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2e Strophe.

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DEUXIÈME STROPHE.

0 transport ! c’est mon rêve perdu Qui rayonne et m’enivre (bis).

Son amour m’est rendu ; Mon Dieu laisse-moi vivre ! Oh ! mon Dieu 1 oh ! mon Dieu 1 Abandonne ton cœur À la v<iix qui te crie : Ah ! va dans une autre patrie, etc.

FAVORI NUS, rhéteur et sophiste gaulois, né a. Arles vers la fin du jer siècle du notre ère, mort vers 135. Il étudia à Marseille, visita Rome et la Grèce, fut ami de Dion Chrysostome et de Plutarque, et enseigna aveu éclat la philosophie. Il était considéré comme un des orateurs et des philosophes les plus distingués, à une époque ou florissaient cependant Epiotète, Hérode Atticus, Plutarque et Polémon. Favorinus débuta par être stoïcien ou mieux le disciple d’Epictète, qu’il quitta bientôt pour embrasser les doctrines néo-platoniciennes, devenues à peu près de l’éclectisme chez les Alexandrins. Sans sortir du platonisme, il finit par se rapprocher de l’école représentée par Carnéado et /Enésidéme, qu’il considérait comme de meilleurs interprêtes de Platon que l’éclectisme mystique des Alexandrins. Il paraît être l’auteur d’un commentaire, aujourd’hui perdu, sur les dix articles du Symbole sceptique, attribué à Pyrrhon. Il devint, sous le règne d’Adrien, un courtisan de ce prince éclairé, qui aimait à se distraire des soucis du pouvoir dans la compagnie de Favorinus, dont il avait fait un personnage considéré à la cour. On raconte qu’après avoir longuement argumenté, Favorinus donnait toujours raison à l’empereur, pour ce motif qu’un homme qui commande à 30 légions est un homme qui ne saurait avoir tort. Une école qu’il ouvrit a Rome, et dans laquelle il professait les doctrines sceptiques de la deuxième Académie, attira un grand concours d’auditeurs. Favorinus, émerveillé de ses succès, voulut aller les faire consacrer k Athènes, où il ne réussit point. Aucun de ses ouvrages (écrits en grec) ne nous est parvenu. Il en reste seulement quelques fragments conservés par Diogène LaSrce, Stobée, Aulu-Gelle, etc. On citait, comme un de ses plus importants traités, les Tropes pyrritoniens, où se trouvaient exposés, avec beaucoup d’habileté, les arguments et la méthode du scepticisme.

FAVOHINOS, philologue et lexicographe italien. V. Guarino.

FAVORISÉ, ÉE (fa-vo-ri-zé) part, passé du v. Favoriser. Qui est préféré, qui jouit de la faveur de quelqu’un : Favorisé des dames. Favorisé de la fortune. Amant favorisé.

11 est de ces mortels favorisés des cieux Qui sont tout par euxméme et rien par leurs aïeux.

Voltaire.

— Aidé, secondé : Favorisés par un vent d’est, nous nous éloignâmes rapidement de la cale. La réciprocité des emprunts fut favorisée par le pied d’égalité sur lequel étaient les dialectes. (E. Littré.) Il Privilégié, gratilié à l’exclusion des autres : Point d’intelligence, si favorisée : qu’elle soit, qui n’ait ses susceptibilités, ses défiances. (Chateaub.)

« — Favorisé de, Gratifié, jouissant du privilège de : Être favorisé D’une belle santé.

— Substantiv. Personne qui jouit d’un privilège : Aux plus favorisés il manque toujours quelque avantage. (Aime jç, (]e Gir.)

FAVORISER v. a. ou tr. (fa-vo-ri-zé — du lat. favor, faveur). Traiter avec faveur, montrer une bienveillance spéciale à : Le climat heureux est celui que la nature Favorise. (Volt.)

— Seconder, aider, être propice, favorable a : L’obscurité de la nuit favorisait notre entreprise. Les accidents du terrain favorisèrent sa fuite. La paresse favorise les pensées frivoles ou mauvaises. (Théry.) La liberté favorise l’émulation et ne la déliuit pas. (Proudh.)

Favoriser de, Gratifier, accorder la fa FAVR

veur de : Elle n’a pas même daigné le favoriser d’un regard. (Acad.)

FAVORITE (la), nom de deux palais ou châteaux de plaisance situés, l’un, près de Mantoue, dans la Vénétie ; il a donné son nom à la victoire que Bonaparte remporta, le 16 janvier 1797, sous les murs de Mautoue, et qui lui livra cette ville. Le second se trouve dans le duché de Bade, près de Baden-Baden ; il fut construit en 1725 par les soins de la margrave Sibylle, veuve de Louis-Guillaume, vainqueur des Turcs. « Un ermitage, dans lequel cette princesse faisait pénitence durant le carême, est situé au milieu du parc, dit M. Adolphe Joanne (Bords du Rhin). Lit de paille, cilice, discipline et ceinture armées de pointes, tous les raffinements enfin de la dévotion la plus exaltée étaient réunis dans cet ermitage, où la margrave Sibylle prenait ses repas, qu’elle préparait elle-même, avec des mannequins grotesques représentant la Vierge, saint Joseph et le Christ. On remarque surtout, à l’intérieur du château, la salle h manger, haute de deux étages ; la salle de jeu, avec des mosaïques de Florence et les portraits des hommes célèbres" sur les glaces ; la salle chinoise, dont toutes les figures remuent, celle dans laquelle la margrave et son époux sont représentés sous soixante-douze costumes différents, les tapisseries brodées par la princesse et ses dames d’honneur, la cuisine, où se trouvent des collections d’assiettes, de plats, de cristaux, un service en faïence, etc. »

FAVOR1TI (Augustin), poëte latin moderne, né à Lucaues en 1624, mort en 1682. Secrétaire des brefs sous Innocent XI, il cultiva avec succès la poésie latine, fut un des sept écrivains qui formèrent la pléiade alexandrinè, sous le pontificat d’Alexandre VII, et devint membre de l’Académie des-humoristes. Ses poésies, remarquables par le naturel des pensées et l’élégance du style, ont été publiées dans le recueil intitulé : Septem itlustrium virorum poemata (Amsterdam, 1672, in-8").

FAVORITISME s. m. (fa-vo-ri-ti-smerad. favori}. État politique où tout se dispense par faveur, ou tout se fait par le crédit des favoris : Les princes devraient bien se tenir en garde contre le favoritisme :, en prenant la peine d’observer qu’il a presque toujours un résultat peroersif. (M’»c de (Jréquy.) Le despotisme et le favoritisme s’accompaijnent. (Pouqueville.)

FAVOSITE s. f. (fa-vo-zi-te — du lat. favus, alvéole). Zooph. Genre de polypiers pierreux du groupe des nstrées, — mais ayant quelque analogie avec les millépores, et ne comprenant que des espèces fossiles : Quelques favosites sont de terrains fort a)iciens. (P. Gervais.)

. — Encycl. Les favosites sont caractérisées par des cellules polypifères ou tubes simples, parallèles, prismatiques, oontigus, verticaux ou plus ou moins divergents, pentagones ou hexagones, plus ou inoins réguliers, rarement articulés, à cloisons communes, percées de pores et traversées par des cloisons transversales. L’ensemble constitue un polypier calcaire, de forme variable, le plus souvent épais, et simulant assez bien les prismes ou colonnades basaltiques des terrains volcaniques. Les espèces de ce genre sont toutes fossiles et encore peu connues ; on les trouve surtout dans les terrains secondaires et de transition. Les favosites proprement dites diffèrent des ennomies et des caténipores par la forme prismatique de leurs tubes, des microsélènes par leur uniformité constante, et des tubipores par leur continuité.


FAVOUETTE s. f. (fa-vou-è-te — dimin. du lat. f’aba, fève). Bot. Nom vulgaire de la gesse.


FAVRAS (Thomas de Mahy, marquis de), né à Blois le 26 mars 1744, pendu en place de Grève le 19 février 1790. Voici un nom qui rappelle une triste et sombre histoire, que l’on n'a jamais entièrement connue dans ses détails, bien qu’elle soit un des épisodes les plus dramatiques des premiers temps de la Révolution. Autant que l’espace nous le permettra, nous essayerons d’en résumer ici les principales péripéties.

Entré très-jeune dans les mousquetaires, Favras fit la campagne de 1761, puis devint capitaine de dragons, et dut à l’imprévu des courses militaires d’épouser, en Allemagne, la princesse Caroline d’Anhalt ; c’était une alliance presque royale. Nommé chevalier de Saint-Louis, il acheta, en 1772, la charge de premier lieutenant des suisses de Monsieur, qui, outre son traitement, lui accorda une pension de 1,200 livres pour subvenir aux frais d’éducation de son fils. Le rang qu’il se crut obligé de tenir à la cour, à cause de son mariage, était d’ailleurs au-dessus de sa fortune, et il finit par donner sa démission (1770).

Ambitieux, entreprenant, mais superficiel, il s’épuisa dès lors en combinaisons pour trouver la route de la fortune, et devint un de ces hommes à projets qui consument leur vie à poursuivre des idées chimériques ou à tracer des plans irréalisables.

Lors des troubles de la Hollande, en 1785, il tenta de lever une légion pour aller faire la guerre de ce côté ; mais il échoua complètement, faute d’argent. C’était l’époque des systèmes et des spéculations de finance : l’occasion échappant à son épée, il la poursuivit alors avec la plume, et, pour son coup d’essai, entreprit naturellement de révolutionner les finances. Un vaste projet fut élaboré par lui, et il paraît qu’il n’était pas sans mérite, puisqu’il tut distingué par Mirabeau et par Necker. Favras compléta, développa ses idées et publia, en 1789, un ouvrage sous ce titre un peu emphatique : le Déficit des finances de la France vaincu. Son grand projet, au moyen duquel il se flattait d’opérer en trente ans l’extinction de la dette, fut, d’ailleurs, submergé dans le déluge de systèmes que chaque minute voyait éclore. Toutefois, il fit distribuer ses plans aux états généraux, et, pour mieux suivre cette affaire, il alla s’établir à Versailles au mois de juin 1789.

Il y était encore lors des journées d’octobre, et se fit alors remarquer parmi les plus bruyants de ces gentilshommes qui se faisaient forts de charger et de disperser les colonnes parisiennes ; il alla même solliciter, mais vainement, du ministre Saint-Priest, les chevaux des écuries du- roi pour exécuter cette charge irrésistible qui devait sauver la monarchie.

La cour ayant été ramenée à Paris, il revint lui-même s’y fixer, cherchant quelque occasion de complot, nourrissant le projet de recruter une phalange royaliste dont il voulait être le chef. À cette époque, ses démarches étaient assez imprudentes déjà pour éveiller l’attention de la police municipale. Il avait reçu de M. de Luxembourg, capitaine des gardes, une somme de 100 louis pour surveiller le faubourg Saint-Antoine. Cette mission de police ne pouvait suffire à son ambition ni à sa fiévreuse activité, et il continua à méditer d’impuissants projets de contre-révolution. Ce qu’il voulait, c’était jouer le rôle de sauveur de la famille royale, et toujours au moyen d’une troupe formée secrètement. L’idée autour de laquelle il tournait, c’était toujours sa fameuse légion : n’ayant pu l’organiser pour la Hollande, il la voulait former cette fois pour la monarchie, et surtout la commander ; le dévoué était, chez lui, fortement mélangé du chef de faction.

Il avait autrefois entretenu des relations avec un raccoleur nommé Tourcaty. Cet homme, qui devint son mauvais génie, se retrouva sur son chemin, capta sa confiance et le mit en rapport avec un autre recruteur nommé Morel. En même temps, il avait des entrevues secrètes avec un officier des gardes françaises appelé Marquier, royaliste très-ardent, sur lequel il comptait pour nouer des intrigues dans ce corps, qui s’était si énergiquement prononcé en faveur de la Révolution. Il lui remit un pamphlet intitulé : Ouvrez donc les yeux ! dont il était probablement l’auteur, et qui avait pour but d’entraîner les gardes françaises.

Cependant, Morel et Tourcaty avaient tout dévoilé au comité des recherches de l’Hôtel de ville : les menées secrètes de Favras, ses tentatives d’embauchage et ses projets supposés. Dès lors, le malheureux conspirateur fut enveloppé, surveillé, et il courut, de lui-même, à une perte certaine, tout en croyant organiser les premiers éléments de la guerre civile.

Il se mit en rapport avec son ancien patron, Monsieur, comte de Provence (depuis Louis XVIII), et négocia secrètement, au nom de ce prince, un emprunt de 2 millions. Ici se présente une question longtemps controversée, celle de la complicité du comte de Provence dans ces obscures intrigues. Cette complicité n’est pas douteuse. Monsieur a connu les conditions de l’emprunt et les a ratifiées et signées de sa propre main ; seulement il a prétendu que cette somme était destinée à payer les dépenses de sa maison ; chose tout à fait invraisemblable qu’un prince du sang, qui était l’un des plus riches particuliers de France, ait eu besoin de négocier secrètement un emprunt dans des conditions aussi peu financières et par l’entremise d’un gentilhomme obscur, sans fortune et sans crédit, et qu’il n’avait pas vu depuis dix ans. Le prince-avait des trésoriers généraux, des intendants, tout un monde de gens d’affaires, et, pour une négociation aussi simple et aussi ordinaire, qu’il pouvait faire au grand jour et dans les formes habituelles, il aurait eu recours à un aventurier inconnu des banquiers et qui ne pouvait que rendre plus difficile et plus compliquée une opération.pour laquelle le mystère était loin d’être une condition de succès ! Cela n’est pas admissible. Il est donc bien évident que l’emprunt n’avait pas un but avouable, et que Monsieur le savait bien. Il est assez connu aussi que ce prince était un centre d’intrigues contre-révolutionnaires. Dans cette circonstance, Favras était bien certainement son agent, et sa complicité directe a positivement été avouée par Talon lui-même, qui instruisit l’affaire (v. Droz, Histoire du règne de Louis XVI). Suivant cet historien, il s’agissait d’enlever le roi, pour lui rendre sa liberté d’action : on sait ce que cela signifiait.

On était alors à Ta fin de 1789.

L’affaire de l’emprunt, très-laborieusement poursuivie, était menée par un banquier hollandais nommé Chomel, probablement l’agent occulte du comité des recherches. Le premier payement devait avoir lieu le 24 décembre au soir, entre les mains d’un trésorier de Monsieur. Mais, ce soir même, Favras fut arrêté dans la rue Beaurepaire, pendant que la marquise sa femme était arrêtée au domicile commun, place Royale. Le lendemain, le placard suivant fut répandu à profusion dans tout Paris :

« Le marquis de Favras a été arrêté avec madame son épouse, la nuit du 24 au 25, pour un plan qu’il avait fait de soulever 30,000 hommes pour assassiner M. de La Fayette et le maire de la ville, et ensuite nous couper les vivres. Monsieur, frère du roi, était à la tête.

Signé : Barauz.»

Ce nom de Barauz était supposé ; mais le comte de Provence eut beau promettre 500 louis de récompense, l’auteur du placard ne put être découvert.

Cette affaire, enflée par la rumeur publique, produisit une émotion telle, que Monsieur jugea prudent d’aller se justifier en personne devant l’assemblée de la commune, comme citoyen de Paris. 11 expliqua le projet d’emprunt comme nous l’indiquons plus haut, et quant à des plans de complots, il en repoussa le soupçon avec la plus belle indignation. Les représentants de la commune, extrêmement flattés de cette démarche d’un prince du sang, n’en demandèrent pas davantage et prodiguèrent des applaudissements au frère du roi.

Cependant, s’il faut en croire le Mémorial de Gouverneur Morris, ministre plénipotentiaire des États-Unis en France, on avait eu en main des preuves de la complicité du prince, savoir une lettre de lui trouvée sur Favras, et que La Fayette, de concert avec Bailly, avait eu la générosité de lui rendre.

Le prévenu était sous les verrous depuis la fin de décembre 1789. Il régnait contre lui, dans le peuple, une profonde irritation. Sa perte était inévitable, et l’on prenait les mesures les plus sévères pour ôter à Favras tout moyen d’évasion ou de suicide. Aussi écrivit-il à ses juges, le 4 janvier : « Tout mon corps est glacé d’effroi par la précaution que vous prenez pour me nourrir. De grâce, supprimez au plus vite ce cérémonial effrayant. Je serai jugé : si je suis coupable, je serai condamné ; mais, à coup sûr, je ne me détruirai pas. »

Le 13 janvier 1790 s’ouvrit, devant le Châtelet, le procès de Favras. D’après les déclarations de Morel et de Tourcaty, tout à la fois dénonciateurs et témoins, l’accusation avait admis la donnée d’une conspiration immense qui devait embrasser tout l’Est et opérer la contre-révolution par l’enlèvement du roi, le meurtre de Bailly et de La Fayette, etc. C’était une fantasmagorie. Mais, cependant, il y avait eu un complot réel, bien qu’on ait fait à Favras un rôle beaucoup trop grand pour sa taille, et qu’on ait vu des actes où il n’y avait encore que des rêves et des projets. Ce qui paraît certain, c’est le plan d’enlever le roi de vive force et de le conduire à Metz, projet qui fut repris quelques mois plus tard par Mirabeau, puis par d’autres, et qui finit par aboutir à l’équipée de Varennes. Le roi enlevé, c’était évidemment le commencement de la guerre civile. Le comte de Provence, dans cette combinaison, se réservait probablement un rôle, celui de lieutenant général du royaume sans doute.

Favras fut jugé par le Châtelet, c’est-à-dire par les magistrats de l’ancien régime, mais qui subissaient en ce moment la pression de l’opinion publique. Son attitude fut digne et ferme autant qu’habile. Il repoussa les principales accusations ; mais, en définitive, il résulta de cette longue procédure, malgré ses dénégations constantes, qu’il avait bien réellement commencé l’exécution d’un plan de contre-révolution.

Le 18 février 1790, il fut condamné à être pendu sur la place de Grève, après avoir fait amende honorable devant Notre-Dame.

On rapporte qu’au dernier moment, se voyant abandonné, il écrivit toute l’histoire du complot, et que le juge Talon, l’étant allé voir dans sa prison, obtint de lui, à force do supplications, qu’il garderait le silence jusqu’à la fin et se sacrifierait tout entier. Ces renseignements auraient été fournis par Talon lui-même (v. Droz).

Le 19, il fut conduit au supplice. Jusqu’à la dernière heure peut-être espéra-t-il que quelque tentative serait faite pour le sauver. Il demanda à monter à l’Hôtel de ville, dicta son testament et prolongea cette occupation pendant quatre heures, soignant la rédaction, s’attachant au style, changeant des expressions, etc. Il n’y a rien d’excessif à supposer qu’il voulait gagner du temps. Mais il dut à la fin se résigner à mourir.

Il était nuit noire ; Favras, sous une pluie fine et glacée, à la lueur de lampions fumeux, monta 1 échelle fatale en protestant de son innocence. Au moment où, lancé dans l’espace par le bourreau, le malheureux se balançait dans les spasmes de l’agonie, un enfant des boues de Paris qui était parmi les spectateurs se mit à crier avec une jovialité cynique : Saute, marquis.

Telle fut l’oraison funèbre de ce malheureux, qui, certainement, était digne d’un sort moins funeste, sans être un héros, comme l’ont voulu quelques écrivains de parti.

Mme de Favras fut mise en liberté le lendemain du supplice de son mari. Sous la Restauration, elle obtint une pension de Louis XVIII,