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couverte on ardoises. L’étage supérieur, sur les quatre faces duquel s’ouvrent doux baies cintrées accompagnées de colonnes, présente les caractères de l’architecture du xiic siècle. Deux tours un peu moins hautes que celle de l’ouest s’élevaient des deux côtés de la croisée, aux angles du chœur et du transsept. On prétend qu’en 1821, les fondations cédant cous le poids des constructions supérieures, ces deux tours se penchèrent en faisant tinter leurs cloches ; on les détruisit, pour ne pas avoir la peine de les restaurer. Les parties basses de ces tours ont été conservées.

L’église de Saint-Germain-des-Prés a 2G5 pieds de long sur 63 de large environ et 59 de hauteur. La nef, accompagnée de collatéraux simples et soutenue par des piliers carrés cantonnés.de quatre colonnes, présente les dispositions et l’ornementation sévères du style roman. Toutefois, les chapiteaux des colonnes ont été altérés par de nombreuses et maladroites restaurations. Toutes les fenêtres delà nef sont cintrées. Le chœur, achevé ou reconstruit au xno siècle, résume la transition architecturale de cette époque ; on y trouve à la fois le plein cintre et l’ogive. Dix colonnes monostyles, dont les chapiteaux sont des plus remarquables, soutiennent les grands arcs du chœur ; au-dessus do ces arcs règne une galcr o dont les architraves reposent sur des colonnes de marbres rares, qui proviennent certainement de la basilique de Childebert. Le chœur et l’abside sont entourés de chapelles, les unes carrées, les autres polygonales. Deux rangs do fenêtres éclairent cette partie de l’église ; les fenêtres des chapelles les plus rapprochées du transsept sont en plein cintre ; celles des chapelles qui se rapprochent du rond-point et toutes les fenêtres hautes sont en ogive. Près de la quatrième colonne libre du chœur, au nord, se trouvait le puits de Saint-Germain, dont les vertus miraculeuses étaient célèbres dès le xno siècle ; ce puits a été recouvert avec des dalles.

Dans le courant du vie et du vue siècle, avant la fondation de l’abbaye de Saint-Denis par Dagobert, l’église de Saint-Vincent ou de Saint-Germain reçut les corps des princes de la race mérovingienne. Les rois Childebert 1er, Caribert, Chilpéric Ier, Clotaire II et Childéric II y furent inhumés ; on y voyait aussi les tombeaux des reines Ultrogotho, Frédégonde, Bertrude et Bilihilde, et ceux de plusieurs princes et princesses du sang royal. Plusieurs de ces tombes furent ouvertes lors des travaux de restauration ou de reconstruction accomplis dans l’église à diverses époques. Les corps, enfermés dans des cercueils de pierre sans ornements, étaient enveloppés de linceuls d’étoffes précieuses ; quelques-uns reposaient sur un lit d’herbes odoriférantes ; on trouva dans plusieurs cercueils des fioles remplies d’aromates, des restes de vêtements brodés d’or, de baudriers et de chaussures. Le cercueil de Childéric 11 renfermait un petit vase de verre contenant un parfum dont l’odeur persistaitencore, les restes d’une épée, une ceinture, les morceaux d’un bâton, plusieurs pièces d’argent carrées, etc. Ces découvertes ont été décrites dans l’histoire de l’abbaye par dom Bouissart. Ce qui restait des tombes royales de Saint-Germain-des-Prés a été transporté à l’abbaye de Saint-Denis.

Parmi les autres personnages illustres inhumés à Saint-Germain-des-Prés, nous citerons : Jean Grollier, trésorier de France, fameux bibliophile, mort en 1505 ; Marie de Clèves, princesse de Condé, qui inspira une violente passion à Henri III, et mourut en 1574 ; Catherine de Bourbon, fille de Henri de Bourbon, prince de Condé, morte en 1595 ; Guillaume Douglas, comte d’Angus, premier prince d’Écosse, mort en 1611 ; son petit-fils, Jacques Douglas, tué devant Douai en 1645, et plusieurs autres membres do la famille Douglas ; François do Bourbon, prince de Conti, frère du cardinal do Bourbon, mort en 1614 ; Henri do Bourbon, duc de Verneuil, mort le 23 mai 1C82 ; Casimir V, roi de Pologne, mort abbé de Saint-Germain-des-Prés, en 1672 ; Louis-César de Bourbon, comte de Vexin, prince légitimé de France, mort le 11 janvier 1GS3 ; plusieurs membres de la famille de Castellan ; des abbés de Saint-Germain et des religieux célèbres de l’abbaye. De tous les tombeaux qui se trouvaient dans l’église de Saint-Germain-des-Prés avant la Révolution, il ne

reste aujourd’hui que les tombeaux du roi Casimir, ceux des Douglas et des Castellan. En 1821, on a placé dans les chapelles des bas côtés du chœur les cendres du grand philosophe Descartes, celles de Mobillon et de Montfaucon, et le cœur du poète Boileau, extrait de la Sainte-Chapelle du Palais.

Tels sont les souvenirs du passé qui font de Saint-Germain une des plus curieuses églises de Paris ; des peintures modernes sont venues lui donner un nouvel attrait. C’est en 184G que Flandrin acheva la décoration du chœur de Saint-Germain-des-Prés. Sur les murs latéraux du chœur, l’artiste a peint Jésus-Christ portant sa croix et Jésus-Christ entrant en triomphe à Jérusalem. La seconde composition est surtout un remarquable chefd’œuvre de noblesse et de sérénité. Par suite d’un calcul ingénieux, l’artiste a neutralisé la froideur de son exécution en adoptant un fond d’or. À ce procédé purement matériel, hâtonsnous de le dire, s’est borné l’emprunt de l’artiste aux peintres de l’école byzantine. C’est a l’école romane de la première moitié du

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xvic siècle qu’il a demandé le caractère du dessin qu’il a depuis adopte et conservé. Sur le fond d’or se détache la silhouette carrée des créneaux, l’hémisphère des coupoles qui indiquent la grande ville. Le Christ occupe le centre de la composition. Il est monté sur l’ânesse que ses disciples lui ont amenée. Par un heureux artifice de perspective linéaire, le front nimbé du Sauveur dépasse la ligne accidentée des monuments et emprunte de son éclat à la richesse du fond. Le Christ s’avance plein d’une douceur pensive vers les groupes d’hommes, qui crient à son approche : Salut et gloire au fils de David ! vers les femmes agenouillées, qui poussent leurs enfants au-devant de lui. Ses disciples lui font cortège, portant des palmes vertes. La figure du Christ est particulièrement remarquable.

Germain-des-Pré» (FOJRE DE Saint-). Cette

foire, l’une des plus anciennes et des plus célèbres de Paris, s’ouvrait tous les ans, quinze jours après Pâques, et se prolongeait pendant trois semaines..Le droit de foire était, depuis les temps les plus reculés, en la possession des religieux de Saint- Germaindes-Prés ; mais, au xtio et au xmo siècle, les rois réussiront de gré ou de force à s’en faire céder, par l’abbé, les revenus. La foire fut alors transférée du territoire de l’abbaye aux halles. Au mois de mars 14S2, Louis XI accorda aux religieux, par lettres patentes, la faculté d’établir de nouveau dans leur faubourg une foire franche, en dédommagement des souffrances qu’ils avaient éprouvées pendant les guerres civiles des règnes de Charles VI et de Charles VIL Mais les religieux de Saint-Denis, qui craignaient pour leur foire du Landit une concurrence redoutable, réclamèrent vivement. Après de longs débats, la durée de la nouvelle foire de Saint-Germaindes-Prés fut fixée d’abord à huit jours. Elle ne tarda pas à dépasser cette limite, et finit par durer un espace de temps beaucoup plus considérable. Elle ouvrait le 3 février, se continuait pendant tout lo carnaval, et ne finissait que la veille du dimanche des Rameaux. Les cent quarante huches ou loges des marchands, construites en 1486, et rétablies par ordre du cardinal Briçonnet, en 1511, occupaient le terrain où s’élève aujourd’hui le marché Saint-Germain, et s’étendaient jusqu’à l’extrémité de la rue de Tournon et aux environs du Luxembourg et de Saint-Sulpice. Le 3 février, le lieutenant de police, assisté des commissaires du Châtelet, des syndics de la foire et des gardes-marchands, venait, à dix heures du matin, crier à haute voix : Messieurs, ouvrez vos loges ! C’était le signal de l’ouverture de la foire. Les loges des marchands formaient neuf rues, abritées par une charpente immense, construction justement admirée pour sa hardiesse. Dans la nuit du 16 au 17 mars 1762, un terrible incendie dévasta toutes ces loges et les réduisit en cendres. On en reconstruisit cent l’année suivante ; mais la nouvelle foire ne devait jamais reconquérir l’éclat et la renommée de l’ancienne.

La magnifique charpente qui abritait la foire avant la catastrophe de 1702 ne fut pas rétablie lors de la reconstruction ; seulement, quelques-unes des rues furent abritées par des vitraux.

Gcrmnin-lc-Vicux (ÉGLISE Snin(-). Cette

petite église, située rue du Marché-Neuf, dans la Cité, existait dès le ve siècle, et, sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, servait de baptistère à la cathédrale de Paris. En S8G, les religieux de Saint-Germain-des-Prés cherchèrent dans cette église un refuge contre la fureur des Normands et y déposèrent le corps de leur patron. Après la retraite des barbares, les religieux laissèrent dans l’église de Saint-Jean-Baptiste un bras de saint Germain. Quelque temps après, les fonts baptismaux ayant été transférés à la chapelle de Saint-Jean-le-Rond, élevée près de la cathédrale, l’église de Saint-Jean-Baptiste prit, en l’honneur de la relique qu’elle possédait, le . vocable de Saint-Germain, en y ajoutant, pour un motif resté inconnu, le surnom de le Vieux.

L’église de Saint-Germain-le-Vieux avait été rebâtie et agrandie dans le xvie siècle. On y voyait quelques bons tableaux, et une tapisserie du temps de Charles V, extrêmement curieuse à cause des costumes qu’elle représentait. Cette église a été abattue en 1802 ; nous en avons vu quelques assises, lors do la démolition des maisons de la rue de la Cité, vers le Marché-Neuf.

GERMAIN, patriarche de Constantinople, mort en 740, dans un âge fort avancé. Il était fils du patrice Justinien, qui avait été tué par ordre de Constantin IV. Il occupait le siège archiépiscopal de Cyzique, dans l’Hellespont, lorsqu’il fut nommé par l’empereur Anastase patriarche de Constantinople, en 715. Germain prit part aux actes qui amenèrent l’avénement de Léon III l’Isaurien ; mais il ne tarda pas à se brouiller avec cet empereur, au sujet du culte des images, qu’on voulait proscrire. Sa vive résistance aux mesures iconoclastes de Léon le fit déposer (730) et remplacer par Anastase, fougueux iconoclaste. Certains historiens prétendent que l’empereur l’envoya en exil, après l’avoir luit fouetter et souffleter avec ignominie. On a de lui : un Traité sur les saines conciles, pu GERM

blié dans les Varia sacra de Le Moyne ; des Epîlrcs ; des Homélies, insérées dans YAuctarium de Ducaeus, etc.

GERMAIN le Jeune, patriarche de Constantinople, né à Anaphus, dans la Propontide, mort vers 1255. Élevé au patriarcat en 1222, il s’efforça d’amener la réunion des Églises grecque et latine, eut à ce sujet une correspondance avec le pape Grégoire IX, en 1232, et, par l’ordre de 1 empereur Jean Ducas Vatace, un concile se réunit à Nyniphœa (Bithynie), en 1233. Ce concile n’amena aucun résultat. À partir de ce moment, Germain se prononça contre l’union avec autant de vivacité qu’il en avait mis jusqu’alors à la défendre. Ce patriarche a laissé de nombreux écrits : des Lettres, des Discours et Homélies, publiés dans diverses collections ; une lîcrwn ecclesiasticarum tkeoria, sive expositio in liturgiam, insérée en grec et en latin dans YAuctarium de Dueceus, etc.

GERMAIN (Jean), prélat et homme d’État français, né à Cluny, selon les uns, à Dijon, selon d’autres, mort en 1461. Il se fit recevoir docteur à l’université de Paris, puis entra dans les ordres, devint successivement évoque de Nevers et de Chûlons, conseiller d’État du duc de Bourgogne, qui le nomma son ambassadeur au concile de Baie, et remplit les fonctions de chancelier de l’ordre de la Toison d’Or. Germain a laissé plusieurs ouvrages, dont un seul, intitulé : Spiritualis mappa mundi (Paris, 1573, in-fol.), a été imprimé.

GERMAIN (Dominique), orientaliste allemand, né en Silésie, d’où son nom latin de Gciiuanii» de Silcain. Il vivait dans la première moitié du xvu" siècle. Moine de l’ordre des minimes, il s’adonna h l’étude des langues orientales, qu’il professa à Rome, dans le couvent de Saint-Pierre j’n Montorio. Ses principaux ouvrages sont : Fabrica overo Dizionario délia lingua volgare arabica ed italiana (Rome, 1636, in-4<>) ; Fabrica lingue arabiew (Rome, 1639, in-fol.).

GERMAIN (Michel), bénédictin de Saint-Maur et savant paléographe français, ne à Péronne en 1C45, mort en 1694. Il fut le secrétaire et le collaborateur de Mabillon, qu’il accompagna dans ses voyages d’Allemagne et d’Italie, et eut part à tous ses grands travaux, notamment à la Diplomatique, aux Actes de l’ordre de Saint-Benoit, au Musssum italicum. Il a laissé manuscrite une Histoire des monastères de l’ordre de Saint-Benoit, insérée par extraits dans la Gallia christiana. On a de lui, à part : Histoire de l’abbaye royale de Notre-Dame de Soissons (1677, in-4n).

GERMAIN (Pierre), ciseleur français, élève du peintre Lebrun, né à Paris en 1647, mort en 1684. Il a exécuté divers travaux d’ornementation pour le palais de Versailles, et une foule do jetons représentant les principaux événements du siècle de Louis XIV. Colbert le chargea de ciseler les plaques d’or qui devaient servir de couverture aux livres contenant le Recueil des conquêtes du roi.

GERMAIN (Thomas), architecte et ciseleur français, fils du précédent, né à Paris en 1673, mort en 1748. Il étudia dans l’atelier du sculpteur Boullongne, et alla se perfectionner en Italie. Il a ciselé des vases sacrés pour les jésuites de Rome, des bassins d’argent pour le grand-duc de Florence, des trophées pour le chœur de Notre-Dame, à Paris, un beau soleil d’or dont Louis XIV fit présent à l’église de Reims. Il a construit 1 église de ■ Saint-I.ouis-du-Louvre, démolie depuis longtemps. Voltaire a célébré l’habileté de cet orfèvre dans sa charmante pièce les Vous et les Tu.

GERMAIN (Sophie), mathématicienne, née à Paris en 1770, morte en 1831. Elle conçut un goût très-vif pour les mathématiques en lisant l’histoire d’Archimôde dans le bel ouvrage de Montucla. Elle se livra à l’étude avec passion, et suivit le cours de Lagrange, qu’elle étonnait par ses progrès. Elle fut couronnée en 1815 par l’Institut, pour un Mémoire sur les vibrations des lames élastiques, question mise au concours depuis 1811. À ce premier travail, publié en 1820, elle ajouta dans la suite : Mémoire sur l’emploi de l’équation dans la t’ziorie des surfaces élastiques (1824) ; Mémoires sur la nature et l’étendue de la question des mêmes surfaces (1826, in-4<>) ; Considérations sur l’état des sciences et des lettres aux différentes époques de leur culture (1833, in-8o).

GERMAIN (Auguste-Jean), comte de Montfort, administrateur et homme politique français, né à Paris en 1786, mort en 1821. Il descendait du ciseleur Pierre Germain, et était fils d’un orfèvre de Paris, qui fut membre des états généraux et un des directeurs do la Banque de France. D’abord employé au ministère de l’intérieur, il devint, en ISOG, chambellan de Napoléon, qui lui donna le titre de comte et en fit son officier d’ordonnance. Pendant la campagne d’Autriche, en 1809, le comte Germain défendit très-brillamment, avec une garnison bavaroise, le fort de Kuflfstein, dans le Tyrol. En 1812, il épousa MUe d’Houdetot, puis fut nommé ministre plénipotentiaire de France à Wùrtzbourg. Après le retour des Bourbons, il s’empressa de faire acte d’adhésion au nouveau gouvernement, qui lui donna la préfecture de Saôneet-Loire, et, après les Cent-Jours, celle de

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Seine-et-Marne. Son zèle monarchique, le succès qu’il obtint en faisant échouer la candidature de La Fayette lui valurent la dignité de pair de France (1819). Il fonda alors lo Courrier, avec quelques-uns de ses amis politiques, et vota avec le parti des doctrinaires. Quand M. Decazes cessa d’être ministre, lo comte Germain cessa d’être préfet. Défavorable aux jésuites, qui couvraient alors la France de leurs missions et s’efforçaient de s’emparer de l’esprit public pour préparerle pays à la servitude cléricale et au despotisme monarchique, il donna sa démission (1820), et s’occupa exclusivement de travaux parlementaires. Il se rallia aux principes constitutionnels, s’éleva contre les lois d’exception et la loi électorale de 1820, et fut emporté par une fièvre putride à l’âge de trente-cinq ans.

GERMAIN (Charles - Antoine - Guillaume), homme politique et écrivain français, né à Narhonne, mort en 1835. Il était fils d’un entrepreneur des routes de chasses royales. Il sa montra un des partisans les plus enthousiastes de la Révolution, so fit une réputation comme orateur populaire à Versailles, où il habitait, devint un des administrateurs de Seine-et-Oise !, puis s’engagea et devint bientôt lieutenant de hussards. En 1795, Germain, quitta l’armée pour aller à Paris, fréquenta les clubs, surtout celui du Panthéon, attaqua sans relâche le Directoire, qui, disait-il, trahissait la liberté depuis qu’il avait bu si largement à la coupe du pouvoir, acquit uno grande popularité par son éloquence impétueuse et pleine de saillies, entra dans la conspiration de Babeuf, et fut traduit, on 1797, avec les babouvistes, devant la haute cour de Vendôme. Germain se défendit avec autant d’esprit que de véhémence. Lorsqu’on lui donna communication des papiers reconnus par lui, il dit en riant : « Le directeur du jury avait raison quand il soutenait qu’il y a là de quoi me fairo guillotiner trois fois. Cependant, il a menti au moins pour deux. » Il soutint qu’il n’avait jamais conspiréavec Babeuf, qu’il avait correspondu avec lui uniquement pour discuter le système du bonheur commun ; il flétrit la conduite du dénonciateur Grisai, et ne craignit point de s’écrier : « Nous no périrons pas tous, et ceux de nous qui échapperont a la guillotine vengeront leurs compagnons et extermineront leurs ennemis. » Condamné à la déportation perpétuelle, il fut successivement transféré au fort do l’Ile Pelée, à Ham et à Oléron. Après sa mise en liberté, Germain se fixa dans les environs de Versailles, où il s’occupa d’agriculture. 11 cessa de s’occuper de politique active, tout en restant attaché jusqu’à la fin de sa vio à ses premières opinions. Il fut un dos auteurs des Fastes civils de la France (1820, 3 vol. in-s°), ouvrage sur la Révolution.

GERMAIN (A.), historien français, né à Paris en 1809. En sortant de l’École normale (1833), il professa l’histoire au collège de Nîmes, se fit recevoir docteur es lettres, en 1840, et fut chargé d’une chaire d’histoire à la Faculté des lettres do Montpellier. On a do lui : Histoire de l’Église de N unes (1S38-1S42, 2 vol. in-8o), ouvrage couronné par l’Académie des inscriptions ; Essai littéraire et historique sur Apoltinaris Sidonius (1840), thèse pour le doctorat, ainsi que De Mamerti Claudiani scriptis et philosophia (1840) ; Histoire de la commune de Montpellier (1S51, 3 vol. in-8o), à laquelle fut décerné le second prix Gobert ; Étude historique sur les comtes de Marjuelonne de Substantion et de Melgueil (1854, in-4o) ; le Consulat de Courmonterral (1855) ; Histoire du commerce de Montpellier, antérieurement à l’ouverture du port de Cette (1801, 2 vol. in-8o), etc.

GERMAIN (Henri), homme politique français. Gendre de M. Vuitry, M. Germain

était à la tête du Crédit lyonnais lorsqu’il se présenta aux élections do 1809, dans le département de l’Ain, comme candidat agréable, mais non agréé. 11 fut élu par 17,959 voix contre 10,342 données au candidat officiel. À la Chambre, M. Germain fit preuve d’une grande capacité financière, et contribua puissamment à éclairer la situation fort embrouillée de cette époque. Réélu en février 1871, M. Germain a de nouveau pris la parole à plusieurs reprises dans les questions de linnnees, dont il a fait sa spécialité, et s’est particulièrement distingué dans un discours prononcé pour appuyer la politique financière de M. Thiers, à propos du grand emprunt de trois milliards.

M. Germain a été le principal promoteur du chemin de fer de la Dombe. Possédant une grande fortune, il a fait faire à ses frais les études de ce chemin de fer.

Gcrmninc, roman par M. Edmond About (Paris, 1858). Le duc de Latour d’Embleuso appartient à uno des plus anciennes familles de France ; c’est un vieux beau qui, un jour, au retour de son cercle, s’aperçoit qu’il est ruiné de fond en comble. Marié à la meilleure des femmes, et père de la plus ravissante fille, Germaine, le duc est pourtant trop insouciant pour songer à l’avenir. Aux larmes de la duchesse, il répond : « Bah ! c’est un orage qui passe ; comptez sur moi ; je compte sur le hasard. On dit que je suis un homme léger ; tant mieux ! je reviendrai sur l’eau. » Et le duc se met bravement à attendre laFortune, dont il ne peut se croire abandonné I sans esprit de retour.