Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 7, part. 3, Erl-Ez.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée

tement la maison de son père A se met en route pour Québec. L’orgie par laquelle s’ouvre le second acte, qui se passe chez le marquis de Kermare, contraste heureusement avec les scènes graves de l’acte précédent. Au milieu des joyeux, propos, les convives du marquis racontent que, la veille, en chassant à l’ours dans la forêt voisine, leur hôte a rencontré une jeune fille qui s’est enfuie à sa vue. Par manière de plaisanterie, les aimables garnements ont proposé à Kermare de se joindre a lui pour faire une battue dans la forêt, afin de retrouver la mystérieuse inconnue, en stipulant qu’elle deviendra la maitresse de celui d’entre eux qui aura le bonheur de la dépister. Mais Kermare a pris les devants sur ses amis, et il ne tarda pas à leur annoncer que la. belle est désormais en son pouvoir et qu’elle n’est autre qu’Eve. Celle-ci découvre alors que son ravisseur est précisément l’impie condamné par Dieu et dont elle a juré la mort ; pourtant elle hésite à le frapper, parce que, avant tout, elle est femme, et qu’elle se sent prise d’un subit amour pour cet autre Hosopherne qu’elle n’avait pas rêvé si jeune et si beau. Ne pouvant se résoudre à le tuer, la naïve quakeresse veut, du moins, le convertir ; elle ne fait qu’irriter la passion de cet indomptable créole, qui chasse de chez lui Daniel, venu pour réclamer sa fille, et son propre père, dont les sermons le fatiguent. Eve reste donc sans appui et va devenir la victime de Kermare, lorsqu’on apporte à celui-ci une lettre de sa mère, qui habite Montréal, où elle mène depuis longtemps une vie de dissipation et de plaisirs. Cette lettre, que Mme  de Kermare commence par des récits de fêtes, se termine brusquement par quelques lignes d’une écriture inconnue, qui apprennent au marquis que sa mère vient de mourir. La nouvelle inattendue d’un si cruel événement jette la douleur et l’épouvante dans l’âme de Kermare, qui aimait sincèrement sa mère. Il se sent frappé dans son unique joie ; c’est un coup de foudre terrible, mais c’est en même temps un éclair qui lui montre la profondeur de l’abîme où il est tombé. Il abjure ses anciennes erreurs et va combattre avec les indépendants pour se faire pardonner sa vie passée et revenir enfin digne d’Eve. Nous avons négligé, dans cette analyse, deux rôles très-habilement jetés à travers l’intrigue : d’abord, celui d’un jeune seigneur français qui vient au Canada tout exprès pour se battre avec Kermare, dont la renommée a franchi les mers, et qu’il est las d’entendre citer à "Versailles comme le modèle des roués ; ensuite le rôle d’une esclave que le marquis a longtemps aimée et oui devient jalouse d’Eve, qu’elle veut perdre. Amener le don Juan a la conversion, telle a été, au résumé, l’idée de l’auteur, et l’on ne peut nier que ce ne soit là au moins. une bonne pensée. Le style étincelle d’esprit, de cet esprit de situation bien préférable à une réunion de mots cherchés à loisir. Firmin, Guyon, Brindeau, Ligier et Mlle  Plessy créèrent les rôles principaux. Ce drame est à peu près oublié aujourdhui, et c’est à cause du nom justement estimé de l’auteur que le Grand Dictionnaire en donne ici l’analyse.

Eve tentais pendant « on sommeil, tableau de M. Clésinger. La première femme, plongée dans un demi-sommeil plein de rêves délicieux, est étendue sur le gazon du paradis terrestre. Autour d’elle, les fleurs jonchent la terre, les fruits dorés pendent aux arbres, les oiseaux chantent dans les branches. Cependant, un serpent immense, tel sans doute qu’on en voyait aux premiers âges du monde, rampe sans bruit sous l’herbe humide de rosée et vient murmurer à t’oreille d’Eve les promesses de la volupté. Ses paroles bercent avec un charme irrésistible le rêve de la femme et amènent un doux sourire sur ses lèvres. Toute la tête est noyée dans une pénombre pleine d’harmonie et de mystère ; mais le corps, entièrement nu, développe en pleine lumière ses formes vigoureuses.

Ce tableau, signé : le sculpteur Clésinger, fut exécuté à Rome par cet arrière et figura au Salon de 1859. « Ce coup d’essai, dit M. Paul de Saint-Victor, n’est pas un chef-d’œuvre, mais du moins il n’est pas vulgaire. Eve, endormie sous le pommier, a une ampleur titanique. L’exagération de son torse ne me dé Elalt pas. Ces hanches puissantes, ce vaste assin, le tour grandiose de ces cuisses si largement modelées conviennent à la mère de 1 humanité. Elle rappelle la Nuit de Michel-Ange ; mais la ressemblance s’arrête aux épaules. La tête, camarde, sans mâchoires creusée par d’immenses arcades sourcilières, mal emmanchée sur un cou trop long, se perd dans un raccourci informe et difforme. Coupez cette tête indigne, vous aurez une aoadémie sculptée au pinceau et éclairée par un coloriste. » Suivant M. Ch. Pestier, le mouvement des hanches et le raccourci des jambes sont d’une excessive hardiesse : mais cet ouvrage est moins un tableau qu’un superbe morceau d’anatomie plastique. D’autres arrières ont voulu voir dans cette Eve tentée pendant son sommeil une sorte de répétition peinte de la statue de la Femme piquée par un serpent, qui fut exposée par M. Clésinger au Salon de 1849 et qui commença sa réputation.

— Rein. Le mot Evén passé dans toutes les langues comme synonyme de femme légère, facile à être trompée. On dit aussi fille d’Eve : La pauvre petite Eve de la rue du Jincher se couchait dans les langes de la honte. (Bulz.) J’ai quitté pour jamais cet Eden de ma vie, Où cette Eve à mon cœur fut montrée et ravie. Lamartine.

Ne connaître quelqu’un ni d’Eve ni d’Adam, Ne le pas connaître du tout.

— Hist. relig. Mère d’Eve, Titre que les buttlériens donnent à la fondatrice de leur secte.

— Adjectiv. Qui se laisse facilement tenter : Les amoureux qui ne réussissent pas sont aussi bêtes que les gens d’esprit ; ils ne croient pas les femmes aussi Eves qu’elles le sont. (A. Houssaye.)

EVE (Antoine-François), dit Mnliioi et souvent Dematisoi ou Deimatisoi, acteur et auteur dramatique français, né à Dôle en 1747, mort à Paris en 18U. Il était fils d’un avocat. D’abord soldat, il avait le grade de sergent et tenait garnison à Sarrelouis quand il déserta’pour aller exercer la profession de comédien à Amsterdam. Après huit années passées dans cette ville, il revint en France. Sous la Révolution, il se distingua, dans le club des jacobins, par ses discours passionnés, et devint commissaire de la Convention. Sous le consulat et l’empire, il fut persécuté par la police à cause de ses opinions révolutionnaires. Trois fois emprisonné, il ne recouvra sa liberté, en dernier lieu, qu’au bout de six ans, pour aller mourir a 1 hospice Dubois. On a de lui une dizaine de comédies ou de parades : le Congrès des rois, en trois actes (1794) ; itfme Angot, ou la Poissarde parvenue (1797). Cette dernière pièce, qui fut le point de départ de toutes celles dont M™e Angot a été le type, fut d’abord représenté©, en 1795, sur le théâtre de la Galte ; elle s’appelait alors la Nouvelle parvenue. Son auteur la fit suivre de : le Repentir de Afme Angot ou le Mariage de Nicolas, comédie-folie en deux actes, mêlée de chants (1799) ; Dernières folies de Afm<= Angot (1803). Citons encore : Figaro, directeur de marionnettes. Eve, dit Maillot, a de plus donné un Tableau historique des prisons d’État en France soits le règne de Èuonaparte, brochure in-8o, en prose et en vers.

ÉVÉA s. f. (é-vé-a). Bot. Gente d’arbrisseaux, de la famille des rubiacées, dont l’espèce type habite la Guyane.

ÉVÊCHÉ s. m, (é-ve-chê — rad. évêque). Territoire soumis à l’autorité d’un évêque : L’évêque a fait sa visite dans son évêché. il Titre ou dignité d’évêque : Aspirer à l’évëchë. Prétendre à Z’Évéché. Obtenir un évêché. Il Ville où est le siège, la résidence de l’évêque : Blois, Orléans sont des évêchés. il Palais épiscopal : Restaurer Z’évèchb. Être logé à l’évêché.

ÉVÊCHÉS (TROIS-), dénomination par laquelle on désignait jadis une partie de la Lorraine, composée des trois villes de Metz, deTpul etdeVerdun, toutes trois ayant le titre d’évêché, et de leur territoire. Après avoir été longtemps villes libres impériales, elles furent, en 1552, réanies à la France par Henri II, réunion qui devint définitive, d’abord par le traité de Càteau-Cambrésis, ensuite par celui de Westphalie.

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que la rédaction de cet article est antérieure à la guerre de 1870-1871.

ÉVÊCHESSE s. f. (é-vê-chè-se — fém. d’évêque). Hist. ecclés. Nom que portaient, dans les premiers temps de l’Eglise, certaines femmes employées à des fonctions ecclésiastiques analogues à celles qu’exercent les évêques. || Femme d’un évêque : Une évêchesse sent l’eau bénite : l’évêque bénit ; la femme d’un comte sent le vin : son mari s’enivre. (E. Sue.)

ÉVECQUEMONT, village et commune de France (Seine-et-Oise), cant. de Meulan, arrond. et à 32 kilom. de Versailles, sur une colline de la rive droite de la Seine ; 315 hab. Église du xn« siècle. Ancien château seifneurial.oui avait jadis haute, moyenne et

asse justice. Nombreuses maisons de cam-Fagne. Beau et vaste panorama du Signal de Hautil, qui a 167 mètres d’altitude.

ÉVECTION s. f. (é-vè-ksi-on — lat. evectio ; de événère, élever). Astron. Inégalité périodique observée dans le mouvement de la lune, et qui est due à l’attraction solaire.

— Antiq. sont. Droit que pouvait seul conférer l’empereur ou quelque grand dignitaire, et qui autorisait une personne à exiger partout, gratuitement, des chevaux de relais et le logement : Il n’est pas de firman portant la signature du Grand Seigneur lui-même, point de hatti-chérif qui vous fasse accorder une hospitalité comparable à cette qui était due au porteur de lettres d’ÉvECTiON. fFr. Michel.)

— Encycl. Astron. « -Pour avoir à chaque instant, dit M. Delaunay, la véritable place de la lune dans le ciel, il faut modifier d’une certaine quantité celle qu’elle aurait si elle restait rigoureusement sur son ellipse, et si elle la parcourait exactement suivant la loi des aires ; cette correction à apporter à la position elliptique de la lune pour avoir sa position vraie, varie d’un instant à l’autre et suivant des lois très-compliquées. » Les-écarts que la lune fait en dehors de sa route elliptique sont des inégalités. L’une des plus considérables a reçu le nom d’êvection. Elle fut découverte par Ptolémée, qui l’appelait ismvivaif, balancement (de l’épicycle). Copernic l’appelait proslaphsrcsis seatndi uel minoris epic ; soli, etTycho-Brahé prosto phsresis excentrichatis, déplacement de l’excentricité. C’est Boulliau qui lui donna le nom d’êvection.

Jusqu’au temps de Ptolémée on savait, par les observations des éclipses, que la lune éprouve, tous les quinze jours, vers l’époque des syzygies, une inégalité de 5°. Mais l’astronome d’Alexandrie reconnut que, dans les quadratures, l’inégalité allait jusqu’à 70 2/3. Pour l’expliquer, il supposa que la lune se mouvait sur un épicycle porté par un excentrique dont le centre tournait autour de la terre en sens contraire du mouvement de l’épicycle.

Copernic employa deux épicycles.

Horoccias donna, pour l’évection, une autre hypothèse que nous allons faire connaître, parce qu’elle à Servi de fondement à la théorie de Newton sur les mouvements de la lune, et parce qu’elle a conduit a la vraie valeur de Vir. Soit T le centre de la terre, L le centre de l’orbite lunaire, en sorte que TLA représente la ligne des apsides, et TL l’excentricité de la lune. Si l’on suppose que le centre de l’orbite, au lieu d’être fixe en L, décrive la circonférence, il en résultera un double effet : l » la ligne des apsides changera à cha ? ne instant de direction entre TA’et TA", de açon que l’apogée parcourra d’abord l’arc d’AA", puis repassera de A" en A, puis en d’. 2° L’excentricité changera aussi. Au lieu d’être rixe et égale à TL, — elle sera successivement TM, TB, TN, etc. La différence qui existe, a chaque instant, entre l’orbite régulièrement elliptique de la lune, et celle qui résulterait du mouvement que nous venons d’exposer, constitue l’évecfton, dqut le calcul n’est qu’un cas particulier du calcul général des inégalités de la lune, h’évection dépendait donc de deux données. Euler a fait voir qu’elles peuvent aisément entrer dans une même formule, que les astronomes ont adoptée, et que l’on énonce ainsi : L’évection est égale à lu 20’multiplié par le sinus de ladouble distance de la lune au soleil, moins l’anomalie moyenne de la lune. C’est cette quantité angulaire qu’il faut ajouter algébriquement au mouvement moyen de la lune pour avoir sa position réelle à un moment donné.

Voici en quels termes Lalande s’efforce de donner une idée de la manière dont l’influence du soleil peut produire l’inégalité qui nous occupe. « h’évection équivaut, ainsi que l’avaient supposé Newton et Halley, à un changement d’excentricité dans l’orbite lunaire, joint à un mouvement de l’apogée. Lorsque le soleil répond à l’apogée ou au périgée de la lune, ou lorsque la ligne des apsides de la lune concourt avec la ligne des syzygies, la force centrale de la terre sur la lune, qui est la plus faible dans la syzygie apogée, reçoit la plus grande diminution ; et la force centrale, qui est la plus forte dans la syzysie périgée, y reçoit la moindre diminution : onc la différence entre la force centrale périgée et la force centrale apogée sera alors la plus grande : donc la différence des distances augmentera, c’est-à-dire que l’excentricité sera plus grande. Cette différence totale, ainsi qu’il a été trouvé par Ptolémée, va jusqu’à 70 2/3.

Le mouvement de l’apogée vient de ce que la force centrale est diminuée ; il doit donc être le plus grand, quand la ligne des syzygies concourt avec la ligne des apsides, ou lorsque le soleil répond à l’apogée ou au périgée de la lune. Quand il est dans les quadratures, le mouvement de l’apogée est au contraire le plus lent, parce que la diminution totale de la force centrale est la plus petite. Quand il est à 45° des apsides, le mouvement vrai de l’apogée, est égal au mouvement moyen ; mais son vrai lieu est alors le plus différent du lieu moyen, et l’équation est la plus forte, parce qu’elle est le résultat de tous les degrés de vitesse que l’apogée a reçus jusque-là. »

Quant aux calculs, leur longueur et leur complication nous interdisent de les détailler ici. On les trouve assez clairement développés dans l’ouvrage de Plana : Théorie du mouvement de la lune, Turin, 1832, 3 vol. in-4o).

ÉVÉE s. f. (é-vô — du nom i’Ève, à cause du fruit défendu qu’elle mangea). Bot. Fruit de l’île d’Otaïti, à peu près semblable à une pomme.

ÉVÉHINE s. f. (é-vé-i-ne — de héva, nom de l’arbre à caoutchouc). Chim, Substance liquide, huileuse, extraite du caoutchouc.

Éveil s. m. (é-vell ; Il mil. — rad. éveiller). Information, avis qui provoque l’attention ou décide à se mettre en garde : Donner Z’éveil à la police. Il discution, défiance où se tient une personne avertie : Être en éveil. Se tenir en éveil.

ÉVEILLÉ, ÉE (d-ve-llé ; Il mil.) part, passé du v. Eveiller. Sorti ou tiré du sommeil : Le rouge-gorge est ’le premier éveillé dans les bois, et se fait entendre dès l’aube du jour. (Buff.) L’espérance est le songe d’un homme éveillé ; c’est le pavot gui endort nos peines. (J-J. Rouss.)

Des oiseaux la troupe éveillée

Nous appelle sous la feuillet. Béranger.

— Poét. Se dit des êtres insensibles qui sortent d-’un état de repos comparé au sommeil : Les échos des bois éveillés par les sons du cor.

Par l’éclat du matin chaque plante éveillée. Levait sa tête humide et de fleurs entaillée. Castel.

… … La nature éveillée

Se dégage de l’ombre et rit de toutes parts.

A. Guiraud.

— Fig. Vif, alerte ; plein d’esprit et d-’activité ; qui annonce de la vivacité, de l’espièglerie : Un enfant <rë, s-ÉVEiLLB. Un esprit éveillé. Une petite mine éveillée. Un « il éveillé. L’écureuil est propre, leste, vif, alerte et lrès-ÉVEiLLÉ. (Buff.) Il Animé, provoqué, excité, stimulé : À partir de ce jour, ses soupçons furent éveilles.

— sécha, Se dit d’une pierre meulière qui présente j des inégalités naturelles.

— Substantiv. Personne pleine de vivacité ou d’espièglerie : Quel éveillé que votre petit garçon !

— Antonymes. Appesanti, assoupi, endormi.

ÉVEILLÉS ou FRÈRES DE LAMPETER, nom que se donnent les membres d’une secte mystique anglaise d’origine récente. Elle & compose d’hommes et de femmes, qui vivent ensemble, mais dans une union purement spirituelle, en observant la continence dans le mariage, et qui espèrent amener ainsi la rédemption du monde et préserver la chair du péché et de la mort. Ils se donnent encore le nom de saints et appellent leurs demeures les lieux d’amour. La première communauté d’éveillés, qui fut fondée il y a environ trente ans au collège de Saint-David, à Lampeter (comté de Cardigan), par quelques étudiants en théologie, ne comptait au début qu’une douzaine de membres, qui faisaient leur lecture favorite du Cantique des cantiques de Salomon, dans lequel ils voyaient une admirable peinture de l’amour mystique, qui entraîne les coeurs vers te Christ. Cette communauté avait pour fondateur et pour chef Henri-James Prince, né à Bath en 1811. D’abord étudiant en chirurgie, il s’adonna plus tard à l’étude de la théologie, à la suite d’une longue maladie pendant laquelle s’était éveillée en lui la vocation pour les choses de l’ordre supérieur. Il épousa, vers la même époque, une femme d’un âge plus que mùr, à laquelle il était, en partie, redevable de la transformation qui s’était opérée dans ses idées. Il étudia d’abord à Durham, puis à Lampeter, où il s’unit, pour prier en commun, à Auguste Rees, qui devait plus tard devenir son adversaire déclaré. Cependant, tout en conservant sa voix timide et son air d’humilité et de résignation, il ne tarda pas à prendre un ton de supériorité qui blessa ses amis. Après avoir reçu les ordres sacrés, il fut nommé vicaire de la petite paroisse de Charlinch. La il se transforma graduellement en une sorte de Paraclet ; il mourut dans la chair, ressuscita dans l’esprit, et devint inaccessible au péché ; il déclara que l’Esprit’saint habitait dans sa chair et était sa chair. Il s’attacha surtout à tuer en lui-même toute volonté, tout esprit d’initiative, à n’avoir aucun désir, à attendre et écouter le conseil de Dieu et a soumettre à la sagesse suprême tous les mouvements de sou ame. • De jour en jour, raconte Hepworth Dixon, il renonçait de plus en plus au monde. Avait-il une promenade à faire, il adressait une prière à Dieu pour qu’il plut. Avait-il besoin d’un siège de plus dans sa chambre, il demandait au Saint-Esprit la permission-de l’acheter. Ses longues prières, ses lectures sans fin, ses méditations excitèrent dans sa paroisse une grande agitation religieuse ; il convertit même le pasteur, dont il était le vicaire. Le tumulte devint à la fin tel dans la paroisse, que Prince, qui ne voulait pas se démettre de ses fonctions, fut suspendu par l’évêque. Dans l’intervalle, il avait perdu sa première femme, Martha, qui, vieille et sans, beauté, était à la fois sa mère spirituelle et son épouse temporelle. Il se remaria presque aussitôt, non pas, prétendit-il, en vue des avantages temporels, bien que sa nouvelle épouse possédat une petite rente de 80 livres sterling (2,000 fr.), mais uniquement pour la plus grande gloire de Dieu. Il devint, peu de temps après, pasteur à Stoke dans le comté de Suflblk, ou son ardeur religieuse excita aussi une grande agitation, ce qui le fit suspendre de nouveau au bout de deux ans. Il se décida alors à se