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charmés. Louis XIV était tout jeune encore ; mais on sait que, porté à la galanterie, à la débauche même, par tempérament, comme

Îplus tard par système, il n avait pas attendu e nombre des années pour jouer au jeu de l’amour. Il était à peine émancipé de la jaquette, selon l’expression de M. Pelletan, que déjà de Mme de Beauvais, la borgnesse, il avaitémigréàM11edeLamothe, puisàMmede Monaco dérobée au duc de Lauzun, puis à Marie de Mancini, puis à Olympe ; puis... la belle Provençale lui plaît : il la fait dîner à sa table, la fait monter dans son carrosse, danse avec elle dans les ballets. > Est-ce une candidature, ou mieux, encore une élection ?» Et l’on entoure la nouvelle favorite, on la complimente, on murmure son nom avec envie ; mais le vent apporte ces murmures jusqu’aux oreilles du marquis de Castellane. Or le jeune époux tenait encore à l’honneur de son blason, à son honnêteté, à son amour aussi, et il fait ce qu’aurait dû faire le marquis de Montespan avant de prendre le deuil de sa femme et de faire chanter, pour le repos de son âme, une messe en musique ; il l’enlève, un beau soir, comme un véritable héros de roman, aux premières pages d’un livre d’amour, et sans prendre congé du roi. Les deux amants vont cacher leur bonheur k Avignon. Malheureusement, le marquis de Castellane appartenait à la marine royale : un ordre du roi va le chercher dans sa retraite, l’arrache des bras de la belle Marie et l’envoie périr dans un naufrage sur les côtes de Sicile.

La douleur de la jeune veuve fut vraie et grande. Elle se retira dans un couvent, et, en sa première ardeur, voulut y consacrer à Dieu les jours qu’elle ne pouvait plus donner à son époux. Mais elle a dix-huit ans, et les hommages des plus grands seigneurs parviennent à franchir les hautes murailles et les grilles du cloître pour arriver jusqu’à, la belle recluse. L’un des prétendants, le sieur Lanide, marquis de Ganges, gouverneur de Saint-André, était beau entre tous, riche, plein de séductions ; il fut assez heureux et adroit pour faire oublier un instant à Marie celui qu’elle pleurait, pour lui donner l’espérance d’une vie heureuse, pour la dégoûter du cloître. Le mariage fut arrêté et conclu. C’était en 1658 ; la jeune veuve avait vingt ans.

Le marquis de Ganges, — c’est ici le lieu d’achever son portrait et d’esquisser celui des deux frères, les héros de la dramatique histoire que nous racontons, — le marquis de Ganges, ce gentilhomme beau, élégant, plein de grâces, d’attraits, était un être abject, bas, méprisable ; nous le verrons peu à peu, abandonnant toute contrainte, montrer son caractère dans toute sa monstruosité. Il avait deux frères : l’un, son cadet, était chevalier de Ganges ; l’autre, Je plus jeune, suivant l’injuste coutume de la noblesse, était abbé ; cet abbé est l’être hideux, l’âme la plus noire de cette famille tragique. « C’était un homme violent et souple, dit un des biographes de notre héroïne, vertueux et criminel, furieux et compatissant selon les circonstances, gouvernant entièrement l’esprit du chevalier, docile par faiblesse, et même celui du marquis, auquel il s’était rendu nécessaire par son économie dans l’administration de ses biens. »

Ici commence le drame ; on pourrait dire : ici commence la Passion de la marquise de Ganges, passion qui aura ses étapes douloureuses, son Golgotha, sa mort volontaire, héroïque. L’abbé et le chevalier de Ganges deviennent amoureux de leur belle - sœur, amour passionné, fou, furieux, étrange, qui ne pourra s’éteindre que dans le sang, par la mort.

Le chevalier, que n’ont point abandonné encore tout honneur et toute pudeur, cache en lui sa passion criminelle ; l’abbé, lui, bassement et tortueusement, prépare le chemin qui doit, il le pense, le conduire à la satisfaction de ses désirs. Pour cela, il excite et apaise tour à tour, et à volonté, la jalousie de son frère le marquis à l’égard de sa femme ; puis, un beau jour, il représente à la marquise que sa réputation, son honneur, son bonheur sont entre ses mains, et lui propose d’acheter tout cela en répondant k son amour, « Si vous avez appris à m’aimer, lui dit la marquise, il faut apprendre à m’estimer ; sachez que rien ne peut me déterminer à faire naufrage ; et si j’étais capable d’une pareille faiblesse, vous seriez le dernier homme pour qui je l’aurais. » Le misérable abbé ne songea plus qu’à se venger de celle qui le repoussait ■ avec tant de dédain. Il savait que son frère le chevalier, amoureux comme lui, comme lui, sinon avec autant de mépris, avait été rebuté. Il lui propose de s’associer à sa vengeance, et faible, dominé par l’abbé, le chevalier accepte. C’est à cette époque qu’eut lieu une première tentative d empoisonnement. La marquise, après avoir mangé une crème, se sentit tout k coup indisposée. On reconnut la présence de l’arsenic dans cette crème ; heureusement que son effet fut en partie détruit par le lait, et que l’indisposition n’eut pas de suites graves. On chercha, mais en vain, l’auteur du crime ; la victime seule le devina et mirait pu le désigner ; pour son malheur, elle ne le lit pas.

À quelque temps de là, le marquis proposa d’aller passer à Ganges les derniers beaux Jours de l’automne ; lajeuneépouse y conseil GANG

tltj mais non sans hésitation, sans serrement de cœur, sans un pressentiment secret de sa fin prochaine ; si bien qu’avant son départ la pauvre femme fit son testament ; elle léguait tout à sa mère, celle-ci devant à son tour appeler.à sa succession son petit-fils, alors âgé de six ans, ou sa petite-fille, qui n’en avait que cinq. Enfin, par une précaution qui fait bien deviner les douloureuses pensées qui l’agitaient, qui montre combien elle voyait d’un œil sûr l’avenir et chaque scène du drame dont elle allait être l’héroïne, elle déclara pardevant les magistrats d’Avignon qu’elle désavouait d’avance tout testament postérieur. Or la marquise de Ganges, déjà fort riche, venait d’hériter, par la mort de son aïeul maternel, d’une fortune considérable. Son testament fut son arrêt de mort : le marquis, qui convoitait l’héritage, furieux, fou de rage, devint le complice de ses frères contre sa femme.

Le ohàteau de Ganges, situé aux pieds des Cévennes, entre la rivière bleue de l’Hérault et le torrent de la Suméne, k 8 lieues environ de Montpellier, à 4 lieues du Vigan, est abandonné depuis le drame qui s’y déroula en 1667 ; une petite partie seule est habitée depuis quelques années par une congrégation religieuse. A moitié démoli, tombant en ruine, ses écussons brisés par le marteau de la justice, l’herbe poussant entre les pavés de ses cours, les plantes parasites grimpant k tous ses murs, ses fenêtres sans vitres, ses portes vermoulues, portent le deuil, la tristesse en l’âme de ceux qui le visitent. Au milieu de sa désolation cependant, on devine que le château de Ganges fut une résidence somptueuse. Par la pensée, revoyons-le tel qu’il était à l’époque du crime : les grands salons déserts sont richement meublés et décorés ; les cours, la vaste terrasse sont peuplées d’un monde de pages et de valets affairés ; les chiens aboient dans le chenil, les chevaux piaffent dans les écuries ; les daims, les chevreuils courent dans le parc immense qui entoure le château (et dont il ne reste rien aujourd’hui). Tous les jours, il y a fête nouvelle en l’honneur des nobles dames, damoiselles damoiseaux qui sont venus de Saint-Bauzile, de Saint-Laurent-de-Sumène, de plusieurs lieues à la ronde, saluer leur châtelaine. Aujourd’hui, c’est la danse du chevalet, demain celle des treilles ; après-demain, il y aura grande chasse, et, le soir, curée aux flambeaux.

Telle fut, brillante, magnifique, l’existence qu’on vécut au château dans les premiers jours où la marquise y résida. La jeune femme avait repris confiance, avait tout oublié près du marquis redevenu galant, près de ses beaux-frères redevenus respectueux. Cette galanterie, ce respect n’étaient que dissimulation, un moyen pour endormir la défiance de la marquise, pour l’approcher plus facilement, et plus sûrement la tuer.

Cependant l’hiver était venu, et la belle-mère de la marquise, Mme Ampus, se retira à Montpellier, où elle résidait habituellement. Le marquis, à son tour, et sous prétexte d’affaires, quitte Ganges pour aller à Avignon, confiant à ses frères le soin de sa vengeance.

L’abbé et le chevalier restaient maîtres du château, maîtres de la victime que d’avance ils avaient sacrifiée à leur criminel amour, à leur haine. L’effet ne s’en fit pas longtemps attendre. Un jour, c’était le 17 mai «6G7, la jeune marquise, souffrante, veut se purger ; l’abbé lui-même prépare la médecine ; mais, au moment de la prendre, la malade hésite, rejette le médicament. Le criminel se voyant deviné, furieux, veut en finir. Ici, laissons la parole au biographe, Fortin d’Urban : a 11 (l’abbé) détrempe dans de l’eau-forte de l’arsenic et du sublimé, et parait devant la marquise, tenant ce breuvage d’une main et un pistolet de l’autre. Le chevalier entre aussi, l’épée à la main. L’abbé, lançant h la victime un regard affreux, s’écrie : à Madame, il faut mourir ; voici le fer, le feu et le poison, choisissez. » En vain l’infortunée marquise a recours aux larmes : « Et vous « aussi, dit-elle au chevalier qu’elle croyait moins barbare, vous demandez ina mort ?... » Insensible aux pleurs de la beauté, sourd aux prières de l’innocence : ■ C’en est fuit, msdame, répond-il ; il faut prendre votre parti, . ou nous le prendrons pour vous ; » et en même temps il dirige vers sa poitrine la pointe de son épée, tandis que l’abbé lui tient le pistolet sous la gorge. La marquise levé les yeux au ciel, et avale le poison. Mais le chevalier, s’étant aperçu que la matière s’était précipitée au fond du verre, en fit une pâte avec un poinçon d’argent, et dit à la marquise : « Allons, madume, il faut avaler le goupillon. » Elle le prit, mais le retint dans sa bouche, et, s’étant enfoncée dans son lit, elle l’y rejeta sans qu’ils s’en aperçussent. Ensuite elle les conjura d’avoir pitié de son âme, et de lui envoyer chercher un confesseur. Les deux scélérats se retirèrent, fermant la porte sur eux, et allèrent chercher un prêtre attaché à la maison depuis vingt-cinq ans, et aussi profond scélérat que ses maîtres. À peine furent-ils sortis, que la marquise s’habilla, et, sans être effrayée du péril, elle gagna une fenêtre élevée de 22 pieds au-dessus de la basse-cour du château. Pendant qu’elle préparait ses draps pour faciliter sa descente, le prêtre arriva, et la marquise se précipita aussitôt ; mait le prêtre l’ayant retenue par le bout de sa jupe, et cette jupe lui

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étant restée dans les mains, elle tomba heureusement sur ses pieds, qui furent écorchés parce qu’ils étaient nus. Le prêtre, voyant la victime échappée, courut à une fenêtre sous laquelle elle devait passer, et fit tomber une grosse cruche d’eau pour l’écraser. La marquise était assise au bas de cette fenêtre, et se provoquait à vomir en mettant dans son gosier la tresse de ses cheveux ; la cruche tomba à ses pieds, et la peur qu’elle en eut, jointe à la violente commotion de sa chute, lui fit aisément rejeter la plus grande partie du poison : un sanglier domestique l’avala et en mourut. Après avoir repris ses sens, la marquise cherchait un asile ; elle aperçut un palefrenier : « Mon ami, lui cria-t-elle, ouvremoi l’écurie ; je suis empoisonnée, sauve-moi la vie. » Le palefrenier vole à son secours, la prend entre ses bras et la confie à des femmes. Cependant le chevalier et l’abbé étaient à sa poursuite, et la cherchaient de tous côtés ; la marquise, à cette nouvelle, prit la fuite au dehors ; les deux frères criaient en la suivant que leur sœur était folle, que sa maladie était causée par des vapeurs de matrice. Ils la joignirent a trois cents pas du château, auprès d une maison appartenant au sieur Duprat. Le chevalier l’y fit entrer, et comme le peuple s’attroupait à la porte, l’abbé resta en dehors, et, le pistolet à la main, menaça de casser la tète au premier qui approcherait ; ne voulant pas, ajoutait-il, que sa sœur se donnât en spectacle dans sa folie. Le sieur Duprat n’était point chez lui, et sa femme n osait secourir la marquise, tant le chevalier, qui s’y opposait, lui inspirait de terreur. Heureusement, la dame Brunel remit adroitement à la marquise une boîte d’orviétan qu’elle avait sur elle ; et celle-ci en prit plusieurs morceaux pendant que le chevalier, qui se promenait en la gardant, lui tournait le dos. Cependant le peu de poison qui lui restait dans le corps lui brûlait les entrailles ; il était si corrosif, que quelques gouttes échappées du vase avaient déjà noirci son sein. Elle demanda de l’eau ; mais le chevalier, qui ne" voulait pas qu’on la secourût, cassa le verre qu’on voulait lui présenter. Enfin, plein de rage de la voir lutter si longtemps contre la mort, le chevalier lui donna deux coups d’épée dans le sein. La malheureuse victime se traîne jusqu’à la porte, et, d’une voix éteinte, appelle du secours. La rage de son ennemi redouble ; il lui porte cinq coups, et laisse dans son épaule le tronçon de son épée. Des demoiselles qui étaient dans la chambre voisine accoururent aux cris de la marquise ; et la voyant tout ensanglantée, elles se jetèrent sur son assassin, prêtes à le déchirer. Le chevalier prit la fuite, et cria à son frère : « Retirons-nous, abbé ; l’affaire est faite. » L’abbé, voyant qu’on appelait par la fenêtre un chirurgien, monte dans la chambre le pistolet à la main pour achever la marquise ; mais ces demoiselles et la dame Brunel détournèrent le coup, puis elles se jetèrent sur lui avec une fureur inouïe, et le forcèrent à sortir de la maison.

Il était alors neuf heures du soir. Une des dames, femme d’un ministre, et experte dans la chirurgie, étancha les plaies, et trouva qu’aucun des coups n’était mortel ; mais il fallait retirer de l’épaule le tronçon de l’épée ; « Ne craignez rien, dit la marquise, appuyez

« votre genou contre l’épaule ; j’ai encore la

« force de souffrir cette opération. • Pendant ce temps, les consuls de Ganges vinrent lui offrir main-forte, et toute la noblesse des environs se rendit auprès d’elle. Le baron de Tressan poursuivit les assassins ; ils s’étaient déjà embarqués proche d’Agde, et ne craignaient plus la justice.

Cependant le marquis fit fort l’étonné quand on lui apprit que ses frères avaient fait tant d’éclat pour le débarrasser de sa femme. Il blâma leur imprudence, et se rendit à Ganges, mais si lentement qu’on le soupçonna d’avoir pris part au complot. La marquise le reçut avec la plus tendre effusion, imputant son malheur à l’absence de ce cher époux. Le marquis affecta quelques marques de douleur ; mais il se trahit lorsqu’il la pria de révoquer sa protestation contre tout testament postérieur à celui qu’elle avait fait dans Avignon, parce que le vice-légat avait refusé d’enregistrer le dernier. Ce fut alors qu’elle s’aperçut de la barbarie de son époux : aussi répondit-elle avec fermeté que sa situation demandait d’autres soins, et qu’elle laissait toutes choses dans l’état actuel. Mme de Rossan, sa mère, ne pouvant souffrir la vue du marquis, quitta sa fille trois jours après son arrivée, et la marquise demanda à

  • être transportée à Montpellier, où demeurait

sa mère, sous le prétexte d’être plus à portée des secours ; mais son état demandait du repos ; l’on ne songea qu’à guérir ses blessures, sans penser au poison. Son embonpoint et l’éclat de ses couleurs trompèrent les plus habiles ; mais la violence des douleurs lui fit connaître que bientôt elle ne souffrirait plus. Elle reçut les sacrements, et, après avoir conjuré son fils de laisser le soin de sa vengeance k Lieu et à la justice, elle expira sur les quatre heures du soir, le 5 juin 1GC", après dix-neuf jours de maladie. On ouvrit son corps aussitôt après sa mort ; la seule impression du poison lui avait brûlé les entrailles et noirci tout le cerveau. •

Après avoir raconté le crime, il nous reste à parler du châtiment, châtiment bien incomplet, bien peu proportionné à la grandeur du

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forfait. Deux seulement des scélérats, et cëu*là précisément qui n’avaient pas été agissants dans le drame horrible, furent arrêtés : la marquis de Ganges et le prêtre ; celui-ci fut envoyé sur les galères du roi ; celui-là, jugé par le parlement de Toulouse, perdit tous ses biens, tut dégradé de noblesse, et banni pour toujot’rs de sa patrie ; condamnation singulièrement indulgente, et qui, à quelque temps de là, fit dire à Louis XIV, auquel on demandait la grâce du marquis de Douse, accusé d’avoir assassiné sa femme : « II n’a pas besoin de grâce, puisqu’il est jugé par le parlement de Toulouse ; le marquis de Ganges s’en est bien passé. » Le chevalier et l’abbé de Ganges furent condamnés par contumace à être rompus vifs. JLe chevalier se rendit à Venise ; bientôt rejoint par son frère, tous les deux allèrent, dit-on, se faire tuer au siège de Candie.

Quant à l’abbé, réfugié en Hoîlande sous le nom de La Martellière, il se fit admettre comme précepteur du comte de Lippe, dans la maison souveraine de Viane. On raconte qu’il se fit aimer follement d’une jeune demoiselle de la famille, et que, comme on n’opposait à son mariage avec elle que l’obscurité de sa naissance, il eut la témérité de vouloir lever cet obstacle en découvrant son nom. Mais à ce nom répondit un cri d’horreur et d’effroi. « Ganges est chez moi, s’écriait la comtesse, et je suis encore vivante ! • Le misérable fut chassé de la maison, de la principauté, et alla se cacher à Amsterdam, où la jeune fille, devenue sa maîtresse, eut le courage de le suivre pour y vivre et mourir avec lui. Quelques-uns ont dit que, dans les dernières années de sa vie, il changea de religion et se fit admettre dans un consistoire de protestants.

Les romanciers, les dramaturges, les poètes ont à l’envi choisi, exploité et le plus souvent défiguré le drame douloureux que nous venons de raconter. Rappelons, en terminant, quelques-unes de ces elucubrations. Une seule histoire de la marquise de Ganges a le mérite de l’exactitude, c’est celle de M. de Eortia d’Urban (1810, in-12), que, du reste, nous avons déjà citée dans le courant de cet article.

Après cet ouvrage, il nous faut mentionner : les Lettres historiques et galantes de Mme Dunoyer. Dans ces lettres, on trouvera des détails très-curieux sur l’abbé de Ganges, en Hollande ; on pourra également y chercher quelques particularités sur le marquis ; l’auteur assure l’avoir vu après sa condamnation dans la ville d’Avignon, d’où il aurait été chassé Sur la’dénonciation de son fils. Il faut lire encore la Marquise de Ganges, par M. de Sades (1813, 2 vol. in-12), quoique l’auteur ait forcé, assombri la couleur de ce draine horrible. Alexandre Dumas, dans ses Crimes célèbres, a consacré, lui aussi, quelques pages k îa marquise de Ganges. Dans ces pages, on retrouve les qualités et les défauts du plus grand romancier, de la figure la plus dramatique de notre époque, c est-à-dire une narration vive, animée, pleine d’un puissant intérêt, mais pleine aussi d’inexactitudes, surtout quand il s !ngit de décrire le théâtre du crime, que l’auteur n’a certainement pas visité. Enfin Une famille tragique (13G2, in-18, chez Michel Lévy) a pour sujet l’histoire de la marquise, ou, plus exactement, de la famille de Ganges. De cet amour insensé, criminel des trois frères pour Marie de Rossan, l’auteur fait une question physiologique, une question de tempérament ; cet amour se transmet de molécule en molécule comme un fatal héritage, et le fils de la marquise devient amoureux d’une jeune fille parce qu’elle ressemble à sa mère ; le marquis lui-même est amoureux, et pour la même cause, de celle qu’aime son fils. De !à, entre le père et son enfant, et dans le château même de Ganges, clans la chambre même, au pied même du lit de la belle et infortunée Provençale, des scènes étranges, pleines d’horreur, pleines d« dégoût.

Le 18 novembre lsi 5, le théâtre de la Gaîté a représenté un mélodrame de Boire et Léopold, qui avait pour titre : la Marquise de Ganges ou les Trois frères. Enfin, Gilbert a écrit une épître adressée par la marquise de Ganges à sa mère. Dans cotte héroïde, on ne trouve pas l’énergie, la verve de la Satire du xvmc siècle, ni la grandeur de VOde imitée de plusieurs psaumes, ni le charme douloureux des stances que le poëie composa quelques heures avant de mourir.

GANGETICUS SINUS. V. Gange (golfe du).

GANGÉTIQUE adj. (gan-jé-ti-ke). Géogr.

Qui appartient, qui a rapport au Gange :

Golfe GANGÉTIQUE.

GANGIAR s. m. (gnn-ji-ar). Sorte de cimeterre des pachas d’Égypte. U On dit mieux

CANGIAR.

GANGLIFORME adj. (gan-gli-for-me — as ganglion et de forme). Anat. Qui a la forme d’un gangiion. |t On dit aussi gangliomorphk.

GANGLIITE s. f. (gan-gli-i-te — rad. ganglion). Pathol. V. OANGLIUN1TE.

GANGLIOCARCINIE S. f. (gan-gli-O-karsi-ni

— de ganglion, et du gr. karkinos, cancer). Pathol. Cancer des ganglions lymphatiques.

GANGLIOLEUCIE s. f. (gan-gli-o-leu-slde ganglion, et du gr. leukos blanc). Pathol,