Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieures des phalanges. Enfin l’iodure d’amidon peut être utilisé dans toutes les maladies du système lymphatique, telles que la morve, le farcin, la scrofule, l’éléphantiasis du gros bétail, et dans beaucoup d’affections chroniques.

— 3° Fondants arsenicaux. L’acide arsénieux se donne en solution à la dose de 2 à 4 centigrammes pour les grands animaux, et à celle de 1 à 2 centigrammes pour les petits.

— 4° Altérants alcalins. Dans les maladies dues à la richesse et à l’abondance du sang, les altérants alcalins obtiennent beaucoup de succès, soit comme auxiliaires, soit comme succédanés des émissions sanguines. Ces médicaments sont les carbonates et les bicarbonates de soude et de potasse, l’azotate de potasse, le tartrate de potasse et d’antimoine, et enfin le chlorure de sodium. Ces sels doivent se donner à grandes doses. Cependant, il faut en modérer l’usage lorsqu’il existe une inflammation des muqueuses intestinales qui complique la maladie contre laquelle on l’emploie. Pour tous ces composés, excepté l’émétique, la dose doit être de 96 à 100 grammes pour les grands animaux, et il faut en continuer l’usage jusqu’à ce qu’ils coulent avec les urines. L’émétique peut être porté jusqu’à la dose de 48 grammes pour les grands animaux, et de 1 à 2 grammes pour les petits, mais en arrivant à ces doses d’une manière graduée. Le chlorure de sodium, pris en petite quantité, excite l’estomac, favorise la digestion des aliments et tonifie toute l’économie, dans l’organisation de laquelle il entre en grande proportion, et fait partie de la composition des humeurs circulatoires sécrétées et excrétées. C’est un excellent condiment pour les animaux. Sa dose, dans ce cas, est de le 16 à 32 grammes par jour pour les grands animaux, et de 8 à 12 grammes pour les petits, notamment pour les moutons.

FONDATEUR, TRICE s. (fon-da-teur, trise — rad. fonder). Personne qui fait un établissement destiné à se perpétuer après elle : Le fondateur d’un empire, d’une religion, d’un ordre monastique, d’un établissement de crédit, d’une maison de commerce. || Personne qui a usé la première de quelque chose dont on a usé après elle ; personne qui a introduit l’usage de quelque chose : Law est, parmi nous, le fondateur du crédit public et de la ruine publique. (Chateaub.) Erasistrate fut le fondateur de l’anatomie pathologique. (Raspail.)

Fondateurs de l’unité française (les), par M. le comte Louis de Carné (Paris, 1848-1856). M. de Carné a suivi dans ce livre les progrès de l’unité française ; il a marqué comment les divisions s’étaient effacées, comment peu à peu le domaine royal avait été accru de provinces restées jusqu’alors autonomes ; comment enfin les seigneurs, fiers et indépendants au moyen âge, rois sur leurs terres, étaient devenus vassaux du roi de France. Il a, en un mot, indiqué les progrès de l’unité française depuis Suger jusqu’à Mazarin, en étudiant l’administration de saint Louis, l’influence de Du Guesclin, de Jeanne D’arc, de Louis XI, de Henri IV et de Richelieu.

Voici on quels termes M. de Carné explique comment il a eu l’idée de cet écrit : « J’ai pensé qu’il y avait quelque avantage pour tout le monde, et qu’il pouvait surtout y avoir grand profit pour la jeunesse, à donner un corps à l’idée qui a constitué la nation, en suivant le mouvement de cette idée dans la vie des hommes qui en ont été les principaux instigateurs. Ce livre n’a pas un autre but. J’ai montré dans l’abbé Suger le représentant du pouvoir royal au moment où, par son association avec l’idée cléricale, celui-ci acquiert l’entière conscience de sa mission politique, et dans saint Louis la plus haute expression de la royauté conçue dans le sens chrétien. J’ai fait voir comment le connétable Du Guesclin, aussi grand organisateur que grand guerrier, avait ouvert avec son épée les entrailles de la patrie, pour en faire sortir un long cri de délivrance, et par quelles voies Jeanne D’arc avait reçu, pour sauver la France, une mission qu’on ne saurait contester sans répudier toutes les règles de la certitude historique. J’ai montré Louis XI accomplissant, contre la féodalité apanagère, le même travail que Louis IX contre la féodalité baronniale, et Henri IV consacrant tous ces grands résultats par la plus habile des conduites. J’ai étudié enfin, avec les développements plus complets que comporte et qu’impose l’approche des temps modernes, les cardinaux de Richelieu et Mazarin, mettant, l’un par son génie, l’autre par sa souplesse, la royauté française en mesure d’hériter du long travail des âges. »

On peut, d’après ces quelques lignes, voir dans quel esprit est écrit le livre de M. de Carné. C’est assurément un travail sérieux et sincère, bon à consulter ; mais, pour nous, nous regrettons que M. de Carné se soit trop souvenu du passé et lui ait sacrifié les idées de l’avenir.

FONDATION s. f. (fon-da-si-on — rad. fonder). Ensemble des travaux qui précèdent et préparent la construction des fondements d’un édifice : Les fondations d’un édifice comprennent l’excavation du terrain, et, lorsqu’il est nécessaire, le pilotis à établir pour affermir le sol. || Se dit particulièrement de la tranchée que les fondements doivent remplir ; Creuser les fondations d’un monument. — Abusiv. Fondements eux-mêmes : Bâtir les fondations. Des fondations peu solides.

— Fig. Action de fonder, de créer un établissement, avec l’intention de le rendre durable ; action d’établir un fonds pour les besoins d’une œuvre que l’on crée : La fondation d’un empire, d’une religion, d’un ordre monastique, d’une Académie. La fondation d’un lit d’hôpital. L’Europe attend, sollicite la fondation d’une nouvelle société. (Napol. 1er).

Antonymes. Faîte. — Abolition, destruction, éversion, renversement, ruine, subversion.

Encycl. Constr. Les fondations, qui forment la base de tout édifice, en sont la partie la plus importante. De leur solidité dépend la stabilité et la durée des ouvrages qu’elles supportent.

Les fondations varient avec la nature du terrain sur lequel on doit bâtir. À cet égard, la variété des couches que l’on rencontre, la diversité de leurs inclinaisons, de leur épaisseur, s’opposent à l’adoption de règles fixes. Des sondages préalables ou l’ouverture de la tranchée indiquent seuls le genre de fondations à adopter.

Les terrains sur lesquels on peut avoir, à fonder sont ou incompressibles ou compressibles ; les premiers sont encore, suivant les circonstances, inaffouillables ou affouillables ; les seconds rentrent toujours dans cette dernière catégorie.

Parmi les terrains incompressibles et inaffouillables, on classera : les diverses espèces de roches, les tufs, les marnes, les terrains pierreux que l’on ne peut exploiter qu’à la mine ou au pic, — les enrochements naturels, etc., etc.

Les terrains incompressibles, mais affouillables, sont le sable, le gravier, les cailloux, l’argile compacte, certaines roches, et, en général, les terrains graveleux et sablonneux.

Les terrains compressibles et affouillables, sont la tourbe, la vase, la terre végétale, l’argile fluide, etc.

Chacune des trois natures de terrain exige une méthode spéciale ; ainsi, les fondations sur le rocher s’établissent sur le roc lui-même, après l’avoir dérasé de niveau, ou par plusieurs retraites de niveau, pour empêcher le glissement de la construction. Lorsque le terrain est incompressible, mais affouillable, on ne peut plus fonder directement, et la méthode générale consiste à préserver le sol des affouillements par des ouvrages défensifs. Enfin, lorsque le terrain est en même temps compressible et affouillable, on doit lui substituer préalablement un sol factice incompressible et complètement inaffouillable.

Parmi les systèmes de fondations, on distingue : les fondations en libages, que l’on emploie pour les constructions de quelque importance, et que l’on exécute en étendant directement sur le sol résistant un lit de mortier, sur lequel on pose une assise de forts libages, que l’on surmonte d’une construction en moellons ou en pierres de même dimension jusqu’au niveau du sol ; les fondations en maçonnerie de meulière ou de moellon de roche dure, hourdée en mortier de ciment romain, que l’on substitue au système précédent, dont l’exécution est longue et dispendieuse ; les fondations en béton, qui procurent presque toujours une grande économie sur les systèmes précédents, et qui présentent l’avantage, lorsqu’elles sont bien exécutées et qu’elles sont faites avec de la bonne chaux hydraulique, de former des massifs doués d’une très-grande incompressibilité ; les fondations par piliers, que l’on emploie lorsque l’on est obligé de descendre à une très-grande profondeur pour trouver le sol résistant ; ces piliers se font en moellons, en enrochements ou en béton.

Ces fondations, qui ne sont praticables que lorsque le terrain incompressible se trouve placé hors de l’eau, sont remplacées par les suivantes, quand il en est autrement, c’est-à-dire quand le sol incompressible est situé sous l’eau ou sous des couches compressibles, à des profondeurs si grandes, que l’on ne puisse le mettre à découvert sans des dépenses trop considérables.

La marche à suivre pour les fondations par épuisement consiste à entourer de bâtardeaux l’emplacement qu’elles doivent occuper, à épuiser les eaux contenues dans cette enceinte, et à établir cet emplacement de la manière ordinaire sur le sol mis à nu. Les bâtardeaux, dont la composition et la forme varient avec la hauteur de l’eau, peuvent être en terre argileuse, en pieux et palplanches à cloison simple, devant laquelle on jette des enrochements, ou en cloisons doubles dont on remplit l’intérieur de terre argileuse ou non, ou bien encore en béton. On fait aussi usage, pour ce genre de fondations, de bâtardeaux en béton de ciment Gariel.

Lorsque la roche sur laquelle on doit fonder se trouve sous l’eau à une trop grande profondeur pour qu’on puisse se servir du procédé par épuisement, on a recours aux fondations au moyen de caisses sans fonds. Ce système, imaginé par M. Beaudemoulin, ingénieur en chef des ponts et chaussées, est employé avec succès pour fonder des ouvrages sur les rivières dont le lit est formé de couches de sable ou de gravier plus ou moins considérables. Ces caisses sont étanches, non étanches ou en partie étanches et non étan- ches ; les premières s’emploient lorsque le rocher est recouvert de sable ou de vase en couches assez fortes pour nécessiter des dragages, et lorsque l’on exécute tout le massif de la fondation, non pas en béton, mais en maçonnerie reposant sur une faible épaisseur de béton ; les deuxièmes sont préférées quand les dragages à faire sont peu importants, et que l’on élève la couche de béton à une hauteur voisine du niveau de l’eau ; les troisièmes, les plus employées, permettent d’arrêter le massif du béton à un niveau notablement inférieur à celui de l’eau, sauf à épuiser ensuite pour poser à sec les premières assises de la maçonnerie.

Ce système, employé à Paris depuis 1857, pour la fondation des ponts sur la Seine, a été appliqué avec avantage par M. Pluyette, ingénieur des ponts et chaussées, à la construction des piles des grandes voûtes de 50 mètres d’ouverture du viaduc de Nogentsur-Marne, qui livre passage au chemin de fer de Paris à Mulhouse ; la caisse employée était en tôle parfaitement étanche sur toute sa hauteur, et a permis de descendre les maçonneries a une très-grande profondeur sous l’eau.

Dans les terrains incompressibles et affouillables, les procédés de fondations varient avec l’importance des affouillements possibles et avec la mobilité du lit de la rivière.

Les fondations dans un terrain incompressible, mais affouillable à une faible profondeur, se font sur pilotis ; ce système, employé fréquemment autrefois, consiste à enfoncer au-dessous de la limite des affouillements, sur toute l’étendue des fondations, un nombre de pieux suffisant pour supporter, sans fléchir et sans s’écraser, tout le poids de la construction, et à faire reposer l’édifice sur la tête de ces pieux, battus à refus et parfaitement recépés.

Parmi les autres systèmes applicables à ce cas, on distingue : les fondations sur plateforme, qui consistent à échouer sur la tête des pieux des traversines horizontales, à les y fixer par des goujons, et à clouer sur ces traverses des planchers jointifs ou non jointifs, sur lesquels on asseoit les fondations. Ce procédé est applicable lorsque la rivière est à son étiage, et que l’on n’a aucune crue à redouter ; les fondations sur grillages, qui consistent à placer comme précédemment des traversines pour relier les files transversales des pieux, et à les joindre, non plus par un plancher jointif en madriers, mais par des longrines assemblées avec elles par des entailles ; puis à former un enrochement bien pilonné entre les pieux et tout autour de la fondation ; enfin, à couler du béton jusqu’au dessus de ce grillage, et à y asseoir la maçonnerie de l’ouvrage. Ce système s’emploie lorsque le terrain présente une résistance qu’il peut être avantageux d’utiliser. Les fondations sur massif de béton porté sur pilotis s’emploient lorsque l’on est obligé de descendre les fondations trop en contre-bas du niveau de l’eau, et que, par suite, on ne peut plus fonder sur plate-forme et sur grillage. Ce procédé, dont l’application est fréquente, s’exécute en battant des pilotis très-rapprochés les uns des autres, entre lesquels on jette des enrochements et du béton, de manière à relier tous les pieux ensemble et à faire une espèce de plate-forme sur laquelle on élève la maçonnerie, après avoir entouré son emplacement d’un bâtardeau en béton, si cela est nécessaire. Les fondations par caissons échouables s’emploient lorsque la profondeur de la rivière exige que l’on recèpe les pieux à une assez grande hauteur au-dessous du niveau de l’eau, afin de ne pas avoir des dimensions trop fortes pour les pieux en raison de leur longueur. Les caissons que l’on échoue sont composés d’une plate-forme très-épaisse et très-solide à laquelle on fixe des bords mobiles, rendus étanches afin de former bâtardeau, et suffisamment élevés pour que les petites crues probables ne les recouvrent pas ; ces bords latéraux se démontent dès que les travaux sont assez avancés. Ce système paraît avoir été appliqué pour la première fois aux piles du pont de Westminster, en 1750. Il a été employé depuis à bien des ponts, et entre autres aux ponts de la Concorde (1787), d’Austerlitz (1805), d’Iéna (1811), de Sèvres, d’Ivry, des Invalides (1854), de l’Alma (1855), de Libourne (1848), etc.

Pour remplacer ces systèmes de fondations, en général assez coûteux, à cause de la masse de bois qu’ils exigent et des frais de battage, de recépage, etc., on a recours aux fondations par encaissement, ou sur massif de béton contenu dans une enceinte de pieux et palplanches. Ce procédé, que les travaux de M. Vicat sur la fabrication des matières hydrauliques a généralisé, a été décrit très-nettement par Vitruve. Il consiste à former autour de remplacement des fondations une ceinture de pieux équarris et dressés, que l’on espace de 1 à 2 mètres, à réunir ceux-ci par des moises doubles horizontales, laissant entre elles un intervalle de 0m,10 à 0m,12, suivant la profondeur de l’eau, puis à battre dans ce vide des palplanches jointives que l’on enfonce le plus profondément possible. Si le dragage n’a pas eu lieu avant la construction de cet encaissement, on le fait dans l’enceinte jusqu’à ce que l’on arrive à un sol convenable, puis on y coule du béton jusqu’à la hauteur fixée pour l’établissement de la première assise de maçonnerie. Ce système de fondations est celui qui trouve le plus d’applications ; il a été employé pour asseoir un grand nombre de ponts sur la Seine, le Rhône, la Loire, le Rhin, etc.

Dans les terrains incompressibles, mais éminemment affouillables, on n’emploie que deux systèmes de fondations, savoir le radier général et la fondation tubulaire. Le premier système, déjà ancien, est assez peu dispendieux. Il empêche l’affouillement, en créant sous l’ouvrage et aux abords un sol factice inaccessible aux corrosions. Le second système, plus nouveau, n’évite pas les affouillements, mais il en annule le danger par des tubes remplis de béton, et descendus par le procédé pneumatique bien au delà des profondeurs des plus grands affouillements possibles. Ce dernier procédé comprend : le fonçage des tubes par le vide, par l’air comprimé et par la rentrée de l’eau. Le fonçage par le vide est dû au docteur Potto. Dans cette opération on agit, non plus sur le pilotis, mais sur le sol lui-même. Si l’on emploie un pieu creux, en fonte ou en tôle, ouvert par le bas, fermé à sa partie supérieure par un couvercle luté avec soin et communiquant avec une pompe pneumatique pour y taire le vide, il s’enfonce, par son propre poids et celui de la pression atmosphérique, dans le sol baigné par l’eau, et qui peut être du sable, de la vase ou même de l’argile. En effet, dès que la pression aura suffisamment diminué dans l’intérieur du tube, l’eau extérieure, ainsi que le sol lui-même, en vertu de la pression atmosphérique et aussi de la pression hydrostatique, tendront à s’y précipiter, et le courant qui se produira à la partie inférieure sapera le terrain, le désagrégera et entrainera tous ces débris à l’intérieur du tube. Ce procédé du fonçage des tubes par le vide seul n’est possible que dans les terrains de vase, de sable, de gravier et d’argile.

Les fondations par l’air comprimé remontent aux travaux que M. Triger, ingénieur des ponts et chaussées, fit en 1841 et 1845 pour arriver à ouvrir un puits de mine au milieu du lit de la Loire, près de Chalonnes (Maine-et-Loire). La première application de ce système aux fondations des ponts ne date que de l’année 1851, et c’est en Angleterre qu’elle eut lieu, à l’occasion de la reconstruction du pont de Rochester. L’air, comprimé dans un tube ouvert par le bas et fermé par le haut, chasse l’eau, et permet aux ouvriers de s’y introduire pour exécuter à sec la fouille intérieure, et faire descendre progressivement le tube jusqu’au terrain solide. Arrivé à ce point, on coule au fond du tube un lit de mortier de ciment romain, qui s’oppose à l’introduction de l’eau, et, ouvrant le tube à la partie supérieure, on achève de le remplir avec le béton ordinaire ou de la maçonnerie. Pour rendre possible l’entrée et la sortie des ouvriers, le tube est muni à sa partie supérieure d’une chambre, dite chambre à air ou d’extraction. Celle-ci a deux portes qui la mettent en communication, l’une avec l’air extérieur, et l’autre avec l’intérieur du tube. À partir de l’année 1857, le procédé de fonçage par l’air comprimé se modifia et donna lieu à deux méthodes essentiellement distinctes : l’une, dite la méthode par la rentrée de l’eau, et l’autre, par l’air comprimé proprement dit. Dans le premier mode, on commence par envoyer de l’air comprimé par des machines soufflantes, pour chasser l’eau, soit par le bord inférieur du tuba, soit par un siphon évacuateur, dont la plus longue branche descend jusqu’au sol. Les ouvriers descendent alors et déblayent l’intérieur jusqu’au tranchant de l’anneau inférieur. Dans cet état, l’air comprimé intérieur fait équilibre à la pression extérieure de l’eau et de l’air, et au poids du tube, qui pourrait même être soulevé si le contre-poids dont il est muni n’était pas assez fort. Les ouvriers sortent alors du tube avec leurs outils, et l’on ouvre les valves d’échappement pour faire sortir l’air comprimé. Dès que celui-ci s’échappe, l’eau extérieure, n’étant plus tenue en équilibre, rentre avec violence par le fond, entraînant avec elle le terrain et creusant sous le pied du tube un trou ou affouillement dans lequel celui-ci tombe à mesure et s’enfonce sous l’action de son poids et de son contre-poids. Quand la masse d’eau et de sable entraînée à l’intérieur équilibre les pressions extérieures, et que le frottement du tube est égal à son poids, le mouvement s’arrête, et l’on recommence une nouvelle opération de déblayement et de rentrée d’eau, en continuant de même jusqu’à ce que la pile soit à la profondeur voulue.

Dans la méthode par l’air comprimé proprement dit, on opère autrement. Lorsque le tube chargé de son contre-poids, de la chambre à air et de tous ses appareils, est descendu au moyen de vérins sur le fond de la rivière, on y chasse de l’air comprimé pour en expulser l’eau par le siphon ou par le rebord inférieur. ; les ouvriers y descendent alors, et leur travail consiste à creuser le sol et à charger les bannes qui remontent les déblais dans le sas à air. Au fur et à mesure que les ouvriers approfondissent le terrain sous le tube, celui-ci descend avec régularité sous l’action du poids énorme qu’il a à supporter, et qui est plus que suffisant pour résister à l’action de l’air comprimé et pour vaincre tous les frottements. Ce travail se continue de la sorte dans toutes sortes de ter-