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principaux sont : De miseria kumana (Strasbourg, 1505, in-4o) ; De rébus Saxonis, Thûringix, Libonotrix, Misnix et Lusatix et de beltis Friderici Magni libri duo (Bàle, 1518, in-jo) ; De rébus liipanis Ubellus (Ancône, 1576) ; De digniiate urliis Bononim commenlarius, inséré dans les Scriptores rerum italicarum de Muratori.

GARZONI (Thomas), écrivain et jurisconsulte italien, né k Bagna-Cavallo (Romagne) en 1549, mon en 1539. Il fit ses études de droit, puis entra dans l’ordre des chanoines réguliers de Latran en 15C6. Garzoni n’en continua pas moins à cultiver les lettres, la philosophie, l’histoire, les langues, et acquit un savoir étendu, mais quelque peu superficiel. On a de lui de nombreux ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Il Theatro dé varii e diversi cervelli mondant (Venise, 1583), trad. en français par Gabriel Chappuys de Touraine, sous le titre de : Théâtre des divers cerveaux du monde, auquel tiennent place, selon leur degré, toutes tes manières d’esprit et d’humeurs des hommes, tant louables que vicieuses (Paris, 1586, in-16) ; la Piazza universale di lutte le professioni del mondo (Venise, 1585), le plus célèbre de ses ouvrages, où il traite, en 155 discours, de toutes Ses professions des hommes ; V Hoipidale dé pazzi incwabili (Venise, 158G, in-4o), traduit en français sous(le titre de Y Hôpital des fous incurables, où sont déduites de point en point toutes les folies et les maladies d’esprit tant des hommes que des femmes (Paris, 1620, in-8o) ; la Sinagoga degli ignoranti (Venise, 1589) ; // mirabite cornucopia consolatorio, di Toinaso Garzoni (Bologne, isoi), écrit burlesque consacré à la louange des cornes, pour consoler un homme des infidélités de sa femme ; Il serraylio degli s/upori del mondo (Venise, 1613), ouvrage dénué de critique sur les prodiges, les monstres, les sorts, les miracles et le merveilleux en général.

GAUZON1 (Pierre), historien italien, né à Venise vers 1650, mort vers 1720. Il rit partie du sénat de sa ville natale, reçut le titre d’historiographe de la république, et fut chargé, par le conseil des Dix, en 1692, de continuer l’Histoire de Venise, commencée par Sabellico au xve siècle. Garzoni a écrit avec talent les annales de son pays, de 1G32 à 1713, sous le titre d’Jstoria délia republiea di Yenezia. La première partie, divisée en 16 livres, parut à Venise en 1705 (2 vol. in-4o), et la seconde en 1716 (in-4°). Cet ouvrage, dont le style est concis et coloré, et qui offre le tableau d’une des périodes les plus brillantes de l’histoire de Venise, obtint, lors de son apparition, un succès mérité.

GARZOTTE s. f. (gar-zo-te). Ornith. Nom vulgaire de la sarcelle commune. |] On dit

aussi GARSOTTS.

GASAB s. m. (ga-zabb). Métrol. Mesura de longueur, usitée en Égypte, et valant 3m, S5.

GASAR s. m. (ga-zar). Moll. Espèce d’huître. Il On dit aussi gascar.

GASC (Charles), médecin français, né à Cahors en 1780, mort à Paris en 1848. Il passa son doctorat à Paris en 1802, entra en 1808 dans le service de santé de l’armée, fut fait prisonnier pendant la retraite de Russie (1812), et, de retour en France, devint médecin en chef de l’hôpital militaire du Gros-Caillou ù. Paris, membre du conseil de samé des armées, et membre de l’Académie de médecine. On a du docteur Gasc des mémoires, des notices, des articles, publiés dans les Annales de la Société de médecine pratique de Montpellier, dans les Mémoires de médecine et de chirurgie, dans le Dictionnaire des sciences médicales, dans le Journal universel des sciences médicales, dans la lieoue médicale, etc. Il a publié à part : Dissertation sur la maladie des femmes à la suite des couches, connue sous le nSm de fièvre puerpérale (1807, in-8o) ; Recueil de plusieurs mémoires et observations sur divers points de doctrine de l’art et de la science des accouchements (ISIO) ; du Typhus contagieux, trad. de Hildenbrand (1811) ; Matériaux pour servir à une doctrine générale sur les épidémies et tes contagions, trad. de Schurer (1815), in-8o). — Son fils, Jean-Pierre Gasc, mort à Paris en 1849, . s’occupa beaucoup d’éducation, et fonda dans cette dernière ville une institution où it se mit en opposition ouverte avec les idées qui dominaient sous la Restauration. Il cultiva aussi les sciences naturelles, sur lesquelles il publia un certain nombre de mémoires dont plusieurs ne sont pas dépourvus d’intérêt.

GASCANEL s. m. (ga-ska-nèl). Ichthyol. Syn. de gascon.

GASCH, nom que prend le Mareb, rivière d’Abyssinie, après être sorti des derniers gradins du plateau du Tigré, pour se porter au nord-ouest vers les terres basses du pays de Taka, où il se réunit à l’Atbarah dans le temps des pluies.

GASCHON (Jean-Baptiste), jurisconsulte français, né à Riom en 1784, mort en 1836. Il passa son doctorat en droit à Paris, suivit pendant plusieurs années la carrière du barreau, puis devint conseiller à la cour royale de Cayenne (1831) et à celle de la Martinique (1835). Gaschon a publié, sous le titre de Code diplomatique des aubains (Paris, 1818, in-8<>), un ouvrage estimé, fruit de lougues et consciencieuses recherches.

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GASCOGNE, en latin Vasconia, nommée autrefois Novempopulanie, pays de l’ancienne France, situé entre l’Océan à l’O., la Navarre et le IBéarn au S., le Languedoc et le comté de Foix à l’E., et la Guyenne au N.

Un grand nombre de petits pays étaient compris dans la Gascogne ; c’étaient : les Landes, le Labourd, la Chalosse ou Gascogne propre, le Tursan, le Marsan, le Bigorre, la Souie, le Commitiges, l’Armagnac, le Couserans, la Lomagne, l’Estarac, la Rivière-de-Verdun, le Nébouzan, les Quatre-Vallées, le pays d’Albret. On y trouvait, en outre, une partie du Bordelais et du Bazadois. Cette province forme aujourd’hui les départements des Landes, du Gers, des Hautes-Pvrénées, de la Haute-Garonne et la partie occidentale de celui de l’Ariége, Auch était le chef-lieu général.

La Gascogne, qui, sous la domination romaine, s’appela d’abord Novempopulanie, puis Aquitaine troisième, prit le nom de Gascogne ou Vasconie lorsque les Vascons, contraints de fuir devant les Goths, eurent franchi les Pyrénées pour venir s’établir dans cette contrée, d’abord militairement, et plus tard d’une manière régulière et durable. L’origine de ce peuple a été et est encore très-controversée. Quelques historiens les font descendre des Cantabres, si célèbres au temps des anciens Romains par leur courage indomptable. D’autres ont voulu voir dans les Vascons une tribu étrangère forcée de plier sous la puissance des vainqueurs du monde et insensiblement conduite à adopter leurs mœurs, leurs habitudes et jusqu’à leur langage, mais tout à fait différente cependant de celle des Scualdunac (Basques), bien qu’elles habitassent l’une et l’autre le même territoire. Enfin une troisième opinion, que l’on partage généralement aujourd’hui, consiste à confondre les Vascons avec les Ibères, que l’on sait avoir peuplé, à une époque très-reculée, la plaine à laquelle sert de limite occidentale la rive gauche de la Garonne. Retiré sur le sommet des Pyrénées, ce peuple aurait conservé la pureté de sa race, tandis que ses frères de la plaine se seraient vus progressivement mêlés aux diverses peuplades germaniques qui étaient venues partager leur territoire.

■ Quoiqu’il en soit, l’invasion générale des Vascons eut lieu vers l’an 542. En vain, plusieurs expéditions furent dirigées contre eux ; en vain, ces expéditions, notamment celle de 602, commandée par Thierry de Bourgogne et Théodebert d’Austrasie, parvinrentelles à les battre, à faire leurs chefs prisonniers, à leur imposer des tributs : leur résistance opiniâtre, l’avantage qu’ils trouvaient à habiter un pays riche et fertile firent qu’ils se maintinrent dans leur conquête, qu’ils s’y établirent définitivement, et qu’ils donnèrent enfin leur nom à la province où déjà depuis longtemps ils étaient parvenus à fonder un gouvernement régulier sous la direction de chefs héréditaires portant le titre de ducs.

On sait que Charles Martel avait partagé ses États entre ses trois fils, C»rloman, Pépin et Griffon. Par une singularité remarquable, la Vasconie ne se trouvait pas comprise dans ce partage. Dans les luttes qui éclatèrent entre les successeurs de ce guerrier célèbre et les différents États du midi de la Gaule, les Vascons, auxiliaires du duc d’Aquitaine, trouvèrent l’occasion de développer de nouveau l’intrépidité et l’habileté dans les combats qui les avaient rendus si redoutables. Par une politique qu’il croyait de nature à lui rallier les populations soumises, Charlemugne laissa à Loup (Lupus) ou Lopez le gouvernement de la Gascogne et son titre de duc. Il eut lieu de s’en repentir ; car, durant ses expéditions au delà des Pyrénées, les Gascons, sous la conduite de leur duc, tombèrent sur l’arrièregarde de son armée et la mirent en déroute près de la vallée de Roncevaux. Le brave Roland, comme on le sait, périt dans ce combat. Lopez fut pendu par ordre de Charlemagne. En 813, Louis le Débonnaire, ayant défait les Gascons, conféra la dignité de duc de Gascogne à Totilus ou Totilo, un de ses parents. C’est sous ce prince que les Normands firent irruption dans la Gascogne. Vaincu dans deux combats, le duc les défit enfin et les chassa de la province. Les Normands ne tardèrent pas à reparaître, et Se vengèrent de leur défaite dans une sanglantejournée où périt Seguin, duc des Gascons. Guillaume, son. successeur, eut à peu près le même sort. À la mort d’Arnaud, Sanchès 1er Mitarra, exilé par Louis le Débonnaire, fut rappelé par les Gascons, qui se soumirent à lui. Sanchès, qui fut le fléau des Sarrasins, eut pour successeur son fils du même nom. Celui-ci fut père de Garcie Sanchès le Courbe, qui réunit le comté de Bordeaux à son duché vers l’an 904, Sanchès le Courbe eut trois fils entre lesquels il partagea la Gascogne. Il laissa lu grande Gascogne à Sanchès Garcias, à Guillaume Garcias le Fezenzac, et l’Astarac à Arnaud Garcias. Sanohe-Guillaume, arrière-petit-fils de Garcie Sanche le Courbe, mourut en 1032. Sa fille Alauza fut mère de Bérenger, qui obtint le duché de Gascogne en 1032, et mourut sans postérité en 1039. Cette même année, Eudes, duc de Guyenne, succéda, du chef de sa mère, sœurdeSanche-Guillaume, au duché de Gascogne, et mourut en 1069. Alors, Bernard, comte d’Armagnac, s’empara de la province. Mais Guillaume-Geffroy, duc de Guyenne, déclara la guerre à Bernard, le vain GABC

quit et le déposséda du duché. C’est ainsi que la Gascogne se trouva réunie à la Guyenne, dont elle a suivi depuis les destinées.

« La langue des Gascons, dit un écrivain, est un composé de débris de langues primitives ; elle a conservé la trace de tous les peuples qui ont passé dans le pays. Energique et riche, elle exprime avec finesse toutes les sensations, toutes les idées et leurs nuances les plus délicates ; elle abonde en images hardies, en tours hyperboliques, sans manquer cependant de clarté ni de précision. Pleine de douceur et d’harmonie, elle se prête avec grâce à l’expression des passions douces du cœur, de la naïveté, de la gaieté et surtout de la plaisanterie. Elle a heureusement inspiré un grand nombre dapoëtes. Aujourd’hui, elle brille de son éclat le plus pur dans le3 compositions de Jasmin, le poète national du Midi. Mais, comme toutes les langues que n’ont point fixées les règles positives de la grammaire, elle s’est détériorée ; elle perd son originalité ; elle disparaît peu à peu sous l’influence du français. Les Gascons ont conservé l’habitude de confondre le v et le 4 dans leur prononciation ; ce qui a inspiré à Scaliger le spirituel jeu de mots : Felices populi, quibus vivere est bibere. »

GASCOGNE (golfe de), autrefois Aquitanicus sinus, partie de l’océan Atlantique comprise entre les côtes occidentales de la France et les côtes septentrionales de l’Espagne. Quelques géographes le comprennent entre une ligne tirée de la pointe de Penmark, en Bretagne, et le cap Ortégal, en Espagne. Entre, ces deux caps, le golfe de Gascogne mesure 460 kilom. de largeur et 400 kiiom. de profondeur. Ce golfe est quelquefois nommé golfe Cantabrique ou baie de Biscaye. Pour la description des côtes, nous renvoyons le lecteur aux articles Espagne et Franck.

GASCOIGNE (sir Guillaume), magistrat anglais, né dans le comté d’York vers 1380, mort en 1413. Il fut successivement sergent des lois, attorney du duc de Hereford, juge des plaids communs (1399), chief-justice du banc du roi (1401), et remplit ces diverses fonctions avec autant d’habileté que de talent. Gascoigne fut chargé par Henri IV de plusieurs négociations importantes, et contribua notamment à apaiser les troubles causés par la révolte de Henri Percy, comte de Northumberland. Ce magistrat s est surtout rendu célèbre par la fermeté de son caractère. On cite do lui le trait suivant, qui peut en donner une idée : le jeune prince de Galles, qui fut plus tard Henri V, voulant sauver un de ses compagnons de débauche, traduit devant le banc du roi pour un crime capital, crut intimider et influencer Gascoigne en se rendant à l’audience et en prenant l’accusé sous sa protection. L’incorruptible magistrat n’en condamna pas moins le coupable. Furieux, et ne pouvant maîtriser sa colère, le prince s’élança vers Gascoigne et s’oublia au point de le frapper. Celui-ci, sans se troubler de cette agression, ordonna aux officiers de justice de s emparer du futur roi d’Angleterre et le fit conduire en prison. Cet acte de courage civil a été plusieurs fois célébré par les poètes anglais et a fourni le sujet d’une pièce intitulée : The play of king Henry V.

GASCOIGNE (George), poète anglais, né dans le comté d’Essex vers 1520, mort en 1577. Destiné à la carrière du barreau, il lit son droit, mais s’occupa beaucoup moins de jurisprudence que de poésie et de plaisirs, et mena une vie tellement désordonnée que son père le déshérita. Gascoigne passa alors dans les Pays-Bas, où il prit du service sous le prince d’Orange, se lit remarquer par sa bravoure, obtint le commandement d un régiment, retourna en Angleterre, à la suite d’une querelle qu’il eut avec un de ses supérieurs, se livra a la composition de plusieurs ouvrages en vers et en prose, et accompagna, en 1575, la reine Elisabeth dans un de ses voyages à travers le royaume. On a de lui des poésies, des satires, quatre pièces de théâtre, un divertissement intitulé : les Plaisirs princiers du château de Kenilworth, etc. Ses Œuvres ont été publiées en 1577-15S7 (2 vol. in-4o). On y trouve de l’imagination, de la verve, un style harmonieux et facile.

GASCON, ONNE adj. (ga-skon, o-ne). Qui appartient à la Gascogne ou it ses habitants : Le parler gascon^ Les mœurs gasconnes. L’accent GASCON. Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon.

1301LEAU.

Certain renard gascon, d’autres disent normand. Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille Des raisins mûrs apparemment,

Et couverts d’une peau vermeille.

La Fontaine.

— Par ext. Fanfaron, hâbleur, vantard ; Hâbleur, chasseur, gascon, sont chez nous des mots synonymes. (Toussenel.)

Sans être gascon, je puis dire Que je suis un merveilleux sire.

La Fontaine.

Il Plaisant, railleur, moqueur : Est-il gascon 1 Qu’il a l’humeur gasconne !

— Econ. rur. Race gasconne, Race de bœufs propre au département du Gers.

— Substantiv. Personne née en Gascogne : Le Gascon est fin et rusé ; mais aussi il est spirituel, nUif, ingénieux, il sait fort bien se tirer d’un mauvais pas et raccommoder une mau-

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oaise affaire. (De Jussieu.) Le Gascon est hiïs machine à paroles. (De Custine.) Avec Montluc, il faut qu’on s’accoutume une bonne fois à prendre ce nom de Gascon au sérieux et en éloge. (Ste-Beuve.)

En Gascon, Par un détour habile : Se tirer en Gascon d’un pas difficile.

— Lessive du Gascon, Manière de changer de linge, qui consisterait à retourner sa chemise après l’avoir salie d’un côté.

— s. m. Idiome gascon ; Savoir le gascon. Comprendre le gascon.

— Ichthyol. Nom vulgaire de diverses espèces de poissons, entre autres du caranx silure et du saurel, espèce de scombre : Le gascon ressemble beaucoup au maquereau. (V. de Bomare.)

— Syn. Gascon, truqueur, fanfarou, etc. V. CHAQUEUK.

— Encycl. Linguist. Patois gascon. Le gascon est le plus occidental des dialectes de la langue d’oc en France. Parlé dans la Gironde, les Landes, le Gers, les Hautes-Pyrénées et partie des départements eirconvoisins, il confine au N.-E. au p’érigourdin, qui en est, en quelque sorte, le trait d’union avec le limousin, et il touche au S-E. au languedocien. Ce dialecte a des traits de ressemblance avec la langue castillane, dont il est séparé par le pays basque ainsi que pur la chaîne des Pyrénées.

Le gascon emploie toutes les lettres de l’alphabet français, à l’exception du k que l’on ne rencontre que dans deux ou trois mots. Le u, dont l’usage était abandonné déjà au xvme siècle, se retrouve seulement dans les chartes et autres écrits de date ancienne ; mais il est probable que, à l’exemple des Espagnols, les Gascons, tout en écrivant vaca, vaquer ; vacan, vide ; venda, vente, etc., prononçaient baca, bacan, benda.

Quant à la valeur des lettres, elle est, à peu de chose près, la même que dans le français, l’italien et l’espagnol ; a, 6, d, g, i, j, l, m, 11, o, p, q, r, s, t, x, y, z, suivent la prononciation française.

L’e a généralement le Son fermé de l’e itatien ; mais quelquefois il a le son ouvert et il prend un accent grave, è. Cette distinction est importante, parce que ouvert donne à un certain nombre de mots un sens tout différent. Par exemple : abe, avoir ; abè, prêtre, abbé. L’» a toujours le son qu’on lui donne dans les mots français fumer, but, fusil. Le son ou, dont l’usage est si fréquent, est exprimé par la réunion des voyelles o et u. Autrefois, il était représenté par un u simple comme en espagnol et en italien, ainsi qu on le voit dans les anciennes chartes et dans tous les poètes antérieurs au XIXe siècle, tels que Despourrins, Goudoulin, Dastros, etc.

Le c a toujours le son rude du k, soit à la fin des mots, soit devant les voyelles ; il est remplacé par qu devant les voyelles e, 1". Par exemple : enhourca, enfourcher ; qu’enhourquey, j’enfourchai ; truca, frapper ; truqu’em, frappons. Le son adouci du çest exprimé par s.

Le f, très-usité dans l’e Languedoc, est abandonné dans la Gascogne, où il est remplacé par le h fortement aspiré. Au moyen âge, on écrivait font, four ; feyre, foire ; fueilho, feuille ; fuec, feu, etc. ; on dit aujourd’hui hour, heyro, houeilho, houec. Une substitution analogue a eu lieu dans l’espagnol, où les anciens mots forno, four ; fierro, fer ; faba, fève ; facer, faire, sont devenus : norno, hierro, liaba, hacer. Le son mouillé catalan des deux II est en grand usage dans le gascon, mais on le rend par , afin de laisser aux deux U ieur’son très-détaché, comme dans rebelle, rolle, pastowello, qu’il faut prononcer reoel-le, rol-le, pastouret-lo ; ce cas est assez rare, if est vrai, mais il est conforme au génie de ce dialecte, qui ne répète les consonnes que pour les faire mieux sentir. Les seules lettres sujettes à répétition sont r et l ; les deux rr sont le plus fréquemment employés.

Une règle générale domine tous ces détails de la prononciation gasconne : c’est une accentuation, un martellement de chaque lettre caractérisé, énergique, et toutes les lettres doivent être prononcées. Il est des dialectes voisins, au contraire, qui suppriment certaines lettres dans la prononciation, ou qui, du moins, les adoucissent à tel point qu’on ne les entend pas. Dans le béarnais, par exemple, qui est regardé comme une variété du gascon, les mots tagor, lescar, montaner, se prononcent lago, lesca, montanè. Chez les Basques, la dernière voyelle des mots est prononcée si légèrement que quelques linguistes la suppriment. Ils remplacent notamment a par e.

En gascon, les parties du discours sont les mêmes qu’en français. Il y a deux genres et deux nombres. Les terminaisons sont très-variées dans chacun des genres. Toutefois, on considère comme caractéristique du féminin la terminaison o qui remplace la terminaison a du languedocien et du provençal : terro, terre ; ribero, rivière ; henno, femme.

Le pluriel se forme en ajoutant un s au singulier : barat, fossé ; perdig, perdrix ; mes, mois, font au pluriel : barats, perdigs, meses.

L’adjectif et le participe s’accordent en genre et en nombre avec le substantif. Les comparatifs suivent les mêmes règles qu’en français. Ce sont : mage, plus grand ; mendre, moindre ; meilhou, meilleur ; piri, pire. Les moyens de comparaison et d’appréciation s’effacent devant l’emploi excessivement fré-