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à tort comme des symptômes de décadence. La liberté du choix dans les unions, une plus

frande confiance entre les époux., plus de ouceur dans l’éducation, plus d’égalité entre les enfants ; voilà les tendances irrécusables de nos mœurs actuelles. Le problème consiste à concilier ces nouveaux faits avec les principes sacrés de la hiérarchie domestique dans le détail des actions et dans le mouvement de la vie, et c’est plus dans le cœur que dans la logique qu’on en trouvera la solution. M. laneta fait, non l’apologie, mais l’histoire de la famille ; il a traité d’abord de la famille en gé ; Béral, puis étudié chacune des personnes qui la composent, et a terminé en réfutant brièvement quelques objections formulées contre elle. Sa conclusion peut se formuler ainsi : le progrès de la moralité domestique est un acheminement au progrès de la moralité publique. L’ordre dans la famille, c’est l’ordre dans la société ; le désordre dans la famille, c’est le désordre dans la société. Les uns disent : il faut changer la société ; les autres, il faut changer l’individu ; mais la société n« s’améliore pas sans l’individu et l’individu ne s’améliore guère tout seul : au moins est-ce une entreprise bien plus difficile. Il nous faut, . en général, un point d’appui ; ce point d’appui, c’est la famille. Celui qui, pour lui-même, est indifférent à son propre perfectionnement, cherchera peut-être à s’améliorer comme fils, comme père ou comme mari jet, si peu qu’il fasse, ce progrès profitera à la société ; car la meilleure société sera toujours celle où il y aura le plus grand nombre d’hommes honnêtes et voulant le bien.

Le livre de M. Janet est donc à la fois un livre philosophique et un livre pratique qui nous touché de près. Est-il un homme dont la famille ne soit une partie de la vie, ou présente, ou passée, ou future ? chez qui ce mot prononcé ne fasse vibrer quelque corde, et ne fasse naître un sourire ou couler une larme ? Un pareil sujet devait être traité sim Element ; l’auteur l’a compris et il a écrit un on livre qui a toute la valeur d’une bonne action. *


Famille Alain (la), roman de M. Alphonse Karr (1848). Ce livre a obtenu un franc et légitime succès. (Je succès tient surtout à ce que l’auteur a eu l’heureuse idée d’imposer silence à son esprit trop souvent étudié et a consenti cette fois à se montrer naturel. Plus de ces chapitras où il entame un dialogue personnel avec son lecteur, pour l’entretenir de lui-même, de son chien ou de ses fleurs ; les personnages du drame apparaissent seuls sur la scène ; les événements se déroulent et s’enchaînent dans l’ordre logique, sans digressions oiseuses. Le sujet est simple et émouvant. Une jeune orpheline, Pulchérie, a été élevée dans la famille du pêcheur Alain. Lorsqu’elle commence à devenir grande, M. de Beuzeval, son parent, la retire de chez Alain et l’envoie faire son éducation à Saint-Denis. À son retour, c’est une demoiselle bien au-dessus de son ami d’enfance, Onésime Alain. Le jeune marin ne comprend pas cela et s’obstine à ne voir en elle que sa chère Pulchérie, dont il est amoureux fou et dont il compte bien faire sa femme. Aussi son cœur est-il brisé lorsqu’il se voit préférer le comte de Morville.

Tout ce qui reluit n’est pas or, et bientôt M. de Beuzeval sait ce que lui coûte l’alliance du comte ; il est complètement ruiné par le mari de Pulchérie, si bien ruiné que, lorsque Pulchérie retourne à Beuzeval après la mort du comte, qui s’est tué, à peine lui reste-t-il du pain à offrir à sa fille. Le peu qu’il possède va encore lui être enlevé par un oncle d’Onésiine, Eloi Alain, qui cumule, pour faire marcher son moulin, le commerce de la farine et l’usure. Mais Onésime n’a cessé d’aimer Pulchérie ; se sachant héritier ’d’Eloi, auquel il a sauvé la vie, il prend de lui-même un avancement d’hoirie non autorisé par le code, en dérobant au meunier une somme égale au montant de la dette de M. de Beuzeval. Il a été vu par son ennemi, le maître d’école Garandin, qui s’empresse de mettre la circonstance à profit en volant le reste du trésor. Le meunier survient et Garandin l’étrangle, puis il détourne les soupçons sur Onésime, que l’on arrête. Grâce à un homme de cœur, qui parvient a faire éclater sou innocence, Onésime restitue à M., de Beuzeval une partie de sa fortune et épouse Pulchérie, vaincue par tant d’amour et de générosité.

Ceci est un livre tout de cœur, on le voit, et dont laxmoralité peut se résumer ainsi : noblesse de cœur vaut mieux que noblesse de race. Onésime, le pauvre pêcheur au cœur d’or, dont la vie n est qu’un long sacrifice sans espoir, se montre bien supérieur au comte de Morville. C’est un type achevé de loyauté, de constance et de dévouement. La famille Alain tout entière représente dignement les mœurs simples, naïves et patriarcales des marins. Quant à Pulchérie, si dans sa jeunesse elle s’est laissé éblouir par l’éclat apparent du comte de Morville, épurée et grandie par la souffrance, elle devient digne d’Onésime. Les caractères sont bien dessinés, même ceux des personnages accessoires, comme celui du pauvre M. de Beuzeval, .endossant sa livrée pour faire croire qu’il a encore des gens. Le style est naturel et simple, comme les mœurs qu’il décrit, et, malgré tout l’esprit de l’auteur, nous préférons de beaucoup

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cette histoire si vraie aux spirituels paradoxes dont il s’est fait un jeu d’amuser le public dans ses autres romans.

Famille Lambert (la), roman par M. Léon Gozlan(l85S). C’est une histoire simple, émouvante et qui prouve une fois de plus tout ce qu’un adultère peut contenir de douleurs et de sanglots. L’auteur a su donner à son sujet un tour si tragique qu’on dirait une scène de drame plutôt qu’un roman. M. Lambert de Montbiron, un se ces nobles qui aiment mieux refaire leur fortune par le travail que d’aller gueuser quelque bout de galon dans les antichambres du pouvoir, est à la tète d’une fabrique de porcelaine avec un de ses amis, Gérard de Ronsae, qui va épouser sa fille Adèle. Parti pour un petit voyage nécessité par ses affaires, il revient subitement, tout joyeux de faire une surprise à sa femme, qu’il trouve occupée à. lire une lettre ; il la lui arrache en riant. Mme Lambert avait trahi ses devoirs, et cette lettre venait de son amant, M. de Grandval. Ici une scène terrible ; Lambert plaisante avec sa femme, la fatale lettre à la main, et l’épouse, troublée, bourrelée de remords, balbutie, jusqu’au moment où sa fille arrive avec Gérard, prend la lettre des mains de son père et la lit étourdiment. Lambert saisit un pistolet pour tuer sa femme ; mais Adèle a tout compris, et, par un dévouement sublime, elle s’accuse. « La lettre est pour moi, » dit-elle. Le lendemain, Lambert, qui n’est pas convaincu, fait une dernière tentative pour découvrir la vérité. Il fait revêtir à Adèle son costume de mariée et ordonne à sa femme d’arracher à sa fille son bouquet de fleurs d’oranger et sa couronne de roses blanches. Elle s’y refuse et avoue la vérité. M. de Grandval s’est tué le matin, mais il reste une coupable à punir. « A genoux, madame, s’écrie l’époux offensé, à genoux aux pieds de votre fille et demandez^lui pardon pour vous et pour toutes les mères coupables comme vous, à M™» Lambert obéit, mais sa fille la ïeléve et la pousse dans les bras de Lambert, qui sanglote. Après cette réconciliation, Lambert dit d’une voix frémissante de bonheur sous sa tristesse, en montrant sa fille à Gérard : à Celle-làne te trompera jamais 1 •

Rien de plus simple et de plus émouvant que ce drame de famille. La scène où Lambert joue avec sa femme en tenant la lettre dont il est loin de soupçonner le contenu est palpitante. Ce petit récit est bien préférable a tous ces romans interminables "dont le poignard et le poison sont les moyens principaux et qui laissent bien loin derrière eux en fait d’horreur les sombres productions d’Anne Radeliffe. Il est regrettable que l’auteur ne sache pas assez se défendre de l’affectation et nous présente, par exemple, « Lambert froissant une lettre entre ses" doigts baignés de contentement. » Nou3 ignorions cet effet singulier de la joie.

Famille Germnndro(LA), romanparG. Sand (Paris, 1861). Nous sommes bien loin, au milieu de cette famille d’originaux, des élans passionnés d’Indiana et de Valentine ; plus loin encore des dissertations philosophiques et des théories sociales du Compagnon du tour de France et du Péché de M. Antoine ; quant à la muse gracieuse de tant d’adorables élégies champêtres, c’est à peine si on peut la reconnaître, quand elle vient se mêler à tous ces enragés coureurs d’héritage que met en scène le roman de la Famille Germandre. Tout le monde a lu cet ouvrage et s’y est intéressé, non qu’il émeuve fortement ou qu’il entraîne les imaginations et exalte les esprits en quête d’idéal, comme tant de chefs - d’oâuvra de l’auteur, mais parce qu’il renferme une peinture tellement saisissante de la réalité, une observation de détails si minutieuse" et si vraie, renfermée dans un cadre si artistement travaillé, qu’on est forcé d’admirer en s’extasiantdevant 1 inépuisable talent de l’auteur. Et cependant le sujet de ce roman n’est ni bien original ni bien neuf. Il roule sur une bizarrerie de caractère du vieux marquis de Germandre, qui a laissé le plus original des testaments. Il lègue toute sa fortune à celui de ses parents qui sera assez habile ou assez heureux pour découvrir le secret à l’aide duquel peut seulement s’ouvrir un certain coffre qui recèle tout l’héritage. Il va sans dire que ce secret est d’une très-difficile découverte et que les plus tins y renoncent. Ce n’est là qu’une donnée, un moyen de grouper, de mettre en relief toutes ces figures vivantes d’héritiers, parmi lequels le chevalier de Germandre, ce type du gentilhomme ramené par les événements à la vie patriarcale et rurale, lejeune officier de l’empire, qui doit épouser la sœur du chevalier, l’abbé de Germandre, les serviteurs du défunt, et tutti quanti. Beaucoup d’autres avant G. Sand, et beaucoup sans doute après elle, ont traité ou traiteront ce sujet, auquel les passions humaines ne se lasseront pas de fournir des développements. Mais nous croyons difficile d’apporter plus d’habileté, de talent et d’esprit dans l’opposition des caractères, dans ce chassé-croisé d’intérêts et de passions, que ne l’a fait l’auteur de la Famille Germandre. Certaines figures largement dessinées ou seulement esquissées, et principalement celle du chevalier de. Germandre, qui finit par être l’héritier de l’original marquis, sont a la hauteur des plus puissantes créations de Mme Sand.

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Famille patriote (la) OU la Fédération, Comédie de Collot-d’Herbois, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de Monsieur, le 1G juillet 1790. Cette pièce patriotique, toute pleine d’allusions aux préoccupations de l’époque, et qui fut jouée deux, jours seulement après la fête de la Fédération, obtint un très-grand succès. » On est bien sûr des applaudissements, s’écriait quelques jours après sa première représentation le Moniteur universel, lorsqu’on présente à un peuple qui vient de célébrer avec le plus vif enthousiasme la conquête de sa liberté l’expression de tout ce qu’il a senti, le tableau de tout ce qu’il a vu ; lorsqu’on lui retrace tous les sentiments de civisme qu’il porte dans son cœur, et lorsqu’on y joint l’éloge de tous ceux avec lesquels il vient de resserrer les nœuds sacrés de la fraternité. Cette pièce ne prétend point à l’intrigue ; ce n’est qu’uné image fidèle des conversations quéla Révolution fait naître chaque jour dans les sociétés. On y entend les raisonnements de tous les bons citoyens et même des mauvais ; car on a introduit dans cette pièce ce qu’on appelle un aristocrate, un secrétaire du roi, qui a depuis peu acheté les privilèges de la noblesse et qui regrette beaucoup d’avoir perdu son argent. Emu cependant par le récit de la fêfe (la fête de la Fédération), il se corrige à la’fin et fait le sacrifice de ses titres sur 1 autel de la patrie. » On voit aussi dans la Famille patriote un certain prieur, Victorin, à qui le nouvel ordre de choses coûte sa fortune, mais qui n’en reste pas moins attaché aux bons principes, et qui achève même de convertir le secrétaire du roi. Ajoutez à cela une foule de détails domestiques assez agréables, et l’on aura une idée de cette pièce qui fut vivement applaudie. Collot-d’Herbois, l’auteur, était déjà connu par quelques productions dramatiques qui avaient eu du succès en province et à Paris.

Famille Glinel (LA) OU les Premier» teaipa

de la Ligue, comédie en cinq actes et en vers, de Merville, représentée, sur le théâtre Favart, par les comédiens sociétaires de l’Odéon, le 18 juillet 1818. Le 20 mars 1818, dix-neuf ans presque jour pour jour après le premier incendie, arrivé dans la nuit du 18 au 19 mars 1799, la salle de l’Odéon avait été de nouveau dévorée par les flammes. Pendant les travaux de reconstruction, la troupe du second théâtre français s’était réfugiée à la saUe Favart, prise à bail par les sociétaires de Feydeau mais alors inoccupée. Cela explique pourquoi la Famille Glinet’vït le jour de la rampe sur une scène toute vibrante encore des flonflons de l’opéra-comique. Beaucoup de bruit s’était fait autour de la pièce nouvelle, honqrée, prétendait-on, par Louis XVIII d’une protection qui passait pour un intérêt quelque peu paternel. Nous dirons plus loin ce qu’il faut penser de cette assertion. Mais tout d’abord étudions l’ouvrage, qui symbolisait fort bien l’état des esprits en France et avait la prétention de calmer les colères despartis. L’action se passe à Melun, vers 1576, sous le règne de Henri III. La famille Glinet se compose de trois frères ; chacun d’eux personnifie une opinion politique. L’un, yEgidius, échevin de Melun, tient pour le parti ligueur, auquel cette ville est dévouée pour le moment ; mais c’est un assez bon bourgeois qui, selon les événements, crierait aussi bien : Vive le roi ! que ! Vitie la Ligue ! Un autre Glinet, cultivateur, et qui s’appelle Arthur, n’a d’yeux et d’oreilles que pour le Béarnais. Le troisième, le médecin Charles Glinet, voit bien aussi dans le roi la fin des divisions et des malheurs de la France, mais son esprit tolérant n’a rien d’exclusif : ce qu’il désire ’ avant tout, c’est le bien public, et le monarque qui offrira le plus de garanties pour le pays aura ses sympathies. Il n’en est pas de même de dame Berthe, sa fougueuse moitié, qui est une ligueuse enragée. Depuis longtemps, un procès divise le cultivateur et le médecin. Un mariage projeté autrefois entre Henri, fils de Charles, et Suzanne, fille d’Arthur, mettrait fin à cette situation fâcheuse. Arthur Glinet vient à Melun pour proposer de nouveau à son frère l’union du cousin et de la cousine. Mais un Espagnol, nommé Paghera, agent secret de Philippe II, s’est introduit chez le médecin et entretient adroitement la discorde. Suzanne paraît avec son père, et, en revoyant sa cousine qu’il avait quittée tout enfant, Henri se sent ému et l’amour s’éveille dans son cœur. Par malheur, une discussion politique s’engage entre le cultivateur et dame Berthe. La mère de Henri rompt brusquement en visière à son beau-frère, et lui déclare que, pour elle, il n’y aura jamais d’alliance possible avec les ennemis de la Ligue. Pendant ce temps, on se bat aux environs de Melun, et, dans son désespoir amoureux, Henri Glinet court se ranger sous le drapeau royal, qui est celui du père de Suzanne. La lutte a continué jusqu’aux portes de la ville. On a relevé des blessés. Les habitants s’empressent autour d eux et leur ouvrent leurs maisons. Dame Berthe, dans son fanatisme exalté, déclare que, si ce sont des soldats de Mayenne, ils seront reçus à bras ouverts ; mais que, pour les autres, ne fallùt-il qu’un simple verre d’eau pour les rendre.à la vie, ils ne 1 auront pas. « Eh bien, chassez donc votre fils, il est du parti d’Alençon, » dit-on à cette farouche ligueuse. Et, sur ces paroles, Henri, blessé d’un coup d’épée au bras, lui est amené.

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Aussitôt l’amour maternel reprend ses droits un instant sacrifiés à la politique. On annonce que les royalistes pénètrent victorieux dans Melun. La chance tournant, l’échevin tourne avec elle et crie : Vive le roil avec le même plaisir qu’il avait mis à crier : Vive la Ligue ! Le prudent bonhomme a, on le voit, une ligne de conduite fort commode et qui lui permet de profiter des événements. Aussi, comme son neveu a été blessé pour la cause qui triomphe, se promet-il de parler de lui au prince, car

Il faut savoir do tout tirer quelque avantage.

La perfide mission de l’Espagnol est révélée par ses papiers qu’il a perdus en fuyant, é dans lesquels se font remarquer des instructions secrètes qui indignent dame Berthe et achèvent sa conversion ; le mariage de Henri et de Suzanne se fera, et la famille Glinet sera unie, comme il faut espérer que toute la nation le sera bientôt. Dans l’esprit de l’auteur, le rétablissement de la concorde, à la fin de la pièce, représentait les vœux et le but du gouvernement. Intention fort louable assurément, mais peu réalisable. La leçon donnée au fanatisme ligueur de dame Berthe allait aussi bien à l’adresse du fanatisme royaliste, ce qui n’empêcha nullement le gouvernement de la Restauration de se croire obligé de faire une guerre incessante à tout ce qui pouvait rappeler la République et l’empire. Mais revenons à la, Famille Glinet, qui concluait ainsi :

elle ;

Tâchons d’aimer la France au moins un peu pour Et si quelqu’un de nous se fourvoie en son zèle, Cet enfant égaré, ne l’oublions jamais, Pour être dans l’erreur n’en est pas moins Français.

Ces principes qu’il était désirable de voir triompher rencontrèrent la sympathie la plus vive. La comédie fut acclamée, l’auteur appelé en personne sur le théâtre. L’embrassement général rêvé par le poète n’eut pas lieu ; mais il se trouva beaucoup d’admirateurs des sentiments honnêtes sagement exprimés dans la pièce. Au milieu de l’été, la Famille Glinet attira une énorme affluence. Cette œuvre, dont il est souvent question dans les ouvrages sur le théâtre et qui doit aux circonstances dans lesquelles elle se produisit d’avoir survécu k la représentation, n’était pas sans mérite ; l’action se développe avec clarté ; les personnages, nettement dessinés, se soutiennent bien ; quelques idées convenablement déduites s’y rencontrent ; mais

l’à-propos, il faut le reconnaître, fit réellement la moitié de ce grand succès qui salua son apparition. Puis, nous l’avons dit, Louis XVIII passait aux yeux dé bien des gens pour avoir collaboré, au moins par l’idée et le plan, à la Famille Glinet. « Ce bruit (de collaboration), fort répandu dans le temps, dit

M. Théodore Muret, n’était qu’une supposition gratuite. Ce qu’il y a de vrai, c’est que, les censeurs ayant fait difficulté de donner leur visa, en raison du caractère de l’ouvrage, Louis XVIII servit de juge en appel ; qu’il eut le manuscrit entre les mains et qu’il y fit des annotations où des marques au crayon. Ce fut assez, quand la pièce revint du cabinet royal avec l’approbation suprême, pour donner naissance au bruit qui courut et qui, en piquant la curiosité, ne fut pas sans aider au succès et à la recette. » La vérité est que cette comédie se trouva tout à fait d’accord avec les idées du roi, qui récompensa l’auteur par une pension de 1,500 francs.

La Famille Glinet a été pour Merville une des rares bonnes fortunes de sa carrière théâ : traie. Reprise à l’Ambigu-Comique deux ou trois ans nprès la révolution de J uillet, avec quelques modifications, cette comédie a également réussi sur ce nouveau terrain, comme un appel S3’mpathique à la conciliation et à la paix. Aujourd’hui encore elle occupe une place importante dans le3 annales dramatiques.

Famille an temps de Lulber (ONE), tragédie en un acte, par Casimir Delavigne, représentée sur le Théâtre-Français en avril 1836. Thécla, luthérienne convaiucue, a un fils qui doit abjurer le lendemain. Caractère doux, indulgent et facile, sorte d’Érasme et de Mèlanchthon, Luigi hésite encore. « Voulez-vous donc que je n’aie plus de fils ? ■ dit la vieille Thécla. Elle en a encore un autre cependant, mais un fils qu’elle renie, qui, depuis quinze ans, n’a pas reposé sou3 le toit maternel, un fils catholique, Paolo. Cet enfant n’existe plus pour elle ; cependant s’il revenait I.. Ses entrailles de mère s’émeuvent à cette idée. Eh bien I ce fils à la fois détesté et chéri, ce fils qui fait sa joie et sa douleur, il.va revenir, le voici. Les veilles et les jeûnes l’ont maigri ; ses pieds, garnis de sandales, sont couverts de la poussière des chemins, un vêtement grossier le défend à peine des intempéries de Pair, une corde ceint ses reins, un cilice couvre sa poitrine ; il vient de Rome, sombre, fanatique, terrible, ministre des vengeances. Vingt fois une rupture violente est sur le point d’éclater ; les choses vont même si loin que Luigi, poussé à bout par les insultes que Paolo prodigue au réformateur de Wittenjberg, le chasse de chez lui. Mais Elsy, sa fille, et Marco, le vieux serviteur, parviennent à les réconcilier. Peine perdue. Les querelles recommencent bientôt. Paolo veut s’éloigner une seconde fois ; bien plus, il veut emmener Luigi, car tel a été la but de son