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ont été éludées et suivies de procédés dédaigneux. Notre pays en a ressenti une profonde irritation, et aussitôt un cri de guerre a retenti d’un bout de lp. France à 1 autre. Il ne nous reste plus qu’à confier nos destinées au sort des armes.

« Nous ne faisons pas la guerre à l’Allemagne, dont nous respectons l’indépendance. Nous faisons des vœux, pour que les peuples qui composent la grande nationalité germar nique disposent librement de leurs destinées.

« Quant à nous, nous réclamons l’établissement d’un état de choses qui garantisse notre sécurité et assure l’avenir. Nous voulons conquérir une paix durable, basée sur les vrais intérêts des peuples, et faire cesser cet état précaire où toutes les nations emploient leurs ressources k s’armer les unes contre les autres.

Le glorieux drapeau que nous déployons encore une fois devant ceux qui nous provoquent est le même qui porta k travers l’Europe les idées civilisatrices de notre grande Révolution. Il représente les mêmes principes ; il inspirera les mêmes dévouements.

Français,

Je vais me mettre k la tête de cette vaillante armée qu’anime l’amour du devoir et de la patrie. Elle sait ce qu’elle vaut, car elle a vu dans les quatre parties du monde la victoire s’attacher à ses pas.

■ J’emmène mon fils avec moi, malgré son jeune âge. Il sait quels sont les devoirs que son nom lui impose, et il est fier de prendre sa part dans les dangers de ceux qui combattent pour la patrie.

Dieu bénisse nos efforts 1 Un grand peuple qui défend une cause juste est invincible I

Napoléon. »

On sent déjà percer, à travers cette phraséologie creuse et sonore qui lui était particulière, les angoisses qui commençaient à étreindre ce sinistre personnage, en face du redoutable inconnu qui allait lui entrouvrir le gouffre de Sedan. Ces sombres préoccupations se reflètent encore plus vivement dans la proclamation qu’il adressa à son armée en arrivant à Metz, a cette armée vaillante qu’il menait à la honte et à la captivité :

« Soldats, Je viens me mettre à votre tête pour défendre l’honneur et le sol de la patrie.

■ Vous allez combattre une des meilleures armées de l’Europe ; mais d’autres, qui valaient autant qu elle, n’ont pu résister à votre bravoure. Il en sera de même aujourd’hui.

La guerre qui commence sera longue et pénible, car elle aura pour théâtre des lieux hérissés d’obstacles et deforteresses ; mais rien n’est au-dessus des efforts persévérants des soldats d’Afrique, de Crimée, de Chine, d’Italie et du Mexique. Vous prouverez une fois de plus ce que peut une armée française animée du Bemiment du devoir, maintenue par la discipline, enflammée par l’amour de la patrie.

Quel que soit le chemin que nous prenions hors de nos frontières, nous y trouverons les traces glorieuses de nos pères. Nous nous montrerons dignes d’eux.

La France entière vous suit de ses vœux ardents, et l’univers a les yeux sur vous. De nos succès dépend le sort do la liberté et de la civilisation.

> Soldats, que chacun fasse son devoir, et le Dieu des armées sera avec nous !

Napoléon. >

Cependant on s’impatientait, on s’inquiétait à Paris du retard que notre année mettait k prendre l’offensive ; on ignorait encore, hélas 1 ia triste, la cruelle vérité : rien n’était prêt, tout manquait, la plus effroyable désorganisation régnait dans tous les services. Nous allons transcrire ici quelques dépêches dont la terrible éloquence sera l’éternelle condamnation des insensés qui nous ont ouvert d’un « cœur léger > une pareille série de désastres.

Intendant général à Blondeau, directeur administration guerre, Paris. ■ Metz, 20 juillet 1870, 9 h. 50 m. matin. Il n’y a à Metz ni sucre, ni café, ni riz, ni eau-de-vie, ni sel, peu de lard et de biscuit. Envoyez d’urgence au moins un million de rations sur Thionville. »

Général Ducrot à Guerre, Paris.

« Strasbourg, 20 juillet 1870, 8 h. 30 m. soir.

Demain il y aura à peine 50 hommes pour garder la place de Neuf-Brisach ; et Fort-Mortier, Schlestadt, la Petite-Pierre et Lichtenberg sont également dégarnis. C’est la conséquence des ordres que nous exécutons. Il serait facile de trouver des ressources dans la garde nationale mobile et dans la garde nationale sédentaire ; mais je ne me crois pas autorisé à le faire, puisque Votre Excellence ne m’a donné aucun pouvoir. Il paraît positif que les Prussiens sont déjà maîtres de tous les défilés de la forêt Noire. »

Général commandant 2e corps à Guerre, Paris.

■ Saint-Avold, 21 juil. 1870, 8 h. 55 m. matin.

Le Dépôt envoie énormes paquets de cartes inutiles pour le moment ; n’avons pas une carte de la frontière de France ; serait préfé GUER

rable d’envoyer en plus grand nombre ce qui serait utile e’t dont nous manquons complètement, s

La dépêche suivante mérite de passer k la postérité et de devenir légendaire :

Général Michel à Guerre, Paris. « Belfort, 21 juillet 1870, 7 h. 30 m. matin. Suis arrivé à Belfort ; pas trouvé ma brigade ; pas trouvé général de division. Que dois-je faire ? Sais pas où sont mes régiments. •

11 est bien entendu que nous n’incriminons nullement ici le général Michel, dont on connaît la brillante bravoure ; c’est l’administration supérieure qui avait perdu la tête, et qui faisait voltiger les régiments d’un côté et les généraux de l’autre. On nous a cité un régiment désigné pour faire partie d’un des corps del’armée, et qui n’est pas sorti de Corse pendant toute la campagne, tandis que l’infortuné commandant du corps demandait vainement partout des nouvelles de ce régiment introuvable.

Signalons encore quelques-unes de ces incroyables dépêches.

Général commandant 4e corps au major général, Paris.

« Thionville, 24 juil. 1870,9 h. 12 m. matin. Le 4e corps n’a encore ni cantines, ni ambulances, ni voitures d’équipages pour les corps et les états-majors.

« Toul est complètement dégarni. •

Intendant 39 corps à Guerre, Paris. « Metz, 24 juillet 1870, 7 h. soir.

« Le 3e corps quitte Metz demain. Je n’ai ni infirmiers, ni ouvriers d’administration, ni caissons d’ambulance, ni fours de campagne, ni trains, ni instruments de pesage, et, a la 4" division et à la division de cavalerie, je n’ai pas même un fonctionnaire. Je prie Votre Excellence de me tirer de l’embarras où je suis, le grand quartier général ne pouvant me venir en aide, bien qu’il y ait plus de dix fonctionnaires, •

Sous-Intendant à Guerre, 6« direction, bureau des subsistances, Paris.

« Mézières, 25 juil. 1870, 9 h. 20 m. matin.

Il n’existe aujourd’hui dans les places de

Mézières et de Sedan ni biscuit ni salaisons. »

Major général à Guerre, Paris.

« Metz, 27 juillet 1870, 1 h. 12 m. soir.

Les détachements qui rejoignent l’armée

continuent k arriver sans cartouches et sans

campement. ■

Bornons là ces citations désolantes. On se sent la rougeur monter au front et le cœur bondir d’indignation en face de tant d’imprévoyance et d’ineptie. Quel nom pourrait-on donner k ces hommes qui, quelques jours auparavant, affirmaient impudemment que nous étions prêts, mille fois prêts ? Et où avaient donc passé les sommes énormes prélevées chaque année sur le budget pour l’entretien et l’amélioration de notre matériel de guerre... ?

Toutes les forces militaires de l’Allemagne avaient été groupées en trois armées : la première, commandée par le vieux général Steinmetz ; la seconde, parle prince Frédéric-Charles ; la troisième, par le prince royal de Prusse. En outre, une quatrième armée, sous les ordres du duc de Mecklembourg-Schwerin, et comprenant quatre corps, avait pour mission de protéger les côtes, car on croyait alors que notre flotte, qui s’armait k Cherbourg, allait opérer dans la Baltique, Son inaction permit bientôt au duc de Mecklembourg de rejoindre la masse des forces qui avaient envahi la France.

Les hostilités s’ouvrirent du 26 au 28 juillet, près de Niederbronn, de Sarrègnemines et de Volckingen, par trois escarmouches sans importance. Le 30 juillet, l’empereur se décida enfin k prendre l’offensive : Frossard reçut l’ordre de franchir ia Sarre et de s’emparer de Sarrebruck dans la matinée du 2 août. Il n’y avait lk qu’un bataillon d’infanterie prussienne, trois escadrons de cavalerie et quelques pièces d’artillerie. L’ennemi évacua la position à deux heures, après une assez vive résistance. De son aveu, il avait perdu 2 officiers et 70 soldats ; de notre côté, nous avions eu 6 hommes tués, dont un officier, et 67 blessés. L’empereur et le prince impérial avaient assisté k l’engagement, sur les hauteurs qui dominent Sarrebruck, et cette circonstance nous a valu la ridicule mise en scène par laquelle Napoléon a cherché à transformer cette mince affaire en un épisode épique.

< Metz, 2 août 4 h. soir.

Aujourd’hui 2 août, à onze heures du matin, les troupes françaises ont eu un sérieux engagement avec les troupes prussiennes.

Notre armée a pris l’offensive, franchi la frontière et envahi le territoire de la Prusse.

Malgré la force de la position ennemie, quelques-uns de nos bataillons ont suffi pour enlever les hauteurs qui dominent Sarrebruck, et notre artillerie n’a pas tardé k chasser l’ennemi de la ville..

L’élan de nos troupes a été si grand que nos pertes ont été légères.

L’engagement, commencé k onze heures, était terminé k une heure.

« L’empereur assistait aux opérations, et le prince impérial, qui l’accompagnait partout,

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a reçu, sur le premier champ de bataille de la campagne, le baptême du feu.

> Sa présence d’esprit, son sang-froid dans le danger ont été dignes du nom qu’il porte. L’empereur est rentré à Metz à quatre heures. »

En même temps que l’empereur faisait afficher partout cette proclamation véritablement burlesque, il adressait k l’impératrice une dépêche intime qui était aussitôt connue par Yindiscréiion d’un journal {le Gaulois) :

« Louis vient de recevoir le baptême du feu ; il a été admirable do sang-froid, et n’a nullement été impressionné.

« Une division du général Frossard a pris les hauteurs qui dominent la rive gauche de Sarrebruck.

« Les Prussiens ont fait une courte résistance.

« Nous étions eu première ligne, mais les balles et les boulets tombaient k nos pieds.

« Louis a conservé une balle qui est tombée tout auprès de lui.

II y a des soldats qui pleuraient en le voyant si calme.

Nous n’avons eu qu’un officier tué et dix hommes blessés. »

Les Prussiens allaient mettre fin à ces grotesques fanfaronnades. En effet, nos généraux savaient déjà que l’ennemi marchait sur notre frontière dans plusieurs directions ; c’étaitl’armée du prince royal, forte d’environ 150,000 hommes. Le 3 août au soir, la division Abel Douay, forte d’environ 9,000 hommes, arriva à Wissembourg ; elle se trouvait là isolée en avant, dans l’impossibilité de recevoir du secours si elle était attaquée. Mac-Mahon avait commis cette faute dans l’intention de masquer ses propres mouvements, et, de plus, il ignorait que l’ennemi fût si proche. Le 4, au point du jour, le général Douay fit opérer une reconnaissance qu’on négligea de pousser assez loin, et nos soldats rentrèrent au camp sans avoir rien vu qui décelât la présence de l’ennemi. Ils l’auraient découvert s’ils avaient pris soin de fouiller les bois environnants. Ils préparaient la soupe lorsque le canon ennemi retentit brusquement sur les hauteurs de Schweigen. Nos troupes occupaient le Geisberg, contre lequel s’avançait le 5e corps du prince royal, tandis qu’un autre corps tournait cette position par la forêt de Weiler. De toutes parts des forces écrasantes allaient fondre sur la division française. Le général Douay ne perdit point son sangfroid, et il organisa rapidement son plan de bataille ’sous le feu même de l’ennemi. Il lança d’abord 1,500 turcos contre les Prussiens. Ces braves enfants de l’Afrique se ruèrent sur l’ennemi et s’emparèrent de plusieurs canons, qu’on ne put enlever faute d’attelages ; mais ils durent bientôt se replier devant les renforts considérables envoyés à l’ennemi. En même temps, une fusillade épouvantable éclatait sur tout notre front de bataille. Les tirailleurs allemands, embusqués dans les vignes ou abrités derrière de petits monticules de terre, criblaient de balles nos soldats forcés de rester à découvert sur la route. Nous luttions dans la proportion effrayante de un contre huit, bien que l’armée allemande ne fût pas engagée tout entière. En ce moment, le général Douay tomba mortellement frappé d’un éclat d’obus, et ce fut le général Pelle qui prit le commandement en chef. Bientôt les Allemands pénétrèrent dans Wissemb"’irg, malgré les héroïques efforts du 74e de ligne ; il n’y avait plus qu’à battre en retraite, si on ne voulait pas être cerné par l’ennemi ; le général Pelle, à la tète de cette poignée de vaillants soldats écrasés, mais non vaincus, prit aussitôt ses dispositions en conséquence, et se retira en bon ordre par la route de Soultz, ne laissant qu’un seul canon entre les mains des Prussiens, et 300 prisonniers environ.

L’ennemi avait chèrement payé sa facile victoire, et Guillaume lui-même l’appelle un sanglant avantage, dans la dépêche qu’il adressa, k cette occasion, k la reine Augusta. Mais le combat de Wissembourg n’en livrait pas moins à l’ennemi l’entrée de l’Alsace et les routes de Strasbourg et de Metz. • La campagne du Rhin, dit M. Jules Claretie, devenait brusquement la campagne de France, et cette guerre de 1870 prenait soudain un nom sinistre, terrible déjà, connu par tant de maux, déjà amené par un Bonaparte : l’invasion !t

Les désastres allaient se succéder pour nous. Le sur lendemain 6 août, notre armée subissait une double défaite : Mac-Manon était vaincu a lieischshotten, et Fro’sard k Forbach(V. RkiSchshokkkn et Forbach) ; déplorables conséquences de l’incapacité du commandant en chef, qui exposait nos corps d’année, isolés les uns des autres, aux coups de la masse compacte et formidable des ennemis ; résultats plus tristes encore de la basse jalousie de quelques-uns de nos généraux, qui voyaient avec un secret plaisir la débâcle d’un général bien en cour, lorsqu’il leur eût été possible peut-être de l’empêcher. « Qu’il gagne son bâton de maréchal tout seul, » disait Bazaine en parlant de Frossard, au retentissement du canon de Forbach.

Cette douloureuse journée due août devait être étrangement signalée à Paris. Tandis que la capitale attendait, toute frémissante, des nouvelles du théâtre de la guerre, une nouvelle soudaine la remplissait d’enthousiasme : Mac-Mahon avait écrasé l’armée du prince royal, qui restait prisonnier aveo

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25,000 Prussiens, et nous étions maîtres de Landau. Les plus confiants hésitaient encore k croire ; et cependant comment douter ? La dépêche avait été, disait-en, lue et affichée k la Bourse. Pendant quelques heures, Paris fut en proie k un véritable délire, liais on ne tarda pas k apprendre qu’on n’avait reçu aucune nouvelle, et l’enthousiasme fit place k la fureur. La patriotiqte population parisienne avait été victime t’une infâme mystification, derrière laquells se cachait évidemment quelque spéculation financière. Pour apaiser la foulejustement irritée, et qui ne parlait de rien moins que de démolir la Bourse, le préfet de police Piétri et le ministère apprirent au public que le coupable était arrêté. Ce coupable, qui escomptait les malheurs de la patrie, on ne l’a jamais connu, et cela fit naître d’étranges soupçons....

Bientôt d’autres dépêche >, vraies cette fois dans leur laconisme ambiju, portaient au comble l’anxiété publique :

« On n’a pas encore de nouvelles du maréchal Mac-Mahon. •

« Sur la Sarre, le corps du général Frossard a été seulement engagé, et le résultat est encore incertain. On a bon espoir. »

« Le corps du général Frossard est en retraite. Pas d’autres détails. ■

« Le maréchal de Mac-Mahon a perdu une bataille. Sur la Sarre, le gonéral Frossard a été obligé de se retirer. Lf. retraite s’opère en bon ordre.

Tout peut encore se rétablir. •

Puis d’autres dépêches encore qui trahissent toutes l’effarement d’an chef d’armée aux abois. L’impératrice, qui était à Saint-Cloud, se hâta d’accourir k Paris, et fit afficher la proclamation suivaite, qui forme un digne pendant au baptême du teu reçu par le prince impérial :

« Français,

Le début de la guerre ne nous est pas favorable, nos armées ont subi un échec.

Soyons fermes dans ce levers, et hâtonsnous de le réparer.

> Qu’il n’y ait parmi nous ^u’un seul parti : celui de la France ; qu’un se il drapeau : celui de l’honneur national.

a Je viens au milieu de vous. Fidèle k ma mission et à mon devoir, vous me verrez la première au danger pour défendre le drapeau de la France,

J’adjure tous les bons c.toyens de maintenir l’ordre ; le troubler serait conspirer avec nos ennemis.

■ » L’Impératrice régente, « Edgsnie. »

Cette Espagnole, qu’on n’avait connue jusqu’alors que par ses excentricités d’un goût douteux, et qui voulait jouer it la Jeanne Darc dans ces terribles circonstances, souleva dans tout Paris un sentiment instinctif de défiance et de répulsion ; tomber de Napoléon III k Eugénie, on ne se croyait pas encore descendu assez bas pour cela. Le ministère, lui aussi, fit afficher sa proclamation ; il sentit l’impérieuse nécessité de rompre avec le système de mutisme et de mensonge où s’était incarné l’Empire, ot de donner une douloureuse satisfaction au», impatiences de l’opinion publique. Il dit ure fois la vérité ; mais deux jours après, le 9 août, il tombait aux applaudissements de toute la France. Nous ne retracerons pas ici les événements intérieurs qui suivirent ; on en trouvera le récit aux articles : Paris (s ége de) et Septembre (révolution du 4).

Après la défaite de Mac-Mahon et de Frossara, qui livrait l’Alsace tout entière aux Prussiens, moins quelques places fortes qui allaient succomber successivement, l’empereur avait eu un instant la pensée d’abandonner également la Lorraine. Mais, comprenant l’effet désastreux que ce mouvement pouvait exercer sur l’opinion, il ordonna la retraite sous les murs de Metz, où toutes nos troupes se trouvèrent concentrés le 11 août, moins les corps de Mac-Mahcn et du général de Failly, qui s’étaient rabattus sur Chùlons, livrant ainsi à l’ennemi la ligne défensive des Vosges, où l’on eût pu l’arrêter longtemps. Mais déjà le vertige s était emparé de tout notre état-major. Le prince royal do Prusse, lui, ne perdait pas sen sang-froidet ne s’enivrait pas de ses suce js. Le 10 août, la division badoise et la division wurtembergeoise, détachées de son année, arrivaient devant Strasbourg et en commençaient le siège. (V. Strasbourg.) D’un autre côté, les armées du prince Frédéric-Charles et de Steinmetz avaient opéré leur jonction à Sarrebruck et commençaient k déborder largement sur notre terrilo re. Bientôt les troupes allemandes eurent occupé tout le pays situé au nord-est, à l’e.’st et au sud de Metz. Le plan de l’ennemi, fi.cile à deviner, était de couper la retraite.1 l’armée française pour l’empêcher d’aller couvrir Paris, et de la bloquer sous Metz, s’il était possible. En effet, la retraite sur Chàlons avait été décidée en conseil de guerre, ei. le mouvement commençait lorsque le général Steinmetz accourut pour le contrarier ; ce fut la bataille de Borny (14 août). L<i 16 eut lieu la bataille de Gravelotte. qui fut une victoire pour nos soldats. (V. GravkuiTTe.) L’empereur avait quitté l’armée, dont il laissait le commandement en chef au maréchal Bazaine, pour se retirer au camp de Châlons, où il