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pendant trois ans ; employé à la même époque dans une maison de banque, il y étudiait les affaires financières, dans lesquelles il montra plus tard une incontestable compétence. M. Guizot, qui devina dans le jeune journaliste et commis banquier un publiciste de premier ordre, le fit venir à Paris. Il y débuta par des articles sur des matières spéciales, commerce et économie politique, dans la Revue indépendante, et passa bientôt à la Revue des Deux-Mondes, dont il resta le collaborateur assidu jusqu’en 1868. Il y donna, en dehors d’un bulletin bimensuel dont il fut longtemps chargé, diverses séries intéressantes : les Essayistes et les Romanciers anglais, des Études historiques sur l’Angleterre, des Portraits politiques anglais, des articles sur la Question commerciale, etc. On a aussi de lui une histoire de la Révolution de Février 1848 et celle de la Guerre d’Orient (1854), résumé des travaux qu’il avait faits pour la Revue lors de ces événements. Les études disséminées dans la Revue des Deux-Mondes sont fort remarquables ; essayiste de premier ordre lui-même, E. Forcade peut être placé au rang de ces écrivains anglais qu’il a si complètement appréciés.

En dehors de ces travaux et de cette active collaboration, E. Forcade poursuivait toujours le rêve d’avoir un journal à lui. En 1845, il fonda la Revue nouvelle, qui disparut en 1847 ; en 1850, il passa un moment à la rédaction en chef de la Patrie ; en 1851, il fonda le Messager de l’Assemblée, organe libéral, qui fit assez de bruit et s’attira les rigueurs du pouvoir. Hostile à la politique de l’Élysée, Forcade, quelque temps avant le coup d’État, fut condamné à trois mois de prison : on le punissait d’avoir prédit ce qui allait s’accomplir. Sa clairvoyance, sa sagacité furent, du reste, rarement mises en défaut ; il attira une fois à la Revue des Deux-Mondes un avertissement et une menace de suspension pour avoir signalé, dans le budget, les périls d’une situation financière que le gouvernement fut obligé d’avouer quinze jours plus tard. En 1856 enfin, il devint le rédacteur en chef de la Semaine financière, journal spécial auquel il donna une certaine importance par son aptitude à traiter les questions de banque, et qu’il dirigea jusqu’au commencement de 1868.

Son principal labeur fut la rédaction du bulletin politique de la Revue des Deux-Mondes, résumé bimensuel des événements européens et de la situation des cabinets. Ce bulletin, redouté à Paris, surtout dans les premiers temps de l’Empire, malgré sa modération et la gravité de sa forme, était lu dans toute l’Europe. « Forcade, a dit M. Nefftzer, n’était pas seulement un éminent publiciste, c’était un esprit politique d’un ordre vraiment supérieur. À l'intelligence la plus ouverte et à de prodigieuses facultés de pénétration et d’assimilation, il joignait, ce qui est la plus haute marque du libéralisme, la tolérance et la pleine compréhension des opinions adverses. Son nom demeurera principalement attaché à cette chronique bimensuelle de la Revue des Deux-Mondes, qu’il a rédigée pendant tant d’années avec un incomparable talent et un éclat toujours croissant, et qui, dans le silence universel des dernières années de l’Empire, au milieu de l’effacement de la presse quotidienne, était presque la seule revanche de l’esprit et de la liberté. Une journée lui suffisait pour chacun de ses articles, qui étaient autant de chefs-d’œuvre et qui avaient investi leur auteur d’une renommée européenne. »

De si rares et si précieuses qualités furent tout d’un coup terrassées, anéanties par une maladie terrible, l’aliénation mentale ; l’activité cérébrale, surexcitée outre mesure, surmenée sans relâche, détermina la folie. Les premières atteintes du mal le frappèrent à Venise, où il était allé, en 1868, assister aux funérailles de Manin. On le vit frapper du bout de sa canne le cercueil du patriote vénitien, faire des efforts pour adresser à la foule un discours incohérent, puis courir les boutiques des orfèvres de Venise pour y commander les décorations d’un ordre qu’il venait de fonder. Ramené à Paris et placé dans une maison de santé, il s’en échappa un matin et vint faire à plusieurs ministres les visites les plus inattendues, leur tenant les propos les plus étranges. À l’un il offrait la main de la comtesse de Chambord pour le prince impérial ; à un autre, il offrait la vice-royauté des îles Baléares ; au ministre des finances, il apportait les plus bizarres propositions. Il se croyait souverain d’un pays imaginaire ; il avait la folie glorieuse, la plus implacable de toutes. Son frère parvint à l’emmener à Dieppe, ou le pauvre fou attendait chaque jour, disait-il, l’impératrice. Le mal, après s’être calmé à plusieurs reprises et avoir laissé espérer que E. Forcade recouvrerait au moins une partie de ses facultés, l’emporta, le 8 novembre 1869.

M. B. Jouvin, dans une causerie qu’il a consacrée au publiciste, a donné sur ses habitudes de travail et sa rapidité prodigieuse des détails intéressants qui expliquent jusqu’à un certain point la maladie cérébrale qui l’a frappé. Forcade accomplissait tous les quinze jours un tour de force qui terrasserait les plus solides. « Voici, dit-il, comment les choses se passaient. Le chroniqueur arrivait à dix heures à la Revue. Sur sa table de travail on plaçait une bouteille de bordeaux, des œufs, un bifsteck, un légume. Autour de lui étaient dépliées les immenses feuilles qui s’impriment à Londres, celles du moins qui ont le mot d’ordre des partis, le Times en tête et à la place d’honneur. Forcade déjeunait en parcourant ces précieuses archives de renseignements européens. Il les avait lues déjà à tête reposée et il ne faisait qu’enfoncer dans sa pensée les jalons où devait porter sa discussion. L’estomac et l’esprit reconfortés, le chroniqueur prenait sa plume, et, pour parler comme Mme de Sévigné, lui laissait la bride sur le cou. La plume volait sur le papier, et dans un galop furieux, vertigineux, ne s’embarrassait ni du mot ni de la phrase. Le mot courait se placer de lui-même sans broncher, et la phrase, coupée quelquefois de longues incidences, n’en arrivait pas moins alerte et toujours ferme à sa conclusion. C’était quelque chose de clair, de serré, de logique. Ça et là les saillies gauloises pétillaient sous un argument ou un aperçu. La plume courait toujours ; les feuillets dévorés dans cette course haletante de la pensée et de l’expression s’ajoutaient aux feuillets cueillis par le compositeur sous la main de l’écrivain. La copie partait pour revenir en épreuves, coupant, brouillant l’écheveau des événements et obligeant l’improvisateur à enfourcher tour à tour deux hippogriffes et à suivre deux courants d’idées, l’un en avant, l’autre en arrière. Quand cette terrible besogne était achevée, quand il avait mis sa signature au bas de ce demi-volume, sans donner un seul relâche ni à son poignet ni à son cerveau, E. Forcade faisait un dernier effort, c’était le plus pénible, pour se soulever de son siège. Le regard vague, la face injectée de sang, le pied hésitant et lourd, il marchait au hasard et comme un homme tombé des nues. C’est qu’il venait, en effet, de faire un voyage de neuf heures, lancé comme un projectile à travers l’Europe diplomatique, politique et financière. »

FORCADE-LAROQUETTE (Jean-Louis-Victor-Adolphe de), homme d’État français, né à Paris en 1819. Frère utérin du maréchal Saint-Arnaud, il fit son droit à Paris, et, en 1841, se fit inscrire comme avocat à la cour royale. En 1845, il fut reçu docteur en droit. Il avait été chargé, l’année précédente, de l’un des discours de rentrée à la conférence des avocats ; il parla du barreau sous Louis XIV. Le coup d’État du 2 décembre 1851 décida de la fortune politique de M. de Forcade, resté jusque-là avocat fort inconnu. Dès la réorganisation du conseil d’État, en janvier 1852, il y fut nommé maître des requêtes. Il ne tarda pas à être nommé directeur des forêts à Bordeaux. En 1857, il fut appelé à la direction générale de cette administration à Paris. Deux ans après, en 1859, continuant sa rapide ascension dans les hautes fonctions publiques, il était nommé directeur général des douanes et des contributions indirectes ; il recevait en même temps le titre de conseiller d’État en service extraordinaire et hors sections, pour pouvoir se présenter aux Chambres comme commissaire du gouvernement. Depuis un an à peine, M. de Forcade-Laroquette occupait cette position importante, lorsqu’il fut nommé ministre des finances, le 28 novembre 1860, en remplacement de M. Magne.

Maître des requêtes en 1852, ministre en 1860, on a peu d’exemples d’une carrière aussi rapide. Cependant, ni au conseil d’État, ni dans ses deux directions générales, rien n’avait révélé chez M. de Forcade-Laroquette les aptitudes exceptionnelles qui auraient pu faire prévoir, une aussi étonnante faveur.

Au ministère des finances, le seul acte important de son administration fut l’émission des obligations trentenaires, préparée, du reste, par son prédécesseur, en vue de créer des ressources spéciales sans augmenter la dette consolidée.

M. de Forcade-Laroquette occupa un an le ministère des finances ; il y était entré en novembre 1860, il en sortit en novembre 1861, et y fut remplacé par M. Fould, qui publia alors au Moniteur ce rapport étrange dont il tint si peu les promesses. Le 14 novembre, M. de Forcade était nommé sénateur. Au mois de mars 1863, il fut envoyé en mission en Algérie pour étudier certaines questions de colonisation et de commerce soulevées par les réclamations de la colonie. Cette mission resta sans résultats appréciables. Au mois d’octobre 1863, M. de Forcade fut nommé vice-président du conseil d’État.

Le 20 janvier 1867, M. de Forcade-Laroquette fut nommé ministre des travaux publics, de l’agriculture et du commerce, en remplacement de M. Béhic.

Aux sessions parlementaires de 1867 et 1868, où les questions de travaux publics, de chemins de fer et de liberté commerciale eurent une si large place, il se vit obligé d’occuper bien des fois et longtemps la tribune, de répondre à bien des reproches et de soutenir une lutte presque continuelle contre les diverses nuances de l’opposition. Presque toujours il se montra inférieur à sa tâche.

Le 17 décembre 1868, M. Pinard ayant dû donner sa démission de ministre de l’intérieur, M. de Forcade-Laroquette, qui décidément devait passer par tous les ministères, fut appelé à lui succéder. Comme rien n’était changé dans la ligne de conduite du gouvernement, il commit les mêmes fautes que son prédécesseur. Les journaux de l’opposition continuèrent à être poursuivis avec la même ardeur, et les délits relatifs ou droit de réunion furent l’objet d’une répression tout aussi vive. Les préoccupations du gouvernement se portaient en ce moment sur les élections prochaines. M. de Forcade-Laroquette, continuant les errements du passé, établit les délimitations des circonscriptions électorales de façon à favoriser le plus possible l’action administrative, et il opéra quelques remaniements tellement arbitraires, qu’il s’éleva au sein de plusieurs conseils municipaux, à Bordeaux notamment, les réclamations les plus vives, dont il ne fut naturellement tenu aucun compte. Aux protestations faites au Corps législatif par quelques membres de l’opposition contre ces mesures arbitraires, M. de Forcade répondit à la tribune, aux grands applaudissements d’une majorité toujours satisfaite, en défendant avec une âpreté agressive l’intérêt gouvernemental, le système des candidatures officielles et la distribution des bulletins de vote par les agents de l’autorité (8 mars 1869) ; il soutint cette thèse, familière à M. Rouher, sinon par des arguments nouveaux, du moins avec une certaine habileté. Malgré tous les efforts et l’excessive pression exercée par d’inqualifiables manœuvres sur les électeurs des campagnes lors des élections de mars 1869, M. de Forcade vit échouer, dans un grand nombre de circonscriptions, les candidatures qu’il patronnait. Le courant libéral qui se manifestait alors dans le pays ne tarda point à se montrer avec un éclat inattendu dans le Corps législatif lui-même, dès qu’il eut été appelé en session. Devant l’imposante manifestation des 116, demandant l’introduction dans le système gouvernemental de modifications dans le sens de la liberté et d’un contrôle plus efficace des mandataires du pays, l’empereur crut qu’il était temps de céder. Par son manifeste du 15 juillet 1869, il annonça le retour à la responsabilité ministérielle et la présentation d’un sénatus-consulte destiné à apporter des modifications libérales dans la constitution. M. de Forcade-Laroquette donna alors sa démission, ainsi que ses collègues ; mais, dans le remaniement ministériel qui eut lieu (17 juillet 1869), son portefeuille lui fut aussitôt rendu. Appelé à inaugurer un régime de transition, il se plia aux exigences de la situation, et prit notamment la parole au Sénat pour combattre les opinions émises par le prince Napoléon (septembre 1869). Vers la fin de cette même année, après l’ouverture du Corps législatif, le ministre de l’intérieur se montra plus favorable à la politique libérale et parlementaire. Comme M. Rouher, il était condamné par sa situation même à être l’interprète des idées de l’empereur, l’avocat de la cause gouvernementale, et rien de plus. À cette époque, un rédacteur du Times appréciait avec une rare justesse, dans les termes suivants, la situation de ce ministre : « M. de Forcade-Laroquette est un administrateur, ce n’est pas un ministre ; c’est le chef d’un département de l’État, ce n’est pas un homme d’État. Il a sa tâche devant lui, et il s’en acquitte en subordonné intelligent et fidèle ; il se dévoue simplement à l’interprétation de la pensée de celui qui l’emploie. La politique de celui qui l’emploie peut sortir, il est vrai, des suggestions du subordonné ; le ministre peut être l’âme du cabinet du souverain ; il peut être sa tour de défense dans la lutte des partis ; il peut courber le suffrage du peuple au bon plaisir du souverain ; mais ce ministre n’est responsable envers personne qu’envers son maître, le maître dont le souffle peut le créer ou l’anéantir. »

Vers la fin de décembre 1869, M. Émile Ollivier fut appelé par l’empereur à former un cabinet, et, le 2 janvier 1870, M. de Forcade-Laroquette fut remplacé au ministère de l’intérieur par M. Chevandier de Valdrome. Quelque temps après, il donna sa démission de sénateur et se présenta comme candidat au Corps législatif dans la deuxième circonscription de Lot-et-Garonne, en remplacement du vicomte de Richemont, appelé à occuper un siège au Sénat. Élu député, il devint, avec son ancien collègue M. Pinard et M. Jérôme David, un des chefs de la droite. Après la révolution du 4 septembre, M. de Forcade-Laroquette n’a plus fait parler de lui, et, lors des élections à l’Assemblée nationale, les électeurs n’ont rien fait pour le tirer de l’oubli.

FORCADEL (Étienne), en latin Forcatulus, jurisconsulte français, né à Béziers en 1534, mort en 1573. Il fut professeur de droit à Toulouse. On a de lui plusieurs ouvrages de jurisprudence, pour la plupart sous des titres bizarres, qui ont été publiés à Paris (1595, in-4o), et des poésies, également médiocres, éditées par le fils de l’auteur sous le titre de : Œuvres poétiques de Estienne Forcadel (Paris, 1579, in-8o).

FORCADEL (Pierre), mathématicien français, né à Béziers, mort vers 1573, frère du précédent. Il parcourut l’Italie, puis se fixa à Paris, où il devint professeur de mathématiques au Collège de France. Forcadel a publié un assez grand nombre de traductions dont les principales sont : les six premiers livres des Éléments de géométrie d’Euclide (1564, in-4o) ; le livre d’Archimède, Des poids, qui est dict aussi des choses tombantes en l’humide (1565) ; le livre de la Musique d’Euclide (1565), etc. On lui doit aussi quelques ouvrages originaux, entre autres : Arithmétique par gects (Paris, 1558, in-8o).

FORÇAGE s. m. (for-sa-je — rad. forcer). Métrol. Limite supérieure de la tolérance ; excédant que peut avoir une pièce de monnaie sur le poids fixé par les ordonnances.

— Encycl. La loi a déterminé les limites de titre et de poids dans lesquelles les monnaies peuvent être fabriquées au dessus ou au-dessous du titre et du poids droits. Autrefois le Trésor royal ne tenait aucun compte aux directeurs des monnaies du forçage ou poids supérieur au poids droit dans leurs ouvrages ; cet excédant de matière était perdu pour eux. Ainsi le prescrivait l’ordonnance de 1554, où il est dit : « Si ès boètes se trouvent aucuns deniers forts de poids, ou larges de loi au-dessus de l’ordonnance, ne sera d’icelui forçage et largesse aucune chose allouée en la dépense des états des maîtres. »

Le terme de forçage était toujours employé pour exprimer l’excédant de poids, et celui de largesse pour exprimer l’élévation du titre, dans les remèdes, bien entendu, autrement dit dans les limites de la tolérance, Ainsi on disait : forçage de poids et largesse de loi. De ce qu’il n’était tenu aucun compte aux directeurs du forçage de leurs fabrications, il s’ensuivait que ceux-ci avaient le plus grand intérêt à l’éviter et que leurs efforts tendaient à fabriquer plutôt au-dessous qu’au-dessus du poids droit des espèces. Aussi les monnaies présentaient-elles en moyenne une perte de poids assez notable, les fabrications à poids faibles ne se trouvant pas compensées par celles à poids forts. Aujourd’hui, le gouvernement a reconnu qu’il était plus sage de fixer les tolérances en dehors et en dedans des poids et titres légaux et d’en charger le Trésor public. Par ce moyen, les espèces sont toujours fabriquées dans une juste moyenne de poids et de titre.

FORCALQUIER (Forum Neronis ou Forum Calcurium), ville de France (Basses-Alpes), ch.-l. d’arrond., à 54 kilom. S.-O. de Digne, sur le versant d’une colline ; pop. aggl., 1,784 hab. — pop. tot., 2,841 hab, L’arrond. comprend 6 cantons, 50 communes et 34,266 hab. Tribunal de Ire instance ; justice de paix. Manufactures d’étoffes et de toiles ; commerce de draps, quincaillerie, chevaux ; filature de soie. Cette petite ville, bâtie en amphithéâtre sur le versant d’une colline calcaire, n’offre guère que des rues étroites et tortueuses. Les maisons sont presque partout de chétive apparence, excepté sur le boulevard de la Tourette et l’esplanade du Bourguet, plantés de beaux arbres. L’église, classée au nombre des monuments historiques, portait avant la Révolution le titre de cathédrale. Elle présente mélange du style roman et du style ogival. La porte principale, de style ogival est surmontée d’une belle rosace garnie de vitraux. La chapelle de l’ancien couvent de la Visitation est très-élégante. Une belle statue de la Vierge s’élève sur l’emplacement du château, détruit en 1601. Des cinq portes de la ville, une seule, celle des Cordeliers, est encore debout.

L’origine de Forcalquier remonte au vie siècle ; au ixe siècle, la ville était déjà défendue par un château fort et des murs d’enceinte. Plus tard, elle jouit pendant longtemps du titre et des privilèges de capitale de la haute Provence. Elle fut assiégée tour à tour par Charles de Duras, par les bandes de Raymond de Turenne, par les troupes de Louis XI, et décimée à plusieurs reprises par la peste, qui, en 1630, lui enleva plus de 2,000 habitants.

— Bibliogr. Liste d’ouvrages à consulter sur l’histoire de Forcalquier : Dissertations historiques et critiques sur l’origine des comtes de Provence, de Venaissin, de Forcalquier etc, par L.-Ant. de Ruffi (Marseille, 1712, in-4o) ; Chronologie historique des comtes de Forcalquier, par dom Fr. Clément, dans la seconde édition de l’Art de vérifier les dates (Paris, 1770, in-fol., p. 758) ; Historia Guillelmi junioris, comitis Forcalquieri, auctore Joanne Columbo, è societate Jesu, dans le recueil des opuscules de cet auteur (Lyon, 1660, in-fol., p. 74) ; Statuta Provinciæ et Forcalquerii, cum commentariis Lud. Massæ (Aix, 1598, in-4o) ; Coutume de Forcalquier, dans le Nouveau coutumier général de Richebourg (Paris, 1724 ; in-fol., t. II, p. 1,005) ; Recherches sur l’abbaye de la Jeunesse à Forcalquier, par Camille Arnaud (Marseille, 1858, in-8o).

FORÇAT s. m. (for-sa — rad. forcé). Homme condamné aux travaux forcés du bagne : Rien n’est plus intrépide qu’un forçat.. (V. Hugo.)

L’ambition, l’amour, l’avarice, la haine
Tiennent comme un forçat son esprit à la chaîne.
Boileau.

— Par ext. Homme réduit à une condition pénible, laborieuse : L’homme n’est sorti de la sauvagerie que pour devenir, pendant de longs siècles, un forçat. (Proudh.)

— Jeux. Jouer au forçat, Jouer aux cartes en s’assujettissant à certaines règles qui ne sont pas toujours obligatoires.

— Encycl. V. bagne.


Forçats pour la foi (les), par Ath. Coquerel fils (Paris, 1866, 1 vol. in-12). Cet ouvrage a paru en grande partie dans le Disciple de Jésus-Christ, revue du christianisme libéral et dans le Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français. Comme le titre l’indique suffisamment, c’est l’histoire des protestants condamnés aux galères pour cause de religion. Dans le langage de l’époque, on