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dédaigné d’imiter. Folengo finit par rentrer dans un monastère de son ordre et acheva ses jours dans le couvent de Santa-Croce. Pour expier ses œuvres de jeunesse et ses égarements, il s’était mis à composer des poésies religieuses, dont l’orthodoxie ne compensait pas la médiocrité. Ses poésies macaroniques, publiées sous le titre de : Opus macaronicorum (Venise, 1520, in-8o), ont été traduites en français sous celui de : Histoire macaronique, plus l’Horrible bataille des mouches et des fourmis (Paris, 1606, in-12). On a encore de ce poète italien : l’Orlandino (Venise, 1520), poème burlesque de l’enfance de Roland ; Chaos del tri per uno (Venise, 1527, in-8o), sorte d’autobiographie en vers et en prose, etc.

FOLETTE s. f. (fo-lè-te). Mar. Bateau léger et couvert, en usage sur quelques rivières.

FOLEY (sir Thomas), amiral anglais, né dans le comté de Pembrok en 1757, mort à Portsmouth en 1833. Il entra fort jeune dans la marine ; prit part, en qualité de lieutenant, à diverses rencontres entre les flottes de la France et de l’Angleterre (1780-1782) ; commanda, avec le grade, de capitaine, le Britannia à la bataille du cap Saint-Vincent (1797), et contribua au succès de la journée. L’année suivante, Foley assista au combat du Nil, sous les ordres de Nelson. Ce fut lui qui commença l’attaque dans la manœuvre audacieuse qui eut pour résultat la destruction de la flotte française. Commandant de l’Éléphant, en 1801, il fit partie de l’expédition qui partit pour attaquer Copenhague, sous les ordres des amiraux Hyde Parker et Nelson. Lors du sanglant combat qui eut lieu le 2 avril 1801, entre les escadres anglaise et danoise, Parker, voyant la ligne ennemie forcée et les graves avaries éprouvées par plusieurs de ses vaisseaux, donna le signal de cesser le combat. Foley en instruisit aussitôt Nelson, qui avait mis pavillon à bord de l’Eléphant. L’illustre amiral, furieux d’un pareil ordre, s’écria : « Faites cesser le feu si vous voulez, Foley ; quant à moi, qui n’ai qu’un œil, j’ai quelque droit d’être parfois aveugle. » Et, appliquant sa lorgnette sur son œil fermé : « En vérité, poursuivit-il, je ne vois pas se signal. » Foley devint contre-amiral en 1808, vice-amiral en 1812, et gouverneur de Portsmouth en 1830.

FOLEY (Jean-Henri), sculpteur anglais, né à Dublin en 1818. Il fit ses premières études artistiques à l’école de dessin et de modelage de sa ville natale, et devint, en 1834, élève de l’Académie royale de Londres. Dès 1839, il figura aux expositions annuelles de cette Académie, et ses deux statues l’Innocence et Abel mourant furent très-remarquées. En 1840, son groupe d’Ino et de Bacchus enfant lui valut la plus brillante réputation. Parmi ses travaux postérieurs, nous citerons : Lear et Cordélie, la Mort de Lear (1841) ; Vénus délivrant Énée (1842) ; Prospero racontant ses aventures à Miranda (1843) ; la Contemplation (1845) ; l’Innocence (1848) et le Pleureur (1849) ; la Mère (1850) ; Egérie (1856). Outre ces productions, où l’artiste n’a eu d’autre guide que son imagination, on lui doit encore un grand nombre d’œuvres monumentales, entre autres : les statues qui ornent le monument élevé dans l’église de Milford à la mémoire de l’amiral Cornwallis et du capitaine Withby ; le tombeau de Jacques Stuart, à Ceylan ; la statue de John Kampden, dans le nouveau palais de Westminster ; la statue : d’Olivier Goldsmith, dans le jardin du collège de la Trinité ; celle de l’architecte Charles Barry ; les statues équestres du vicomte Hardinge et du général Outram, à Calcutta ; celles du prince Albert, à Birmingham, et du membre du Parlement Fielden, etc. Depuis 1858, M. Foley est membre de l’Académie royale de Londres. C’est peut-être le plus jeune des sculpteurs anglais contemporains qui jouisse d’une si belle réputation. Quelques-uns n’hésitent pas à le placer au premier rang. Bien qu’il se soit complètement affranchi de toutes las traditions classiques, ses œuvres se distinguent par la pureté et la vigueur de l’exécution et en même temps par la puissance de l’imagination.

FOLGEFONDEN-FIELD, plateau élevé et chaîne de montagnes de la Norvège. Cette dernière s’étend dans la partie méridionale de la province de Bergenhuus, dans la direction du N. au S., et se termine non loin de la côte occidentale. Son point culminant a une altitude de 1,765 mètres. Mais ce qui y attire le plus l’attention, c’est le glacier qu’elle renferme ; il est situé à une hauteur de 1,520 mètres, a une longueur de 64 kilom. sur une largeur de 32 kilom., et l’on évalue sa profondeur à 180 mètres au moins. Un torrent qui sort de sa base forme une magnifique chute d’eau.

FOLGOËT (le), Village et commune de France (Finistère), cant. de Lesneven, arrond. et à 24 kilom. N.-O.de Brest ; 896 hab. Commerce de chevaux. L’église paroissiale est un édifice très-remarquable, classé au nombre des monuments historiques, et dont la légende raconte ainsi la fondation. Vers le milieu du xve siècle, dans une forêt voisine de Lesneven, vivait un pauvre idiot nommé Salaun, plus connu sous le nom du fou du bois, qui passait son temps à chanter les louanges de la Vierge Marie, se nourrissant de croûtes de pain qu’on lui donnait et qu’il trempait dans une fontaine voisine se son ermitage. Après sa mort, on vit tout à coup croître sur sa fosse un magnifique lis blanc, dans les feuilles duquel étaient écrits en lettres d’or ces mots : Ave Maria. À la vue de ce prodige, on résolut d’ériger une église à la mère de Dieu sur la fontaine du mendiant. Telle serait l’origine d’un des plus beaux monuments du Finistère. L’église du Folgoët date du xve siècle. La façade O. est flanquée de deux tours ; celle du N.-O. a 53 mètres d’élévation ; elle est ornée de sculptures et surmontée d’une gracieuse flèche en pierre, qui se dresse entre quatre clochetons. L’autre tour est terminée par un dôme d’ordre composite. Le trumeau du portail S. porte la statue d’Alain de La Rue, évêque de Léon, qui consacra l’église en 1419. Devant ce portail se voit la statue du cardinal de Coëtivy, attribuée à Michel Colombe. À l’angle de la chambre du trésor s’ouvre le portique des douze Apôtres, qui offre d’admirables détails de sculpture. À droite du porche, un pinacle porte la statue du duc Jean V. Le chevet est terminé par une délicieuse rosace ornée de vitraux modernes. Une corniche en feuilles de mauve et une galerie en quatrefeuilles décorent toute la partie E. du monument. À l’intérieur, dont l’architecture se recommande par des beautés de premier ordre, « les arcades de la nef, dit M. Pol de Courcy, retombent sur des faisceaux de colonnes dont le fût est, en général, garni d’une arête de mousse, et dont les chapiteaux offrent de ces larges feuilles grasses et frisées que l’on rencontre particulièrement dans les édifices du xve siècle. Un groupe de trois colonnettes, alternant avec une colonne seule, s’élève, sans interruption, entre chaque arcade, depuis le sol jusqu’à la voûte. Le jubé de l’église du Folgoët est à lui seul un monument. Trois arcades en plein cintre, dont les intrados sont découpés en trilobes à jour, sont surmontés d’une corniche, couronnée elle-même par une galerie de deux rangs superposés de quatre feuilles, véritable dentelle de pierre. Il faut renoncer à décrire le luxe d’ornementation de toutes les parties de ce jubé, qui dépasse de beaucoup en grâce et en fini d’exécution les célèbres jubés de Saint-Étienne-du-Mont, à Paris, de la Madeleine de Troyes et de Sainte-Cécile d’Alby. » Les eaux de la source du bienheureux Salaun s’écoulent au-dessous du chœur. On remarque, en outre, dans l’église du Folgoët : cinq autels en pierre de Kersanton, contemporaines de l’édifice ; quelques statues du xve siècle et une chaire moderne, dont les sculptures représentent la légende du Fou du bois. Les murs du Doyenné, charmant manoir à lucarnes garnies de crochets, portent les armes de Bretagne. La mairie et l’école des frères occupent les bâtiments de l’ancienne collégiale, reconstruits à la fin du xviie siècle.

FOLHEN, poète allemand. V. Follen.

FOLIACÉ, ÉE adj. (fo-li-a-sé — du lat. folium, feuille). Hist. nat. Qui ressemble, qui se rapporte ou qui appartient à la feuille : Organes foliacés. Stipules foliacées. Expansion foliacée. || Qui est composé de feuilles : Bourgeon foliacé.

FOLIAIRE adj. (fo-li-è-re — du lat. folium, feuille). Bot. Qui appartient aux feuilles : Glandes foliaires. || Qui naît des feuilles ou sur les feuilles : Aiguillons foliaires.

FOLIATION s. f. (fo-li-a-si-on — du lat. folium, feuille). Bot. Manière dont les feuilles sont disposées sur la tige. || Développement des feuilles ; moment où les bourgeons développent leurs feuilles : L’hiver arrête les beaux développements de la vie végétale, la foliation et la floraison. (F. Pillon.)

Encycl. V. feuille et feuillaison.

FOLICHON, ONNE adj. (fo-li-chon, o-ne — dim. de fol). Qui est d’une gaieté folle : Une fille folichonne. Un caractère folichon.

— Substantiv. Personne folichonne : Une petite FOLICHONNE.

Folichons et folichonnettes,
Sautons et folichonnons ;
Gai, gai, gai, violons et musettes,
En avant les folichons.
Pierre Frédéric.

FOLICHONNER v. n. ou intr. (fo-li-cho-né — rad. folichon). Faire le folichon, folâtrer avec gaieté : Adieu, je folichonne ; j’aurais voulu encore causer, mais le papa va rentrer, (Mme Roland.)

FOLICHONNERIE s. f. (fo-li-cho-ne-rî — rad. folichon). Action de folichonner, de folâtrer ; action folichonne : Il est d’une folichonnerie incroyable. Il nous a amusés par' ses folichonneries.

FOLICHONNET, ETTE adj. (fo-li-cho-nè, è-te — dimin. de folichon). Un peu folichon : Je vous trouve folichonnette aujourd’hui

— Substantiv. Petit folichon ; s’emploie surtout au féminin : Alcide, toujours vaillant, luttait contre cinq folichonnettes.(Bonneau.)

FOLIE s. f. (fo-li — rad. fol) : Aliénation d’esprit, dérangement des fonctions de l’intelligence : Accès de folie. Être atteint de folie. Avoir une folie incurable. Qu’est-ce que la folie ? C’est d’avoir des pensées incohérentes et la conduite de même. (Volt.) La folie n’est que l’avortement d’une pensée forte, mais impuissante, parce qu’elle n’a pas été conçue et gouvernée par la raison. (Lamart.) La folie est une maladie contagieuse. (Boitard.) L’imagination sans le jugement est le premier degré de la folie. (Laténa.)

— Par exagér. Extravagance du caractère ou des idées : L’extrême esprit est accusé de folie. (Pasc.)

Des gens d’esprit la folie est le lot.
J.-B.Rousseau.
…..C’est une folie a nulle autre seconde,
De vouloir se mêler de corriger le monde.
Molière.
Le plus sage dans sa vie,
À quelquefois ses accès de folie,
Voltaire.
Guérir d’une folie,
Bien souvent ce n’est qu’en changer.
Florian.
Chacun veut en sagesse ériger sa folie.
Et se laissant régler à son esprit tortu,
De ses propres défauts se fait une vertu.
Boileau.

|| Action ou parole extravagante : Faire des folies. Dire des folies. Si quelqu’un paraît sage, c’est seulement parce que ses folies sont proportionnées a son âge et à sa fortune. (La Rochef.) Il n’est point de folie qui ne se punisse elle-même. (Dumarsais.) La guerre est la plus atroce de toutes les folies humaines. (A. Toussenel.)

Qui fait une folie, il doit la faire entière.
RÉGNIER.
Vouloir tromper le ciel, c’est folie à la terre.
La Fontaine.
……C’est folie
De compter sur dix ans de vie.
La Fontaine.

|| Ecart d’une conduite légère et inconsidérée : Des folies de jeunesse. Quelques-uns n’ont pas même le triste avantage de répandre leurs folies plus loin que le quartier où ils habitent. (La Bruy.) Il est d’usage, dans le monde des nobles pécheresses, d’attendre que l’âge des folies soit passé pour revenir à la sagesse. (Toussenel.)

— Petite maison de campagne où l’on se réunissait pour se divertir librement : La folie Méricourt. Vieux en ce sens.

— Prov. Les plus courtes folies sont les meilleures, Il faut être déraisonnable le moins longtemps qu’on peut.

— Relig. Folie de la croix, Extravagance apparente de la mort de Jésus, ou des dogmes et de la morale de la religion chrétienne : Ah ! si la Révolution est une démence nationale, convenez du moins que l’accès en est long et que l’idée en est fixe ! et qu’une pareille folie de la Révolution pourrait bien ressembler un jour à cette folie de la croix, qui dura deux mille ans, qui sapa le vieux monde, qui apprit aux maîtres et aux esclaves le nom nouveau de frères, et qui renouvela les autels, les empires, les lois et les institutions de l’univers ! (Lamart.)

— Littér. Nom que l’on donnait, dans le xve siècle, aux petites pièces de vers que l’on a appelées depuis épigrammes : Marot passe pour avoir le premier introduit dans notre langue le mot épigramme, qui a fait oublier complètement celui de folie.

— Chorégr. Folies d’Espagne, Danse espagnole. || Air à trois temps et d’un mouvement très-varié sur lequel cette danse s’exécute.

— Loc. adv. A la folie, Avec passion, avec une ardeur démesurée : Aimer quelqu’un à la folie.

Me moquant des maux de la vie,
Tout comme de Colin-Tampon,
J’aimai toujours à la folie
Un long dîner, un court jupon.
Désaugiers.

Epithètes. Longue, incurable, douce, triste, mélancolique, touchante, bizarre, curieuse, singulière, extravagante, fatale, funeste, dangereuse, horrible, terrible, affreuse, redoutable, mortelle, noire, sombre, muette, taciturne, silencieuse, furieuse, échevelée, irritée, hébétée, hagarde, grossière, déplorable. — (Fig.) Excessive, éclatante, insigne, bizarre, singulière, extravagante, funeste, fatale, dangereuse, déplorable, impardonnable, inexcusable, inconcevable, incompréhensible, risible, ridicule, pardonnable, excusable, aimable, agréable, charmante, ingénieuse, joyeuse, feinte, simulée, apparente, tendre, amoureuse.

Syn. Folie, démence, manie. V. démence.

— Antonymes. Prudence, raison, sagesse, sens commun, bon sens.

— Encycl. Physiol. La folie est une affection cérébrale, ordinairement chronique et héréditaire, sans fièvre, caractérisée par un désordre partiel ou général, simple ou compliqué, des fonctions intellectuelles, affectives ou sensoriales, et des actes qui en dépendent.

Avant d’étudier séparément chacune des nombreuses variétés de la folie, nous déterminerons les éléments communs qui la constituent et nous réunirons en groupes distincts ses caractères généraux. Pour cela, nous étudierons les troubles des fonctions intellectuelles, les troubles des facultés affectives et des instincts, les troubles des fonctions sensoriales, et enfin les lésions anatomiques.

Les fonctions intellectuelles, dans la folie, présentent en certains cas, rares il est vrai, un désordre complet se manifestant par des conceptions délirantes et incohérentes, dans lesquelles n’interviennent ni la mémoire, ni l’attention, ni la conscience, ni le jugement. Dans d’autres cas, et c’est le plus grand nombre, les fonctions intellectuelles ne présentent qu’un désordre partiel, souvent très-borné et n’intéressant qu’un point très-circonscrit de l’intelligence. C’est ainsi que l’on voit se succéder des idées erronées, de faux jugements, que l’attention distraite ne peut diriger, mais qui, en général, ne sont nullement incohérentes ; ou bien, au contraire, des idées fixes, plus ou moins cohérentes, s’emparer de l’intelligence du malade et en absorber toute l’activité.

Les facultés affectives, dans la folie, présentent un trouble, regardé par Esquirol comme un caractère essentiel et presque constant de cette affection. Les sentiments les plus naturels sont quelquefois exaltés en apparence, et le plus souvent déviés ou même abolis complètement. Les instincts eux-mêmes, et jusqu’à celui de la conservation, peuvent être pervertis. Les fonctions d’expression qui se rattachent directement à l’exercice des facultés affectives présentent très-souvent des troubles importants, et l’on voit alors la joie et la fureur, le rire et les larmes se succéder sans motifs, et les gestes, la voix, le langage témoigner du désordre de l’esprit.

Les fonctions sensoriales, dans la folie, présentent des troubles connus sous le nom d’hallucinations et d’illusions sensoriales. Ces troubles constituent l’un des éléments les plus singuliers et les plus caractéristiques de l’affection qui nous occupe.

Les lésions anatomiques, dans la folie, ont été l’objet de recherches nombreuses et minutieuses de la part d’un grand nombre de savants, surtout dans ces quarante dernières années. Des lésions variées des os du crâne, des concrétions polypeuses dans le sinus longitudinal, des ossifications de l’arachnoïde, des ecchymoses sous-arachnoïdiennes, une congestion, une inflammation ou une infiltration de la pie-mère, des adhérences de cette membrane avec la couche corticale, une congestion des méninges cérébrales ou cérébelleuses, une atrophie des circonvolutions, diverses altérations de couleur ou de consistance de la couche corticale, une congestion de la substance blanche, une hydropisie de cette même substance, une hydropisie des ventricules du cerveau avec ou sans dilatation, une injection des plexus choroïdes, l’induration ou le ramollissement général ou partiel du cerveau, diverses altérations de la glande pinéale, et enfin l’odeur fétide de la substance cérébrale, telles sont les lésions principales mentionnées par les auteurs. Mais, de toutes ces nombreuses altérations que nous venons d’énumérer, il n’en est aucune qui soit spéciale à la folie, et Heuret a écrit, avec beaucoup de raison, que personne n’a encore découvert l’altération qui serait la cause immédiate de la folie. Du reste, il existe une foule de cas dans lesquels l’autopsie n’a révélé aucune lésion appréciable dans les centres nerveux.

Parmi les causes générales de la folie, il faut placer en première ligne l’hérédité. Extrêmement rare chez les enfants au-dessous de quinze ans, la folie se montre peu chez les individus qui ont dépassé la soixantaine. C’est depuis l’âge de trente ans jusqu’à celui de quarante qu’elle est plus fréquente, puis de vingt à trente, et enfin de quarante à cinquante ; elle se manifeste seulement un peu plus tôt chez les femmes et les gens riches que chez les hommes et les pauvres. Le sexe féminin, l’hérédité, le tempérament nerveux, une éducation vicieuse, peut-être le célibat, les professions qui exigent une grande contention d’esprit, qui l’agitent fortement ou mettent en jeu la vanité, l’ambition, etc., les grands bouleversements politiques, la superstition, les terreurs religieuses, la satiété de toutes les jouissances, les excès vénériens, la masturbation, l’abus des liqueurs fortes, la lecture des romans et des livres érotiques, le désœuvrement, les congestions cérébrales fréquentes, l’épilepsie, l’état de couches, l’âge critique sont rangés par tous les auteurs au nombre des causes prédisposantes de la folie. La plupart suffisent même pour la produire ; mais les causes qui la déterminent ordinairement consistent presque toutes dans les affections morales vives ou continues, telles que la colère, la frayeur, le chagrin, la honte, l’ambition, l’amour contrarié, les excès d’étude, l’ambition déçue, un revers subit de fortune, un bonheur inespéré, l’amour-propre humilié, la jalousie, les événements politiques, les chagrins domestiques, le fanatisme, etc. Les infractions aux lois de l’hygiène, l’exposition à un soleil brûlant, les fatigues extrêmes, le froid excessif, l’action des émanations mercurielles et méphitiques, les inflammations encéphaliques, les coups et les chutes sur la tête, les fièvres graves, les inflammations gastro-intestinales, les vers intestinaux, la syphilis, etc., ont été aussi considérés comme pouvant donner lieu à la folie. La description de la folie ne peut se faire d’une manière assez complète et assez exacte que par l’étude successive et isolé de chacune des formes principales que revêt cette maladie.