferdinand), infant d’Espagne, duc de Séville, né en 1823,
tué en duel en 1870. Il était frère aîné de
François d’Assise, époux de la reine Isabelle,
et cousin germain de cette princesse, qui le
nomma vice-amiral de la flotte. Ayant manifesté
hautement des idées politiques très-avancées,
il se vit privé de son grade et de
ses autres dignités en 1867 et se rendit alors
à Paris, où, sans fortune particulière, il se
trouva dans une position extrêmement gênée.
Après la révolution de 1868, qui renversa du trône Isabelle, l’infant don Henri publia quelques brochures républicaines, puis retourna en Espagne, où il s’était lié avec le maréchal Prim, alors à la tête des affaires. Peu après, il se livra à d’ardentes attaques contre le duc de Montpensier, l’accusa ouvertement d’avoir contribué à la chute d’Isabelle pour s’emparer du trône, et dans un manifeste, intitulé : Aux montpensiéristes (7 mars 1870), il parla du fils de Louis-Philippe dans des termes tellement injurieux que celui-ci crut devoir relever le gant et le provoquer en duel. La rencontre eut lieu le 12 mars suivant, à une courte distance de Madrid. Après quelques coups de pistolet échangés sans résultat, l’infant don Henri, atteint par une balle à la tête, tomba roide mort. Deux jours après, il était conduit au cimetière, sans le concours du clergé, par un imposant cortège de francs-maçons, qui le comptaient au nombre de leurs affiliés.
HENRI DE BOURGOGNE ou DON HENRIQUE, fondateur de la monarchie portugaise, fils du duc Henri de Bourgogne et arrière-petit-fils de Robert, roi de France, né, probablement à Dijon, vers 1057, mort en 1114. Il vint fort jeune dans la péninsule, combattit les Maures, et reçut d’Alphonse II, roi de Castille, la main de sa fille naturelle, Thérésa, avec l’investiture de trois des plus belles provinces qui composent aujourd’hui le Portugal. Ces contrées étaient en quelque sorte à conquérir sur les Maures, ou du moins à défendre contre leurs attaques incessantes. Après la mort d’Alphonse, Henri se rendit à peu près indépendant, accorda des franchises à plusieurs cités et prépara la grandeur de la monarchie portugaise.
HENRI ou HENRIQUE (le cardinal), roi de Portugal, né à Lisbonne en 1512, mort en
1580. Il était fils de dom Manoel, fut revêtu,
dès l’enfance, des ordres sacrés, et devint
évêque d’Evora, puis cardinal (1545). En 1539,
il avait été nommé grand inquisiteur, et c’est
par ses soins que se multiplièrent les succursales
du saint office et que fut fondée cette
inquisition de Goa qui se rendit si horriblement
célèbre. À la mort de son neveu, le roi
dom Sébastien (1578), Henri fut appelé tout
à coup à monter sur le trône de Portugal. Il
était alors cacochyme, phthisique, brisé par
l’âge et par la maladie, et ne prenait pour
toute nourriture que du lait de femme, ce qui
ne l’empêcha pas de songer un instant à demander
au pape l’autorisation de se marier,
dans le fol espoir de donner un héritier au
trône. Toutefois, il renonça à ce projet, abandonna
la direction des affaires d’État à Christovam
de Moura, et se montra plein de faiblesse
et d’irrésolution. N’ayant pas voulu
reconnaître pour son héritier dom Antonio,
prieur de Crato et neveu de Jean III, il entra
en négociation avec le roi d’Espagne, Philippe II, et lui offrit la couronne de Portugal.
Par cet acte déplorable, Henri précipita son
pays dans une crise désastreuse en provoquant
son asservissement par l’Espagne. Philippe II s’empara, en effet, du Portugal après
la mort du cardinal-roi.
HENRI le Navigateur ou DOM HENRIQUE, infant de Portugal, troisième fils de Jean Ier, né à Porto en 1394, mort en 1460.
Il reçut une éducation extrêmement remarquable
pour l’époque et dirigée surtout vers
les sciences nautiques et mathématiques, puis
il prit une part brillante à l’expédition de
Jean Ier contre les Maures d’Afrique, expédition
qui livra Ceuta et Tanger aux Portugais
(1415). Henri était grand maître de l’ordre
du Christ, et venait d’être nommé duc de
Viseu lorsqu’il fit construire au cap Sagres,
en 1419, un château fort qui devint bientôt le
centre d’une agglomération d’habitants appelée
Villa do Infante. Là, dom Henri établit
un observatoire, une école nautique, une
Académie hydrographique, et devint le promoteur
des grandes découvertes maritimes
qui illustrèrent la fin du règne de son père.
La côte occidentale d’Afrique, Porto-Santo,
Madère, etc., furent explorés et colonisés par
ses soins. Mais son surnom de Navigateur
n’est pas d’une exactitude rigoureuse, car il
ne dirigea en personne aucune expédition. Il
fut activement secondé dans son œuvre par
son frère Pedro, duc de Coïmbre, qui fit tous
ses efforts pour accroître les connaissances
géographiques du Portugal et ses ressources
intérieures. En 1431, l’infant dom Henri, qui
avait pris le titre de protecteur et de défenseur
perpétuel des études en Portugal, fit don
de son palais à l’université de Lisbonne et la
dota d’une rente pour payer de nouveaux professeurs.
En 1437, il reçut le commandement
d’une flotte envoyée contre les Maures de
Tanger ; mais il échoua devant des forces supérieures.
Ce prince a laissé quelques écrits
qui n’ont pas été publiés.
HENRI Ier, dit le Grand, premier duc de Bourgogne, né vers 950, mort en 1002. Fils du comte de Paris, Hugues II le Grand, il devint duc de Bourgogne à la mort de son frère Othon (965). Son autre frère, Hugues Capet, étant devenu roi de France, lui donna le titre de grand-duc, d’où vient son surnom. C’était un prince doux et vertueux, qui s’attacha à corriger les abus. Son fils adoptif, Othon, lui succéda.
HENRI Ier, le Libéral ou le Large, comte de Champagne et de Brie, né vers 1127,
mort en 1181. Il succéda, en 1152, à son
père, Thibaut IV, gagna l’amitié du roi de
France, et se signala par ses grandes libéralités
envers les savants, les artistes et les
pauvres. En revenant de la terre sainte, où
il était allé prendre part à une croisade, il
fut arrêté en Illyrie (1180), mais recouvra
bientôt la liberté, et mourut peu après son
retour à Troyes. Il dota Troyes de canaux
pour faciliter le travail des manufactures.
HENRI, le Lion, duc de Saxe et de Bavière,
né en 1129, mort en 1195, fils du précédent.
À la mort de son père, il vit confisquer
la plus grande partie de son héritage par
l’empereur Conrad, en obtint la restitution
sous Frédéric Barberousse (1154), qu’il accompagna
par reconnaissance dans ses premières
expéditions en Italie, et dont plus tard
il encourut la disgrâce, mais qu’il ne trahit
point, comme on le dit quelquefois. Les principales
causes de cette disgrâce furent la
puissance où Henri était parvenu par ses conquêtes
sur les Slaves et son refus mal dissimulé
de secourir Frédéric après sa défaite de
Legnano. Cité successivement à plusieurs
diètes, il fit constamment défaut et fut dépouillé
de toutes ses possessions, à l’exception
de Brunswick et de Lunebourg (1181). L’empereur,
qui craignait son influence en Allemagne,
lui infligea même plusieurs années
d’exil. Quelques années plus tard, il parvint
à conquérir le Holstein et plusieurs villes du
Nord, mais ne put les conserver.
HENRI, le Jeune, roi de Jérusalem et comte de Champagne, né vers 1150, mort en
1197. Il partit pour la Palestine lors de la
troisième croisade, en 1189, se conduisit brillamment
dans plusieurs rencontres, notamment au siège de Ptolémaïs, et monta sur le
trône de Jérusalem en 1192. Henri avait épousé
Isabelle, veuve du marquis de Tyr, Conrad.
Il mourut après cinq ans de règne.
HENRI DE HAINAUT, empereur français de Constantinople, né vers 1174, mort en 1218.
Il était second fils du comte de Flandre, Baudouin VIII. Il accompagna son frère à la quatrième
croisade, prit part à la prise de Constantinople
(1204) et à la fondation de l’empire
latin, reçut, pour sa part de conquête,
plusieurs provinces d’Asie, gouverna l’État
pendant la captivité de son frère chez les
Bulgares, et lui succéda quand on eut acquis
la certitude de sa mort (1206). Il gouverna
avec autant de prudence que d’énergie et
d’habileté, se défendit contre les Bulgares et
les Grecs, tenta une conciliation difficile, sinon
impossible, entre les Grecs, les Vénitiens
et les barons français, modéra le zèle excessif
du légat pontifical, qui voulait ramener par
la violence les Grecs schismatiques, protégea,
autant qu’il le put, les vaincus contre la violence
et la spoliation, se montra, en un mot,
guerrier, politique et administrateur, mais ne
parvint pas à donner un grand éclat à l’empire
franco-byzantin, dont la décadence se
précipita sous ses successeurs. Il mourut empoisonné,
en marchant contre les Épirotes, qui s’étaient emparés de deux fiefs impériaux (1218).
HENRI II, dit le Pieux, duc de Silésie, né
en 1191. Il était fils de Henri le Barbu et de
sainte Hedwidge, et descendait de la race des
Piast, en Pologne. Il succéda à son père en
1239, et se vit, dès son avènement, menacé
par un ennemi formidable. Les Tartares Mongols,
après avoir asservi toute la Russie, venaient
de pénétrer en Pologne et en Hongrie ;
Boleslas V le Chaste, roi de Pologne, saisi
d’une lâche terreur, avait pris la fuite, et les
Tartares, après avoir triomphé de la résistance
que leur opposèrent quelques courageux palatins, avaient brûlé Cracovie et s’étaient
avancés jusque sur les frontières de la Silésie.
Le salut commun rassembla les Moraves,
les Silésiens et les chevaliers teutoniques ;
Henri le Pieux prit le commandement de leur
armée, qui comptait 30,000 hommes ; mais les
Tartares en avaient 100,000, et, cette fois encore,
le nombre l’emporta. Le duc Henri périt
à la bataille de Liegnitz (1241), en chargeant
à la tête de ses phalanges. Son héritage fut
entre ses fils l’occasion de longues querelles
intestines, qui se terminèrent enfin par un
partage, lequel eut les résultats les plus
désastreux pour la Silésie.
HENRI, dit l’Illustre, margrave de Misnie,
né en 1218, mort en 1288. Il succéda, en 1221,
à son père, Dietrich ou Thierry l’Opprimé,
sous la tutelle de son oncle maternel, Louis
le Pieux, landgrave de Thuringe. Ce dernier
étant mort en 1227, la mère du jeune prince,
l’ambitieuse Jutta, qui s’était remariée avec
le comte Poppo de Henneberg, prit les rênes
du gouvernement. Henri fut déclaré majeur
avant l’époque fixée par les lois, et épousa,
dès 1234, Constance, fille de Léopold, duc
d’Autriche. Il fit ses premières armes contre
les Prussiens, et eut ensuite à combattre le
margrave Jean de Brandebourg ; mais bientôt
la guerre de la succession de Thuringe vint
l’occuper exclusivement. Dès 1242, il avait
reçu de l’empereur l’investiture éventuelle de
la Thuringe et du palatinat de Saxe. Cependant,
lors de l’extinction de la ligne mâle de
Thuringe en la personne du landgrave Henri
Raspon (1247), il se vit forcé de soutenir par
les armes ses droits sur ce pays, contre une
plus proche héritière du landgrave, Sophie,
épouse de Henri II, duc de Brabant, et contre
un autre compétiteur, Siegfried, comte d’Anhalt.
Les états de Thuringe lui prêtèrent serment d’hommage
en 1249, et, l’année suivante, il prit possession du gouvernement de la
Hesse, mais seulement au nom de Henri l’Enfant,
fils mineur de Sophie. Cette dernière,
ayant bientôt après fait alliance avec le duc
Albert de Brunswick, la lutte se ranima avec
plus d’ardeur que jamais, et ne se termina
qu’en 1263, par la bataille de Wettin, à la
suite de laquelle Henri laissa la Hesse au fils
de Sophie et resta paisible possesseur de la
Thuringe. Mais, dans l’intervalle de ces luttes,
il avait négligé de faire valoir, à l’extinction
de la ligne de Bubenberg, les droits qu’il
possédait, en Autriche, du chef de sa femme,
et ne reçut, en dédommagement, qu’une faible
indemnité. Le reste de son règne fut
troublé par de cruelles discordes, nées au sein
même de sa famille. Il avait abandonné à son
fils aîné, Albert, dit le Méchant, la Thuringe,
le palatinat de Saxe et le territoire de Pleissen,
et à Dietrich, le plus jeune, la marche
de Landsberg, ne conservant pour lui-même
que la Misnie et la basse Lusace. Albert étant
bientôt entré en lutte avec ses propres fils,
Frédéric le Mordu et Diezmann, toute union
fut détruite entre la famille de Henri, ainsi
qu’entre les diverses provinces qui étaient
jadis sous sa domination. Il sembla vouloir
encore augmenter les difficultés de cette situation
intérieure, en contractant un second mariage avec Agnès de Bohême, morte sans enfants, en 1268, puis un troisième avec Élisabeth de Maltitz, qui lui donna un fils, Frédéric, dit le Petit. Ses efforts pour assurer à
ce dernier une partie de son héritage ne réussirent
qu’à envenimer ses querelles avec ses
autres enfants, auxquelles sa mort seule mit
un terme. C’était un prince doué de grandes