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affirmatif : Gardez qu’on me vous voie ; Prenez garde qu’on me vous trompe. Mais lorsque prendre garde signifie réfléchir, faire attention à ce qui a été, est, ou sera, il n’appelle plus ne, et le verbe suivant ne se met plus au subjonctif : II ne prenait pas garde que tous les yeux étaient fixés sur lui.

La conjonction ni a quelquefois été employée pour unir des mots placés dans la dépendance de garder, parce que ce verbe renferme implickementquelque chose de négatif. Ainsi Boileau a dit :

Gardei donc de donner, ainsi que dans Clélie, L’air ni l’esprit français à. l’antique Italie. Cependant, comme gardez n’est pas formellement négatif, et serait plus régulier.

Quoique gardez-vous de tomber signifie faites en sorte de ne pas tomber, ce serait un contre-sens de dire, pour signifier cela, yardez-vous de ne pas tomber ; l’action de tomber est bien celle contre laquelle à faut se mettre en garde, précisément afin qu’on ne tombe pas.

— Syn, Garder, retenir. Garder, c’est rester en possession dune chose, dans le but de s’en servir actuellement ou plus tard. Retenir, c’est résister à ceux qui voudraient ou qui ont le droit de reprendre. Celui qui a volé quelque objet le retient quand il ne veut pas le rendre a son légitime propriétaire qui le réclame ou qui a le droit de le faire : mais on dirait qu’il garde le bien d’autrui, s il s’agissait d’une chose dont le véritable maître serait inconnu.

—’ Garder, aeeompHr, obierror. V. ACCOMPLIR.

— Antonymes. Enfreindre, transgresser,

violer. — Abandonner, céder, donner, transmettre.

GARDE-REINS s. m. Partie de l’armure des hommes d’armes du xve et du xvio siècle, qui avait pour objet de protéger les reins, partie que les tassettes et la braconnier© ne pouvaient abriter. PI. garde-reins.

GARDERIE s. f. (gar-de-rî — rad. garder). Eau* et for. Etendue de bois qui est sous la surveillance d’un même garde : Bernard savait, à cinquante pas pris, où bougeaient tous les sangliers de sa garderie. (A. Dumas.)

GARDE-ROBE s. f. Pièce dans laquelle on serre ses habits : iVe laissez pas irainer tout cela et portez-le dans ma garde-robe. (Mol.) Autrefois, la garde-robb, dans tes bonnes maisons, était une pièce assez spacieuse et assez éclairée pour contenir les portraits de famille. (Du Rozoir.)

Regarde, dan» ma chambre et dans ma garde-robe, Les premiers des Dandin ; tous ont porte la robe.

Racine.

I ! Grande armoire où l’on serre des habits. Cette acception a été introduite par une assimilation vaniteuse de l’armoire à l’appartement. L’exemple suivant, dans lequel la comtesse d’Escarbagnas, ayant voulu faire entendre qu’elle avait l’appartement, est déjouée par la réponse du domestique, en est une preuve frappante : Est-ce, madame, qu’à la cour une armoire s’appelle une garde-robe ?

Oui, butorde, on appelle ainsi le lieu où l’on met les habits. (Mol.) I ! PI. garde-robe ou garde-robes.

— Par est. Ensemble des hardes que l’on possède : Ma garde-robe n’est pas des mieux montées. Cet acteur a une magnifique garderobe.

— Particulièrem. Lieu oùl’on place la chaise percée : Quelquefois te duc de Vendôme donna ses audiences dans sa gardk-robe, étant sur la chaise percée. (St-Simon.) n Action de satisfaire ses besoins naturels : La gardk-robe a tant d’empire, qu’un dévoiement rend souvent un homme pusillanime. (Volt.)

Aller à la garde-robe, Aller à la selle, soulager son ventre : Un homme ne pouvait être regardé comme un dieu par ceux qui l’avaient vu aller à la garde-robb, (Volt.)

Plaisanterie de garde-robe, Plaisanterie sur les matières sales : Nos bons aïeux aimaient beaucoup /«plaisanteries de gardeRobe, et l’auteur de Poureeaugnac, du Malade imaginaire, ne les a pas dédaignées. (Du Rozoir.)

— Hist. Appartement où l’on serrait les habits du roi ou des princes de sa maison : La GARDE-robe du roi, de la reine, de Monsieur.

Il Administration particulière du linge et des habits du. roi et des princes : À la garderobe de la reine et des princesses étaient attachés une femme de garde-robe des atours, puis un porte-chaise d’affaires. (Du Rozoir.) il Ensemble des officiers préposés aux soins et à la garde du linge et des vêtements : La garderobe du rot était toujours de sa suite. Il Grand maître de la garde-robe, Grand officier chargé du soin des vêtements du roi.

— Méd. Matières fécales.

— Bot. Nom vulgaire de quelques plantes qu’on met dan3 le linge pour le parfumer et en éloigner les insectes. Telles sont, entre autres, plusieurs espèces de santolines, l’aurone ou citronelle.

— s. m. Tablier que l’on met sur une robe pour la préserver des taches et des accrocs : Un garde-robe gras servait de pavillon.

RÉONIER,

— Encycl. Hist. Grand maître de la garderobe. La charge de grand maître de la garde-

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robe fut créée en 1669, et donnée à l’un des premiers seigneurs du royaume. Les détails des fonctions qui en dépendaient sont minutieux, mais trop caractéristiques pour être omis. Le grand maître de la garde-robe avait le soin des vêtements ordinaires du roi. Lorsque le roi s’habillait, il lui mettait la camisole, le cordon bleu et le justaucorps. Quand le roi se déshabillait, le grand maître de la garderobe lui présentait la camisole de nuit, et lui demandait ses ordres pour le costume du lendemain. Les jours de cérémonie, il mettait le manteau et le collier de l’ordre du Saint-Esprit sur les épaules du roi. Quand le roi donnait audience aux ambassadeurs, le grand maître de la garde-robe avait sa place derrière le fauteuil du roi, à côté du premier gentilhomme de la chambre ou du grand chambellan. Il faisait confectionner les vêtements ordinaires du roi : mais aux premiers fentilshommes de la chambre appartenait ordonner le premier vêtement de chaque deuil et les vêtements extraordinaires pour les bals, mascarades et autres divertissements. Peu de temps avant la Révolution, le grand maître de la garde-robe avait 19,600 livres d’appointements. Une anecdote, racontée par Saint-Simon, prouve à quel point ces ridicules officiers royaux tenaient à leurs fonctions de valet : « Il faisoit une pluie, dit co chroniqueur, qui n’empêcha pas le roi de voir planter dans ses jardins. Son chapeau fut percé j il en fallut un autre. Le ducd’Aumont étoit cette année en charge (comme capitaine des gardes) ; le duc de Tresmes servoit pour lui. Le porte-manteau devait lui donner le chapeau ; il le présenta au roi. M. le duc de La Rochefoucauld, grand maître de la garde-robe, étoit présent. Cela se fit en un clin d’œil. Le voilà aux champs, quoique ami du duc de Tresmes. Il avoit empiété sur sa charge ; il y ailoit de son honneur. Tout étoit perdu. On eut grand’ peine à les raccommoder, p

Le grand maître delà garde-robe avait sous ses ordres deux maîtres de la garde-robe, qui servaient par année, et qui le remplaçaient en cas d’absence. Lors même que le grand maître était présent, c’était un des maîtres de la garde-robe qui présentait au roi la cravate, le mouchoir, les gants, la canne et le chapeau. Lorsque Je roi quittait un habit et vidait ses poches dans celles de l’habit qu’il prenait, le maître de la garde-robe lui présentait les poches pour les vider. Le soir, le roi remettait ses gants, sa canne, son chapeau et son épée au maître de la garderobe, et, après qu’il avait fait sa prière, il venait se mettre dans son fauteuil, où le maître de la garde-robe lui ôtait son cordon bleu, le justaucorps et la veste, et recevait la cravate.

Il y avait encore, pour le service de la garde-robe, quatre premiers valets de la garderobe, servant par quartier ; un porte-malle ; quatre garçons ordinaires de la garde-robe ; trois tailleurs, chaussetiers et valets de chambre ; un empeseur ordinaire, et deux lavandières du linge de corps. En 1789, la charge de grand maître de la garde-robe était possédée par le duc de Liancourt ; les deux maîtres étaient MM. de Boisgelin et de Chauvelin. On voit, par les almanachs royaux, que la garde-robe de la reine et des princes du sang comprenait, comme celle du roi, un nombreux personne !. La Restauration et tous les autres gouvernements monarchiques qui lui ont succédé ont rétabli, en tout ou en partie, cette domesticité de cour.

GARDE-ROBIER s. m. (gar-de-ro-bié —rad. garde-robe). Officier qui était chargé du soin de la garde-robe du roi ou d’un prince. Il PI. gardes-robikrs.

GARDE-RÔLE s, m. Employé qui gardait les rôles des offices, et faisait sceller les provisions. Il PI. GARDES-RÔLE OU GARDES-RÔLES.

GARDE-ROUE s, m. Mar. Tambour qui entoure en partie les roues à palettes d’un bateau à vapeur, il PI. garde-roue ou garderoues.

GARDE-SACS s. m. Par dénig. Greffier ou notaire : Garde - sacs, quelle injure ! (Ph. Chasles.) Il Vieux mot. PI. gardes-sacs.

GARDE-SALLE s. m. Escrim. Prévôt du maître dans une salle d’armes. Il PI. gardessalle.

GARDE-SCELLÉS s. m. Homme nommé pour garder des scellés. (I PI. gardes-scellés.

GARDE-temps s. m. Phys. Instrument propre a noter d’une manière permanente le moment précis du commencement et de la fin d’une expérience. Il Chronomètre d’une glande précision, il PI. garde-temps.

— Mar. Chronomètre suspendu dans le navire à la manière de la boussole, et réglé à l’heure du point de départ, ce qui permet de déterminer la longitude par le retard ou l’avance du garde-temps sur l’heure.du lieu d’observation.

GARDEUR, EUSE s. (gar-deur, eu-zerad. garder). Personne qui garde : Une gardeuse de dindons. Le mot de génisse, en français, est fort beau, et, surtout dans une églogue, vache ne s’y peut pas souffrir ; pasteur et berger y sont du plus bel usage, gardedr de pourceaux ou gardeur de bœufs y serait horrible. (Rollin.)

— Ane. prov. Mieux vaut bon gardeur que bon amasseur, Garder le bien qu’on a est plus

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difficile et plus utile que d’en acquérir d’autre.

Gardeane de dindons, Comédie de MM. Dartois et de Biéville, représentée aux Variétés en juin 1845. C’est une espèce de pastorale comique assez joliment tournée. La scène se passe à Vienne. Une gardeuse de dindons, du nom peu poétique de Gothe, est poursuivie par les obsessions d’un brillant seigneur, le comte de Neubourg ; naturellement Gothe est un dragon de vertu et veut garder intact, au jeune bûcheron qui l’aime, à Hermann, le trésor de son innocence ; mais les gen dlshommes passionnés sont des êtres bien habiles. Le comte de Neubourg ose emprunter le nom de l’empereur Léopold et faire, à ce titre, mander la belle Gothon, qui comparaît devant lui dans un petit pavillon solitaire ; elle vient, la candide enfant, pour solliciter, en faveur de son rustique amant, la place de garde-chasse impérial. Le faux empereur met à cette faveur des conditions exorbitantes, que la pauvrette refuse net, du moins elle le raconte ainsi au jaloux Hermann ; le jaloux Hermann n’en veut rien croire ; il chasse la malheureuse Gothe de sa présence, et sa colère s’appesantit sur les dindons eux-mêmes. Non content de ce double holocauste, il s’en va gourmnnder l’empereur lui-même, qui le reçoit fort bien, mais ne comprend rien à ses reproches : déjà l’impératrice, présente a l’entretien, s’alarme pour la fidélité conjugale ; Gothe veut, à son tour, demander à Léopold un brevet de vertu ; mais quoi, ce n’est pas cet empereur-là qui a cherché à la séduire. Tout s’explique : un audacieux s’est joué du nom de Léopold ; il faut le découvrir. Gothe, cachée derrière un rideau, voit défiler la cour devant elle, et désigne le comte de Neubourg, qu’elle a bien reconnu. L’empereur ordonne que, pour son châtiment, le noble séducteur épousera la belle gardeuse de dindons. Voilà Gothe condamnée, de son côté, à devenir comtesse, ce qui l’irrite fort. O mœurs naïves et germaniques 1 Heureusement. Hermann, qui, sous le nom du comte de Neubourg, a donné un rendez-vous à sa dindonnière, apprend d’elle, tandis qu’elle croit parler au comte, le récit fidèle de la nuit du pavillon, récit tout à son honneur, du reste. Ses soupçons tombent ; il rend son cœur à cette Lucrèce, et lui offre sa main par-dessus le marché. Et le comte, comment le punir ? ■ Sire, dit Gothe avec une rouerie peu pastorale, s’il épouse la baronne de "’, qui a payé ses dettes et à qui il a fait, en revanche, une promesse de mariage, il sera bien plus puni. ■ Ce qui fut fait. Dans cette agréable petite fantaisie, M°>« Déjazet déploya toutes ses grâces à la fois naïves et raffinées.

GARDE-VAISSELLE s. m. Officier de la maison du roi préposé à la garde de la vaisselle d’or et d’argent, il PI. gardes-vaisselle.

GARDE-VENTE s. m. Commis préposé à l’exploitation et à la vente d’un certain nombre d’arbres achetés.sur pied, il Pi. gardesvente.

GARDE-VOIE s. m. Employé de chemin de fer chargé de garder la voie. Il PI. gardesvoie.

GARDE-VUE s. m. Sorte de visière que l’on porte au-dessus des yeux pour les abriter contre une lumière trop vive. [| Cône tronqué que l’on place au-dessus de la flamme d un flambeau pour en rabattre la lumière au-dessous des yeux, il PI. garde-vue.

GARDIAGE s. m. (gar-di-a-je — rad. garder). Ane. coût. Territoire adjacent à la ville de Toulouse et soumis à la juridiction immédiate des capitouls.

GARDIANAT s. m. (gar-di-a-na). Hist. relig. Syn. de garmknnat.

GARDIATEUR s. m. (gar-di-a-teur). Magistrat établi à Lyon, sous le règne de Philippe le Bel, pour juger au nom du roi les appels des bourgeois.

GARD1Ë (de la), nom de plusieurs personnages suédois, d’origine française. V. La Gardiq.

GARDIEN, IENNE S. (gar-di-ain, iè-nerad. garder). Personne qui garde quelqu’un ou quelque chose : Le gardien d’un troupeau. Le gardien d’un prisonnier. Le gardien d’un trésor.

De mon dernier trésor je vous fais le gardien.

Florian.

Il Personne qui protège, qui veille à la sûreté, à la conservation de quelqu’un ou de quelque chose : Le médecin devrait être un fonctionnaire public, garjhen de la santé publique. (Maquel.)

— Personne qui veille auprès d’un malade ou d’un mort : Ma blonde et belle gardienne pressait mes mains bouffies et brûlantes dans ses fraîches et longues mains. (Chateaub.)

— Surveillant chargé de la conservation de certains lieux ou monuments publics : Les gardiens du jardin des Tuileries. Les gardiens d’un musée.

— Fig. Moyen préservatif ou de conservation : Le silence est le gardien de l’âme et la mortification de la langue. (Boss.) La laideur est la meilleure gardienne d’une jeune fille, après sa vertu. (Mme de Genlis.) La conscience est le gardien logé chez nous à nos frais, pour surveiller nos actes et en rendre compte. (Vi GARD

net.) Les sens sont les gardiens de notre conservation. (De Gérando.) Le droit ne sait pas se défendre lui-même ; son seul gardien, son seut appui, sa providence, c’est le devoir. (Droz.) La bouche est mauvaise gardienne du langage. (Renan.)

— Hist. relig. Titre que portent les supérieurs de certains couvents : Le père gardien. Le gardien des capucins.

Père capucin, confesse ma femme, Père capucin, confesse-la bien. Si tu ne la confesses pas bien, Je le dirai au père gardien.

(.Vieille chanson.)

— Jurispr. Celui qui est commis par la justice pour veiller à ce que rien ne soit distrait des objets saisis judiciairement : Gardien des meubles saisis. Les biens de l’avare sont en séquestre, il n’en est que le gardien. (Beauchêne.) Il Gardien des scellés, Préposé chargé de veiller à ce que les scellés soient respectés.

— Hist. Grand maître de l’ordre de la Jarretière, en Angleterre. Il Ecclésiastique anglais qui a la juridiction spirituelle d un diocèse pendant la vacance du siège. On l’appelle aussi gardien de la spiritualité, ii Gardien du palais, Titre que l’on donnait à l’archichapelain de la cour du roi de France. Il GardieiX de la régale, Officier qui percevait

au nom du roi les revenus des abbayes et des évêchés vacnnts. il Gardiens de Paris, Agents municipaux chargés de la surveillance dans cette ville. Il Gardiens de la. paix, Agents de police substitués aux anciens sergents de ville, à Paris, à la suite du i septembre 1870.

— Adjoctiv. Ange gardien, Bon ange qui veille sur la conduite d’une personne, d après la croyance catholique : Les anges gabdiens ne voient jamais une âme tombée qu’ils ne songent à la relever. (Boss.) il Par extens. Personne qui protège, qui soutient avec affection, avec dévouement : Sans vous, qui avez été mon ange gardien, je serais le plus malheureux des hommes. Ne devait-elle pas, elle, /’ange gardien de la gloire et de l’honneur domestique, empêcher toute fausse interprétation ? (L. Ulbach.)

— Hist. Lettres de garde gardienne, Lettres

fiar lesquelles le roi accordait à des particuiers ou à des communautés le droit d’avoir leurs causes commises devant certains juges.

— Syn. Gardien, garde. V. GARDE.

— Encycl. Jurispr. La désignation du gardien appartient de droit au débiteur saisi, qui doit proposer à cette fin une personne solvable (art. 596). Ce n’est qu’à défaut par le débiteur de présenter lui-même an gardien, ou, en tous cas, un gardien d’une suffisante solvabilité, qu’il en est établi un par l’huissier qui procède à la saisie. Ajoutons que le saisi lui-même peut être constitué gardien, mais à la condition que le créancier saisissant y consente. La nécessité de l’assentiment du créancier est, à cet égard, la règle générale ; Cette règle, néanmoins, a reçu dans la pratique quelques tempéraments. Quand les meubles saisis sont d’une valeur minime et que le débiteur s’offre à en accepter la garde, pour dégrever la procédure des salaires d’un gardien étranger, les juges, malgré la résistance du créancier saisissant, confient d’ordinaire cette garde au débiteur, s’il n’y a pas de raison de suspecter sa bonne foi. C est encore au débiteur que la garde devrait être commise, si les objets saisis sont de telle nature que leur surveillance et leur conservation exigent une expérience ou une aptitude spéciales. C’est ce qui a été jugé par un arrêt de la cour de Bordeaux du l" juillet 1833, dans une espèce où il s’agissait d une saisie pratiquée sur les animaux d’une ménagerie. La cour, malgré les réclamations du créancier, confia au montreur de lions et de panthères, débiteur saisi, la garde de ses redoutables pensionnaires.

Lorsque la garde n’est pas remise au saisi et qu’il n’ofire pas lui-même un gardien présentant les garanties voulues, il en est établi un par l’huissier. Sous l’ordonnance de 1667, la personne dont l’huissier faisait choix pour lui remettre la garde des meubles saisis ne pouvait, en général, décliner ce désagréable office. En l’absence d’une disposition impérative à cet égard dans nos lois actuelles, on décide à peu près unanimement qu’il est facultatif aujourd’hui d’accepter ou de refuser la garde d’une saisie. La loi exige que le gardien établi par l’huissier soit soivable, afin qu’il puisse répondre au besoin de sa négligence ou même de son infidélité, Toutefois on incline généralement à penser qu’il ne s’agit ici simplement que d’une solvabilité apparente. L acceptation de la garde étant désormais facultative, le choix de l’huissier est limité ; il ne peut s’adresser qu’à des gens de bonne volonté, et ceux qui s offrent spontanément pour ce genre d office sont rarement dans une situation opulente. Aussi, d’après la jurisprudence, la responsabilité de l’huissier est complètement couverte, à la seule condition qu’il n’ait pas constitué pour gardien un individu d’une insolvabilité notoire.

Quelques mots de la responsabilité du gardien lui-même. La règle, à cet égard, est posée dans l’article 1962 du code Napoléon, suivant lequel le gardien doit apporter les soins d’un bon père de famille à la conservation des choses qui lui sont confiées, et les re-