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bon ordre, une de ces activités discrètes qui agissent sur tous les points, presque en silence et insensiblement. Maîtresse de maison, elle a l’œil à tout ; elle préside ; elle gronde pourtant, mais d’une gronderie qui n’est qu’à elle ; elle veut qu’on se taise à temps, elle fait la police de son salon. D’un seul mot : Voilà gui est bien, elle arrête à point les conversations qui s’égarent sur des sujets hasar-deux et les esprits qui s’échauffent. Ils la craignent, et vont faire leur sabbat ailleurs. Elle a pour principe de ne causer elle-même que quand il le faut, et de n’intervenir qu’à de certains moments, sans tenir trop longtemps le dé. C’est alors qu’elle place des maximes sages, des contes piquants, de la morale aneedotique et en action, ordinairement aipuisée par quelque expression ou quelque image bien familière. Tout cela ne sied bien que dans sa bouche, elle le sait : aussi ditelle « qu’elle ne veut pas que l’on prêche ses serinons, que l’on conte ses contes, ni qu’on touche à ses pincettes. »

GEOFFR1N (Julien), dit Jodeiei, célèbre acteur comique français. V. Jodelet.

GEOFFROI (saint), évêque d’Amiens en 1104, mort en 1115. L Église l’honore le 8 novembre. On écrit également son nom Geoffroy et Godefroi.

GEOFFROI, ducs d’Anjou. On en compte quatre : Geoffroi 1er, dit Grise Goiielle (casaque, dans la basse latinité), fils et successeur de Foulques le Bon (958). On croit qu’il reçut le titre de grand sénéchal en récom"pense du son dévouement au roi de France. 11 eut de son temps une grande renommée de vaillance, et les chroniques sont pleines de ses ex ploits ; mais sa vie se consuma dans des guerres contre le comte de Poitiers et les Bretons. Suivant une version, il mourut de maladie, devant Marson, où il avait suivi Hugues, duc de France (987). — Gkoffroi Ii, dit Martel, né à Angers en 1006 ou 1007, mort en 1060. Il acquit, par mariage, le comté de Poitou, succéda à son père, Foulques Nerra, en 1039, conquit sur Thibaut III Tours, Langeais, (Jhinon et plusieurs autres villes de la Touraine, soutint une multitude de guerres dont le récit est fort confus dans les chroniques, contre le vicomte de Thouars, le duc do Normandie, le comte du Maine, etc.Gkoffroi III, frère de Foulques Réchin,

avec qui il fut en lutte continuelle (v. Foulques).Geoffroi IV, surnommé Ptantagenet, à cause de l’habitude qu’il avait de porter un rameau de genêt à son casque, né en 1113. Son père, Foulques le Jeune, en allant s’établir à Jérusalem, dont il était roi, lui abandonna le gouvernement de l’Anjou (1129). Il dompta la révolte de plusieurs de ses feudataires, revendiqua la Normandie comme

héritage de sa femme, envahit quatre fois cette province, où il eut à combattre Étienne de Blois et les barons normands, ninsi que le clergé, et finit par en faire ia conquête. Son fils Henri, duc de Normandie, devint roi d’Angleterre et fut la souche de la dynastie des Plnntagenets.

GEOFFROI, nom de plusieurs ducs de Bretagne, dont les plus connus sont : GkofFHOj 1er, mort en 1008, et qui est considéré comme ia tige d3 la seconde maison souveraine de Bretagne, bien qu’il ne portât que le titre de comte de Rennes. Il contraignit le comte de Nantes à reconnaître sa suzeraineté, s’allia par mariage à Richard II, duc do Normandie, et le secourut dans plusieurs guerres féodales. Il mourut au retour d’un pèlerinage, tué par une pierre que lui lança une paysanne dont son taueon avait étranglé la poule. — Gkoffroi II, hé en U58, mort en 1186, était troisième fils du roi d’Angleterre Henri II, duc de Bretagne par son mariage avec Constance, tille du duc Conan IV. Fort de l’appui de Philippe-Auguste, il lutta constamment contre son père, et ravagea à plusieurs reprises l’Aquitaine, établit le droit d’aînesse en Bretagne dans une assemblée de barons, connue sous le nom d’assises du comte Geoffroi, et mourut à Paris, à la suite de blessures reçues dans.un tournoi que le roi avait donné en son honneur.

GEOFFROI ou GODEFROI, abbé de Vendôme et cardinal français, né à Angers, mort dans cette ville en 1132. Il appartenait à une des premières familles de l’Anjou. Klevé en 1093 à la dignité d’abbé dela. Trinité de Vendôme, il se rendit, l’année suivante, à Rome, pour faire annuler le serinent qu’il avait pieté devant l’évêque de Chartres de renoncer au privilège de ne dépendre que du pape. Geoffroi, qui possédait de grands revenus, donna au pape Urbain II, alors en lutte avec Guibart, d ?3 sommes considérables, pour l’aider à affomir son pouvoir (1093), et reçut, en échange, ie chapeau de cardinal. De retour en France, Geolfroi, l’un des plus riches bénéficiaires du royaume, se mêla à toutes les affaires religieuses, y apporta un esprit de domination et de hauteur excessives, dénonça au tribunal apostolique tous ceux qui ne se soumettaient pas a ses décisions, assista à plusieurs conciles, notamment à ceux de Clermont (1095) et de Saintes (1097), et jouit successivement de la plus grande faveur auprès des papes Urbain H et Pascal II, qui, l’un et l’autre, vinrent le visiter. Extrêmement zélé pour les intérêts de l’Église, il passa douze fois les Alpes, fut trois fois pri GEOP

sonnier des ennemis du pape, courut souvent risque de la vie. Dans toute circonstance, il avait pour maxime que jamais les puissances de l’Église ne doivent céder aux puissances du siècle. Ombrageux et hautain, remuant et d’humeur chagrine, Geoffroi fit entendre le langage le plus violent lorsqu’on toucha à ses privilèges ou à ceux de l’Église. Quand le pape Pascal, assiégé dans Rome par l’empereur, consentit, pour empêcher ! effusion du sang, à accorder à ce dernier les investitures, l’abbé de Vendôme n’hésita point à écrire au souverain pontife « qu’il avait déshonoré

Far une lâcheté la chaire apostolique, qu’il avait souillée par la consécration d’une hérésie. » Par la violence de ces paroles, on peut se faire une idée du langage que, dans sa colère, Geoffroi tenait à ses ennemis. Malgré tous ses défauts, l’abbé de Vendôme, qui possédait, du reste, de brillantes qualités, exerça une grande influence dans les conseils des princes, et reçut des rois eux-mêmes des témoignages de déférence. Il menait un train si considérable qu’un évêque du Mans le pria, dit-on, de ne point passer chez lui, attendu qu’il ne se trouvait pas en état de recevoir un si riche abbé, et il était si fier de ses privilèges qu’il traitait directement avec les papes, croyant que c’était s’abaisser que de communiquer avec un simple légat, un a de lui des lettres, des opuscules, des sermons, des hymnes, qui ont été recueillis et publiés par le P. Sirmond.

GEOFFROI, chroniqueur français, né à Clermont d’Excideuil (Périgord) vers 1140, mort vers la fin du xti« siècle. Il embrassa la vie religieuse et fut nommé, en 1178, prieur du Vigeois, dans le bas Limousin. On a de lui une chronique intéressante pour l’histoire du Périgord et du Limousin. Elle est pleine de faits et de détails historiques qu’on chercherait vainement ailleurs, et s’arrête aux premiers mois de 1184.

GEOFFROI D’AUXERRE, théologien et hagiographie français, né à Auxerre vers 1120, mort au commencement du xme siècle. Il abandonna Abailard, son premier maître, pour se mettre sous la direction de saint Bernard, qu’il suivit à Cluirvaux (1140), et dont il devint le secrétaire. Par la suite, Geoffroi fut élu abbé d’Igny, puis mis à la tête de l’abbaye de Clairvaux (1162) ; mais les plaintes de ses religieux, au sujet de la sévérité avec laquelle il maintenait la discipline, lui firent donner sa démission. Geoffroi se rendit ensuite en Italie pour lenter d’amener un rapprochement entre le pape et l’empereur (1167). N’ayant pas réussi dans cette mission, il passa en Normandie, et, de la, en Angleterre, où il chercha à rétablir la paix entre le roi Henri II et l’archevêque ne Cantorbéry. D’Angleterre, Geolfroi repassa en Italie, où il fut successivement abbé de Fosse-Neuve (U70) et de Haute-Combe (1176). Les principaux’écrits qui nous restent de lui sont ; •lalielulion des voyages de saint Bernard dans le Languedoc et en Allemagne ; un Panégyrique et une Vie de ce saint ; un Traité contre tes erreurs Ue Gilbert de ta Forée, publié avec les Œuvres de saint Bernard ; une Vie de saint Pierre, archevêque de ta larentaise, insérée dans le recueil des bollandistes, etc.

GEOFFROI ou GALFRID DE BEAULIE(J, en latin Gairridus, hagiographe et dominicain français, né à Beanlieu, dans le diocèse de Chartres, mort vers 1274. Il fut pendant plus de vingt ans aumônier, confesseur et conseiller m Lime de Louis IX, qu’il accompagna dans ses expéditions d’outre-mer, dont il partagea la captivité, et qu’il assista dans ses derniers moments, à Tunis, en 1270. Geoffroi, de retour eu France, écrivit, par ordre de Grégoire X, la Vie de saint Louis, publiée pour la première fois à Paris (1617, in-8u), et rééditée dans différents recueils.

GEOFFROI GA1MAR, poëte anglo-normand du xue siècle. Il écrivit, entre 1147 et 1151, en vers unglo-iiortnitnds, une Histoire d’Angleterre, qui s’étend jusqu’au règne de Henri Ier. Le style en est agréable, et les légendes, ainsi que les traditions qu’elle contient, offrent de l’intérêt. On n’a publié que des fragments de cette histoire : Tlte ancienl lingtish romance of Haoeluk the Dane (Londres, 1828) ; Chroniques anglo-normandes, recueil a’extraits et décrets relatifs à l’histoire de Normandie et d’Angleterre pendant le xi» et le xn« 'siècle, publiées par Francisque Michel (Rouen, 1835, in-8").

GEOFFROI DU LOROCX, prélat français, né au Loroux (Touraine), mort à Bordeaux en 1158. Il acquit la réputation d’un savant théologien, fut nommé archevêque de Bordaux en 1136, et présida, en qualité de légat, le concile de Beau^ency, où le divorce de Louis le Jeune et d Éléonore fut prononcé. On a de lui cinq lettres, adressées à Suger, et publiées dans les Scriptores de Duchesne.

GEOFFROI ou GALFRID DE MONMOUTH,

en latin Gulrvidua, historien anglais, né vers 1100, mort en 1154. Il entra dans l’ordre des bénédictins, devint par ta suite archidiacre de Monmouth, puis fut élevé à l’évéche de Saint-Asaph en 1152. On a de lui une histoire des Bretons, écrite d’après des légendes qui avaient cours parmi les Bretons. Cet ouvrage n’est qu’un tissu de fables d’un assez grand intérêt poétique, ce qui lui donna une immense popularité, et il arriva bientôt qu’il fut considéré, presque sans protestation,

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comme un livre historique par tous ceux qui écrivirent sur l’histoire d’Angleterre. Outre cet ouvrage, Geoffroi a donné une traduction latine des Prophéties de Merlin, qui forme le septième livre de son Histoire des Bretons. Ces deux ouvrages, réunis ou séparés, ont eu de nombreuses éditions, dont ia plus ancienne est celle qui a paru sous le titre de : BritaanUe ulriusque regum et principum origo et gesta insignia (Paris, 1508, in-4o). Aaron Thompson en a donné une traduction en anglais (Londres, 1718, in-4o), et FonticoVerunio en a publié un abrégé à Augsbourg (1534, in-4o).

GEOFFROI DE V1LLEHARDOU1N, célèbre chroniqueur français. V. Villkhardouin.

GEOFFROI ou GALFRID DE VINSAUF, en latin Gairridus do Vinoanivo, poste anglais du xh«s siècle. Il parait avoir été chargé, par le roi Richard I«r, d’une mission à Rome, auprès du pape Innocent III, qui lui fit un très-bienveillant accueil, et professa quelque temps les belles-lettres à Bologne. On ft de lui, sous le titre de Noua poetria, un Art poétique en vers latins, qui eut un grand succès, bien qu’il soit ennuyeux et mnl écrit. Publié pour la première fois dans V Historia poelarum et poematum medii soi de Polycarpe Leyser (Halle, 1727, in-8o), il a été donné à part sous le titre de : Gatfridi de Vinosulvo Ars poetica (Helmstaedt, 1724, in-S°).

GEOFFROY s. m. Co-froi — de Geoffroi, sav. fr.). Ornith. Oiseau peu connu, assez voisin des pies-grièches, et qui habite le Sénégal,

— Ichthyol. Poisson du genre crénilabre.

GEOFFROY (Étienne-François), médecin et chimiste français, né à Pans en 1672, mort en 1731, très-connu sous le nom de Geoffroy l’Aîné. Fils d un apothicaire, il contracta dans la maison paternelle le goût des sciences, et s’y livra avec ardeur. Son père, qui ne se bornait pas à pratiquer sa profession, et qui consacrait une partie de son temps à des recherches théoriques, à des travaux de science pure, réunissait chez lui, dans des conférences régulières, les principaux savants du temps. Le géomètre Cassini, le médecin-chimiste Guillaume Homberg, Duverney

et beaucoup d’autres s’y donnaient rendez-vous. C’est dans ce milieu qu’Étienne

Geoffroy se développa, et cultiva d’abord la botanique et la chimie, puis la mécanique et les mathématiques transcendantes. En 1692, il alla à Montpellier suivre les cours de la Faculté de médecine, alors dans tout son éclat, puis parcourut le midi et l’ouest de la Fiance. Vers 1698, le comte de Tallard, nommé à l’ambassade de France ù Londres, se fit accompagner de Geoffroy, qu’il prit pour son médecin, quoiqu’il n’eut pas encore obtenu le diplôme de docteur. Dans la capitale de la Grande-Bretagne, le jeune Geoffroy sut, par ses qualités morales et intellectuelles, s’assurer de nombreuses et précieuses amitiés. À peine âgé de vingt-six ans, il fut nommé membre de la célèbre Société royale de Londres. L’année suivante, l’Académie des sciences de Paris lui conférait le même honneur, en l’admettant parmi ses membres. Après un voyage en Hollande, il partit avec l’abbé de Louvois pour visiter l’Italie, et profila de cette excursion pour se livrer à l’étude de l’histoire naturelle. Revenu à Paris, il commença ses études pharmaceutiques et les délaissa bientôt pour les sciences médicales, vers lesquelles l’entraînait une irrésistible vocation. Reçu licencié en 1702, il fut nommé docteur eu 1704 ; mais, pendant dix ans, il se livra à de nouvelles études et à des expériences scientifiques, et ce n’est qu’après ces longs et consciencieux travaux qu’il se considéra comme un praticien. Fagon, à la fois fireinier médecin du roi et professeur tituaire de chimie au Jardin du roi, s’étant démis de cette dernière fonction en 1709, désigna Geoffroy pour le remplacer. La même année, Geoffroy succéda à Tournefort, dans la chaire de médecine et de pharmacie du Collège de France, et, en 1728, il fut nommé doyen de la Faculté de médecine de Paris. A ce sujet, Fontenelle, dans l’éloge qu’il a consacre à Geoffroy, dit : « La Faculté de médecine crut, en 1726, se trouver dans descirconstincesou il lui fallait un doyen qui, possédant toutes les qualités nécessaires, ne fit cependant aucun ombrage à sa liberté, et qui aimât mieux sa compagnie que sa place. » C’est dans ces circonstances que fut élu Geoffroy, et cela doit être cité parmi ses titres de gloire. Il mit une telle ardeur à remplir ses nouvelles fonctions, que les grandes fatigues qu’il éprouva abrégèrent ses jours. Il mourut en 1731, fort regrette des savants ses collègues et des nombreux élèves qu’il avait su attirer à ses cours. On doit à Geoffroy de nombreux ouvrages, dont quelques-uns, oubliés par suite des progrès des sciences, ont eu autrefois une renommée considérable. Nous allons rapidement énuinérer les plus importants. ■ Un travail capital, dit M. F. Hœfer (Histoire de la chimie), auquel le nom de Geoffroy restera éternellement attaché, c’est sa Table des différents rapports observés en chimie entre différentes Substances, mémoire inséré dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, année 1718. C’est là qu’on trouve, pour la première fois nettement énoncée, cette loi : « Toutes les fois que deux > substances ayant quelque tendance à sa

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■ combiner l’une avec l’autre se trouvent

■ unies ensemble, qu’il en survienne une troisième qui ait plus d’affinité avec l’une des deux, elle s’y unit en faisant lâcher > prise à l’autre. • C est sur cette loi qu’il établit la classification des acides, des alcalis, des terres absorbantes et des substances métalliques. Dans cette loi se trouvent en germe toutes celles que devaient découvrir plus tard Wenzel, Richter et Dalton. On a encore de Geoffroy : An a vermibus hominum ortus interitus (Parisiis, 1704, in-4o), et An hominis primordia vermis (Parisiis, 1704, in-4<>). ■ Le singulier sujet de cette thèse, raconte Quérard (la France littéraire), excita vivement la curiosité des dames ; elles voulurent lire la thèse, et Nicolas Audry la traduisit en français, sous ce titre : Si l’homme a commencé par être ver (Paris, D’Hourq, 1705, in-12) ; An medicus philosophus mechanico-chimicus (Paris, 1704) ; Tractatus de matéria medica, sive de medieamentnrum simplicium historia, virtute, delectu et ttsu (Paris, do Courcelles, 1741, 3 vol. in-8o). Antoine Bergier donna une traduction française de ce li(1743, 7 vol. in-12), complétée, pour la partie botanique, par Bernard de Jussieu (1750, 3 vol. in-12), et, pour la partie zoologique, par Armand de Nobleville et Salerne (1750-1757, 6 vol. in-12). Ce recueil de pharmacologie est le premierqui ait été publié en France. Il eut, lors de son apparition, un succès universel, et fut traduit en anglais, en italien, en allemand. Aujourd’hui, à n’a plus de valeur qu’au point de vue historique. Complété par divers commentateurs, il tut augmenté d’une table alphabétique générale par Jean Goulin, et d’un recueil des figures des plantes usitées en médecine par Gorsault ; desortoque l’ouvrage primitif, avec ses suppléments, forme maintenant dix-sept volumes. Geoffroy avait l’habitude de résumer ses travaux dans des rapports qu’il donnait à la collection des Mémoires de l’Académie des sciences. C’est ainsi qu’il a enrichi ce recueil de très-nombreux documents, dont nous citerons les principaux, toujours d’après la France littéraire de Quéraid : Examen des eaux de Vichy et de Bourbon-VArchambault (1702) ; Détail de la manière dont se fait l’alun de roche en Angleterre et en Italie (1702) ; Problème de chimie : Trouver des cendres qui ne contiennent aucune parcelle de fer (1705) ; Eclaircissement sur la production artificielle du fer et sur ta composition de quelques métaux (1707) ; Observations sur les analyses du corail et de quelques autres plantes précieuses, faites par M. ie comte Afarsigli (1708) ; Du changement des sets acides en sels alcalis volatils urineux (1717) ; Moyen facile d’arrêter les vapeurs nuisibles qui s’élèvent des dissolutions métalliques (1719) ; Observations sur lu préparation du bleu de Prusse (1723) ; Nouvelle observation sur le bleu de Prusse (1725).

Geoffroy s’est occupé de l’alchimie et des alchimistes, mais seulement pour combattre leurs doctrines. À Quoiqu’il y ait, dii-il, quelque inconvénient à meure au jour les tromperies dont se servent ces imposteurs, parce que quelques permîmes pourraient en . abuser, il y en a cependant beaucoup plus à ne les pas faire connaître, puisqu’on les dé. couvrant on empêche un tivs-giand nombre . de gens de se laisser séduire par leurs tours , d’auresse. » Toutefois, il est singulier de voir cet esprit, ordinairement si sensé, professer à l’égard de- la composition des métaux des I opinions pour le moins- aussi absurdes que celles des alchimistes. » Il s’attachait, dit M. Hcefer, à prouver que le fer qu’on trouve dans les cendres des matières organiques est le produit d’une génération particulière, et qu’on peut, non-seulement faire du fer, mais encore tous les métaux, les composer, les décomposer en réunissant ou en séparant les éléments dont ils sont formés. •

GEOFFROY (Claude-Joseph), chimiste français, frère cadet du précèdent, né à Paris en 1685, mort en 1752. Il est surtout connu sous le nom de Geoffroy le Jouiio. Soua la direction de son père, il étudia la pharmacie, puis devint l’élève de Tournefort, avec lequel il étudia la botanique. Désireux d’upprot’ondir les sciences naturelles’ au sein même de la nature, il alla observer lu végétation dans les climats du midi, où elle se montre luxuriante et variée. De 1704 à 1705, il parcourut le sud de la France, recueillant pour ses collections une foule d’objets précieux. À son retour, il fut admis à l’Académie des sciences, âgé de vingt-deux ans à peine, et devint l’un Ue ses collaborateurs les plus actifs. À Bercy, où il habitait, il s’était formé une précieuse collection de minéraux, de végétaux, de madrépores et de polypiers, en même temps qu’un jardin botanique renfermant la plupart des plantes médicinales usitées de son temps. Durant son séjour à l’Académie, il a inséré dans les Mémoires de cette société soixante-quatre mémoires, portant presque tous sur la botanique et la chimie. Son premier travail fut un ensemble de ^cherches sur les huiles essentielles des végétaux. À ce sujet il entra dans quelques considérations sur les principes élémentaires des végétaux. L analyse organique, encore à ses débuts, ne fournissait pas aux chimistes d’alors des résultats aussi précis que ceux qu’elle donne aujourd’hui, avec l’aide des appareils les plus perfectionnés. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu en soumettant à l’analyse chimique les végétaux les