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GANE

qu’on lui consacrait et les avait fait relier en volume. Il s’en montrait naïvement affamé, comme s’il eût pressenti qu’il ne lui serait pas donné d’en jouir longtemps. On trait suffirait à le peindre. Un de ses feuilletons venait de paraître dans le Pays. Inquiet et agité comme un jeune poète le jour d’une première représentation, il errait sur le boulevard, guettant ce qu’on en pourrait dire. Il aperçoit Henri Murger au café des Variétés, Il y entre. < Bonsoir, Murger ! » s’écrie-t-il, et il ajoute avec émotion : « Avez-vous lu mon feuilleton de ce soir ? — Pas encore. • Gandon tire de sa poche un numéro du Pays : « Tenez, le voilà. Donnez-moi votre opinion bien franchement. » Murger se soumet et lit, tout en dégustant sa deini-tasse. «Eh bien ? demande l’auteur, anxieux. — Eh bien, c’est amusant, » lui est-il répondu. Le front de Gandon devient sombre : ■ Non, mon cher... dites-moi votre opinion carrément, ne me trompez pas I — Pourquoi diable voulez-vous que je vous trompe ? — C’est que vous me dites que c’est amusant d’un air... — Mais, mon ami, réplique Murger impatienté, je ne peux cependant pas tirer le canon pour votre feuilleton !» Quoi qu’il en soit, il faut tenir compte à Gandon de son courage, de son labeur, de sa jeunesse persistante. Si l’on s’en rapporte au Figaro, le jour où il a quitté la table de Dinochau, dont il était le plus joyeux convive, un mot échappa à Gandon qui a fait croire depuis à ses amis qu’il avait réellement le don de seconde vue. Il laissait un petit compte à régler et réclamait sa note. « Je veux, disait-il, que toutes mes affaires soient liquidées pour le 10 novembre. » Et le 10 novembre, en effet, Gandon mourait d’une paralysie subite du cerveau, attribuée un peu à ses émotions littéraires. Quelques jours avant cette mort foudroyante, un journaliste demandait à Gandon ce qu’il pensait de son nouveau métier. « Je le trouve plus dur que le premier, « répondit-il avec un gros soupir. Le fait est que, si fort et si bien constitué qu’il fût, il a servi moins longtemps dans les lettres que dans les chasseurs d’Afrique. Le dernier ouvrage de Gandon, celui qui clôt la série d’histoires militaires formant son œuvre, est VOncle Philibert, dans lequel on retrouve la liberté d’allures et le sans-gène de l’auteur.

GANDOUANA, ancienne province de l’Indoustaa, dans la partie septentrionale du Decan, entre le Mahanady et le Godavéry. Les Anglais se sont rendus maîtres, en 1818, de la partie N. du pays. La partie S., qui formait le royaume de Nagpour, est tombée en leur pouvoir en 1854.

GANDOURA s. f. (gan-dou-ra). Sorte de longue blouse en étoffe très-légère, que l’on porte en Orient et en Afrique : Voilà les marchands de cafetans, de gandouras et de robes de chambre en soie de Brousse. (Th. Gaut.)

— Encycl. La gandoura est un vêtement qui participe de la chemise et de la tunique des anciens. Elle est sans manches, comme un sac dont le fond serait percé de trois trous, l’un pour passer la tête, les deux autres, sur le côté, pour les bras. Le vêtement est, le plus souvent, en laine, ou bien en toile de coton, et se porte quelquefois directement sur la peau. Les raffinés portent une chemise par-dessous. L’étoffe est plus ou moins fine et généralement rayée de couleurs tendres. La gandoura est toujours serrée sur les hanches, par une ceinture de cuir.|

GANE s. et adj. (ga-ne). Traître, parjure. Il Vieux mot d’où est venu sans doute le nom du traître Ganelon.

GANEBELLONNE s. f. (gha-ne-bê-lo-ne). Bot. Châtaigne de Périgueux assez grosse, pointue, aplatie, un peu brune, qui se conserve longtemps en vert.

GANEÇA ou GANESA, dieu de la sagesse dans l’indoustan. Fils de Parvati et de Siva ou de Parvati seule, il eut à soutenir diverses luttes avec Vichnou, Siva et Skanda, devint, par la suite, un des plus fermes sectateurs de Siva et eut, de deux femmes, Siddhi et Roudhi, deux enfants appelés Lakcha et Labha. Ganeça préside au mariage, aux grandes transactions de la vie, à toutes les cérémonies religieuses, inspire les grandes pensées j les résolutions utiles. Les Indous lui attribuent l’invention des mathématiques, de l’astronomie. Ils n’entreprennent rien sans avoir préalablement invoqué Ganeça. Les habitants de la côte de Commande ! placent son image dans leurs maisons, leurs rues, leurs temples, sur les grands chemins et dans les plaines. Ganeça est représenté avec une tête d’éléphant, symbole de discernement, un ventre énorme, des jambes grosses et courtes, et accompagné d’un rat, animal regardé par les Indous comme sage et prévoyant. Il a quatre mains : l’une tient une conque, l’autre un disque, une autre une massue et la quatrième un lotus. Sur quelques - unes de ses images, on voit, dans une de ses mains, une espèce de croc, dans l’autre un lotus, dans la troisième une de ces olles qui servent à écrire, dans la quatrième un corps arrondi qui ressemble ù un œuf et qui est un gâteau. Sa tête d’éléphant n’a qu’une défense : Vichnou, sous la forme de Parasu-Roma, voulant un jour parler à Siva, fut arrêté par Ganeça qui gardait la porte. Ils se battirent et Ganeça perdit une défense. Voici la légende qui explique sa tête d’éléphaut. Parvati venait d’en GANE

fanter, et toute la cour céleste rendait hommage à son divin rejeton. Sani seul détournait les yeux, sachant qu’ils consumeraient ce qu’ils apercevraient. Parvati, prenant cela pour une insulte, le força par ses reproches de regarder son fils, dont la tète fut aussitôt consumée. À ce spectacle, Parvati, furieuse, voulait se venger. Brahma l’en empêcha et dit à Sani de prendre la tète du premier animal qu’il trouverait couché vers le nord ; il rencontra un éléphant ainsi placé, lui coupa la tête et la fixa sur le corps de Ganeça. Une autre légende, dont la signification religieuse est bien claire, se rapporte à Ganeça. Luttant un jour, avec Skanda, à qui ferait le plus vite le voyage le plus complet, il fit avec son rat le tour de la Trimourti ou Trinité, tandis que Skanda s’amusait à faire le tour du monde. Après ce voyage assez facile, Ganeça dit aux dieux : • J’ai tourné autour du Créateur, du Conservateur et du Destructeur ; j’ai donc fait le tour du ciel et de la terre, ainsi mon voyage est terminé. » Skanda s’avoua vaincu.

GANELOPî, célèbre personnage des épopées carlovingiennes où il personnifie le traître. Dans l’histoire, c’est un archevêque de Sens, accusé de trahison par Charles le Chauve, puis réconcilié avec ce monarque. Comment la légende a-t-elle à ce point transposé les époques, défiguré les caractères, qu’elle a fait d un archevêquii un paladin, compagnon de Roland, puis un traître qui livre l’arrièregarde franque à Ronce vaux ? C’est ce qu’il est curieux d’examiner.

Si l’on se reporte aux textes historiques, il est hors de doute que le traître envers Charlemagne dans cette affaire de Roncevaux, ce fut le duc de Gascogne, Lope, • un vrai loup de fait comme de nom, ■ dit une charte de Charles le Chauve, datée des calendes de février 845. Le petit-fils de Charlemagne, faisant mention de ce désastre de son aïeul, ujoute un détail qu’Eginhard nous laissait ignorer, à savoir, que » Lope, fait prisonnier, finit misérablement ses jours au bout d’une corde. » La trahison ne resta donc pas complètement impunie. Au lieu de cette potence, qui, apparemment, ne satisfaisait pas encore 1 indignation populaire, la légende fait périr Ganelon é car télé.

Mais pourquoi ce nom de Gaftelon substitué à celui du vrai coupable ? Qui était Ganelon ? D’abord simple clerc de la chapelle royale, il fut élevé par Charles le Chauve a l’épiscopat. Ce fut lui qui, le siège de Reims étant vacant, sacra le monarque dans la cathédrale privilégiée. Nous leivoyons ensuite toutpuissant dans les conseils du roi, comblé de richesses et d’honneurs. En 853, Charles le Chauve nomme trois missi dominici pour le pays de Sens : Odon, Donat et Ganelon ; la même année, Ganelon assiste au concile de Verberie ; en 845, il avait fait nommer Hincmar à Reims. Tout à coup, en 859, Ganelon se sépare de Charles le Chauve et embrasse ouvertement le parti de Louis le Germanique. Un concile est assemblé à Savonnières, près de Toul, auquel l’empereur adresse une dénonciation contre l’évêque de Sens. Il joint à sa lettre un acte officiel où ses griefs sont formulés en seize articles :

« Art. l«r. Ganelon me servait comme clerc de ma chapelle : il m’avait juré fidélité ; je l’ai fait archevêque de Sens.

Art. 2. Lors du partage du royaume (842), Ganelon a signé le contrat entre mes frères et moi.

Art. 3. Ganelon m’a sacré dans la cathédrale de Reims.

Art. 4. Lorsque la sédition commença de lever la tête dans mon royaume, je fis une proclamation ; Ganelon la signa.

■ Art. 5. Quand j’ai marché contre les païens retranchés dans l’île d’Oissel, Ganelon, sous prétexte de ses infirmités, est resté chez lui. Mon frère Louis, profitant de mon ubsence, fit irruption dans mon royaume ; seul de tous mes évêques, Ganelon eut avec lui des conférences que je n’avais point autorisées et dont le but était do me renverser. « Art. 6. Quand j’ai marché contre mondit frère et les ennemis tant de l’Jiglise que du royaume, Ganelon m’a refusé l’assistance qu’il me devait, et cela malgré mes prières instantes.

Art. 7. Lorsque mondit frère m’eut pris mon neveu, mes sujets, eut opprimé mon royaume, Ganelon passa de son côté pour faire à lui tout le bien, à moi tout le mal en son pouvoir ; dans mon palais d’Attigny, dans la paroisse et la province d’un autre archevêque resté fidèle à mes intérêts, Ganelon célébra la messe aux séditieux excommuniés. Il assistait au concile où, par artifice et mensonges, l’on détacha de moi mon neveu Lotbaire.

Art. 8. Ganelon prit part à tous les conseils, soit publics, soit privés, où mon frère cherchait les moyens de me ravir ma part du royaume dont lui-même, Ganelon, m’avait sacré roi. »

Les autres articles parlent des récompenses dont Louis le Germanique avait payé la trahison de Ganelon. Ainsi, Ganelon avait obtenu l’évêché de Bayeux pour un sien parent, nommé Tortolde, si mauvais sujet que le concile fut obligé de le chasser de son siège. Ici l’affaire s’arrête, les pièces manquent, et nous n’apprenons le dénoùment que par ces quatre lignes de l’annaliste de Saint- •GANE

Bertin : ■ 859. L’évêque de Sens, Ganelon, sans avoir comparu devant les évêques du synode, se réconcilie avec le roi Charles. » Il mourut en 865. « Tel est l’homme, dit M. Génin, qu’une tradition vague, venue jusqu’à nous, désigne comme l’original du Ganelon des légendes carlovingiennes, et l’examen des faits ne fournit rien qui ne vienne à l’appui. Le prince trahi par Ganelon, soit clémence, soit faiblesse, lui pardonna ; mais le peuple fit justice de l’évêque de Sens, en attachant aux souvenirs les plus douloureux pour la France son nom, devenu désormais synonyme de traître envers son prince et envers son pays. Cette identité est un point très-important, car elle servirait à démontrer que la légende de Roncevaux s’est formée, au plus tôt, vers la fin du ixe siècle ou au commencement du x=. » (La Chanson de Jioland, poëme de Théroulde, texte critique accompagné d’une traduction, d’une introduction et de notes, par F. Génin, Paris, Imprimerie impériale, 1850, p. 27.)

Tel est le Ganelon de l’histoire ; voyons maintenant le Ganelon de la légende. Conseiller de Charlemagne, ami de Roland, il personnifie la trahison, la félonie, à côté de deux autres figures de traîtres, Rainfroi et Girard de Fratte ; mais son caractère est différent. Rainfroi est un criminel ambitieux qui est puni par l’intervention divine ; Girard de Fratte représente l’orgueil indiscipliné et invincible, l’obstination, 1 inflexibilité dans le caractère. Ganelon, lui, offre peut-être des traits moins repoussants. Sans doute, il est égaré ; sans doute, il faillit à son devoir ; mais, presque toujours, il obéit à une passion amoureuse. Il cède à des faiblesses de cœur, et c’est la jalousie qui lui fait commettre les crimes les plus atroces.

Envoyé comme ambassadeur par Charlemagne auprès du roi Marsille, il se laisse corrompre et s’engage à livrer l’arrièregarde ; et ainsi sera perdue la bataille de Roncevaux. ainsi périra Roland, le fiancé de la belle Aude. Rentré en France, Charlemagne fait juger Ganelon au champ de Mai ; le. coupable demande le jugement de Dieu : son champion est vaincu par celui de Roland ; le traître est écartelé, et toute sa famille pendue. Ecoutons Théroulde :

>... Les François sur tous les autres sont d’accord que Gane doit mourir en un supplice estrange. Partant l’on fait avancer quatre destriers, puis on lie Ganelon et des pieds et des mains ; les coursiers sont farouches, pleins de feu ; quatre valets les chassent devers une cavale attachée au milieu d’un champ. Les nerfs du martyrisé d’abord se vont tous allongeant, puis de son corps les membres se deschirent : sur l’herbe verte en rayonne le sang. Gane est mort en félon avéré. Qui trahit son prochain, c’est droit qu’il ne s’en vante. » Pour les autres, c’est-à-dire les parents de Ganelon : rc Trente ils estoient, les trente sont pendus. De tels félons soit l’engeance destruite ! > (Chant V, trad. Génin.)

Ce supplice ne satisfait pas suffisamment l’indignation populaire. Avant de mourir, Ganelon passe par diverses péripéties, pendant lesquelles il est tour à tour maltraité et ridicule. Par exemple, reconnu coupuble, il est livré aux mains des garçons de cuisine. Ce | comique est un peu grossier et fait frissonner ■ quelquefois ; mais c’était le seul qui eut quelque accès sur les âmes belliqueuses et farouches de nos pères.

La tradition du traître Ganelon s’est continuée d’âge en âge et a laissé son empreinte sur le caractère national. Nous en citerons un exemple. Il existe sur les bords du Loir, dans le pays Dunois, à Montigny-le-trawnelon, un vieux burg qui passe pour avoir appartenu au lieutenant de Charlemagne. Or, dans les rixes fréquentes qui survenaient, naguère encore, entre les gens de Montigny et ceux de Cloyes, ces derniers jetaient à leurs voisins le mot de trahison en manière d’injure et de défi : « Moiuigny-le-Gannelon où s’est fait la première trahison. » Ainsi le veut la croyance populaire, et tel est le dicton encore répété dans le pays dunois.

En Italie, en Espagne, le type de Ganelon ■ n’est pas moins célèbre. À Nepi, dans les anciens États de l’Église, on voit encastrée dans le mur de la cathédrale, près de la porte latérale, cette inscription en latin : « L’an du Seigneur 1131... les soldats et consuls de Nepi se sont liés par serment : si l’un d’entre nous veut rompre notre association, qu’il soit avec ses adhérents expulsé de tout honneur et dignité ; qu’il partage le sort de Judas, Caïphe et Pilate ; qu’il meure de la mort infâme de Ganelon, et que sa mémoire même soit anéantie. » (Lebas, Recueil d’inscriptions, 5« cahier, p. 191.)

La même tradition s’est conservée en Allemagne, et la trace s’en retrouve dans tous les poëmes du moyen âge.

GANELONNERIE s. f. (ga-ne-lo-ne-rî — du nom de Ganelon). Trahison, action perfide : Je ne vous dirai plus rien de M. de Marseille ; je prends M. d’Usés pour témoin si je doute de la sincérité de votre conduite et de la ga- NELONNKaiB de la sienne. (Mme de Sév.) y Inus,

GANER v. n. ou intr, (ga-né — rad. gano). Jeux. À l’Hombre, faire, demander ou accepter gano.

GANE

GANERBIEN b. m. (ga-nèr-bi-ain). Hist. Membre du ganerbinat. U On dit aussi ga-

NERBB.

GANERBINAT s. m. (ga-ner-bi-na — rad. ganerbe). Hist. Union de nobles allemands, qui s’étaient associés pour se défendre contre les brigands. Il On dit aussi gani ; rbiat.

GANESCO (Grégory), publiciste français, né en Roumanie vers 1830. Il se rendit de bonne heure en France, où il se créa de nombreuses relations dans le monde politique. En 1880, il devint rédacteur en chet du Courrier du dimanche, journal d’opposition libérale, qui fut très-gouté du public, car il était rédigé par des’écrivains de beaucoup de talent, au premier rang desquels brillait Prévost-Paradol. La feuille de M. Ganesco finit par inquiéter un pouvoir ombrageux, qui n’admettait alors ni contrôle ni critique. M. de Persigny, en ce moment ministre de l’intérieur, après avoir frappé d’avertissements, de condamnations et de suspensions le Courrier du dimanche, s’en prit personnellement à son rédacteur en cher, et, comme celui-ci n’était pas Français, il lui signifia un beau jour d’avoir à quitter la France au plus vite. M. Ganesco se rendit alors en Allemagne, et fonda peu après, à Francfort, un journal français, l’Europe, qui acquit une rapide notoriété. Lorsque, durant la guerre qui éclata, en 1866, entre la Prusse et l’Autriche, le général Vogel de Falckenstein entra dans Francfort (17 juillet), il prononça, entre autres mesures vexatoires, la suppression de Y Europe, dont la publication cessa définitivement vers la fin de l’année suivante. M. Ganesco revint en France, se fit naturaliser, puis devint rédacteur en chef du Nain jaune, journal littéraire, qu’il transforma en journal

Folitique. Jusqu’alors il avait fait partie de opposition libérale ; mais, vers cette époque, il se rapprocha du gouvernement, devint un des adhérents de la politique de M. Rouher, et se présenta en 1S6S, avec l’appui de l’administration, comme candidat au conseil général dans le canton de Montmorency (Seineet-Oise), où il avait établi sa résidence. Sa campagne électorale, dans laquelle il prodi-gua les discours et les tasses de calé aux électeurs ruraux, fit beaucoup de bruit. II servit pendant quelque temps de cible aux épigrammes des journalistes de l’opposition, mais n’en fut pas moins élu, et son élection donna lieu à de vives protestations. Au commencement de 1869, il devint rédacteur en chef du Parlement, journal impérialiste, qui fut l’organe de M. Rouher, mais qui n’eut qu’un nombre infime d’abonnés. Lors des élections générales de mai 1S69, le conseiller général de Montmorency, enhardi par son premier succès, n’hésita point à se mettre au nombre des candidats au Corps législatif dans le département de Scine-et-Oise, sans avoir toutefois le patronage de l’administration ; mais il n’obtint qu’un imperceptible nombre de voix, malgré ses frais d’éloquence et de propagande à travers les cabarets. Vers le mois de juillet IS70, il quitta la rédaction du Parlement, dont la ligne politique ne répondait plus, dit-il alors, à la sienne. Indépendamment d’un très - grand nombre d’articles politiques, écrits dans un style un peu traînant et émaillés de citations latines, on lui doit Diplomatie et nationalité (1S56, in-8<>).

Le recueil intitulé Papiers et correspondance de la famille impériale (1870) a livré à la publicité deux curieuses lettres de M. Ganesco, que, dès 1868, le ministre de l’intérieur Pinard appelait un « pécheur repentant. » Dans l’une, adressée à l’empereur, à propos des élections de 1869, il lui expose, dans un langage quelque peu amphigourique, que, s’il a maintenu sa candidature au Corps législatif dans un» circonscription de Seine-et-Oise, « c’était pour faire vivre la candidature officielle, par (l’impression que cent trente discours improvisés, pendant dix-sept jours, devaient laisser dans l’esprit des populations, par la vibration patriotique que l’âme popufaire, si intimement attachée aux Napoléon, a ressentie devant un jeune homme qui, quoique en butte aux tracasseries des agents de 1 administration, ne cédait pas un pouce de terrain aux partisans des dynasties déchues, i En conséquence, il lui demande, lui «qui s’est attiré toutes les haines des ennemis de l’Empire, » d’apprécier si sa plume et sa parole, sou dévouement et son expérience des choses publiques peuvent être de quelque utilité. Dans la seconde lettre, datée du 30 janvier 1870, M. Ganesco, alors rédacteur du Parlement, demande à M. Conti de montrer à l’empereur son article intitulé : la Chute de l’Empire. « Je défends l’Empire contre l’orléanisme, » lui dit-il, et il ajoute avec une touchante modestie ; « Rarement je monte à la tribune dans une réunion publique (et j’y monte au moins trois fois par semaine), sans qu’un émissaire orléaniste soit là, flanqué de quelques irréconciliables, pour se rendre compte du mal que je pourrais faire, à la tribune du Corps législatif, aux adversaires do l’Empire, pour se rendre compte aussi’de la différence de mon talent de parole et de celui que le favori exclusif du prince, M. Duvernois, prodigue à la tribune de la Chambre des représentants. » Après la chute de l’Empire, M. Ganesco quitta Paris et alla rédiger la Liberté h Tours, puis à Bordeaux. Depuis lors’, attaché, dit-on, au cabinet de M.Thiers,