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thographe, v, le mot orthographe. Synonymes françois, par G. Girard ; édition augmentée par N. Beauzée (Paris,1738, 2 vol. in-12) ; Des homonymes français, par Philipon de La Madelaine (Paris, 1806, in-8º) ; Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé, par H. Estienne (Paris, 1579, in-8º) ; Dictionnaire des épithètes françaises, par le Père Daire, édition augmentée et précédée d’un Traité sur l’emploi des épithètes, par J.-B. Levée (Paris, 1817, in-18) ; la Clef des participes, par E.-A. Vanier (Paris, 1812, in-12) ; la Manière de bien traduire d’une langue en aultre, par Dolet (Lyon, 1540, in-8º).

Pour les dictionnaires, consulter notre article dictionnaire et notre Préface.

Pour les dictionnaires français avec la traduction des mots en différentes langues vivantes, voyez l’article spécial consacré à chacune de ces langues à son ordre alphabétique.

— V. Idiomes particuliers et patois. V. l’article patois.

France (Histoire de), par Mézeray, publiée de 1643 à 1651. La meilleure édition est celle de 1775 (14 vol. in-12). Cet ouvrage, trop négligé pendant assez longtemps, a reconquis une place honorable aux yeux des critiques et des historiens. Les premiers siècles sont imparfaitement racontés chez Mézeray, parce que les matériaux n’en étaient pas connus alors ; mais, au sentiment des meilleurs écrivains, aucun de nos historiens ne l’égale pour l’exactitude, la profondeur du jugement et la vivacité de la narration, pour les temps oui s’écoulèrent de saint Louis à Louis XIII. Il y a des parties où il est incomparable. Suivant le président Brussel, on ne peut rien écrire sur les fiefs de meilleur ni de plus assuré que certaines pages de son Histoire, et le traité qui a fait la réputation du docte feudiste n’est que le développement des propositions de Mézeray sur cette matière. Cette profondeur du vieil historien sur certains points a été constatée par d’excellents juges, unanimes à reconnaître que son ouvrage, comme son Abrégé chronologique, renferme, dans un langage approprié, mille choses de l’ancienne France, que les meilleures histoires modernes ne sauraient suppléer. « On n’écrira jamais mieux quelques parties de notre histoire, dit Chateaubriand, que Mézeray n’en a écrit quelques règnes. Son Abrégé est supérieur à sa grande histoire, quoiqu’on n’y retrouve pas quelques-uns de ses discours débités à la manière de Corneille. Ses vies des reines sont quelquefois des modèles de simplicité. » Une autre qualité chez Mézeray, qualité bien rare de son temps, c’est qu’il s’intéresse au peuple, à ses souffrances. La manière dont il parle des impôts, la nation ayant seule le droit de les consentir, amena Colbert à supprimer la pension de 4,000 livres qui lui était accordée.

Le style, autant et plus encore peut-être que le fond des choses, assure à Mézeray le titre de grand historien. Sous beaucoup de rapports, son langage garde le cachet du xvie siècle. Mézeray emploie l’archaïsme par goût. Souvent sa phrase est embarrassée et incorrecte ; mais il est incontestable que ce style plaît par sa franche allure, par un mélange heureux de noblesse et de simplicité, par une animation chaleureuse, enfin par une diction si personnelle et si variée, que beaucoup de nos auteurs les plus vantés n’offrent pas une aussi riche mine d’expressions originales. Dans sa grande histoire, Mézeray ne se montre pas seulement historien, mais encore orateur ; il met quelquefois dans la bouche des princes et des seigneurs des harangues « dont le style est de soi simple et naïf. » Ces discours sont un ornement, et aussi un repos pour le lecteur, « fatigué de suivre toujours une armée par des pays ruinés et déserts. » La critique à Justine Mézeray en jugeant que, si les héros n’ont pas tenu exactement les discours qu’il leur prête, ils ont dû les penser, et en trouvant ces considérations en général si nécessaires, que l’historien, s’il ne les mettait dans la bouche de ses personnages, serait obligé de les faire lui-même. Plusieurs de ces harangues ont un grand mérite oratoire. À propos du célèbre discours prêté à Biron, se défendant devant ses juges, Voltaire a dit : » Mézeray s’élève au-dessus de lui-même en faisant parler ainsi le maréchal de Biron, et il est égal, pour le moins, aux anciens dans cette harangue du genre de celles dont ils parsemaient leurs ouvrages. » En aucun cas, on ne peut admettre ce mot injuste de MMme Roland, écrivant dans ses Mémoires que Mézeray est le plus sec des écrivains. De nos jours, des écrivains plus compétents ont mieux compris le vieil historien.

« Quand Mézeray publia son Histoire, c’est-à-dire entre les années 1643 et 1650, dit Aug. Thierry, il y avait dans le public français peu de science, mais une certaine force morale, résultat des guerres civiles qui remplirent la dernière moitié du xvie siècle et les premières années du xviie. Ce public, élevé dans des situations graves, ne pouvait plus se contenter de la lecture des Grandes chroniques de France abrégées par maître Nicole Gilles, ou de pareilles compilations, demi-historiques, demi-romanesques ; il lui fallait, non plus de saints miracles ou des aventures chevaleresques, mais des événements nationaux et la peinture de cette antique et fatale discorde de la puissance et du bon droit. Mézeray voulut répondre à ce nouveau besoin ; il fit de l’histoire une tribune pour plaider la cause du parti politique, toujours le meilleur et le plus malheureux. Il entreprit, comme il le dit lui-même, de faire souvenir aux hommes des droits anciens et naturels, contre lesquels il n’y a point de prescription… Il se piqua d’aimer les vérités qui déplaisent aux grands et d’avoir la force de les dire ; il ne visa point à la profondeur, ni même à l’exactitude historique ; son siècle n’exigeait pas de lui ces qualités dont il était mauvais juge. Aussi, notre historien confesse-t-il naïvement que l’étude des sources lui aurait donné trop de fatigue pour peu de gloire. Le goût du public fut sa seule règle, et il ne chercha point à dépasser la portée commune des esprits pour lesquels il travaillait. Plutôt moraliste qu’historien, il parsema de réflexions énergiques des récits légers et souvent faux. La masse du public, malgré les savants qui le dédaignaient, malgré la cour qui le détestait, malgré le ministre Colbert qui lui ôta sa pension, fit à Mézeray une renommée qui n’a point encore péri. »

On peut consulter, dans les Causeries du lundi de M. Sainte-Beuve (t. VI), une étude qui remet en plein jour les titres littéraires de Mézeray.

France (Histoire de), par le P. Daniel (17 vol. in-4º). Cet ouvrage a toute l’utilité d’une vaste et savante compilation ; mais l’auteur a négligé ce qui mérite principalement d’être connu, les lois, les usages, les mœurs de chaque siècle, et surtout les progrès de l’esprit humain. Sa narration a de la méthode et de la clarté ; malheureusement, le style est faible et diffus. A l’esprit de partialité qui se fait particulièrement sentir dans les règnes orageux de François II, de Charles IX, de Henri III, et même avant cette époque, on reconnaît trop le jésuite, maîtrisé par l’esprit de la société dont il était membre.

« Les convenances historiques, dit Augustin Thierry, étaient aux yeux de Daniel les seules qu’il dût rigoureusement observer. Aucune convenance sociale ne lui semblait digne de l’emporter sur elles… Il a, le premier, enseigné la vraie méthode de l’histoire de France, bien qu’il ait manqué de force et de talent pour la mettre en pratique ; c’est une gloire qui lui appartient, et que néanmoins peu de personnes lui accordent. Entre ceux qui ont écrit après lui, bien peu se sont efforcés, je ne dis pas seulement d’acquérir une science égale à la sienne, mais même de profiter de l’exemple et des leçons que présente son livre. » (IVe Lettre sur l’histoire de France.) L’ouvrage de Daniel a commencé de paraître en 1713.

France (Abrégé chronologique de l’histoire de), du président Hénault. La première édition de cet excellent ouvrage est de 1744 (2 vol. in-8º et in-4º) ; de son vivant même, le président Hénault en imprima sept autres, corrigeant et complétant sans cesse son premier travail. La dernière qu’il ait revue (1768, 3 vol. in-4º) a été remaniée dans presque toutes ses parties.

L’auteur ne s’abusait pas sur les difficultés d’un pareil travail, destiné à resserrer dans de courtes notices et dans des tableaux chronologiques, avec la sécheresse d’une nomenclature, toute la suite des événements importants de l’histoire de France. Dans un Mémoire lu par lui à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il fit l’historique et quelque peu l’apologie des abrégés, qu’il appelle « ce genre d’écrire où l’espace est si court, où la moindre négligence est un crime, où rien d’essentiel ne doit échapper, où ce qui n’est pas nécessaire est un vice, et où il faut encore essayer de plaire au milieu de la sévérité du laconisme et des entraves de la précision. » L’Abrégé du président Hénault a presque toutes ces qualités, et, s’il est un peu négligé aujourd’hui, malgré la grande vogue dont il a joui à la fin du xviiie siècle, il faut s’en prendre non à une absence inadmissible de mérite intrinsèque, mais bien à la désuétude dans laquelle est aujourd’hui tombé ce genre de composition. Notre époque est à la fois trop érudite et trop curieuse pour se contenter de simples sommaires, si bons qu’ils soient.

L’ouvrage du président Hénault part de Clovis, considéré comme le premier roi certain de la première race, et finit à la mort de Louis XIV. Le plan est à peu près celui qu’avait trouvé Guillaume Marcel pour ses Tablettes chronologiques, avec plus de développements et d’étendue. A partir de la troisième race, la notice concernant chaque règne est une véritable histoire, année par année, présentant des résumés très substantiels. De courtes dissertations exposent à la fin de chaque race, avec brièveté, mais en même temps avec élégance, les points les plus saillants des mœurs et de la législation ; des portraits courts et finement esquissés font revivre en quelques touches les principaux personnages, et, pour chaque règne, un tableau chronologique présente la descendance des rois, avec des remarques précieuses sur la situation et les mariages des lignées royales ; les noms des princes étrangers contemporains, des ministres français, des généraux, des magistrats et des savants illustres. Ce plan est remarquable par sa lucidité ; les faits, les hommes, les dates se groupent sans confusion et s’éclairent par leur rapprochement. Voltaire, que la clarté séduisait avant tout, donna les plus grands éloges à l’Abrégé chronologique et à son auteur. « Nous lui devons, a-t-il écrit, la plus courte et la meilleure histoirede France, et peut-être la seule manière dont il faudra désormais écrire toutes les grandes histoires. Mais il sera difficile d’imiter l’auteur de l’Abrégé chronologique, d’approfondir tant de choses en paraissant les effleurer. » S’il est, en effet, un travail ingrat, c’est de consigner en une ligne le résultat de laborieuses recherches, d’examens réitérés, de doutes historiques éclaircis avec peine. On voit aussi Voltaire, dans sa Correspondance générale, donner au président Hénault des conseils sur divers points de son ouvrage, notamment en ce qui concerne les faits religieux, auxquels il aurait voulu que l’on donnât un caractère plus accentué. Un compilateur du xviiie siècle, l’abbé Boudot, passe pour avoir rédigé une grande partie de l’Abrégé chronologique. C’est ce même abbé Boudot, dont Grimin parle comme étant devenu paralytique à force d’indigestions gagnées à la table du président ; il est certain, en effet, que le président Hénault l’employait à faire des recherches historiques et littéraires ; mais sa tâche se bornait là. Les véritables collaborateurs du président Hénault sont d’Aguesseau, Foncemagne, Secousse, dom Bouquet et quelques autres illustres esprits, réunis souvent chez lui en conférence, et qu’il consultait avec le plus grand fruit sur toutes les questions spéciales.

L’Abrégé chronologique a été continué d’abord par Fantin des Odoarts, qui le poussa de 1715 à 1783, puis jusqu’au traité de Campo-Formio (1797), 2 vol. in-8º, formant les volumes IV et V de l’ouvrage complet. Cette suite, poursuivie plus tard jusqu’à la Restauration, a été aussi imprimée à part sous le titre d’Histoire de France depuis la mort de Louis XIV (1820, 4 vol. in-8º). La continuation de Fantin des Odoarts s’écarte notablement du plan suivi dans l’œuvre originale et pèche par la diffusion, surtout dès qu’elle traite des faits contemporains. Une autre continuation lui est supérieure ; c’est celle faite par Auguis, dans l’édition Walckenaer ; elle forme les volumes IV, V et VI de cette édition et s’arrête en 1821. Walckenaer a revu lui-même les trois premiers volumes, c’est-à-dire l’Abrégé chronologique du président, et l’a augmenté de notes. Enfin, M. Michaud a entrepris une troisième continuation et rédigé sur le même plan le résumé de la période de cent quinze ans qui s’étend de la mort de Louis XIV à la Révolution de 1830. Cet ouvrage est imprimé à la suite de l’Abrégé chronologique dans l’édition du Panthéon littéraire (1836, 1 vol. in-8º).

France (Histoire de), par l’abbé Velly (1762, 7 vol. in-12). Cette Histoire de France, très-prônée à son apparition par les jésuites, amis de l’auteur, et destinée à remplacer celles de Mézeray et du P. Daniel, a essuyé les plus vertes critiques de l’abbé Lebeuf, des journalistes de Trévoux et de Nounotte. Voltaire, si peu ménager d’éloges envers ceux qui n’étaient pas ses ennemis, tout en louant quelques morceaux bien faits, trouve que le style de Velly n’est pas toujours à la hauteur de son sujet et qu’il n’a pas assez profité des sources précieuses inconnues à ses devanciers. Dans son Année littéraire de 1760, Fréron loue l’abbé Velly « d’avoir débrouillé le chaos des commencements de notre monarchie. » — « L’histoire des deux premières races de nos rois, dit-il, était d’une confusion et d’une sécheresse qui rebutaient le lecteur le plus patient. L’abbé Velly a su répandre, sur ces siècles obscurs de la lumière, de l’ordre et de l’intérêt ; c’est sans contredit le morceau le plus brillant et le plus utile de son travail, parce que c’était le plus nécessaire et le plus difficile. » Notre siècle n’a pas ratifié ces éloges, et il est inutile de dire que les travaux d’Augustin Thierry, de Michelet et de Henri Martin ont mis, dans les premiers siècles de notre histoire, incomparablement plus d’ordre et de clarté. L’abbé Velly manque entièrement de la véritable compréhension historique de ces temps. Dominé par les préjugés et les mœurs de son époque, non-seulement il se refuse à. voir l’élection maîtresse du trône, sous les mérovingiens, et voit dans Clodion et dans Chilpéric des princes «qui montent sur le trône de leurs pères ;» dans les rudes guerriers chevelus qui les entourent « des seigneurs françois ; » mais il profite à peine des sources historiques qu’il avait sous la main, Grégoire de Tours, Frédégaire, Sidoine Apollinaire, et nullement des vastes travaux d’érudition de dom Bouquet : Hecueil de relations et de pièces originales, parus de 1738 à 1752, et qui ont été pour les historiens de nos jours des mines si fécondes. Voici, par exemple, comment il raconte le règne de Pharamond, dont l’histoire véritable ne peut rien nous dire. « Honorius régnait en Occident, Théodose le Jeune en Orient, lorsque les Français passèrent le Rhin et pillèrent la ville de Trêves sous la conduite de Pharamond. C’est inutilement que quelques historiens ont eu recours à la fable pour relever l’éclat de la naissance de ce prince. Il était roi d’un peuple qui n’a jamais obéi qu’aux descendants de ses premiers maîtres ; ce titre auguste prouve invinciblement l’antiquité de la race. Ce fut vers l’an 420 qu’il fut élevé sur un bouclier, montré à toute l’armée et reconnu chef de la nation : c’était toute l’inauguration de nos anciens rois. C’est aussi tout ce qu’on sait de certain sur son règne ; on ignore ses autres exploits, le temps de sa mort, le lieu de sa sépulture et le nom de la reine son épouse. »

C’est avec la même inintelligence historique qu’est expliquée l’invasion du roi Clodion, que les Romains surprirent « au milieu des fêtes par lesquelles il célébrait le mariage d’un grand seigneur de son armée. » Mais le chef-d’œuvre est l’histoire de Chilpéric. « Chilpéric fut un prince à grandes aventures… Une conspiration générale le renverse du trône de ses pères ; il y remonte glorieusement, rappelé par les vœux et les respects de toute la nation. C’était l’homme le mieux fait de tout son royaume. Il avait de l’esprit et du courage ; mais, né avec un cœur tendre, il s’abandonnait trop à l’amour. Ce fut la cause de sa perte. Les seigneurs fançais, aussi sensibles à l’outrage que leurs femmes l’avaient été aux charmes de ce prince, se liguèrent pour le détrôner. » Tout cela pour dire, comme le remarque Aug. Thierry, qu’il avait insulté les filles des Francs. Poursuivant cette « histoire si romanesque, » l’auteur nous montre Chilpéric à la cour du roi de Thuringe, épris des charmes de Basine, « qui était belle et avait de l’esprit ; trop sensible à ce double avantage de la nature, il l’épousa, au grand scandale des gens qui réclamaient les droits sacrés de l’hyménée et les liens inviolables de l’amitié. »

Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises !

C’est l’histoire d’un Louis XIV du ve siècle avec une La Vallière de son temps, écrite par quelque Grégoire de Tours bel esprit. En outre, les proportions sont mal gardées. Les règnes de la première race et ceux de Pépin et de Charlemagne n’occupent qu’un petit in-12, ce qui est bien peu ; le deuxième va de Charlemagne à Philippe Ier, et le troisième poursuit jusqu’à la mort de Philippe-Auguste. Une pareille rapidité est plus digne d’un sommaire que d’une histoire complète. L’auteur fut arrêté par la mort au septième volume, à la fin du règne de Philippe de Valois.

La partie vraiment neuve de l’Histoire de France de l’abbé Velly est l’étude, jusque-là négligée, des institutions et de l’ancienne législation de la France. Mézeray et le P. Daniel, le premier plus pittoresque, le second plus studieux pour tout ce qui se rapporte aux choses de la guerre, avaient presque entièrement laissé de côté cette partie vraiment intéressante de notre histoire. Les travaux de l’abbé Velly, bien surpassés maintenant, restent les premiers en date et sont toujours bons à consulter, au moins comme ensemble. On y rencontre sans doute bien des remarques qui, aujourd’hui, paraîtraient bizarres ; par exemple, l’historien constate que, sous Clovis, on ne connaissait ni les fraises ni les collets, et que les dames françaises d’alors ne paraissent pas avoir porté de dentelles. Cependant, il serait injuste de ne pas reconnaître chez lui une préoccupation véritable des textes, des lois, dos monuments archéologiques et iconographiques, des médailles et monnaies, sources précieuses d’où l’on a tiré depuis tant de renseignements, et dont on soupçonnait à peine la valeur au xviie et au xviiie siècle.

L’ouvrage de l’abbé Velly a été continué par Villaret, qui l’a poussé de 1329 (Philippe de Valois) à 1469 (Louis XI) ; surpris par la mort, il eut lui-même pour continuateur Garnier, qui s’arrêta à la moitié du règne de Charles IX (1564). Il écrivait en pleine Révolution et ne voulut pas, dit-on, contribuer à la ruine de la royauté en publiant les faits odieux que lui révélaient ses recherches.

Sous la Restauration, Dufau continua Garnier et poussa cette histoire de France jusqu’à la mort de Henri IV ; c’est un travail estimable (1810, 6 vol. in-12) ; enfin, Fantin des Odoarts, compilateur que l’on rencontre dans toutes les spéculations de librairie dé ce temps, rédigea 26 volumes destinés à compléter tous ces historiens (Histoire de France depuis la mort de Henri IV jusqu’à celle de Louis XVI). L’œuvre primitive de Velly et de ses deux premiers continuateurs, Villaret et Garnier, auxquels on joint ordinairement l’Avant-Clavis de Laureau, une collection de portraits en 8 volumes, un atlas géographique et les Tables de Rondonneau, forme un ensemble de 35 volumes.

France (Histoire de), par Anquetil (1805). Long et ennuyeux ouvrage, sans critique et sans style. Malgré le peu de valeur réelle que l’on attribue à ce livre, il ne cesse d’être réimprimé et vendu. Pour bien des gens illettrés, Anquetil est le meilleur historien de la France, et sa popularité ne diminue pas. L’Histoire de France d’Anquetil date de 1805 ; elle parut en 14 volumes in-12. « Cet ouvrage, froid et sans couleur, dit Augustin Thierry, n’a ni l’âcreté politique de Mézeray, ni l’exactitude de Daniel, ni la légèreté de bon ton qu’affecte Velly. Tout ce qu’on y remarque pour la forme, c’est de la simplicité et de la clarté, et, quant au fond, il est pris au hasard de l’histoire de Mézeray et de celle do Velly, que le nouvel historien extrait et cite, pour ainsi dire, à tour de rôle : pourtant, c’était un homme d’un grand sens et capable de s’élever plus haut. » (IVe Lettre sur l’histoire de France.)