Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de l’indifférence et ne répondit que par l’ingratitude aux services qu’on lui avait rendus. Enfin, elle fut tellement enivrée d’être devenue la dispensatrice de toutes les grâces et l’objet de toutes les adulations, qu’on la vit cesser de saluer la reine lorsqu’elle passait devant elle. Une si haute fortune dura peu ; la jeune favorite fut brusquement délaissée du monarque, à la suite de couches qui altérèrent sa beauté, et elle se retira à l’abbaye de Port-Royal. Ella avait à peine vingt ans. Mal remise de son accouchement, elle tomba dans une sorte de langueur qui empira et ne laissa bientôt plus d’espoir. Les médecins présagèrent sa mort prochaine. Trois fois par semaine, le maréchal de La Feuillade venait, par ordre, prendre de ses nouvelles ; Mlle de Fontanges demanda, comme une grâce dernière, de revoir le roi. Louis XIV n’aimait pas la tristesse autour de lui. « La mort, dit M. E. Pelletan, semblait une injure personnelle à son autorité ; il y voyait pour le moins une insinuation. Il hésita avant de se rendre au vœu de la mourante. Mais son confesseur ordonna, espérant que la vue des derniers moments de la belle pécheresse serait pour le pécheur une haute leçon de morale, et le roi toujours occupé de son salut, obéit.

» Il se fit transporter à Port-Royal et en voyant, pâle, amaigrie, expirante, celle qui, quelques mois avant, illuminait Versailles de sa beauté, il ne put s’empêcher de verser des larmes : — « Ah ! maintenant, s’écria Mlle de Fontanges, je puis mourir, puisque mes derniers regards ont vu pleurer mon roi. » Trois jours après, le 28 juin 1681, elle expirait, blessée au service du roi, dit cruellement Mme de Sévigné.

Dans les Mémoires de Madame, on lit : « Il est certain que la Fontanges est morte empoisonnée ; elle a elle-même accusé de sa mort la Montespan. Un laquais que celle-ci avait gagné l’a fait périr avec du lait. » On n’a sur cet empoisonnement, comme sur celui dont aurait été victime Madame elle-même, que des conjectures.

FONTANIER (Victor), voyageur et diplomate français, né en Auvergne vers 1796, mort en 1857. Élève de l’École normale, il fit divers voyages en Orient aux frais de l’État, remplit les fonctions de consul, fut destitué au moment des bruits de guerre de 1840, pour avoir rompu avec l’Angleterre de son propre chef ; mais obtint, en 1846, le consulat de Singapore. Ses ouvrages sur l’Orient, qui lui valurent le titre de membre correspondant de l’Institut, sont estimés pour leur exactitude et l’intérêt des détails. En voici les titres : Voyage en Orient entrepris par ordre du gouvernement français (1821 à 1829, 2 vol. in-8o) ; Voyage en Orient (1831, 1832, 1834, in-8o) ; Voyage dans l’Inde et dans le golfe Persique (1844-1847, 3 vol. in-8o).

FONTANIER (Jean), renégat français, né à Montpellier, brûlé en place de Grève, à Paris, vers la fin du xvie siècle. Élevé dans la religion réformée, il l’abjura à Vérone, se fit religieux d’un ordre très-sévère qu’il quitta bientôt, puis devint avocat. Par la suite, il alla en Grèce, puis à Constantinople, où il demeura quelque temps. Là il apprit, dit-on, l’hébreu et se fit instruire dans la religion mahométane. De retour en France, il entra en relations, à Calais, avec deux juifs portugais, nommés Daniel et Isaac Montalto. « Daniel, dit le P. Garasse, lui persuada de se déclarer juif, lui donna un livre écrit à la main contenant plusieurs impiétés, et lui promit de lui procurer quelque honorable appointement de la synagogue d’Amsterdam, s’il s’en venait dans Paris pour y semer ses maudites maximes. » Jean Fontanier accepta cette offre et se rendit à Paris. « S’étant coulé doucement, dit Garasse, dans la connoissance de quelques jeunes curieux, il fit afficher par les carrefours un placard contenant des promesses en apparence bien spécieuses, et semblables à celles des manichéens en leur Epistre fondamentale, au rapport de saint Augustin. « Dénoncé par un de ses disciples, il fut arrêté, traduit devant le parlement, déclaré coupable d’avoir enseigné l’athéisme, condamné à être brûlé en place de Grève, avec son livre, et, dès le lendemain, la sentence fut exécutée.

FONTANIEU (Gaspard - Moïse), historien français, né en 1693, mort en 1767. Il fut intendant de Grenoble, conseiller d’État, et contrôleur général des meubles de la couronne. Fontanieu consacra tous ses loisirs à réunir, pour l’histoire du Dauphiné, une immense quantité de titres formant un recueil composé de 841 portefeuilles in-4o, lequel se trouve à la Bibliothèque nationale. Il a laissé, en outre, plusieurs ouvrages manuscrits, dont un seul a été imprimé sous le titre de Rosalinde (La Haye, 1732, 2 vol. in-12). — Son fils Pierre-Elisabeth Fontanieu, né vers 1730, mort en 1784, remplit également les fonctions de contrôleur général des meubles de la couronne. Il s’occupa d’une façon toute particulière de chimie, devint membre de l’Académie des sciences et publia : l’Art de faire les cristaux colorés imitant les pierres précieuses (Paris, 1778, in-8o).

FONTANIL, village et comm. de France (Isère), cant. N., arrond. et à 9 kilom. de Grenoble ; 599 hab. Grotte de la Lutinière, renfermant un puits dont la profondeur est inconnue. Au sommet de la roche escarpée de Cornillon, ruines d’un château fort et de travaux de défense élevés pendant les guerres de religion du xvie siècle.

FONTANINI (Juste), archéologue et littérateur italien, né à Saint-Daniel (Frioul) en 1666, mort à Rome en 1736. Bibliothécaire du cardinal Rescato Imperiali, il entra dans les ordres et se fixa à Rome en 1697. Il y continua ses études de paléographie et d’antiquités, sous la direction des antiquaires les plus éminents de l’époque, notamment de Fabretti. Clément XI le nomma professeur d’éloquence et l’employa à soutenir par ses écrits les prétentions du saint-siége sur Comacchio, Parme, Plaisance, etc. La polémique, les discussions politiques ou littéraires restèrent à jamais dans les goûts de Fontanini, à qui la science pure ne suffisait pas ; il en arriva dans cette voie à ce degré de puérilité, d’écrire fort doctement contre la prétention des évêques d’Arezzo à se revêtir du pallium. Toutefois, sa passion de controverse rendit quelquefois service aux lettres. C’est ainsi qu’il défendit l’Aminta du Tasse, l’Histoire ecclésiatique de Tillemont, que les jésuites voulaient faire mettre à l’index, et qu’il réfuta avec beaucoup de savoir les attaques du jésuite Germon contre Mabillon. Benoît XIII le combla de faveurs et le nomma archevêque titulaire d’Ancyre. Mais il fut disgracié sous Clément XII et dès lors il se consacra exclusivement à ses travaux littéraires. Il laissa inachevée une Histoire littéraire du Frioul, qui fut néanmoins publiée en cet état. Ses autres ouvrages, les plus importants sont : Traité de l’éloquence italienne (en italien), qui fut de la part d’Apostolo Zeno l’objet d’une critique, aussi judicieuse qu’élégante ; le Traité et la Critique ont été imprimés ensemble (Venise, 1755) ; Catalogue de la bibliothèque du cardinal Imperiali (en latin) ; De antiquitatibus hortæ (Rome, 1703, in-4o) ; Dissertatio de corona ferrea, Longobardorum (1717, in-4o), etc.

FONTANON (Antoine), jurisconsulte français, né en Auvergne au xvie siècle. Il fut avocat au parlement de Paris, et acquit la réputation d’un jurisconsulte distingué. Le premier après Rebuffe, il entreprit de faire un recueil des ordonnances des rois de France, et il le publia sous le titre de : les Edits et ordonnances des roys de France, depuis sainct Loys jusqu’à présent (Paris, 1580, 4 vol. in-fol.). Dans cet ouvrage, revu et réédité par Gabriel Michel (Paris, 1611, 3 vol. in-fol.), Fontanon a suivi l’ordre des matières et non l’ordre chronologique.

FONTANUS, médecin hollandais. V. Fonteyn.

FONTARABIE, en espagnol Fuentarrabia, en latin Fons rapidus, Œso, ville d’Espagne, province de Guipuzcoa, à 17 kilom. N.-E. de Saint-Sébastien, à 22 kilom. S.-O. de Bayonne, sur une petite presqu’île formée par le golfe de Gascogne, près de la rive gauche de la Bidassoa ; 3,000 hab. Place forte ; petit port de pêche et de commerce. La pêche est la principale industrie de ses habitants. Cette petite ville offre un aspect très-curieux avec ses toits qui se rejoignent presque au-dessus des rues, ses maisons noircies par le temps, ses fortifications et ses portes à demi écroulées et ses débris de murailles percés à jour par les boulets. Rien de plus saisissant que la rue qui conduit à l’église, édifice gothique à l’intérieur et du style de la Renaissance à l’extérieur. La façade occidentale du château doit dater du xvie siècle ; des constructions beaucoup plus anciennes dominent la Bidassoa. Du reste, Fontarabie possède un certain nombre de palais aux façades timbrées d’écussons gigantesques et témoignant de son ancienne splendeur. Cette malheureuse petite ville a été plusieurs fois prise et reprise, notamment en 1521, en 1794, en 1808, en 1813 et en 1837.

FONTE s. f. (fon-te — rad. fondre). Action de fondre, de liquéfier ; transformation d’un corps qui se liquéfie : La fonte des métaux. La fonte de la glace. Remettre à la fonte. La fonte des neiges fait déborder les rivières. (Acad.) || Action, art de mouler certains objets qu’on fait avec du bronze ou avec quelque autre métal fondu : Jeter une statue en fonte. (Acad.)

— Fig. Travail intellectuel que l’on recommence ;

Remettez pour le mieux les deux vers à la fonte.
La Fontaine.

— Métall. Carbure de fer qui est le produit immédiat du traitement des minerais ou des fers par le charbon : Marmite de fonte. On affine la fonte pour avoir du fer. La fonte n’est pas malléable. La fonte est liquéfiable à douze cents degrés. (Chevreul.) || Fonte blanche, Carbure de fer homogène, que l’on obtient à l’aide d’un refroidissement brusque. || Fonte brute ou Fonte crue, Fer peu malléable et résistant à la lime. || Fonte claire, Reste de coulée provenant d’un excès de métal cru.

|| Fonte inoxydable, Alliage de cuivre, de fer et de zinc, où ce dernier métal domine. || Fonte marchande, Celle qui se vend en nature, au lieu d’être affinée pour être convertie en fer. || Fonte noire, Fonte d’un gris foncé, cassante, facilement fusible, et qui se produit dans les hauts fourneaux lorsque le combustible y est employé en excès. || Fonte truitée, Mélange de la fonte blanche et de la fonte grise ; la plus propre à être convertie en fer forgé. || Fonte vive, Fonte de mines très-coulante. || Fonte en coquille, Fonderie en sable, pour les pièces auxquelles on veut donner une grande dureté.

— Techn. Dans les verreries, Temps nécessaire pour opérer la fusion d’une quantité quelconque de matières vitrifiables, à compter du moment où elle a été enfournée. || Mélange de laines de diverses couleurs qui doivent entrer dans certains tissus. || Nom donné par les hongroyeurs à la réunion des peaux qu’ils alunent et travaillent ensemble : Fonte de six peaux, de douze peaux. Les fontes ordinaires sont de neuf peaux. || Fonte de bourre, Opération du teinturier qui fait bouillir la bourre dans l’urine tenant des cendres gravelées en dissolution.

Typogr. Ensemble de toutes les lettres et de tous les signes qui composent un caractère complet de grosseur déterminée : Une fonte de petit-romain, de cicéro, ou de neuf, de onze, etc. Une fonte de nouveaux caractères. Une fonte toute neuve. || Fonte haute, Celle qui excède la hauteur ordinaire des caractères d’imprimerie. Fonte de six feuilles ou de douze formes, Celle avec laquelle on peut composer de suite six feuilles ou douze formes, sans être obligé de distribuer.

— Méd. Fonte d’humeurs, Evacuation abondante des liquides, qu’on attribuait à la liquéfaction de certaines parties solides. || Fonte purulente, Suppuration consécutive à l’inflammation, et s’étendant à tout le tissu d’un organe : Fonte purulente de l’œil.

— Syn. Fonte, fusion. Fonte diffère d’abord de fusion en ce qu’il a plusieurs acceptions qui ne conviennent nullement à ce dernier mot. Quand les deux mots sont synonymes, fusion marque simplement l’action de fondre ou d’être fondu ; fonte marque cette même action comme un effet, comme un phénomène, et il appartient au langage ordinaire plus que fusion, que sa dérivation latine rend surtout propre aux exposés scientifiques.

— Encycl. La fonte est une combinaison du fer avec une proportion de carbone qui peut varier de 2 centièmes à 6 centièmes. On a observé que, dans les grandes masses de fonte, la proportion du carbone n’est pas la même à la surface qu’à l’intérieur. Dans les masses qui ont été fondues et graduellement refroidies, la partie centrale renferme moins de carbone que les parties extérieures. Une différence a été notée aussi dans les conditions d’existence du carbone, suivant la place qu’il occupe dans le métal. Au centre, la proportion du carbone graphitique au carbone combiné est plus grande que dans les parties extérieures de la fonte. Cette dernière différence sera d’autant plus marquée que le métal se sera plus rapidement solidifié à la surface.

La fonte de fer présente différentes variétés, parmi lesquelles on distingue : les fontes blanches, les fontes grises, les fontes truitées et les fontes noires. La première est brillante, d’une couleur argentine plus ou moins prononcée ; aussi l’appelle-t-on, suivant les cas : blanche argentine, blanche mate, blanche vive, etc., etc. Elle est très-cassante et résiste à la lime. Le charbon y est répandu uniformément, et lui donne un aspect homogène et métallique qu’on ne trouve pas dans les autres espèces. Elle se rouille et se laisse altérer par l’eau beaucoup plus difficilement que la grise. Les fontes blanches, étant faciles à fondre, jouissant de la propriété de se maintenir pendant longtemps à un état pâteux favorable à la décarburation, et retenant peu le carbone, se laissent affiner avec facilité et passent promptement à l’état de fer ductile ; mais les impuretés qu’elles contiennent ne permettent d’obtenir que du fer médiocre et de mauvaise qualité. Aussi, dans l’affinage avec une telle fonte, est-on obligé de remédier à sa tendance à se prendre en masse, en retardant l’opération par une disposition particulière du creuset.

Les fontes blanches pures, qui proviennent des bons minerais manganésifères, sont les seules avec lesquelles il soit possible de laisser marcher l’affinage avec la rapidité naturelle.

Les fontes grises, qui sont connues sous les noms de : grises claires, grises truitées, grises noires, etc., etc., sont poreuses et a cassure grenue. Elles contiennent du graphite, qui, se trouvant en contact avec le fer, forme un couple voltaïque, qui opère la décomposition de l’eau et fait oxyder le métal. Cette fonte est la moins dure ; on peut la limer, la couper et la forer assez facilement ; sa densité n’est jamais supérieure à 7, tandis que celle de la fonte blanche est de 7,85. Les fontes grises, en raison de la haute température qu’exige leur fusion, de la fluidité qu’elles acquièrent dès qu’elle a eu lieu, et de la fixité du carbone dans la combinaison, sont plus longues et plus difficiles à affiner que les fontes blanches ; mais, comme ce sont les plus pures que l’on puisse obtenir avec la plupart des minerais, il y a avantage à n’affiner que les fontes de cette espèce. Celles qui proviennent des minerais fusibles sont préférées à celles qui résultent d’un mélange réfractaire de minerais et de fondants, parce qu’elles contiennent moins de silice que ces dernières. La fonte blanche, fondue et refroidie lentement, perd de son homogénéité et devient grise, tandis que la fonte grise, fondue et refroidie brusquement, devient blanche.

Les fontes truitées, dont les propriétés participent de celles des fontes blanches et grises, sont celles que l’on traite le plus ordinairement dans les feux d’affinerie ; leur fabrication est moins coûteuse que celle des fontes grises, et si elles sont moins pures qu’elles, ce défaut est suffisamment racheté par leur plus grande facilité à se laisser affiner.

La fonte noire prend l’empreinte du marteau ; elle se casse facilement, et elle présente de gros grains avec du graphite. Elle est la plus fusible des quatre, elle se produit avec un excès de charbon ; c’est celle que l’on emploie pour les fusions.

On distingue encore les fontes lamelleuses, ainsi appelées parce qu’elles ont une texture cristalline à larges lames ; elles ne présentent pas les mêmes phénomènes que les fontes blanches et grises, quand on les soumet à la chaleur ; cela tient à ce qu’elles contiennent du soufre, du phosphore ou du manganèse dans une assez notable proportion. On ne se sert pas de cette espèce de fonte pour le moulage ; on emploie préférablement la fonte grise pour les ustensiles et pièces de mécanique de toutes sortes, les balcons, les plaques, les tuyaux, etc., etc.

Les fontes peuvent encore être divisées en deux classes, selon qu’elles proviennent de la réaction du carbone du bois ou de celui de la houille sur les minerais de fer ; on les nomme alors fontes au charbon de bois et fontes au coke. On les distingue encore sous les noms de fontes de première, de deuxième ou de troisième fusion, suivant qu’elles ont été prises directement après la conversion du minerai, ou qu’elles ont été refondues.

On affine la fonte par le procédé comtois, ou au petit foyer, et par le procédé anglais, ou au four à puddler. Dans le premier cas, on se sert de bois comme combustible ; la fonte est mise en contact avec des scories et avec de l’oxyde de fer ; celui-ci cède son oxygène au carbone de la fonte et se convertit en fer, en même temps qu’il la décarbure. Dans le second cas, on place la fonte dans un creuset avec du coke, et l’on active la combustion par le vent des tuyères ; aussitôt qu’elle est en fusion, on la coule dans des fossés et on la refroidit avec de l’eau ; elle donne alors une fonte très-cassante, appelée fine-metal. La fonte, débarrassée en grande partie des matières étrangères, est placée dans un four à puddler avec des scories et de l’oxyde de fer, et les loupes sont ensuite portées sous les cylindres dégrossisseurs des laminoirs. Dans l’une et l’autre méthode, les réactions chimiques sont les mêmes. Le fer est de la fonte à laquelle on a enlevé presque entièrement le silicium, le carbone, le manganèse, le soufre, etc., etc., qu’elle pouvait contenir. Le silicium et un peu de fer s’oxydent sous l’influence de la chaleur et de l’air, et constituent un silicate de fer très-basique ; l’excès de la base de ce sel est réduit par le carbone, qui passe a l’état d’oxyde de carbone. Si, dans la fonte, il y a du phosphore, il s’acidifie et forme un sel ; s’il y a du manganèse, il entre dans le silicate en même temps que l’oxyde de fer.

Pour accélérer et activer le travail de l’affinage, on emploie différents modes de préparation, compris sous les dénominations de blanchiment, de mazéage et de grillage. Le blanchiment s’obtient par différentes méthodes : 1o en l’opérant dans le creuset même des hauts fourneaux, par l’addition d’une certaine quantité de minerai cru, qui donne par lui-même de la fonte blanche, et dont les laitiers décarburent la majeure partie de celle qui était déjà formée ; 2o en soumettant la fonte réunie dans le creuset à l’action d’un fort courant d’air, qui la décarbure et lui fait perdre en même temps une partie de la silice qu’elle contient ; 3o en coulant la fonte en plaques minces dans des lingotières où on l’arrose d’eau, pour produire un refroidissement subit du métal au sortir du fourneau. Ces plaquettes, que l’on ne forme qu’avec la fonte grise, se nomment blettes ; elles sont ordinairement livrées au grillage pour être partiellement décarburées. Le mazéage, qui a pour but de faire subir aux fontes un affinage préliminaire, s’opère de plusieurs manières : soit par la méthode de Styrie, en mettant le métal en fusion dans des creusets semblables aux foyers d’affinerie, alimentés avec du charbon de bois et assez fortement soufflés par une tuyère très-inclinée ; soit par la méthode de Souabe, en refondant la fonte comme dans le cas précédent, mais en y ajoutant une certaine proportion de scories ; soit par celle du Nivernais, la seule pratiquée en France, qui tient à la fois du mazéage de Styrie et de celui de Souabe, et qui consiste à refondre la fonte avec addition de scories, et à la couler, sur du sable humecté, en plaques, que l’on divise en morceaux appelés mazelles. Le grillage s’applique aux blettes de première et de seconde fusion, et a pour résultat la décarburation partielle de la fonte ; on l’opére dans des fours de grandes dimensions où l’on empile les blettes avec du fraisil. En Carinthie et en Styrie, le grillage s’opère simplement sur des aires préparées à cet effet. Pour les autres opérations de l’affinage, voir les mots affinage et fer.

La fonte blanche, chauffée avec de l’acide chlorhydrique concentré, se dissout complètement ; mais la fonte grise, soumise au même