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nus, et la cathédrale d’Autun, la première avec nef du commencement du xie siècle, précédée d’un vaste narthex à deux étages, la deuxième bâtie au xiie siècle.

L’école auvergnate peut passer pour la plus belle école romane, selon Al. Viollet-le-Duc ; seule, elle sut, dès le xie siècle, élever des églises entièrement voûtées et parfaitement solides ; elle s’étendait, au Nord, jusque sur les bords de l’Allier et de la Nièvre ; au Sud, jusqu’à Toulouse. Parmi les édifices qu’elle a élevés, nous citerons : au xie siècle, la cathédrale du Puy, l’église Saint-Jean, dans la même ville ; les églises do Polignac ; de Notre-Dame-du-Port, à Clermont ; de Royat ; de Saint-Paul, à Issoire ; de Saint-Nectaire, d’Ennezat, de Gannat, de Saint-Pourçain ; au xiie siècle : l’abbatiale de Saint-Sernin, à Toulouse ; la cathédrale de Tulle ; les églises de Cogniat, de Chantel et de Châtel-Montagne, dans l’Allier ; de Beaulieu et d’Uzerches, dans la Corrèze ; de Saint-Etienne, à Nevers ; de Saint-Julien, à Brioude ; de Saint-Martin, à Brive-la-Gaillarde.

Dans le Poitou, l’art roman produisit, dès le xie siècle, comme en Auvergne, des églises voûtées durables, en contre-butant les voûtes des grandes nefs par celles des collatéraux ; mais, tandis que les églises auvergnates comprennent des collatéraux voûtés en arêtes, avec galeries supérieures, les églises romanes du Poitou se composent généralement de trois nefs à peu près égales en hauteur, voûtées au moyen de trois berceaux, disposition qui est loin d’avoir la même élégance. L’école poitevine se laissa d’ailleurs influencer par l’école du Périgord, dont nous avons signalé plus haut le caractère byzantin : à son exemple, elle admit le système des coupoles, notamment dans la construction de l’église Saint-Hilaire, de Poitiers, qui date du xie siècle. A ce même siècle appartiennent la nef de l’abbatiale de Saint-Savin, le porche et la nef de la cathédrale de Limoges ; au xiie siècle, la cathédrale de Poitiers, la façade de Notre-Dame-la-Grande et l’église de Sainte-Radogonde, de la même ville ; les abbatiales de Charroux et de Solignac ; l’abbatiale du Dorat, qui offre un mélange du style auvergnat et du style périgourdin ; les églises de Parthonay, de Melle, d’Airvault et de Bressuire, dans les Deux-Sèvres.

L’école normande conserva, plus longtemps que les autres, le système des couvertures en charpente apparente, sauf pour les sanctuaires, qui étaient voûtés en cul-de-four ; c’est d’après ce principe que furent élevées les deux abbatiales de Saint-Étienne et de la Trinité, à Caen, fondées par Guillaume le Conquérant et Mathilde, sa femme. Les Normands furent, d’ailleurs, d’habiles et actifs constructeurs. Au xie siècle furent bâties les deux abbatiales que nous venons de citer, la cathédrale d’Evreux (continuée pendant les siècles suivants et achevée seulement au xvie siècle), et l’église du Mont-Saint-Michel ; au xiie, une des tours et une partie du chœur de la cathédrale de Rouen, les abbatiales d’Eu, de Saint-Georges de Bocheville, de Jumiéges et de Saint-Wandrille ; les églises de Saint-Gilles et de Saint-Nicolas, à Caen ; la partie inférieure de la nef de la cathédrale de Bayeux, l’église de Sainte-Marie-aux-Anglais, etc.

L’école champenoise, comme l’école normande, continua à faire usage des couvertures en charpente jusqu’au xie siècle et même jusqu’au xiie ; mais elle déploya dans les autres dispositions architectoniques un style ample et robuste. Ses principales productions sont : au xie siècle, l’église de Saint-Jean, à Châlons, et certaines parties de Saint-Remy, de Reims ; au xiie, une des tours de la cathédrale de Châlons et l’église Notre-Dame de la même ville, le chœur de Saint-Remy, et la cathédrale de Langres, bel édifice qui semble avoir été élevé sous l’influence de l’école bourguignonne. À son tour, l’école champenoise propagea son style jusque dans la Brie, où furent élevés, au xiie siècle, quelques jolis édifices, entre autres, les églises de Saint-Quiriace, à Provins, de Moret, de Nemours, etc. La cathédrale de Meaux, qui date do la même époque, appartient à une autre école, celle de l’Ile-de-France.

L’école de l’Ile-de-France ou école française proprement dite, qui s’est développée dans un rayon assez étendu autour de Paris, a produit dés œuvres de la plus grande importance pendant la période romane : au xie siècle, la crypte de l’abbatiale de Saint-Denis ; la nef de Saint-Germain-des-Prés et le chœur de Saint-Martin-des-Champs, à Paris ; la façade de l’église de la Basse-Œuvre, le narthex à deux étages de l’abbatiale de Saint-Leu d’Esserent et l’abbatiale de Morienval, dans l’Oise ; au xiie siècle, la célèbre abbatiale de Saint-Denis, bâtie par l’abbé Suger, ministre de Louis VII, reconstruite en partie sous Louis IX ; la cathédrale de Paris, commencée vers 1180, le chœur de Saint-Germain-des-Prés et l’église Saint-Julien-le-Pauvre, à Paris ; les églises de Boulogne et de Montmartre ; la nef, le chœur et les clochers de l’église de Poissy ; les églises Notre-Dame d’Etampes, Notre-Dame de Mantes, de Vernouillet (sauf le clocher, qui est du xiiie siècle), de la Ferté-Aleps, de Tracy-le-Val, de Creil-en-l’Ile ; les anciennes cathédrales de Senlis et de Noyon, la nef de Saint-Etienne, de Beauvais, l’abbatiale de Saint-Germer, etc.

L’école lyonnaise, qui procédait à la fois de l’école bourguignonne et de l’école auvergnate, construisit : au xie siècle, le clocher et l’abside de l’église d’Ainay ; au xiie, le chœur de la cathédrale de Lyon, la cathédrale de Valence, l’église de Nantua, l’église de Saint-Chef (Isère), composée d’une large nef couverte en charpente, avec collatéraux, d’un transsept étroit et d’une abside circufaire, qui sont voûtés, etc.

Diverses écoles florirent dans le Midi pendant la période romane ; en général, elles se distinguent par un goût persistant pour certains détails de l’architecture antique. Parmi les édifices qu’elles élevèrent, nous citerons : l’ancienne cathédrale de Saint-Nazaire, à Carcassonne, l’un des plus remarquables édifices du midi de la France (le chœur et le transsept sont du xive siècle) ; l’église circulaire de Rieux-Minervais, dans l’Aude, l’abbatiale de Saint-Victor, à Marseille, le narthex à trois étages de l’abbatiale de Moissac (Tarn-et-Garonne) ; au xiie siècle, les cathédrales de Toulouse, de Bézrers, les abbatiales de Saint-Gilles (Gard), de Fontfroide (Aude), de Sainte-Foi, à Conques (Aveyron), de Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault), du Thoronnet (Var), de Saint-Trophime, à Arles, de Silvacane (Bouches-du-Rhône), de Saint-Martin-du-Canigou (Pyrénées-Orientales), le chœur de l’église Saint-Paul, à Narbonne (avec bas-côtés et chapelles rayonnantes), les églises de Thor (Vaucluse), des Saintes-Maries, en Provence, d’Elne et de Serrabone (Pyrénées-Orientales), de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), de Saint-Macaire (Hérault), de Loupiac-de-Cadillac (Gironde), etc. En remontant vers la Loire, on rencontre l’école byzantine du Périgord, dont il a été parlé ci-dessus, et sa voisine, l’école de la Saintonge, dont les types les plus purs, au xiie siècle, sont les églises Saint-Eutrope et Sainte-Marie-des-Dames, à Saintes, et l’église de Surgères. L’influence de ces deux écoles se fait sentir dans quelques provinces du bassin de la Loire, le Berry, l’Orléanais, la Touraine, l’Anjou, le Maine, le Limousin, la Manche, et y fait naître un style mixte auquel appartiennent : au xie siècle, la crypte de la cathédrale de Chartres, l’église circulaire de Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre), l’église Saint-Ours, de Loches, le mngnifique narthex de l’abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire, la nef de la cathédrale du Mans, primitivement couverte par une charpente, et l’église Notre-Dame-du-Pré, dans la même ville ; au xiie siècle, la cathédrale d’Angers, les abbatiales de Fontgombaud, de la Trinité, à Vendôme, de Déols, près de Châteauroux, du Dorât (Haute-Vienne) et de Saint-Benoît-sur-Loire ; les églises de Saint-Laumer, à Blois, de Notre-Dame-de-la-Coulture, au Mans, de Saint-Genou (Indre) et de la Souterraine (Creuse). Cette dernière église, l’un des exemples les plus remarquables du style mixte que nous venons de signaler, présente deux coupoles, l’une sur la première travée, avec clocher au-dessus, l’autre au centre de la croisée ; elle a une abside carrée, une crypte, quatre chapelles dans les bras de la croix ; ses collatéraux sont très-étroits et très-élevés, leurs voûtes contre-butent celles de la nef.

Dans le nord de la France, l’école flamande a laissé fort peu de productions de l’époque romane. En Alsace, l’école rhénane, qui n avait pas cessé de travailler activement depuis le règne de Charlemagne, jette un nouvel et plus vif éclat au xiie siècle ; c’est alors que furent construits le chœur et le transsept de la cathédrale de Strasbourg, l’abbatiale de Marmoutier, les églises de Schelestadt, de Guebwiller, de Rosheim, de Murbach, de Neuwiller, etc. La cathédrale de Besançon, bâtie à la même époque, appartient aussi à l’école rhénane.

Le xiie siècle fut une époque de grand travail artistique : l’art de bâtir fit d’immenses efforts, se modifia, se perfectionna peu à peu, et finit par créer un style tout nouveau. « L’architecture romane des xe et xie siècles, qui a encore une apparence écrasée, lourde et massive, se développe au xiie siècle, dit M. D. Ramée : elle devient plus majestueuse et plus élancée, plus élégante, plus proportionnée dans les diverses parties qui la composent, plus harmonieuse dans son ensemble, et enfin plus légère et plus délicate. La ligne perpendiculaire, la plus noble de toutes celles employées dans l’architecture, commence à prédominer et a attirer l’attention : les portes se haussent, les nefs s’élèvent, les fenêtres s’élancent ; nous voyons apparaître des clochers d’une grande hauteur, mais la pyramide polygonale qui les surmonte reste encore peu élevée. » Un grand mouvement politique et social, l’émancipation des communes, l’affermissement du pouvoir royal, l’abaissement de la féodalité, favorisèrent les efforts des artistes et des savants. A la fin du xiie siècle, l’architecture, tout en conservant quelque chose de son origine théocratique, commence à être pratiquée par des artistes laïques. « Bien qu’elle soit contenue encore dans les traditions romanes, dit M. Viollet-le-Duc, elle prend un caractère de soudaineté qui fait pressentir ce qu’elle deviendra cinquante ans plus tard ; elle laisse apparaître parfois des hardiesses étranges, des tentatives qui bientôt deviendront des règles. Chaque province élève de vastes édifices qui vont servir de types ; et, au milieu de ces travaux partiels, mais qui se développent rapidement, le domaine royal conserve le premier rang… Philippe-Auguste régnait alors ; son habileté comme politique, son caractère prudent et hardi à la fois, élevaient la royauté à un degré de puissance inconnue depuis Charlemagne. L’un des premiers, il avait su occuper sa noblesse à des entreprises vraiment nationales… Le pays se constituait enfin ; l’unité gouvernementale apparaissait, et, sous son influence, l’architecture se dépouillait de ses vieilles formes, empruntées de tous côtés, pour se ranger, elle aussi, sous des lois qui en firent un art national. »

L’innovation hardie qui allait amener la transformation de l’architecture française fut la construction des voûtes en tiers-point ou voûtes ogivales. On a beaucoup discuté sur l’origine de cette forme architectonique ; il est certain qu’on trouve, en divers pays, surtout en Orient, longtemps avant l’ère ogivale française, des exemples d’arc en tiers-point ; mais, de même que l’emploi qui fut fait de l’huile pour le mélange des couleurs, par des peintres bien antérieurs aux Van Eyck, n’enlève pas à ces derniers l’honneur d’avoir généralisé et fait prédominer ce genre de peinture ; de même l’emploi systématique, raisonné, qui a été fait de l’ogive par nos constructeurs nationaux, doit faire considérer l’architecture ogivale ou gothique comme un art éminemment français.

Voici, d’après M. Viollet-le-Duc, comment s’opéra cette grande révolution architectonique : « Dès le milieu du xiie siècle, les constructeurs avaient reconnu que l’arc plein-cintre avait une force de poussée trop considérable pour pouvoir être élevé à une grande hauteur sur des murs minces ou des piles isolées, surtout dans de larges vaisseaux, à moins d’être maintenu par des culées énormes ; ils remplacèrent l’arc plein-cintre par l’arc en tiers-point, conservant seulement l’arc plein-cintre pour les fenêtres et les portées de peu de largeur ; ils renoncèrent complètement a la voûte en berceau, dont la poussée continue devait être maintenue par une butée continue. Réduisant les points résistants de leur construction à des piles, ils s’ingénièrent à faire tomber tout le poids et la poussée de leurs voûtes sur ces piles, n’ayant plus alors qu’à les maintenir par des arcs-boutants indépendants, et reportant toutes les pesanteurs en dehors des grands édifices… Evidant de plus en plus leurs édifices, et reconnaissant à l’arc en tiers-point une grande force de résistance en même temps qu’une faible action d’écartement, ils l’appliquèrent partout, en abandonnant l’arc plein-cintre, même dans l’architecture civile. »

Le xiie siècle fut ainsi une véritable époque de transition, durant laquelle l’ogive se substitua timidement, lentement, progressivement au plein-cintre, s’associant d’abord à lui dans la construction des voûtes et des arcades, comme on le voit dans plusieurs des monuments que nous avons cités. Elle fait sa première apparition, en France, au portail de Saint-Denis, en 1140 ; puis on la voit, au portail de Chartres, en 1145, au chœur de Saint-Germain-des-Prés, en 1163, et à celui de Notre-Dame de Paris, en 1182. Au xiiie siècle, l’art ogival se développe avec ampleur, avec hardiesse, et, en même temps, avec une science admirable ; il ne se borne plus à remplacer le plein-cintre par l’ogive en tiers-point, il adopte une méthode de construction complètement nouvelle, dont toutes les parties se déduisent les unes des autres avec une rigueur impérieuse ; il affecte même un système d’ornementation qui n’a rien de commun avec celui de l’époque précédente. « Le xiiie siècle, a dit M. de Caumont, est la belle époque de l’architecture ogivale. Dès le xive siècle, il y eut moins de rectitude dans les lignes, moins d’harmonie dans l’ensemble ; l’architecture perdit de son élévation ; on remarqua plus de recherche et moins de naïveté dans les figures… Une pensée domine dans les monuments du xiiie siècle, savoir : l’élancement, la direction vers le ciel. » On a donné au style de cette belle période le nom de style ogival primitif ou à lancettes ; par ce mot de lancettes, les Anglais désignent les fenêtres de cette époque, qui, par leur forme étroite, élancée et aiguë, rappellent vaguement un fer de lance.

Les plus beaux spécimens de l’architecture religieuse du xiiie siècle sont : la nef et le portail de Notre-Dame de Paris et les deux pignons du transsept du même édifice, construits, en 1257, par Jean de Chelles ; la Sainte-Chapelle, bâtie par Pierre de Montereau ; la cathédrale d’Amiens, une des merveilles de l’art ogival, élevée, de 1220 à 1288, par Robert de Luzarches, par Thomas de Cormont et son fils Regnault ; la cathédrale de Reims, commencée, eu 1212, sur les plans de Robert de Coucy ; le chœur de la cathédrale de Beauvais, le plus large qu’il y ait en France ; la nef et le chœur de la cathédrale de Chartres ; les chœurs des cathédrales de Troyes, d’Auxerre, de Soissons, de Tours, du Mans ; les cathédrales de Bourges, de Coutances, de Laon ; d’importantes parties des cathédrales de Séez, de Bayeux, de Dijon, de Toul ; les nefs des cathédrales de Metz et de Strasbourg, et le portail de ce dernier édifice, commencé, en 1277, par le célèbre architecte Erwin de Steinbach ; l’abbatiale de Saint-Yved, à Braisnes (Aisne), et celle de Saint-Julien, à Tours ; les églises de Saint-Urbain, à Troyes, de Notre-Dame de Dijon, de Notre-Dame de Semur, de Flavigny (Côte d’Or) ; de Saint-Pierre, à Chartres, de Saint-Amand et de Montiérender, en Champagne, de Mousson (Meurthe) et de Saint-Hilaire, à Melle (Deux-Sèvres). Ces divers édifices sont situés dans les provinces du Nord ; l’art ogival pénétra plus tardivement dans le Midi : toutefois, le xiiie siècle vit s’élever à Agen une église entièrement gothique, celle des Jacobins.

Le style gothique ou ogival du xive siècle, auquel les archéologues ont donné le nom de rayonnant, ne diffère de celui du xiiie siècle que par une plus grande variété, une plus grande richesse dans l’ornementation. Suivant les uns, il perdit ainsi de sa pureté et de sa gravité ; suivant d’autres, il atteignit à son plus haut degré de puissance et de perfection, et sut allier la grandeur à l’élégance, la majesté à la richesse. Cette question, comme toutes les questions de goût, ne saurait être tranchée d’une manière absolue (de gustibus et coloribus, etc.) ; nous nous contenterons de dire qu’à notre avis l’art ogival ne fit que développer, au xive siècle, les qualités en germe dans ses productions antérieures. Ce siècle acheva et ornementa beaucoup d’églises commencées au xiie ; la plus belle, parmi celles qu’il construisit, est l’abbatiale de Saint-Ouen, à Rouen, qui fut terminée seulement au xve siècle. A la même époque appartiennent la façade de la cathédrale de Lyon, celle de l’église Saint-Martin, à Laon, la nef et le transsept de la cathédrale d’Auxerre, le chœur de la cathédrale de Viviers, les chapelles du chœur de Notre-Dame de Paris, les pignons du transsept de la cathédrale de Rouen. La nouvelle architecture produisit, dans le Midi, le chœur et la nef de l’ancienne cathédrale de Carcassonne, la nef et le cloître de l’ancienne cathédrale de Béziers, la nef de la cathédrale d’Albi et l’église Saint-Hilaire, à Agen.

Au xve siècle, le style ogival s’épanouit complètement ; c’est un luxe, une prodigalité d’ornements qui justifient bien le nom de fleuri ou de flamboyant donné à ce style. Les constructions les plus remarquables de cette période sont : la façade de la cathédrale de Rouen et l’église de Saint-Maclou, dans la même ville ; l’église de Notre-Dame-de-l’Epine, en Champagne ; le chœur de Saint-Germain-l’Auxerrois, à Paris ; celui de la cathédrale de Metz et celui de la cathédrale de Toulouse ; la magnifique flèche de la cathédrale de Strasbourg, celle de la cathédrale d’Autun ; la nef de la cathédrale de Nantes ; le chœur de Saint-Étienne, à Beauvais ; la façade et le clocher de l’église Saint-Martin, à Clamecy ; le chœur de l’église du Mont-Saint-Michel. Le xve siècle termina ou modifia beaucoup d’églises anciennes, mais il en bâtit peu de fond en comble.

Pendant la période ogivale, l’architecture civile et l’architecture militaire élevèrent d’importants monuments : forteresses, châteaux, palais, hôtels de ville, hôpitaux, halles, bourses. On trouvera, dans les articles spéciaux consacrés à ces divers mots, l’indication de ceux de ces édifices qui se sont conservés jusqu’à nous.

Aux noms des architectes de cette période que nous avons déjà cités, il faut ajouter ceux de Jean d’Orbois, qui fut employé aux travaux de la cathédrale de Reims ; Eudes de Montreuil, qui construisit, à Paris, plusieurs églises aujourd’hui détruites ; Jean Ravy, qui travailla à Notre-Dame de Paris ; Enguerrand Le Riche, architecte de la cathédrale de Beauvais ; Hugues Libergier, qui bâtit, à Reims, l’église Saint-Nicaise, chef-d’œuvre malheureusement détruit ; Villard de Honnecourt, qui dirigea les travaux du chœur de la cathédrale de Cambrai ; Jean Langlois, architecte de Saint- Urbain, à Troyes ; Pierre de Corbie, artiste éminent, constructeur de plusieurs églises en Picardie ; Guillaume de Sens, qui bâtit, au xiie siècle, la cathédrale de Cantorbéry ; Matthieu d’Arras et Pierre de Boulogne, par qui fut élevée la cathédrale de Prague, etc.

Vers la fin du xve siècle et le commencement du xvie, sous les règnes de Louis XII et de François Ier, des artistes italiens, Fra Giocondo, Serlio, Vignole, importeront le goût de l’architecture néo-romaine, dite de la Renaissance. Toutefois, les dispositions de l’art ogival ne furent pas complètement abandonnées ; elles persistèrent longtemps encore, surtout dans l’architecture religieuse, et furent associées, la plus souvent, aux formes de l’architure romaine antique. Parmi les architectes de cette période de transition, on nomme Roger Ango, architecte du Palais de justice de Rouen ; Pierre Desaubeaux et les frères Leroux, architectes et sculpteurs de Notre-Dame et de Saint-Maclou, dans la même ville ; François Gentil, qui travaillait à Troyes ; Pilon l’Ancien, à Solesmes : Michel Colombe, à Nantes ; François Marchand et Viart, à Orléans ; Pierre Valence et Jean Juste, à Tours. C’est par ces deux derniers que fut construite la splendide résidence du cardinal d’Amboise, à Gaillon.

Au xvie siècle, le style italien prédomine dans la contsruction des palais, des châteaux et des hôtels aristocratiques. En 1533, Dominique Boccadoro, de Cortone, donna les plans de l’Hôtel de ville de Paris. A ce même siècle appartiennent la grande façade du château de Blois, l’hôtel de Jacques Cœur à Bourges, les châteaux de Madrid, de la Muette, de Saint-Germain-en-Laye, de Chantilly, de