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dre place sur les bancs de la majorité ministérielle, et, pendant six. ans, vota avec persévérance toutes les propositions du gouvernement : la mise en état de siège de Paris en 1832 ; en 1834, les lois de septembre, les dotations des princes de la famille royale, etc. Il fut nommé, en 1833, rapporteur de la commission du budget et fit preuve d’une compétence financière si remarquable, qu’il fut chargé encore durapport en 1834 et en 1835. Il fut, en outre, rapporteur de diverses lois qui touchaient aux finances. Au mois de mars 1837, à l’époque de la formation du ministère Mole, il passa dans l’opposition.

Lorsque M. Thiers devint chef du cabinet, en mars 1840, il donna à M. Gouin le portefeuille du commerce. Le 29 octobre de la même année, celui-ci se retira avec ses collègues devant le ministère Guizot et repassa à 1 opposition.

En 1844, lorsque la mort de Jacques Laffitte laissa vacante la direction de la caisse commerciale d’escompte qu’il avait fondée,

M. Gouin se mit k la tête de cette difficile entreprise ; il la dirigea péniblement jusqu’en 1848. La révolution du 24 février porta à cette banque un coup décisif : elle suspendit ses lavements, et M. Gouin ne put en empêcher a ruine complète. Il se présenta alors aux électeurs du département d’Indre-et-Loire pour la Constituante et fut élu par 43,000 voix. Il prit place dans les rangs de la droite modérée, qui représentait « la cause de l’ordre. » Il soutint avec persévérance les actes du général Cavaignac, et, plus tard, la politique du prince Louis-Napoléon. Réélu à l’Assemblée législative, il y fit toujours partie de la commission du budget. Il compta au nombre des députés les plus dévoués a l’Élysée. En 1S52, puis en 1857, en 1S63, en 1S6S, il fut de nouveau élu député par Sou département. Dans la dernière de ces législatures, il fut nommé vice-président de la Chambre, et, le 17 novembre 1S67, il fut fait sénateur. Ce fut la fin de la carrière politique de M. Gouin.

Son fils était, maire de Tours lorsque le siège de M. Gouin devint vacant au Corps législatif. M. Gouin fils se présenta pour le remplacer ; mais l’administration le combattit et le lit échouer. Après la révolution du 4 septembre 1870, malgré ses attaches avec le gouvernement déchu, M. Gouin fils redevint

maire de Tours et seconda dans ses efforts la délégation de la Défense nationale, qui était venue siéger dans cette ville. Au mois de janvier 1871, lorsqu’un corps de 8,000 Prussiens vint occuper Tours, M. Gouin sut se montrer aussi ferme que digne. Lors des élections du 8 février suivant, les électeurs d’Indre-et-Loire envoyèrent M. Gouin siéger à l’Assemblée nationale. Le maire de Tours a constamment voté dans cette chambre pour la politique de M. Thiers, l’ancien collègue de son père.

GOUINE s. f. (goui-ne — Chevallet dérive ce mot du germanique : anglo-saxon evoen, femme, even, femme de mauvaise vie, prostituée ; gothique quino, qwino, femme ; Scandinave qwinna ; ancien allemand quena, femme, quaenanessi, libertinage. L’anglais a conservé gueen pour signifier la femme du roi, la reine, et quean, une prostituée. Ce nom germanique de la femme correspond exactement au sanscrit gaya, gani, ganika, épouse et femme ; zend, gena ; persan, gan, zan ; arménien, gin ; grec, gunê ; irlandais, gean ; ancien slave, jena, de-la racine sanscrite gan, engendrer, enfanter, mettre au monde. Le nom de la femme serait ainsi devenu synonyme de prostituée, exactement comme chez nous les mots fille et garce. L’étymologie de Chevallet nous paraît préférable à colle de Diez, qui tire goulue du radical gaud, du latin gaitdere, se rejouir). Pop. Femme de mauvaise vie : Il ne fréquente que des gouinbs.

GOUJAT s. m. (gou-ja — rad. gouge). Valet d’année : l’ison arme les OOOJATS et les déserteurs. (D’Ablanc.) La vanité est si ancrée dans le cœur de l’homme, qu’un soldat, un ooiUA-T, un cuisinier, un erocheteur se vante et veut avoir ses admirateurs, et les philosophes mêmes en veulent. (Pasc.) Si le r’Ot se fâcha, le coup de pied qu’en reçoivent ses courtisans se vend et se propage jusqu’au dernier goujat. (Uelvét.)

... Tout bien considéré,

Vaut mieux goujat debout qu’empereur enterré. La Fontaine.

—Par dénigr. Homme grossier, sans mœurs : Le duc d’Elbœuf, qui épousa, sous Louis 'XI V, là fille aînée du maréchal de Vivonne, était appelé dans sa maison même le goujat, tant sa conduite était indécente avec les femmes et familière aven les valets. (M»11 de Caylus.)

— Techn. Ouvrier d’un feu d’affinerie qui est chargé des travaux les plus secondaires.

— Enoycl. Les goujats ou goujarts furent d’abord des non-combattants, chargés d’entretenir les objets d’habillement des soldats, de leur préparer à manger, de nettoyer leurs habitations et de porter leurs armes. Sous le règne de Philippe-Auguste, lesgoujats étaient des paysans armés qui suivaient l’infanterie et que l’on a souvent confondus avec les piquichins, les -wétaux et les bideaux. Au x :« et au xn* siècle, une grande partie des poujats de l’armée formèrent des corps d’aventuriers et commirent de grands désordres. Depuis cette époque, les goujats n’ont plus cessé d’être des valets. Lorsque la noblesse,

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comme dit Brantôme, commença à se jeter aux piques, c’est-à-dire à entrer dans l’infanterie, les gentilshommes qui y étaient comme simples soldats eurent chacun sou valet ; il y on eut même qui eurent plusieurs goujats. Mais l’ordonnance de 1570 n’en permit qu’un seul. Plus tard, sous le règne de Charles IX et sous celui de Henri III, on ne reconnut plus qu’un goujat pour trois soldats.

On appelait aussi quelquefois goujats les palefreniers des chevaux de bât, et même, au siècle dernier, on ne comprenait plus ce mot que dans ce sens. Les goujats n’étaient pas seulement des domestiques, c’étaient souvent des aspirants soldats.

GOUJ ET (l’abbé Claude-Pierre), écrivain français, né à Paris en 1697, mort en 1767. Il fit ses études chez les jésuites et au collège Mazarin. Les bons Pères, appréciant les heureuses aptitudes littéraires de leur élève, tentèrent, mais en vain, de l’accaparer. Goujet a dit, dans ses Mémoires, qu’il croyait » avoir reçu une grâce du ciel en échappant aux jésuites. » Mais, par une autre grâce du ciel, sans doute, il reçut les ordres mineurs, entra dans la congrégation de l’Oratoire, et, bientôt après, devint chanoine de Saint-Jacquesl’Hôpital. Il avait soutenu des principes que condamnait la bulle Unigenitus, et il adhéra ensuite à l’acte d’appel du cardinal de Noailles contre cette bulle. Goujet fut un des fervents apôtres du diacre Paris, et, étant atteint de la pierre, il s’adressa à lui pour obtenir saguét-ison. Il composa même, en faveur des miracles opérés au cimetière Saint - Médard, une Requête au roi. Dès lors, le cardinal Fleury le tint pour suspect, et quand notre abbé voulut publier son Supplément au Dictionnaire de Moreri, le ministre exigea de lui qu’il changeât certains articles. Le cardinal Fleury l’empêcha même d’être nommé à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et s’opposa a ce qu’il fit partie de la rédaction du Journal des savants. Ayant obtenu, en 1737, un prix de l’Académie des belles-lettres pour son Mémoire sur l’état de la littérature depuis la mort de Çharlemagne jusqu’à celle du roi Robert, il se vit repoussé au concours suivant, et toujours par les intrigues du ministre. Il fut aussi entravé dans sa continuation de la Bibliothèque ecclésiastique de Dupin. Comme il s’y montrait peu favorable aux jésuites, on a tout lieu de croire que ceux-ci furent pour quelque chose dans les embarras suscités à 1 auteur. Cependant l’abbé Gouget trouva un protecteur dans le comte d’Argenson, qui, sur le désir du ministre, lui proposa d’écrire un ouvrage étranger aux idées jansénistes. On s’arrêta au plan d’une Histoire littéraire de la France, conçu par M. Chauvelin, ministre d’État. Goujet se mita l’œuvre et conduisit cet immense travail jusqu’à la fin du xviie siècle.- Ce livre, qui est depuis un siècle la base de tous les travaux entrepris sur notre histoire littéraire, n’enrichit pas l’abbé Goujet ; car nous le voyons, à la fin de sa vie, obligé de vendre sa bibliothèque pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. La nécessité de se séparer de ses chers livres lui causa une vive émotion, et bientôt après il mourut frappé d’apoplexie.

Parmi les écrits du laborieux oratorien, nous citerons : Bibliothèque française ou Histoire littéraire de la France (Paris, 1740 et ann. suiv., 18 vol. in-l 2 ; les tomes XIX XX et sont restés manuscrits) ; Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, pour servir de suite à celle de Dupin (Paris, 1736, 3 vol. in-S»), ouvrage inachevé ; Mémoire historique et littéraire sur le Collège royal de France (Paris, 1758, in-4o ou 3 vol. in-12) ; Supplément au Dictionnaire de Mareri (Paris, 1749, 2 vol. in-fol) ; Origine et histoire de la poésie française et histoire des poètes français avant Clément Marot (in-4«) ; Dissertations sur l’état des sciences en France depuis la mort de Charlemagne jusqu’à celle du roi Hobert (1737, in-12) ; Histoire des inquisitions (Cologne [Paris], 1752, 2 vol. in-12) ; Histoire du pontificat de Paul V (AmsterdamParis], in-12) ; Mémoires historiques et littéraires de l’abbé Goujet, ouvrage posthume publié par l’abbé Barrai (La Haye [Paris], 17G7, in -12). Il faut ajouter à cette liste un très-grand nombre de biographies et d’éloges historiques.

GOUJON s. m. (gou-jon — du lat. gobio, gr. kôbios, jnèmo sens). Ichthyol. Gem-o de poissons, de la famille des cyprinoïdes, voisin des tanches :

La tanche rebutée, il trouva du goujon : Du goujon ! c’est bien là le dîner d’un héron ! La Fontaine.

« Goujon de mer, Nom vulgaire des poissons du genre gobie.

— Fam. Faire avaler le goujon à quelqu’un, Le faire tomber dans un piégo ; lui en faire accroire.

— Archit. Grosse cheville de fer qui relie le fût d’une colonne à sa base, ou le chapiteau au fût, ou deux autres pièces superposées.

— Techn. Cheville de fer qui sert à lier, à assembler plusieurs pièces de certaines machines. Il Goupille de fer qui réunit les deux portions d’une charnière, il Morceau de bois rond qu’on met dans les trous des jantes pour les maintenir. Il Axe sur lequel tourne une poulie.

— Encycl. Ichthyol. Le genre goujon, formé aux dépens des cyprins, est essentiel GOUJ

lement caractérisé par une tête large, avec la bouche placée en dessous et munie d’une paire de longs appendices charnus ou barbillons, situés à la base de la mâchoire inférieure ; les yeux placés très-près de la ligne du front ; des écailles assez grandes, larges et courtes ; des nageoires dorsale et anale étroites à leur base ; enfin, des dents pharyngiennes terminées en crochets et disposées sur deux rangs. Il comprend un petit nombre d’espèces, qui habitent les eaux douces du nord des deux continents. La France n’en possède qu’une espèce bien caractérisée, le goujon de rivière, vulgairement nommé, suivant les localités, goujon, goeffon, goiffon, goffi, kressen, trigan, trégon, trogon, etc. Sa forme toute particulière le fait aisément reconnaître. Il a le corps allongé, le dos arrondi, les flancs couverts de taches rondes ; la bouche munie de deux barbillons ; les nageoires dorsale et caudale marquées aussi de petites taches. Sa longueur ne dépasse guère 20 centimètres. Il présente des nuances très-agréables ; son dos est ordinairement d’un

jaune fauve, passant quelquefois au brun, d’autres fois au bleu noirâtre ; le ventre est blanchâtre, à reflets jaunâtres ou argentins. Cette espèce présente, du reste, plusieurs variétés, caractérisées par des différences de coloration, par le volume de la té’te, l’allonfement du museau et le nombre des rayons es nageoires. Une de ces variétés a paru assez différente des autres pour que Valenciennes l’ait érigée en espèce, sous le nom de goujon à museau obtus. Une autre espèce, assez voisine de celle-ci, le goujon uranosoope, vit en Allemagne.

En hiver, les goujons vivent dans les lacs et les étangs ; mais ils recherchent surtout les endroits où viennent se décharger des rivières ou des torrents, parce qu’ils y trouvent une eau courante et d’une température plus basse. Us paraissent, en effet, redouter les fortes chaleurs. On trouve encore le goujon dans les fonds tranquilles et tournoyants, pourvu qu’il y ait du sable, des galets ou des cryptes ; mais on ne le rencontre dans un endroit vaseux qu’à la première baisse d’une inondation, quand l’eau est trouble. Il quitte alors, non pas le grand courant, où il ne va jamais, mais les bords du fleuve, pour se réfugier dans quelque petit affluent et dans le canal des moulins.

Bien qu’il se tienne atterré comme le barbeau, on le voit venir quelquefois entre deux eaux, frétillant le long des roches.

Au printemps, les goujons gagnent de préférence les eaux courantes, claires et peu profondes, coulant sur le sable ou sur le gravier ; en automne, ils quittent les rivières et les cours d’eau pour revenir dans leurs stations lacustres. Eminemment sociables, ils vivent toujours en troupes nombreuses, où il y a, assure-t-on, un mâle seulement pour cinq ou six femelles. Ils se nourrisent d’insectes, de vers, de petits mollusques, qu’ils cherchent au fond de l’eau, en fouillant les graviers. Ils sont aussi fort avides des charognes, et il suffit d’en jeter une au fond de l’eau pour voir les goujons y venir en foule. Ils frayent dans les eaux courantes, depuis la mi-avril jusque vers la mi-août, mais surtout pendant les mois de mai et de juin. Ils déposent leurs œufs contre-les pierres et les végétaux. Chaque mâle féconde plusieurs femelles. Le3 œufs sont petits et d’une teinte bleuâtre. L’incubation dure environ un mois. La croissance est rapide et atteint son terme k l’âge de trois ans.

La fécondité do ces poissons est prodigieuse ; aussi y a-t-il avantage à les multiplier dans les étangs pour servir de nourriture aux grandes espèces, telles que les truites, les carpes, les brochets, etc. Ils sont la proie de nombreuses espèces carnassières, soit dans leur propre classe, soit parmi les oiseaux aquatiques. Thompson dit qu’en Irlande, a la chute d’un moulin, le chien du meunier en dévoraitdegrandes quantités. Les I goujons sont exposés, en outre, aux atteintes de vers intestinaux, du genre filaire, qui se logent dans leur cavité abdominale. Malgré toutes ces causes de destruction, ils sont encore si nombreux dans nos eaux douces, qu’on en fait des pèches très-abondantes. M, Carbonier a calculé que dans la Seine, entre les ponts de Bercy et de Passy, trente pêcheurs à l’épervier en prendraient annuellement un million d’individus, et qu’on en prendrait encore une égale quantité avec les autres engins.

Lo goujon était bien connu des anciens. Galien en a parlé eu termes élogieux, et Ausone vuiUO beaucoup ceux qu’on prenait dans la Moselle. On pèche le goujon à l’hameçon ; il inord avec beaucoup d’empressement à l’appât. Sa croquante et savoureuse friture, que ns dédaignent pas les plus fins gourmets, fait la fortune d’une foule de restaurants qui s’adonnent à cette spécialité, et qui, pour cette raison, s’établissent le plus près possible des rivières.

Le goujon sert d’appât pour amorcer les haims destinés à la pèche des anguilles, qui en sont très-friandes ; il a la vie très-dure ; 1 aussi convient-il beaucoup pour cet usage. ■ Une pêche très-amusante consiste à mettre dans l’eau d’un ruisseau une carafe percée d’un trou, dans laquelle on a introduit un peu d’appât ; les goujons s’y introduisent et souvent la remplissent en peu d’instants. Par I suite d’un préjugé assez bizarre, les pécheurs

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de beaucoup de localités croient que le goujon donne naissance à l’anguille, et qu’il peut s’accoupler avec la perchî.

— Techn. Les goujons employés dans la construction des machine !-, sont des pièces taraudées aux deux extrémités, dont on se sert pour fixer une partie mo’nile et peu épaisse contre une autre fixe et plus épaisse. La partie intermédiaire est carrée ou hexagonale, pour qu’on puisse la serrer avec un instrument. Le plus souvent, les goujons reçoivent un écrou dont la face postérieure presse la pièce mobile que l’on veut rendre fixe provisoirement. Les couvercles de cylindres à vapeur sont attachés au cylindre lui-même au moyen de goujons ; il en est de même des couvercles de tiroirs, ainsi qun des foyers de locomotives que l’on relie à la chaudière. La partie taraudée que l’on a rendue fixe est très-difficile à enlever ; pour y arriver, on est le plus souvent obligé de faire sauter la tête extérieure, et de percer un trou dans le métal qui reste : cette ténacité provie ît de ce que, généralement, avant d’assujettir les goujons, on les entoure de minium, ou bien on les trempe dans de l’ammoniaque, pour augmenter leur adhérence contre le pas de vis intérieur.

GO WON (Jean), sculpteur français, né à Paris vers 1515, tué le jour d« la Saint-Barthélemv (24 août 1572). Il fit s ; s premières études’en France et voyagea en Italie. À son retour, l’artiste dut se soumsttre aux exigences d’une cour voluptueuse et assouplir son talent aux fantaisies de la mode rognante. Son premier ouvrage connu est un chef-d’œuvre que sans doute bien d’autres morceaux ignorés avaient précédé : c’est la statue désignée sous le nom de 0îVms, portraitallégorique de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. Cette statue décorait le portail du château d’Anet. Diane est représentée nue, couchée, un arc à la main, appuyée sur l’encolure d’un cerf ; sa coifTure est formée de tressjs ornées de bijoux ; elle est accompagnée de ses chiens. Ce groupe est posé sur une espace de vaisseau. La flatterie du sculpteur, qui avait ainsi transformé la favorite en déesse, lui valut la faveur de Diane et de son royal amant. Henri l le chargea des travaux de sculpture du château d’Anet, en même temps qu’il en confiait la partie architecturale à Philibert Delorme et qu’il en commandait les peintures décoratives à Jean Cousin.

Jean Goujon embellit de même le château d’Ecouen, 1 hôtel Carnavalet, célèbre plus tard pour avoir été la réside ice de Mme de Sévigné ; l’Hôtel de ville, où il sculpta les Douze mois de l’année dans dos panneaux de bois ; la porte Saint-Antoine, qu’il décora de quatre délicieux bas-reliefs : la Seine, la Marne, l’Oise et Vénus sortant des ondes, morceaux qu’fsont maintenant au Louvre, après avoir quelque temps figuré scr la façade de la maison de Beaumarchuis ; pour l’église des cordeliars, il sculpta un bas-relief admirable, la Déposition : deux disciples déposent sur le sol le corps du Christ descendu de la croix ; l’un d’eux est vu de dos et agenouillé ; Madeleine et les deux Marie sont groupées dans une attitude de douleur accabiée ; saint Jean soutient, au fond, la mère de Jésus évanouie. Enfin, on doit à Jean Goujon la fontaine des Nymphes, dite des Innocents, commencée sous François Ier et achevée seulement sous Henri II. Elle se trouvait d’aboid à l’angle des rues Saint-Denis et aux Fers (1550) ; on la plaça plus tard ^1783) au milieu du cimetière des Innocents. Elle est aujourd’hui dans le square du même nom. Selon le chevalier Bernin, » cette fontaine est le plus beau morceau de France, tant pour la juste proportion entre l’architecture et les figures (chase fort rare) que pour la délicatesse qui refîne partout. » . Voyez, dilDiderot, ces naïades abandonnées, molles et Huantes, de Jean Goujoi. Les eaux de la fontaine des Innocents ne coulent pas mieux, les symboles serpentent comme elles. «Tout est harmonieux et paraît grand dans un petit espace ; les reliefs et les raccourci : ; sont le chefd’œuvre du genre. Il en est de même des décorations extérieures de l’hôtel Carnavalet. Sur la porte principale, dans un cartouche, deux enfants superbes soutiennent les armoiries de la maison ; des bas-reliefs, représentant la Force et la Vigilance, occupent les trumeaux. Mais c’est principalement au Louvre que le maître a déployé toutes les richesses de son génie. Dans la salle des oent-suisses, aujourd’hui galerie des Antiques, on admire

nujo „.

cette belle tribune, toute constellée d ornements et soutenue par quatre cariatides de 4 mètres de haut ; c’est une de se ;- œuvres capitales. Dans la cour de Françoi» I«, la partie sculpturale due à son ciseau est encore plus digne d’attention. Cette iinmf nse frise, ou s’enroulent, au milieu de gracieux festons, des enfants rieurs d’une élégance et d’une grâce exquises, est un des meilleurs morceaux de la sculpture française ; sa vue rappelle immédiatement les frises de l’arc de Titus, de la place Nerva. Les frontons circulaires qui couronnent les corps avancés sont remplis par des figures de demi-relief, Mîrcure, l’Abondance, et, au milieu, deux génies supportent les armes du roi. Les entre-pilastres de l’attique sont séparés par des trophées d’esclaves enchaînés et de figures al.égoriques ; tout ce travail est admirable. Les lignes de l’architecture qui entoure et encadre ces divers morceaux les complètent aec tant do bonheur, qu’il est difficile de croirs que Jeun