Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/306

Cette page n’a pas encore été corrigée

1560

GRUB

écartées : étant le plus dur, il reste le dernier à s’écraser, tandis que, sous le frottement des meules, l’extérieur de la graine, plus amylacé, plus friable, s’en va en farine. Concassé plus ou moins finement par une mouture faite au moyen de meules plus rapprochées, il donne, après blutage, une substance granulée que l’on nomme semoule, et qui est employée pour la confection des potages. La pulvérisation du gruau étant au contraire rendue aussi parfaite que possible, on obtient la farine de gruau, dite première, deuxième, troisième, ..., suivant qu’elle a subi une, deux, trois, ..., moutures successives. Les premières sont les plus estimées. On les soumet parfois à une autre opération qui a pour but d’enlever toutes les impuretés, tous les restes d’issues qu’elles peuvent encore contenir, et qui forment dans leur masse de petites tnches, des piqûres ; on les tamise, on les sasse, en même temps qu’on les soumet à l’action de courants d’air violents qui les séparent en différentes portions. Les gruaux obtenus ainsi sont appelés gruaux de sasserie ; mais leur usage est restreint, à cause du prix élevé que d’aussi longues opérations leur font atteindre. On fabrique avec la farine de gruau de blé des pâtes alimentaires et des pains dits de gruau qui sont délicats et fort recherchés.

On appelle encore gruau une pâte alimentaire ayant la même apparence que le sagou, faite avec de la fécule de pommes de terre et destinée à l’alimentation des enfants.

GRUAUTÉ, EE (gru-ô-té) part, passé du v. Gruauter : Avoine gruautée.

GRUAUTER v. a. ou tr. (gru-ô-té — rad. gruau). Techn. Réduire en gruau : Gruauter du froment.

GRUBBE (Samuel), écrivain suédois, né près de Gothembourg en 1786, mort à Stockholm en 1853. Il professa successivement à l’université d’Upsal la philosophie, la morale et la politique, adopta en partie les idées philosophiques de Schelling, qu’il fit connaître en Suède, devint recteur de l’université, député k la diète (1834), conseiller d’État (1840) et président du comité au ministère des affaires étrangères. Outre des mémoires, des dissertations, des discours, etc., Grubbe a publié : Ilelations entre la religion et la morale (Upsal, 1812), Documents pour l’éclaircissement des principes de la science sociale (Upsal, 1S26).

GRUBBIACÉ, ÉE adj. (gru-bi-a-sé — rad. grubbie). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte à la grubbie.

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, formée du seul genre grubbie, et réunie par plusieurs auteurs, comme simple tribu, à ta famille des santalacées.

GRUBBIE s. f. (gru-bl —de Grubbe, n. pr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, type du groupe des grubbiacées, comprenant une seule espèce, oui croit au Cap de Bonne-Espérance, il On dit aussi grubbie s. m.

GRÙBEL (Jean-Conrad), poète allemand, né à Nuremberg en 1736, mort en 1809. Il exerça la profession de ferblantier dans sa ville natale. Par son genre de talent poétique, il présente, sous certains rapports, d’assez grandes similitudes avec le cordonnier poëte Hans Sachse. Il s’est attaché à reproduire des scènes de la vie intime, à peindre la vie des champs. Ses poésies se recommandent par le bon sens, le naturel, la gaieté et par un style agréable. Nous citerons de lui : Poèmes dans le dialecte nurembergeois (Nuremberg, 1802, 3 vol.) ; Correspondance et lettres dans te dialecte nurembergeois (Nuremberg, 1808). Ses Œuvres complètes ont paru à Nuremberg (1835, 3 voi.).

filUJHKNMAGEN (principauté de), ancien État de l’Allemagne, qui tirait son nom de la famille de Gruben, dont le château, élevé sur le mont Grubenhagen, h 2 kilom. S. de Rotenkirchen, est aujourd’hui en ruine. Cette principauté, qui, dans l’ancienne division de l’Allemagne, faisait partie du cercle de la basse Saxe, était enclavée entre celles de Kalenberg, de Wolfenbuttel et de Blankenburg, et avait 45 kilom. de longueur, sur 32 kilom. de largeur. Capitale, Eiinbeck ; villes principales, Clausthal, Osterode, Rotenkirchen et Zelierfeld. Les Welf de Brunswick, qui la possédèrent, se divisèrent en familles do Grubenhagen et d’Osterode, puis celle-ci en branches de Salz et d’Eimbeck, qui s’éteignirent en 1596. Les seigneurs de Gœttingue en héritèrent. En 1815, l’État de Grubenhagen fut donné au Hanovre et fui compris dans l’arrondissement de Hildeshehn. Il forme, depuis 1866, un cercle de la province prussienne de Hanovre.

GRUItENMANN (Jean - Ulric), architecte Suisse, né à Teufen, canton d’Appenzell. Il vivait au xvino siècle, et construisit, avec son frère Juan, les beaux ponts de Schaffhouse, de Reichenau, de Wettingen, qui furent détruits et brûlés pendant la guerre de 1799. Le pont de Schaifhouse n’avait que deux arches, bien que sa longueur fût de 3G4 pieiiï, et celui de Reichenau, long de 240 pieds, n’en avait qu’une seule. Les deux frères moururent vers 1798. Ils avaient introduit de nouveaux et ingénieux procédés dans la construction des ponts.

GHUBER (Jean-Daniel), jurisconsulte et historien allemand, né àlpsheim (Franconie),

GRUE

mort à Hanovre en 1748. Après avoir professé le droit à Halle et à Giessen, il devint historiographe et bibliothécaire à Hanovre, puis reçut le titre de conseiller intime de justice du roi d’Angleterre. Gruber a laissé un certain nombre d’ouvrages dont les principaux sont : De cultura historiée unioersalis (Halle, 1714, in-4<>) ; 1 indicix austriacs pro aurei Velleris ordine (Halle, 1724) ; Origines Livonix sacrs et ciuitis seu chronicum livonicum velus (Francfort, 1740, in-fol.), ouvrage intéressant, qui jette une grande lumière sur l’histoire de la Livonie.

GRUBER (Grégoire-Maximilien), historien et antiquaire allemand, né à Horn (Autriche) en 1739, mort en 1799. Il entra dans l’ordre des piaristes, se livra à l’enseignement, donna k la fiancée de l’empereur François II des leçons de géographie et d’histoire, puis devint professeur de diplomatique à Vienne et archiviste de la maison d’Autriche. Ses principaux ouvrages sont : Introduction à l’histoire universelle systématique (Vienne, 1777-1780, 2 vol. in-8u) ; Système de diplomatique universelle appliquée principalement à l’Autriche et à l’Allemagne (Vienne, 17S3, 2 vol. in-S°) ; Système de chronologie diplomatique (Vienne, 1784) ; Système abrégé de leçons de diplomatique et de blason (1789), etc.

GRUBER (Jean-Sigismond), littérateur et bibliographe allemand, né à Nuremberg en 1759, mort en 1805. Il fut avocat et syndic dans sa ville natale. Nous citerons parmi ses écrits estimables : la Littérature de l’art musical (Nuremberg, 1782) ; Essai d’un projet de bibliothèque du droit pénal et féodal de l’Allemagne (Francfort, 1788, in-8°) ; la Littérature des négociants (Francfort, 1787) ; Biographie des musiciens (1790) ; Bibliographie de l’éducation des abeilles (1800, in-8°),

GRUBER (Jean-Godefroi), savant écrivain allemand, né à Nuremberg en 1774, mort en 1851. Il enseigna la philosophie et les sciences naturelles aux universités de Wittemberg (1811) et de Halle (1815), et s’acquit une réputation européenne par ses nombreux articles dans deux ouvrages considérables, l’Encyclopédie de Ersch (Leipzig, 1818 et suiv.) et le Conversation’s lexicon. Il prit aussi une part active, k partir de 1803, a la rédaction de la Gazette littéraire. On a encore de lui : Essai sur la destination de l’homme (1800) ; Essai d’une anthropologie pragmatique (1803) ; Révision de l’esthétique (1805-1806) ; Histoire du genre humain (180G, 2 vol. in-S°) ; Manuel d’esthétique et d’archéologte (Weimar, 1810), très-estimé ; Dictionnaire de l’ancienne mythologie (1810-1815, 3 vol.) ; Heures de récréation de Sophie (1811), recueil de poésies et de nouvelles ; Vie de Wieland (1815, 1816 et 1828, 2 vol. in-8°), la meilleure biographie que l’on ait du célèbre tragique allemand.

GRCB1SS1CH (Clément), philologue et archéologue croate, né à Spalatto en 1733, mort en 1773. Il étudia la philosophie h Kaguse, la théologie et le droit à Padoue, et, après s’être fait recevoir docteur k cette dernière université, revint, dans sa ville natale, où il fut nommé successivement auditeur du consistoire archiépiscopal et directeur du séminaire. Il s’adonna avec un zèle tout particulier k l’étude de l’archéologie et de la linguistique, et s’occupa surtout de la langue slave, dont il connaissait k fond tous les dialectes et sur laquelle il a publié différents écrits, dont le plus remarquable a pour titre : Disquisitio in originem et hisloriam alphabeti slavonici glagoliiici (Venise, 1776, in-8°) ; il y compare toutes les origines données à l’alphabet glagolitique, et démontre qu’il doit être d’origine gothique. On estime moins ses deux autres ouvrages, intitulés : Storianarentinaet Traité des origines et des analogies de la langue esclavonne.

GRUCHIUS, érudit français. V. Groucuy (Nicolas).

GRUDE (François de), bibliographe français. V. Lacroix du Maine.

GRUD1ENS ou GROUDES, en latin Crudii, peuple de l’ancienne Gaule, dans la Belgique If, descendant des Nerviens. Il occupait l’île de Kalsand et la partie marécageuse du continent qui en est voisine.

GRUE s. f. (grû — lat. grus, même Sens, venant probablement d’un rad. sanscrit gr, gri, gur, qui signifie vieillir). Ornith. Genre de gros oiseaux de l’ordre des échussiers, de la famille des cultrirostres, à bec long, denté et sillonné sur les côtés : Grue cendrée. Petite grue. Grue royale. A terre, les grues rassemblées établissent une garde pendant la nuit, et ta circonspection de ces oiseaux a été consacrée dans tes hiéroglyphes comme le symbole de la vigilance. (Buff.) Des bataillons de grues

De leur vol, Il grands cris, obscurcissent les nue«.

Delille.

— s. f. pi. Tribu d’échassiers, comprenant les genres grue, agami, caurale et courlan.

— Fam. Femme grande et d’une tournure gauche : Il a épousé une grue, [i Femme de mœurs faciles : Les grues du quartier Laltn.

U Personne sotte, niaise, facile à duper : Il a un valet qui n’est pas GRUK ; s’il nous voyait ensemble, il pourrait se douter de quelque chose. (Brueys.)

l’aire te pied de grue, Attendre longtemps à la même place, parce que les grues

GRUE

restent très-longtemps immobiles sur un seul pied :

Est-ce qu’il faut toujours faire le pied de grue ?

Racine.

— Chorégr. anc. Danse de la grue, Sorte de branle conduit par une fille, inventé, diton, par Thésée, qui avait voulu représenter dans les évolutions des danseurs les détours du labyrinthe.

— Mécan. Grand appareil pour’soulever des fardeaux, formé d’une sorte de triangle placé de champ et mobile sur un pivot, de façon à pouvoir transporter à de faibles dis

tances les fardeaux qu’on a soulevés, en les

faisant tourner avec le triangle qui les supporte.

— Art milit. anc. Sorte de pont-levis qu’on jetait, d’une tour mobile, sur le rempart ennemi. Il Machine de guerre appelée aussi corbeau. Il Instrument de supplice usité dans les places de guerre, et qui consistait en deux barres’de fer terminées en bas en bec de grue, formant en haut une sorte de carcan : Mettre un soldat à la Grue.

— Astron. Constellation de l’hémisphère austral.

— Encyol. Ornith. Les grues ont une célébrité qui remonte aux siècles les plus anciens. Sous le beau ciel de l’Orient, on a de bonne heure observé les passages périodiques de ces échassiers, la direction constante de leurs migrations, les époques de leur arrivée et de leur départ, variant selon l’irrégularité des saisons et correspondant avec les travaux de l’agriculture, qui en avait tiré de nombreux pronostics. Tout cela avait dû exciter un puissant intérêt. Aussi les auteurs les plus anciens, Homère, Hérodote, Aristote, Plutaroue, Elien, Pline, Strabon et autres ont-ils (ait mention des grues. Mais aux observations plus ou moins exactes qu’ils rapportent se mêlent de nombreuses fables. Suivant Hérodote, les Égyptiens envoyaient les grues combattre les Pygmées vers les sources du Nil. Pline a encore enchéri sur le récit de ces batailles, qui, d’après lui, auraient amené la destruction complète de cette race naine. On attribuait aux grues des qualités merveilleuses. D’après les récits des anciens, ces oiseaux, quand ils traversent le mont Taurus, ont soin de mettre dans leur bec des cailloux qui les empêchent de crier et d’éveiller ainsi les aigles qui sont leurs ennemis les plus dangereux. Dans leurs voyages, ils se donnent un chef de file et des gardes de nuit ; ils avaient dévoilé à Palamède quatre lettres de l’alphabet et fait connaître aux Grecs une de leurs danses favorites. La cervelle des grues était une sorte de philtre amoureux, très-puissant pour attirer les faveurs des daines. Il a fallu bien des siècles pour faire justice de toutes ces erreurs. À l’époque de la renaissance, Gessner adopta comme très-vraie l’histoire des combats des orties contre les Pygmées, et, plus tard, Butfon lui-même n’osa pas la rejeter complètement. De nos jours encore, une croyance générale est que ces oiseaux, dans leurs voyages, ont un chef qui occupe la tête de la colonne.

Les grues sont essentiellement caractérisées par un bec beaucoup plus long que la tète, droit, robuste, conique, pointu et comprimé latéralement, à mandibule supérieure convexe et sillonnée sur les côtés ; des narines médianes, concaves, elliptiques, couvertes en arrière par une membrane ; des tarses très-longs, nus, réticulés ; les doigts extérieurs unis k leur base par une membrane, l’interne tout à fait libre ; les ongles assez larges, courts et presque obtus. Ce sont des oiseaux à corps gros et oblong, néanmoins de formes élégantes et gracieuses, d’un port noble, k la démarche grave, mesurée et cadencée. Les grues recherchent les grandes plaines humides et marécageuses, et le voisinage des fleuves. Elles y trouvent des aliments aussi abondants que variés. Leur nourriture habituelle se compose de colimaçons, de vers, d’insectes, de poissons, de batraciens, de reptiles et même de petits mammifères. Il est probable aussi qu’elles mangent des graines, car on les voit souvent s’abattre sur les champs récemment ensemencés, et depuis longtemps on les a rangées au nombre des animaux nuisibles k l’agriculture. On les a accusées, non sans raison, de causer de graves dégâts dans les cultures de riz et de sarrasin. Quand elles sont pressées par le besoin, elles mangent des graines et des plantes aquatiques. Mais elles ont la faculté de supporter une assez longue diète.

Les grues ont beaucoup de difficulté à s’élever ; lorsqu’elles veulent prendre leur essor, elles font, d’abord quelques pas en courant, en sautant et en rasant le sol ; elles tiennent

fiendant ce temps leurs ailes ouvertes, et orsque celles-ci ont en quelque sorte embrassé assez d’air pour pouvoir agir en liberté, elles quittent la terre. Leur vol, très-puissant, leur permet d’entreprendre des migrations lointaines. « Deux fois l’an, dit M. Z. Gerbe, les grues effectuent leurs voyages. Celles que possède l’Europe partent vers la mi-octobre, et retournent vers le mois d’avril ou de mai. Les froids les chassent, les beaux jours les ramènent. La direction qu’elles suivent est, h quelque faible déviation près, du nord au sud pour leur migration d’automne, et du sud au nord pour leur retour au printemps. Ces courses, évidemment entreprises

GRU13

dans le but de chercher une température convenable, sont communes à toutes les espèces de grues, et presque toutes les exécutent dans les mêmes conditions et avec les mêmes circonstances. Ordinairement elles choisissent la nuit pour voyager. Le jjur venu, quelquefois elles s’abattent dans lis grandes plaines pour y pâturer ; d’autres fois, moins pressées par le besoin de prendre de la nourriture, elles continuent leur route. Le nombre d’individus dont se composent les bandes émigrantes varie beaucoup, mais cependant il est toujours assez considérable. » Nordmann a vu, en effet, des bandes de crues composées da deux k trois cents individus. On assure néanmoins que certaines espèces voyagent par couples isolés.

Les grues préludent à eurs voyages par des excursions journalières aux environs des lieux qu’elles habitent. Bientôt elles paraissent plus tourmentées et poussent des cris d’appel plus fréquents que de coutume. Enfin, le moment du départ arrive ; il a lier, un peu avant le coucher d i soleil. La bande s’élève d’abord sans ordre et en tourbillonnant ; bientôt chaque individu prend son rang. Les grues affectent alors diverses dispositions qui de tout temps ont frappé les observateurs, et duns lesquelles on a cru recorffiaître certaines lettres de l’alphabet. Tantôt elles se rangent sur une seule ligne, tantôt sur deux lignes parallèles, tantôt enfin, et c’est le cas le plus fréquent, sur deux rangées qui se réunissent en angle aigu, afin que la troupe entière puisse fent re l’air plus aisément et que chaque indivit u éprouve moins de fatigue. Il n’est pas rare, en effet, de voir des grues quitter le front ’l’une ligne pour venir en prendre la queue. Le sommet de l’angle, occupé par un ou deux individus, change de cette manière si fréquemment que, si la troupe n’est pas très-nombreuse, chaque oiseau vient successivement se placer k ce poste. On voit combien est peu fondée ia croyance d’après laquelle les troupes seraient conduites par un chef.

Les grues voyagent quelcuefois très-près du sol, et on croit généralîment que c’est l’effet ou le présage d’un changement de temps. Mais, d’après l’observation de M. Z. Gerbe, on les voit souvent la mutin voler de cette manière, bien que le temps soit très-serein et au beau fixe ; le savant ornithologiste semble porté k croire que les grues baissent leur vol durant la nuit, pour le relever ensuite pendant le jour, si rien ne vient s’y opposer. D’autres fois, un contraire, leur vol est si élevé qu’on a de la peine à les voir ; mais il est toujours très-rapide, et elles parcourent en peu de temps de très-grands espaces. Dans tous les cas, elles décèlent leur passage par leur voix éclatmte, sonore et très-distincte, par les réclomes ou cris d’appel qu’elles poussent par intervalles. Dans leurs voyages, comme k toutes les époques de leur vie, elles ont pour ennemis naturels les oiseaux de proie.

En général, les grues se plaisent dans la société de leurs semblables ; ajssi les trouvet-on rassemblées en famille jusqu’au moment de la reproduction ; alors seulement elles se séparent et s’isolent par couples dont l’union est toujours très-intime. Elles nichent, d’ordinaire, sur une petite éminence, dans les jonchées qui croissent au milieu des marais. Leur nid se compose de jonzs et de brins d’herbe sèche grossièrement entrelacés. La femelle y dépose, en général, deux feufs, qu’elle couve alternativement avec le mâle. Les jeunes sont couverts, ces leur naissance, d’un duvet jaunâtre et s’accroissent très-lentement. Les parents, qui, jusqu’alors, étaient d’un naturel craintif, farouche, circonspect, s’envolant et donnant l’alarme au moindre danger, deviennent d’une hardiesse étonnante. Ils éloignent de letrs petits tout ce qui pourrait être un danger pour eux, s’élancent avec fureur contre les animaux qui les approchent et se défendent même contre l’homme. Ils élèvent et nourrissent leurs petits dans le nid, jusqu’à ce que ceux-ci soient assez forts et commencent k voler. Alors les grues se réunissent de nouveau en troupes, qui vont ensemble k)a recherche de leurs aliments. Cette réunion se fait c uelque temps avant leur départ. La mue a’lieu une fois tous les ans.

Les gruej paraissent avoir uns très-grande longévité ; mais on ne sait rien de positif à cet égard. On en a vu vivre en captivité pendant quarante ans. Quand on les prend jeunes, elles deviennent très-douces, très-familières, oublient aisément la l’uerté et s’accommodent assez bien du régime de la bassecour. On les recherche k cauae de la beauté de leurs formes, de leurs qualités réelles et de la surveillance qu’elles exercent. D’après Plutarque, les anciens les élevaient et les engraissaient pour la table ; le meyen employé consistait k les bien nourrir, api es leur avoir Crevé les yeux ou cousu les paupières. Toutefois, la chair de ces oiseaux, nalgré le cas qu’en faisaient les anciens, est un mets peu délicat ; elle est noire et coriace, surtout chea les vieux individus. Les Indiens mangeaient aussi leurs œufs, au rapport de Strabon. Nous ne saurions passer sous silence le3 jeux si remarquables auxquels les grues se livrent entre elles, et qu’on ptut regarder connue de véritables danses. Les récits que les anciens nous ont laissés k cet égard pourraient passer pour des fables, si l’on n’avait