Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 3, Frit-Gild.djvu/369

Cette page n’a pas encore été corrigée

GEOÎt

joindre une autre. Ecoutons ce que le redoutable Aristarque Geoffroy disait quarante-sept ans auparavant :« Précédée sur la scène d’une réputation extraordinaire de beauté, Mlle Georges n’a point paru au-dessous de sa renommée ; sa figure réunit aux grâces françaises la régularité et la noblesse de3 formes grecques ; sa taille est celle des sœurs d’Apollon, etc. ; toute sa personne est faite pour offrir un modèle aux pinceaux de Guérin, son organe est naturellement flexible, étendu et sonore... Ce n’est pas une statue de marbre de Paros, c’est la Galatée de Pygmalion, pleine de chaleur et de vie, et en quelque sorte oppressée par la foule des sentiments nouveaux qui s’élèvent dans son sein. ■

Retirée du théâtre dans un état voisin de la gène, M’c Georges, qui avait remué autrefois de ses belles mains prodigues tant de diamants et de bijoux, n’avait rien gardé pour ses dernières années. Quelle femme avait été plus adulée, plus aimée, plus fêtée ? Un jour qu’elle venait de jouer le rôle d’Idané, dans 1 Orphelin de la Chine, le prince Zappia, un prince des Mille et une nuits, enthousiaste jusqu’au délire, se fit annoncer à l’hôtel du Pérou, où, ainer contraste, le belle Rodoguhe soupait de lentilles ; MU» Georges ouvrit elle-même, et reçut des mains du prince une gerbe de lilas blancs dans laquelle il avait caché l’acte de donation d’un petit hôtel, entièrement meublé, situé rue des Colonnes, et le prince Zappia ne revit jamais Mlle Georges quau foyer de la Comédie-Française. Nous ne parlerons pas des rois et des empereurs à qui donner coûte si peu ; leurs faveurs ne sont pas toujours restées inconnues. «

M>le Georges, après cinq semaines de maladie, s’éteignit doucement. « Je veux, a-t-elle dit quelques minutes avant de mourir, je •veux que l’on m’enterre avec une robe de soie noire et mon manteau de Rodogune. » Son dernier vœu a été exaucé. — Une sœur de la célèbre tragédienne, connue au théâtre sous le nom de Mlle Gkouoiîs cadette, a paru avec succès à la Porte-Saint-Martin et au Théâtre-Historique, où elle a créé notamment les rôles de la nourrice Kennedy, dans Catherine Howard (1843) ; de Mlle de Vaudrey, dans Vautrin (1840) ; de la veuve Plumeau, dans le Chevalier de Maison-Rouge (1847),

GEOHGES (Léger-Joseph), mathématicien français, né à Nancy en 1787. Il a été successivement professeur à Neufchâteau et dans sa ville natale, où il est devenu secrétaire du rectorat. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Éléments d’arithmétique (l$l) ; Recueil de problèmes numérique» relatifs aux équations des deux premiers de* grés (1815) j Traité de la sphère (1817) ; Essai de géométrie pratique (1881) ; Art de lever et de laver les plans (1828) ; Géométrie pratique à l’usage des artistes (1828) ; Cours de physique générale appliquée aux arts (1833) ; leçons d’astronomie physique (1833), plusieurs fois rééditées ; Histoire de France sous les deux premières races (1840-1841).

Georges, roman par Alexandre Dumas. Georges est un mulâtre qui, après avoir parcouru le monde et être devenu un homme supérieur, revient à Port-Louis, son pays, et tente d’y lutter avec le préjugé.enraciné contre les gens qui ont du sang mêlé dans les veines. Ne pouvant en triompher, il entreprend de l’anéantir par la force et fait révolter les noirs ; mais quelques tonneaux d’eau-de-vie défoncés à propos ont raison de la révolte et Georges se voit condamner à mort. Une consolation lui est réservée, plus qu’une consolation, un triomphe éclatant. Au moment où il marche au supplice, lui, le mulâtre, le condamné a mort, il voit la perle de Port-Louis, la reine de beauté parmi les blanches, venir réclamer son nom et lui donner sa main. Son frère, énergique corsaire, l’enlève avec sa femme, les emporte sur son vaisseau, et, malgré la poursuite du commodore Murrey, qui, vaincu, se fait sauter avec son navire, les Conduit sur la terre de France.

Ce roman est plein d’intérêt ; il attache et émeut ; le style en est vif, simple ; pas un de ces chapitres inutiles où trop souvent l’écrivain prie poliment son héros de lui céder la scène pour quelques instants. Le seul reproche qu’on puisse lui adresser, c’est d’avoir trop coulé tous ses personnages dans le même moule. Georges, Sarah, sa fiancée, Laiza, son lieutenant noir, le commodore Murrey, composent une galerie de parfaits héros. Seul, le père de Georges tranche au milieu de tous ces personnages à grands sentiments.

Peut-être conviendrait-il de nous en tenir à ce qui précède ; mais le Grand Dictionnaire est obligé de tout dire, et nous devons ici, comme nous l’avons f ; iit pour tes Deux Dianes, Benvemilo Cellini, de P. Meuriee, avouer que Georges, malgré la signature de Dumas, est de Félicien Mallefllle.

GEORGES LE SYNCELLE, chroniqueur byzantin, mort vers le commencement du ix<* siècle. Il dut son surnom aux fonctions de syneelle ou de secrétaire intima du patriarche de Constuntinople. On a de lui une Chronograpliie qui s’arréle à l’année 284 de notre ère, et où il s’est surtout inspiré de la Chronique d’Eusèbe. Elle a été insérée dans la Byzantine et publiée dans la collection de Bonn (1829)..

GEORGET (Jean), peintre sur porcelaine,

GlSOfi

élève de David, né à Paris en 1760, mort en 1823. Il entra à la manufacture de Sèvres et se distingua par l’habileté et la délicatesse avec lesquelles il reproduisait sur porcelaine les chefs-d’œuvre de nos grands peintres. Nul avant lui n’avait vaincu avec autant de bonheur les difficultés d’un tel travail. On cite parmi ses plus beaux ouvrages : François 7er et Çharles-Quint visitant la basilique de SaintDenis, d’après Gros (1820) ; la Femme hydropique, de Gérard Dow (1823), copie admirable, de la même grandeur que l’original.

GEORGET (Étienne-Jean), célèbre médecin aliéuiste, né à Vernou, petit village près de Tours, le 9 avril 1795, mort k Paris en 1828. Venu à Paris en 1812, il y commença ses études médicales, mais fut forcé de rentrer dans son pays par les événements de 1813. Il entra alors à l’hôpital général de Tours et y fit, pendant deux ans, Te service d’élève. Au bout de ce temps il revint à Paris, et, en 1816, il passa à l’hospice de la Salpètrière, où il fut attaché à la direction des aliénés. Cette circonstance décida de la direction des travaux de Georget. Il était encore élève lorsqu’il remportale prix d’un concours fondé par Esquirol sur les altérations que l’on trouve sur les cadavres des aliénés.

Pinel et Esquirol s’étaient bornés à observer les phénomènes de la folie ; Georget voulut en découvrir la source. Il devait échouer ds.ns cette entreprise téméraire. Après avoir cotistaté que la folie est une affection du cerveau, force lui fut de reconnaître que la nature en est inconnue. l’artisan des doctrines de Gall, il a cherché à établir que les meurtriers les plus farouches, tels que Leooutfé et Papavoine, n’ont fait qu’obéir à une disposition fatale de leur organisation cérébrale, et que les hommes les plus honnêtes peuvent être portés, accidentellement et sans motifs raisonnables, aux excès les plus terribles. Les ouvrages de Georget offrent des observations neuves, mais aussi beaucoup d’hypothèses hasardées.

Georget fut un des collaborateurs les plus distingués et les plus actifs du Dictionnaire de médecine. 11 fournit à cet ouvrage tous les articles relatifs aux affections mentales et aux maladies nerveuses. Il fut un des fondateurs des Archives générales de médecine, et eut jusqu’à sa mort la direction de ce journal.

Georget nous a laissé les ouvrages suivants : Des causes de la folie (Pans, 1819, in-4°) ; De la folie, considérations sur cette maladie, son siég-e et ses symptômes, etc. (Paris, 1820, in-8°) ; De la physiologie du système nerveux, et spéciulement du cerveau (Paris, 1821, 2 vol, in-8°) ; Examen médical des procès criminels des nommés Léger, Feldtmann, Leeouffé, Jean-Pierre et Papavoine, suivi de considérations médico-légales sur la liberté morale (Paris, 1825, in-81°) ; Discussion médico-légale sur la folie ou aliénation mentale (Paris, 1826, in-8°).

GEOHGETOWN, ville des États-Unis d’Amérique, dans le district de Columbia, sur le Potomac, à 4 kilom. de Washington ; 10,000 h. Collège catholique, érigé en université en 1815-, bibliothèque. Exportation de poissons secs. La ville, pittoresquement située sur une colline qui domine la rive gauche du Potomac, et d’où l’on découvre d’admirables points de vue, possède plusieurs belles églises de différents cultes, et un superbe aqueduc sur lequel le canal de l’Ohio au Chesapeake traverse le Potomac. il Ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de la Caroline du Sud, à 96 kilom. de Charleston ; 4,000 hab. Petit port de commerce à l’embouchure du Pedée, dans l’Atlantique. Il Ville forte de l’Indnustan anglais, présidence de Calcutta, chef-lieu de l’Ile du Prince - de - Galles ; 17,500 hab. Très-importante place de commerce. Celte ville, bien bâtie et défendue par le fort de Cornouailles, a un bon port et possède plusieurs édifices publics ; elle est le siège d’une cour supérieure de justice et d’un’évêohé anglican. Il Ville de l’Afrique centrale, dans la colonie anglaise du Cap de Bonne-Espérance, chef-lieu du district de son nom ; 9,000 hab.

GEORGETOWN ou PORT -DALRYMPLE,

ville de l’Océanie, dans la terre de Van-Diémen, sur la côte N. de l’Ile, à l’embouchure du Tamar, qui y forme un beau port dans le détroit de Bass ; 5,500 hab, Commerce florissant.

GEOHGETOWN ou STABHOECK, ville de l’Amérique du Sud, capitale de la Guyane anglaise, ch.-l. du comté de Demerary et siège du gouvernement de la colonie ; 15,000 hab. Eveché. Exportation considérable de sucre, café, etc. Aux environs, belles maisons de campagne.

GEORGETOWN ou SAINT-GEORGES, ville de l’Amérique centrale, dans l’Ile de Grenade, l’une des petites Antilles, sur la côte O., au fond d’une baie spacieuse et sûre, avec un excellent port ; 12,000 hab. Résidence du gouverneur anglais. Cette ville fut fondée par les Français et cédée à l’Angleterre par la paix de Paris, en 1763.

Gcorgolte OU le Mouliu de Fonteiioy, opérabouffe en un acte, paroles de G. Vaez et Alphonse Royer, musique de M. Gevaërt, représenté au Théâtre-Lyrique le 28 novembre 1853. La jolie meunière a quatre prétendants : ie notaire ;M. Qorbin, le régisseur ; M. Clovis,

GEOÎt

fermieir, et André, son neveu. Il va sans dire que les trois premiers sont vieux, ridicules, bafoués, bernés de mille manières, et qu’André seul a su régner sur le cœur de Georgette. La pièce est amusante. La musique a fixé sur son auteur l’attention du monde musical. Après une petite ouverture vive et accorte, instrumentée avec élégance, on a remarqué les couplets de Georgette, le trio des prétendants : Pour couronner un si beau feu, qui est écrit dans un style bouffe excellent ; le duo : Le cœur me bat, le mien de même, et un quatuor comique bierr’traité. Ce petit ouvrage a été chanté par Pujol, Cabel, Grignon, Leroy et M’ie Girard.

GEORGI (Chri’stian-Sigismond), théologien et philologue allemand, né à, Luckau en 1702, mort à Wittemberg en 1771. Il professa successivement la philosophie et la théologie

dans cette dernière ville, et composa un assez grand nombre de dissertations, relatives, pour la plupart, à la critique du texte des livres saints. Nous citerons, entre autres : De puritate grsecorum Novi Testamenti fontium attica (1731, in-8<>) ; Vin dictas Novi Testamenti ab hebraismis (1732) ; De corruptione canonis sacri impossibili (1742) ; De divinitate Christi (1745).

GEORGI (Jean-Gottlieb), géographe allemand, né en Poméranie, mort en 1805. Il fit des voyages en Sibérie avec Pallas (1768) et avec Falck (1770-17741, et professa l’histoire naturelle à Pétersbourg. Georgi a publié en allemand : Description de tous les peuples qui habitent la Russie (Pétersbourg, 1776)-, Description de Saint-Pétersbourg (1791) ; Description géographique et physique de l’empire russe (1802).

GEORGI. V. GiORGl.

GEORGIA s. m. Cor-ji-a — de George, roi d’Angleterre). Bot. Syn, de dahlia.

GÉORG1COLE adj. Cé-or-jt-ko-le — de Géorgie et du lat. colo, j’habite). Entom. Se dit d une aranéide de Géorgie.

Lycofe tarentulolde georgicole, Aranéide de Géorgie, qui n’a pas de demeure fixe et reste errante dans les champs.

GEORGIDES ou GEORGI UIOS (Jean), écrivain grec du xrve siècle, sur ta vie duquel on ne possède aucun détail. Il a laissé un recueil de passages pris dans des auteurs profanes et chrétiens et rangés.par ordre alphabétique. Ce recueil, intitulé Gndmolagicon, a été publié en tête des Anecdota de Boissonade (Paris, 1829).

GÉORGIE, appelée Grusie par les Russes, Gurgistan (pays des esclaves) par les Turcs, province méridionale de l’empire russe, dite aussi gouvernement de Tiilis, comprise entre la Circassie ou gouvernement de Stawrofiol au N., dont la sépare le Caucase centralj e gouvernement de Koutaîs à l’O., celui d’Erivan au S., de Chamaka au S.-E. et de , Derbent au N.-E. Son nom lui vient du grand nombre de rois appelés George qu’elle compte dans son histoire. Sa plus grande longueur est évaluée à 450 kilom., et sa plus

frande largeur à 300 kilom. Superficie, 60,000 ilom. ; 571,267 hab.. pour la plupart de race géorgienne proprement dite, avec quelques Tureomans, Arméniens et Juifs émigrés. Capitale, Tiflis.

La Géorgie est presque entièrement montagneuse. Elle est arrosée par le Kour ou Mitherari, dont les principaux affluents sont : à.gauche, la Souramoula, *le Pzi, le Liakhwi, leKhzani, l’Aragwi, le Loichini et l’Alazani ; à droite, le Dzaina, le Tana, le Thedzma, le Dighomi, l’Algheté, le Kzia, l’Indja, l’Akhstapha, le Taous, le Dzegham, le Chamkhoret le Gandjah. Les lacs de la Géorgie sont peu considérables, à l’exception de ceux de Taparavani, Skhomo et Moda-tapa. Au nord de fa Géorgie se dressent les pics de Milvani, de Mquiwari et de Khokhi, dont les cimes sont couronnées de glaciers et de neiges éternelles. Du pic Khokhi part la chaîne de glaciers nommée Sekara et Brouts-Sabdzéli, qui Be dirige vers l’O. jusqu’aux sources du Patza ou du grand Liakhwi, où elle rencontre celle du Kedela, qui sépare le Ratcha de l’Ossétie. La chaîne de l’Oloumba forme le prolongement méridional du Kedela et s’avance vers le S.-O. jusqu’au Kour, où elle reçoit le nom d’Asmismtha. Cette chaîne est est très-haute, mais les neiges n’y séjournent qu’une partie de l’année. Ses ramifications atteignent la gauche du Kour, sur la droite duquel se rencontrent celles des monts de Goudjaréthi. Elles forment avec ces monts l’étroit défilé dé Bedra, par où le Kour entre sur le territoire russe. Les monts de Goudjaréthi sont une branche de la haute chaîne de l’ambaki, qui se dirige au N., et de laquelle une autre se détache, sous le nom général de Didgora, et va vers l’E. jusqu’à Tiflis, sur les bords du Kour. Les monts de l’ambaki sont très-élevés et appartiennent à la chaîne couronnée par le pic glacé de l’Alaghez. Deux branches, entre lesquelles coule le Yari, se détachent, aux sources de cette rivière, de la masse principale du Caucase et se dirigent au S.-S.-E. jusqu’au Kour. Entre ces diverses chaînes de montagnes s’ouvrent de vastes vallées, très-fertiles, couvertes de forêts et de gras pâturages. Les rivières de Géorgie sont très-rapides, ce qui les empêche d’être poissonneuses,

GEOR

1203

Le climat de la Géorgie est généralement salubre et tempéré. L’hiver est souvent neigeux, mais court, car il commence vers le milieu de décembre et finit ordinairement avec le mois de janvier. Les beaux jours du printemps commencent vers la fin du mois de février. Les plus grands froids ne font pas descendre le thermomètre au-dessous de 14 degrés ; dans les plus fortes chaleurs, il ne monte pas au-dessus de 36 degrés. Los habitants se livrent surtout à l’agriculture et à l’élève des bestiaux. Le sol produit, outre les céréales communes on Europe, du riz, du millet, du gomi, du djikoura, du maïs, du chanvre, du lin, du coton, des melons, etc. ; mais l’agriculture y est encore dans l’enfance. Le vin do la Géorgie est d’une excellente qualité ; il abonde dans les pays situés entre la mer Noire et la mer Caspienne, et pourrait y être l’objet d’un très-important commerce d’exportation, s’il se conservait plus facilement. Ajoutons que les vignerons géorgiens ne connaissent ni l’art de le préparer ni celui de le garder. Une petite quantité est exportée e, n Perse. Le prix commun du meilleur vin, dans le pays, ne dépasse guère 4 centimes la bouteille.

La Géorgie recèle de riches mines de cuivre et de plomb. Le versant méridional du Caucase est riche en minerai de fer. La houille n’est pas rare, mais on en fait peu usage, à cause de l’abondance du bois. On trouve dans les montagnes un marbre de diverses couleurs, du jaspe, du crisuil.de roche, du porphyre.de l’or, de l’étain, des cornalines, des rubis et de l’ambre. Le hêtre rouge, le charme, le chêne, le tilleul, l’orme, l’aune, le frêne, l’érable, le châtaignier, le noyer sont les principales essences des forêts, que peuplent des renards, des loups, des ours, des lynx, des chacals, des blaireaux, des cerfs, des lièvres, des antilopes, etc. L’industrie se borne à la fabrication des tissus de laine, de coton et de soie et à quelques tanneries. Les armes fabriquées à Tiflis sont estimées.

Les Géorgiens se font remarquer par leur bravoure, mais ils sont féroces et cruels, se livrent volontiers au pillage et boivent avec excès. Ils appartiennent à la race caucasienne et sont célèbres par leur beauté. Aussi, sous la domination mahométane, la Géorgie était-elle, après la Circassie, la contrée qui fournissait le plus d’esclaves blanches que l’on envoyait dans les harems.

L’organisation sociale de la’ Géorgie est très-aristocratique : plusieurs degrés de vassalité y séparent les princes des esclaves. Bien qu’habitants du Caucase, les Géorgiens n’appartiennent pas cependant & la race indo-européenne pure ; ils sont plutôt d’origine mongole, si- l’on en juge d’après leur langue. Cette langue a deux dialectes : le sacré et le profane. Les Géorgiens professent la religion grecque dite orthodoxe.

La Géorgie apparaît pour la première fois dans l’histoire à l’époque d’Alexandre le Grand, qui la soumit à son pouvoir. Mais bientôt elle secoua le joug étranger pour ne plus relever que de ses propres princes, originaires du pays ou de l’Arménie. Le premier de ces princes fut Pharnavas (247-215 av. J.-C), qui prit le titre de méphi ou roi. De 265 à 574 après Jésus-Christ, elle eut des rois de race persane. Au commencement du iv« siècle, des prêtres envoyés par Constantin le Grand y introduisirent le christianisme. Ce fut l’occasion pour les Géorgiens d’entretenir avec l’empereur byzantin des rapports d’amitié qui allèrent parfois jusqu’à la dépendance. Unis avec les Grecs sous le même drapeau, ils soutinrent de fréquents combats contre les Sassanides et les Arabes. Ceux-ci, à diverses reprises, s’étunt rendus maîtres des régions basses de leur pays, établirent un gouverneur à Tiflis, tandis que leurs princes se réfugiaient dans les montagnes. Ces derniers appartenaient à la dynastie des Guramides (574-787), ainsi nommés du juif Guram, qui se prétendait issu du roi David et de Bethsabée. Après eux, jusqu’au partage du royaume, en 1424, régnèrent les Bagratides ou princes de la famille de Bagration. Sous ces princes, à partir du ix" ; siècle, la Géorgie tomba successivement sous la domination des califes arabes, des Persans, des empereurs de Byzance, et, pendant un certain temps, des Turcs Seldjoucides qui entraînèrent un grand nombre d’habitants duns lo mahométisme. Vinrent enfin les Mongols, qui, sous Tsohingiskan et ses fils, puis sous Tamerlan, firent la conquête du pays et !o couvrirent de ruines. Tamerlan y détruisit toutes les églises, à l’exception d une seule, qui par hasard portait sur ses murs un basrelief représentant Mahomet assis sur un lion. À la chute de ce conquérant, en 14 02, le roi Georges VII recouvra son indépendance. En 1424, Alexandre Ier, soû successeur, partagea ses États entre ses trois fils, et créa ainsi trois nouveaux royaumes : l’Iméréthie, la Karthalinie et la Kachêtie. Plus tard, ces trois royaumes furent encore divisés, de sorte qu’il vint un temps où la Géorgie ne comptait pas inoins de vingt-six princes souverains. L’Iméréthie, qui comprenait aussi la Mingrélie, la Gourie et d’autres petites principautés, subissait fréquemment la domination des Turcs. Pour s’en délivrer, Salomon II appela, en 1774, la Russie a son aide ; mais, ayant été déposé en 1810, son royaume fut incorporé a 1 empire russe. Le prince de Mii«