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de la société. La première partie de son recueil parut en 17S1 (Valence. 1 vol. in-8o), c’est-à’dire un an avant celles d’Yriarte ; mais Samaniego avait eu entre les mains le manuscrit de ce dernier ; aussi l’a-t-il avoué pour son modèle. La deuxième partie parut en 1781. Dans l’intervalle, les fables d’Yriarte avaient un très-grand succès ; on.acousa Samaniego de plagiat ; il répondit vertement. Il s’ensuivit entre les deux fabulistes une regrettable guerre de pamphlets.

L’œuvre de Samaniego se compose de cent cinquante-sept fables, dont dix-neuf seulement, les dernières, sont originales ; les autres sont imitées d’Ésope, de Phè’dre, des fabulistes orientaux et surtout de La Fontaine et de l’Anglais Gay. Généralement courtes, écrites avec soin, d’une lecture facile et attrayante pour les jeunes imaginations, elles répondaient pleinement au but que l’auteur s’était proposé ; aussi obtinrent-elles un véritable succès dans les maisons d’éducation. Leur mérite littéraire, moins grand que celui des fables d’Yriarte, est néanmoins incontestable. Voici le jugement d’un critique espagnol : « Samaniego s’est élevé à une hauteur que personne.avant ni après lui n’a atteinte parmi nous. Il n’égale pas La Fontaine, mais il a souvent son naturel, sa candeur et son aimable philosophie. Sa versification, bien que fréquemment trop humble, n’est pas toutefois au-dessous du sujet ; elle est facile, fluide et ne laisse pas d’avoir l’harmonie qui lui convient. Tous ses contemporains (sauf Yriarte) sont aujourd’hui plus ou moins oubliés ; lui seul conserve sa réputation intacte, et il a mérité que ses œuvres, réimprimées un nombre infini do fois, soient entre toutes les mains. » (Gil y Zarate, Manual de literatura.)

Fablo espagnoles de don Miguel-Agustin Principe. Les animaux, quand l’auteur les met en scène, ne déguisent qu’à demi la personnalité du poSte, du conseiller, de l’observateur. Le recueil de Principe, se compose de cent cinquante fables environ, divisées en six livres, précédées d’une introduction et suivies d’un traité de versification espagnole. L’introduction est un résumé fait avec beaucoup de conscience de l’histoire de l’apologue, une appréciation exacte et sincère des écrivains qui ont le plus marqué en ce genre. Dans la partie relative aux origines de la fable, l’érudition est un peu surannée et de secondo main. Arrivéà 1 époque grecque, qui croirait que le fabuliste y déplore encore la perte des Fables de Babrius, quand, depuis plus de vingt ans, une heureuse découverte de M. Minoïde Minas, dans un couvent du mont Athos, a rendu au monde lettré ce trésor égaré de la littérature antique ? Les Pyrénées se sont-elles élevées à ce point entre l’Espagne et le reste de l’Europe qu’une nouvelle de cette importance n’ait pu parvenir il Madrid ? Mais ou l’on sent qu’entre l’Espagne et la France elles se sont abaissées comme au temps do Louis XIV, c’est dans la jugement que l’auteur porte sur La Fontaine. Il semblait convenu depuis longtemps que La Fontaine était du nombre de ces poëtes qui ne peuvent.êtr’e compris et aimés que de leurs compatriotes. Voici, croyons-nous, la première fois qu’on parle de La Fontaine hors de France comme toute la France en parle. Un fabuliste aussi dévot au culte du bonhomme méritait’ bien de composer de belles fables : aussi, dans le recueil de Principe, beaucoup sont-elles dignes de leur réputation. Quelques-unes sont médiocres ; mais la plupart sont ingénieuses, agréables, et plusieurs nous ont paru parfaites. Les animaux y conservent leur physionomie traditionnelle, mais n’ont aucun de ces traits vifs et originaux qui, dans La Fontaine, leur donnent une vie distincte et propre ; rien de cette vérité naïve qui, à part le charme qui s’attache à la pensée et a. la forme littéraire, nous rend attentifs à la façon dont le personnage s’exprime suivant son caractère de convention. Les animaux, d’ailleurs, tiennent ici moins de place que l’homme, et sous ce titre généra ! de Fables, patve les fables proprement dites, vou3 trouverez des apologues, des allégories, des contes, des anecdotes, des dialogues, des mots heureux bien à leur place. Parmi les meilleures de ces fables, nous citerons : le Corbeau, la Colombe et la Neige, le Flambeau et VHomme qui dort, le Palmier et l’Olivier, le Mérite et la Fortune, Jadis et aujourd’hui, URêoe du Roi et celui du Paysan.

Faiiios <i’foope (les), comédie deBoursault. V. Ésope à la ville.

Fables do Phèdre (LES). V. PHÈDRE. Failles do Bulirius OU Babrias (LES). V. BA bhius ou Babrias.

Fables de Lokmaii. V. LOKMAN.

— Bibliogr, Pour compléter les renseignements déjà nombreux que nous avons réunis dans notre article fablh, nous allons donner la liste des principaux fabulistes et des principaux ouvrages sur la fable.

"1. Fabulistes en vers.

10 Fabulistes grecs et latins. Phedri Fabularum sisopiarum libri V ; FI. Aviani FabuliB (Amsterd., 1731, in-8o) ; G. Faerni 'Fubulse (Koinœ, 1564, in-4u) ; Desbillons (Fr.-Jos.), Fabula xsopicx (Paris, 1778, in-12).

2» Fabulistes français. Poésies de Marie de France, publiées par Roquefort (1820, 2 vol. iufio) ; Castoiement (Instruction) d’un père à son

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fils (Paris, 1768, pet. in-8o) ; Fables à.o J.deLa Fontaine (v. ce, nom) : le Fablier français ou Elite des meilleures fables depuis La Fontaine, . par L.-T. Hérissant (Paris, 1771, in-f2~) ; Fables nouvelles, par Houdard de Lamotte (Paris, 1719, in-4o) ; Œuvres’ de M"", contenant plusieurs fables (Paris, 1670, in-12) ; Fables de Dorât (Paris, 1773, 2 vol. in-8o) ; Fables de Boissard’(Paris, 1777, 3 vol. in-8<> ; 3e édit, Caen et Paris, 1804-1805, 4 vol. in-12, sous ce titre : les Mille et une fables, poésies diverses) ; Fables de Florian (v. ce nom) ; Fablesdu duc de Nivernais (Paris, 1796, 2 vol. in-18) ; Fables de l’abbé Aubert (Paris, 1773, pet. in-12) ; Fables et contes mis en vers, par Mérard de Saint-Just (1791, in-12) ; Essai de fables nouvelles, par P. Didot (Paris, 1786, in-12) ; Fables et œuvres diverses de Max.-Emm.-Ch. Malon (Paris, 1791, in-8<>) ; Cent fables, en vers, par F.-C. de La Rochefoucauld-Liancourt (in-18).

Dans la dernière moitié du xvme siècle, un grand nombre d’auteurs français ont composé des fables, qu’ils ont publiées, soit séparément, soit dans leurs Œuvres complètes. Voici les principaux par ordre alphabétique : d’Ablancourt, Amar du Rivier, Barbe, L.-P. Bérerïger, Bertrand Blanchet, Boinviiliers, Bontemps, A.-M.-H. Boulard, Bret, Cavayé,

Cérutti, Charbonel, du Chemin, Chompré, A.rJ.-L. du Coudray, Desbrièrës, Deville, Donin, Dubignon, Duboullay, de La Fermière, marquise de La Ferrandière, Finot, Fontaine-Malherbe, Formage, Ganeau, J.-B. Giraud,

Gobet, Cl. Griffet, Grosellier, L.-F. Guichard, Guillon, Haumont, B. Imbert, Joliveau, La Nos, Laurencin, Lhomondie, Marcel, Le Marchant, Martelli, J.-R. Martin, de Missy, Le Monnier, NaigeoH, Nau, Neuville, Nivet, L. Pages, Feras, F. Reyre, Rival, Roger, de Saint-Lambert, de Saint-Marcel, L.-B. de Sauvigny, L.-P. Ségur, Tandon, Thompson, de Tressépl, de La Vieville, Vitalis.

Reprenons notre notice bibliographique. P.-L. Ginguéné, Fables inédites (Paris, 1814, in-12) ; Fables de Le Bailly, 4e édit., suiv. flu Gouvernement des animaux, poëme ésopique (Paris, 1823, in-8o) ; Discipline de Clergie, traduction de l’ouvrage de P. Alphonse (Paris, 1824, in-8o) ;A. Naudet, Fables (Paris, 1829) ; Fables morales et religieuses, par lime Adèle Caldelar (Paris, 1845, in-8o, fig.) ; Fables et poésies diverses de M. Bressier (Hachette, 1837, in-18 ; 3<s édit.) ; Fables, par J.-M.-F.-Aug. Duvivier (Paris, 1845, in-8o) ; Fables, par J.-Pierre Lachambeaudie, précédées d’une lettre de Béranger, recueil deux fois couronné par l’Académie française (Paris, 1845 ;7Bédit., 1849) ; Léon Halévy, Fables (Paris, 1846, in-18) ; Ch. Desains, Fables (Paris, 1850, in-8") ; Viennet, Fables (I« vol., 1SJ2, épuisé ; 2° édit., 1855, in-18 ; dernière édit., Paris, Hachette, 1860) ; L. Ratisbonne, la Comédie enfantine, couronnéeipar l’Académie (Hetzel, 1861) ; Bejouino, Fables et apologues (1868) ; Brossard’, la Cigale et les Saute~ relies, la Poule et les Canards, le Cochon et le Chien, fables (l8G8) ; de Ladoucette, Fables (1868) ; Perrel de La Menue, le Moineau et les Hirondelles, fables (l8G8) ;Romieux, Traites et poésies nouvelles (1868) ; Heuriot, Fables et œuvres diverses (1868) ; Parisset, Fables (1868).

30 Fabulistes italiens. Cento e cinquanta favole traite di diversi aulori e redotte in versi e rime, da M.-P. Tnrga [le vrai nom était Césare Pavesi] (Venezia, 1569, in-12) ; Fables diverses italiennes et françaises (Paris, 1692, in-12) ;Raccoltà di favoleggialoriitaliani antir.hi e moderni (Firenze, 1833, pet. in-8o) ; Raccoltà di apologi scrilli nel secolo xvmo (Milano, 1827, in-8o) ; Cento favole morali, da G.-M.Vferdizotti (Venezia, 1570, in-4o) ; Gli apologi di Giulio-Ces. Capaccio (Napoli, 1602, in-8o) ; Giancarlo Passeroni, Favole esopiane (1770-1778, 7 vol. in-12) ; G. Roberti, Favole esopiane (Bassano, 1782, in-12) ; Favole e novelle di LorenzoPignotti (Parigi, 1784, in-12) ; Favole e soneti’ pastorali di L. Clasio (Fiacchi) [Firenze, 1807, in-8o, et 1820, gr. in-8oJ ; Favole sopra idoveri sociali, ecc, .., da Gaet. Perego (Milano, 1813, 2 pet. vol. in-8").

40 Fabulistes espagnols. Poesias del areiprete de Hita, Sanchez (1779, in-8») ; Fabulas literarias, por Th. de Yriarte (v. ce mot) ; Fabulas en verso castellano, por Fel.-Mar. Samaniego (Madrid, 1804, 3 vol. in-8o) ; Fabulas de Agustin Principe (Madrid, 1740).

5° Fabulistes allemands. Fabelen von Boner (Bamberg, 1461, in-fol.) ; Ch.-F. Gellert, Fabeln und hrzxhlungen (Berlin, 1804, 2 vol. in-go) ; Fables traduites en vers français (Berlin, 1796, in-8o) ; Lessing’s Fabeln (Berlin, 1801, in-8»)  ; les)l<ables de Lessing, nouv. trad. avec le texte en regard, par H. T. (Paris, 1837, in-12) ; K.-W. Ramier s Fabellese (Leipzig, 1783-1790, 3 part. in-So) ; Fabeln und Erz&hlunyen ans verscldedenen Ùichlern (Berlin, 1797, in-8o) : V. aussi Martin, Poêles contemporains de l Allemagne (Alençon et Paris, 1860, gr. in-12), passim.

6° Fabulistes anglais. Original fables in french and englisch^ay Kidgell (London, 17G3,2 vol. in-12, fig.) ; Dryden’s Poetical Works (4 vol. in-8») ; Dryden’s Fubles (London, 1797, in-12) ; Gay’s Fables (London, 1793, 2 tomes en 1 vol. in-8o, papier vélin, avec-10 pi.) ; Gay’s and Moore s Fables (Paris, Renouard, in-18) ; les Fables an Gay, traduites eu franc, par Mme de liéralio (Paris, 1759, in-12) ; Northcotés Fables original and seleeted, etc.,

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portrait (2 vol. petit in-S°) ; One hundred fables..., by J. Northcote (London, 1828, in-8<>). 70 Fabulistes russes. Fables russes, tirées du recueil de M. Krilof, publiées par le comte OrlofF (Paris, 1825, 2 vol. in-8«) ; Fables de Krilof, traduites par Hippolyte Masclet (Moscou, 1828, in-8o).

80 Fabulistes sénégalais. Fables sénégalaises, recueillies de YOuolof et mises en vers français par le baron Roger (Paris, 1828, in-12).

. 90 Fabulistes hébreux. Isaac ben Salomon, Mascal Kadmoni (Fabula et Apoloni) [Constantinople, 1506, in-4o (en hébreu)] ; Parabols vulpium rabbi Barachiœ Nikdani, hébreu et latin (Pragœ, 1661, pet. in-8o).

II. Fables et apologues en prose.

10 Fabulistes grecs et latins. ^Esopi Fabula (v. Ésope) ; Babrii Fabulx (v. Babrius) ; De Dabrio dissertatio, auctoreTyrwhitt (London, 177G, in-8o) ; Th. Fix, Revue de philologie (vol. Ier, n° 1, p. 46-81) ; Syntipffi philosopha Fabulx LXIi, gr. et lat. (Lipsiœ, 1781, in-8o) ; S. Cyrilli Apologi morales (Viennœ-Austr., 1630, in-12) ; Abstemii Fabulœ (Venet.’, 1519, in-4<>) ; Philelphi Fabulas (1480, in-4o) ; Laurentii Vallensis Facetis morales, alias Esopus translalus, etc. (circa 1470, in-4o) ; les Propos fabuleux moralisez, extraits de plusieurs auteurs tant grecz que latins... (Lyon, 1556, in-12) ; Centum fabulai ex antiquis scriptoribus accepta et grxcis latinisque telraslichis senariis explicats à Fabio Paulino (Venet., 1587, in-12) ; Dialogus creaturarum (livre rare) ; Pandulphi Collenutii Apologi quatuor (Argentorati, lôll, in-4o).

2° Fabulistes français, anglais, arabes, etc., en prose. Vingt-cinq fables des animaux, par Est. Perret (Anvers, 1578, in-fol.) ; Esbattement moral des animaux (Anvers, 1578, in-fol.) ; art. Ebattemknt, dans le Mannel de Brunet ; le Théâtre des animaux, auquel, sous plusieurs fables et histoires, est représentée (a vie humaine (Paris, 1595, in-4o) ; Fables héroïques..., par Audin (Paris, 1648, 2 vol. pet. in-8o) ; Fables choisies, en français, avec la traduction en italien de J. Veneroni, et la version allemande de Balth. Nickisch (Augsb., 1707, in-4o) ; Trésor de fables, choisies des plus excellents mythologistes, accompagnées d’un sens moral expliqué par l’Écriture sainte, orné d’un grand nombre de figures en tailledouce, par J.-L. Krafft (Bruxelles, 1734, 2 vol. in-4o) j Fables de Fénelon (v. Fénelon) ; Recueil de diverses fables, dessin, et grav. par G. Fossati (Venise, 1744, 6 part, en 3 vol. pet. in-fol.) ; Apologos dialogues, por Fr.-Ant. Manoel de Mello (Lisboa, 1721, in-4o) ; One hundred fables, original and seleeted, embellished tait h 80 engravings on wood..., by James Northcote (Lond., 1828, in-8o). V-. l’article BuwiCK dans le Manuel du libraire de Brunet ; Contes, fables et sentences, tirées de différents auteurs arabes et persans, par L. Langlès (Paris, 1788-1790, 2 vol." in-18) ; Calila et Dlmna ou Fables de Bidpay ou Pilpay (Paris, 1816, in-4o). v. l’article Hussein et HitopadiiSA dans le Manuel du libraire de Brunet ; The Anvari Soheily r>f Hussein Vâez Kashefy (Calcutta, 1805, in-fol.) ; The Khir’ud Ufroz, originally translated into the hindoostanee language... from the Ayar Danish, written by Ubool Fuzl (Calcutta, 1815, 2 vol. in-S") ; Locmanni Sapientis Fabulx, arab. et lat. (Leydœ, 1G15, in-8o) ; Contes et fables indiennes de Bidpay et Lokman, trad. d’Ali Tehelbei ben Salch, par Galland et Cardonne (Paris, 1778, 3 vol. in-12). V. l’article Bidpay dans le Manuel du libraire de Brunet (t. le col. 936). 3° Autres ouvrages, recueils curieux et rares de fables anciennes ou modernes. Facétie morales Laurentii Vallensis al’s Esopus grsecus per diction Laurentium teranssatus (sic) incipiunt féliciter. Prologus epislolaris (1848, petit in-4o) ; les Apologues e fables de Laurent Valle translatées du latin en frâç. (Paris, vers 1490, in-fol. goth., lîg. en bois ; renferme aussi les Dits des sages hommes, volume rare et précieux, tirés de F. Pétrarque) ; les Menus propos fabuleux de Laurent Valle envoyez à son singulier amy Arnoult de Fouette, etc. (Paris, 1542, in-8o goth., fig. bois, rare).

III. Ouvrages critiques sur les fabulistes et l’histoire de la fable.

Lamotte, Discours en tête de ses Fables ; les Trois fabulistes : Ésope, Phèdre et La Fontaine, par Chamfort, Gail et Selis (Paris, 1790, 4 vol. in-8) ; La Fontaine et tous les fabulistes (v. ci-dessus), par Guillon (Paris, 1803, 2 vol. iii-8°) ; Walckenaer, Essai sur la fable et, les fabulistes (Paris, 1822, in-8o) ; Jauifret, Lettres sur les fabulistes anciens et modernes (Paris, 1827, 3 vol. in-12. V. t. XI des Mémoires de VAcadémie des inscriptions et belles-lettres. V. aussi la Dissertation de Lessing sur la fable) ; Essai sur les fables indiennes, par A. Loiseleur-Deslongchamps (Paris, 1838, in-8o) ; R. Dareste, JJabrius et la fable grecque (Revue des Deux-Mondes, 15 avril 1840) ; A. Weber, Essai sur les rapports qui existent entre les fables indiennes et grecques (Berlin, 1855, in-S°, en allemand) ; Histoire de la fable ésopique, en tête des Poésies inédites du moyen âge publiées par Edelestand-Duméiil (Paris, 1855) ; Tain et, Essai sur La Fontaine (v. ci-dessus, 1 vol. in-12) ; Saint-Marc Girardin, La Fontaine et les fabulistes (2 vol. in-8o). V. Krsuh et Gruber, Allgemeine Encyclopxdie, artielu Faulx. V. enfin Petzohldt, Bibliotheca bibliographica (1864).

FABLIAU S. m. (fa-bli-ô — rad. fable). Sorte de conte en vers en usage dans les premiers temps de la poésie française : Les fabliaux ont le mérite de révéler le caractère primitif, riant et léger de la littérature française. (Fleury.) Les fabliaux français sont remplis de vérités sur les hommes et encore plus sur la femme, sur les busses conditions et encore plus sur les hautes. (H. Taine.)

— Encycl. Le fabliau, d’après son étymologie, est un récit, une nouvelle, un conta plaisant avant tout, moral quelquefois, souvent satirique.

Le mot fabliau a été employé on quelques autres sens indéterminés. C’est ainsi que Logrand d’Aussy a -intitulé Fabliaux certains recueils où se rencontrent des dialogues, des jeux-partis, des satires, des poèmes didactiques, des sirventes, des cantilènes, des apologues, en un mot, tous les genres poétiques. Dans son acception ordinaire, il ne s’applique qu’à ces contes badins, écrits en vers faciles et populaires, un peu libres, pleins de naturel, de bonhomie gauloise et de malicieuse naïveté qui’ firent les délices des siècles féodaux, et qui sont le plus riche héritage que nous ait légué le vieil esprit français. M Victor Le Clerc (Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, t. XV, p. 357) donne la définition du fabliau. « C’est, dit-il, un poème qui renferme le récit élégant d’une action inventée, petite, plus ou moins intriguée, quoique dune certaine étendue, mais agréable ou plaisante, dont le but est d’instruire et d’amuser. » Tel est le but général de tous les poèmes et de tous les ouvrages d’esprit :

Aut prodessc volunt au(delectare poets, -

Au xrïc siècle, c’est-à-dire à l’époque où florissaient ces sortes de petits poèmes, la langue française était à peine formée ; ello était hésitante et bégayante. Il ne faudrait donc pas chercher dans nos fabliaux toutes les conditions, toutes les qualités-quo l’aristarque semble exiger.

Le fabliau, comme la fable, est d’origine orientale. Le mérite de nos trouvères consista moins à trouver qu’à traduire, à imiter les contes orientaux, à les adapter aux caractères, aux mœurs et aux préjugés de leur

siècle. Telle est l’opinion d’un grand nombre do savants et de littérateurs, de Chénier, entre autres : • C’est ainsi que le fabliau de Merlin et celui du Convoiteur et de l’Envieux rappellent deux fables d’Ésope ; le lai do 'Oiselet et la Confession du Renard sont des paroles de Bidpay. h’Ermite guidé pur l’Auge est une copie d’un conte arabe : le lai d’Aristote reproduit le Vizir sellé et bridé. Les sujets et, en partie, les détails des lais de Lanval et do Graalent se retrouvent dans les Mille et une nuits. Depuis que Galland a publié ces Nuits, d’Herbelot, sa bibliothèque, Cardonne, une traduction de Pilpay et des Mélanges de littérature orientale ; depuis quo des recherches encore plus nouvelles ont mis sous nos yeux un grand nombre de monuments et d’extraits de cette littérature, ou ’ ne peut plus méconnaître le fonds où les conteurs du moyen âge ont puisé. Ce qui ne leur était pas fourni par les Arabes, ils l’empruntaient tantôt à la Bible, ainsi qu’on peut le constater à l’égard du lai de Courtois ; tantôt à quelque auteur grec ou’latin ; particulièment à Ovide, à Pétrone et à Apulée. » Da Pétrone, nos fabliers ont imité surtout la Matrone d’Éphèse. Apulée a fourni le conte du Cuvier, duquel se sont inspirés ensuito Boccace, Malino et La Fontaine. Les trouvères se sont aussi inspirés de la mythologie, et nous citerons lo fabliau du Dieu d’amour, en quatrains inonorimes, repris un peu plustard par Gancelem Faidit, puis par Pétrarque lui-même.v

« Mais, remarque M. Victor Le Clerc, ce n’était qu’un petit nombre d’entre ces poëtes, les plus studieux et les plus lettrés, qui pouvaient se jouer ainsi de l’antiquité profane : la plupart d’entre eux ont dû connaître beaucoup mieux les ouvrages ecclésiastiques latins, dont ils entendaient parler tous les, jours et qu’ils trouvaient aisément sous leur main. »

C’est là, en effet, que nos fabliers vont puiser le sujet de leurs contes ; ils s’inspirent " des Vies des Pères (l'Ermite et le duc Malaquin, le Larron qui se recommande à NotreDame, etc.) ou des Dialogues de saint Grégoire, ou des Traités de Grégoire de Tours sur les martyrs et les confesseurs ; lorsqu’il s’agit des miraclss de laVierge, ils vont puiser dans les compilations dévotes de Hugues Farsit et do Guillaume de Conipiègne ou de Cluny.

Le lai qui porte le nom de Courtois, son auteur, n’est qu’une imitation dialoguée de la parabole évangélique de l’Enfant prodigue. Enfin, la plupart des fabliaux sont consacrés à la dévotion ; de là le titre de Contes dévots, sous lequel Legraod d’Aussy les a rassemblés et sous lequel on les désigne quelquefois.

Cette épithète de dévots parait singulière : les fabliaux sont presque toujours libres jusqu’à la licence ; ils sont plus profanes que sacrés, irrévérencieux envers l’Église, les saints, la Vierge et Dieu lui-même. La sainte Vierge, par exeniple.’y joue d’étrnng<’.s rôles : on la voit faire dès miracles afin d’effacer les traces du libertinage des abbesses,