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quin et sa sonorité maigre. Comme compositeur, on lui doit cinq opéras, qui n’ont eu qu’une médiocre réussite, et une foule de morceaux pour le violon.

GIARENDE s. m. Cia-ran-de). Erpét. V.

GÊRENDiJ.

CIAROLA ou GEROLLI (Jean), peintre italien, né à Reggio vers 1500, mort en 1557. Il reçut, croit-on, les leçons du Corrége, avec qui il exécuta divers travaux, et peignit presque constamment k fresque. Les ouvrages dont il enrichit Parme et Reggio lui acquirent chez ses concitoyens une grande renommée. Ils se font remarquer - par la délicatesse du pinceau ; mais le dessin n’en est pas toujours irréprochable.

GIAROLA ou GEROLA (Antonio), dit le chevalier Coppn, peintre.italien, né à Vérone en 1594, mort k Milan en 1665. Élève du Guide, il fut, à ses débuts, l’un de ses imitateurs. Bien qu’il soit un peintre de la décadence, il

farde encore dans son œuvre quelque chose e l’austère sévérité dé Michel-Ange. Dessinateur savant, il n’a jamais eu grand souci de la couleur, préoccupé qu’il était de la ligne et du modelé. Son liepas d’Emmaûs, qu’on voit dans le réfectoire du grand séminaire de Vérone, est une composition grandiose d’une exécution magistrale. Lanzi nous apprend que Giarola fut appelé à la cour du duc de Mantoue, pour exécuter divers panneaux décoratifs dont quelques-uns existent encore. Puis, il vint se fixer à Milan, où son atelier fut bientôt fréquenté par un grand nombre d’élèves. On voit au musée de Milan la Vierge aux Saints, qui avait d’abord appartenu k l’église Saint-Nicolas, de Vérone, et une Conception, qui avait été peinte pour , Santa-Mariu-Antica, de la même ville. La sacristie de Santo-Eermo-Maggiore possède enfin deux épisodes de la vie de saint Antoine et quelques fresques décoratives qui complètent l’ornementation dont ces peintures forment le motif principal. Tel est, à peu près, l’oeuvre connu de Giarola.

GIAROLE s. f. Cia-ro-le — altér. de glarëole). Ornith. V. glaréole.

G1ATTINI (Jean-Baptiste), jésuite et écrivain italien, né à Paîerme en 1601, mort à Rome en 1672. Il alla se fixer dans cette dernière ville, où il professa les langues, les mathématiques et la théologie. On a de lui, entre autres ouvrages, deux, tragédies :Leo Philosçphus (1646) et Antigonus (1661) ; un traité intitulé Physica (1653) ; Orationes vigenti quatuor habits ad summos pontifices et cardinales (16S1) ; une traduction latine de l’Histoire du concile de Trente, de Pallavicini (Anvers, 1672) ; etc.

GIAUCHEN s. m. Ci-o-kènn). Relig. Talisman composé da tous les noms de Dieu, que les Persans portent suspendu au bras ou au cou..

GIAVENO, ville d’Italie, province età 28 kilom. S.-E. de Suse, près-dela rive gauche du Sagone, au pied des Alpes Contiennes ; 9,000 hab.. Fabriques de soieries et de toiles ; tanneries, usines à fer. Commerce de transit et marché très-fréquenté pour la tourbe.

■ GIBAULT (Jérôme-Bonaventure), jurisconsulte français, né à Poitiers, mort dans cette ville vers 1832. Il avait longtemps exercé la profession d’avocat lorsqu’il fut nommé, ver3 1796, professeur de législation à l’École centrale du département de la Vienne. Lors de la création des écoles de droit, Gibault fut appelé à occuper une chaire de code civil à Poitiers. Il a publié une traduction latine du code Napoléon : Codex gallorum civium (1808, in-8») ; Guide de l’avocat ou Essais d’instruction pour les jeunes gens (1814, 2 vol. in-8") ; Pqratitlessur les livresducode civil (1815), etc.

GIBBAR s. m. Ci-bar). Mamm. Espèce de baleine du groupe des baleinoptères.

— Encycl. Le gibbar est une espèce de baleine, ou mieux de baleinoptère, qui parvient quelquefois à la longueur des baleines franches, sans avoir jamais le corps aussi gros. Sa tête, très-volumineuse, est pourvue de deux évents qui rejettent l’eau avec violence, et munie de fanons frangés sur les bords. La couleur de ce cétacé est d’un brun luisant sur le dos, et blanche sous la poitrine et le ventre. Le gibbar habite les deux océans ; il est très-agile, très-vif, et se nourrit surtout de harengs et autres petits poissons. Les peuples groenlandais mangent sa chair, qu’ils trouvent excellente, bien qu’elle soit un peu —huileuse. On va même jusqu’à la Comparer à celle de l’esturgeon.

GIBBERTI s. m. pi, (ji-bèr-ti). Proprement vrais croyants, Nom donné, par les Arabes d’Afrique à ceux de leurs compatriotes qui font le commerce dans le Dankali.

GIBBÉRULE s. f. gi-bé-ru-le — dim. du lat. gibba, bosse). Moll. Genre non adopté de mollusques gastéropodes marins, formé aux dépens des marginelles, et caractérisé par le bord droit de l’ouverture de la coquille renflé à l’extérieur.

GIBBEUX, EOSE adj. Ci-heu, eu-ze — latin gibbosus ; de gitiba, bosse, qui parait appartenir à la même famille que le grec ubos, bossu, courbé. Ce dernier est peut-être allié à kuphos, courbé, d’un radical kuph, qui est dans kuptein). Qui a des bosses, des parties proéminentes sur sa surface : Un tronc gibbkux.

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Il Qui forme une bosse : Les parties gibbeuses de la lune. (Acad.)

— s. f. pi. Arachn. Nom donné à divers’ groupes d’aranéides, caractérisés surtout par un corselet plus ou moins bombé et comme bossu.

GIBBIE s. f. Ci-bî — du la’t. gibba, bosse). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentaj.mères, comprenant quatre espèces de divers pays.

— Encycl. Les gibbies sont des insectes de très-petite taille, ayant au premier aspect l’apparence de grosses puces ou de petites araignées. Ils ont la tête petite, le corselet court, l’abdomen globuleux et volumineux, recouvert par des éïytres coriaces. Ces insectes, dont on connaît quatre espèces, vivent dans les collections zoologiques et botaniques. Leurs larves causent souvent de grands dégâts dans les herbiers et dans les séchoirs des herboristes. On a trouvé dans les fouilles de Thèbes un vase en terre cuite rempli de milliers de cadavres de ces insectes, qui formaient une masse compacte. On pense que cette particularité, inexpliquée jusqu’à ce jour, se rattachait k quelque usage superstitieux des anciens Égyptiens.

GIBBIFLORE adj. Ci-bi-âo-re — du lat. gibba, bosse ; ftos, fleur). Bot. Dont les pétales Sont gibbeùx. *

G1BBIPENNE adj. (Ji-bi-pè-ne — du lat. gibba, bosse : penna, aile). Entom. Dont les élytres sont bombés.

GIBBIROSTRE adj. Ci-bi-ro-stre — du lat. gibba, bosse ; rostrum, bec). Zool. Dont le bec ou le rostre est surmonté d’une bosse.

GIBBON s. m. Ci-bon — du lat.’ gibba, bosse). Mamm, Genre de singes de l’ancien continent, voisin des orangs et des chimpanzés r La figure des gibbons ressemble assez à celle de l’espèce humaine. (P. Gervais.) Les gibbons, comme les orangs, sont essentiellement grimpeurs. (P. Gervais.)

— Encycl. Les gibbons sont, .après les chimpanzés et les orangs, les singes qui se rapprochent le plus de l’homme. Leur organisation est très-intéressante et mérite d’être étudiée avec quelques détails. La tête de ces quadrumanes est assez volumineuse, mais leur crâne n’a pas une très-grande capacité ; il est assez large, mais peu élevé» La face ressemble assez à celle de l’espèce humaine par l’ensemble des traits, et surtout par l’expression fort intelligente des yeux, mais elle en diffère par la forme aplatie du nez, la grandeur des lèvres.et la petitesse du menton. L’angle facial ne dépasse guère 450. La face

•’ est encadrée de poils, souvent blancs, qui recouvrent le front lui-même ; les favoris s’avancent jusque sur les joues, et descendent sous le menton en formant une sorte de collier. La bouche, qui forme une saillie assez considérable, est munie de trente-deux dents qui, par leur structure et leur disposition, rappellent celles de l’homme. La tête est recouverte de poils dirigés d’avant en arrière ; elle est portée sur un cou assez court. La poitrine est large, et le sternum aplati et formé de trois pièces, comme dans l’espèce humaine ; mais le bassin est moins large et le train postérieur relativement plus faible. Tout le corps est couvert de poils abondants, de couleur blanche, grise, brune ou noire. Ce corps est assez court, dépourvu de queue, et les tubérosités ischiatiques, présentent des callosités très-prononcé.es. Les membres antérieurs sont beaucoup plus longs que ceux, de derrière, ce qui permet aux gibbons de s’appuyer sur le sol par leurs quatre extrémités, sans quitter la station droite ou légèrement inclinée, qui leur est ordinaire. Les plantes ou paumes des quatre mains sont nues, ainsi que le dessous des doigts, dont la peau est dure et calleuse ; le pouce est nettement opposable aux autres doigts, et celui des mains antérieures semble, au premier aspect, avoir trois phalanges, ce qui tient à ce

, que sa partie métacarpienne est libre et mobile."

Les gibbons sont des singes de taille moyenne ; essentiellement grimpeurs, ils s’accrochent par leurs mains aux branches des arbres et parcourent ainsi rapidement de grands espaces dans les forêts, qui sont leur séjour habituel. On dit aussi qu’ils peuvent marcher debout sur ces mêmes branches et sur le sol, leurs longs bras faisant l’office du balancier des danseurs de corde. • On a vu à Paris, dit V. de Bomare, la femelle d’un gibbon ; elle marchait debout et tournait même assez vite, mais son attitude n’était ni droite ni assurée ; de temps en temps l’animal perdait l’équilibre et touchait la terre avec 1 une de ses mains pour le rétablir. Lorsqu’elle s’arrêtait et qu’elle voulait rester debout, tout le corps chancelait sur les talons ; le bout des pieds ne portait pas sur la terre, les jarrets n’étaient pas tendus, les jambes étaient inclinées en avant et les cuisses en arrière : cette attitude contrainte ne peut durer longtemps ; bientôt l’animal s’assied par terre ou saisit quelque appui avec les mains. Ainsi, l’attitude verticale du corps sur les jambes n’est pas si naturelle pour les animaux de cet ordre. »

Les gibbons sont omnivores, et en cela encore ils ressemblent à l’homme ; toutefois, les aliments dont ils se nourrissent de préférence sont-les fruits, les racines, les tubercules et

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les bulbes de certains végétaux ; ils aiment aussi les œufs, et mangent même des insectes et autres petits animaux. Moins intelligents, moins forts et moins robustes que les chimpanzés et les orangs, ils sont loin, toutefois, d’être aussi stupides qu’on s’est plu à le dire. La douceur, la timidité, l’apathie forment le fonds de leur caractère. Ils sont ordinairement peu actifs, mais néanmoins adroits.et légers ; quand on les inquiète, ils se montrent très-agiles. Ils aiment beaucoup et caressent volontiers leurs femelles et leurs petits. Ils supportent bien la captivité ; ils sont dociles, affectueux même et reconnaissants des soins qu’on leur donne. ’Leurs mouvements sont modérés et nullement brusques. On lè3 nourrit de fruits, d’amand, es et de pain, qu’ils aiment beaucoup et qu’ils prennent doucement. Mais, en général, a cause de leur tempérament délicat, il est difficile de les conserver longtemps dans nos climats humides et rigoureux. On connaît une dizaine d’espèces de gibbons, la plupart mal déterminées ; elles habitent l’Indoustan, l’Indo-Chine, les lies de l’archipel malais, Manille, les Philippines, etc.’ Le gibbon siamang ou syndactyle, rangé par quelques auteurs dans le genre orang, a le pelage entièrement noir, et sa taille, quand il se tient debout, atteint la hauteur d un mètre ; il a sous la gorge un grand espace nu ; une énorme poche gutturale communique avec le larynx, et l’animal peut y faire entrer l’air de manière kla renfler comme un goitre. Enfin cette espèce est surtout caractérisée par la soudure qui existe entre le second et le troisième orteil, et qui se prolonge jusqu’à l’origine de la dernière phalange. Le siamang, plus robuste, plus vigoureusement musclé que ses congénères, a dans sa physionomie quelque chose du nègre. Quant à ses niceurs, nous citerons Duvaucel, qui a découvert cette espèce et l’a étudiée d une manière suivie dans» son pays natal, mais qui paraît avoir amoindri ses qualités et exagéré ses défauts ; c’est du moins ce qui résulte d’observations plus récentes :

« Cet animal est fort commun dans les forêts de Sumatra, et j’ai pu souvent l’observer en liberté comme en esclavage. On trouveordinairement les siamangs rassemblés en

troupes nombreuses, conduits, dit-on, par un chet que les Malais croient invulnérable, sans doute parce qu’il est plus fort, plus agile et plus difficile à atteindre que les autres. Ainsi réunis, ils saluent le soleil, à son lever et à son coucher, par des cris épouvantables qu’on entend de plusieurs milles, et" qui, de plus, étourdissent lorsqu’ils ne causent pas d’effroi. C’est le réveille-matin des Malais montagnards, et, pour les citadins qui vont k la campagne, c est une des plus insupportables contrariétés. Par compensation !, ils gardent un profond silence pendant la journée, à moins qu’on n’interrompe leur repos ou leur

, sommeil.

« Ces animaux sont lents et pesants, ils manquent d’assurance quand ils grimpent, et d’adresse quand ils sautent ; de sorte qu’on les atteint toujours quand on peut les surprendre.. Mais la nature, en les privant des moyens de se soustraire promptement aux dangers, leur a donné une.vigilance qu’on met rarement en défaut ; et s’ils entendent, à un mille de distance, un bruit qui leur soit inconnu, l’effroi les saisit, et ils fuient aussitôt. Lorsqu’on les surprend à terre, on s’en empare sans résistance, soit que la crainte les étourdisse, soit qu’ils sentent leur faiblesse et leur impossibilité de s’échapper. Cependant ils cherchent d’abord à fuir, et c’est alors qu’on reconnaît toute leur imperfection pour cet exercice. Leur corps, trop haut et trop pesant, s’incline en avant, et leurs deux bras faisant l’office d’échasses, ils avancent par saccades, et ressemblent ainsi à un vieillard boiteux à qui la peur ferait faire un grand effort.

Quelque nombreuse que soit la troupe, celui qu’on blesse est abandonné par les autres, à moins que ce ne soit un jeune individu. Sa mère, alors, qui le porte ou le suit de près, s’arrête, tombe avec lui, pousse des cris affreux en se précipitant sur l’ennemi, la gueule ouverte et les bras étendus. Mais on voit bien que ces animaux ne sont pas faits pour combattre ; car alors même ils ne savent éviter aucun coup et n’en peuvent porter un seul. Au reste, cet amour maternel ne se. montre pas seulement dans le danger, et les soins que les femelles prennent de leurs petits sont si tendres, si recherchés, qu’on serait tenté de les attribuer à un sentiment raisonné. C’est un spectacle curieux dont, à force de précaution, j’ai pu jouir quelquefois, que de voir les femelles porter’leurs enfants k la rivière, les débarbouiller malgré leurs plaintes, les essuyer, les sécher et donner à leur propreté un temps et des soins que dans bien des cas nos propres enfants pourraient envier.

« La servitude, quelle qu’en soit la durée, ne parait modifier en rien les défauts caractéristiques de ce singe. À la vérité, il devient en peu de jours aussi doux qu’il était sauvage, aussi privé qu’il était farouche ; mais, toujours timide, on ne lui voit jamais la familiarité qu’acquièrent bientôt les autres espèces du même genre, et sa soumission paraît tenir plutôt à son extrême apathie qu’a un degré quelconque de confiance ou d’attention. Il est à peu près insensible aux bons et aux mauvais traitements ; la reconnaissance, la haine paraissent être des sentiments inconnus k ces animaux. Le plus souvent accroupi, enveloppé

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de.ses longs bras et la tête cachée entre les

jambes, position qu’il a aussi en dormant, le siamang ne fait cesser son immobilité et ne rompt le silence qu’en poussant par intervalles un cri désagréable, assez approchant de celui du dindon, mais qui ne parait motivé par aucun sentiment, par aucun besoin, et qui, en effet, n’exprime rien : la faim, elle-même, ne le peut tirer de sa léthargie naturelle. En esclavage, il prend ses alimentsavec indifférence, ’ les porte à sa bouche sans avidité, et se les voit enlever sans étonnement. Sa manière de boire est en harmonie avec ses autres habitudes. Elle consiste à plonger ses doigts dans l’eau et à les sucer ensuite. ■

Le gibbon lar est k peu près de la taille du précédent ; son corps est allongé et un peu grêle ; ses oreilles rappellent assez par leur

> conformation celles de l’homme. Son pelage est noir ou brun noirâtre, avec l’encadrement de la face et les quatre extrémités de couleur blanc grisâtre. Cette espèce est 4a plus an ■ ciennement connue ; elle a été décrite par Buffon, et c’est à elle surtout que s’appliquent les considérations générales que nous avons données sur les mœurs des gibbons. Elle habite les. Indes orientales et les Moluques. Le gibbon de Raffl.es, appelé aussi ounko, est rapportépar plusieurs auteurs, comme simple^ variété, tantôt à l’espèce précédente, tantôt à celle dont nous allons parler.

Le gibbon agile, ou toouwou, a un pelage brun, avec le dos jaunâtre, la face d’un noir bleuâtre chez les mâles et brune chez les femelles, un’bandeau blanc qui s’étend au-dessus des yeux et se réunit k des favoris blanchâtres.

’ 11 habite Sumatra et peut-être aussi Bornéo. Mais il est partout assez rare, et vit plus souvent en couples qu’en familles. Il se distingue des autres espèces par son agilité surprenante ;. elle est telle qu’il faut pour ainsi dire le saisir au vol. « Grimpant rapidement au sommet des arbres, dit encore Duvaucel, il y saisit la branche la plus flexible, se balance k plusieurs reprises pour prendre son élan, et franchit ainsi plusieurs fois de suite, sans effort comme sans latigue, des espaces considérables. En domesticité, le wouwou n’annonce pas une agilité si extraordinaire. S’il est moins lourd que le siamang, si’Sa taille est plus élancée, ses mouvements plus faciles et plus prorapts, il est aussi beaucoup moins vif que les autres singes ; et dans ses bras longs ctgrêles, dans ses jambes courtes et déjetées, on est loin de soupçonner des muscles aussi vigoureux, et une adresse aussi merveilleuse. La nature ne l’a pas doué d’une grande intelligence ; la sienne n’est guère moins bornée que celle du siamang. Tous deux sont dépourvus de front ; et c’est un des grands points de coïncidence entre ces deux espèces. Ce que j’ai vu me persuade néanmoins qu’il est susceptible de quelque éducation : il n’a pas l’imperturbable apathie du siamang ; on l’effraye et on le rassure : il fuit le danger et recherche les caresses ; il est gourmand, curieux, familier, quelquefois gai. »

Le gibbon hooloch se distingue surtout par son pelage noir, avec une tache grisâtre sur le front et quelques teintes grises sur le dos et sur les doigts. Il habite l’Inde continentale, et plus particulièrement l’Assam. Ses mouvements sont rapides ; il grimpe au tronc des grands arbres, saute de branche en branche et s’enfuit dans la profondenr des forêts avec la plus grande prestesse. Il se nourrit Je fruits et des jeunes pousses des végétaux. Mais il s’habitue facilement à la domesticité et se contente de tous les aliments qu’on lui présente ; il a une prédilection marquée pour le café, le chocolat et les œufs. Richard Harlan, naturaliste américain, qui le premier a fait connaître cette espèce, a observé chez un individu une intelligence très-développée ; Il reconnaissait son maître, et saisissait toutes les occasions de lui témoigner son affection ; il accourait à son appel comme le chien le plusdocile, allait le voir le matin et se jetait dans ses bras ; il se montrait fort sensible aux caresses qu’il en recevait, et répétait pendant quelques minutes son cri guttural : whou, w/iou. II paraissait préférer, en faitd’aliments, les bananes, les oranges, le riz bouilli, le pain trempé dans le lait sucré ; il savait aussi saisir trës-adroitementdans les fentes des murs les insectes et les araignées dont il faisait sa proie. Quand la soif le pressait, il prenait un vase rempli d’eau et le portait à ses lèvres.

Le gibbon cendré, ou moloch, doit son nom spécifique k la coloration de son pelage, du moins dans le jeune âge, car plus tard il prend une teinte blonde. Ses doigts sont entièrement libres. Sa taille peut atteindre près d’un mètre. D’après M. P. Gervais, l’indication la plus positive que les auteurs anciens aient donnée de cet animal se trouve dans les Mémoires sur ta Chine, du père Lecomte, qui dît avoir vu aux Moluques une espèce de singe marchant sur deux pieds, se servant de ses deux bras comme pourrait le faire un homme, et dont le visage est à peu près celui d’un Hottentot. Quelques auteurs l’appellent’aussi wouwou, k cause de son cri. Il vit dans les îles de la Sonde, notamment à Java. Il se trouve ordinairement par couples, et non en troupes ; toujours en mouvement, il parcourt les forêts avec beaucoup d’agilité. On le dit colèro et capricieux. En captivité, il devient mélancolique et indolent. C’est l-’espèce qu’on a le plus souvent occasion de voir vivante en Europe. Vers 1840, on en a vu un k Paris, dans un café du boulevard du Temple. Il se faisait re-