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ture ancienne, qui, en 1814, reprit son ancien nom d’Académie des inscriptions et belles-lettres, a publié, de 1814 à 1838, 7 volumes, dont le dernier achève l’histoire littéraire du xiiie siècle.

Voici le plan de dom Rivet : offrir, dans chaque article, la vie des auteurs, l’indication et l’analyse des ouvrages ; y ajouter la notice des différentes éditions, assigner les rangs, non par ordre de matières, ni par celui de la publication des écrits, mais en s’asservissant à la date de la mort des auteurs ; et, si cette date était ignorée, d’après l’époque de leurs dernières actions connues, ou d’après le temps où ils avaient vécu. En tête de chaque volume qui commencerait un siècle, ou qui en renfermerait plusieurs, placer un discours historique sur l’état des lettres pendant la période, et, à la fin de chaque volume, des tables chronologiques destinées à réunir, dans un heureux rapprochement, les principaux traits de l’histoire littéraire. Les discours préliminaires qui ouvrent plusieurs des volumes de la collection sont des morceaux de littérature très-recommandables et très-intéressants ; c’est le tableau de l’état et de l’histoire des lettres à diverses époques. On y distingue tout ce qui concerne les études en France, l’établissement des écoles épiscopales et monastiques, les érections des collèges et des universités, les régimes des différentes académies, les inventions utiles, les découvertes importantes, etc. Les protecteurs des lettres n’y sont pas oubliés, et c’était justice. Ces discours mériteraient d’être réimprimés en corps d’ouvrage distinct. Le plan suivi par les bénédictins présenta deux inconvénients : la méthode de ranger les auteurs d’après la date de leur mort fait que des disciples, morts jeunes, sont connus avant le maître qui les avait formés ; ensuite elle s’oppose au classement des ouvrages et des écrivains par ordre de manières.

Leurs continuateurs ont modifié le classement des matières, la méthode de la composition et les formes de l’analyse. Parmi les auteurs des volumes de la continuation, on doit mentionner Raynouard, Fauriel, MM. Lajard, Paulin Pâris, Littré, Victor Leclerc et Renan. Les architectes de la dernière heure ont apporté autant d’érudition et plus de critique que les religieux de Saint-Maur.

Le vaste recueil de L’Histoire littéraire de la France est comme le panthéon intellectuel de la nation (Alf. Maury). Tout ce qui a brillé par l’intelligence et l’esprit y trouve son inscription et son monument. Cet ouvrage forme le pendant des Historiens de France, collection également continuée par l’Académie des inscriptions. Cette histoire, il faut bien le remarquer, n’embrasse pas seulement celle des œuvres d’imagination ; elle traite encore de tout ce qui peut faire connaître l’état des sciences et des connaissances humaines à une époque où leur peu d’avancement ne permettait point entre elles ces divisions tranchées qui se sont établies par la suite. C’est pourquoi, et pour d’autres raisons encore, l’édifice s’élève lentement, malgré l’activité des nouveaux travailleurs.

Le tome XXIIIe, publié en 1856, comprend la fin du xiiie siècle ; le tome XXIVe, publié en 1864, entame le xive siècle. Comment un ouvrage qui doit parcourir toute notre littérature, comment un ouvrage qui marche si lentement pourra-t-il être jamais terminé ? Mais il faut prendre son parti d’une lenteur insurmontable, tant les monuments de notre ancienne littérature abondent, bien que beaucoup des productions du moyen âge soient perdues.- « Il existe en France, dit M. Villemain dans le Journal des savants, une vaste littérature non interrompue depuis le ve siècle, toute latine, il est vrai, pendant cinq siècles encore, puis, à partir de là, pendant cinq à six siècles, latine et française, avec un accroissement graduel de puissance et d’activité pour la forme française, jusqu’au moment où cette forme devient presque exclusive en France et dominante au dehors. » C’est avec l’âge français, avec la Chanson de Roland, que commence le grand intérêt de l’Histoire littéraire. C’est cette partie, la plus riche et la plus belle, qui est échue aux continuateurs. M. Villemain juge ainsi leur travail, plus parfait dans les derniers volumes : « La difficulté pour les savants auteurs a été grande, d’autant qu’ils voulaient rendre leur ouvrage plus complet et plus neuf ; ils ont eu à travailler le plus souvent sur des textes manuscrits dont l’analyse est une découverte pour les curieux. Ils ont eu à constater, jusqu’à l’accablement du lecteur, la fécondité singulière de nos postes dans ces temps qu’on avait crus stériles ; puis enfin, à part ces longs poëmes narratifs, dont le nom du moins n’était pas ignoré, ils ont eu à recueillir, dans des œuvres plus courtes, dispersées, inconnues, mille indices plus légers, mille traces fugitives de l’esprit français, sous des points de vue précieux pour l’histoire. »

L’Histoire littéraire de la France court risque de n’être jamais terminée. L’unique moyen de la mener à terme serait peut-être d’autoriser la commission de l’Institut, devenue comité directeur, à nommer des sous-commissions prises en dehors de l’Académie, dans lesquelles entreraient des hommes de lettres, des bibliographes, des professeurs, enfin tous les auxiliaires jugés capables d’apporter un utile concours.

Voici, sur cette œuvre importante, l’opinion de M. 0. Gréard, dans la Revue de l’instruction publique ; S’il est une œuvre qui doive relever le moyen âge du discrédit où l’a jeté, dans ces derniers temps, l’ardeur intempérante de ses défenseurs, c’est assurément celle que l’Académie des inscriptions et belles-lettres a entrepris de continuer et de mener à bonne fin. Le malheur du moyen âge, en effet, dans cette polémique, n’est pas d’avoir été condamné, bien qu’il n’eût pas besoin de l’être, c’est plutôt d’avoir trouvé des avocats qui, d’une étude historique faisant un procès en diffamation contre la civilisation moderne, n’ont pas hésité, pour les besoins de leur cause, à le défigurer… Ramenés à leur vrai point de vue, étudiés sans prévention, ces longs siècles de travail et d’efforts, qui ne sont ni des siècles d’or ni des siècles de fer, ne méritent ni ces honneurs ni ce dédain. La littérature qu’ils ont produite en offre surabondamment la preuve ; elle ne présente sans doute aucun des caractères du génie qui s’impose au souvenir et à l’admiration des peuples les plus oublieux de leur gloire ; mais il ne lui manque non plus aucune des qualités particulières aux premiers développements des œuvres de l’esprit : ni la grâce qui s’ignore, ni la foi naïve, ni la verve piquante et railleuse, ni la variété féconde, si féconde que, pour résumer le tableau « incomplet » de cent ans d’essais, il n’a pas fallu moins de huit grands in-quarto de 900 pages chacun. Telle qu’elle est, cette exubérance même est un des cachets de l’esprit du temps ; et c’est en prêtant ainsi son aide à l’histoire politique, que la publication de l’Histoire littéraire de la France contribuera â rendre au moyen âge sa véritable physionomie. »

France (obsevations sur l’histoire de), ouvrage de Mably, dont la première partie parut en 1765, et la seconde vingt-trois ans après. Le succès de cet ouvrage fut immense ; il exerça, sur les esprits les plus graves et les plus capables de le juger, une sorte de fascination. En 1787, l’Académie des inscriptions et belles-lettres accepta la mission de décerner le prix d’un concours ouvert pour l’éloge de l’auteur des Observations sur l’histoire de France.

« Le propre de ce système, dit Aug. Thierry, son caractère essentiel, est de mêler et de confondre des traditions jusque-là distinctes ; de rendre commune au tiers état la démocratie des anciens Francs, et d’abandonner, pour ce même tiers état, son vieil héritage de liberté, le régime municipal romain. L’abbé de Mably admet, avec Boulainvillier, Une république germaine transplantée en Gaule pour y devenir le type idéal et primitif de la constitution française, et, avec Dubos, la ruine de toute institution civile par l’envahissement de la noblesse. Il part du même point que François Hotman, d une nationalité gallo-franque, pour arriver à sa conclusion politique, le rétablissement des états généraux… Ce qui ressort de plus clair au milieu de cette confusion historique, c’est la prédilection de l’auteur pour la forme démocratique du gouvernement des Francs au delà du Rhin, telle qu’on peut l’induire du livre de Tacite, et la découverte, sous Charlemagne, d’un gouvernement mixte de monarchie, d’aristocratie et de démocratie, avec trois États : clergé, noblesse et peuple. »

« En détruisant les états généraux, dit Mably, pour y substituer une administration arbitraire, Charles le Sage a été l’auteur de tous les maux qui ont depuis affligé la monarchie. Il est aisé de démontrer que le rétablissement de ces états, non pas tels qu’ils ont été, mais tels qu’ils auraient dû être, est seul capable de nous donner les vertus qui nous sont étrangères et sans lesquelles un royaume attend, dans une éternelle langueur, le moment de sa destruction. »

Ce vœu du publiciste ne tarda guère à se réaliser par le rétablissement des États généraux en 1789. Il y a plus de roman que d’histoire dans le système de Mably, plus d’excitation révolutionnaire que de vérité scientifique ; c’est ce qui en fit le succès parmi les contemporains. L’auteur n’avait aucune science des antiquités nationales.

France libre (la), pamphlet publié par Camille Desmoulins en 1789, peu de temps après le 14 juillet. C’est le premier factum politique du vigoureux écrivain, et c’est celui de ses ouvrages pour lequel il semble avoir toujours eu une préférence marquée. Cependant ce n’est point son chef-d’œuvre ; mais c’est son premier succès, c’est le premier rayon da sa gloire de publiciste, comme son mémorable appel aux armes du 12 juillet, au Palais-Royal, avait été le commencement de sa célébrité révolutionnaire.

La France libre est un long réquisitoire contre l’ancien régime, la noblesse, le clergé et la royauté, un éloge enthousiaste des institutions libres et de l’égalité des classes. Il y a dans cet écrit, d’ailleurs un peu prolixe et incohérent, improvisé au courant de la plume, un esprit étincelant, un entrain qui s’élève souvent à l’éloquence, un grand charme de jeunesse et d’ardeur, ainsi que des traits d’une hardiesse qui étonne encore aujourd’hui. L’esprit en est passionnément républicain. Le pétulant écrivain passe en revue toute la série de nos rois depuis Philippe le Bel, et ne rencontre que des assassins, des faussaires, des tyrans, des empoisonneurs, des débauchés, etc. Il ajoute après son énumération :

«… Que répondre à une expérience de cinq cents ans ? La chose parle de soi. Les faits ne crient-ils pas que la monarchie est une forme de gouvernement détestable ? »

Sa conclusion est que le gouvernement populaire est le seul légitime et rationnel, le seul qui convienne à des hommes dignes de ce nom.

Après avoir peint l’avilissement des peuples sous le régime monarchique, il s’écrie :

« Il est pourtant, chez les peuples les plus asservis, des âmes républicaines. Il reste encore des hommes en qui l’amour de la liberté triomphe de toutes les institutions politiques. En vain elles ont conspiré à étouffer ce sentiment généreux ; il vit caché au fond de leurs cœurs, prêt à en sortir à la première étincelle, pour éclater et enflammer tous les esprits. J’éprouve au dedans de moi un sentiment impérieux qui m’entraîne vers la liberté avec une force irrésistible ; et il faut bien que ce sentiment soit inné, puisque, malgré les préjugés de l’éducation, les mensonges des orateurs et des poëtes, les éloges éternels de la monarchie dans la bouche des prêtres, des publicistes, et dans tous nos livres, ils n’ont jamais appris qu’à la faire détester. »

Ces passages, que nous pourrions multiplier, montrent bien quelles étaient déjà à cette époque les opinions du hardi publiciste. Il était en effet l’un des rares républicains de cette première phase de la Révolution ; il se prononce nettement pour l’établissement de la république en France ; il va au-devant de toutes les objections qui pourraient être faites ; il les réfute avec sa verve voltairienne, composée de tant d’esprit et de bon sens, et il termine par un joyeux chant de triomphe, par un dithyrambe d’enthousiasme et de foi.

« Fiat ! fiat ! Oui, tout ce bien va s’opérer ; oui, cette révolution fortunée, cette régénération va s’accomplir ; nulle puissance sur la terre en état de l’empêcher ! Sublime effet de la philosophie, de la liberté et du patriotisme ! nous sommes devenus invincibles. Moi-même, j’en fais l’aveu avec franchise, moi qui étais timide, maintenant je me sens un autre homme. A l’exemple de ce Lacédémonien, Othryadès, qui, resté seul sur le champ de bataille et blessé à mort, se relève, de ses mains défaillantes dresse un trophée, et écrit de son sang : Sparte a vaincu ! je sens que je mourrais avec joie pour une si belle cause, et, percé de coups, j’écrirais aussi de mon sang : La France est libre ! »

Tel est le dernier mot de ce morceau, qui fut comme l’épithalame de la France nouvelle, comme le chant de l’alouette gauloise saluant les premiers rayons de la liberté. Desmoulins l’avait composé avant le 14 juillet, mais aucun libraire n’osait le publier, et il fallut la chute de la Bastille pour que la brochure pût paraître. Le retentissement fut immense, et le Moniteur, dans son introduction, a pu classer ce simple pamphlet parmi les ouvrages qui ont le plus contribué à accélérer le mouvement révolutionnaire et à le faire aboutir. La France libre, qui eut alors plusieurs éditions, a été réimprimée dans les diverses collections des œuvres de Camille Desmoulins.

France au xviiie siècle (histoire de la), par Charles Lacretelle, 1808. Cette histoire, écrite avec goût, a placé l’auteur au rang des écrivains les plus distingués de notre époque. En général, on y remarque une grande rapidité dans les récits, une originalité piquante dans les portraits, de la sagacité dans les jugements sur des personnages qui ont figuré sur la scène politique ou littéraire, une juste appréciation des événements les plus compliqués et des ouvrages de nos auteurs les plus célèbres de l’époque dont Lacretelle écrit l’histoire.

L’auteur compléta son Histoire de la France au xviiie siècle par quatre annexes : Histoire de la France pendant les guerres de religion (1816) ; Histoire de l’Assemblée constituante (1821) ; l’Assemblée législative (1824), et la Convention nationale (1825).

L’ouvrage commence aux dernières années de Louis XIV et s’arrête à la convocation des états généraux : « J’entreprends, dit l’auteur, d’écrire l’histoire de ma patrie durant un siècle qui s’ouvrit par une austérité chagrine, tomba bientôt dans une licence impétueuse, s’arrêta longtemps dans une licence systématique, se dirigea pourtant avec ardeur vers les améliorations dans l’ordre social, renversa tout par un excès d’orgueil et de précipitation et finit par d’épouvantables crimes entremêlés à une grande gloire militaire. »

Ce siècle, dans l’histoire de M. Lacretelle, offre deux parties bien distinctes, l’une où la Révolution française se prépare et l’autre où elle éclate. La première occupe un grand nombre d’années, la seconde n’en renferme que dix ; dans cette dernière, où les événements se pressaient avec une rapidité foudroyante, l’historien semble tout déconcerté, et cependant l’intérêt s’était surtout soutenu dans sa première partie parce qu’il faisait pressentir le coup de tonnerre de 1789.

Le xviiie siècle, d’après l’auteur, offre un caractère particulier : c’est le règne de l’opinion. Jusque-là, l’histoire avait été celle de l’autorité ; à cette époque, l’opinion publique se fortifie de tout ce que l’autorité abandonne ou se laisse enlever ; elle dicte ses lois au gouvernement, qui n’exerce plus sur elle qu’une action timide et faible. Les guerres ne paraissent plus que des épisodes subordonnés à une action principale, le maniement des esprits. Loin de le ralentir, elles l’accélèrent. Le pouvoir législatif passe en quelque sorte des mains des hommes d’État, qui n’ont aucun plan arrêté, aux philosophes, qui créent des théories. En répétant les opinions de ces derniers, les oracles de la capitale doublent leur puissance et la partagent. Les parlements attaquent directement l’autorité, maintenus par l’opinion publique. C’est elle qui leur donne leur force, les entraîne, les égare, les relève, leur assure la victoire sur le gouvernement et finit par se déclarer contre eux. C’est aux classes intermédiaires de la société qu’arrive le pouvoir, jusqu’à ce qu’elles s’en laissent déposséder par la multitude.

Cet avènement de l’opinion publique est parfaitement caractérisé par M. Lacretelle, et cependant on sent que l’auteur ne le voit pas avec satisfaction. Il laisse pressentir le ton pamphlétaire qu’il prendra plus tard dans l’Histoire de la législative, et surtout dans celle de la Convention. Néanmoins, à cette époque, il avait encore quelques tendances libérales qui lui firent maintenir une certaine impartialité dans ses appréciations.

Quant à l’Histoire des guerres de religion, qui semble ne pas se relier au restant de ses études historiques, l’auteur l’a écrite pour se soustraire aux préoccupations des événements dans lesquels il avait dû jouer un rôle. Il s’est surtout efforcé, en la composant, d’appliquer à l’histoire moderne ce mouvement de narration dont les anciens nous ont laissé le parfait modèle. C’est autant une œuvre littéraire qu’une histoire.

France littéraire (La), dictionnaire bibliographique, par J.-M. Quérard (10 vol., 1826-1842). L’auteur a donné à cet ouvrage plusieurs suppléments et compléments, sous des titres divers. De 1839 à 1841, il publia deux tomes de la Littérature française contemporaine ; de 1815 à 1856, parurent cinq volumes des Supercheries littéraires dévoilées ; de 1840 à 1847, trois livraisons d’un Dictionnaire des ouvrages polyonymes et anonymes de la littérature française ; de 1854 à 1S56, un volume, les Écrivains pseudonymes, etc. (dont le faux titre porte : la France littéraire, tome XI) ; de 1855 à 1856, un recueil mensuel, le Quérard, archives d’histoire littéraire, de biographie et de bibliographie françaises (2 vol.). Il commença enfin quatre publications périodiques, qui n’eurent qu’une existence éphémère. Dans toutes ces dernières entreprises, Quérard fut soutenu par le concours libéral d’un érudit russe, M, Poltoratzky. Personne n’a contesté l’aptitude, le dévouement, le fanatisme bibliologique de Quérard, dont le nom semblait être une prédestination… Quærens quem devoret. Et pourtant ses divers travaux, fruits d’une longue et incessante activité, sont tout au plus connus des bibliothécaires ; ce sont des monuments inachevés. Un seul eût suffi ; mais l’architecte n’avait pas assez profondément médité son plan ; il a travaillé sans méthode, sans esprit de synthèse.

Il considérait sa France littéraire sous deux rapports bien distincts : comme dictionnaire des écrivains français, et comme bibliographie française. Ce devait être la nomenclature complète de tous nos littérateurs, et le répertoire de tous les savants remarquables. Le recueil devait aussi renfermer l’indication des réimpressions, des diverses traductions françaises d’auteurs étrangers, des ouvrages originaux en langues étrangères publiés en France. Voici l’ordre adopté : les premiers volumes renferment le dictionnaire des écrivains, et le dernier, les anonymes, les collections et les ouvrages périodiques. « Notre ouvrage à la main, dit Quérard, l’un pourra suivre la marche et les progrès des sciences jusqu’à nos jours ; l’autre, choisir, avec pleine confiance, l’édition la plus conforme à ses goûts et à sa fortune ; le dernier, s’instruire de la valeur vénale des livres et des circonstances qui les font rechercher. » Sur le premier point, l’auteur s’abuse de bonne foi ; son affirmation serait juste et fondèe, s’il avait adopté l’ordre chronologique ou méthodique. Quant aux deux derniers mérites, attribués par lui à sa compilation, ils n’intéressent que peu de gens.

Dans la Littérature française contemporaine, de laquelle nous aurons à parler séparément comme œuvre collective de MM. Maury, Louandre et Bourquelot, Quérard entreprit de donner un supplément à sa France littéraire, depuis 1826, ou plutôt un livre indépendant, » plus littéraire et plus utile. » Il en modifia le fond et en changea la forme. A première vue, on n’aperçoit pas la différence des deux plans ; mais elle existe. Cette grande amélioration, sollicitée et approuvée par divers bibliophiles, consiste simplement dans l’amalgame, sous chaque nom d’auteur, d’une notice biographique et du catalogue de ses écrits. Grâce à cette addition, l’ouvrage devait être « une Encyclopédie littéraire bien complète pour le xixe siècle. » Déjà, Quérard avait sacrifié à cette propension funeste, mais encore dans une mesure tolérable, en livrant