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tumée, les dissentiments de ces deux groupes rivaux. « Les peintres de genre et les peintres d’histoire, a-t-il dit, n’avouent pas nettement le mépris qu’ils se portent réciproquement ; mais on le de.vine. Ceux-ci regardent les premiers comme des tètes étroites, sans idées, sans poésie, sans grandeur, sans élévation, sans génie, qui vont se traînant servilement d’après la nature, qu’ils n’osent perdre un montent de vue. Pauvres copistes qu’ils compareraient volontiers à notre artisan des Gohelins, qui va choisissant ses brins de laine les uns après les mitres, pour en former la vraie nuance du tableau de l’homme sublime qu’il a derrière le dos. À les entendre, ce sont gens à petits sujets mesquins, à petites scènes domestiques prises du coin des rues, à qui l’on ne peut rien accorder au delà du méeani’iue du métier, et qui ne sont rien quand ils n’ont pas porté ce mérite au dernier degré. Le peintre de genre, de son cùté, regarde la peinture historique comme un genre romanesque, où il n’y a ni vraisemblance ni vérité, où tout est outré, qui n’a rien de commun avec la nature, où la fausseté se décèle, et dans les caractères exagérés qui n’ont existé nulle part, et dans les incidents qui sont tous dans l’imagination, et dans le sujet entier que l’artiste n’a jamais vu hors de sa tête creuse, et dans les détails qu’il a pris on ne sait où. et duns ce style qu’on appelle grand et sublime et qui n’a point de modèles en nature, et dans les actions et les mouvements des figures, si loin des actions et des mouvements réels, » Et Diderot apprécie ainsi ce piquant antagonisme : « Vous voyez bien que c’est la querelle de la prose et de la poésie, de l’histoire et du poëine épique, de la tragédie héroïque et de la tragédie bourgeoise, de la tragédie bourgeoise et de la comédie gaie. >

Nous pouvons ajouter, pour parler le langage des esthéticiens du jour : c’est la querelle de l’idéalisme et du matérialisme. Reste a savoir si le genre est aussi indigne de l’art que les idéalistes le prétendent. Laissons encore la parole à Diderot : « Il me semble, dit-il, que la division de la peinture en peinture de genre et peinture d histore est sensée ; mais je voudrais qu’on eût un peu plus consulté la nature des choses dans cette division. On appelle du nom do peintres de genre indistinctement, et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes de la vie commune et domestique. Téniers, Wouwerman, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même sont des peintres de genre. Cependant je proteste

5ue le Père qui fait la lecture à sa fille, le <ï/s ingrat et les Fiançailles, de Greuze ; que les marines de Vernet, qui m’offrent toutes sortes d’incidents et de scènes, sont autant, pour moi, des tableaux d’histoire que les Sept Sacrements de Poussin, la Famille de Darius de Le Brun, ou la Suzanne de Vanloo... Voici ce que c’est. La nature a diversifié les êtres en froids, immobiles, non vivants, non sentants, non pensants, et en êtres qui vivent, sentent et pensent. La ligne était tracée de toute éternité ; il fallait appeler peintres de genre les imitateurs de la nature brute et morte ; peintres d’histoire, les imitateurs de la nature sensible et vivante. Et la querelle était finie. Mais, en laissant aux mots les acceptions reçues, je vois que la peinture de genre a presque toutes les difficultés de la peinture historique ; qu’elle exige autant d’esprit, d’imagination, de poésie même, égale science du dessin, de la perspective, de la couleur, des ombres, de la lumière, des caractères, des passions, des expressions, des draperies, de la composition, une imitation plus stricte de la nature, des détails plus soignés, et que, nous montrant des choses plus connues et plus familières, elle a plus de juges et de meilleurs juges. Homère est-il moins grand poète, lorsqu’il range des grenouilles en bataille sur les bords d’une mare, que lorsqu’il ensanglante les flots du Simoïs et du Xanthe. et qu’il engorge le lit dos deux fleuves de cadavres humains ? Ici seulement les objets sont plus grands, les scènes plus terribles. Qui est-ce qui ne se reconnaît pas dans Molière ? Et si l’on ressuscitait les héros de nos tragédies, ils auraient bien de la peine à se reconnaître sur notre scène, et, placés devant nos tableaux historiques, Brntus, Catilina, César, Auguste, Caton demanderaient infailliblement qui sont ces gens-là. Qu’est-ce que cela signifie, sinon que la peinture d’histoire demande plus d’élévation, d’imagination peut-être, une autre poésie plus étrange ; la peinture de genre, plus de vérité, et que cette dernière peinture, même réduite au vase et à la corbeille de fleurs, ne se pratiquerait pas sans toute la ressource de l’art et quelque étincelle de génie, si ceux dont elle décore les appartements avaient autant de goût que d’argent ? •

Ces réflexions, si peu conformes aux divagations académiques, sont pleines de bon sens. Les peintres contemporains nous le prouvent tous les jours, le genre comporte autant de délicatesse, d’habileté et de science pratique que la peinture de style ; il n’en diffère que parce qu’il est astreint à l’imitation de la nature, a la reproduction de types réels, de scènes de la vie ordinaire ; mais cette imitation, cette reproduction n’exclut ni la poésie ni’ l’imagination. Il y a mille fois plus d’idéal dans certains tableaux de genre que

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dans telles peintures d’histoire que nous pourrions citer.

Le mot genre n’a pas aujourd’hui une acception aussi large que celle qu’il avait autrefois. Il ne s’emploie plus que pour désigner les peint lires de mœurs familières, les scènes de l’existence rurale, les tableaux d’intérieur, la représentation des usages, des coutumes, des fêtes, des cérémonies, des travaux et des divertissements populaires ; il s’applique, en un mot, à toute œuvre qui exprime un côté quelconque de la vie réelle, élégant ou misérable. Les paysages, les portraits, la nature morte, les fleurs, qu’on rangeait jadis dans le genre, forment aujourd’hui des catégories distinctes.

La peinture de genre n’est pas d’invention moderne. De grands maîtres, dans l’antiquité, n’ont pas dédaigne de toucher aux sujets de la vie familière. Parrhasius peignit une Nourrice crétoise tenant un enfant dans ses bras ; Pausias, une Marchande de couronnes ; Aristide, un Âtalade et des Chasseurs avec leur gibier ; Atûénion, un Palefrenier avec un cheval, etc. Les compositions de cette sorte n’étaient, à la vérité, que des exceptions dans l’œuvre des maîtres grecs, et il est à croire qu’ils en rehaussaient la vulgarité par la noblesse du style. Vers le temps d’Alexandre le Grand, un artiste nommé Piroaicos s’adonna exclusivement à la peinture des scènes les plus humbles, et les traita d’une façon toute réaliste. Il peignit des Boutiques de barbiers, des Boutiques de cordonniers, des Natures mortes. 11 dut à cette spécialité le surnom de « Rhyparographe " ou « peintre de sujets vulgaires. » Ses tableaux, exécutés avec une habileté consommée, étaient extrêmement agréables, nous dit Pline, et, quoique de petites dimensions, se vendaient plus cher que bien des compositions vastes et prétentieuses. Pirœicos eut pour imitateur Callicles, dont les petits tableaux étaient très-recherchés, et Calâtes, qui traita spécialement des sujets comiques. À Rome, Ludius, qui vivait sous Auguste, et qui imprima une vive impulsion à l’art décoratif, imagina de retracer sur les murs, à l’intérieur des maisons, des paysages, et, dans ces paysages, les scènes les plus animées, les plus pittoresques : la vendange, la moisson, la chasse, la pêche, des gens se promenant en bateau, d’autres allant à âne, d’autres en voiture.

La peinture de genre, comme on voit, a été cultivée fort anciennement ; nous en trouverions des spécimens d’une date beaucoup plus reculée encore, si nous examinions les monuments de l’Égypte et de l’Etrurie ; nous y verrions, à eôlé des images des dieux et des héros, des scènes de la vie agricole, des chasses, des combats d’animaux, etc. Des compositions analogues ont été traitées par les miniaturistes et par les maîtres de pierre du moyen âge. Parmi les bas-reliefs qui se déroulent sous les porches de nos vieilles cathédrales, il en est beaucoup qui Sont de véritables tableaux de genre.

L’école italienne, toute confite dans la béatitude des scènes évangéliques, hagiographiques et mystiques, proscrivit pendant longtemps les sujets de genre, comme peu dignes de la majesté de 1 art. Ce ne fut pas sans scandaliser les gens délicats que le Bassan se mit à peindre de pareilles scènes : encore eut-il soin, Te plus souvent, d’y introduire quelque épisode biblique. De tout temps, le pavillon a servi à couvrir la marchandise. Le Bassan n’est pas le seul peintre italien qui, sous un titre pris dans l’Évangile, ait représenté des scènes n’ayant absolument rien de religieux. A bien prendre, les Noces de Cana, de Paul Véronèse, ne sont qu’un immense tableau de genre. Parmi les Italiens qui ont eu le courage d’aborder franchement la peinture de genre, nous citerons le Caravage, Manfredi, Salvator Rosa, Mannozzi, Benedetto Castiglione, etc.

Les écoles du Nord n’ont jamais cessé de peindre des sujets de la vie ordinaire. L’illustre Jean van Eyck, qui, dans la plupart de ses compositions religieuses, a introduit des détails copiés sur nature avec une prodigieuse vérité, a exécuté des tableaux exclusivement profanes, entre autres : une Chasse aux loutres et une Salle de bains, que ses contemporains citent comme des chefsd’œuvre, et qui sont malheureusement perdues. Plus tard, Quentin Massys représenta des marchands à leur comptoir, des changeurs, des avares. Lucas de Leyde peignit des joueurs ; Joachim Patenier et Henri de Blés firent des paysages animés de petites figures de chasseurs et de paysans. Albert Durer et les autres graveurs de l’école allemande de la première moitié du XA’ie siècle retracèrent des fètes ; des noces, des marchés, des danses de villageois ; Joachim Bucklaer, les Breughel, les Franck, David Viuckebooms, Lucas vaut Valkenburg peignirent des scènes rustiques, des foires, des épisodes comiques. Mais il faut arriver au xvue siècle pour voir la peinture de genre atteindre son apogée en Flandre et dans les PaysBas.

Teniers fut le meilleur peintre de genre de l’école flamande. À la verve humoristique déployée par les Breughel, ses parents, et par son propre père, David Teniers le vieux, il joignit des qualités d’exécution tout à fait supérieures ; il représenta, de préférence, des intérieurs de cabaret et de corps de garde, des alchimistes, des fumeurs, des pêcheurs,

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des musiciens ambulants, des kermesses, des noces villageoises, des tirs à l’arbalète. Les autres peintres de genre les plus distingués de l’école flamande furent : David Ryckaest, Van Craesbeke, Tilborgh, Jean van Mil !, Gonzales Coques, P.Snayers, etc. N’oublions pas que Rubens a peint quelques tableaux de fleuve admirables, par exemple la A’ermesse du musée du Louvre.

Ce fut surtout en Hollande que la peinture de genre se développa. « Le nombre des tableaux qu’elle produisit en peu de temps, dit Waagen, nous confond autant que leur mérite hors ligne. > Rembrandt jugea à propos de faire comme le Bassan : il décora de titres bibliques les scènes très-réalistes qu’il composait avec les types, les costumes, les mœurs mêmes de son époque. Plusieurs de ses élèves et des peintres qu’il a influencés ont déployé des qualités extraordinaires d’exécution et d’expression dans la représentation des scènes de la vie domestique. Nicolas Maas, Van der Meer (de Delft), Pieter de Hooch ont peint des intérieurs où la lumière joue d’une fuçon merveilleuse autour des figures, Gérard Dov a retracé, avec un grand sentiment du clair-obscur et une précision de facture sans exemple, des types familiers, des cuisinières, des marchandes de légumes, des fileuses, des enfants faisant des bulles de savon, des intérieurs d’écoles, etc. Gérard Terburg, Gabriel Metsu, Gaspard Netscher, Franz van Mieris ont peint, avec une (inesse exquise, des scènes de la vie élégante et galante, des dames à leur toilette ou faisant de la musique, des conversations amoureuses, des consultations médicales, des déjeuners, des concerts. Jean Steen, Brauwer, Adrien van Ostade, Isaac van Ostade, Cornelis Dusart, Cornelis Bega, R. Brakenburg ont représenté des scènes villageoises, des intérieurs de cabarets, des tabagies, des joueurs, des musiciens ambulants, des charlatans, des patineurs, des marchés, des kermesses, etc. Toute la comédie humaine se déroule dans les compositions de cette école féconde, à laquelle appartiennent encore Molenaer, Adr. van der Werff, Sachtleven, Zorgh, André Both, Palameder. Le Ducq, Van Toi, Schalcken, Verkolie, Slingelandt, Karel Du Jardin, Philippe Wouwerman, qui a peint des chasses aristocratiques et des scènes de la vie militaire, et Pieter van Laerj dit le Bamboche, qui popularisa en Italie la peinture des sujets populaires, et les fit désigner sous le nom de bambochad.es.

En Espagne, Velazquez et Murillo ont peint d’admirables tableaux de genre, auxquels ils n’ont pas craint de donner les proportions de tableaux d’histoire. Qui ne connaît le Petit pouilleux de Murillo, qui est au Louvre ? et qui n’a entendu parler des Fileuses de Velazquez, que possède le musée de Madrid ?

parmi les peintres de genre qui se sont produits en Angleterre depuis le xvme siècle jusqu’à nos jours, il nous suffira de nommer Hogartb, Wilkie, Leslie, Mulready, Maclise, Egg, Webster, Millais, Hook, T. Faed, Dobson, Nicol, etc.

La France possède, depuis plus d’un siècle, la suprématie dans la peinture de genre ; aucune nation artiste, sans excepter la Hollande, n’a déployé dans la représentation des scènes de la vie domestique autant de finesse, de sentiment, de grâce, de vérité, de verve et d’esprit. Au xvnie siècle, Greuze et Chardin ont atteint, du premier coup à la hauteur des maîtres du genre, le premier par le caractère touchant, gracieux ou dramatique de ses compositions, Te second par la sincérité et la naïveté charmantes de ses figures. Au commencement de ce siècle, Prudhon, dans sa Famille malheureuse ; M"« Constance Mayer, dans des compositions pleines de sentiment ; Mme Handebourt-Lescot, Léopold Robert et Schnetz, dans des scènes de mœurs italiennes ; Carie et Horace Vernet, Charlet, Bellangé, Vigneron, dans des sujets de la vie militaire ; Drolling et quelques autres, dans des intérieurs de famille, ont fait preuve de qualités remarquables. Mais c’est surtout depuis la défaite du classicisme, depuis la chute du style académique, que le genre a pris un développement considérable. Toutes tes classes de la société, tous les métiers, tous les incidents de la vie de famille ont été observés et représentés par nos peintres, qui ne se sont pas contentés, d’ailleurs, de prendre leurs modèles en France. Les diverses nations du monde ont été étudiées avec un soin extrême dans leurs types, dans leurs costumes, dans leurs usages. Les types elles mœurs de l’Orient ont été peints par Decainps, Beily, Gérome, Berehère, Th. Frère, Monchon, Bida ; ceux de l’Afrique, par Eugène Delacroix, Fromentin, Chasseriau, Dehodencq ; ceux de l’Espagne, par Giraud, G. Doré, Worms ; ceux de l’Italie, par E. Hébert, Bonnat, Armand Leleux ; ceux de la Russie, par Is. Patrois ; ceux des diverses provinces françaises, par François Millet, Adolphe Breton, Adolphe Leleux, Brion, Courbet, Hédouin, Ch. Marchai, Jundt, Trayer, Ed. Frère, Antigna, Leubon, E. Feyen, Luininais, Guillemin, P. Billiet ; les militaires, par Protais, Pils ; les scènes de mœurs antiques ont été retracées par Gérome, Hamon, Hector Leroux, G.Boulanger ; celles du moyen âge, du xvue et du xvuifl siècle, par Meissonier, Chavet, Fichel, Vetter, Fauvelet, J. Tissot, Hillemacber, Caraud,

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Pille, Roybet, etc. Citons enfin, paimi les autres peintres de genre de notre époque Diaz, F. Bonvin, Tassacrt, Baron, Ribot, Biard, etc.

— Ailus. litt. Ton» le* genre» ion ! bon», bor« is penre ennuyeux, Phrase de Voltaire, que l’on prend souvent pour un alexandrin, et qui est une simple ligne de prose qu’on lit dans la préface de l’Enfant prodigue. Presque tous ceux qui citent cette phrase, à juste titre transformée en adage, en font honneur sans sourciller à Boileau, qui l’eût certainement honnie comme constituant une hérésie littéraire. Songez donc : tous les genres ! À ce sujet, nous pouvons citer une anecdote fort curieuse. De 1840 à 18-47, un écrivain, arrivé aujourd’hui à une haute notoriété, publia dans sa Galerie des contemporains illustres par Un homme de rien, une biographie de Victor Hugo, qu’il affublait de cette épigraphe :

Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux.

Boileau.

Ceci, comme disait un journaliste, peut se passer de commentaire.

Dans l’Univers illustré, M. Albériç Second a fait à ce passage une variante spirituelle :

« Le mariage de M. X..., le moins spirituel et le plus ennuyeux des hommes, avec Mlle N..., est rompu. Les choses étaient pourtant fort avancées : bans publiés, corbeille achetée, etc. On en parle, Dieu sait comme ! J’ai demandé à la mère de M’l« N... le motif de la rupture, et elle m’a répondu sentencieusement :

Tous les gendres sont bons, hors le gendre ennuyeux. • Citons quelques autres applications : « Le drame peut avoir aussi son intérêt, son utilité, son agrément, sa beauté même, pourvu qu’il remplisse les conditions prescrites par l’art :

Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux.

Maiuiontei..

« M. Félix Mornand, dans son volume de Bernerette, n’a voulu qu’amuser, et il amuse. Il a cru que dans le roman tous tes tons sont bons, hors le ton ennuyeux, et rien n’est mieux à sa place, dans les nouvelles, que cet esprit plein de désinvolture et exempt de recherche. »

Vapereau.

« L’un et l’autre font plaisir à voir ; l’un et l’autre contribuent à garnir les loges de leur théâtre et la caisse de leur administration ; si l’un arrache des pleurs de sensibilité, l’ou tre fait rire jusqu’aux larmes ; et cela satisfait également ce bon public, dont la devise est et sera toujours :

Tous les genres tant bons, hors le genre ennuyeux. • (Revue de Paris.)

GENS s. pi. Can — anc. pi. de gent. V. pour le genre la note grammaticale à la fin de l’article). Personnes en général, hommes, monde : Il faut savoir se conduire avec les gens. Il ne faut pas traiter les gens comme des bêtes. Ils s’y logèrent tous, bêtes et gkns. Il y a bien des gkns qui voient le vrai et qui ne peuvent y atteindre. (Pasc.) Il y a beaucoup de gens prodigues et peu de désintéressés. (Mme de Maint.) Les gens qui se divertissent trop s’ennuient. (Christine de Suède.) L’esclave n a qu’un msitre, l’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune. (La Bruy.) Les gkns qui savent peu parlent beaucoup, et les gkns qui saoent beaucoup parlent peu. (J.-J. Rouss.) Il est des gens qu’on n’estime pas assez pour les haïr. (A. d’HoudetOt.)

On ne condamna point les gens sans les entendre. C. éHarlevu.le, Le 6age dit, selon les gens : Vive le roi, vive la Ligue !

La Fontaine. On doit se regarder soi-même fort longtemps, Avant que de songer a condamner les gens.

MoufiBB. Les gueux, les gueux Sont des gens heureux, Ils s’aiment entre eux. Vivent les gueux !

Bi&ANOER. Par ext. Soldat ou autre personne au

service d’un parti ou d’une personne : Nos gens furent malmenés par l’ennemi. Partout les villes ouvraient leurs portes aux GENS du roi de France. (Barante.) La moitié de tes gens doit occuper la porte, L’autre moitié te suivre et te prêter main-forte.

Corneille.

Il Domestiques -.’Appeler ses gens. Les faiblesses des maîtres rapportent plus aux gens que leurs vertus. (Custine.) L’impudence des gens vient de celle des mnttres.

PlRON.

Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens Et régler sa dépense avec économie, Doit être sa science et sa philosophie.

Moliéri.

— Le mot gens est souvent accompagné d’un complément déterminatif qui exprime : 1» L’état, "la profession : Gens d’Église. Gkns de lettres. Cens d’êpée ou de guerre. Les gkns