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le même lieu Galatëe écoutant Polyphème qui joue de. la flûte, et Polyphème lançant un rocher contre Acis et Galatée.

Plusieurs autres peintres ont représenté le Triomphe de Galatée. Nous citerons, entre autres compositions sur ce sujet : un tableau de l’école de Botticeîli, au musée de Dresde ; un tableau de l’Albane, de la mé : ne galerie, qui a été gravé par G. Longhi (1813) ; un tableau de Luca Giordano, au musée de l’Ermitage, qui a été gravé par Benedetto Eredi, R. Earlom (1779), L. Dennel ; une composition du Dominiquin, gravée par Aug. Blanchard ; une peinture de Carie Maratte, qui a été gravée par J. Audran, pour le recueil de Crozat ; un tableau de D. Feti, au musée du Belvédère ; diverses estampes de B. Biscaino, de T. van Kessel (d’après Rubens), de P. Brebiette, de Michel Dorigny (d’après S. Vouet), de P. van den Berge, de J. Gole et de L. Desplaces {d’après A. Coypel), de Louise Le Daulceur (d’après E. Bouchardon), etc. Une statue en bronze de Galatée sur les eaux a été exposée par Marin, au Salon de 1831,

Les amours d’Acis et de Galatée ont inspiré bon nombre d’artistes français ; nous citerons entre autres : Claude Lorrain (tableau, au musée de Dresde, gravé par Gmelin), L. Lenain (gravé par J. Le l’autre), Charles de La Fosse (gravé par E. Jeaurat, 1722), Fr. Marot (gravé par Ben. Audran), Fr. Perrier (tableau, au musée du Louvre), A. Watteau (gravé par le comte de Caylus), Crozier (gravé par Nie. Heideloff), A. Glaize (Salon de 1845), G.-R. Boulanger (Salon de 1849), Ottin (groupe en marbre et en bronze, au jardin du Luxembourg).

GALATÉE ou GALATHÉE, nom que la fable donne à la statue animée par "Vénus, à la prière du sculpteur Pygmalion.

Gnintée, opéra-comique en deux actes, paroles de MM. Jules Barbier et Michel Carré, musique de M. Victor Massé, représenté à l’Opéra-Comique le 14 avril 1852. Le théâtre représente l’atelier de Pygmalion. Le célèbre statuaire a chargé son serviteur Ganymède, être paresseux et gourmand, de la garde do la statue de Galatée, qu’il vient d’achever et dont il est éperdument épris. Jlidaa, opulent sybarite, arrive et demande à voir le chefd’œuvre. L’infidèle Ganymède, corrompu par quelques éeus, écarte le rideau qui voile la statue. Pygmalion entre sur ces entrefaites, il s’emporte contre son esclave et chasse Midas de chez lui. Resté seul avec son idole, l’artiste s’exalte : il veut qu’elle réponde à son ardeur insensée ou bien il va détruire l’œuvre de ses mains. Un chœur invisible chante les vers suivants :

0 Vénus, des Amours suivie. Ton haleine aux douces chaleurs Pénètre les bois et les fleura, 0 Vénus ! source de la vie !

PYHMALION.

0 Vénus ! sois-moi clémente ! Exauce les vœux D’un cœur malheureux ! Sur’ cette beauté charmante, Répands en ce jour La vie et l’amour ! O Vénus, que ma voix tremblante Monte jusqu’à toi ! La lumière pour elle et le bonheur pour moi ! Que par toi sa bouche respire, Que ton souffle vienne enflammer Cette bouche qui peut sourire Et ce regard qui peut aimer ! .. Que par toi ce marbre soit femme ! Et que par ton pouvoir vainqueur Il reçoive une âme, 11 reçoive un cœur ! O ciel ! que vois-je ! est-ce un prestige ! Est-ce une fièvre de mes yeux ? ^ Sur elle, sur son front, sur sa bouche... ô prodige ! La vie et la chaleur semblent tomber des cieux ! Déjà dans son œil étincelle

Un regard frais et pur [ Déjà, déjà le sang ruisselle

Dans ses veines d’azur ; Dans son corps, une âme nouvelle Semble se révéler, Elle écoute et cherche autour d’elle) Dieux ! elle va parler !

Le livret de Galatée a des qualités littéraires incontestables et il offre de fort beaux vers. Mais la partie trop comique, la familiarité, nous dirions presque la bassesse du dialogue, gâtent un sujet éminemment lyrique, qui pouvait rester intéressant et réussir sans les concessions faites à la portion la moins éclairée des habitués de Feydeau. Galatée, à peine devenue femme, a. mille caprices, et désespère Pygmalion par son ingratitude ; elle préfère à son amant mélancolique l’imbécile Ganymède ; elle accepte les présents du vieux Midas, dont elle se moque. Elle fait pis encore ; elle s’enivre de vin de Chio.

Ah ! verse encore 1 Vidons l’amphore I Qu’un flot divin De ce vieux vin Calme la soif qui me dévorei Le vin Est un trésor divin !

(V. la musique ci-après.) Enfin, après cent tours de sa façon, elle se dispose à fuir avec Ganymède, lorsque Pygmalion, guéri a

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jamais de sa passion par ce nouvel outrage, demande que Galatée redevienne statue : O toi qui lui donnas la vie et la beauté, Pour la seconde fois que ne peux-tu m’en tendre 1 Vénus ! que ne peux-tu lui rendre Son immobilité !

L’artiste est exaucé, et il vend sans regret la statue à Midas. Ses amis entrent, et Pygmalion leur promet de se consoler en leur compagnie de sa déception. Cette fin est vulgaire et dépare l’œuvre.

Oui, mes amis, soyez contents ; Dans la coupe aux flots écumants, Je veux noyer une folle chimère. Et j’ai retrouvé mes vingt ans ! A moi, folles maîtresses, Ephémères tendresses, Qui ne durent qu’un jour. M. Jules Barbier aurait délaisser à M. Scribe ces éphémères tendresses, qui ne durent qu’un jour, comme aussi ne pas imiter de si près la coupe du brindisi de la Reine de Chypre :

Tout n’est dans ce bas monde Qu’un jeu, dans cette Strophe du finale :

Loin des esprits moroses,

Vivons ;

Et sur des lits de roses, ’

Buvons.

1" Couplet. Léger cl bien rhythrné.

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La pièce de Galatée renferme, comme nous l’avons dit, des choses charmantes et des inégalités regrettables.

La partition de M. Victor Massé a été fort goûtée ; elle renferme des mélodies heureuses, d’un tour élégant, et instrumentées avec esprit. Les couplets de la paresse :

Ah ! qu’il est doux De ne rien faire, Quand tout s’agite autour de nous !

et le brindisi : Ak ! verse encore, ont obtenu le plus grand succès. Les rôles de Pygmalion et de Galatée ont été créés par Mlle Vertheimber et M™e Ugalde ; ceux de Midas et de Ganymède, par Sainte-Foy et Mocker. Cet ouvrage est resté au répertoire, La partition en a été réduite pouf le piano par M. Vauthrot.

Gnlafée (AIR DE LA COUPE). L’air de la

coupe rappelle forcément le souvenir de Mme Ugalde, qui’a Créé Galatée avec un éclat sans pareil. Aucune des cantatrices qui lui ont succédé, Mme Marie Cabel pas plus que les autres, n’y a apporté cette audace, ce

« diable au corps qui appartient exclusivement aux artistes de génie. Dans cet air, qui est réellement un chef-d’œuvre de mélodie et de

! couleur, Mme Ugalde avait trouvé des inflexions

et des nuances qui ont échappé aifx

] autres interprètes. ’,

" Couplet. Léger et bien rhythrné. n a 3

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Sa -couleur est blonde et ver-meil - le ;

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cor !

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vin, Cal - me, la soif qui me dé - vore, Le vin, ’ le vin est un tré - sor di ClIŒUR. ’ ~~ GALATHÉE.

vin ! Le vin est un tré - sor di - vin ! Le vin est un tré - sor di ClICEUR GALATHÉE. v

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vin ! Le vin est un tré - sor

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—P— ?- ?— 9 DEUXIÈME COUPLET.

Déjà, dans la coupe profonde Tout s’éclaire d’un nouveau jour. J’y vois les sottises du monde, Et les mensonges de l’amour. J’y vois par des enchanteresses To ; is les cœurs plus ou moins dupés ; Par leurs femmes ou leurs maîtresses J’y vois tous les hommes trompés ! Ah ! verse encore, etc. GALATÉE, personnage créé par la muse de Virgile dans sa troisième églogue. Deux jeunes bergers, Damète et Ménalque, se détient sur la flûte et prennent pour juge le berger Palémon. Chacun d’eux se met à chanter ses amours.

— — — di - vin !

DAMBTE.

Galatée me jette une pomme et s’enfuit, la jeune folâtre, derrière les saules ; mais auparavant elle veut être aperçue :

Malo me Galatea petit, lasciva puella. Et fugit ad salices, et se cupit ante videri.

Ces vers de Virgile sont devenus la devise de la coquetterie agaçante, de la beauté qui s’enfuit, trop certaine qu’elle sera poursuivie, et par extension d’un petit grain d affectation dans la pudeur et la modestie. C’est de ce passage de Virgile que Montesquieu et J.-J. Rousseau se sont évidemment inspirés dans les citations suivantes :

« C’est le rôle des femmes de fuir devant

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les hommes, lors même qu’elles ont dessein de se laisser attraper. »

« Les femmes ne sont pas faites pour courir ; quand elles fuient, c’est pour être atteintes. » ’

Les phrases suivantes montreront l’usage fréquent que nos écrivains font de cette fine et piquante observation du poste latin :

o La plupart des bienfaiteurs qui font mine de se cacher, après vous avoir fait du bien, s’enfuient comme la Galatëe de Virgile : et se cupit ante videri. »

Chamfort.

« Dans son discours, M0 Jules Favre fait défiler une à une les brillantes silhouettes de ses collègues, et il s’efface lui-même avec une modestie affectée. Il parle de Me Berryer, et il s’atténue ; il cite d’autres membres de l’ordre, Me Marie, Me Plocque, et il s’enfuit comme Galatëe qui va se cacher dans les saules, mais pour être mieux vue. i ■

(Le Figaro.)

« Chez Dickens, comme chez tous les romanciers de son pays, les mœurs sont toujours respectées ; c’est surtout par la chasteté que se recommandent les romans anglais ; on y embrasse bien par-ci par-là quelques minois agaçants de jolies filles d’auberge, de séduisantes soubrettes et même de furtives coquettes de haut étage, qui, comme Galatée, se sauvent, non sous les saules, mais derrière les portes pour y être suivies ; mais cela en tout bien tout honneur ; les convenances, la décence y sont toujours sauvegardées. »

Corréabd.

« Si j’avais triomphé quelquefois, ce n’avait été qu’à force d’entêtement ; mais de ces provocations fines et charmantes qui disent : « Aimez-moi, » et vous épargnent la moitié du chemin, je n’avais pas encore eu lieu de m’en enorgueillir. Jamais jusqu’alors Galatée, après m’avoir lancé sa pomme, n’avait fui vers les saules en m’invitant a la poursuivre. » Ch. de Bernard.

« Au bois de Boulogne, on n’a pas le temps d’analyser le beau monde qui passe en voi-ture ; il paraît et il s’en va ; il montre sa grâce, et il fait comme Galatée, qui s’enfuit dans les saules quand on l’a vue.

J. Janin.

n Dans le peu qu’on lit d’elle (M™» Récamier), il y a une netteté, une finesse, une correction élégante, une urbanité naturelle, qui mettent en goût le lecteur délicat. La joli récit qu’elle a fait de ses courses à Rome avec une noble et bien gracieuse reine, alors exilée, la nuance d’affection et d’espièglerie mystérieuse qui anime ces pages, donnent le regret d’en voir si vite la fin. C’est toujours Galatée qui vous jette une seule pomme d’or, et qui s’enfuit en se faisant désirer, i

, Sainte-Betjve.

« Quant à Fantine, c’était la joie. Ses dents splendides avaient évidemment reçu de Dieu une- fonction, le rire. Elle portait à sa main plus volontiers que sur sa tête son petit chapeau de pailla cousue, aux longues brides blanches. Ses épais cheveux blonds, enclins à flotter et facilement dénoués, et qu’il fallait rattacher sans cesse, semblaient faits pour la fuite de Galatée sous les saules. »

Victor Hugo.

n Ne crois pas que ce mot soit tombé étourdiment de la plume de ta fiancée. — Explique-toi.—Si elle a écrit : Italie, c’est qu’elle a voulu t’engager à l’y suivre. Galatée en fuyant retournait la tête. Quelle femme n’est pas un peu Galatée ? »

A. Achard.

Gaiaiée (la), pastorale espagnole de Michel Cervantes. Cet ouvrage, que Cervantes n’a point achevé, fut un tribut payé à la mode, sous l’influence des sentiments que lui inspirait la personne qui devint plus tard son épouse, dona Leonor de Salazar y Palacios. La scène est, en effet, sur les bords de l’Hénares, qui arrose la ville d’Alcala >a Les bergers et les bergères de Cervantes, . dit M. Saint-Marc- Girardin, n’ont pas la naïveté pastorale, mais ils ont quelquefois l’ingénuité humaine, c’est-a-dire cette vraie et charmante simplicité qui n’est le propre d’aucun temps, si ancien qu’il soit, pas même de l’âge d’or, mais qui est de tous les âges, parce qu’elle est vraiment celle du cœur humain. » Bien qu’il ait exprimé le regret de n’avoir pas achevé la Galatée, l’auteur de Son Quichotte était trop clairvoyant pour ne pas discerner les défauts essentiels d’un genre étroit et borné, voué presque nécessairement à l’affectation. Cervantes a consigné son opinion à cet égard en divers endroits ’de ses ouvrages. Le plus piquant de ses jugements se rencontre dans la conversation entre Scipion et Berganza, chiens de l’hôpital de Tolède doués subitement de la faculté da