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Louvre qu’un incendie détruisit au commencement de 1661. David et Nicolas Pontheron, Nicolas Bouvier, Claude et Abraham Halle travaillèrent à la décoration de cette même galerie. Étienne Dupérac, plus connu comme architecte, exécuta diverses peintures à Fontainebleau et à Saint-Germain-en-Laye. Parmi les peintres qui furent employés, tantôt à Fontainebleau, tantôt à Saint-Germain, tantôt au Louvre, tantôt aux Tuileries, Félibien nomme encore : Henri Lerambert, Pasquier Testelin, Jean de Brie, Gabriel Honnet, Guillaume Dumée, Ambroise Dubois, Martin Fréminet. Ces deux derniers méritent une mention particulière : Ambroise Dubois, natif d’Anvers, exécuta à Fontainebleau d’importantes peintures, dont plusieurs ont péri ; Martin Fréminet, fort renommé en son temps, et qui eut la charge de premier peintre de Henri IV, se proposa Michel-Ange pour modèle ; mais il prit le plus souvent la boursouflure pour l’énergie, la grimace pour l’expression. Tous ces Français italianisés, — loin de mériter le titre de fondateurs de notre école, — doivent être regardés bien plutôt comme de pâles imitateurs d’une manière étrangère.

Au milieu de cette foule vouée au pastiche des maîtres italiens, un artiste se distingue par un style original, large et fort, par la profondeur de ses conceptions : cet artiste est Jean Cousin (né avant 1500, mort vers 1560), qui fut à la fois peintre, sculpteur et architecte, comme Michel-Ange, et qui, si l’on ne tenait compte de nos maîtres primitifs du xve siècle, pourrait être considéré comme le fondateur de notre école. A côté de lui, il faut citer les Dumoustier, qui continuèrent, comme portraitistes, les traditions de Clouet, et qui nous ont laissé un grand nombre de dessins au crayon et au pastel où revivent les personnages notables du xvie siècle.

Jean Cousin a peint, à Paris et à Sens, des verrières du plus grand style. Ce genre de peinture fut cultivé au xvie siècle par plusieurs autres maîtres français très-habiles : à Paris, par Jacques de Paroy ; à Chartres, par les Pinaigrier ; à Troyes, par Linard Gontier ; en Lorraine, par Claude-Israël Henriot et par Honoré ; à Bourges, par Laurence Fauconnier et par Lescuyer ; à Auch, par Arnaud Desmoles, etc. Un peintre verrier français, le frère Guillaume, de Marseille, se rendit célèbre en Italie.

A la même époque, l’art du peintre émailleur produisait, à Limoges, des chefs-d’œuvre dus à Léonard Limousin, à Jehan Limousin, aux Corteys ou Courtois, à Et. Mercier, à Penicaut, etc. ; et Bernard de Palissy s’immortalisait par ses rustiques « figulines. »

Au commencement du xviie siècle, les peintres flamands étaient fort goûtés en France. A Paris, Frans Fourbus exécutait d’importants ouvrages pour diverses églises et pour l’Hôtel de ville ; Ferdinand Elle, de Malines, avait beaucoup de vogue comme portraitiste. En Provence, Louis Finsonius, de Bruges, décorait les églises de vastes toiles, peintes dans la manière du Caravage. Le chef même de l’école flamande, Rubens, appelé par Marie de Médicis, peignit, pour la galerie du Luxembourg, la célèbre suite de tableaux représentant d’une façon allégorique l’histoire de la reine de France. Il est vrai de dire qu’avant de confier ce travail au grand maître d’Anvers, Marie de Médicis avait eu l’idée d’en charger un peintre français, Quentin Varin, d’Amiens, qui fut le maître de Poussin.

L’école française revint à la manière italienne avec Simon Vouet (1590-1619) qui, après s’être formé en Italie même par l’étude des œuvres de Paul Véronèse, du Caravage et du Guide, fut appelé à Paris par Louis XIII, et remplit de ses ouvrages les palais de la couronne, les hôtels de l’aristocratie et la plupart des églises de la capitale. Vouet forma de nombreux élèves, parmi lesquels il faut citer François Perrier, Nicolas Chaperon, Paris Poerson, Dorigny le père, Louis et Henri Testelin, Dufresnoy, qui écrivit un poème latin sur la peinture, et Pierre Mignard (1610-1695), qui fut lui-même un maître renommé, justement estimé pour la noblesse de son style et la suavité de son exécution. Nicolas Mignard (1605-1668), frère aîné de Pierre, fut aussi un peintre de grand talent : il s’était formé à Fontainebleau en étudiant les ouvrages du Rosso, du Primatice et de Fréminet.

A la même époque vécurent : Jacques Blanchard (160O-1638), que ses contemporains surnommèrent très-emphatiquement le Titien français et qui fut un rival de S. Vouet ; Valentin (1601-1632), qui imita le Caravage ; Laurent de La Hyre (1606-1656), qui procède des Carrache ; Sébastien Bourdon (1616-1671), qui s’était formé par l’étude des Florentins et des Bolonais ; Jacques Callot (1592-1635), qui étudia aussi les Italiens, mais qui tient bien plus des Hollandais par la netteté et la finesse de l’exécution, et qui est éminemment français par sa verve caustique et son élégance spirituelle ; les frères Le Nain, qui, au réalisme du Caravage et de Valentin, ont joint une naïveté bien originale ; Henri et Charles Beaubrun, peintres de portraits ; Jacques Courtois, dit le Bourguignon (1621-1676), qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome, où il se rendit célèbre par ses tableaux de bataille ; Lubin Baugin, surnommé le Petit Guide ; Eustache Lesueur (1617-1655), maître illustre entre tous, qui a mérité d’être appelé le Raphaël français, etc. La plupart de ces artistes se ressentent plus ou moins, soit dans la conception, soit dans l’exécution de leurs œuvres, de l’influence italienne. Bien qu’ils aient été créateurs, chacun en son genre, Nicolas Poussin et Claude Lorrain, — ces deux gloires de la peinture française, — n’en doivent pas moins être considérés comme adhérant aussi à l’art italien par beaucoup de côtés. C’est en Italie que leur génie s’est développé et s’est fécondé ; c’est en Italie qu’ils ont passé la plus grande partie de leur existence.

Admirateur enthousiaste de l’antiquité et de Raphaël, dessinateur incomparable, poëte tour à tour austère et gracieux, penseur profond, Poussin (1594-1665) a été appelé avec raison le peintre des gens d’esprit. Bien qu’il n’ait formé directement aucun élève en France, il eut une influence considérable sur notre école, aussi bien sur les artistes de son temps que sur ceux des générations suivantes. C’est ainsi qu’il fut pris pour modèle par Sébastien Bourdon, déjà cité, et par Jacques Stella (1596-1657), artiste lyonnais, qui devint premier peintre du roi en 1644, et dont les œuvres furent reproduites par les graveurs les plus habiles de l’époque. L’influence de Poussin se reconnaît encore dans les compositions si nobles et si sérieusement conçues d’E. Lesueur. Gaspard Dughet, plus connu sous le nom de Guaspre (1613-1675), est placé par certains auteurs dans l’école italienne ; mais, s’il est vrai qu’il soit né à Rome, qu’il y ait passé sa vie tout entière, il ne faut pas oublier que son père était Parisien, qu’il fut le beau-frère et l’élève de Nicolas Poussin, et qu’il se perfectionna dans la peinture de paysage par l’étude des œuvres de Claude Lorrain.

Claude Gellée, dit le Lorrain (1600-1682), est de tous les paysagistes celui qui a su le mieux exprimer la poésie de la nature ; il a choisi les sites les plus imposants, les lignes les plus élégantes, les effets les plus séduisants ; il a rendu avec une perfection inimitable les jeux de la lumière, la transparence des ombres, la limpidité des eaux. La magie de ses dessins égale celle de ses tableaux. Il a eu beaucoup d’imitateurs, il n’a pas eu de rival. Parmi les artistes français de son temps qui suivirent sa manière, il faut citer P. Patel et son fils, qui décorèrent de leurs œuvres les hôtels aristocratiques de Paris.

Sous le règne de Louis XIV, pendant le grand siècle, l’école française, tout en restant fidèle aux traditions italiennes, adopta un style d’apparat, une grandeur emphatique, une noblesse prétentieuse ; elle s’inspira, pour tout dire, de l’esprit qui régnait alors à la cour. Charles Lebrun (1619-1690) fut le représentant le plus complet et le plus influent de cet art pompeux et théâtral. Premier peintre de Louis XIV, il fut comblé de faveurs par ce prince et exerça pendant longtemps une autorité despotique sur la direction de l’art en France ; mais il est juste de dire que, s’il commit des actes regrettables, s’il empêcha, par exemple, que Lesueur et Mignard n’obtinssent les grands travaux auxquels ils avaient droit, il usa aussi de son influence pour aider au développement des institutions artistiques de son pays : il contribua notamment au développement de l’Académie de peinture et de sculpture, dont il avait été l’un des fondateurs, à l’accroissement des trésors d’art du cabinet du roi, qui est devenu le musée du Louvre, à la prospérité de la manufacture des Gobelins, pour laquelle il exécuta d’importantes compositions ; c’est lui enfin qui obtint de Louis XIV la fondation dé l’école française à Rome. Ses principaux élèves ont été Claude Audran, François Verdier (1651-1730), Houasse, Claude Lefèvre (1633-1675), Joseph Vivien, Charles de Lafosse (1636-1716) et Jean Jouvenet (1644-1717). Celui-ci, doué d’un tempérament énergique et d’une facilité excessive, ne fut pas absolument dépourvu d’originalité. Son dessin a une certaine fierté, et sa couleur, bien que d’ordinaire monochrome, ne laisse pas d’être vigoureuse ; mais il exagéra encore, si c’est possible, la boursouflure de son maître.

Parmi les autres peintres de cette époque, on remarque : Nicolas Colombel (1646-1717), Michel Corneille (1642-1708), Jean-Baptiste Corneille (1646-1695), Louis Licherie (mort en 1687), Jean-Baptiste Monnoyer (1634-1699) et Jean-Baptiste Blain de Fontenay (1654-1715), qui se distinguèrent dans la peinture des fleurs ; Pierre Puget, plus connu comme sculpteur, et son fils, François Puget ; Nicolas Largillière (1656-1746) et Hyacinthe Rigaud (1659-1749), qui furent d’éminents portraitistes ; Jean-Baptiste Santerre (1650-1717), Noël Coypel (1623-1707) et ses deux fils, Antoine Coypel (1661-1722) et Noël-Nicolas Coypel (1691-1734) ; Joseph Parrocel (1648-1704), peintre de batailles, et ses fils Charles, Louis et Pierre ; Jean-Baptiste Martin (1659-1735), autre peintre de batailles, élève du Flamand Van der Meulen, qui fut le peintre officiel des victoires et des conquêtes du grand roi ; Bon Boulogne (1649-1717), Louis de Boulogne (1654-1733), François Marot (1667-1719), Claude Verdot (1667-1733), Nicolas Bertin (1667-1736), peintres de sujets religieux ; Etienne Allegrain (1653-1736), paysagiste, élève du Flamand Francisque Millet ; François Desportes (1661-1743), excellent peintre d’animaux, etc. Le château de Versailles, le Palais-Royal, le Louvre, les églises, les hôtels aristocratiques de Paris furent remplis de peintures dues à ces divers artistes.

Bien qu’il appartienne à l’école flamande par sa naissance, Philippe de Champaigne (1602-1674) ne saurait eue oublié parmi les peintres qui occupèrent en France une place éminente au xviie siècle. Il était ami de Poussin, et il se rapproche de ce grand maître par la science, la noblesse et la correction du style. Ses portraits sont particulièrement remarquables : ils ont beaucoup de caractère et trahissent par la force de la couleur l’origine flamande de l’auteur.

Les magnifiques portraits de Largillière et de Rigaud ont un aspect bien français, ― nous allions dire bien Louis XIV. ― Claude Lefèvre fut aussi un très-habile portraitiste ; il eut pour élève François de Troy, de Toulouse (1645-1730), qui se distingua dans le même genre, et dont le fils, Jean-François de Troy (1679-1752), acquit une grande réputation comme peintre d’histoire, et fut directeur de l’Académie de France à Rome.

François Le Moyne (1688-1737) fut un des peintres en renom du commencement du xviiie siècle ; il exécuta de vastes peintures murales dans le style prétentieux et enchevêtré des Italiens de la décadence.

A la même époque florissaient : Jean Restout, de Rouen (1692-1768), neveu de Jouvenet et auteur d’un grand nombre de tableaux d’église ; Jean-Baptiste Vanloo (1684-1745), né à Aix d’une famille originaire de Hollande et qui fut féconde en artistes ; Carie Vanloo (1705-1765), frère de Jean-Baptiste, peintre doué d’une imagination gracieuse et fertile, et d’une extraordinaire facilité d’exécution ; Pierre Subleyras, d’Uzès (1699-1749), élève du Toulousain Antoine Rivalz, qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome et s’attacha a imiter la manière de Poussin et celle de Sébastien Bourdon ; Robert Tournières, de Caen (1668-1752), Jean-Marc Nattier (1685-1766) et Louis Tocqué (1696-1772), qui peignirent avec succès le portrait ; Notoire (1700-1777), qui exagéra les défauts de Le Moyne, son maître ; Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), qui fut le continuateur et l’émule de Desportes, dans la peinture d’animaux ; Jean Raoux (1677-1734) et Alexis Grimou, qui peignirent des figures de fantaisie et des sujets de genre, etc.

Les peintres de cette période qui cultivèrent l’art sérieux, — histoire, religion, décoration d’églises et de palais, — manquent absolument de gravité, de dignité, de simplicité ; ils dénaturent les faits historiques, ils enjolivent la religion, ils humanisent la mythologie ; ils se préoccupent plus de charmer les regards que l’esprit, de flatter les sens que de satisfaire la pensée ; ils ont un talent facile et lâché, une certaine gentillesse de dessin, un coloris douceâtre, une grande mollesse de touche.

Mais, à côté de ces peintres, d’autant plus fades qu’ils ont la prétention de continuer les grands maîtres, il y eut, au xviiie siècle, tout un essaim de peintres légers, gracieux, brillants, ne relevant que de leur caprice, n’écoutant que leur inspiration. Cette école, raillée et batfouée, il y a cinquante ans, exaltée aujourd’hui et représentée par bon nombre de critiques comme étant éminemment française, prit naissance à l’époque de la Régence, alors que la cour, délivrée de la tutelle bigote de Mme de Maintenon, se jeta à corps perdu dans les plaisirs et dans les fêtes. Il y eut à ce moment comme un réveil de l’esprit et, nous dirions volontiers, un réveil de la nature. La gaieté éclata sur tous les visages ; l’amour ou quelque chose qui y ressemblait fit battre tous les cœurs. A qui se serait arrêté à la surface de ce monde brillant, souriant et fardé, il pouvait sembler que l’âge d’or était revenu. Rien ne manquait à l’illusion. Les marquises s’étaient subitement transformées en faunesses, en dryades, la coquetterie féminine trouvant sans doute son compte aux toilettes indiscrètes de la Fable ; les marquis devirent dos Damons, des Tytires, des Corydons. Et puis, ce fut un merveilleux engouement pour les champs. À ces nymphes sentimentales et à ces bergers langoureux ne fallait-il pas des prairies pour roucouler des idylles ; des bocages et des grottes moussues pour entendre soupirer l’infortunée Echo ; des pièces d’eau sur lesquelles on pût « s’embarquer pour Cythère ? » Le besoin d’enjoliver la nature poussa, dans l’art des jardins, à un style d’un maniérisme adorable qui eut fort effarouché Le Nôtre. Volontiers ; d’ailleurs, si la chose eût été possible, on eût substitué aux paysages ainsi arrangés les décors mêmes de l’Opéra ; à défaut, les divinités du ballet furent invitées à embellir de leur présence les mascarades champêtres de la cour.

Ces fantaisies séduisantes, et ces gracieux mensonges que Chaulieu célébra dans des vers anacréontiques, devaient trouver un autre poëte pour les fixer sur la toile. Antoine Watteau (1684-1721) fut par excellence « le peintre des fêtes galantes. » Il fallait une imagination aussi délicate, aussi vive et aussi riante que la sienne, un talent d’exécution aussi ferme et aussi mordant que celui dont il a fait preuve, pour faire accepter un genre essentiellement faux, pour donner une forme à des chimères et pour animer des fantômes. Ses disciples immédiats, Nicolas Lancret (1690-1745) et Jean-Baptiste Pater (1696-1736), firent de vains efforts pour s’assimiler sa manière spirituelle, agile, nous allions dire allée. Ils traduisirent en prose ses poétiques fantaisies. Tous deux cependant firent, dans leurs bons jours, des pastiches auxquels le public se trompa.

Watteau a rang parmi les grands peintres, non-seulement parce qu’il fut un praticien exquis, mais surtout parce qu’il fut un grand poëte ; il idéalisa les folies de la Régence, et ne laissa voir la vérité qu’à travers un prisme enchanteur. François Boucher (1704-1770) peignit, avec une fidélité naïvement cynique, la société débraillée au milieu de laquelle il vécut. « Ses tableaux, a dit M. Marius Chaumelin, ne font que refléter les mœurs de la cour de Louis XV : une coquetterie minaudière, une grâce factice, une élégance pleine d’afféterie, l’idylle changée en madrigal et en ballet, la nature remplacée définitivement par le décor, l’artifice se substituant à l’art, la raison et le bon goût insultés et baffoués, la luxure levant le masque, et le dévergondage s’étalant partout avec des raffinements d’impudence. » Boucher fut le Gentil-Bernard de la peinture. Il eut pour élèves et pour imitateurs : Baudouin (1723-1789) ; Honoré Fragonard (1732-1806), coloriste spirituel, dessinateur plein d’une gracieuse fantaisie ; Jean-Baptiste Deshays (1729-1765), etc. Carle Vanloo, Natoire, Lagrenée l’aîné (1724-1805), peignirent dans le même style des pastorales, des scènes mythologiques et des allégories.

Si aimable et si française que puisse nous paraître l’école dont Watteau, Boucher et Fragonard furent les coryphées, on ne peut nier que ce ne fût une école de décadence : elle se faisait gloire de ne rien devoir à l’imitation de la nature, à l’expression des sentiments et des caractères du monde réel. Mais, à côté de ses compositions mensongères, on vit paraître des œuvres inspirées par l’amour de la vérité et par la recherche d’un idéal plus humain : Jean-Baptiste Pierre (1713-1789) et Joseph Vien (1716-1809), dans la peinture d’histoire ; Greuze (1725-1805) et Chardin (1699-1779), dans les scènes familières ; Joseph Vernet (1714-1789), dans la marine et le paysage ; Casanova (1730-1805), dans les scènes militaires ; Bachelier (1724-1806), dans la peinture de fleurs ; Lantara (1729-1778), Hubert Robert (1733-1808) et Lontherberoug (1750-1814), dans le paysage ; Latour (1704-1788), dans le portrait ; Jean-Baptiste Le Prince (1733-1781) et de Marne (1744-1829), dans les tableaux de genre, prirent la nature pour guide et s’efforcèrent d’intéresser et de plaire en restant sincères. Quelques-uns, tels que Greuze, Chardin et J. Veinet, y réussirent pleinement et rivalisèrent avec les Hollandais et les Flamands dans le genre familier.

Louis David (1748-1825), élève de Vien, opéra une révolution complète dans l’école française. Defsinateur savant, formé par l’étude de l’antique, penseur austère, épris des vertus stoïques de Rome républicaine, il chercha à ramener l’école française aux sentiments élevés, aux sujets héroïques, à la noblesse des pensées et à la noblesse du style. Ses œuvres, remarquables par la science de la composition, la pureté des lignes et l’excessive fermeté du modelé, sont véritablement d’un maître. David fut le chef d’une nombreuse école, et son influence s’étendit même sur la direction de l’art dans les pays voisins de la France. Premier peintre de Napoléon, il eut l’autorité dont avait joui, en son temps, Lebrun, premier peintre de Louis XIV. La réforme qui s’accomplit sous son impulsion aboutit malheureusement, comme la plupart des réactions, à l’exagération même de ses principes. L’application des règles de la sculpture aux œuvres du pinceau, l’imitation servile de l’antiquité, le fétichisme de la forme, le dédain du coloris, tels sont les principaux traits des doctrines davidiennes.

Les élèves de David suivirent d’ailleurs des directions fort diverses. Quelques-uns s’élevèrent au premier rang et devinrent maîtres à leur tour : Girodet (1767-1824) peignit peu de tableaux, mais exécuta un nombre considérable de dessins, et se montra en somme plus littérateur que peintre ; Gérard (1770-1837) traita l’histoire et le portrait avec une incontestable supériorité ; Gros (1771-1835) joignit à la science puisée dans l’enseignement de David une verve extraordinaire et une puissance d’exécution qui ont fait de lui un des plus grands artistes du xixe siècle. A côté de ces trois artistes célèbres, nous citerons, parmi les disciples immédiats de David : Drouais (1763-1788), mort jeune, après avoir donné les plus belles espérances ; Fabre, de Montpellier (1760-1837) ; Marius Granet (1775-1849), excellent peintre d’intérieurs et de vues architecturales ; Jérôme-Martin Langlois (1779-1838) ; Jean-Baptiste Isabey et Jean-Baptiste Augustin, dont les portraits en miniature sont justement estimés ; Joseph Wicar, de Lille (1762-1834), dessinateur de beaucoup de talent ; Barbier-Walbonne, Claude Gautherot ; Anatole Devosge, né à Dijon en 1770, successeur de son père François Devosge dans la direction de l’école des beaux-arts de cette ville ; Jean-Pierre Franque et Joseph Franque ; Pierre Révoil (1766-1848), qui dirigea et fonda l’école de peinture de Lyon, sa ville natale ; Constant Bourgeois, paysagiste ; Hennequin (1763-1833) ; Pierre-Nolasque Bergeret, de Bordeaux ; Auguste Couder ; Étienne Delécluze, qui renonça à la peinture pour se livrer à la critique d’art ; Louis Ducis ; Abel de Pujol (1785-1861), et