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dans les eaux pures et courantes, et atteint un demi-mètre de longueur. Elle conserve très-longtemps après qu’elle a été cueillie sa couleur verte et son humidité ; aussi brûle-t-elle très-difficilement ; de là son nom spécifique. En Laponie, on entasse cette mousse entre les cheminées et les parois voisines, afin de se préserver des incendies. D’un autre côté, comme elle est un mauvais conducteur de la chaleur, on l’emploie avec avantage dans les glacières, pour isoler la glace, qui se maintient ainsi plus longtemps. On rencontre fréquemment les fontinales dans les tourbières, où elles contribuent à la formation de la tourbe.

FONTIS s. m. (fon-ti — rad. fondre). Min, Nom donné à des éboulements de forme conique, qui se forment fréquemment dans le sol situé au-dessus des anciennes carrières.

FONTON s. m. (fon-ton). Ornith. Un des noms du coucou indicateur.

Fontovejune, drame de Lope de Vega. Fontovejune (fuente ovejuna, la fontaine aux brebis) est une petite ville d’Espagne, sur les confins du royaume de Cordoue, de l’Estramadure et de la Manche ; elle fut le théâtre, au xve siècle, d’événements sanglants, qui ont inspiré à Lope de Vega une de ses meilleures compositions historiques. D’ordinaire assez malheureux lorsqu’il aborde l’histoire, à cause de sa fantaisie qui l’emporte loin du sujet, il a été ici d’une exactitude scrupuleuse, et surtout il a réussi à peindre les mœurs féroces de ce siècle, bien près encore du moyen âge, avec une grande vérité, une énergie farouche. Les chroniques ne lui fournissaient du reste que le soulèvement de Fontovejune, contre le commandeur de Calatrava, Gomez de Guzman, soulèvement causé par sa tyrannie, ses exactions, sa lubricité. Mais ces événements se placent en pleine guerre civile (1475) ; d’un côté, Ferdinand d’Aragon et Isabelle sont acclamés en Castille à la place de Jeanne, la fille dépossédée du dernier roi, Henri le Malade ; de l’autre, le grand maître de Calatrava s’empare de places de guerre, se fortifie dans les villes et les châteaux de l’ordre, et essaye de faire passer dans la maison de Portugal la couronne de Castille. Ciudad Real et Fontovejune étaient deux places militaires importantes occupées par les chevaliers de Calatrava ; la première est reconquise, pour Ferdinand, par les chevaliers de Saint-Jacques ; dans la seconde, c’est une émeute populaire qui fait justice des rebelles. Le caractère audacieux, les passions violentes, hautaines des chevaliers de Calatrava, et surtout de leur commandeur ; en opposition avec ceux-ci, la fermeté, le patriotisme des citoyens opprimés, la formation de la junte, tous les sanglants incidents de la révolte enfin, offraient un champ assez large à l’imagination du poète.

Le personnage du commandeur, Gomez de Guzman, est tracé de main de maître ; chaque nouvelle scène met en relief un des traits de ce caractère hautain, intraitable. Dès ses premiers mots, on le voit exciter à la rébellion le grand maître de l’ordre, Tellez Giron, un tout jeune homme. « Pardieu, lui dit-il, tirez cette épée blanche, il la faut rendre rouge comme la croix de Calatrava ; jamais je ne pourrai vous appeler maître de l’ordre de la Croix rouge tant que votre épée sera blanche ! L’épée au côté, la croix sur la poitrine, elles doivent être rouges toutes les deux ! » Plus loin, il fait corrompre deux jeunes filles à l’aide de bijoux par des domestiques ; ici, on le reçoit à Fontovejune sous des arcs de triomphe ; il répond à la harangue de l’alcade et essaye de faire entrer de force deux femmes chez lui. Dans un bois, il surprend la fille d’un paysan, et, pour la poursuivre, dépose à terre son arme de chasse, son arbalète ; le fiancé de la jeune fille ramasse l’arme et le couche enjoué. « Tire, misérable, lui crie-t-il ;tire ; mais vise-moi bien, sinon j’oublie que je suis un chevalier. » Le paysan n’ose le tuer. Tout le village est en butte à ses violences : filles enlevées, parents dépouillés de leurs vêtements et frappés par ses valets à coups de sangles de chevaux ; il n’est pas de famille à qui il n’ait imprimé une tache. Les haines peu à peu bouillonnent. L’un parle de le pendre à un arbre, l’autre regarde si sa fronde est en bon état. Au retour d’une expédition, traversant le village à cheval, il y trouve une noce en train de se réjouir et de danser, des musiciens chantent une ronde ; joli tableau champêtre qui fait opposition aux scènes violentes. Le commandeur fait emprisonner le mari, l’homme à l’arbalète, précisément, et frappe de sa main l’alcade, qui vient s’y opposer. La colère, longtemps comprimée, déborde à la fin ; une junte se forme. Les caractères francs et ouverts de ces paysans, dociles d’abord, puis d’une fermeté indomptable dans leur résistance ; la révolte, une fois résolue, sont étudiés de très-près. Comme le remarque M. Damas-Hinard, Lope de Vega avait un talent unique pour peindre la vérité vivante ; mais il l’a peinte parfois avec tant de finesse que, pour bien l’apprécier, il faut le lire avec la plus grande attention.

Les scènes de la fin sont horribles. Le commandeur, assiégé dans la maison de l’ordre par l’émeute, se réfugie dans les chambres hautes. L’assaut est donné, on enfonce les portes ; il est saisi et précipité du haut des fenêtres sur les piques des révoltés qui l’achèvent ; on lui arrache la barbe et les cheveux, on lui casse les dents à coups de pommeaux d’épée, sa tête est promenée au bout d’une pique ; les femmes dansent en rond autour de ces dépouilles sanglantes. L’action ne finit pas là, pourtant. Quoique la révolte se fût opérée aux cris de : Vive Ferdinand et Isabelle, les rois catholiques ne pouvaient laisser impunie la mort du commandeur, l’ordre de Calatrava étant suzerain légitime de Fontovejune. Des magistrats sont envoyés pour instruire l’affaire ; on assiste à la torture infligée à l’alcade qui, sommé de déclarer les meurtriers, s’écrie : Fontevejune ! La torture ne peut lui arracher un autre aveu. Dans les chroniques, comme dans la pièce de Lope, des femmes, des enfants mêmes, attachés au chevalet, à la même question, font tous la même réponse : Fontevejune ! Les rois catholiques, certains que le soulèvement avait eu lieu pour des causes individuelles, personnelles au commandeur, suspendirent l’action de la justice.

Ce drame est un des plus vivants de Lope. Il a été traduit en français par La Beaumelle (Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers, t.XXVII), et par M, Damas-Hinard (Théâtre de Lope de Vega, Gosselin, 1842, 2 vol. in-18).

FONTRAILLES (Louis d’Astarac, marquis de), gentilhomme gascon, intrigant politique et conspirateur, né au commencement du xviie siècle, mort en 1667. Il joua un rôle important dans toutes les machinations de cour contre Richelieu. C’était une des créatures de Cinq-Mars, qui l’attacha à Gaston d’Orléans et le fit envoyer en Espagne pour la négociation du fameux traité secret. Aussi prudent qu’ambitieux et délié, il pressa son protecteur de se mettre en sûreté, quand il vit diminuer les chances de la conspiration, et, n’ayant pu se décider, il s’enfuit en Angleterre, après lui avoir dit, avec sa verve gascone : « Ma foi, monsieur, vous serez encore d’assez belle taille quand on vous aura ôté la tête de dessus les épaules ; mais moi, je suis, en vérité, trop petit pour cela. » Il rentra en France après la mort du cardinal, fit partie de la cabale des Importants et se vendit à Mazarin. On a de lui une Relation des choses particulières de la cour, arrivées pendant la faveur de M. de Cinq-Mars. Publiée avec les Mémoires de Montrésor (1663), cette relation a reparu dans les collections Petitot et Poujoulat.

FONTS s. m. pl. (fon — du lat. fons, fontaine). Relig. Bassin, grand vaisseau où l’on conserve l’eau dont on se sert pour baptiser : Les fonts baptismaux. Les fonts de baptême. Bénir les fonts.

Tenir un enfant sur les fonts. En être le parrain ou la marraine.

— Encycl. Dans les premiers temps du christianisme, comme on baptisait par immersion plusieurs cathécumènes à la fois, et le même jour, on se servait de grands bassins, peu profonds, placés au milieu d’édifices spéciaux, auxquels on donnait le nom de baptistères. Jusqu’au ixe siècle, le baptême ne fut donné qu’à l’époque des fêtes de Pâques, de la Pentecôte et de Noël ; cet usage ayant cessé à partir de cette époque, et la coutume s’étant établie de baptiser les enfants immédiatement après leur naissance, et à n’importe quel jour de l’année, on se préoccupa de mettre à la disposition du clergé des cuves plus petites que les bassins, et on remplaça ces derniers par les fonts baptismaux, installés tels que nous les voyons encore aujourd’hui dans nos églises. Ces petites cuves furent, au début, couvertes d’un édicule rappelant l’ancien baptistère ; quelquefois même ces fonts n’étaient que des cuves antiques, dépouilles de monuments romains. Selon le Père du Breul, la cuve de porphyre rouge, prise par Dagobert à l’église de Saint-Hilaire de Poitiers, servit de fonts baptismaux dans l’église abbatiale de Saint-Denis. Beaucoup de ces cuves, dès l’époque où elles furent en usage, étaient en métal, et consistaient en une large capsule enfermée et maintenue dans un cercle ou un châssis porté sur des colonnettes. En général ces monuments sont taillés et disposés de façon à figurer un vase inscrit dans un châssis ; on en trouve quelques-uns du xiie siècle dont la forme est barlongue, sans doute, pour permettre de coucher et d’immerger entièrement l’enfant que l’on baptisait. D’après les ordonnances des conciles, les fonts baptismaux étaient toujours munis d’un couvercle. Celui-ci était parfois si lourd, que l’on était obligé, pour le soulever, de se servir de potences ou de petites grues. Dans l’ornementation de ces cuves, on ménageait de petits retraits pour placer le sel, l’huile et les flambeaux ; il arrivait même parfois que le dallage environnant portait la marque de la place que chaque personne assistant au baptême devait occuper. Les fonts baptismaux du moyen âge sont aussi variés par leur forme que par la matière ; on en rencontre beaucoup en bronze et en plomb ; ceux en pierre sont ornés de feuilles et de fleurs qui s’entrelacent, ainsi que de bas-reliefs et de figurines en ronde bosse rapportées sur des culs-de-lampe. Parmi les fonts baptismaux les plus remarquables, on peut citer, avec M. Viollet-le-Duc, ceux de Bâle, de Halle, de Saint-Pierre de Louvain, de Sainte-Colombe à Cologne, etc. Ceux du village de Meltines, en Sicile, furent célèbres au ve siècle par un miracle dont l’évêque Pascalen rendit compte au pape saint Léon. Tous les ans, à l’heure du baptême, dans la nuit de Pâques, ces fonts baptismaux se remplissaient subitement, sans qu’il y eut ni tuyaux, ni canal, ni eau dans les environs ; après le baptême la cuve se vidait naturellement. A Poissy, on conserve encore les fonts baptismaux de saint Louis ; ils étaient autrefois tenus en grande vénération par le peuple, qui y déposait beaucoup d’ex-voto, et croyait que les parcelles de la pierre de cette cuve, avalées avec de l’eau, guérissaient presque toutes les maladies. Les fonts baptismaux les plus intéressants comme œuvre d’art, comme exécution et comme conception, sont ceux de la cathédrale de Hildesheim. « La cuve, dit M. de Caumont, dans le Bulletin monumental (t. XX, p. 299), repose sur quatre personnages ayant chacun un genou en terre et tenant une urne dont l’eau se répand sur le pavé ; ce sont les figures emblématiques des quatre fleuves du Paradis ; sur le cercle qui porte sur leurs épaules, on lit une inscription expliquant le rapport symbolique de chacun de ces fleuves avec la prudence, la tempérance, le courage et la justice. Autour de la cuve sont sculptés quatre bas-reliefs représentant le passage du Jourdain par les Israélites sous la conduite de Josué, le passage de la mer Rouge, le baptême de Jésus-Christ, la Vierge et l’enfant Jésus, devant lesquels est l’évêque donateur Wilherms. Au-dessus des quatre Fleuves sont huit médaillons représentant la Prudence et Isaïe, la Tempérance et Jérémie, le Courage et Daniel, la Justice et Ezéchiel. Au-dessus se voient les signes des évangélistes. Le couvercle conique est également décoré de bas-reliefs. » Ces fonts, de la seconde moitié du xiiie siècle, sont, comme le dit M. Viollet-le-Duc, les plus beaux qui existent et les mieux composés par le choix des sujets accompagnés d’inscriptions. On se servait encore pendant le moyen âge, comme fonts baptismaux, de bassins précieux apportés d’Orient. On peut voir de nos jours, au musée des Souverains, au Louvre, un bassin persan, où l’on prétend que les enfants de saint Louis ont été baptisés. Pour continuer la tradition et les règles qui avaient créé le baptistère, on couvre encore aujourd’hui les fonts baptismaux, et on les place dans une chapelle spéciale, que l’on ferme par une grille, pour les mettre à l’abri de toute violation et les séparer de la foule.

FONTURE s. f. (fon-tu-re — rad. fondre.) Mar. Diminution, disparition d’un banc de sable : Ce banc est en fonture. Il y a une fonture.

FONTVIEILLE, bourg et commune de France (Bouches-du-Rhône), cant., arrond. et à 9 kilom. N.-E. d’Arles ; pop. aggl., 2,416 hab. — pop. tot., 3,248 hab. Source d’eau thermale ; nombreux vestiges d’anciens aqueducs ; voie romaine. Aux environs, curieux bas-reliefs taillés dans le roc.

FONTYN (Nicolas), en latin Fontanus, médecin hollandais, né à Amsterdam, vivait dans la première moitié du xviie siècle. Il professa l’anatomie dans sa ville natale et composa un grand nombre d’ouvrages, estimés de son temps, et dont les principaux sont : Institutiones pharmaceuticæ (Amsterd., 1633) ; Florilegium. metitcum (Amsterdam, 1637) ; Responsionum et curationum medicinalium liber unus (1639) ; Obseruationum rariorum analecta (1641) ; Syntagma medicum de morbis mulierum (1644), etc.

FONVIELLE (Bernard-François-Anne, dit le Chevalier de), littérateur, poste, publiciste français, né à Toulouse en 1759, mort en 1839. Employé dans la régie des aides, à Perpignan, lorsque la Révolution éclata, il montra d’abord des opinions très-avancées, se mit en évidence au club de Montpellier, et, en 1791, fut nommé secrétaire de l’assemblée électorale de son département. Mais par une subite évolution, il passa dans le camp opposé et fit preuve d’un royalisme si ardent, qu’on le surnomma le petit abbé Maury. Forcé de quitter Montpellier, il se rendit à Marseille, où il établit une maison de commerce, devint secrétaire d’une section, chercha, en 1793, à soulever les départements du Midi, et fit chasser de Lyon les députés de la Franche-Comté, qui venaient engager les Lyonnais à accepter la constitution décrétée par la Convention nationale ; mais, quand il vit les troupes de la République se disposer à faire le siège de Lyon, Fonvieile, peu belliqueux de sa nature, s’enfuit, traversa la Suisse, l’Italie, et revint par là à Marseille. Toulon, occupé par les Anglais, lui offrait un refuge ; il y recommença sa propagande royaliste. Mais, les républicains gagnant sans cesse du terrain, Fonvieile quitta la France pour la seconde fois, erra en Espagne, puis en Italie, alla trouver le futur Louis XVIII à Vérone, et devint un de ses agents secrets. Après le 9 thermidor, il se rendit à Lyon, puis à Marseille, y renoua ses intrigues et en fut chassé. Plus tard, ayant publié quelques brochures en faveur du gouvernement consulaire, il fut nommé chef de bureau au ministère de la guerre. Il occupa ensuite un emploi à la Banque de France, puis exploita des carrières de plâtre. En 1814, comme il se trouvait sans emploi, il sollicita, mais en vain, des secours des Bourbons, s’établit traiteur en face du Palais-Royal, et finit sa vie dans le dénûment. On lui doit un très-grand nombre d’écrits, pour la plupart fort médiocres, et parmi lesquels nous citerons : Momus régisseur de théâtre, proverbe en vers (Nîmes, 1788) ; Collot d’Herbois dans Lyon, tragédie en cinq actes, en vers (an III, 1795 in-8o) ; Essai sur l’état actuel de la France au Ier mai 1796 (Paris, 1796, in-8o) ; Résultats possibles de la journée du 10 brumaire an VIII, ou Continuation des Essais sur l’état actuel de la France (Paris, 1799, in-8o) ; Essais de poésies (Paris, 1800, in-8o, ou 2 vol. in-12 et in-18) ; Situation de la France et de l’Angleterre à la fin du xviiie siècle (Paris, 1800, 2 vol. in-8o) ; Essais historiques, critiques, apologétiques et économiques sur l’état de la France au 14 juillet 1804 (Paris, 1804, in-8o) ; Ali ou les Karegites, tragédie en cinq actes (1811, in-8o) ; Considérations sur la situation commerciale de la France au dénomment de la Révolution (Paris, 1814, in-8o) ; la Théorie des factieux dévoilée et jugée par ses résultats, ou Essai sur l’état actuel de la France (Paris, 1815, in-8o) ; Recueil de fables, dédié au roi (Paris, 1818, in-8o) ; Louis XVI ou l’École des peuples, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, 1820, in-8o) ; Diomédon ou le Pouvoir des lois, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, 1820, in-8o); Annibal, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, 1821, in-8o) ; Arthur, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, 1821, in-8o) ; Sapho ou le Saut de Leucade, tragédie en trois actes et en vers (Paris, 1821, in-8o) ; Théodebert ou la Régence de Brunehant, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, 1821, in-8o) ; Hélène, tragédie lyrique en trois actes (Paris, 1821, in-8o) ; le Mauvais joueur, comédie en trois actes et en vers (Paris, 1822, in-8o) ; la Guerre d’Espagne, poème (1823, in-8o) ; Mes mémoires historiques sur la Révolution (Paris, 1824, 4 vol. in-8o), autobiographie de l’auteur qui, s’il faut l’en croire, a pris une large part à tous les grands événements de l’époque ; les Trois Fonvielle ramenés à leur honorable et invariable unité, ou Justification éclatante du chevalier de Fonvieille, affermi pour jamais dans ses incontestables droits aux bontés du roi, à l’intérêt des ministres de Sa Majesté, à l’estime des honnêtes gens, etc. (Paris, 1825, in-8o), écrit dans lequel l’auteur affirme avoir dépensé 800,000 francs, exposé mille fois sa vie, et consacré pendant trente-cinq ans toutes ses facultés à faire triompher la cause des Bourbons, etc. Enfin, Fonvielle a rédigé le Parachute monarchique ou Mémoires de l’Académie des Ignorants (1823-1828), dont les premiers cahiers eurent pour titre : l’Accusateur public, et obtinrent, dit-on, l’approbation de Louis XVIII. On croit que picard, dans son Gil Blas de la Révolution, a pris Fonvielle pour type du perruquier gascon Giffard de Quissac. M.-J, Chénier lui avait déjà consacré ce vers satirique :

Fonvielle en son patois osera nous louer.

FONVIELLE (Wilfrid de), journaliste français, né à Paris en 1828. Savant distingué, physicien, orientaliste, philosophe, il a publié, entre autres ouvrages, des recherches intéressantes sur l’Histoire des aérolithes et une Étude sur la mort, d’une rare vigueur de pensée. D’abord adonné aux mathématiques, qu’il professa pendant quelque temps, il les abandonna, en même temps que le professorat, pour se livrer à la littérature scientifique, à la vulgarisation de la science, soit à l’aide du livre, soit à l’aide du journal. C’est dans cet ordre d’idées qu’il écrivit toute une série d’ouvrages remarquables : l’Homme fossile, étude de philosophie géologique (1865, in-8o) ; les Merveilles du monde invisible (1865, in-18), avec gravures, pour la Bibliothèque des Merveilles ; Eclairs et tonnerres (1866, in-18), pour la même bibliothèque ; l’Astronomie moderne (1868, in-18), etc. Il avait auparavant fait paraître quelques livres ou brochures historiques, d’une valeur moindre : le Souverain (Jersey, 1853, in-8o) ; Insurrection de l’Inde (1857, in-18), avec M. Legault ; l’Entrevue de Varsovie (1860, in-8o) ; la Croisade en Syrie (1860, in-8o). Vers 1867, il poursuivit, dans la presse, le cours de ses vulgarisations scientifiques et publia dans les journaux avancés des articles qui furent remarqués. Il était devenu, dans la dernière période de l’Empire, un des rédacteurs les plus actifs de la Liberté. M. de Fonvielle ne s’est pas fait connaître seulement comme théoricien et vulgarisateur ; il a attiré sur lui à maintes reprises l’attention publique par ses ascensions aérostatiques, dans lesquelles il s’est livré à diverses expériences. Au printemps de 1856, il passa notamment deux jours dans un ballon entre Paris et Compiègne. En 1869, il fit, non sans péril, avec M. G. Tissandier, plusieurs voyages aériens pour établir avec exactitude la graduation du baromètre. Au mois de novembre 1870, il quitta Paris, assiégé par les Prussiens, dans l’aérostat l’Égalité, qui était muni d’une soupape imperméable de son invention, toucha terre en Belgique, et de là se rendit en Angleterre, dans le but d’y faire connaître la situation de Paris, et l’esprit patriotique qui l’animait. Le 18 décembre, il assista à un grand meeting réuni à Trafalgar-Square par l’Association démocratique internationale, afin d’y proclamer les sympathies du peuple anglais pour la France, et il y prononça un discours qui fut très-applaudi. — Son frère cadet, Arthur de Fonvielle, né en 1830, est toujours resté simple journaliste. Il a longtemps collaboré à la Presse, à la Liberté, à la Réforme et en dernier lieu à la Marseillaise, Dans ce