Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

1410

GOUV

rite républicaine, il est vrai, mais d une nuance extrêmement pâle. Les membres du gouvernement provisoire furent tous élus. Lamartine, regardé comme le chef du parti modéré, eut, à Paris, 259,800 voix et fut nommé, en outre, par 9 autres départements. Suivant l’éternelle illusion, les républicains modérés se crurent les maîtres de la situation, ils crurent avoir rallié kous leur bannière tous les hommes des anciens partis, tandis qu’en réalité ceux-ci se servaient d’eux et les jetaient h lavant-garde de l’armée dite de l’ordre, qui ouvrait la campagne contre le parti populaire et la république.

Les derniers jours du gouvernement provisoire furent attristés par des tronbl s à Limoges et à Rouen, troubles au milieu desquels le san ? coula. Les formidables mouvements de Paris n’avaient pas coûté une goutte de sang. »

Le 4 mai le gouvernement remit ses pouvoirs aux mninsde l’Assemblée constituante, qui. dans cette première séance. acclama vingt-huit ou trente fois la république avec un débordement d’enthousiasme qui put faire illusion.

Le 7et le 8, chacun ries ex-dictateurs voulut rendre compte à la tribune t’es actes de son administration ; puis l’Assemblée rendit un décret déclarant que le gouvernement provisoire avait bien mérité de la patrie et instituant une commission exécutive, qui fut composée d’Araaro, de Marie, deGarnit-r-Pagès, de Lamartine et de Lodrn-Rollin. Ce dernier ne passa que parce que Lamartine le prit sous son patronage. L’Assemblée ne se sentait pas encore assez puissante pour se séparer a la fois de tous les hommes de la révolution.

Le total des actes officiels du gouvernement provisoire, décrets, arrêtés, proclamations, décisions, etc., fut de 375. Dans ce nombre, il en est certainement d’inutiles, de puérils et de contradictoires ; mais il en est aussi, comme l’abolition de la peine de mort en matière poliiique, l’établissement du suffrage uni versel, l’abolition de l’esclavage, etc., qui resteront dans l’histoire comme l’éternel honneur de la révolution de 1848.

Parmi les calomnie."’ dont les dictateurs de Février ont été l’objet, non de la part des révolutionnaires qui les avaient combattus, mais de la part des hommes des vieux partis, qui devaient en partie à leurs concessions le retour de leur funeste influence, il finit rappeler les questions d’argent, quelque répugnance qu’on éprouve à les aariter. On n’a pas craint d’insinuer qu’ils s’étaient alloué un double traitement, comme ministres et comme membres du conseil. Or. les comptes du ministère des finances le prouvent, bien que la plupart fussent pauvres, ils touchèrent, pour deux mois et demi qu’ils furent au pouvoir, comme indemnité et. frais de toute nature, chacun 12.son francs, sur lesquels 1,000 francs furent, vers ; s à la caisse des don- patriotiques. Un faible supplément jugé nécessaire fut concédé aux ministres des affaires étrangères et de l’Intérieur.

On les a accusés aussi, dans des publications méprisables, répandues à profusion, de dilapidation des deniers publics. Or. sur la demande réitérée de G»rnier-Pagès et de Duclerc, une commission fut nommée par l’Assemblée constituante pour vérifier les comptes du gouvernement provisoire. Celte commission, qui comptait dans son sein de passionnés adversaires de la république, et qui présenta son rapport dans la séance du 14 nvril 1849. après un long et minutieux pxamen.dans un mouvement de 2 milliards 298 millions ne trouva à critiquer que les 300.000 francs employés par le ministre de l’intérieur pour les missions des propagandistes envoyés dans les départements ; et encore ne contestait-elle point la réalité de la dépense, mais sa nécessité. Au reste, Ledru-Rollin, le plus attaqué par la réaction, avait eu la précaution do conserver en place, comme témoignage de sa loyale gestion, le caissier de l’administration Duchâtel.

La commission terminait ainsi son rapport (n’oublions pas que ce sont des adversaires, des royalistes qui parlent) :

«... Quant à nous, nous déclarons à l’unanimité que, dans les longues et minutieuses recherches auxquelles nous nous sommes livrés avec la plus rigoureuse impartialité, cous n’avons découvert ou renconlré aucun témoignage, aucune preuve qui accusât d’infidélité les membres du gouvernement provisoire, et qui nous mit sur la trace de quelque détournement frauduleux des deniers confiés h leur gestion. •

Plus tard, une commission nommée par l’Assemblée législative pour exercer un second contrôle, et qui se composait exclusivement de royalistes, terminait son rapport ainsi :

« Comme nos prédécesseurs, chargés de l’examen des comptes du gouvernement provisoire, nous n’avons découvert ou rencontré aucune preuve qui accusât d’infidélité ou de concussion les hauts dépositaires du pouvoir. »

Outre ces vérifications, la cour des comptes fit, en 1850, un nouveau travail d’examen ; puis, après le 2 décembre, ce fut le tour du conseil d’État ; enfin, en 185Î, après un rapport où cependant la haine déborde à chaque cage, le Corps législatif dut émettre un vote /pprobatif sans restriction. Jamais comptes d un gouvernement n’ont donné lieu à d’aussi nombreux contrôles, faits par des adversaires pluyprévenus et plus passionnés.

GOUV

Et cependant, il se rencontre encore de temps à autre des folliculaires pour imprimer que le gouvernement provisoire n’a pas rendu ses comptes !

On peut encore ajouter aux preuves décisives qui précèdent les observations suivantes, qui, d’ailleurs, sont superflues pour les personnes de bon sens et de bonne foi.

Suivant une vieille coutume des monarchies, justement flétrie par la morale démocratique, peu d’hommes quittaient le pouvoir sans emporter des épaves de leur grandeur. Eh bien ! ces dictateurs qui ont eu pendant plus de deux mois la France entre leurs mains, qui n’ont pas commis l’ombre d’une concussion, d’après le témoignage réitéré de leurs ennemis, suivez-les dans leur vie privée depuis quinze ans qu’ils sont descendus du.pouvoir, et.voyez si le moindre indice est venu justifier d’odieux et injustes soupçons.

Dupont (de l’Eure), qu’on rougit même de défendre contre de telles imputations, s’est éteint dans son modeste asile de Rouge-Perriers, laissant à sa famille un modeste patrimoine diminué par de g’énéreux sacrifices.

Àrago, qui avait consacré ses dernières forces à la fondation de la république, n’a laissé aux siens que la gloire de son nom et les œuvres de son génie.

Marrast est mort dans l’indigence, après avoir vécu dans la médiocrité ; ses amis ont dû s’associer pour subvenir aux frais de son convoi.

Pagnerre (qui avait été secrétaire général du gouvernement provisoire) refusa la présidence de la cour des comptes pour retourner à sa modeste boutique de libraire, qui avait souffert de son absence, et qu’en mourant il laissa à sa famille pour unique fortune.

Flocon, maladif, exilé, a vécu à l’étranger dans un dénûment allégé par quelques amis et par des écrits à peine rétribués. Il est mort en Suisse, après de longues souffrances et une vie de luttes et de privations.

Lamartine a accru ses dettes au pouvoir, et, pour se libérer, s’est soumis à un continuel labeur de plume et aux plus pénibles épreuves. « Albert, après de longues années de prison, s’est courageusement remis à l’œuvre, malgré "le délabrement de sa santé, et a trouvé son pain quotidien dans un petit emploi à l’administration du gaz.

Louis Blanc s’est créé une modeste aisance par ses belles publications historiques et politiques et par les cours publics qu’il faisait en Angleterre, où il a vécu exilé pendant dix-huit ans.

Ledru-Rollin, dont la fortune avait été fort compromise par la politique, a recouvré son aisance par le hasard des démolitions de Paris et d’une expropriation.

Marie et Crémieux, rentrés au palais, ont mis plusieurs années à réformer la clientèle qu’ils avaient quittée pour se consacrer aux affaires publiques.

Garnier-Pagés a mené depuis 1848 ufle existence plus que modeste.

Tous ces faits sont notoires. Voila les dictateurs de Février et leur fortune. Que les générations nouvelles les jugent.

Gouvernement de lu défense nationale.

V. septembre {Révolution du 4). Nous sommes encore trop près des événements pour pouvoir juger sans passion les hommes qui furent appelés à porter le lourd héritage de l’empire tombé dans la honte de Sedan. En reportant plus loin l’histoire douloureuse du gouvernement qui n’a pu tenir la promesse de son titre, nous espérons que les événements se dessineront, que la vérité, sur certains points encore douteux, se fera jour, et qu’il nous sera plus facile de donner aux faits la couleur qu’ils conserveront dans l’histoire.

Gouvernement de Dieu (dc), OU de la Providence (De Ç)ubernatione itei), par Salvien, évêque de Marseille. Cet ouvrage fut composé vers 455, au moment où l’empire romain croulait sous les coups des barbares. Bien des chrétiens, alors témoins et victimes des maux de l’invasion et de la douloureuse agonie du monde ancien, accusaient la Providence, qui jetait les disciples du Christ en proie aux idolâtres. Salvien entreprit de défendre la Providence contre ces attaques, et composa sur ce sujet un traité en huit livres, qu’il dédia à l’évêque Salon ius, son élève. Dans le premier livre, il fonde la Providence sur la raison’ humàîrte, invoque en sa faveur le témoignage des’ philosophes anciens, et emprunte à l’histoire des preuves nombreuses de son existence ; dans le second, il en appelle aux saintes Écritures ; dans le troisième, il aborde les objections pressantes que faisaient contre la Providence les peuples chrétiens, écrasés sous les pieds des barbares. Dans les six derniers livres, il cherche quelle cause a allumé la colère du Seigneur. Cette cause il la trouve dans les vices de l’empire, et, parcourant toute les provinces, toutes les conditions, il trace de ces derniers jours du monde romain un sombre tableau. Les couleurs en sont forcées sans doute, et le style n’est pas exempt de déclamation. Cependant on peut deviner, sous l’exagération, une réalité saisissante et hideuse. En deux mots, il résume la morale de chaque profession, telle qu’on la comprenait alors. « Qu’est-ce que la vie de négoce ? fraude et parjure. Qu’est-ce que la vie des courtisans t iniquité. Qu’est-ce que la vie des ofji GOUV

cters ? mensohge et calomnie. Qu’est-ce que la vie des hommes de guerre ? violence et rapine. » Que parle-t-on des crimes des idolâtres ! ils sont moins nombreux que ceux des chrétiens. « Il semble que les vices du monde entier se soient en quelque sorte glissés dans nos mœurs... La race des Saxons est cruelle, les Francs sont perfides, les Gépides inhumains, les Huns impudiques. Dans la conduite de toutes ces nations barbares domine un vice particulier, mais leurs défauts n’ont pas le même degré de malice que les nôtres. » L’ouvrage de Salvien est remarquable surtout comme tableau de l’état social et des mœurs de l’époque. Il fut publié pour la première fois, avec les autres ouvrages de l’auteur, en 1530, à Bâle, par Brassicanus.

Gouvernement civil (nu), on l’on traite de l’origine, de» fondements, dQ la nature du pouvoir et des fins des sociétés politiques,

par Locke. L’ouvrage parut à Londres en 1690 (l vol. 10-8"), à la suite d’une réfutation faite par l’auteur des doctrines du chevalier Filmer sur le même sujet. La meilleure traduction française qu’on en possède est celle de Bruxelles (anonyme, 1754, 1 vol. in-18). Suivant Locke, l’état de nature est un état de parfaite liberté, dans lequel, sans demander la permission a personne, et sans dépendre de la. volonté d’aucun autre homme, chacun peut faire ce qui lui plaît, disposer de sa personne et de ce qu’il possède, pourvu néanmoins qu’il se tienne dans les bornes de la loi naturelle, qui se compose, au dire de Rousseau, de nos instincts primitifs. Il est probable que c’était l’avis du philosophe anglais, mais il s’est abstenu de 1 imprimer, sans doute afin de ne pas trop effaroucher le lecteur britannique.

« La liberté naturelle de l’homme, dit-il, c’est de ne reconnaître aucun pouvoir souverain sur la terre et de n’être point assujetti à la volonté ou à l’autorité législative de qui que ce soit, mais de suivre seulement les lois de la nature. La liberté dans la société civile consiste à n’être soumis à aucun pouvoir législatif qu’à celui qui a été étabh du consentement de la communauté, ni a d’autres lois qu’à celles que ce pouvoir législatif peut faire, conformément au droit qui lui a été’communiqué. »

Le pouvoir législatif dispose de la liberté des individus, suivant les règles ordinaires du droit, et, de prime abord, on ne voit pas que le droit d’ôter à une classe d’individus la faculté de disposer de leur personne ne puisse lui appartenir. Mais Locke fait observer qu’en général on n’a surautruique le pouvoir qu’on peut exercer ssur soi-même ; or, il regarde comme certain qu’on n’a pas de pouvoir sur sa propre, vie, et il en conclut qu’on n’a pas le pouvoir de se soumettre à la volonté absolue et arbitraire d’un autre qui peut vous ôter la vie quand il lui plaira.

Pourtant Locke admet que si un homme s’est mis, par un crime, dans le cas de perdre la vie, on peut le réduire en esclavage. Au fait, l’esclavage des Grecs et des Romains n’avait pas d’autre origine. Les esclaves étaient d’ordinaire des prisonniers de guerre, à qui le droit des gens alors en vigueur permettait d’ôter la vie. Le philosophe anglais admet donc virtuellement que l’esclavage antique était légitime, c’est-à-dire conforme au droit. C’est de ce droit qu’est encore armée la société moderne, quand elle procède contre les voleurs et les assassins, auxquels elle inflige la peine de mort, les travaux forcés ou la prison, suivant, la gravité de l’acte commis. Or, que sont les travaux forcés et la prison, sinon l’esclavage, ou, comme dit le code, la servitude pénale ? Ce que Locke conteste, c’est le droit pour un homme libre de se vendre, et le droit, pour un autre homme libre, de l’acheter. Il ne donne aucun motif de son opinion, pas même celui du respect qui est du à la. dignité humaine.

Mais si l’un n’a pas le droit de posséder son semblable, rien n empêche de posséder des être vivants d’une autre espèce que la nôtre, ni surtout de posséder des objets inanimés. Sans doute Dieu n’a pas créé la propriété, il a laissé la terre indivise ; mais il a donné aux hommes la raison, qui leur permet de faire de la terre le meilleur usage possible. Or, il est avéré que la propriété individuelle est le seul procédé efficace trouvé jusqu’ici, qui permette à la civilisation et au bien-être matériel de s’établir solidement. L’utile est du reste le fondement de toute l’économie politique. Il légitime seul l’établissement de la société, la forme du gouvernement, les lois, les mœurs, les institutions, tout ce que l’homme juge convenable à so^ progrès physique et moral. C’est parce qu’elles- nuisent à l’utilité générale que les conquêtes, l’usurpation et la tyrannie ont été de tout temps un objet de réprobation.

L’Essai sur le joutiernemenf civil, peu lu de nos jours, a exercé une immense action sur les publicistes du xvuiesiècle, et mérite d’être compté parmi les causes qui déterminèrent le succès de la Révolution française.

Gouvernement représentatif (t>tl) et de I é- tat aetnel de la France, par M. GuiZOt (1816).

Ce petit livre doit être considéré, non comme un pamphlet, mais comme un exposé de principes, une défense plus ou moins habile de cette espèce d’importation anglaise que l’on nomme le gouvernement représentatif, ou mieux encore le gouvernement parlemen GOUV

taire. L’auteur entreprend de dire ce qu’il pense de la nature de ce gouvernement, de la charte, de la session d3 1815 et de l’état actuel de la France. On sait à quelles réactions l’ancien parti eût voulu ramener le gouvernement parlementaire de Louis XVIII. Il ne s’agissait de rien moins que d’éluder la charte. C’est pour répondre aux attaques du parti réactionnaire contre la charte que M. Guizot a écrit ce livre, qui n’est, en somme, qu’une exhortation à la sagesse politique, au patriotisme surtcut. On désirerait y voir les idées libérales pK.s franchement accentuées ; mais n’oublions pas que l’auteur a voulu faire de la conciliation, et que le mot de liberté, trop souvent prononce, n’aurait fait qu’effaroucher des hommes portés à la supprimer. M. Guizot placs donc au premier rang la France et la monarchie ; les partis ne doivent être que des satellites gravitant tout autour, s’éclairant réciproquement, ne se choquant jamais, agissant, enfin, pour le plus grand bonheur de leur me ître et de leur patrie. Le régulateur de cet admirable mouvement sera le parlementarisne, la charte, deux choses qu’il faut bien comt rendre, auxquelles on doit sincèrement se ra.lier, et qui sauveront l’État et la monarchio. L’auteur n’a pas voulu écrire sur l’essence même du gouvernement parlementaire, mais convaincre ses lecteurs que ce gouvernement est l’ancre de salut ; aussi prie-t-il ardemment ses contemporains de s’y attacher. SA les événements n’étaient pas plus forts que la sagesse humaine, M. Guizot eût sans doute atteint sou but, car il a soutenu sa cause avec beaucoup de bon sens et d’énergie, tout en conservant ces formes de style adaptées aux principes qu’il défendait, formes éirinemment aristocratiques, style qui rappelle celui du grand siècle, quoique un peu sec. Style, bon sens, ’ rien n’y fit, et la Chambre n’écouta point cet appel tait par une jeune intelligence éclairée par les idées libérales : « Nous voulons la religion, la liberté et la justice, s’écriait-il, mais nous les voulons pour le service de la monarchie et non pour celi i d’un parti ; nous las voulons pour affermir l’ordre et non pour l’ébranler, pour établir l’un on et la paix, non pour semer la division et le trouble. Nous n’appelons pas ces n<Bhs sacrés au secours des réactions, des haines, ces ambitieux, des délateurs ; nous ne les invoquons que pour ramener la confiance, répandre partout iasécuritê et consolider l’ouvrage de la sagesse rovale. Voilà ce que nous demandons à la nouvelle Chambre et ce que uous espérons de ses travaux. »

Gouvernement parlementaire (HISTOIRE

du), publiée en 1856 par M. Duvergier de Hauranne. Cet ouvrage est l’histoire d’un svstème de gouvernement, histoire sans valeur, si ce système n’a aucun prix, et, quoique l’auteur ne le discute jamt is qu en vue des faits qu’il raconte et qu’il.uge, son histoire suppose nécessairement une certaine philosophie politique. Il ne donna pas la sienne à priori, il n’en recherche pas les principes abstraits : ce n’est pas son sujet ; mais il est constamment guidé par des : idées générales, qui pourraient être assez facilement réunies en corps de doctrine ; et, quel que soit l’intérêt de ses récits, de quelque sagacité qu’il fasse preuve dans l’apprécii.tion des hommes et des événements, on ne peut, en le lisant, oublier le but qu’il se propose et la thèse qu’il soutient. Il y a donc, dans ce livre, deux choses à examiner : les idées sur le gouvernement et l’exposition et la critique des faits, ou. en d’autres termes, la politique et l’histoire.

M. Duvergier de Hauranne croit que l’idéal, en politique, est réalisé par le gouvernement représentatif, qui, selon lui, s’appuie sur les principes suivants : « Les bons gouvernements ne sont pas des gouvei ntmients simples. Aucun pouvoir ne doit être absolu. Des formes principales de gouvernement, aucune, si elle est réalisée dans sa iiireté abstraite, sans restriction, sans limitation, sans mélange, n’est bonne et durable. La meilleure forme de gouvernement est celle qui emprunte quelque chose à toutes les autres, et qui est en quelque sorte un composé de toutes les autres. »

Les soixante ans qui on ; séparé 1789 de 1848 peuvent se diviser en deux périodes : pendant la première, à trav-jrs de laborieux efforts et des tentatives contradictoires, on a essayé de constituer la France, sans pleinement comprendre ou sans admettre aucunement les conditions indispensables du gouvernement parlementaire. Tantôt par un amour jaloux, tantôt par unti crainte pusillanime de la liberté, on a, de 1789 à 1814, négligé, repoussé ou mal interprété les leçons de l’expérience et de l’histoire dans l’organisation des pouvoirs publics. C’est là le sujet d’une introduction en un volume, qui peut être considérée comme une revue de la Révolution française au point de vue constitutionnel. Puis, de la fin de l’Empire à 1848, plus de trente-quatre an& s ; e sont écoulés, pendant lesquels, au contraire, les conditions générales du gouvernemen ; parlementaire ont été écrites dans les constitutions, et, sans être toujours franchement acceptées ou observées avec une intelligence parfaite, elles ânt été la loi apparente ou réelle des pouvoirs et des partis, et la nation n’a pas laissé entrevoir qu’elle fût mécontentu de son partage