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plus divers, Geoffroy ait trouvé les mêmes principes constitutifs. Il vit.là un fait normal et écrivit à ce sujet : « Il faut donc qu’il y ait dans la combinaison de ces principes quelque différence qui occasionne celle qu on remarque surtout dans la couleur et l’odeur des différentes plantes. » Cette différence, il crut la trouver dans la manière dont l’huile essentielle se trouve mêlée avec les autres principes. ■ Il observa que celle du thym (F. Hœfer, Histoire de la chimie), combinée en diverses proportions avec les acides et les alcalis, donnait k peu près toutes les nuances de couleur qu’on observe dans les plantes. Il découvrit que les huiles essentielles ne se trouvent pas répandues dans toute la substance de la plante, mais qu’elles sont contenues dans des vésicules particulières affectées à certaines parties du végétal. Dans ses recherches sur les huiles essentielles, il affirme que ces huiles sont composées d’acide, île phlegme, d’un peu de terre et de beauloup de matière inflammable ; il entreprit d’en foire une artificielle au moyen de l’esprit-devin et de l’acide vitriolique. À propos des huiles grasses, il remarque qu’un gros de savon blanc, dissous dans trois onces d’espritde-vin, acquiert, sans perdre sa transparence, la propriété de se congeler à un degré de froid très-médiocre. • On voit par cette citation quelles étaient la nature des recherches do Geoffroy et l’importance des résultats qu’il obtenait. La liste de ses principaux Mémoires achèvera de faire connaître les travaux de ce remarquable savant : Observations sur les httiles essentielles, avec quelques conjectures sur la cause des couleurs des feuilles et des /leurs des plantes (1707) ; Observations sur les écrevisses de rivière (1709) ; Observations sur la végétation des truffes (1711) ; Observations sur la gomme laque et sur les autres matières animales qui fournissent la teinture de pourpre (17U) ; Observations sur l’huile d’aspic et sur son choix (1715) ; Méthode pour connaître et déterminer au juste la qualité des liqueurs spirilueuses qui portent le nom d’eau-de-vie et d’esprit-de-vin (1718) ; Observations sur la nature et la composition du sel ammoniac (1720) ; Observations sur les huiles essentielles et sur les différentes manières de les extraire et de les rectifier (17S1) ; Réflexions sur le moyen d’éleindre le feu par le moyen d’une poudre (1722) : Observations sur le mélange de quelques huiles essentielles avec l’esprit-de-vin (1727) ; Suite d’observutions sur les huiles essentielles, leur altération et la manière de rectifier celles de certains fruits, avec un examen des changements qui arrivent à l’huile ttanis (1728) ; Examen des différents vitriols, avec quelques essais sur la formation artificielle du vitriol blanc et de lalun (1728) ; Nouvelles expériences sur le borax, avec un moyen facile de faire le sel sédatif, et d’avoir un sel de Glanber par la même opération (1732) ; Mémoire sur Véméticité de l’antimoine, sur le tartre êmétique et sur le kermès minéral (1734) ; De l’êtain (l«r mémoire, 1738) ; Manière de préparer les extraits de certaines plantes (173S) ; Moyen de préparer quelques racines à la manière des Orientaux (1740) ; Moyens de congeler l’esprit-de-vin et de donner aux huiles grasses quelques-uns des caractères des huiles essentielles (1741) ; Observations sur la formation artificielle du silex, et sur quelques propriétés de la chaux vive (1746) ; Description du petit nain nommé Nicolas Ferry (1746). Ce nain est connu sous le nom de Bébé ; on peut voir an musée Orfila, à l’École de médecine de Paris, une reproduction en cire de ce curieux personnage ; la statue est revêtue des habits mêmes que portait le nain. Tous ces mémoires, ainsi que beaucoup d’autres, se trouvent compris dans la collection des Mémoires de l’Académie des sciences.

GEOFFROY (Étienne-Louis), médecin et naturaliste français, né à Paris en 1725, mort à Chartreuse, près de Soissons, en août 1810. Il était neveu du précédent et fils d’Étienne-François Geoffroy. Comme son père, il montra de bonne heure de grandes dispositions pour l’étude des sciences médicales et naturelles. En 1748, il fut reçu docteur, après avoir soutenu deux thèses dans lesquelles il exposa des idées assez singulières. Dans l’une, il prétendait que « la saignée convient moins chez les personnes maigres que chez les grasses ; ■ dans l’autre, « que des incisions profondes sont un moyen de favoriser l’établissement de la suppuration, sans laquelle les grandes et fortes contusions ne pourraient guérir. « Lorsqu’il eut été reçu docteur, il «’adonna à ses études favorites, celles îles sciences naturelles, sans toutefois négliger l’exercice de la médecine. Pendant quarante ans il fut l’un des médecins en renom de Paris ; mais lorsque la Révolution de 1789 éclata, il vit peu à peu diminuer le nombre de ses clients, qui appartenaient à la noblesse, et qui émigrèrent presque tous. Sous la l’erreur, il se retira en province, à Chartreuse, près da Soissons, village dont il fut nommé maire. Il se partagea alors entre l’étude et les soins à donner aux indigents. Dans la suite, il fut nommé membre du jury médical du département de l’Aisne et correspondant de l’Institut de France. Geoffroy a laissé des ouvrages importants de médecine et de zoologie, dont voici les principaux : An aer pr&cipuum digestionis inslruinentum (Paris, 1748, in-4o) ; An in empyemaiis opératione scalpellum acu triangulari prxstmttius (Paris, 175S, in-4<>) ;

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Histoire abrégée des insectes des environs de Paris, dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique (1762, 2 vol. in-4o ; {{sc12<j}} édit., 1799, 2 vol. in-4o).. Cet ouvrage, suivant le Dictionnaire des sciences médicales, est très-élémentaire. Geoffroy y a classé les insectes d’après la présence ou l’absence, le nombre, la forme et la texture des ailes, en combinant ces données avec le nombre des articles des tarses. Fourcroy, dans sa jeunesse, donna en latin un abrégé de ce travail, en y ajoutant les noms spécifiques que Geoffroy avait négligés (Entomologia parisiensis, Paris, 1785, 2 vol. in-S°). » La première édition fut publiée sans nom d’auteur ; mais les nombreuses contrefaçons qui en furent faites contraignirent Geoffroy k signer la seconde édition de 1799, à laquelle il ajouta un supplément et des figures coloriées. Traité sommaire des coquilles, tant fluviales que terrestres, qui se trouvent aux environs de Paris (Paris, 1767, in-12). Cet ouvrage n’était qu’un essai. Geoffroy, en effet, avait cbnçu le plan d’un vaste ouvrage sur les mollusques et les crustacés, qu’il ne put mettre à exécution. Tel qu’il est, toutefois, son livre est original ; on y remarque une classification des coquilles d’après les animaux qui y sont enfermés. Dissertation sur l’organe de l’ouïe de l’homme, des reptiles et des poissons (1778, in-8o). Ce travail est important, en ce qu’il fournit à la physiologie des documents précieux tirés de l’anatomie. Il a été inséré dans le tome II du Journal des savants étrangers. Hygieine, sive Ars sanitalent conservandi (Paris, 1774, in-8<>). Ce livre est en vers, et le sujet y est traité sous forme de poème, ce qui, tout en lui donnant plus d’élégance, ne nuit en rien à l’exactitude. Il a été traduit en français par Delaunay, sous ce titre : Hygiène, ou Art de conserver la santé (Paris, G. Cavelier, 1774, in-8"). Manuel de médecine pratique à l’usage des chirurgiens et des personnes charitables qui s’adonnent au service des malades dans les campagnes (Paris, an IV, 2 vol. in-8o), livre de peu de valeur, qui ne mérite d’être cité que pour mémoire. On a encore de Geoffroy deux mémoires sur les Bandages propres à retenir les hernies. Ce travail technique met en évidence les défauts qui empêchent les bandages de remplir leur objet, et fournit le moyen de les perfectionner (Recueil des savants étrangers, t. IX, 1780). Enfin, divers articles de Geoffroy ont été insérés dans les recueils suivants : Recueil de la Société de médecine ; la Médecine éclairée, dont le rédacteur en chef était le chimiste Fourcroy, et dans la Décade égyptienne.

GEOFFROY (Julien-Louis), célèbre critique, né à Rennes en 1743, mort le 26 janvier 1814. Il fit ses études chez les jésuites de sa ville natale et vint les terminer à Paris, au collège Louis-le-Grand. Il était sur le point d’entrer dans la compagnie de Jésus, lorsque cet ordre fut tout à coup supprimé en France (1702). Geoffroy prit le petit collet, entra au collège Montaigu comme maître de quartier ou maître d’étude, puis fut chargé de l’éducation des enfants du riche financier Boutin. Ayant souvent l’occasion d’accompagner ses élèves k la Comédie-Française, il y sentit se développer son goût pour l’art iramatique. Une tragédie de Caton, qu’il composa, ne fut point représentée, mais lui valut ses entrées au théâtre. Il ne réussit pas davantage dans le concours de l’Académie française pour l'Éloge de Charles V ; c’est La Harpe qui remporta la palme, et l’abbé lui en garda rancune toute sa vie. Il devait être plus heureux dans les concours universitaires ; trois fois il fut couronné pour le meilleur discours latin (1773-1775), et ces succès lui valurent la chaire de rhétorique du collège de Navarre, puis celle du collège Mazarin. À la mort de Fréron, il prit la rédaction de l’Année littéraire (1776). Avec plus d’instruction que son prédécesseur, mais moins de goût, il le surpassa en virulence. Un poète qui avait à se plaindre de ses critiques, lui ayant lancé une épigrainme, en indiquant son adresse rue Geoffroy-VAsnier, Geoffroy y répondit par ces quatre vers, assez heureux, et les seuls qu’il ait jamais publiés :

Oui, je suis un dnier, sans doute,

Et je le prouve a coups de fouet,

Que j’applique & chaque baudet

Que je rencontre sur la route.

La Révolution vint, etl’opinion, préoccupée de plus grands objets, négligea complètement les petites querelles littéraires. Ce fut alors que Geoffroy se réunit à Royou pour la rédaction de l’Ami du roi, feuille consacrée à la défense du trône et de l’autel, menacés d’une ruine commune. Le 10 août 1792, l’Ami du roi sombrait avec la royauté. Geoffroy quitte en toute hâte la capitale et va se fixer à quelques lieues de là, dans un hameau, où il exerce, ignoré, les modestes fonctions d’instituteur pendant toute la tourmente révolutionnaire. Le 18 brumaire le ramène à Paris.

Il essaye de ressusciter l’Année littéraire. Vaine tentative ; il doit y renoncer au bout de six mois. Est-ce k dire que la critique soit morte ? Non ; elle n’a que sommeillé ; elle se réveille à mesure que la vie publique s’éteint, car il faut un but d’activité aux intelligences ; cependant, les journaux politiques ont conquis une place qu’ils doivent garder : aussi la critique littéraire ne peut plus faire l’objet d’une publication spéciale ; on no l’accepte

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désormais que comme auxiliaire de la politique ; elle revêt la forme du feuilleton, et devient une sorte de rafraîchissement offert aux lecteurs altérés par la presse quotidienne. Geoffroy obtint, en 1800, la rédaction de la critique dramatique dans le feuilleton du Journal des Débats. Par l’intérêt qu’il sut donner au genre dont il était chargé, par la manière dont il sut l’élargir, en y faisant entrer des considérations de haute littérature, en y mêlant la polémique philosophique, la politique même, il a mérité d’en être considéré comme le véritable créateur. Le feuilletoniste attaquait avec beaucoup de passion les philosophes du xvme siècle. Quel que fût le génie d un écrivain, s’il avait le malheur de n’être pas orthodoxe, il était vilipendé, ravalé, insulté. Le nom de Voltaire surtout revenait à chaque instant sous sa plume, et il ne l’épargnait guère. Parmi ses contemporains, Marie-Joseph Chénier fut le plus

maltraité. Au théâtre, Geoffroy faisait et défaisait à son gré les réputations ; il opposait Mlle Georges k M !le Duchesnois, Lafon à Talma et à Larive. On raconte que ’faima, irrité, se vengea du critique imprudent par un soufflet. Geoffroy causa bien d’autres scandales ; mais tout cela amusait un public désœuvré, le détournait des préoccupations politiques, et on laissait faire. Les feuilletons de Geoffroy eurent donc une immense vogue. La masse des lecteurs, ignorant qu’il n’était chargé que de la critique des théâtres, lui attribuait toute la partie littéraire des Débats ; les Dussault, les Hoffman, les Felletz, ses spirituels collaborateurs, passaient ignorés sous des initiales de convention. Il y en a même qui le regardaient comme le rédacteur unique et l’administrateur du journal, le caissier, par une coïncidence assez bizarre, s’appelant, comme lui, Geoffroy. Nous avons vu une quittance d’abonnement au Journal de l’empire (titre sous lequel paraissait alors le Journal des Débats) vendue comme un autographe du critique. (Vente Trémont, 1S52.) Geoffroy subit toute sa vie les conséquences de sa première éducation. Ancien élève des jésuites, à resta jésuite jusqu’à sa mort, c’est-à-dire l’ennemi acharné de la philosophie, de Voltaire et des encyclopédistes, qui voulaient affranchir la pensée humaine, et, bien différent de Diderot, cet autre élève des jésuites, qui, au contraire, s’associa de tout son cœur k l’œuvre d’émancipation du xvme siècle, qui en fut l’âme, il demeura perpétuellement enchaîné aux idées étroites et animé des passions haineuses que ses maîtres lui avaient inspirées dans sa jeunesse. C’est qu’en effet l’éducation jésuitique produit deux sortes d’hommes : les uns, caractères faibles et mous, esprits sans portée, acceptent sans examen le jugement de leurs professeurs sur les hommes et les choses, et ne songent jamais à secouer le joug qu’on leur imposa au collège, ou bien intrigants, cupides à la façon des bons Pères, se servent de la religion afin d’arriver k la fortune, et s’en constituent les défenseurs pour obtenir les applaudissements de leur coterie ; Fréron, Desfontaines, Geoffroy sont de ce nombre. Les autres, caractères élevés, esprits indépendants et profonds, amis passionnés de la vérité et de la justice, ne peuvent s’empêcher de gémir sur le sort de la société, en la voyant livrée à ta direction de ces Machiavels en robe noire, et, à peine échappés de leurs mains, n’ont d’autre pensée que de délivrer l’humanité de ce honteux servage ; tels furent Voltaire, Diderot, Camille Desmoulins.

Geoffroy avait un caractère peu honorable, et ce qui le prouve, ce sont ses emportements injustes contre des écrivains qui avaient conquis l’admiration universelle, ses préférences vénales pour des acteurs de second ordre sur des acteurs d’un mérite incontesté, et surtout ses flagorneries honteuses, adressées au pouvoir dans la personne de Napoléon 1er. un de ses contemporains décocha contre lui une épigramme qui, dans sa crudité, peint bien l’altitude rampante et bassement servile du critique devant le tyran du jour : Si l’empereur faisait un p...,

Geoffroy dirait qu’il sent la rose, Et le Sénat aspirerait

À l’honneur de prouver la chose.

Les articles de Geoffroy ont été réunis sous le titre de Cours de littérature dramatique (1819-1820, 6 vol. in-8o). On a encore de lui une traduction assez lourde de Théocrite (1801), et un Commentaire sur le théâtre de Racine (1808, 7 vol. in-8o), livre faible, minutieux, dont la meilleure partie est la traduction, rapprochée du texte, des passages d’auteurs latins et grecs, imités par notre grand tragique. À la mort de cet écrivain atrabifaire, on fit courir cette épigramme :

Nous venons de perdre Geoffroy.

— — Il est mort ? — Ce soir on l’inhume.

— De quel mal ? — Je ne sais. — Je le devine, moi : L’imprudent, par mégarde, aura suce" sa plume.

GEOFFROY (Jean-Marie-Miehel), acteur français, né à Paris en 1820. Après avoir été ouvrier bijoutier, il s’essaya, en 1838, dans une troupe ambulante des environs de Paris. Il parut ensuite au Gymnase, alla jouer à Nancy et revint débuter à la Gaîté dans le rôle du pompier, de la Relie Ecaillère. Ensuite il passa en Italie, où sa bonne humeur fut goûtée à Florence et à Naples. En 1840, il fut engage comme premier comique au théâtre de Rouen ; appelé au Gymnase, son début eut

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lieu en 1S44 par le rôle d’Antoine, de Rodolphe. Celui de Pierre, dans l’Image, et ses créations originales, dans le Collier de pertes, le Mariage de Victorine, la Comtesse de Sennecey, le Bourgeois de Paris, Mercadet le faiseur, le Démon du foyer, le Pressoir, Passé minuit, Un mari qui n’a rien à faire, tes Amoureux de ma femme, les Cœurs d’or, lui ont valu les plus beaux triomphes. Citons encore : le Camp des bourgeoises, Jeanne qui pleure, Cendrillon, le Voyage de M. Perrichon, les Invalides du mariage, la Poudre aux yeux, etc. En 1862, M. Geoffroy est passé au Palais-Royal. Célimare, de Célimare te Bien-Aimé ; Champbourcy, de la Cagnotte, et une foule d’autres rôles ont continué ses succès du Gymnase. Il se distingue par la franchise, le naturel de son jeu, la science des effets. Il chante agréablement, se présente sur la scène avec aisance, excelle à reproduire les types exhilarants dont M. Prudborame est le chef de file. Il a réussi à vaincre à la scène une sorte de bégayement qu’il conserve hors du théâtre.

— Sa femme, née Louisa Kkrsent, après avoir joué en province, vint, en 1S39, de Marseille à Paris, où elle fit partie de la troupe do la Porte-Saint-Martin dans l’emploi des soubrettes. Elle est morte en 1864.

GEOFFROY-CHÂTEAU (Marc-Antoine), officier français, né à Etampes en 1774, mort à Augsbourg en 1806. Il était frère du célèbre Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Il entra dans le corps du génie, devint capitaine en 179C ; fit deux ans plus tard partie, avec son frère, de l’expédition d’Égypte et se conduisit brillamment aux batailles de Chébréiss, des Pyramides, d’Aboukir et d’Héliopolis. Le général Bonaparte, ayant apprécié le mérite du jeune officier, le chargea de commander la province de Belbeys, puis de fortifier Salahieh, dont il fît une place de guerre importante. Sur les entrefaites, une révolte éclata dans la province ; Geotiroy-Château. atteint de la peste, monta k cheval malgré les médecins qui le menaçaient de la mort s’il ne restait en repos, et, k la tête de 100 hommes, parvint à comprimer l’insurrection naissante. La violente fatigue que lui causa cette sortie amena une abondante transpiration qui le sauva. De retour en France, ce brillant officier fut successivement nommé chef de bataillon, major, directeur des fortifications de Givet. Il mourut âgé de trente et un ans, k la suite des fatigues qu’il avait éprouvées pendant la campagne d’Austerlitz. En 1807, Napoléon songeant un jour k prendre un aide de camp dans l’arme du génie, se souvint du frère de l’illustre naturaliste et dit au général Bertrand : t Si Geoffroy était là ! » — Son tilsaîné, Louis-Napoléon Gkokkhoy-Chàteau, né à Etampes en 1803, a été juge au tribunal civil de Paris. On a de lui : Napoléon apocryphe, histoire de la conquête du monde (1837, in-s°) ; et la Farce de maître Pierre Pathelin, nouvelle édition précédée d’un recueil de monuments de l’ancienne langue française depuis son origine jusqu’à l’an 1500 (Paris, 1S53).

GEOFFROY DE MONMODTH, chroniqueur

anglais. V. GEOKFROi.

GEOFFROY SAINT-HILAIRE (Étienne), célèbre naturaliste français, né à Etampes en 1772, mort à Paris en 1844. Il a laissé un des noms les plus illustres de la science moderne. Après avoir fait ses études classiques au collège de Navarre, il suivit les leçons de Daubenton et de Haùy. Celui-ci, emprisonné

comme prêtre réfractaire, peu de jours avant les massacres de septembre, dut aux démarches et au dévouement de son élève la liberté et la vie. Sauvé par Geoffroy, I-Iuùy le fit entrer au Jardin des plantes comme sous-garde et sous-démonstrateur du cabinet. Dès l’année suivante, le 10 juin 1793, un décret de la Convention organisa l’enseignement au Muséum et créa douze chaires dans cet établissement. Geoffroy était compris dans le décret comme professeur d’histoire des animaux vertébrés. Il refusa d’abord, disant que ses études avaient porté spécialement sur la minéralogie. « La zoologie, lui dit Daubenton, n’a jamais été professée à Paris. Tout est k créer. Osez entreprendre, et faites que dans vingt ans on puisse dire : la zoologie est une science et une science toute française. > Cédant à ces conseils, Geoffroy accepta, quoiqu’il n’eût alors que vingt et un ans, et, le 6 mai 1794, ouvrit le premier cours de zoologie qui ait été fait en France. Grâce à son activité, la Ménagerie fut créée, les collections furent classées, renouvelées, complétées. Vers la même époque, il appela Cuvier à Paris et partagea avec lui le logement qu’il avait au Muséum. Ces deux naturalistes, unis bientôt d’une étroite amitié, associèrent leurs travaux et leurs études. Deux mémoires importants, l’un Sur la classification des mammifères, l’autre Sur les orangs, publiés l’un et l’autre en 1795, furent les fruits de ce travail commun. En 1798, Geoffroy partit pour l’Égypte comme membre de la célèbre commission scientifique qui accompagna Bonaparte. De retour en France en 1801, il reprit sa place et ses travaux au Muséum. Nommé membre de l’Institut en 1807, il fut chargé en 1808 d’une mission scientifique en Portugal. Il s’agissait de réunir dans nos musées ce que les musées étrangers avaient de plus remarquable. Loin d’abuser du droit du plus fort, Geoffroy emporta avec lui ce dont nos galeries pouvaient disposer, et, revêtu d’un pouvoir qui l’autori-