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an-centre du désert suuvnga des pnmpn<î, et j’avais pour guide un jeune Gaucho de quinze ans, né dans ces plaines ; son père et sa inère avaient été massacrés par les Indiens, et il devait son salut à un homme qui s’était échoppé avec lui. « Voila, me dit-il, en nie montrant une hutte en ruine, une habitation quiappartenait à une de nos tantes ; il y a deux ans que j’étais là, avec elle, et trois de mes cousins. Nous causions tranquillement, lorsqu’un enfant, qui venait de la poste voisine, traversa la route au grand galop*, en s’écriant : Zos Indiosl los Indios ! Je sors, et je les vois courant vers les huttes, tous nus, armés de longues lances, la main gauche sur la bou ■ che, en poussant des cris à faire trembler la

« terre. À l’instant, j’aperçus deux chevaux

« bridés, mais sans selle ; je monte sur l’un de ces chevaux et je me sauve. L’un des jeunes gens se jette sur l’autre, et me suit ; mais, à quelques verges d’ici, inquiet du sort de sa mère, il retourne à la hutte. Elle était déjà cernée par les Indiens, et mes cousins en défendaient l’entrée, le couteau à la main. Plusieurs de ces sauvages s’élancentàmapoursuite, l’espace d’un mille environ, mais j’avais un cheval léger comme le vent.» Ici, mon guide lança le sien devant moi, bride abattue, pour me montrer comment il s’était échappé ; puis, modérant sa vitesse, il continua : t Lorsqu’ils me virent à une grande distance, ils revinrent sur leurs pas. Plusieurs jours après, ils quittèrent le pays, et

■ je retournai à la cabane. Elle était incendiée. À travers les décombres, je reconnus le cadavre de ma tante I On lui avait coupé un pied jusqu’à la cheville, et on lui avait arra ■ ché la langue, que je visclouéeàl’un despoteaux du carrai. Les corps de ses trois enfants gisaient nus et couverts de blessures, > à l’entrée de la porte, et leurs bras, de l’é « paule au poignet, étaient criblés jusqu’à l’os d’entailles à un pouce l’une de l’autre. •

GACCIN ou GAUS1N, ville d’Espagne, prov. et à 95 kilora. S.-O. de Malaga, ch.-l. de juridiction civile ; 4,000 hab. Distilleries ; fabriques de savon, de toiles de fin et de coton ; exportation de vins, eaux-de-vie et bétail. Source minérale. Cette petite ville est pitioresquement située sur les pentes et presque au sommet de l’une des montagnes de la sierra del Hacho. Dans les environs, sur un rocher, sa voient les restes d’un château à peu près inexpugnable et d’où l’on découvre un magnifique panorama.

GAUCOURT, nom d’une ancienne famille, établie dans le Berry, et qui descendait des comtes de Clermont en Beauvaisis. Les principaux membres de cette famille sont les suivants : Raoul Gaucourt, bailli de Rouen, mort en 1427. Il lit le pèlerinage en terre sainte en 1409, prit part au siège de Bourges (1422), avec Charles VI et le duc de Bourgogne, et périt en voulant apaiser à Rouen, dont il était bailli, une révolte qu’avait suscitée le parti des Bourguignons. — Raoul Gaucourt, fils du précédent, grand maître de France, fut un des bons capitaines de son temps. Il se distingua contre les Turcs à Nicopolis (1396), contre les Liégeois à Hasbain (1408), contre les Anglais et les Bourguignons a la bataille du Puiset, en Beauoe, où il fit prisonnier le roi Jacques (1412), tenta, en 1425, de forcer les Anglais à lever le siège de Harfleur, se jeta dans cette place, qu’il défendit avec une grande vigueur, mais se vit contraint de se rendre. Contrairement aux conditions expresses de la reddition, il fut retenu prisonnier, envoyé en Angleterre, et rendu à la liberté au bout de dix années seulement, en échange d’une forte rançon. De retour en France, Gaucourt combattit avec plus d’acharnement que jamais les Anglais, alors en lutte avec Charles VII, assista au sacre de ce prince, et devint successivement conseiller, chambellan, gouverneur et lieutenant général de Rouen, de Chinon, de Gisors, du Dauphiné, et, à deux reprises (1450-1456),

frand maître de France. Il mourut dans un ge avancé, frappé d’un coup de lance sur le champ de baiaille. — Charles de Gaucourt, maréchal de France, mort en 1482, était fils du précédent. Il fut chambellan et conseiller de Charles VII, devint, sous Louis XI, bailli et gouverneur de Picardie, lieutenant général pour le roi dans Paris et l’Ile-de-France, rendit de grands services comme homme de guerre et comme diplomate, et reçut en récompensa le produic de plusieurs confiscations.

GAUCOURTE s. f, (gô-kour-te). Cost. Robe courte qui était en usage dans certaines parties de la France, au moyen âge.

GAUDAGE s. m. (gô-da-je — rad. gouder). Techn. Immersion d une étoffe dans un bain de gaude.

GAUDE s. f. (gô-de — allem. waude, même sers). Bot. Espèce de réséda qui fournit une teinture jaune ; Avec la caudk on fabrique une laque jaune très-solide. (Millot.) La gaude, gui est employée à produire presque toutes les couleurs junîtes, forme tes verts avec tous les bleus commun». (Chaptal.)

— Econ. domest. Nom donné en Bourgo-’

fne et en Franche-Comté à la farine et a la ouillie de mais.

— Encycl. Bot. La gaude ou vaude est une plante herbacée qui croît naturellement dans presque toute l’Europe, mais plus particulièrement dans les lieux sablonneux. U’est une

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espèce de réV’da, le réséda luteola, qui a de 1 mètre à im,30 de haut. On la cultive en raison de la belle couleur jaune qu’elle fournit, dans le midi de la France et en Normandie, dans le canton d’Elbeuf, mais surtout aux environs de Pont-de-1’Arche et de Louviers ; on peut estimer à 320 le nombre d’hectares de terre consacrés à cette culture dans ces contrées.

On sème la gaude en juin et juillet, et, un an après, on en fait la récolte, en arrachant à la main la plante entière. On la laissé toujours munie de sa racine, non pas que celle-ci contienne notablement de matière colorante, mais parce qu’elle donne meilleure façon à la plante, et que cette dernière a alors, comme l’on dit, plus de vente. On dessèche la gaude en plein air, soit en la dressant contre les murs, les haies ou tout autre appui, soit en la déposant, à mesure qu’on l’arrache, en javelles peu épaisses. Le dessus est promptement jauni parle soleil et la rosée ; on retourne alors les javelles, pour laisser jaunir pareillement le dessous. En moins d’une semaine, par un beau temps, la dessiccation est complète. Les pluies brunissent la plante et luiôtent presque toute sa valeur. Les teinturiers n’achètent la gaude que si elle est d’un beau jaune, bien que M. de Dombasle ait constaté que la gaude qui a conservé en séchant sa couleur verte, à cause de la rapidité de la dessiccation, est tout aussi riche en principe colorant et donne d’aussi belles nuances en teinture que celle qui est devenue jaune. C’est principalementdans la partie supérieure de la plante, surtout dans les dernières feuilles et les enveloppes du fruit, que réside le firincipe colorant. M. Chevreul, le premier, ui a donné le nom de lutéoline et la obtenu cristallisé en aiguilles transparentes et jaunâtres ; pur, il est complètement incolore ; mais, soumis au contact de l’air, il jaunit, et, par l’action des corps oxygénés, noti minent du bichromate de potasse, il acquiert une couleur jaune intense, et constitue alors la véritable matière colorante qui se fixe sur les tissus. La lutéoline est accompagnée, dans la plante, de plusieurs matières azotées, d’une substance amère, d’un principe odorant, de sucre, d’acide tannique, d’un acide libre et d’un grand nombre de sels.

La décoction de gaude est d’un jaune peu prononcé ; elle dépose bientôt des flocons d’un brun olivâtre, qui sont formés de lutéofine impure et d’oxyde de fer. Elle passe peu à peu au roux, par suite de l’oxygénation du tannin. Elle rougit sensiblement le tournesol. Cette décoction, filtrée après le refroidissement, se comporte de la manière suivante avec les réactifs :

Les alcalis solubles virent la couleur au jaune d’or verdâtre ; les eaux de chaux, les eaux calcaires foncent la couleur ; l’eau de baryte donne un précipité floconneux d’un beau jaune ; l’acide azotique fonce la couleur sans la précipiter ; les autres acides la troublent ; l’alun forme un léger précipité jaune ; le chlorure d’étain, un précipité jaune abondant ; l’acétate de plomb, un précipité jaune abondant ; le sulfate ferrique colore en brun olivâtre, et forme à la longue un précipité brun ; l’acétate de cuivre forme un précipité jaune roux, tirant sur le vert ; la gélatine occasionne un.trouble léger ; le chlore fait passer la couleur au roux et donne un précipité floconneux ; décoloration partielle par un excès du réactif ; le bichromate de potasse agit comme les alcalis, puis donne lieu à un dépôt de paillettes jaunes.

La gaude est une matière précieuse en teinture, à cause de la beauté et de la solidité du jaune pur qu’elle communique aux étoffes alunées, depuis le jaune paille jusqu’au jaune citron. Cependant, depuis une quarantaine d’années, on en consomme beaucoup moins, surtout dans les fabriques d’indiennes, où on l’a remplacée par le quercitron. Cela tient à ce que. d’une part, cette dernière substance tinctoriale est sept a huit fois plus riche en principe colorant que la première, et à ce que, de l’autre, celle-ci a l’inconvénient de tacher plus facilement les parties des toiles qui doivent rester blanches et de se fixer trop fortement sur les parties garancées, ineonvénientsqu’on évite avec le quercitron. Mais si, sous ce rapport, la gaude est inférieure au quercitron, d’un autre côté elle a sur lui, aussi bien que sur toutes les autres matières tinctoriales jaunes, l’avantage de fournir des jaunes purs et brillants, qui s’altèrent moins par l’air et la chaleur, et qui ne passent pas aussi facilement au roux. Voilà pourquoi, pour la teinture des laines et des soies, la gaude est toujours préférée.

Pour obtenir de plus belles nuances avec cette plante tinctoriale, il faut faire cuire la gaude, non à la température de l’ébullition, ainsi que cela est recommandé dans les traités de teinture, mais à une température comprise entre 70° et 80°. Ensuite, comme les acides affaiblissent la couleur de la gaude, il est important d’employer des eaux calcaires pour faire les bains, ou d’y ajouter un peu de craie. Pour rehausser les teintes jaunes obtenues sur coton, il faut passer celui-ci, après la teinture, dans une eau de savon ou une lessive faible de potasse. Rèjjle générale : il ne faut pas teindre au bouillon des cotons alunés, parce qu’i.s abandonnent dans le bain une partie de leur mordant. Avec l’acétiite d’alumine, on obtient par la gaude des couleurs plus riches qu’avec l’alun. Pour le beau

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jaune sur coton, 1 kilogramme de gaude par kilogramme de coton suffit ; mais il en faut davantage pour la laine et la soie. Pour les nuances olive, on ajoute au mordant des sels de fer ; pour le jaune d’or, un peu de garance ; pour la couleur de tan, un peu de suie.

On prépare encore avec cette plante une laque jaune très-solide pour les peintres. On obtient le stil de grain du commerce par l’introduction, dans une décoction alunée de gaude, de quercitron, de bois jaune ou de graines d’Avignon, de petites portions de craie en poudre fine, jusqu’à ce que toute la couleur jaune soit précipitée. Cette laque, moulée en forme de trochisques, sert dans la peinture à l’eau et à l’huile pour colorer les cuirs, etc.

La Hollande livra longtemps seule le stil de grain au commerce ; elle en fait encore une exportation assez considérable.

GAUDE (la), vignoble du canton de Vence, dans le département du Var. Il se compose d’environ 400 hectares et produit des vins d’abord colorés et fumeux, qui deviennent des plus agréables après cinq ans de garde. Les quatre cinquièmes des plantations consistent en raisins noirs, savoir : la tronquière, excellent raisin à peau dure ; le braquet, qui donne un vin clair ; le pansé, raisin précoce. Le cépage blanc le plus renommé est la clairette. Le vin de la Gaude n’est jamais mis en bouteilles. Il vaut 30 francs l’hectolitre lorsqu’il est nouveau, et de 60 à 70 francs lorsqu’il est vieux, c’est-à-dire sec et décoloré. Nice est son principal débouché.

GAUDÉ s. m. (gô-dé — lat. gaude, réjouistoi). Fam. Petite oraison : Réciter des gaudés.

L’oiseau, comme il n’était pas bête, Vit qu’il devait oublier pour toujours Tous les gaudès qui farcissaient sa tête.

Gresset.

Il Sorte de noël en l’honneur de la Vierge, que l’on chante en Provence depuis la Nativité jusqu’à la Purification.

GAUDEAMUS s. m. (gô-dé-a-muss — lat. gaudeamus, réjouissons-nous). Chant religieux de réjouissance : Chanter un gaudeamus. Il Chant latin traditionnel chez les élèves des universités allemandes.

— Fam. Repas joyeux : Faire un bon gaudeamus. Biner en gaudeamus

— Encycl. Les étudiants de tous pays na se ressemblent pas. Tous cependant aiment à s’amuser. Seulement les nôtres s’amusent à chanter le Pied qui remue ou le Chapeau de la Marguerite ; ceux d’Allemagne chantent des couplets latins en l’honneur de leurs bourgmestres, de leurs professeurs et de leurs maîtresses, des gaudeamus en un mot :

Gaudeamus igilur, juvenea dum sumus !

Post jucundam juventutem,

Post molestam senectutem.

Nos habebit humus, nos habebit humus

Ubi sunt qui ante mundo nos in fuere ?

Vadite ad superos.

Transite ad inferos,

Vbi jam fuere ? ubi jam fuere ?

Vita nostra brevis est, brevi finietur,

Venit mors velociter,

Rapit nos alrociter, .

Nemini parcetvr, nemini pareeturî

Vivat acaâcmia ! Vivant professons !

Yivat membrum quodlibet !

Vivant membra qustibel !

Semper sint m flore ! Sempersinl in flore !

Vivat et respullica ! et qui illam régit !

Vivat nostra civitas !

Mœcenatvm caritas

Quss nos hic protégil, qum nos hic prolegit !

Vivant opines virçines, faciles, forniOSte !

Vivant et muliercsl

Tenerœ, amabilcs,

Bons, laboriosx, bons, laborwsx !

Pereat tristitia ! pereant osâtes !

Pereat dïaùoius.’

Quivis antiburschius (anti-étudiant) !

Alque irrisores ! atque irrisorcs !

GAUDEFROY (Louis-François-Antoine), bibliographe français, né à Amiens en 1748, mort à Paris en 1839. Il fut libraire, puis remplit les fonctions d’inspecteur de la librairie. Il a rédigé plusieurs Catalogues bibliographiques, notamment : le Catulogue des tiares rares et précieux de M. de Montiyny (180G) ; le Catalogue des livres de La Grange (1815) ; 'Description d’une très-belle collection de livres rares et curieux (1819-1820, 2 vol.) ; Catalogue de la bibliothèque d’un amateur (1823, in-so), etc.

GACDEN (Jean), théologien et publiciste anglais, né en 1603 dans ie comté d’Essex, mort en 1662. Au commencement des guerres civiles, étant chapelain de lord Warwick, il parut se prononcer en faveur du parlement, mais protesta bientôt contre le jugement du roi et publia, quelques jours après son exécution (1649), l’aifcda basiliké, ou Portrait du roi dans sa solitude et ses souffrances. Cet ouvrage était attribué à Charles Ier lui-même, et il n’eut pas moins de dix-sept éditions en quelques mois. Il paraît certain que Gauden posséda un manuscrit du roi ; mais il est absolument impossible de savoir jusqu’à quel point il l’avait remanié. Après la restaura GAUD

tion, il fut successivement évêque d’Exeter, puis de Worcesler. On a de lui divers écrits théologiques,

GAUDENCE (saint), en latin Gaudeniius, évoque de Brescia, en Lombardie, au v« siècle de notre ère. Il était l’élève et l’ami do Philastre, à qui il succéda comme évêque. En 405, il se rendit auprès d’Arcadius, pour obtenir la réintégration de saint Jean Chrysostome sur son siège. On a de lui vingt et un discours ou sermons, dénués de grâce et d’agrément, qui ont été publiés dans les Patrum monumenla orthodoxographa (Bàle, 1569, infol.). Saint Gaudence est honoré le 25 octobre.

GAUDKNS (SAINT-), ville de France (Haute-Garonne), Ch.-l. d’arrond., à 89 kilom. S.-O. de Toulouse, à 28 kilom. de la frontière d’Espagne, sur une éminence qui domine la Garonne : pop. aggl., 3,296 hab. ;—pop. tôt., 5,166 hab. L’arrond. comprend 11 cantons, 231 comm. et 13C,2G5 hab. Tribunaux de ire ii> stance et de commerce ; collège communiil, usines ; filature et tissage de laine, moulins à huile, foulons, tuileries, fabriques de porcelaine, rubans de fil ; papeterie, .tannerie, mégisserie, teinturerie ; fabrique de maroquin. Commerce de grains, aciers cémentés.

La ville de Suint-Gaudens, qui doit son origine à l’établissement religieux de ce nom, fondé en 1038, ■ éprouva, dit Armand Marrast, un enfant de Saint-Gaudens, beaucoup de variations dans son gouvernement politique. Enclavée dans le Comminges, elle vécut sous la domination des comtes jusqu’à la fin du xne siècle, à la mort de Bernard V, célèbre par ses nombreux mariages. Sa fille, Pétronille, avait reçu de sa mère la vicomte de Bigorre ; elle voulut avoir de son père le Nébouzan et Saint-Gaudens. Cette ville alors dépendait du Uigorre. Pétronille, exagérant encore les traditions de son père, n’eut pas moins de cinq maris légitimes ; et de l’un de ces mariages (1192) naquit Matte, qu’elle fiança, avant même que celle-ci fût nubile, à Gaston VII, comte de Béarn ; elle leur fit donation, de son vivant (1250), du Nébouzan et de Saint-Gaudens. Marguerite, fille do Matte, se maria, en 1257, à Roger-Bernard, comte de Foix ; et, comme le Nébouzan fut sa dot, Saint-Gaudens, qui avait passé du Comminges au Bigorre et du Bigorre au Béarn, passa du Béarn au comté de Foix. Mais, en changeant si souvent de maîtres, la ville ne changeait pas de condition. Ces différents mouvements ne la servirent pas inoins : car, avertie par cette expérience do l’instabilité du pouvoir supérieur, elle rédigea les coutumes qui étaient depuis longtemps U son usage ; et, à chaque changement, jusqu’au siècle même de Louis XIV, son premier soin, en passant sous de nouveaux seigneurs, fut de taira accepter et confirmer ses franchises municipales. La charte de Saint-Gaudens montre, par ses dispositions, que la ville était administrée par des consuls ; ceux-ci étaient choisis tous les ans par un corps de vingt-quatre anciens, produits eux-mêmes de lélection populaire. La prospérité de la ville se développa surtout dans le xive et le xve siècle. Il y avait alors des fabriques de drap, de tissus de laine, des tanneries, et le commerce de tout ce qui venait d’Espagne parle val d’Aran avait son entrepôt principal à Saint-Gaudens. L’organisation sage et libre de cette ville la rendit la plus considérable du pays pour la richesse ; mais cela même lui valut plus d’une calamité. Pendant la guerre des Anglais, Saint-Gaudens tomba en leur possession ; mais, s’il subit le joug de la force, il ne fit aucunement hommage spontané de soumission. Enfin, durant les guerres religieuses, Saint-Gaudens fut encore au pouvoir des huguenots. Montgommery, à la tèto d’une année de quatre mille arquebusiers, envahit le Nébouzan en 1569 ; il mit la main sur Saint-Gaudens, le pilla, le saccagea. Cette succession de troubles fut à la fin funeste.à la cité industrieuse.... Quand la Révolution éclata, elle n’eut pas à vaincre dans les murs de Saint-Gaudens cette énergique résistance qui décupla sa force et ses ressorts dans plusieurs villes du Midi. Le tiers, qui devait être tout en France, suivant l’expression de Sieyès, était à peu près tout à Saint-Gaudens. Le chapitre ne le gênait guère, et pourtant le chapitre disparut ; les couvents avaient précédé le chapitre. Quant aux tours, aux remparts, déjà singulièrement ébréchés par les Anglais et par Montgommery, le temps en acheva paisiblement la ruine. La maison commune garda sa vieille figure du xmu siècle et son aspect rudement municipal ; l’église ne vit pas dévaster sa belle nef si haute, ses piliers droits et forts, ni son clocher de casse-cou, ni même cette ar. : ique sacristie dont les ornements singuliers reportent l’esprit aux premières constructions de l’époque byzantine. La Révolution passa dans Saint-Gaudens comme une vieille connaissance à laquelle la bourgeoisie fit bonne hospitalité. Seulement Saint-Gaudens prit le nom de Haute-Ville, et, un peu plus tard, on releva les cloisons, on recrépit les murs fendus de vétusté, on refit même une porte cochère, pour que le lieu connu sous le nom de l’Evèché put s’élever à la hauteur d’un hôiel de sous-préfecture. Saint-Gaudens n’en a pas moins conservé les traces de ses antiques annales. Des promenades larges et bien tracées le long de ses boulevards, un nouveau