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pouvait bien, après tout, payer les dettes du comte de Provence.

On a publié la Correspondance et un Mémoire de Favras où on lit ces mots : « Une main invisible, je n’en doute pas, se joint à mes accusateurs pour me poursuivre ; mais qu’importe ? Celui qu’on m’a nommé, mon œil le suit partout : il est mon accusateur, et je ne m’attends pas à un remords de sa part. » S’il faut en croire certains récits, les principales pièces de ce procès mystérieux, soustraites par Talon au greffe du Châtelet, et devenues la propriété de sa fille, Mme Du Cayla, auraient passé dans les mains de Louis XVIII, qui se serait empressé de les détruire. La chronique n’a point laissé ignorer l’intimité qui exista entre Louis XVIII et Mme Du Cayla.


FAVRAS (Victoire-Edwige-Caroline, princesse d’Anhalt-Chambourdy, marquise de), née vers 1759. Les premières années de sa vie restent un peu obscures pour nous ; cependant, à travers le voile qui nous les dérobe, ces années nous paraissent peu heureuses ; c’est ainsi qu’à l’âge de seize ans, en 1775, nous la voyons soutenir un procès long et pénible, un procès de famille, dont l’issue, pourtant, lui fut favorable : un arrêt la déclara fille légitime et unique du prince d’Anhalt, et la reconnut fille de sang royal. C’est vers cette époque que Thomas de Mahy, marquis de Favras, dans le hasard de ses courses aventureuses, la rencontra, se fit aimer d’elle et l’épousa.

On connaît la conspiration de Favras, conspiration bien réelle, bien prouvée, malgré les dénégations des écrivains royalistes, mais dans laquelle le jeune conspirateur ambitieux, joua le rôle de paravent, de dupe et de victime, paravent, dupe et victime de Monsieur, lâche et traître ; on sait aussi comment, dénoncé par son prétendu ami Morel et le banquier Thomel, Favras fut arrêté, dans la soirée du 24 décembre 1789, rue Beaurepaire, par Joffroy, l’espion du comité de recherches de la Commune. À la môme heure, on arrêtait chez elle Mme de Favras, et, un instant après, les deux époux se rencontraient dans la prison de l’Abbaye,

Nous avons dit, dans l’article précédent, que le 26 décembre, le frère de Louis XVI, s’étant rendu à l’Hôtel de ville, désavoua solennellement sa complicité dans l’attentat déjoué de Favras. Le lendemain le malheureux, dont souhaitaient la mort ceux qu’à son tour il pouvait trahir, fut arraché des bras de sa femme et conduit des prisons de l’Abbaye aux prisons du Châtelet. C’est à cette séparation douloureuse que nous devons la Correspondance du marquis et de la marquise de Favras pendant leur détention, correspondance qui a été publiée en un volume in-8° et qui déchire un coin du voile, mais non pas le voile tout entier, nous cachant un des épisodes les plus intéressants à la fois et les plus dramatiques de la Révolution à ses débuts orageux.

La correspondance des deux époux dure jusqu’au 18 février 1790. Le 19, à huit heures du soir, le marquis de Favras, les mains liées derrière le dos, nu-pieds, nu-tête, en chemise, était livré au bourreau. Le lendemain de l’exécution, rapporte Louis Blanc, Mme de Favras, qui, de la prison où on la retenait, avait entendu l’arrêt de mort de son mari, fut rendue à la liberté, et l’on assure qu’une main inconnue lui remit un paquet cacheté, contenant quatre cent mille livres on billets de caisse. On ignore si elle refusa cette offrande abominable.


FAVRAT (François-André de), général allemand, né en 1730, mort en 1804. Il servit en Prusse et devint gouverneur de Glatz. Favrat joignait à une grande bravoure une force corporelle extraordinaire. Il souleva, dit-on, un jour, un cheval avec son cavalier, et il lui arriva maintes fois de porter une pièce do canon sur son épaule, comme un soldat porte son arme. On a de ce général : Mémoires pour servir à l’histoire de la giterre de ta révolution de la Pologne depuis 1794 jusqu’en 1796 (Berlin, 1799, in-8°).

FAVRAY ou FAURAY (le chevalier Antoine de), peintre français, né en 1706 à Bagnolét, près de Paris, mort à une date incertaine, lllève de de Troy fils, qui l’emmena à Rome lorsqu’il fut nommé directeur de l’Académie de France, Favray obtint, par le crédit de son maître, une place de pensionnaire du roi. Il fit la connaissance de chevaliers de Malte, qui l’engagèrent à venir dans leur île, où il ne tarda pas à être fait chevalier de l’ordre. En 1751, d’après Varoquier, il fut nommé chapelain servant d’armes de la langue de France. On a peu de détails sur la vie de cet artiste ; on sait seulement, par ses tableaux, qu’il resta longtemps à Malte, et qu’il lit un voyage à Constantinople pour reproduire les usages et les costumes des Turcs ; mais la guerre survenue entre la Turquie et la Russie lui lit bientôt quitter cette ville, et il revint à Marseille en 1771, d’où il retourna à Malte. A partir de cette époque, on n’a plus aucune trace de ce peintre, qui vivait encore en 17S9. Le livret du musée de Toulouse, où se trouvent deux tableaux de Favray représentant des femmes turques, rixe la date de sa mort à 1798J mais sans en donner aucune preuve. Le Louvre a du chevalier Favray un petit tableau charmant, peint avec solidité, corn FAVR

posé avec esprit, finement dessiné, représentant des l-ames de Malte qui se rendent visite. Cette toile, qui a été exposée en 1763, est son I tableau d ’-«iception à l’Académie (1762) ou | plutôt un de ses tableaux, car il en envoya plu. sieurs, parmi lesquels figurait la représenta- ; tion de lu cérémonie annuelle qui se célébrait « dans l’église Saint-Jean de Malte, en souvenir t de la délivrance de l’Ile et de la levée du I siège par les Turcs.

FAVRE (Pierre), jésuite, le premier des compagnons de saint Ignace, né dans le dioj cèse de Genève en 1S06, mort à Rome en | 1546. Il se trouvait au collège Sainte-Barbe, à Paris, lorsqu’il y connut saint Ignace, avec qui il se lia d’une étroite amitié. Favre adopta complètement les vues d’Ignace quand celui-ci résolut de fonder un ordre religieux cbins le but de convertir les infidèles et de combattre le protestantisme ; il l’accompagna à Rome, y professa la théologie* puis remplit avec succès diverses missions en Allemagne, contribua puissamment à la’ propagation de l’ordre des jésuites et fonda les collèges de Cologne (1544), de Coïmbre et de Valladolid (1546). On a de lui des Lettres, imprimées avec celles du P. Canisius.

FAVRE et non FABBE (Jean-Baptiste, ris Saint-Castor), poëte languedocien, né à Sommières (Gard), le 26 mars 1727, mort à Colleneuve {Hérault), " le 5 mars 1783. Favre est, à coup sûr, le poète le plus populaire du Languedoc. Tandis que Pierre Goudetin, David lé Sage, Jean Michel, Bertrand, Gaussinel, sont oubliés ou connus des seuls érudits, des chercheurs, des curieux, le nom de Favre est répété sans cesse ; il est aimé ; ses poésies patoises ont été éditées cent fois (la dernière édition, revue par le poète Roumanille, est de 186S), et des bords du Rhône aux rives de la Garonne, il n’est personne qui ne sache par cœur quelques strophes du Sermon de M. Sistre ou du Siège de Caderousse.

On a cherché longtemps où était né Favre. On l’avait cru de Nîmes et on le disait baptisé à la paroisse de Saint - Castor (à cause du nom qu’il portait) ; on avait prétendu aussi qu’il était né à Poudres, dans la Vaùnage. C’est M. Emile Boisson, maire de Sommières, qui a trouvé enfin « ie nid du merle, » ainsi qu’on dit au pays de notre poëte. Ses parents étaient peu riches ; l’enfant fut mis cependant au collège de Montpellier, où il fit de brillantes études. D’élève il devint maître, ot il était professeur de rhétorique lorsque le marquis d’Aubaîs le choisit pour son bibliothécaire.

Bonne chance pour le jeune homme, qui aimait l’étude et trouva au château de ce seigneur, dans une bibliothèque précieuse, de quoi satisfaire son goût. Il aimait surtout les poètes classiques grecs et latins, Homère et Ovide par-dessus’tous ; on le voit par la lecture de sesœuvres. Il aimait aussi cette langue harmonieuse et douce que tous, grands seigneurs et vilains, parlaient alors, le riche patois du bas Languedoc, et dès lors, sans doute, il ébauchait quelques-uns de ces poëmes tout remplis à la fois de grâce et d humour, de bon sens et de vrai, sel attique, qui devaient populariser et immortaliser son nom.

Favre, au sortir du collège, avait pris les ordres, et, en même temps que bibliothécaire, il était chapelain d’Aubaîs. Mais quel brave curé de Meudon c’était là ! Indulgent et charitable, toujours bon, toujours gai, quel bon curé aux larges manches I Prêtre sévère et austère cependant pour lui-même, ainsi qu’on le voit aux traits acérés qu’à chaque page de son œuvre il lance contre les moines fainéants et le haut clergé insolent et gras. « Favre, dit Brunier, un de Ses biographes, pratiquait sans ostentation toutes les vertus qui distinguent le bon prêtre. Les paysans’le chérissaient ; c’était leur conseil, leur consolateur, leur ami. Sa présence répandait la joie et la sérénité ; les gens d’esprit recherchaient sa conversation semée de traits saillants et de reparties originales ; les familles les plus haut placées lui confiaient l’éducation de leurs enfants. Il avait le talent si précieux et si rare de rendre l’étude aimable. Il se faisait enfant avec ses disciples, se mêlait à leurs jeux, était leur compagnon plus que leur maître. L’écolier le moins docile ne résistait pas longtemps à ses manières douces et persuasives ; il savait s’emparer du cœur pour pénétrer jusqu’à l’esprit. Aussi a-t-i ! formé d’excellents élèves, parmi lesquels il faut distinguer Tandon, poète languedocien.

Afin de leur donner en même temps des leçons de goût et d’humilité, il lisait devant eux ses discours pour la chaire, ou ses compositions poétiques ; il demandait leur avis. 11 écoutait toutes les observations, n’en dédaignait aucune ; les faisait développer, y répondait ; et, après les avoir mises à profit, relisait en classe l’ouvrage corrigé.

> Ce n’était point par un vain désir de gloire qu’il cultivait les lettres. Aucune do ses œuvres n’a paru de son vivant, si ce n’est peut-être un petit poëme intitulé : Acidalie ou la Fontaine de Montpellier. Ses productions littéraires étaient pour lui une récréation d’esprit et un amusement, pour ses amis. >

L’abbé Favre a beaucoup écrit, en français et en patois ; mais, dans tout ce qu’il a écrit, le patois i comme l’huile, a pris le dessus, » suivant le dicton du pays des oliviers. No FAVR

tons, ne pouvant nous y arrêter, ni les analyser, et encore moins les traduire, notons les pièces suivantes : le Trésor de substancion, comédie pleine de verve, d’entrain, hautement morale, où la superstition, l’avarice et la paresse sont en présence de la raison, de la probité et.du travail ; le Siège de Caderousse, poCme héroï-comique particulièrement estimé, et où cependant, remarque Brunier, l’on rencontre quelques absences de goût, des traces même de trivialité ; mais par combien de plaisanteries ingénieuses, de réflexions spirituelles, de tableaux piquants et variés, ces défauts ne sont-ils ’ pas rachetés 1 le Sermon de M. Sistre, un , franc éclat de rire ; l’Opéra d’Aubaîs ; ’des I fragments de l’Odyssée travestie ; la traduc-I tion do la Huitième satire d’Horace, et quel ques Epigrammes de Martial ; enfin un poome imité d Ovide, renfermant le supplice indigo au malheureux Erysicblhon, pouravoirabattu un arbre consacré à la déesse Cérès.

Bien que les poésies patoises do Favre aient pris le dessus sur ses poésies françaises ; ces dernières, cependant, ne sont pas sans grâce, sans élégance, sans un véritable mérite littéraire. Aussi, croyons-nous devoir donner au moins le titre des pièces les plus connues : Amphitrite ou le Pasteur maritime, poème en trois chants ; Acidalie ou la Fontaine de Montpellier, poème en quatre chants ; Théopiste ou le Martyr de SaintEustache, tragédie en trois actes ; des Odes ; les Philosophes modernes, discours en vers I libres ; les Songes, épître ; le Temps et ta I Vertu ; des fables : la Torture, le Mousque, taire et le Maltôtier, les Deux enfants et la Cigale, le Torrent et le Huisseau, le Marchand et les Voleurs ; des contes : les Soirées de la Vaunage ; 1° le Borgne galant, 2» le Boiteux à bonne fortune ; le Bossu coquet ; des chansons, des romances, des épigrammes, etc. ; enfin, des traductions : les deux premiers livres des Odes d’IIoraoi», les dix premières odes du troisième livre, la traduction de la première satire ; une imitation de la dixième épigramme du cinquième livre de Martial. Mais pourquoi ne transcririons-nous pas ici cette imitation, pour donner au moins au lecteur une idée de la souplesse du talent du poëte Favre ?

D’où vient que pondant sa vie,

Rarement un bon auteur

Est bien reçu du lecteur !

C’est un effet de J’envie :

Elle craint la nouveauté-,

Et, par orgueil, déifie

Les noms de l’antiquité.

Mortels ! ingrats que nous sommes,

Nous méprisons les granits hommes

bout les siècles à venir

Chériront le souvenir.

Eomc possédait Virgilé

Et ne lisait qu’Ennius ;

Le chantre fameux d’Achille

Brilla quand il ne fut plus.

Le théâtre resta vide

Tant que Ménandre vécut ;

Corinne seule connut

L’élégani et tendre Ovide.

Musc, puisqu’on n’est placé

Dans le temple de Mémoire

Que quand la vie a cessé»

Tout doux ! j’aime fort la gloire,

Mais je ne suis pas pressé.

L’abbé Favre ne resta pas toujours au château d’Aubaîs ; il fut successivement appelé à desservir les pins pauvres paroisses des environs de Montpellier (ses. épigrammes no plaisaient pas sans doute au haut clergé), et nous le rencontrons successivement à Castelnau, à Vie, à Crès, à Montels, à Cournontéral, enfin à Celleneuve, où il mourut âgé de cinquante-cinq ans, le 5 mars 1783.

La dernière édition, avons-nous dit, de la meilleure partie des œuvres de Favre a paru chez Roumanille (Avignon, 1868). Elle est précédée d’une étude biographique et critique, écrite par le poète savant qui a retrouvé la langue des troubadours du xnro siècle, par l’auteur des Marguerites et des Petites œuvres, par le maître, et c’est tout dire, de Mistral, le chantre de Mireille.

FAVRE (Antoine), dit lo président Fnher, jurisconsulte, né à Bourg-en-Bresse, en 1557, mort à Chambéry, en 1624. Élève des jésuites de Paris, il alla faire son droit à Turin, fut reçu docteur et publia, dès l’âge de vingt-trois ans, les premiers livres des Coujecturarum juris cioilis libri, dont la hardiesse étonna tellement le grand Cujas, qu’il dit à ce sujet : « Ce jeune homme a du sang aux ongles ; s’il vit âge d’homme, il fera du bruit. » Cette prédiction s’accomplit en effet ; et quoique Favre soit resté toute sa vie au service du duc de Savoie, comme membre, puis comme président du sénat de Chambéry, sur un théâtre certainement trop étroit pour le développement de son génie, il n’en acquit pas moins une renommée européenne. Louis XIII lui offrit vainement la première présidence du parlementdeToulouse. Il refusa, satisfnit qu’il était de sa position en Savoie, et des habitudes de bienfaisance qu’il s’y était créées. Comme jurisconsulte, il sortit, dès son début, de l’ornière où se traînaient de temps immémorial les interprètes routiniers du droit, alla chercher la lumière à son foyer en étudiant profondément la législation romaine, dans sa lettre et dans son esprit, rejetant avec un dédain peut-être trop exclusif les arguties des commen

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taicurs. La diffusion et la lourdeur qu’on reproche à son style s’expliquent par la rapidité avec laquelle.il composait ses ouvrages et par l’emploi de la plus grande partie de son temps aux affaires publiques. Ses œuvres, qu’on consulte encore avec fruit, ont été réunies à Lyon (165S-1GG3).

FAVIIB (Guillaume), littérateur français, connu sous les noms de Fm-ro-Cnvin ot de Fivrrc-Bci’traud, né en 1770, à Marseille, d’une famille du pays de Vaud, mort en IS51. 11 fut membreduconseil etudministrateur des établissements publics de Genève, prit une part active à la propagation du romantisme, avec Mme de Staël et Schlegel, et montra ensuite un grand zèle pour la cause des Hellè, nés. On lui doit des travaux de critique, réunis par M. Adert sous le titre de : Mélanges d’histoire littéraire (185G, 2 vol. in-8°).

FAVRE (Ferdinand), sénateur français, né à Couvet (Suisse), le 28 janvier 1779, mort en 1857. Il était issu d’une famille de protestants expulsée de France par la révocation de l’édit de Nantes. La liberté des cultes proclamée en 1780 permit à ses parents de rentrer en France. Ils se fixèrent k Nantes. Le premier usage qu’il fit de ses nouveaux droits de citoyen français fut de s’engager, au plus fort de la l’erreur et à l’âge de quinze ans, dans les rangs républicains de la garde nationale de Nantes pour combattre les Vendéens, qui marchaient sur cette ville. Sous l’Empire, il s’occupa beaucoup plus d’industrie que de politique. Sous la Restauration, il continua ses travaux en vue d’appliquer à l’agriculture les résidus des raffineries, et donna une grande importance à l’usine qu’il dirigeait. En politique, il était au premier rang de l’opposition et combattait, sur le trône, les Vendéens qu’il avait combattus, à quinze ans, dans la guerre civile. À l’avéneinent de la royauté de Juillet, cette attitude lui valut d’être nommé maire de Nantes. Il justifia cette faveur en continuant sa lutte ’ contre les anciens Vendéens, et en contribuant a. l’arrestation. do la duchesse dé Bcrry, trahie par Deutz pour 500,000 francs. Elu député, et quatre fois réélu jusqu’en 1848, il ne cessa d’appartenir à la majorité ministérielle, avec laquelle il vota toujours fidèlement. It put ainsi acquérir une grande influence dans son arrondissement. Aussi, lorsque, après le 24 février 1848, le gouvernement de la République l’eut révoqué de ses fonctions do maire, il fut l’un des treize représentants du peuple envoyés par lo département de la Loire-Inférieure à l’Assemblée constituante. Il prit place dans les rangs du parti dit de l’ordre, qui formait la majorité peu républicaine de la Chambre. En 1849, pour les élections à l’Assemblée législative, on vit l’ancien protestant exilé, l’ancien adversaire dès-Vendéens et de la Restauration, soutenu par le clergé, réélu grâce à son influence. Dans cette nouvelle Assemblée, il affirma encore davantage son attitude, vota toujours avec la majorité et soutint la politique du prince - président. Après le coup d’État du 2 décembre, il fut un des plus empressés à donner son concours au pouvoir. Le gouvernement l’en récompensa en la proposant comme candidat officiel aux élections de février 1852 ; il ne réussit que très-difficilement, et il fallut un scrutin do ballottage pour l’envoyer à la Chambre. En revanche, toutes les faveurs du pouvoir lui furent prodiguées : il fut nommé aux fonctions de inaire de Nantes, qu’il avait occupées sous la monarchie de Juillet, puis élevé nu grade de commandeur de la Légion d’honneur ; enfin, nommé sénateur en juin 1857. Au Sénat, M. Ferdinand Favre a toujours parlé et voté avec la droite cléricale, et lu fin de sa carrière a été radicalement l’opposé, quant aux doctrines et quant aux actes, du début de sa vie.

FAVKE (Adolphe), littérateur et poète français, né à Lille (Nord) en 1808. C’est M. Favre qui a été en quelque sorte le promoteur de la rentrée en France dos cendres de Napoléon. Dès le 7 août 1830, il en faisait la demande à Louis-Philippe dans une brochure en vers intitulée : Y Homme du rioage oui'Illustre tombeau ; dans le tome V du Dictionnaire des connaissances humaines, au mot Invalides, le major Paul Roques a consigné ce fait d’après les documents les plus authentiques. M. Adolphe Favre a publié un grand nombre d’ouvrages parmi lesquels nous citerons : l’Amour d’un ange, poésies ; le Carrefour de la croix, roman (1854, 2 vol.) ; l’Amour et l’argent, roman (1855, 2 vol.) ; le Capitaine des archers, roman (1859, 2 vol.) ; la Coupe maudite, roman (2 vol.) ; la Chasse d ma femme (1801) ; YŒuuredu démon, roman (1863,3 vol.) ; le Marchand d’or, roman (3 vol.) ; Y Epie de saint Bernard, roman (3 Vol.) ; les Métamorphoses de Bougioal (1864). Il a fait jouer sur différents théâtres do Paris plusieurs ouvrages, entre autres : le Colonel Chabert, draine en cinq actes ; YOrfèore du pont au Change, drame historique en cinq actes ;Déliora/i, opéra, comique en trois actes ; la Porte Saint-ûcnis (18GG), draine en cinq actes ; le Défaut de la cuirasse, comédie en un acte ; Deux clarinettes, opérette en un acte ; un Monsieur qui a perdu son mouchoir, vaudeville en un acte ; la Cfiasse d ma femme, vaudeville en un acte ; les Meta* morphoses de Bougiual, vaudeville en un acte. Il avait fondé, eu 1851, la Correspondance littéraire {lîeuue parisienne), qui a cessé de paraître. Un grand nombre de ses poésies ont été

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