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le fixer en France par un évêché, fut choisi pour arbitre dans les conflits qui s’élevaient dans les communautés, fonda, en 1607, l’Académie florimontane, et fit paraître, en 1608, son Introduction à la vie dévoie, dont le succès fut énorme. Ce fut en 1610 que Mme de Chantal se rendit auprès de lui à Annecy. François de Sales, qui avait formé depuis longtemps le dessein de fonder une congrégation destinée au soin des pauvres et des malades, sous le nom de Visitation de la Vierge, put alors réaliser son projet. Il mit à la tête de la nouvelle congrégation, érigée quelque temps après en ordre, Mme de Chantal, qui s’associa d’abord deux dames de ses amies et se dévoua entièrement au développement de cette institution charitable. En 1614, l’évêque de Genève établit des chartreux à Ripaille et des barnabites à Annecy. Dans les controverses religieuses qui s’élevèrent à cette époque, il se prononça toujours dans le sens de la modération, s’attachant à rapprocher les partis adverses. Comme Henri IV, Louis XIII voulut l’attacher à la France, et le cardinal de Retz lui proposa d’être son coadjuteur ; mais François de Sales, très-attaché à son diocèse, refusa toutes les dignités qu’on lui proposa. Il était sur le point de se démettre de ses fonctions épiscopales pour vivre dans la retraite, lorsque, dans le cours d’un voyage, il mourut d’une attaque d’apoplexie à Lyon. François avait eu des relations avec les personnages les plus distingués de son temps et comptait saint Vincent de Paul au nombre de ses plus chers amis. Comme orateur sacré et comme écrivain, François de Sales se distinguait par un ascétisme que tempérait l’onction, la douceur, par un style plein de charme et d’originalité, et par les effusions d’un mysticisme qui se renfermait toutefois dans les limites de l’orthodoxie. Il fut canonisé en 1665 par Alexandre VII, et il est honoré par l’Église le 29 janvier. Ceux de ses ouvrages qui firent la plus grande sensation sont : l’Introduction à la vie dévote (1608), qui eut plus de quarante éditions et qui fut traduite dans toutes les langues, et le Traité de l’amour de Dieu. Ses Œuvres complètes, qui contiennent un grand nombre de lettres intéressantes, ont été publiées à Paris (1835, 16 vol. in-8o). En 1856, on a découvert au Mans quelques Lettres inédites de lui.

— Iconogr. La Vie symbolique du bienheureux François de Sales, par A. Gambart, publiée à Paris en 1664 (in-12), est ornée de cinquante-deux gravures d’Alb. Flamen. Des estampes retraçant la vie du même saint ont été gravées par F. Chauveau en 1657. D’autres gravures consacrées à saint François de Sales ont été exécutées par Charles Audran, Germain Audran (1683), Jean Audran, N. Bazin (d’après A. Dieu), A. Boudon, Gr. Huret, Michel Lasne, Jean Morin, etc. Gilbert Francart, élève de Rubens, a peint Saint François de Sales recevant les hommages des anges : ce tableau, exécuté en 1664, l’année qui a précédé celle où fut canonisé l’évêque de Genève, est placé au couvent de la Visitation de Dijon. D. Gabbiani a peint, pour l’église des Saints-Apôtres, de Florence, une composition analogue à celle de Francart, la Gloire de saint François de Sales. Un tableau de J. Amiconi, peint pour l’église de Notre-Dame-de-Consolation, à Venise, et qui a été gravé par Fr. Bartolozzi, représente Saint François de Sales terrassant l’hérésie. Plus récemment, Alexandre Hesse a peint, dans une chapelle de l’église Saint-Sulpice, à Paris, trois compositions remarquables relatives à saint François de Sales : nous leur consacrons ci-après un article spécial. Un autre artiste de talent, M. Jobbé-Duval, a exécuté, pour une chapelle de l’église Saint-Louis-en-1’lle, à Paris, deux peintures à la cire d’un coloris un peu lourd et d’un modelé un peu sec, mais d’une belle ordonnance : l’une représente saint François de Sales commençant, à Thonon, la conversion des protestants ; l’autre nous montre le même saint apportant des secours et des consolations à des paysans réduits à la misère par la chute des avalanches. Citons enfin un tableau de M. Loyer, exposé au Salon de 1864 : Saint François de Sales dans le Chablais.

François de Sales (LES ACTES et LA GLORIFICATION DE SAINT), peintures murales d’Alexandre Hesse (église Saint-Sulpice, à Paris). Ces peintures, qui décorent une chapelle dédiée au saint évêque de Genève, sont au nombre de trois : deux sont exécutées sur les parois verticales ; la troisième, qui représente la Glorification du saint, orne la voûte.

Sur l’une des parois verticales, l’artiste a peint la Prédication de saint François dans le Chablais. Le vénérable prélat est debout sur un petit roc, à l’ombre d’un arbre au tronc vigoureux ; d’une main, il tient un crucifix ; de l’autre, il montre le ciel. Devant lui, quinze à vingt paysans, vieillards et enfants, jeunes hommes et jeunes femmes, les uns debout, les autres assis, d’autres agenouillés ou même prosternés, l’écoutent avec une expression de recueillement et de foi naïve. Les physionomies de ces auditeurs rustiques sont pour la plupart très-vraies, très-heureusement rendues. Quelques attitudes semblent un peu exagérées, par exemple celle d’un paysan qui s’est jeté la face contre terre, et celle d’une jeune fille qui embrasse le roc avec ses deux bras convulsivement levés. D’autres figures manquent un peu de la gravité du style religieux. « M. Alexandre Hesse, a dit M. Fournel, s’est préoccupé du pittoresque un peu plus qu’il n’était nécessaire en pareil sujet. Qu’il se soit attaché à la variété des groupes, des personnages, des attitudes, des costumes, je le conçois, et il le devait. Cette mère qui tient son poupon dans ses bras ; ce mendiant caduc, couvert d’un sayon de poil de chèvre, la gourde pendue au côté et les pieds enveloppés de bandelettes ; cette vieille au capuce jaunâtre ; cet homme à la tête intelligente qui écoute, drapé dans son manteau et adossé à un arbre, tout cela diversifie heureusement la scène et forme autant d’épisodes étroitement liés au sujet ; mais le bout de l’oreille du peintre de genre passe dans quelques détails anecdotiques ou familiers, assez peu d’accord avec la sévérité du grand style religieux : tels sont ce voyageur qui s’est arrêté, en passant, avec son paquet suspendu sur l’épaule au bout d’un bâton, et, à l’arrière-plan, près d’une chaumière en ruine, cette paysanne qu’on voit arrivant, un pot sur la tête, comme la Perrette de La Fontaine. Mais ce ne sont là que des détails perdus dans l’ensemble et qui enlèvent peu de chose à la sérieuse valeur de l’œuvre. »

La composition qui fait vis-à-vis à celle que nous venons de décrire nous montre Saint François de Sales remettant à sainte Françoise de Chantal les constitutions de l’ordre de la Visitation. Vêtu de ses insignes épiscopaux, debout sur les marches d’un autel, au milieu de ses diacres, le prélat présente à la sainte, agenouillée devant lui, le livre qui contient la règle du nouvel ordre. Deux autres religieuses sont également à genoux et prient derrière leur mère. Le reste de la composition est rempli, à gauche, par des prêtres et des moines, à droite, par une foule pressée de seigneurs et de grandes dames. En haut, le ciel s’est ouvert, et on entrevoit dans une gloire la Vierge tenant entre ses bras l’enfant Jésus à qui saint Augustin montre la pieuse cérémonie. Suivant M. Fournel, cette peinture est d’un coloris moins séduisant que la précédente ; elle n’en a pas la souplesse, l’aisance, la légèreté lumineuse ; le dessin est parfois contourné, et le maniérisme apparaît ça et là.

Le plafond représente le saint s’élevant au ciel, guidé par un ange qui le tient par la main, et entouré d’autres anges dont l’un porte sa crosse et sa mitre, l’autre son Introduction à la vie dévote. Cette composition se distingue par la simplicité de son ordonnance et l’élévation du style.


FRANÇOIS-XAVIER (saint), apôtre des Indes et du Japon, né en 1506, au château de Xavier, près de Pampelune, mort dans l’île de San-Chan en 1552. Il était fils d’un conseiller de Jean III, roi de Navarre. C’était, dit un auteur contemporain, un gentilhomme accompli de manières et de sentiments ; brave, honorable, généreux, facile à entraîner et très-capable lui-même d’entraîner les autres ; facile à persuader et persuasif lui-même ; plein d’énergie, de patience et de résolution. À vingt-deux ans, il était professeur de philosophie à l’Université de Paris. Ce fut là qu’il fit la connaissance d’Ignace de Loyola, le fameux fondateur de l’ordre des jésuites, dont il devint bientôt l’ami intime et le compagnon. Peu après, il partit à la tête de la première troupe de prosélytes envoyés en pèlerinage à Rome par Loyola. Quand Jean III, roi de Portugal, voulut convertir les Indes portugaises, il choisit Bobadilla pour chef de cette croisade, et, à défaut de celui-ci, tombé malade, son choix se reporta sur Xavier. Le vaillant missionnaire partit aussitôt pour Lisbonne, vêtu d’une soutane rapiécée, dit la chronique, et avec un bréviaire pour tout bagage. De là, il s’embarqua pour Goa, sur un navire qui portait le gouverneur de cette ville et mille hommes de troupes. Il partait rayonnant de joie, à la pensée des âmes qu’il allait arracher à l’idolâtrie. En route, il refusa la cabine qu’on lui avait réservée, dormit sur le pont avec un rouleau de cordes pour oreiller et partagea l’ordinaire des matelots, soignant ceux-ci dans leurs maladies, les amusant par ses récits et s’en faisant adorer par sa bonté et sa simplicité. Arrivé à Goa, le pieux missionnaire fut épouvanté de la dépravation des habitants, des colons européens aussi bien que des indigènes. Il se mit à parcourir les rues avec une petite sonnette pour attirer le monde et pria qu’on lui envoyât les gens pour les instruire. Il visitait les malades, les lépreux, vivant dans les hôpitaux, et pénétrant jusque dans les lieux de débauche. Après avoir prêché à Goa, sur la côte de Comorin, à Ceylan, dans l’Île de Célèbes, à Meliapour, à Malacca, etc., et avoir fait, dit-on, d’innombrables conversions, et même des miracles, il passa au Japon (1549), où sa mission fut moins brillante. Enfin, après douze ans de fatigues incroyables, Xavier, entraîné par son zèle intrépide, allait passer en Chine, lorsqu’il mourut de la fièvre, dans l’île de San-Chan. Il avait fait faire des traductions en langue du pays du catéchisme, du Credo, des Commandements, du Pater et de quelques autres exercices, et les distribuait sur sa route. Il établit près du cap Comorin trente prédicateurs et pasteurs de trente églises chrétiennes, pauvres églises qui se composaient le plus souvent de simples huttes avec un crucifix. Sa canonisation eut lieu en 1622, et il est honoré le 3 décembre. Le P. Bouhours a écrit sa vie. On a de lui des Lettres, traduites en français par M. Léon Pages (1854), qui y a joint une vie du saint.

— Iconogr. Un tableau de Carlo Dolci, qui appartient au palais Pitti, représente saint François-Xavier on habit de pèlerin, le bourdon au côté, un chapelet pendu à la ceinture, les yeux levés au ciel et la tête ceinte d’une auréole. Ce tableau a été gravé par V. Benucci. D’autres figures du même saint ont été peintes par Rubens (gravé par P. van Ballius), A. Dieu (gravé par N. Bazin), R. Vanni (gravé par G. Chasteau), Largillière (gravé par N. Bazin), Ch. Natoire (gravé par Jean Aubert), etc. Diverses estampes relatives à ce saint sont dues à Martin Bass, Ad. Bartsch, Michel van Lochon, Schelte à Bolswert, B. Kilian, Ch. Audran, Et. Baudet, El. Hainzelmann, G. Massi.

Rubens a peint Saint François-Xavier prêchant aux Indes (musée du Belvédère, à Vienne) ; Th. Chassériau a retracé le même sujet, dans l’église Saint-Roch, à Paris ; Poussin a représenté Saint François-Xavier ressuscitant une Japonaise (musée du Louvre): nous donnons ci-après la description de ces trois peintures. Un tableau représentant Saint François-Xavier au Japon a figuré comme œuvre de Van Dyck à la vente de la célèbre galerie de Pommersfelden (1867). Corn. Galle a gravé, d’après Érasme Quellyn, Saint François-Xavier guérissant un malade ; F. de Louvemont a gravé, d’après Ciro Ferri, Saint-François-Xavier priant Dieu de faire cesser la peste. Un tableau de M. Alexandre Desgoffe, commandé par le ministère de l’intérieur et exposé au Salon de 1840, représente saint François-Xavier en extase dans un paysage solitaire. La Mort de saint François-Xavier a été peinte par Carle Maratte (gravé par Mallia), par Palcko (gravé par Bartolozzi), par L. Giminiani (gravé par le comte de Caylus et Lesueur, dans le Cabinet Crozat), par M.-E.-J. Lafon (lithographie par Soulange-Teissier, 1857). Un bas-relief de Luc Breton, figurant l’Apothéose de saint François-Xavier, se voit au musée de Besançon.

François-Xavier évangélisant les Indiens et ressuscitant les morts (SAINT), chef-d’œuvre de Rubens ; musée du Belvédère, à Vienne. Le saint missionnaire, vêtu de la robe noire de son ordre, est debout, à gauche, sur une haute estrade assez semblable à un piédestal ; derrière lui est un jeune moine portant un livre sous le bras. Une foule nombreuse, composée de gens appartenant à diverses nations, est accourue pour entendre l’apôtre. Celui-ci, la main gauche levée vers le ciel, la droite tendue vers ceux qui l’entourent, a un air vraiment inspiré. À sa voix, les morts ressuscitent. Au premier plan, un homme qui vient d’être ainsi rappelé à la vie est entouré de trois femmes, dont l’une le débarrasse de son linceul, tandis que les deux autres témoignent au saint toute leur gratitude. Une femme, tenant dans ses bras son enfant mort, implore la puissance miraculeuse de l’apôtre. Un peu plus loin, un nègre soutient son maître, ressuscité. Dans le fond de la composition, s’élève un temple magnifique orné d’idoles, dont l’une vient de tomber de son piédestal sous les yeux de ses adorateurs épouvantés. Sur les nuées apparaît la Religion, ayant à la main un calice et entourée d’anges dont quelques-uns soutiennent une croix.

Ce tableau est considéré à bon droit comme un des plus beaux ouvrages de Rubens. « La composition, dit Smith, est ordonnée avec un art si consommé, la lumière et les ombres sont distribuées avec une si merveilleuse habileté et la couleur a une telle puissance, que l’effet général a une magnificence tout à fait extraordinaire. » Ce chef-d’œuvre a été gravé par Marinus.

François-Xavier ressuscitant la fille d’une Japonaise (SAINT), tableau de Poussin ; musée du Louvre (n° 434). La jeune fille, étendue sur sa couche funèbre, renaît à la vie ; une femme, remarquable par sa beauté, lui soulève la tête ; une autre, d’un âge plus avancé, placée au pied du lit, tend les bras vers la ressuscitée. Saint François et Jean Fernandez, son compagnon, prient de chaque côté du lit. Le premier, les mains jointes, lève les yeux vers le ciel où le Christ apparaît entouré d’anges. Plusieurs Japonais regardent avec étonnement et admiration cette scène miraculeuse.

Ce tableau, dans lequel Poussin a déployé ses qualités accoutumées d’expression et de style, fut peint en 1641 pour le noviciat des jésuites, à Paris, et devint la propriété du roi en 1763. Il a été gravé par Gantrel, par P. Brevet et dans le recueil de Landon (III, pl. 23). On nous saura gré de reproduire ici l’appréciation que Sauval a faite de ce chef-d’œuvre dans son livre sur les Antiquités de la ville de Paris (I, p. 462). « Poussin a disposé ses figures en sorte qu’elles voient toutes le miracle, et a remué leurs passions avec un jugement et une adresse qui lui est toute particulière. Il a conduit et manié leur douleur et leur joie par degrés, à proportion des degrés du sang et de l’intérêt, ce qui paraît visiblement sur leurs visages et par leurs attitudes toutes différentes. L’un s’étonne du miracle, l’autre en doute ; l’un, par sa gaieté, témoigne son contentement ; l’autre, par la continuation de sa tristesse, montre qu’il ne s’en rapporte ni au récit d’autrui, ni à sa vue. La femme, au chevet du lit, est plantée et courbée avec une science et une force toute spirituelle et tout à fait merveilleuse. On remarque dans les yeux, la bouche, le mouvement des bras, lès plis du visage et toutes les actions de l’autre qui est au pied du lit, que la douleur qui s’était emparée de son âme ne cède qu’à grande force à la joie… Il n’y a que Poussin au monde capable d’exprimer ce combat de passions si opposées dans une même personne et sur un même visage… La figure du Christ est toute majestueuse et divine ; elle est si finie dans toutes ses parties, qu’il n’y a que le seul Raphaël qui en puisse faire une semblable. »


FRANÇOIS Ier, roi de France, né à Cognac en 1494, fils de Charles, comte d’Angoulême, cousin germain de Louis XII. et de Louise de Savoie. Le roi n’ayant pas d’enfant mâle, le jeune François se trouvait, comme son plus proche parent, l’héritier présomptif de la couronne. Le sire de Boisy, son précepteur, s’efforça de lui inspirer, avec le goût des armes, l’amour des lettres et des arts ; il y réussit en partie ; mais malheureusement c’est presque uniquement dans les romans de chevalerie que le jeune prince puisa son instruction et jusqu’à ses idées sur le gouvernement et sur les prérogatives de la royauté. En 1515, il succéda à Louis XII, dont il avait épousé la fille Claude de France. Les débuts de son règne furent extrêmement brillants au point de vue militaire :héritier des prétentions de Louis XII sur le Milanais, il descendit en Italie, battit les Suisses au service du duc de Milan, à la sanglante bataille de Marignan, qui dura deux jours et qui fut appelée le combat des géants, et entra en triomphe dans Milan, dépouilla le duc Maximilien Sforza de ses États, mais lui donna une pension considérable pour aller vivre en France, et gagna les Suisses en signant avec eux un traité de paix, qui fut complété l’année suivante sous le nom de paix perpétuelle entre la France et la Suisse. Après avoir ainsi brisé la ligue de ses ennemis, il se rapprocha du pape Léon X et signa avec lui le concordat, beaucoup plus avantageux, d’ailleurs, au saint-siége qu’à la France (v. concordat). Par le traité de Noyon, signé l’année suivante (1516) avec Charles d’Autriche qui venait de monter sur le trône d’Espagne, par l’alliance avec Venise (1517) et avec l’Angleterre (1518), qui rendait Tournay, il acheva la pacification de l’Europe, et se trouva dès lors un des plus puissants princes de la chrétienté. À la mort de Maximilien Ier, l’empire vacant se trouva revendiqué par Charles d’Autriche, son petit-fils, et par François Ier, qui n’avait pas d’autres titres que les mulets chargés d’or qu’il envoya aux électeurs pour enlever leurs suffrages. Il se vit néanmoins préférer son rival, devenu dés lors, sous le nom de Charles-Quint, chef d’un empire immense. De là cette rivalité fameuse entre les maisons de France et d’Autriche, qui dura tant d’années et qui donna lieu à tant de guerres. Les deux compétiteurs s’étaient juré de rester amis, quel que fût le résultat de l’élection ; mais tous deux n’attendaient qu’un prétexte pour éclater. François Ier, jugeant la lutte imminente, ulcéré, d’ailleurs, par l’humiliation de son insuccès, prépara une alliance avec le roi d’Angleterre Henri VIII, et se rencontra avec lui au Camp du drap d’or (1520) ; mais cette entrevue ne répondit pas à son attente, et il vit même plus tard le roi d’Angleterre se déclarer contre lui. La guerre éclata dans la même année ; elle eut trois théâtres principaux : 1° le nord de la France, d’où les impériaux furent repoussés en Flandre et où ils eussent été écrasés complètement sans l’incapacité militaire de François Ier, incapacité que ne compensait pas sa brillante valeur personnelle ; ils échouèrent également devant Mézières, défendue par Bayard (1521) ; 2° les Pyrénées, où les Français, commandés par Lesparre, subirent une défaite ; 3° l’Italie, où Lautrec, à la tête des mercenaires suisses qu’il ne pouvait solder, fut vaincu à la Bicoque (1522) et perdit le Milanais. Bientôt une ligue formidable, composée du pape, de l’empereur, de l’Angleterre, du duc de Milan et des républiques italiennes, se forma contre la France, et une suite de revers pour notre pays en fut la conséquence. La défection du connétable de Bourbon, qui, poussé à bout par les persécutions de Louise de Savoie, passa à l’empereur ; l’invasion de la Picardie par les Anglais et les impériaux ; les défaites de Bonnivet en Italie ; la mort de l’illustre Bayard, tué à Rebec, pendant la retraite ; l’invasion de la Provence par Bourbon et Pescaire, signalèrent cette nouvelle période de la lutte. Le roi de France franchit enfin les Alpes et descendit de nouveau en Italie ; mais ce prince, à la fois très-brave et très-incapable, commit la faute de disséminer ses forces, puis celle d’attaquer l’ennemi non loin de Pavie, au lieu de l’attendre dans ses retranchements, comme c’était l’avis des meilleurs généraux, et il fut vaincu et fait prisonnier (1525). C’est alors qu’il écrivit ces deux lettres fameuses, l’une à Charles-Quint, pour implorer sa pitié, l’autre à sa mère, Louise de Savoie, pour lui annoncer sa défaite. C’est dans cette dernière, suivant la tra-