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Et midi sonne, — Eh bien ? — Il ne veut la remettre Qu’en maiiiB propres. — Qu’il entre. — Entrez. Monsieur Danjour,

Monsieur, me charge de…—Voyons donc lu missive…

— Vous me feriez plaisir… — Comment diable ! elle est vivo !

ïl pnroît vous aimer, lui qui n’aime que soi ; Il vante vos vertus.— Je crois être honnête homme. Monsieur ; si vos bontés rn’accordoietit cet emploi. Pour remplir mes devoirs je prendrais sur mon somme,

Et j’empêcherois bien qu’on ne volât le roi. (À part.)

— Honnête homme !… le sot !… empêcher qu’on ne

(Haut.) [vole !…

— Repassez… Oh ! Dumont, va consigner ce drôle À ma porte, et Si bien qu’il ne rentre chez moi.

Ceci est mieux que de l’épigramme, c’est de la satire.

Les principales productions de Feutry sont les suivantes : E’pitre d’Udloïse ùAbailard, en vers, imitation de Pope (1751) ; Choix d’histoires, tirées de Bandel, Belleforest et autres (1779-1783) ; le Temple, de In Mort, poème (1753) ; Ode aux nations (1754) ; les Tombeaux, pofime (1755) ; Mémoires de In cour d’A ugusts, tirés de Blackwell et de Milss (1754-1759) ; Recueil de poésies fugitives (17C0) ; les Jeux d’enfants, potinie en prose, trad. du hollandais de Cats ; Dieu, ode (1705) ; Robinson Crusoé, nouv. imitât, de l’anglais (1706 ; 4U édit. (17S8) ; les Ruines, poème (Londres, 1707) ; Opuscules poétiques et philusophiijues (La HayelJaris], 1771) ; Manuel lironien, ou Recueil d’abréviations faciles, etc. (1775) : c’est un travail de sLénographie ; Nouveaux opuscules I (Dijon, 1779)". Cet ouvrage contient un Traité ; de Coriijiue de la poésie castillane et des Re- i cherches historiques sur la poésie toscane ; Sup- ! plémeut aux nouveaux opuscules (1779) ; le Livre des enfants et des jeunes gens sans étude (1781) ; Essai sur la construction des voitures à transporter les lourds fardeaux (1781) ; Supplément à l’art du serrurier, trad. du hollandais de Jos. Botterman (Paris, 1781, in-fol. avec fig.). On prétend que le véritable auteur de ce Supplément n est autre que le malheureux Louis XVI, qui, comme on sait, était passionné pour la serrurerie. Enfin Feutry a collaboré a l’Almanach des AI uses.


FÉVAL (Paul-Henri-Corentin), romancier et auteur dramatique français, né k Rennes le 28 novembre 1817. Il descend d’une ancienne famille de robe. Son aïeul, le baron de Létang, remplissait les hautes fonctions de procureur généra ! près la cour de Rennes, et 80n père, savant jurisconsulte, était conseiller au même tribunal. Ses parents le placèrent au lycée de Rennes, où il fit d’assez bonnes études jusqu’à l’époque de la révolution de Juillet. Lorsque le vent de l’émeute eut balayé la branche aînée avec le trône de Charles X, la mode vint de s’affubler de cocardes aux trois couleurs ; le jeune Féval, royaliste dans l’âme, orna son chapeau d’une immense cocarde blanche. Grand émoi dans le petit monde des collégiens, grande colère contre l’auteur de cette protestation. Plusieurs batailles eurent lieu, et, pour mettre un terme à ces scènes de pugilat, le jeune homme dut rentrer dans sa famille. Là, ses instincts se trahirent d’une manière encore plus vive ; la maison paternelle était devenue un foyer d’insurrection, le centre des mécontents, un asile ouvert à tous les ennemis de la branche cadette. Paul Kéval trouva très-amusant déjouer au conspirateur ; il prit son rôle au sérieux et se laissa emporter jusqu’à insulter la maréchaussée. Le gendarme se montra bon prince, et c’est au tribunal de sa mère qu’il traduisit le coupable. Celle-ci jugea qu’il convenait d’assouplir encore ce caractère emporté et reconduisit son rils au lycée, où il resta de 1831 k 1833.

Ses éludes terminées, la famille voulant conserver ses traditions, ht faire son droit k Paul Feval, qui conquit le grade d’avocat à l’âge de dix-neuf ans. Plus d’un homme se Sert de sa plume avec talent, qui ne sait pas manier la parole ; le jeune avocat échoua au barreau. Il est vrai qu’il négligeait Cujas et Barthole pour Racine et Corneille, et sun.ont pour une littérature beaucoup moins classique.

Entraîné par ses guùts et attiré par cet aimant qui entraîne k Paris tout jeunéhomme de province qui se sent du talent, Paul Féval y vint occuper une place de commis dans une maison de banque. Les chiffres semblèrent bien arides k cette imagination si ardente et si mobile, et, plus d une fois, opér rant une habile soustraction sur ses heures de travail, le futur romancier, avant d’entrer lui-même dans la carrière, passait son temps à lire les œuvres de ses devanciers. Un matin le banquier, en guise de compte courant, trouva entre les mains de son commis un roman de Balzac ; il lui dit poliment que, n’ayant nullement l’intention de contrecarrer ses instincts, afin qu’il pût se consacrer entièrement aux lettres, il lui rendait la libre disposition de son temps. Mais, comme on ne vil pas que de l’air du temps, Paul Féval entra, en qualité d’inspecteur, dans une compagnie d’affichage, qu’il abandonna pour un journal, sans perdre ni gagner au change, car il ne fut ni plus ni moins payé par le directeur de la feuille publique que pur celui des affiches.

Dans ses heures de loisir, Paul Féval avait composé plusieurs romans ; mais il ne pouvait parvenir à escompter cette fortune en

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portefeuille, sans cesse accueilli par cet éternel refrain des éditeurs:« Vous n’êtes pas connu ! » qu’on répète à tous ceux qui cherchent à se faire connaître. Ne possédant plus que dix louis, mais riche de cœur et d’espérance, il prêta sa bourse à un ami. Dès le lendemain, il l’ut payé en railleries, et donna, l’épêe k la main, une leçon de probité à son créancier infidèle.

Si la vengeance est le plaisir des dieux, la nourriture est le besoin des hommes, et, pour vivre, Paul Féval accepta au Nouvelliste les modestes fonctions de correcteur d’épreuves. Il en profita pour glisser dans le journal quelques articles pleins d’originalité. Ils plurent au directeur de la Revue de Paris, qui donna asile dans sa publication.périodique k cette spirituelle fantaisie, intitulée le Club des phoques. Cette nouvelle fut remarquée, et le Commerce, la Quotidienne et l’Époque se hâtèrent d’ouvrir leurs colonnes au débutant. En 1843, Paul Féval se plaça tout d’un coup au rang de nos bons romanciers par la publication du Loup blanc, scènes de la vie bretonne. Le livre était très-intéressant, écrit vigoureusement et ressemblait un peu à une de ces légendes de la vieille Armorique, que les anciens du village racontent k la veillée pour réchauffer les sentiments d’honneur et de patriotisme de la jeunesse.

Un homme habile et plein de sagacité, M. Antètior Joly, directeur du Courrier français, devina la valeur du jeune romancier, qui, d’ailleurs, venait de faire ses preuves, et lui commanda un ouvrage intitulé les Mystères de Londres. Eugène Sue, avec ses Mystères de Paris, remplissait alors les cent bouches de la Renommée ; il s’agissait de lui faire concurrence. M. Joly avait traité avec un Anglais (jour le livre dont il avait conçu l’idée ; mais il ne reçut qu’un paquet de notes lourdes et insipides. Paul Féval lui parut l’homme propre à l’exécution de son dessein, et, bien qu’il voulût s’en excuser, alléguant qu’il ne connaissait pas l’Angleterre, il finit par se laisser persuader. Il écrivit donc le premier volume des Mystères de Londres en tâtonnant et presque au hasard; ce qu’il y avait de plus anglais dans son œuvre, c’était la signature: sir Francis Troloop. L’imagination avait réussi à couvrir le défaut de renseignements exacts, et cet essai hardi eut un succès fabuleux. Le romancier partit alors pour l’Angleterre, afin de puiser ses notes à la meilleure source ; il y séjourna quelque temps, et, en sachant répandre l’or à propos, il ramassa une moisson de détails de mœurs fort précieuse. De retour à Paris, il acheva son œuvre, cette fois en connaissance de cause. Le roman était bien conduit, bien soutenu; l’imagination y pétillait vive, colorée, puissante, et révélait un conteur habile, chatoyant, intarissable, maître de tous les fils de sa trame et enchaînant le lecteur dans l’inextricable réseau de l’intérêt. On pouvait reprocher à cette improvisation, pleine de passion et d’événements, des peintures exa— " gérées, des négligences et un défaut k peu

firès complet d’étégance ; mais, avec ses quaités et ses défauts, elle attachait et émouvait fortement. Ce roman, qui parut en 1844 (11 vol.), a eu plus de vingt éditions.

À cette époque, Paul Féval collaborait k la fois k la Chronique, k la Mode, à la France maritime, et publiait ses Compagnons du silence et son Fils du Diable (1847), tandis que ses Mystères de Londres étaient traduits dans plusieurs langues et perpétuaient k l’étranger la réputation de l’esprit français.

La révolution de 1848 éclata. Ce fut un coup de foudre pour notre écrivain resté fidèle légitimiste. Il essaya de fonder un tournai pour y soutenir ses opinions ; mais l’insuccès le dégoûta du journalisme militant. C’est alors qu’il aborda le théâtre et mit k la scène le Fils du Diable, la Bourgeoisie et les Mystères de Londres. Cet écrivain, si dramatique dans ses romans, l’était fort peu au théâtre, où ses pièces n’eurent point de succès. Découragé d’ailleurs par le triomphe du parti politique auquel il avait jadis, comme Annibal k l’âge de neuf ans, voué une haine » éternelle, il tomba gravement malade. Un médecin homœopathe, M. Pénoyée, se chargea de la cure, qu’il mena à bonne fin, et le docteur et son client s’entendirent si bien qu’un beau jodr M’te Pénoyée devint Mme Kéval.

La fortune, lorsqu’elle a commencé à nous sourire, n’épargne plus rien ; l’aisance vint à l’écrivain, en même temps que le bonheur. L’inépuisable fécondité de ce second Alexandre Dumas produisait de l’or, et beaucoup d’or. Plus de deux cents volumes sortirent de sa plume, parmi lesquels les plus recommandables sont:le Capitaine fnntàme, les Amours de Paris, la Quittance de minuit, Jean Diable, les Errants de la nuit, les Parvenus, les Compagnons du silence, le Capitaine Simon et Mme Cil Bios. On put bientôt comparer l’infatigable conteur a une locomotive littéraire chauffée à blanc par Anténor Joly avec le charbon du Courrier français.

En 1855, Paul Féval, qui avait déjà publié une Butnire des tribunaux secrets (1851, 8 vol.), parut vouloir aborder un genre plus sérieux et se livra à des études historiques; maisjl ne persista pas longtemps dans cette nouvelle voie, où il avait déployé plus d’imagination que de science. En 1857, le Siècle publia le Bossu, roman de cape et d’épée si

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émouvant, si leste, un peu dans le goût espagnol. Mis au théâtre, il n’obtint pas un succès moindre qu’au rez-de-chaussée du journal de M. Ilavin, et c’était à juste titre, car il est difficile de lire une œuvre plus intéressante. C’était, en outre, une peinture exacte des mœurs de la Régence et des saturnales financières de l’Écossais Law. Mentionnons

encore : les Couteaux d’or, la Louoe, liouchede-fer, les Habits noirs, Annette Laïs, la Duchesse de Nemours, Cœur d’acier, les Drames de la mort, l’Homme de fer, la Heine des épées, les Nuits de Paris, l’Avaleur de sabres, le Château de velours, les Revenants, etc. En 1867, il fut nommé président de la Société des gens de lettres, dans le sein de laquelle eurent lieu, à cette époque, des débats orafeux au sujet d’une publication intitulée le 'ré.ior littéraire. Il a été promu officier de la Légion d’honneur en 1867.

La vie de Paul Féval s’écoule heureuse et tranquille auprès de sa femme, dans sa charmante demeure, rue Saint-Maur-Popincourt. Il y travaille ordinairement jusqu’à midi, et sa facilité n’a nullement l’air de faiblir, ni sa veine’de s’épuiser. Depuis 1852, le voilà délivré de son dernier ennui : Sa bête noire, c’était la garde à monter, et il a fait de si nombreuses stations à la salle des haricots que, certes, il a dû y écrire plus d’un volume. En ce cas, nous nous félicitons de son peu de goût pour l’uniforme.

Paul Féval a dédié ses œuvres à Frédéric Soulié ; le patronage était fort judicieusement choisi, car P. Féval tient beaucoup de l’auteur des Mémoires du Diable, pour la fécondité et l’art de rendre un sujet dramatique. Comme chez Soulié, l’imagination, la passion dominent chez lui ; « son style est vif, animé, mais il ne se donne pas le temps de le châtier et peut-être inanque-t-il de distinction. La qualité principale, qu’on serait mal venu à lui contester, c’est l’intérêt ; il amuse, émeut et passionne son lecteur. Avec un pareil don, on ne peut qu’être un bon romancier ; aussi Paul Féval brille-t-il au premier rang des réputations littéraires de nos jours.


FÈVE s. f. (fè-ve — v. l’étym. à la partie encycl.). Bot. Plante de la famille des légumineuses, dont la semence est comestible ; graine de la même plante : Un champ de fèves. Un plat de fèves. Isidore prétend que les fèves ont été le premier légume dont les hommes ont fait usage. (V. de Bomare.) || Nom vulgaire du cotylédon ombilic, des fruits du mimosa grimpant, de quelques autres plantes et d’un grand nombre de semences diverses. || Fève au Bengale, Fruit du mirobolan citrin. || Fève du Calabar, Plante légumineuse du Calabar, en Afrique, qui est un poison, mais qui est aussi un antidote contre la belladone. || Fève de Carthagène, Fruit de l’hippocratée grimpante. || Fève à cochon, Nom vulgaire du fruit de la jusquiame. || Fève du diable, Graine du câprier à feuilles de laurier. || Fève douce, Fruit de la cassie ailée et du tamarin. || Fève d’Égypte, Nom vulgaire du lotus ou nélombo. || Fève épaisse, Plante grasse du genre orpin. || Fève des jésuites ou de saint Ignace, Graine du strychnos ignatia. || Fève de loup, Nom vulgaire de l’ellébore fétide. || Fève de Malac, Fruit de l’acajou à pomme. || Fève de marais, Fève commune. Il Fève du médicinier ou fève purgative. Graine du médicinier et du ricin. || Fève pichurine, Fruit d’une espèce de laurier. || Fève de senteur, Nom vulgaire du lupin jaune. || Fève de Tonka, Graine du coumarouna odorant. || Fève de trèfle, Nom vulgaire de l’amagyris fétide. V. l’encycl.

Roi de la fève, Titre de celui à qui échoit la fève cachée dans le gâteau que l’on a coutume de manger en famille ou entre amis, le jour ou la veille de l’Épiphanie :

J’aimerais assez être roi,
Mais seulement roi de la fève ;
Ce gai métier, ce doux emploi
Donne au moins des moments de trêve.

Maréchal.

Fête des fèves, Fête que célèbrent chaque année les nègres d’Alger.

— Art vétér. Syn. de lampas, Gonflement du palais chez le cheval. || Germe de fève. Marque noire qui se montre au creux des coins, chez le cheval, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à sept ou huit ans.

— Entom. Nom donné à quelques chrysalides, notamment à celle du ver à soie.

— Moll. Nom vulgaire d’une espèce de buccin. || Fève marine, Opercule d’une coquille du genre sabot, à laquelle on attribuait jadis des vertus médicinales.

— Encycl. Linguist. Le mot fève vient du latin faba, que l’on rattache au persan bachlah, kourde baklla, dérivés de la racine sanscrite bhay, honorer, aimer, au désidératif bhaksh, manger, d’où bhakla, bhaksya, nourriture. Il est vrai que l’arabe baglât, fève, bayl, bugûl, légumes, est rapporté à un autre radical, bagala, il a crû, il a poussé, ce qui pourrait conduire à une autre élymologie. À la forme désidérative du sanscrit bhaksh. se rattache également le grec phasêlos, pour phascélos, fève, phago, je mange, exactement le sanscrit bhag, et de plus phakos, lentille, et aphakè, variété de la lentille ; le nom du fruit du hêtre, la faine, dérive évidemment de ces radicaux, et bacca, baie, fruit, rappelle plus exactement encore le sanscrit bagh, La transformation du bh sanscrit en phi grec et f latin, pour dériver de bhaksh phasélos et faba n’a rien d’inusité. Le kymrique ffa, fève, et l’armoricain fao, fâ, dérivés du même radical, présentent le même phénomène.

Un autre nom de la fève en sanscrit peut donner lieu à une observation curieuse. Le phaseolus radiatus est appelé masdka, de mash, fendre, écosser ; mais le mot sanscrit désigne de plus une éruption cutanée, de même que les mots persans, albanais et kymriques qui en dérivent, et masha, fève et éruption, se retrouve dans l’ancien allemand meisa, petite vérole ; cette comparaison des maladies de la peau à des grains est fréquente : en arabe, adas signifie à la fois lentille et pustules cutanées ; chez nous, on donne le nom de lentilles à des taches de rousseur.

Ces diverses racines indiquent pour la fève une culture de toute ancienneté chez les peuples de race aryenne. La faba vulgaris était cultivée par les Grecs, les Romains, les Hébreux et les Égyptiens près de 3,000 ans avant notre ère. Le sanscrit a une nomenclature très-riche de variétés pour plusieurs espèces analogues.

— Bot. et hist. La fève, que plusieurs auteurs réunissent comme simple section au genre vesce, est une plante de la grande famille des légumineuses, sous-famille des papilionacées et de la tribu des viciées ; Linné le considérait comme faisant partie du genre vicia et l’appelait vicia sativa ; mais les botanistes modernes en font un genre à part : c’est le faba vulgaris de de Candolle, faba major, faba sativa d’autres botanistes. C’est une plante herbacée, d’une couleur généralement un peu glauque et s’élevant à 0m,80 et même à 1 mètre du sol. Elle a des feuilles composées, à quatre ou six folioles glauques, entières et munies de stipules dentelées. Ses fleurs, groupées en très-petit nombre sur un court pédoncule, blanches, tachées de noir à chaque aile et douées d’une odeur assez suave, ont un calice à cinq divisions, une corolle dans laquelle l’étendard est plus long que la carène et les ailes, et dix étamines, dont neuf soudées. Ses fruits sont des gousses, grosses, coriaces, renfermant des semences oblongues qui présentent cette particularité que leur ombilic est placé à une de leurs extrémités. On en connaît un grand nombre de variétés, parmi lesquelles la plus importante est la grosse fève de marais, qui est celle que l’on cultive le plus ordinairement. La fève des champs, que l’on nomme aussi fève de cheval, gourgane, féverole (faba vulgaris equina), se cultive également sur une grande échelle, mais elle est exclusivement réservée à la nourriture des bestiaux (v. féverole). La fève de Windsor ou fève ronde d’Angleterre est assez répandue dans le midi de la France ; elle donne des semences rondes et très-nombreuses dans chaque gousse ; elle n’est pas d’une culture très-productive, aussi sert-elle souvent de plante fourragère. La fève naine rouge et la fève naine hâtive ou fève à chassis, dont la hauteur dépasse rarement 0m,30, produisent des fruits abondants. On connaît encore la fève à longues gousses, la fève Julienne ou petite fève de Portugal, et la fève verte, variété importée de la Chine et dont les gousses restent vertes à la maturité.

La culture des fèves demande une terre de bonne qualité, fraîche et un peu abritée. On les sème, en général, trois fois par an, au printemps, en été et en hiver. Les semis d’été sont souvent attaqués par les insectes, par les pucerons notamment ; aussi ne réussissent-ils que lorsque la saison est un peu froide et pluvieuse. Les semis d’hiver sont destinés à donner une récolte hâtive. On sème les fèves en lignes ou en touffes espacées de 0m,30 environ, en déposant de deux à quatre semences dans le même trou. Dès qu’elles sont levées, on bine le plant, en rapprochant la terre des pieds, et, pour attendre la récolte, il ne reste plus qu’à façonner deux ou trois fois le sol, à des espaces de temps déterminés, pour en arracher les mauvaises herbes, en ayant soin chaque fois de butter un peu le pied de chaque plante. Quelques cultivateurs pincent le haut des liges, après la floraison, pour donner de la force au fruit. Les fèves semées au printemps donnent seules des fruits capables de mûrir et de se conserver ; celles qui proviennent des autres semis sont toujours mangées vertes. On parvient quelquefois à faire produire à un même carré de fèves deux récoltes, en semant tôt, coupant les gousses avant maturité et rasant la plante à une certaine distance du sol : on obtient alors une nouvelle pousse qui donne plus tard une seconde récolte. Les tiges coupées sont utilisées comme fourrage pour les bestiaux.

Les fèves sont une ressource précieuse pour l’alimentation ; on doit même regretter que leur usage ne soit pas plus répandu ; il pourrait être par moments d’un grand secours pour les classes peu aisées. Les fèves sont très-nourrissantes ; de même que les haricots et les lentilles, elles renferment une proportion assez considérable d’une matière azotée, la léguinine, qui a une grande analogie avec la caséine animale et qui contribue beaucoup à leur qualité nutritive. D’après M. Payen, 100 parties de fèves renferment 24,40 de légumine. 1,50 de matières grasses, 51,50 d’amidon, de dextrine et de sucre, 3 de cellulose, 3,60 de sels minéraux et 16 d’eau. Lorsqu’on